Introduction

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Suite aux propos tenus dans les publications récentes d'Arvalis sur le chaulage, les producteurs de la
section Amendements Minéraux Basiques de l'UNIFA tiennent à réagir en expliquant en quoi certains
de ces propos sont inexacts ou incomplets.
Les producteurs d'Amendements Minéraux Basiques regrettent qu'Arvalis ne tienne pas compte des
résultats des travaux conduits au groupe chaulage du COMIFER auquel il participe, ce qui explique
cette prise de position.
Les réponses techniques qui suivent font référence aux propos tenus mot pour mot (en gras) dans des
articles émanant d'Arvalis.
Une ou deux lignes "en bref" en italiques à la fin de chaque réponse résument le développement de
chaque explication.
Dans le texte, les propos cités sont suivis d'un chiffre entre parenthèse qui renvoie aux articles
suivants :
(1) Yvoir, 21 juillet 2014 : Une grande diversité de produits et de prix à l'unité neutralisante,
Alain Bouthier
(2) Yvoir, 29 juillet 2014 : Les produits à action rapide ne sont techniquement justifiés qu'en
cas de redressement urgent, Alain Bouthier
(3) Yvoir, 31 juillet 2014 : Ne pas négliger la qualité d'incorporation, Alain Bouthier
(4) Perspectives agricoles, juillet août 2014, Chaulage d'entretien Privilégier les produits à
action lente, Alain Bouthier et Baptiste Soenen
(5) Le Paysan Breton, 1 au 14 août 2014, Chaulage, est ce bien nécessaire ?, Eric Masson
Dans son discours, Arvalis semble préoccupé essentiellement par 2 considérations :
1) La réduction des charges : Le risque pour un agriculteur de se faire conseiller l'utilisation d'un
amendement basique alors que cela n'est pas nécessaire
2) La crainte que les producteurs d'amendements puissent conseiller aux agriculteurs des produits
plus chers et plus efficaces que nécessaire
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1) La réduction des charges : Le risque pour un agriculteur de se
faire conseiller l'utilisation d'un amendement basique alors que
cela n'est pas nécessaire :
"Chaulage après récolte, est-ce bien nécessaire ?" (5) (en gros titre)
"Les excès de chaulage sont souvent la première cause d'apparition de carences
sévères" (5)
"Le pH eau (...) doit se situer au dessus de pH 5,8 sauf pour l'implantation d'une
luzerne ou les légumes industriels où ce seuil est fixé respectivement de 6,2 à 6,5" (5)
Cette préoccupation est légitime.
Pourtant, l'étude conduite par l'unité Infosol de l'INRA d'Orléans en 2013/2014, à partir de la base de
données des analyses de terre en France (BDAT, 420 000 analyses sur la période 2005/2010), a
montré que si l'on poursuivait un objectif de pH 6,3, le besoin en redressement, sans compter
l'entretien, serait de l'ordre de 4 millions de tonnes de Valeur Neutralisante.
Or il ne s'est vendu, sur la campagne 2012/2013, que 1,5 millions de tonnes de Valeur Neutralisante,
écumes de sucreries et amendements papetiers inclus, redressement et entretien confondus.
Même en reprenant, dans le total, l'effet basique de certains sous produits animaux (fientes de
volailles, ...) ou autres sous produits industriels, on est donc loin d'être statistiquement en situation de
surchaulage et la pratique du chaulage conserve tout son intérêt dans un grand nombre de situations.
S'il est vrai que dans certaines situations, le besoin en amendement est moins nécessaire, en faire
une généralité n'est pas honnête. Cela décrédibilise le chaulage aux yeux des agriculteurs et fait
prendre des risques à ceux qui pensent ainsi faire des économies. C'est de toutes façons le recours à
l'analyse de terre qui déterminera si le chaulage est nécessaire ou non, en fonction de la situation
actuelle et souhaitée du statut acido-basique du système de culture. L'agriculteur reste en tous états
de cause maître de l'objectif de pH qu'il souhaite pour son système.
En bref : Statistiquement, il y a encore beaucoup de sols français qui nécessitent un
chaulage de redressement ou d'entretien. Les pratiques actuelles sont insuffisantes pour
couvrir les besoins. Le développement des analyses de terre est le point clé pour faire
évoluer les pratiques.
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2) La crainte que les producteurs d'amendements puissent
conseiller aux agriculteurs des produits plus chers et plus
efficaces que nécessaire
"Les produits à action rapide ne sont techniquement justifiés qu'en cas de
redressement urgent" (2) et (4) (en gros titre)
"Chaulage d'entretien : privilégier les produits à action lente" (2) et (4) (en gros titre)
Les réponses suivantes s'attachent à apporter les explications nécessaires à la compréhension du
positionnement des produits tel que recommandé par les producteurs d'amendements minéraux
basiques.
"La Valeur Neutralisante (VN) (...) est fonction des teneurs en CaO et MgO" (1)
La Valeur Neutralisante n'est pas fonction des teneurs en CaO et MgO. Elle dépend du contenu en
- - - bases du produit (O , HO , CO3 , SiO3
: oxydes, hydroxydes, carbonates, silicates).
La teneur en calcium ("CaO") ou en magnésium ("MgO") ne procure aucune capacité de neutralisation
à un produit, même si le calcium et le magnésium sont souvent associés aux bases dans les
amendements minéraux basiques.
La VN se mesure (NF EN 12945) par une attaque à l'acide chlorhydrique en conditions de pH très
bas, proche de zéro, loin du pH des sols agricoles.
Cette erreur (assimiler la teneur CaO à la VN) est dénoncée depuis les années 2000 par le groupe
Chaulage du COMIFER.
Exemple : Le sulfate de calcium CaSO4 a bien une teneur en calcium, exprimée conventionnellement
en CaO, mais a une Valeur Neutralisante nulle.
Les producteurs d'Amendements Minéraux Basiques ont initié dans les normes françaises et
européennes un changement d'unités pour faire cesser cette confusion :
La teneur en calcium pourra s'exprimer demain en Ca.
-
-
La Valeur Neutralisante pourra s'exprimer demain en équivalent HO (HO est la base la plus connue
en chimie) et non en équivalent CaO qui entretient la confusion avec la teneur en calcium (même unité
d'expression).
En bref : Seule la mesure normalisée de la Valeur Neutralisante (ou la mesure normalisée
de l'effet alcalinisant par incubation) permet d'établir conventionnellement la capacité
potentielle d'un produit à neutraliser l'acidité des sols. La connaissance des teneurs en
calcium et en magnésium contenus dans un produit ne peut pas s'y substituer.
"Les amendements basiques (...) ont la même capacité de neutralisation de l'acidité du
sol (...) quel que soit le pH du sol" (1) et 4)
Sensu stricto, cela est vrai si on considère que l'estimateur de la capacité de neutralisation correspond
à la Valeur Neutralisante, grandeur qui n'est que potentielle car mesurée dans l'acide chlorhydrique à
un pH proche de zéro, totalement déconnectée de la valeur du pH du sol.
Mais ce n'est pas exact si l'on considère que l'estimateur de la capacité de neutralisation d'un
amendement se réfère à l'efficacité des amendements in situ, donc à leur cinétique de dissolution.
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Pour affirmer cela, Arvalis compare deux essais différents conduits dans sols à des pH différents (à La
Jaillère [44], pH 6,3 et à St Jean de Brévelay [56], pH 5,4) et observe des résultats similaires en
termes de pH et de taux de dissolution.
Il se trouve que dans ces deux essais, non seulement les pH sont différents, mais aussi le travail du
sol (2 passages de Rotavator à La Jaillère mais 1 seul à St Jean de Brévelay). La teneur en matière
organique et le contexte climatique sont aussi différents. Or ces paramètres sont susceptibles d'avoir
une influence sur la cinétique de dissolution et l'efficacité des amendements. Il est donc prématuré de
conclure à l'absence d'effet pH puisque ce facteur ne fait pas partie des modalités étudiées et que le
reste du contexte n'est pas identique d'un essai à l'autre.
En l'occurrence, il est fort probable (c'est un hypothèse plausible, mais cela reste une hypothèse) que
le travail du sol plus important à La Jaillère ait compensé une moins bonne cinétique de dissolution
due à pH plus élevé.
Allant dans le même sens, Arvalis aurait tout aussi bien pu affirmer (à tort) que c'était le travail du sol
qui n'avait aucune influence, ou bien le climat.
De ces deux essais et de leur dispositif, on ne peut conclure ni à un effet, ni à un non effet du pH du
sol sur la cinétique de dissolution.
L'interprétation donnée par Arvalis est une interprétation abusive. L'honnêteté scientifique voudrait
que dans ce cas, on puisse émettre une question, mais en aucun cas une affirmation péremptoire.
Pour aller plus loin, Arvalis n'a pas souhaité tenir compte des résultats des essais demandés et
obtenus par le collectif réuni au groupe chaulage du COMIFER :
o d'une part par la SADEF (laboratoire de la station agronomique d'Aspash le bas) avec un
essai en incubation qui montre que quand la dose d'amendement augmente (donc le pH
aussi), le taux de dissolution à une date donnée est plus faible.
o d'autre part par le LDAR (laboratoire de la station agronomique de l'Aisne) avec un essai au
champ qui montre que toutes choses égales par ailleurs, les cinétiques de dissolution
dépendent du pH du milieu et de la taille des particules.
Enfin, l'affirmation d'Arvalis comme quoi le pH n'a pas d'influence sur la capacité de neutralisation va à
contre sens des connaissances de chimie actuelles :
La connaissance des constantes de dissociation (pKa) de la fonction carbonate montre que dans un
milieu fermé, la dissolution est totale en dessous de pH 4,5 (cas de la mesure de la valeur
neutralisante) et quasiment nulle à pH 12. En milieu ouvert (sol), donc soumis à la pression partielle
du CO2, l'acidité apportée par le CO2 permet d'améliorer un peu la cinétique de dissolution, puisqu'on
peut arriver à dissoudre complètement un carbonate jusqu'à pH 7,5, mais avec une vitesse
considérablement plus faible. D'ailleurs, le calcaire des sols calcaires français ayant un pH de l'ordre
de 9 n'ont toujours pas fini de se dissoudre. Le pH a donc une influence certaine sur la cinétique
(vitesse) de dissolution.
Au delà des considérations scientifiques, il est facile de s'en convaincre en observant un échantillon
de calcaire quelconque :
Plongé dans un acide fort (acide chlorhydrique, pH proche de zéro), il se dissout en quelques minutes
avec une forte effervescence.
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Plongé dans l'eau (pH neutre, de l'ordre de 5,5 à 7 selon la pression partielle de CO2), il est toujours là
quelques jours, et même quelques mois après.
Il est donc faux d'affirmer que le pH n'a pas d'influence sur la capacité effective de neutralisation.
La curiosité intellectuelle aurait voulu qu'Arvalis approfondisse cette question de l'influence du pH
plutôt que de la nier en bloc.
Par ailleurs, dans le cas spécifique des amendements minéraux basiques constitués de bases fortes
de type oxyde ou hydroxyde de calcium, il est vrai que le pH initial du sol n’a pas d’influence notoire
sur la cinétique d’élévation de pH. Les oxydes de calcium ou hydroxyde de calcium libèrent dans l’eau
des ions hydroxydes disponibles immédiatement pour la neutralisation des protons.
En bref : Le pH acide d'un milieu ou d'un sol augmente la vitesse de dissolution des
amendements calcaires crus.
"La mesure du pH rend bien compte du taux de dissolution des carbonates" (2)
La mesure normalisée du pH prévoit une agitation/tamisage du sol séché en cage écureuil perforée
avec des trous de 2 mm, souvent avec des barreaux métalliques. Si les cailloux et silex résistent bien
à ce traitement et sont ainsi éliminés de l'analyse de terre, les particules de calcaire présentes issues
de la roche mère calcaire ou d'amendements basiques carbonatés non encore dissous subissent une
attrition importante, surtout si elles dépassent la taille du mm. On crée alors des fines qui n'existent
pas dans le sol, mais ces fines vont contribuer à faire monter artificiellement le pH et le calcium
échangeable mesurés au laboratoire, biaisant ainsi ces indicateurs, ainsi que l'a montré Jean Luc
Julien au LDA de l'Aveyron puis au LDAR (2005).
C'est ce qui a conduit la profession à proposer à la normalisation (TS 16375) un indicateur ne
subissant pas ce biais : la mesure des carbonates restants, permettant, la quantité apportée étant
connue, de mesurer au bout d'un temps t la quantité de carbonate s'étant effectivement dissoute
aboutissant au taux de dissolution et à l'établissement d'une cinétique de dissolution.
Si le taux de dissolution est nul, le carbonate ne s'est pas dissous et son efficacité sur le statut acidobasique est nulle, quoi qu'en dise le pH.
Si le taux de dissolution est de 100 %, tout l'amendement s'est dissout et on peut présumer qu'il a
+
rempli son rôle de neutraliseur de protons H .
Cette mesure est toutefois assez fine et demande un soin particulier au prélèvement en vue d'établir
la représentativité de l'échantillon, laquelle est toujours plus difficile à obtenir avec des produits
grossiers car à dose apportée à l'hectare égale, il y a moins de particules et on peut facilement les sur
ou sous représenter au prélèvement.
Cette méthode a été utilisée avec succès dans les essais Arvalis et dans les essais SADEF et LDAR.
Toutefois, Arvalis n'a testé, dans ses essais, que des produits inférieurs à 1,2 mm et ne peut donc
comparer ces deux indicateurs que dans le cas des produits inférieurs à cette taille. Cette conclusion
n'est donc pas universelle, et surtout pas dans le cadre des produits plus grossiers dont les particules
dépassent souvent les 2 mm de diamètre.
En bref : Le pH est un indicateur d'efficacité systématiquement surestimé pour les
amendements dont la granulométrie dépasse à 1 mm.
La mesure des carbonates restant permet de contourner ce biais.
Il faut aussi prendre en compte les variations saisonnières du pH (plus élevé l'hiver) si
l'on veut évaluer l'efficacité des amendements.
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"Le pH eau (...) doit se situer au dessus de pH 5,8 sauf pour l'implantation d'une
luzerne ou les légumes industriels où ce seuil est fixé respectivement de 6,2 à 6,5" (5)
La lecture au premier degré de cette affirmation laisse penser qu'en matière de chaulage, il suffit
d'avoir un pH de 5,8 dans le sol.
La fixation d'un seuil de pH doit s'accompagner d'un éclairage sur les variations annuelles de cet
indicateur. Pour diverses raisons agronomiques liées à la saisonnalité de la production des protons, il
est bien établi que le pH connaît des variations saisonnières d'autant plus importantes que le pouvoir
tampon des sols vis à vis de l'acidité est faible. Cette variation est de l'ordre de 0,3 points de pH dans
les sols argileux, mais peut atteindre 1 point de pH en sols sableux et/ou à teneur faible en matière
organique.
Arvalis justifie ce seuil de 5,8 par l'élimination du risque de toxicité aluminique, qui est quasi certain
entre 5 et 5,5 selon les sols.
Toutefois, compte tenu des variations intra-annuelles du pH, c'est sans doute au dessus de pH 6 qu'il
faudrait fixer ce minimum pour être certain que quand le pH est au plus bas, en fin de printemps ou au
début de l'été, le pH ne descende jamais en dessous de 5,8.
Il est par ailleurs reconnu que c'est autour de pH 6,5 que tous les phénomènes biologiques se passent
le mieux dans les sols : nitrification bactérienne, minéralisation biologique de la matière organique,
dégradation des molécules de pesticides, installation des rhizobium, présence de vers de terre etc.
Mettre les sols français à pH 5,8 semble difficilement défendable du simple point de vue de la
durabilité des systèmes d'exploitation.
En bref : Si un objectif de pH de 5,8 peut être accepté dans certains systèmes rustiques à
faible productivité, les exigences contemporaines de niveau de production et de durabilité
des systèmes rendent nécessaire l'obtention de pH plus élevés, 6 étant un minimum
absolu compte tenu des variations saisonnières du pH, qui doit être dépassé dans les
systèmes plus sensibles ou incluant des cultures à forte sensibilité à l'acidité.
"Chaulage d'entretien : privilégier les produits à action lente" (2) et (4)
"Les amendements calcaires à action moyennement rapide ou lente représentent la
meilleure solution technique et économique dans la grande majorité des sols de
grande culture et polyculture-élevage français concernés par le risque d'acidification"
(2)
"Les produits à action rapide ne sont techniquement justifiés qu'en cas de
redressement urgent" (2) et (4)
Les produits dont la solubilité carbonique les range dans la catégorie "à action lente" (NF U 44-001)
sont des produits grossiers et/ou de nature géologique dure (type marbre).
Les producteurs d'Amendements Minéraux Basiques n'excluent aucun produit dans leurs conseils,
mais s'attachent à faire mettre les produits dans les situations où ils seront le plus efficace.
Supposons qu'un agriculteur souhaite mettre, comme le recommande Arvalis, un produit grossier et
moins cher à la tonne.
Quelle sera la situation où il sera le plus efficace ?
Réponse des producteurs d'Amendements Minéraux Basiques : en sol acide (voir l'explication dans la
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réponse à l'influence du pH sur la cinétique de dissolution ci dessus) et avec un travail du sol (pour
mieux répartir les effets sur le profil et les racines).
Conseiller ce type de produit en entretien, donc sur un sol à pH "normal", non acide, et sans
incorporation ou avec une incorporation limitée comme le recommande Arvalis (3) revient à le mettre
dans les conditions les plus mauvaises pour son efficacité, même avec l'action du CO2 de l'air.
Mettez un grain de marbre de quelques mm (action lente) dans de l'eau du robinet (pH ~ 7) : Une
génération au moins sera nécessaire pour sa dissolution, mais quelques minutes seulement dans
l'acide chlorhydrique (pH ~ 0).
Si l'on veut utiliser ce type de produit, la meilleure (ou la moins mauvaise) façon de l'utiliser est en
redressement en sol acide avec incorporation. L'action sera toutefois moins rapide qu'avec un produit
plus fin ou plus réactif, et le retour sur investissement sera différé.
En pratique, les producteurs d'Amendements Minéraux Basiques proposent une démarche
techniquement et économiquement cohérente : le système IPA (Indice de Positionnement
Agronomique).
o En sol acide, situation de redressement, possibilité de mettre des produits moins réactifs, car il
y a plus d'acidité pour les dissoudre. Dose élevée, mais produits moins chers.
Possibilité, si l'agriculteur le souhaite, de mettre un produit à action plus rapide pour un retour
sur investissement plus rapide aussi.
o En situation d'entretien où la dissolution est plus difficile car il y a peu d'acidité pour dissoudre
les produits, conseil de produits plus réactifs. Dose faible, mais produits plus chers.
Dans les deux cas, on peut gérer un coût à l'hectare comparable, mais avec une gestion
différenciée des produits permettant une efficacité technico-économique optimale.
Par ailleurs, cette affirmation d'Arvalis sur les produits à action lente est faite sans donner ses limites
de validité et peut conduire à des pratiques culturales complétement inefficaces.
En l'occurrence, les produits les plus grossiers testés dans les deux essais d'Arvalis ne dépassaient
pas 1,2 mm, alors qu'en pratique, sur le terrain, on trouve des granulométries beaucoup plus
grossières qui ont encore moins de chances de se dissoudre en situation non acide (sauf s'il s'agit de
craie, mais ce ne sont pas des produits à action lente).
Espère-t-on obtenir un quelconque résultat d'un épandage de cailloux de marbre ou de calcite (roches
dures) de 4 à 10 mm ? Ce sont pourtant aussi des produits à action lente !
En bref : Les amendements à action lente sont plus efficaces en sol acide qu'en sol à
l'entretien. En cas de redressement, les produits à action rapide corrigent plus vite
l'acidité en excès et amènent un retour sur investissement plus rapide. Enfin, les
amendements (sauf les craies) dont la granulométrie est supérieure à 2 mm sont à
proscrire, sauf en sols extrêmement acides. Le système IPA permet de positionner tous
les produits au mieux de leurs possibilités. L'incorporation est toujours préférable pour
l'efficacité.
"Les produits à action lente dont la dissolution libèrent chaque année une quantité
suffisante de base pour neutraliser l'acidité introduite dans le sol (production de
protons H+, sont ceux qui répondent le mieux aux objectifs d'un chaulage d'entretien
dans toutes les situations ou un travail du sol même superficiel est réalisé" (2)
Nous sommes bien d'accord que la maîtrise de l'acidité est une question de compétition entre flux de
protons produits par le système et flux de Valeur Neutralisante libérée (dissoute).
Toutefois, la phrase écrite par Arvalis peut avoir deux sens et est par conséquent très équivoque :
Faut-il y voir une condition : Seuls les produits qui peuvent libérer ... sont ceux qui répondent le mieux
... ?
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Dans ce cas, quels sont alors les produits qui peuvent libérer un flux de bases suffisant si aucun
critère objectif (finesse, solubilité, ...) n'est associé à cette condition ?
Ou bien est-ce une affirmation ?
Les produit à action lente libèrent une quantité suffisante ... -> Cette affirmation est très sujette à
caution. :
La question réelle est : Sur une période de temps donnée, il faut que le flux de valeur neutralisante
effectivement libérée (= dissoute) soit au moins égale à la production de protons produite par le
système dans le même temps. Faute de quoi le système continuera à s'acidifier.
Il ne fait aucun doute qu'en attendant suffisamment longtemps, même un amendement à action lente
finira par se dissoudre.
+
Mais s'il se dissout au rythme de 50 kg de VN par an et que la production de protons H correspond à
la consommation de 100 kg de VN par an , quelle va être l'évolution du statut acido-basique ? Il
continuera à se dégrader.
Dans les sols calcaires, en général crayeux (champagne, ...), le matériau est suffisamment tendre et
abondant (plus de 50 % de calcaire total tendre) pour compenser au fur et à mesure la production de
protons par l'altération des réserves de calcaire total. Mais dans les sols non calcaires, et avec des
matériaux bien plus durs et en bien plus faible quantité (1 à 3 pour mille au mieux), il est illusoire de
vouloir entretenir le statut acido-basique.
La dissolution des amendements à action lente ne se fait que quand les conditions de sol
redeviennent suffisamment acides, c'est à dire à un pH inférieur à ce que l'on souhaite. Autrement dit,
le pH d'équilibre réel se stabilise à un niveau plus bas que celui qu'on veut maintenir.
Malheureusement, l'indicateur analytique pH ne reflète pas le statut acido-basique réel dans le sol
quand il y reste des particules grossières de calcaire (voir la réponse détaillée dans la rubrique : le
pH, "bon" indicateur du taux de dissolution). Le calcaire résiduel grossier non encore dissout est
artificiellement affiné dans le protocole normalisé de préparation de l'échantillon. Le pH est alors
surestimé et indique une valeur correcte alors qu'il n'en est rien dans la solution du sol. On a donc une
vision faussée.
En bref : Mettre un amendement à action lente en chaulage d'entretien diminue
considérablement ses chances de se dissoudre et d'être efficace quoi qu'en dise la mesure
de pH.
Pour maintenir le statut acido basique à un bon niveau, il faut que la libération
(dissolution) de Valeur Neutralisante de l'amendement soit, pour la même période, aux
moins égale à la quantité d'acidification produite (H+) par le système.
"Pour un chaulage d'entretien, les conditions d'incorporation ont moins d'importance"
(3)
Cette affirmation est en contradiction avec la publication (4) :
o "Au cours de deux campagnes suivantes où le sol a été travaillé et cultivé, le suivi a mis en
évidence une reprise de la dissolution des carbonates restants pour le produit grossier (...).
Cette reprise peut être imputée pour partie aux opérations de travail du sol qui ont pour effet
de fragmenter les particules (NDLR : Nous émettons des réserves sur la fragmentation des
particules par le travail du sol) et de les déplacer pour les remettre en contact avec des zones
de sol plus acides." (4)
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o
"Dans les sols travaillés, même superficiellement, la gamme de choix de amendements
basiques en chaulage d'entretien est large au plan technique, sous réserve de s'assurer de
l'homogénéité de la répartition de l'apport." (4)
De plus, cette affirmation est un non sens : les conditions d'incorporation sont
assurer d'une part, la répartition de l'amendement dans la zone prospectée par les
part, sa dissolution en augmentant et en renouvelant le contact avec l'acidité
d'entretien) de la solution du sol.
Laisser croire que l'incorporation a moins d'importance en chaulage d'entretien,
agriculteurs à une efficacité encore moins bonne.
nécessaires pour
racines, et d'autre
limitée (chaulage
c'est exposer les
En bref : Les conditions d'incorporation sont d'autant plus importantes que la solution du
sol est peu acide pour dissoudre les amendements apportés.
"Les apports raisonnés d'effluents d'élevage contribuent à limiter l'acidité. Ils se
comportent comme des amendements basiques et contribuent à limiter le chaulage
d'entretien"
(5)
La
deuxième
partie
de
la
phrase
est
une
généralité
qui
est
fausse.
Si certains effluents ont par nature des propriétés basiques (fientes de volaille par exemple), les
fumiers et lisiers n'ont que très peu d'influence sur l'évolution du statut acido basique des sols. En
revanche, c'est leur meilleure gestion vis à vis de l'azote (moins d'excès d'azote, moins de lixiviation
de nitrates, moins de nitrification) qui a provoqué une acidification moins forte, mais pas leur basicité
intrinsèque.
En bref : les effluents animaux (sauf les fientes de volaille) ont un effet basifiant nul ou
très limité, mais leur gestion raisonnée permet souvent une moindre acidification des
sols.
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