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AFPP – DIXIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES RAVAGEURS EN AGRICULTURE
MONTPELLIER – 22 ET 23 OCTOBRE 2014
INFLUENCE DE LA BIODIVERSITE VEGETALE AUX ABORDS DE LA CULTURE DE TOMATE SUR LES
ENTOMOPHAGES DE TUTA ABSOLUTA MEYRICK (LEP: GELECHIIDAE)
(1)
Y. GUENAOUI (1), M. LABDAOUI (1), K. HAMOU (1)
DEPARTEMENT D’AGRONOMIE, UNIVERSITE DE MOSTAGANEM, MOSTAGANEM, ALGERIE
[email protected] ; [email protected] ; [email protected]
RÉSUMÉ
En Algérie, Tuta absoluta (Meyrick) continue de faire subir des pertes importantes à la filière tomate
malgré toutes les mesures et recommandations. La lutte intégrée reste limitée à l’usage excessif des
pesticides. Dans la région de Mostaganem, plusieurs maraîchers procèdent en plus, au désherbage
systématique des abords de la culture qui se traduit par une réduction notable de la biodiversité
entraînant une limitation des espèces utiles (entomophages et pollinisateurs). Cette étude montre le
rôle écologique positif de la végétation naturelle sur le maintien de la diversité et l’abondance à la
fois des insectes phytophages et de leurs ennemis naturels dans l’environnement immédiat de la
tomate. En fournissant un habitat et une nourriture alternative de qualité pendant la floraison, ces
plantes spontanées jouent un rôle important dans la multiplication des entomophages susceptibles
de se nourrir sur T.absoluta.
Mots-clés : Tomate, Tut a absoluta, entomophages, lutte intégrée, biodiversité.
ABSTRACT
INFLUENCE OF DIVERSE FLORA AROUND TOMATO CROP ON BENEFICIAL INSECTS POTENTIALLY
ACTIVE ON TUTA ABSOLUTA (MEYRICK) (LEPIDOPTERA: GELECHIIDAE)
In Algeria, despite considerable support to tomato growers to control Tuta absoluta (Meyrick),
many of them still face unacceptable losses. Adoption of Integrated Pest Management is slow
because of overuse of pesticides. In the region of Mostaganem, in addition, many farmers suppress
adjacent vegetation leading to a reduction in biodiversity.
This study was carried out, to increase our knowledge on the ecological role of spontaneous
vegetation on diversity and abundance of phytophagous insects and associated natural enemies in
the surrounding environment of a tomato greenhouse. The composition and abundance of weeds
around the tomato greenhouse play an important ecological role by harboring and supporting a
complex of beneficial arthropods. The wild vegetation with its rich floral composition provided
alternate food and habitat to potential natural enemies of T.absoluta.
Keywords: tomato, Tuta absoluta, entomophagous, Integrated Pest Management, biodiversity.
INTRODUCTION
Tuta absoluta Meyrick (Lepidopera : Gelechiidae) a colonisé 3 continents (Desneux et al. ,2010, ;
Desneux et al. ,2011) depuis sa première introduction involontaire fin 2006 en Espagne (Urbaneja et al.,
2007). Cette invasion
biologique en provenance d’Argentine a nécessité une coopération
internationale, pour analyser le risque phytosanitaire (Roy A S. , et Suffert M., 2009) et échanger des
informations entre pays du Bassin méditerranéen pour améliorer les connaissances sur l’insecte , sur ses
ennemis naturels potentiels et les méthodes de lutte expérimentées ( Gabbara et al.,2010 ; Lacordiaire
A.I., 2011 ;Trottin-Caudal et al., 2011 ; Abbes et al., 2012 ; Urbaneja et al., 2012 ; Zappala et al., 2013 ).
En réalité, chaque pays traite le problème selon son niveau technique et financier. Au Maghreb où
existe une crise rurale et agricole qui nécessite une profonde mutation pour s’adapter aux exigences
imposées par la mondialisation (Aït Amara, 2007) les agriculteurs tentent d’adapter les méthodes au
contexte.
En Algérie, la gestion de la mineuse se heurte à des pratiques traditionnelles qui ne facilitent pas
toujours la lutte surtout en conditions non contrôlées avec des tunnels non chauffés. Sous un climat
très favorable surtout sur le littoral, T .absoluta donne près de 10 générations par an ( Guenaoui et
Guelamallah, 2008 ; Bensaad, 2010) ce qui expose la culture aux attaques pendant toute l’année
avec un usage excessif de pesticides . Or la lutte contre ce ravageur ne peut s’améliorer que si
d’autres méthodes alternatives sont durablement mises en place en tenant compte du contexte.
Comme les invasions biologiques présentent un danger pour la biodiversité (Lefeuvre, 2013)
certaines pratiques culturales simples et peu coûteuses peuvent améliorer la lutte par la restauration
de la biodiversité dans l’agro-écosystème si elles sont compatibles avec les objectifs de production.
La région de Mostaganem qui a été la première touchée par le problème dès 2008 (Guenaoui, 2008)
a fait des efforts pour respecter les exigences spécifiques sur les méthodes de lutte à mettre en
œuvre suite à la mobilisation dès 2009 des pouvoirs publics pour améliorer la situation dans le cadre
d’un programme régional financé par la FAO (Lannoy, 2010). L’Institut National de la Protection des
Végétaux a mis en place un plan pour développer des alternatives à la lutte chimique avec des
lâchers périodiques d’entomophages prédateurs (Nesidiocoris tenuis Reuter) (Hemiptera : Miridae).
Cette punaise prédatrice commercialisée par la société Koppert (Espagne) a fait l’objet de
multiplication dans plusieurs stations de la protection des végétaux dont celle de Mostaganem.
Selon l’INPV (2013), entre 2009 et 2013, 41 lâchers ont été réalisés à travers 11 départements. A
Mostaganem, les lâchers ponctuels d’entomophages ne suffisent pas pour maîtriser la situation
durablement car les agriculteurs ont tendance à traiter régulièrement avec des pesticides sans tenir
compte du seuil de nuisibilité (Guenaoui et Gasmi ,2012). Ils ne prennent pas toujours conscience
des inconvénients de l’abus des produits phytosanitaires sur la faune utile dans les serres comme
cela est constaté en Espagne (Arno et Gabbara,2011) ou du risque de favoriser une résistance (Haddi
et al.,2012 ). Les difficultés sont aussi liées au désherbage systématique autour de la serre,
responsable d’une perte de biodiversité et d’un appauvrissement en entomophages de
l’environnement adjacent aux cultures. Les agriculteurs qui ont l’habitude de désherber pour éviter
les infestations de la culture par les aleurodes ne comprennent pas toujours l’intérêt de maintenir la
flore adventice à proximité de la culture.
Ce travail vient compléter une étude initiée dans le cadre d’un projet de coopération internationale
entre l’Université Ibn Badis de Mostaganem (Algérie) et l’Université Polytechnique de Valence (Espagne)
pour mettre en place une lutte intégrée contre T. absoluta ( Guenaoui et al. , 2010 ; Guenaoui et al.,
2011), dans un contexte où existe un faisceau de facteurs concomitants ( climat favorable, présence
continue de plantes hôtes, rendements faibles, accès facile aux produits agro-pharmaceutiques).
L’objectif principal consiste à montrer dans un premier temps, qu’il existe une relation étroite entre
la richesse du couvert végétal naturel autour de la culture de tomate et celle de la faune utile qui se
développe sur les phytophages associés à cette flore spontanée. Plusieurs études ont montré que la
diversification de l’agro-écosystème peut réduire les infestations par les phytophages grâce à
l’association d’autres espèces à la culture. Par exemple, la coriandre Coriandrum sativum L.
(Apiaceae) peut servir de nourriture aux antagonistes de T.absoluta (Medeiros et al., 2009) et la fève
maraîchère Vicia faba L. (Fabaceae) qui est régulièrement infestée par Aphis fabae (Scop)
(Aphididae) attire plusieurs familles de prédateurs dont les Miridae qui sont de bons prédateurs de
T.absoluta ( Urbaneja et al.,2008 ; Bensaad 2010 ; Molla et al.,2010 ).
MATERIELS ET METHODES
Pour favoriser la végétation spontanée, les insectes phytophages auxquels sont associés divers
entomophages dans l’environnement de la serre de tomate suivie, l’enherbement est maintenu sur une
largeur de 10 m auquel sont ajoutées de la coriandre et de la fève maraîchère. La partie enherbée
occupe une surface de 200 m2 environ. L’essai s’est déroulé à la ferme de l’Université de Mostaganem
dans la commune de Mazagran (Mostaganem) dans des conditions similaires aux pratiques
traditionnelles (photo1)
LA CULTURE DE TOMATE (Solanum lycopersicon L.)
C’est une variété hybride (DALAL) qui a été mise en place en janvier 2014, sous un tunnel non chauffé,
de forme hémicylindrique de 100 m2 de surface et conduite jusqu’ à la récolte selon les pratiques des
maraîchers de la région (irrigation par goutte à goutte, filet insect-proof au niveau des ouvrants …). Elle
n’a subi aucun traitement insecticide. Seul un traitement contre le mildiou a été réalisé.
LE RAVAGEUR
T.absoluta s’installe sur la culture de façon spontanée. Pour déterminer le début des attaques, la serre a
été inspectée deux fois par semaine par un contrôle de tous les plants dès la mise en place de la culture.
Un échantillon de 25 plants (25%) répartis de façon homogène dans la serre a été suivi pour déterminer
à la fois le nombre de mines actives par plant et le stade larvaire correspondant en utilisant une loupe à
main (GX10). Pour suivre la courbe des vols de mâles un piège à phéromone sexuelle de type Delta avec
diffuseur de marque Econex dosé à 50 mg a été installé à l’intérieur de la serre à une hauteur d’1 mètre
au dessus du sol. La capsule est renouvelée toutes les 4 semaines.
LA FLORE CULTIVEE ET SPONTANEE
La coriandre et la fève maraîchère sont semées au milieu des adventices et maintenues comme la
végétation spontanée par des arrosages. Des observations hebdomadaires sont réalisées sur les 2
espèces cultivées. Seules les adventices dominantes par rapport à leur occupation du sol et présentant
un intérêt par rapport à l’objectif sont identifiées et suivies.
LES INSECTES PHYTOPHAGES ET LA FAUNE UTILE
La méthode de prélèvement des insectes (phytophages et utiles) dépend du stade et de la mobilité de
l’espèce ; c’est surtout les pucerons et les mineuses qui ont été pris en considération avec leurs
antagonistes car ils ont une relation (directe ou indirecte) avec la mineuse. Pour les insectes peu mobiles
comme les pucerons des individus sains ou parasités sont prélevés sur fragments de végétaux tandis que
les insectes très mobiles et volants (hétéroptères, hyménoptères et diptères) sont récoltés grâce à un
aspirateur à bouche avec mention de la plante ; les feuilles comportant des mines (parasitées ou non)
sont prélevées et conservées jusqu’ à émergence des adultes pour identification. Les échantillons
prélevés sont rapportés au laboratoire pour traitement. La détermination des insectes phytophages a
surtout porté sur les espèces qui ont une relation avec T. absoluta parce qu’ils sont consommés par les
mêmes auxiliaires. Les pucerons ont été identifiés selon la clé de Leclant (1999) et leurs parasitoïdes en
partie, selon Stary (1976). Pour les hyménoptères antagonistes de mineuses certains ont été identifiés
en utilisant la clé de Delvar et Aberlenc (1989) d’autres ont été déterminés par Verdu (IVIA ;
Moncada, Valencia, Espagne). Les Punaises Miridae ont été comparées aux spécimens identifiés par
plusieurs chercheurs d’Espagne.
RESULTATS
EVOLUTION DES EFFECTIFS LARVAIRES DE T .ABSOLUTA ET COURBE DE CAPTURES DES MÂLES
La culture n’a été infestée que par T.absoluta . Les attaques plus tardives que d’habitude sont restées
limitées jusqu’à mi avril. Le nombre de mines actives par plant (figure 1) augmente à partir de
début mai pour atteindre un maximum vers la 3ème semaine du mois ensuite il baisse .
Figure 1 : Nombre moyen des mines actives de T.absoluta par plant et par semaine
Figure 1: Mean of total live larvae of T. absoluta per tomato plant per week
L’évolution des populations larvaires par stade (figure 2) suit la même tendance que celle des mines
actives ; un nombre plus important de stades jeunes (L1 et L2) à partir de mi mai marque une
nouvelle génération. Cette population jeune augmente puis décline contrairement au stade le plus
âgé .On note une présence de punaises Miridae en serre sur plusieurs plants (surtout à proximité
des ouvertures) à partir de la première semaine de mai (observations personnelles).
Figure 2: Moyenne des effectifs de chaque stade larvaire de T.absoluta par plant / semaine et des
captures de mâles
Figure 2: Mean of different instars of T. absoluta larvae per plant per week and number of male
captures per week
Figure 1: Total mines actives
Figure 2: Captures et structure des stades larvaires
31.05
24.05
17.05
10.05
03.05
27.04
20.04
13.04
40
30
20
10
0
40
30
20
10
0
capture
L1
L2
L3
L4
La figure 2 montre que les mâles sont capturés dès l’installation de la culture avec une moyenne
hebdomadaire voisine de 10 individus par semaine entre fin janvier et mi mars. Pendant la semaine
du 17 au 24 mars aucune capture n’a été enregistrée ; ensuite on note une augmentation progressive
avec un maximum atteint fin avril qui correspond aux premières attaques de la mineuse.
LA VEGETATION ADVENTICE et PLANTES CULTIVEES
Photo 1 (gauche) : culture sous tunnel
Photo 2 (droite) : végétation spontanée +fève
Tableau I : La végétation spontanée la plus importante aux abords de la serre de tomate
Table I: Spontaneous plants around the tomato greenhouse (mainly)
Familles
Espèces
Observations
Solanaceae
Solanum nigrum L
Plante hôte de T.absoluta
Malvaceae
Malva parviflora L.
Malva sylvestris L.
Présence de mines de
diptères
Chenopodiaceae
Chenopodium alba L.
Beta vulgaris L.
Plantes hôtes potentielles
de T.absoluta
Fabaceae
Trifolium sp.
Urticaceae
Urtica urens L.
Asteraceae
Chrysanthemum coronarium L.
Sonchus asper L.
Anthemis arvensis L.
Calendula arvensis L.
Convolvulaceae
Convolvulus arvensis L.
Apiaceae
Daucus carota L.
Ammi majus L.
Visitées au stade floraison
par plusieurs espèces
d’insectes utiles
Présence de mines de
diptères
Ces plantes servent de
nourriture aux
entomophages au stade
floraison
Les plantes spontanées les plus intéressantes sont celles qui servent de plantes hôtes aux phytophages
permettant la multiplication d’entomophages et/ou qui leurs servent de nourriture. Elles appartiennent
en majorité à la famille des Asteraceae, Malvaceae, Convolvulaceae , Chenopodiaceae, et Apiacea
(photo2).
Tableau II : Principales espèces de la faune (phytophage et utile) sur végétation spontanée
Table II: Species of natural enemies on wild vegetation
Principales espèces de la faune phytophage utile sur végétation spontanée
Familles
Eulophidae
Espèces
Necremnus sp (Walker)
Neochrysocharis formosa
(Westwood)
Hemiptarsenus zilahisebessi
(Erdös)
Diglyphus isaea (Walker )
Observations
Hôtes : mineuses diptères du genre
Liriomyza sur Chenopodiaceae et fève
+lépidoptères sur S. nigrum en quantité
limitée . Ce sont des espèces déjà
identifiées sur T .absoluta par Verdu en
2010 et 2011
Braconidae
(Aphidiinae)
Lysiphlebus fabarum (Marshall)
L. testaceipes (Cresson)
Trioxys angelicae (Haliday)
Prélevés sous forme de momies sur 3
espèces de pucerons (Aphis fabae, Aphis
gossypii Glover et Aphis craccivora (Koch)
Syrphidae
Episyrphus balteatus (De Geer)
Syrphus ribesii (Wied.)
Présence d’adultes sur fleurs d’Asteraceae
et d’Apiaceae. Prédateurs de pucerons
Cecidomyiidae
Aphidoletes aphidimyza
(Rondani )
Présence de stades larvaires dans colonies
de pucerons
Nesidiocoris tenuis ( Reuter)
Miridae
Macrophus pygmaeus ( Walker)
Dicyphus sp (Walker)
Anthocoridae
Orius laevigatus (Fieber)
Orius sp
Coccinella algerica (Kolvar)
Coccinellidae
Propylaea
Quatuor decimpunctata L.
Apidae
Apis mellifera L.
Présence de stades larvaires et adultes de
Miridae (prédateurs de T.absoluta ) sur
plantes infestées par diptères, lépidoptères
et pucerons
Le genre Orius est observé seulement au
stade adulte sur fleurs d’Asteraceae
Adultes et larves sont observées au milieu
des colonies de pucerons (A.fabae, A .
gossypii et A. craccivora Koch
Présence de ruches à proximité
Les espèces phytophages dominantes sont les mineuses et les pucerons cités comme hôtes ou proies
(tableau II). Il y a des mines de lépidoptères (T .absoluta) sur Chenopodium alba L. et Solanum nigrum L.
et de diptères (Agromyzidae) avec 3 espèces du genre Liriomyza (L. sativae (Blanchard) , L. bryoniae
(Kaltenbach) et L. huidobrensis Blanchard ) et une espèce du genre Chromatomyia sur B.vulgaris (non
déterminée). La faune utile composée d’Hyménoptères parasitoïdes comporte des Braconidae et des
Eulophidae. Les aphidiphages (Braconidae : Aphidiinae) ont été récoltés au stade momie sur le genre
Aphis et appartiennent en majorité au genre Lysiphlebus (L. fabarum et L. testaceipes ). Les Eulophidae
en nombre limité dans ces échantillons peuvent devenir un réservoir pour la lutte contre T.absoluta
(tableau II). Les prédateurs plus actifs comme les punaises (Miridae) qui se nourrissent sur plusieurs
espèces constituent de bons prédateurs de T.absoluta.
DISCUSSION
L’infestation de la culture a été tardive à cause du climat qui a ralenti la durée de développement du
ravageur. Les effectifs larvaires ont augmenté (figure 1) nécessitant un traitement chimique en absence
de solution biologique. Plus de 50% des effectifs sont représentés par les jeunes stades (L1 et L2) (figure
2) ; la diminution de leur nombre à partir de la mi-mai coïncide avec la présence dans la serre de
punaises mirides ce qui renforce notre hypothèse surtout que ces prédateurs ont une préférence pour
les œufs et larves de premier stade ( Urbaneja et al., 2009 ; Bensaad, 2010)
La courbe des captures de mâles (figure 2) montre qu’il existe un risque pour la culture dès le début si
l’on se réfère à l’échelle proposée par Montserrat (2009) mais il semble que dans ce cas précis, le
nombre de mâles soit plutôt lié à l’attractivité des phéromones puisque la présence de mines actives
sur les feuilles n’a été constatée qu’au début du mois d’avril. La présence d’une faune utile importante
et diversifiée aux abords de la culture par le maintien de la végétation spontanée est sans doute le
moyen le plus écologique et le moins coûteux qui peut aider à réduire les traitements chimiques non
indispensables. La présence de plantes florissantes au milieu d’une culture ou à proximité favorise le
maintien et la multiplication de plusieurs espèces (Bertolaccini et al., 2011). L’association de la fève a
permis par la présence de colonies denses de pucerons (A.fabae ) d’augmenter le potentiel biotique des
auxiliaires dont les espèces prédatrices de T. absoluta et celle de la coriandre d’apporter une nourriture
riche en nectar et pollen aux adultes d’hyménoptères qui ont besoin de ressources sucrées pour la
maturation de leurs œufs. Selon Balzan et Wackers (2013) plusieurs plantes au stade floral dont la
famille des Apiaceae à laquelle appartient la coriandre, ont une action bénéfique sur les Eulophidae
comme N. formosa parasitoïde de plusieurs mineuses diptères ( Tran, 2009) et de N. artynes qui
représente le parasitoïde associé à T.absoluta le plus cité dans le Bassin méditerranéen (Gabbara et
al.,2010 ; Guenaoui et al. ,2011 ; Boualem et al.,2012 ; Zappala et al.,2012). D’origine méditerranéenne,
cette espèce parasite dans la nature plusieurs lépidoptères de la famille des Cosmopterigidae ( Noyes,
2013). Elle a été récoltée sur T .absoluta dans la région de Mostaganem dès 2009 mais toujours à des
niveaux très faibles (Guenaoui et al., 2013). La végétation spontanée aux abords des cultures peut être
bénéfique pour les femelles en augmentant leur longévité et en améliorant leur fécondité.
CONCLUSION
Le maintien de la diversité entomologique ne doit pas toujours être considéré comme un réservoir de
ravageurs qui menacent la culture mais un moyen de favoriser les auxiliaires. Cependant la décision
de désherber doit être raisonnée en fonction de la situation sur le terrain et du contexte social.
La flore spontanée maintenue à proximité de la serre a permis à plusieurs insectes phytophages de
s’installer et à la faune utile de se multiplier ; en plus de la fève (Fabaceae) qui présente un intérêt
agronomique, les Astéraceae et les Chenopodiaceae ont permis l’installation de pucerons consommés
par plusieurs prédateurs dont les Miridae. La présence de punaises (N.tenuis ) de façon spontanée, dans
la serre de tomate pendant les observations est un signe positif d’autant plus que les populations de
T. absoluta ont commencé à baisser après leur entrée dans la serre (figure 2). En plus de préserver
l’environnement de la serre, il faudra aussi veiller à ce que les agriculteurs ne traitent pas sans raison
valable juste après les lâchers de prédateurs. Il est certain que plus la biodiversité est élevée dans un
agro-écosystème moins la culture est exposée aux bio-agresseurs.
Ce travail préliminaire qui donne une première indication sur la diversité des espèces des 3 niveaux
trophiques dans un biotope déterminé ne doit pas faire perdre de vue que chaque exploitation est un
cas particulier où chaque élément compte (niveau du stock de graines dans le sol, caractéristiques du
sol, pluviométrie). Il permet de jeter des bases pour faire évoluer et populariser le concept de la gestion
phytosanitaire des cultures sous abris chez nos agriculteurs. L’objectif est de déboucher à moyen terme
sur une meilleure évaluation du rôle de la biodiversité végétale sur l’abondance et l’efficacité des
entomophages potentiels de T. absoluta.
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à R. Vercher de l’U P de Valencia, (Espagne) pour le matériel de piégeage et le
filet insect-proof et à M.J. Verdu (IVIA, Moncada, Valencia) pour son aide à titre gracieux dans la
détermination des parasitoïdes de mineuses.
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