Steve REICH – CITY LIFE ( 2 extraits)

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Transcript Steve REICH – CITY LIFE ( 2 extraits)

HDA 2014
ARTS, TECHNIQUES et EXPRESSIONS : l'ART et la VILLE
Steve REICH – CITY LIFE ( 2 extraits)
Doc.1
Comment un compositeur peut-il traduire en paysage sonore son impression, son ressenti d'un lieu ?
L'Art : reflet ou rejet de la société contemporaine ?
Objectif : l'élève apprend :
que toute musique se relie au passé par les règles d'écriture anciennes et s'ouvre sur l'avenir grâce aux innovations
technologiques et autres inventions
• que les paramètres musicaux sont déterminants pour l'esthétique d'une oeuvre et donc soigneusement choisis par l'artiste
en fonction de ce qu'il souhaite exprimer
Problématique : * Bruit ou musique ?
• Procédé de répétition en musique : manque d'idées ou paramètre musical ?
• Comment représenter une ville musicalement ?avec ses bruits, ses ambiances, son énergie, son stress ?
•
LE COMPOSITEUR
Steve REICH
Né à New-York en 1936, il est l'un des principaux représentants de la musique répétitive américaine, ou
« minimaliste » .
Il apprend le piano, joue de la batterie et de nombreuses percussions (vibraphone, marimba ) .
Elève de la célèbre Julliard School of Music, il étudie la composition .
Il invente la technique du phasing = décalage, signature caractéristique de sa musique.
Ses INFLUENCES : Stravinsky, Bartok (début 20ème), Miles Davis, Charlie Parker (jazz), les musiques
populaires d'Afrique et d'Indonésie (gamelan)
Ses OEUVRES : Differents trains, Clapping music
Audition de présentation : Check it out –1er mouvement : http://youtu.be/BYca8EJlz0g
oeuvre instrumentale contemporaine / musique mixte
MUSIQUE MIXTE
Au 20ème siècle, le désir d'incorporer et de détourner des sons de la vie quotidienne, se développe, grâce à l'apparition des
synthétiseurs numériques et ordinateurs . La musique mixte apparaît, mêlant sons instrumentaux et électro-acoustiques .
L'OEUVRE : CITY LIFE : « vie citadine » - 1995
Le SENS de l'OEUVRE :
repose sur l'idée d'utiliser des bruits de la ville de New-York comme support rythmique de
composition . Sorte de reportage, de documentaire sonore sur la ville de New-York .
Steve Reich choisit de mettre l'accent sur la vie citadine de plus en plus stressante . Le début
évoque d'abord la vie grouillante et trépidante de Manhattan, et nous imprègne de tous ses bruits
de moteurs, sirènes, freins, klaxons . Puis on avance peu à peu vers une vision plus sombre de la
ville avec des sonorités plus stridentes, plus dissonantes pour terminer sur les sirènes des
pompiers lors du 1er attentat du World Trade Center en février 1993.
La MUSIQUE MINIMALISTE
Le terme est emprunté aux Arts Plastiques .
C'est un courant apparu aux Etats-Unis dans les années 60, d'une extrême sobriété, où l'on
n'utilise que des formes simples, géométriques .
En musique, cela se traduit par des mélodies simples, tonales, avec des structures rythmiques
répétitives et des processus systématiques . C'est un retour à une écriture musicale sans tension
ni dissonance, basée sur la répétition de motifs à la pulsation régulière et son évolution en
variations de ces motifs répétés
CARACTERISTIQUES PRINCIPALES de la musique de Steve
Reich
Steve Reich entouré d'instruments et de
dispositifs électroniques
* répétition continuelle de courtes phrases = ostinato
* insertion de sons non musicaux enregistrés au préalable : bruits
* écriture en canons rapprochés, création de déphasage (décalages des voix)
* grande utilisation des instruments de percussion
MATERIAU SONORE
Doc.2
un orchestre de chambre ( = petit orchestre)
>> BOIS : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes
>> CORDES : 2 violons, 1 alto, 1 violoncelle, 1 contrebasse (= cordes
frottées) + 2 pianos (= cordes frappées )
>> PERCUSSIONS : 2 vibraphones, accessoires et percussions
diverses
>> 2 ECHANTILLONNEURS (= samplers) : les sons enregistrés par
Reich dans les rues de New-York ou transmis par les pompiers et la
police sont mis en mémoire dans un échantillonneur puis joués sur
scène grâce à un clavier .
Comment Steve Reich peint-il musicalement la ville de New-York ?
Les répétitions traduisent la vie stressante et répétitive des habitants des grandes villes américaines.
Les bruits enregistrés deviennent matériau thématique ; leur utilisation crée une ambiance, un paysage sonore .
STRUCTURE de l'OEUVRE : en 5 mouvements : forme en arche : A.B.C.B'.A'
A - Check it out !
Viens voir ça
B - Pile driver / alarms
Marteau pilon/alarme
vif
lent
C - « It's been a honeymoon
C'était une lune de miel
B'.- Heartbeats
Battements cardiaques
vif
A' - « Heavy smoke »
Fumée épaisse
lent
vif
ANALYSE des EXTRAITS
Extrait 1. « IT'S BEEN A HONEYMOON » can' take it no mo'
http://youtu.be/q99jsF6icaQ
Mouvement central – vif - (3ème mouvement) : c'est le sommet de l'oeuvre .
Le PAYSAGE SONORE : Reich a enregistré les voix d'un groupe d'afro-américains manifestant devant l'Hôtel de Ville à
Manhattan et a cherché à retranscrire musicalement leur colère : comment fait-il ?
Le sens des mots, importants pour eux alors, devient secondaire ici, dans l'oeuvre : ce qui compte pour le compositeur, c'est
l'intention qui se dégage .
PROCEDE d'ECRITURE : découpage quasi syllabique des échantillons ;
>> la construction rythmique est mise en place par les 2 échantillonneurs
>> les phrases sont découpées en syllabes, devenues matériau sonore et non plus « porteuses de sens »
>> matériau de base : le mot « honey » est utilisé comme rythme principal
>> les instruments entrent successivement : musique horizontale
>> déphasage : décalage des voix
>> tempo assez vif, mais difficile à percevoir en raison de nombreux sons longs, tenus
STRUCTURE :
Introduction brève, ff
accord de piano
+ phrase « it's been a honeymoon »
mise en place des motifs par les 2
échantillonneurs
répétition serrée de syllabe : ho -ney
installation progressive d'un déphasage sur
la phrase puis entrée des instruments
Audition périphérique : Abd-el-Malik – 12 septembre 2001
Même travail sur la phrase « can't take it
no mo' »
+ notes tenues (bois)
http://youtu.be/Tmth0VvvJAI
Doc.3
Extrait 2. « HEAVY SMOKE »
http://youtu.be/73SwsvhsEjQ
Le PAYSAGE SONORE : description de la découverte par les pompiers des dégâts causés par l'explosion d'une voiture
piégée dans les sous-sols du World Trade Center lors du 1er attentat en février 1993.
Les enregistrements proviennent des échanges radio entre les services de secours.
Les sirènes de pompiers et de police ont été enregistrées par Reich (il habitait alors le quartier ) .
Les ECHANTILLONS : * Voix :
heavy smoke stand by
It's full a smoke
urgent Guns knives or weapons on Wha' were ya doing ?
fumée épaisse tenez-vous prêts c'est rempli de fumée
ya ? Revolvers couteaux ou Qu'est-ce que tu
armes sur toi ?
f'sais ?
Be careful ! Were you go ?
Attention ! Où allez-vous ?
* Bruits :
Sirène de pompiers
Sirène courte (police)
Sirène longue (police)
PROCEDES d'ECRITURE : ( voir Doc. 4 Annexe)
>> musique verticale = en accords
>> musique horizontale = superposition de mélodies différentes ; ici, procédé du canon
La STRUCTURE :
Interventions vocales répétitives,
mécaniques, sur fond sonore en
accords
Passage plus sonore et animé ;
notes répétées rapides (piano/cordes) en canon
Retour aux accords initiaux et notes
tenues longues
Ce mouvement s'achève sur les accords du 1er mouvement, mais noyés dans un bruit continu de sirène, d'agitation .
Déception teintée d'ironie : les derniers mots prononcés sont l'avertissement d'un pompier « be careful » ( cf vidéo à 4'20).
Conclusion de la pièce ( et de l'oeuvre ) qui reste en suspens .
Le SAMPLING
Aujourd'hui, de nombreux artistes ré-utilisent des ECHANTILLONS d'une musique existante et les intègrent à leur chanson :
c'est le SAMPLING, façon de recréer un univers musical à partir d'éléments plus anciens . Voici quelques exemples récents :
http://youtu.be/lz3l-XSMXP8 : samples utilisés dans le rap US
CONCLUSION
Steve Reich nous immerge dans sa ville de New-York en puisant certaines sonorités dans la vie quotidienne qu'il
intègre à un matériau sonore traditionnel enrichi de technologies modernes .
Compositeur, « reporter », il exprime une certaine fascination mais aussi une aversion que l'on pressent dans la progression
dramatique de l'oeuvre . Il pose une interrogation sur les problèmes de cohabitation ethnique, de pollution sonore ou
atmosphérique, de violence, présentes dans toutes les grandes villes .
Loin de faire l'éloge du monde actuel, il semble prendre ses distances vis-à-vis d'un modernisme qui engendre, selon lui, violence
et confusion, comme le montre l'évolution de cette oeuvre .
Compétences visées : l'élève est capable de :
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percevoir/distinguer : musique verticale ( en accords) / horizontale (ex. en canon)
procédé du phasing (= décalage de motif) - procédé de répétition d'un motif/mélodie
une musique mixte
savoir-faire le lien entre : * 2 oeuvres musicales utilisant des procédés similaires
* des oeuvres, d'arts différents, utilisant des procédés similaires (ex. répétition)
savoir replacer l'oeuvre étudiée dans le contexte historique (années 60) géographique (New-York) artistique (minimalisme)
DOC. 4 - ANNEXE
La POLYPHONIE s'obtient de 2 façons principales ( qui peuvent être associées ensemble):
>> MUSIQUE VERTICALE (ou harmonique)
Des masses sonores se succèdent
•
BACH ( fin époque baroque): Choral
http://youtu.be/3eq5rlQgtFg
C'est l'enchaînement des
ACCORDS .
Superposition verticale de
sons différents, en accords
un CHORAL est une oeuvre liturgique (religieuse) d'écriture verticale en accords, destinée à être
chantée par un choeur .
>> MUSIQUE HORIZONTALE
Des lignes mélodiques s'entremêlent et créent une trame sonore dense
* PACHELBEL ( époque baroque) : CANON pour CORDES
http://www.youtube.com/watch?v=JvNQLJ1_HQ0&list=RDstCKjZniMsQ&feature=share&index=6
Les mélodies se déroulent de
façon linéaire, horizontale .
Superposition de plusieurs
mélodies différentes qui
créent ainsi une polyphonie .
un CANON est une forme musicale polyphonique d'écriture horizontale où la même mélodie est
répétée et décalée à chaque nouvelle entrée
PROCEDE de REPETITION
Andy WARHOL
« Coca-Cola » :
procédé de REPETITION d'un motif, d'un objet