COURS - LA MONDIALISATION

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Transcript COURS - LA MONDIALISATION

.LA MONDIALISATION Š FONCTIONNEMENT ET TERRITOIRES.
Introduction Š Une mondialisation vraiment mondiale ?
• Les vêtements que nous portons, les produits high tech que nous utilisons… sont autant de
symboles de la mondialisation dans laquelle nous vivons et dont nous sommes des acteurs
quotidiens. La mondialisation se définit par la mise en relation, à l’échelle mondiale, des
espaces et des économies, par des flux de plus en plus massifs et de plus en plus rapides.
• Elle n’est pas un phénomène récent. Sa première phase remonte au XVIème siècle, quand les
Européens ont conquis l’Amérique (cette colonisation a généré des flux à l’échelle mondiale).
Elle a été suivie par une deuxième phase, au XIXème siècle, quand l’Afrique et l’Asie ont été
conquises. Aujourd’hui, nous sommes dans la troisième étape. Cela dit, la mondialisation est
un phénomène sélectif, qui ne concerne pas tous les territoires de la même façon.
• Problématique : Comment le fonctionnement de la mondialisation entraîne-t-il une sélection
et une hiérarchisation des territoires à toutes les échelles ?
Etude de cas Š En quoi l’iPhone est il un produit mondialisé ?
A. Un produit conçu dans la Silicon Valley
• Le siège social d’Apple se situe aux Etats-Unis (première puissance économique
mondiale), dans l’Etat de Californie (lui-même l’Etat le plus puissant au plan
économique à l’intérieur du pays). Plus précisément, Apple est implantée à Cupertino,
dans la Silicon Valley, au Sud de San Francisco.
• C’est un espace spécialisé dans les hautes technologies, notamment liées à
l’informatique (Intel, Logitech…) et l’Internet (Google, Mozilla, Yahoo…).
• C’est à Cupertino, au siège social d’Apple, que les décisions sont prises concernant la
conception de l’iPhone : design, fonctionnalités…
B. Un produit fabriqué en Asie de l’Est
• Les entreprises fabriquant les composants de l’iPhone 5 relèvent des Etats-Unis, de
Corée du Sud, et du Japon ; c’est-à-dire de pays développés.
• Ces sociétés font fabriquer les composants aux Etats-Unis, en Chine, au Japon, en
Corée du Sud et à Taiwan. Il s’agit majoritairement de pays développés et d’un pays
émergent (la Chine). Ce sont dans ces Etats, en effet, que l’on trouve les niveaux de
compétence les plus élevés et les moyens financiers les plus importants.
• L’iPhone est assemblé à Shenzhen en Chine. Plusieurs raisons président à ce choix :
- des raisons économiques : la main-d’œuvre chinoise est moins chère que celle
des pays développés (les Etats-Unis, notamment) ;
- des raisons démographiques : la main-d’œuvre chinoise est très nombreuse du
fait que la Chine est, avec 1,3 milliard d’habitants, l’Etat le plus peuplé ;
- des raisons stratégiques : la main-d’œuvre chinoise est bien formée (par le
système scolaire et universitaire) et plutôt docile.
C. Un produit vendu dans le monde entier ?
• Les Apple Stores sont implantés en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Asie
de l’Est mais aussi en Océanie : bref, Apple les a implantés dans les pôles de la Triade,
qui regroupe les Etats les plus riches et développés de la planète.
• Les prochains Apple Stores vont ouvrir dans des Etats européens qui n’en disposent
pas encore (Espagne, Irlande) ou dans des pays émergents (Mexique, Brésil, Afrique du
Sud). Donc Apple cherche à gagner des parts de marché dans les Etats qui connaissent
aujourd’hui la plus forte croissance et où le revenu par habitant augmente le plus vite.
• Les iPhones sont acheminés depuis Shenzhen vers les lieux de commercialisation par
des routes maritimes. Les iPhones sont donc transportés dans des conteneurs (n’étant
pas des denrées périssables, ils n’ont pas besoin d’être transportés en avion). Ces routes
maritimes relient, via les océans, la Chine aux pôles de la Triade et aux pays émergents.
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I. Pourquoi le fonctionnement même de la mondialisation peut-il être contesté ?
A. Les flux de la mondialisation
Doc. 4 page 231 : « Le commerce mondial de marchandises »
Doc. 3 page 255 : « Le pétrole, première marchandise échangée dans le monde
• Les flux de marchandises sont centrés sur la Triade (elle génère plus de 50% du
commerce mondial) et les pays émergents. Mais l’essentiel du commerce mondial est
intracontinental : les échanges internes de l’UE représentent ⅔ de son commerce.
• Les flux de matières premières, comme le pétrole qui est le produit le plus échangé au
monde, sont orientés Sud-Nord : les pays du Sud vendent ces ressources aux pays
du Nord et aux pays émergents qui en ont besoin et qui ont les moyens de payer.
Doc. 1 page 254 : « La mondialisation en fonctionnement »
Doc. 3 page 259 : « Le tourisme dans le monde en 2013 »
• Les flux migratoires partent des pays du Sud vers les pays du Nord (Amérique du
Nord et Europe). Il s’agit de migrations économiques, afin de trouver une vie meilleure,
et de migrations politiques, dans le cadre de l’asile politique (droit reconnu à chaque
être humain de trouver refuge dans un autre Etat pour faire face à des menaces).
• Les flux touristiques relient d’abord les pays du Nord entre eux (Europe, Amérique du
Nord) ou les pays du Nord aux pays du Sud (bassin caraïbe, golfe de Guinée, Asie du
Sud-Est). En effet, seules les populations des pays développés et récemment des pays
émergents ont les moyens de se payer des vacances. Les destinations sont souvent
situées dans des lieux où il fait chaud, en bord de mer (tourisme balnéaire).
Doc. 3 page 249 : « Flux et réseaux de téléphonie mobile »
Doc. 2 page 255 : « La mondialisation des capitaux »
• Les flux d’informations sont omniprésents et relient en priorité les trois pôles de la
Triade et les pays émergents car c’est là que l’activité économique est la plus
dynamique et que les infrastructures sont les plus puissantes.
• Les flux de capitaux, ou investissements directs à l’étranger, circulent majoritairement
entre les trois pôles de la Triade et les pays émergents. Bien que l’Amérique et l’Europe
dominent encore le marché financier mondial, l’Asie progresse : elle est passée de 16%
de la capitalisation boursière mondiale en 2000 à 32% en 2012 !
B. Les acteurs de la mondialisation
Doc. 1 page 257 : « Les 500 premières firmes transnationales dans le monde »
• Les firmes transnationales (entreprise implantée dans de nombreux pays et qui réalise
la majeure partie de son chiffre d’affaires en dehors de son pays d’origine) sont les
acteurs premiers de la mondialisation car elles investissent, elles produisent, elles
vendent… Les 80 000 FTN représentent ¼ du PIB mondial et ⅔ des échanges
mondiaux. Si la majorité d’entre elles est située dans les pays développés, ⅓ de celles-ci
sont désormais dans les pays émergents (et cette tendance est en nette progression).
• Les Etats jouent toujours un rôle important dans la mondialisation, bien que celui-ci se
soit affaibli. Ils essaient de réguler (imposer des règles) la mondialisation en matière de
conditions de travail, de fiscalité, de règles commerciales. Mais leur action est difficile à
mener face à des FTN dont l’implantation est mondiale et le chiffre d’affaire colossal.
• D’autres acteurs interviennent. Les organisations internationales essaient, elles aussi,
de réguler la mondialisation : l’OMC fixe les règles commerciales. Des organisations
non-gouvernementales (associations humanitaires qui militent pour pallier les carences
des Etats et des organisations internationales) tentent de limiter les effets les plus
néfastes de la mondialisation sur les populations les plus fragiles : c’est le cas d’Action
contre la faim. Enfin, la société civile (citoyens d’un territoire qui se mobilise pour
certaines causes) peut agir afin de dénoncer certains excès de la mondialisation
(délocalisations…) ou défendre certaines causes (protection de l’environnement…).
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C. Les débats soulevés par la mondialisation
• Pour ses défenseurs, la mondialisation produit des effets bénéfiques. L’intensification
des flux a permis à des millions d’individus (en particulier des agriculteurs et des
ouvriers) de voir leur revenu augmenter. De plus, la circulation de l’information en
temps réel (avec Internet et les chaînes d’information en continu) a favorisé l’essor de la
démocratie dans certains pays. Enfin, la rapidité des déplacements permet d’intervenir
très vite lors de catastrophes pour porter secours aux populations sinistrées.
• Pour ses détracteurs, que l’on appelle altermondialistes (ceux qui militent pour un
autre monde), la mondialisation profite des inégalités pour permettre à certains de
s’enrichir et de mieux vivre aux dépens des autres. Ils pointent aussi du doigt les
dégradations environnementales provoquées et/ou aggravées par la mondialisation :
réchauffement climatique, déforestation, pollutions, raréfaction des ressources…
II. En quoi la mondialisation privilégie-t-elle certains territoires au détriment d'autres ?
A. Les territoires bien intégrés à la mondialisation
Doc. 1 page 262 : « L’organisation de l’espace mondial »
Doc. 1 page 261 : « Le port, la zone franche et le complexe touristique de Jebel Ali »
• La Triade (à laquelle il faut ajouter l’Océanie) et les pays émergents sont les pôles
majeurs de l’économie mondiale. Ils concentrent l’essentiel du potentiel économique, de
la richesse et génèrent et/ou attirent la majorité des échanges sur la planète.
• A l’échelle locale, les métropoles (ville fortement peuplée qui exerce un rayonnement
important par ses activités et ses flux) sont les espaces privilégiés de la mondialisation.
Ces métropoles (New York, Tokyo, Londres, Paris…) sont reliées entre elles par des
flux et forment « l’archipel métropolitain mondial » (ensemble des villes, connectées
par des réseaux, qui constituent les pôles majeurs de la mondialisation). C’est là qu’on
trouve les places boursières les plus importantes, les plus grands aéroports, les sièges
sociaux des plus grandes FTN. Les ports constituent aussi des espaces majeurs de la
mondialisation car ils permettent d’échanger. Ils sont souvent associés à des zones
franches (territoire bénéficiant d’avantages fiscaux et/ou douaniers). Métropoles et ports
constituent des hubs (lieu vers lequel les flux sont concentrés avant d’être redistribués).
B. Les territoires peu intégrés à la mondialisation
Doc. 1 page 262 : « L’organisation de l’espace mondial »
• A l’échelle mondiale, les pays les moins bien intégrés à la mondialisation sont les pays
en développement (Amérique centrale et latine, Afrique subsaharienne et Asie du Sud).
Ils ne sont pas totalement exclus de la mondialisation mais leur intégration aux
échanges mondiaux – quelle que soit leur nature – est très faible
• A l’échelle locale, les territoires peu intégrés à la mondialisation correspondent à
l’intérieur des terres, aux territoires ruraux, souvent en marge des grandes métropoles et
des infrastructures de transports (qui permettent de se connecter à la mondialisation).
C. Les territoires exclus de la mondialisation
Doc. 2 page 263 : « Les espaces maritimes au cœur d’enjeux géostratégiques »
Doc. 2 page 226 : « Les conflits dans le monde aujourd’hui »
• A l’échelle mondiale, les exclus de la mondialisation sont les pays les moins avancés
dont la situation économique est préoccupante (Afrique subsaharienne), de très
nombreux pays enclavés (Etats sans accès direct sur la mer, comme le Niger ou le
Tchad) et les territoires qui connaissent une forte instabilité (zone de guerre ou de
piraterie, comme dans la Corne de l’Afrique).
• A l’échelle locale, ces territoires correspondent aux bidonvilles des grandes métropoles
du Sud (tels que les slums de Mumbai) ou aux zones de haute montagne (à l’exception
de celles qui accueillent des activités touristiques, comme les Alpes).
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III. Pourquoi les espaces maritimes sont-ils stratégiques dans la mondialisation ?
A. Des espaces vitaux dans le cadre de la mondialisation
Doc. 2 page 263 : « Les espaces maritimes au cœur d’enjeux géostratégiques »
Doc. 1 page 265 : « Le détroit de Gibraltar au cœur d’enjeux géostratégiques »
• Les espaces maritimes sont le lieu essentiel de la mondialisation car 80% des échanges
commerciaux passent par eux. Les plus grands ports mondiaux sont implantés dans la
Triade. Mais, la façade pacifique de l’Asie (Chine, Japon et Corée du Sud) domine
largement l’Europe et l’Amérique du Nord. C’est là que se trouve « l’atelier du monde »
(partie de la planète où l’essentiel de la production manufacturière est effectuée).
D’ailleurs les grandes routes maritimes relient la Triade et les pays émergents.
• Ainsi, le contrôle des espaces maritimes est fondamental. Les canaux (tels Suez ou
Panama) et les détroits (étroit bras de mer entre deux terres, comme celui de Gibraltar
ou d’Ormuz) sont étroitement surveillés pour éviter toute collision, toute attaque mais
aussi pour intercepter les flux illégaux (migrants clandestins, drogue, « argent sale »…).
B. Des espaces très convoités pour leurs ressources
Doc. 2 page 263 : « Les espaces maritimes au cœur d’enjeux géostratégiques »
Doc. 3 page 265 : « La délimitation des espaces maritimes »
• Les espaces maritimes recèlent des hydrocarbures (22% des réserves mondiales de
pétrole et 30% des réserves mondiales de gaz) dans le golfe du Mexique, dans l’océan
glacial Arctique, dans le golfe de Guinée, en Méditerranée, dans la mer Caspienne, dans
le golfe persique, au large de Singapour et au Nord des îles Kouriles.
• Ils recèlent aussi des ressources halieutiques (venant de la pêche). Les principales
zones de pêche se trouvent sur la côte pacifique de l’Amérique, sur la côte atlantique de
l’Europe et de l’Afrique, dans la mer d’Oman et sur la côte pacifique de l’Asie.
• Toutes ces ressources sont parfois à l’origine de tensions voire de conflits à propose du
tracés des frontières maritimes. De nombreux Etats, comme la Chine, veulent étendre
leur zone économique exclusive (espace large de 200 milles marins à partir de la côte,
dans lequel l’Etat bordier a la souveraineté des ressources qui s’y trouvent) au détriment
de leurs voisins (Chine, Corée du Sud, Taiwan, Vietnam).
C. Des espaces exposés à des tensions et des menaces
Doc. 2 page 263 : « Les espaces maritimes au cœur d’enjeux géostratégiques »
Doc. 3 page 238 : « Menaces et protection des écosystèmes dans le monde »
• Mais les espaces maritimes ne sont pas sûrs : en plus des tempêtes, des pirates y
sévissent. C’est le cas de part et d’autre de l’isthme (étroite bande de terre séparant deux
mers/océans) de Panama, dans le golfe de Guinée, le golfe du Bengale, le détroit de
Malacca et au large de la Corne de l’Afrique. Ces zones de piraterie correspondent aux
espaces maritimes où le trafic est le plus intense et où on trouve des hydrocarbures.
• Enfin, les espaces maritimes sont exposés à des menaces environnementales, comme
des pollutions (dégazage volontaire, accidents) qui menacent les écosystèmes (ensemble
d’êtres vivants vivant dans son environnement) marins et littoraux. Ces menaces se
trouvent dans zones de pêche et les espaces traversés par les routes maritimes.
Conclusion Š Une mondialisation sélective et inégalitaire
• La mondialisation est donc un phénomène sélectif : bien qu’elle mette en relation tous les
territoires entre eux, tous n’en bénéficient également. Elle se nourrit des inégalités (les pays
développés font fabriquer leurs produits dans les pays à bas salaires) et elle les entretient.
• Les territoires privilégiés par la mondialisation sont donc – à l’échelle mondiale – la Triade,
les pays émergents et les espaces maritimes et – à l’échelle locale – les grandes métropoles et
les principaux ports. Les autres territoires sont donc en marge de la mondialisation.
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