第5回: 通りすぎる女たち

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Transcript 第5回: 通りすぎる女たち

フランス文学と現代 Ⅱ
第5回: 通りすぎる女たち
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Extrait du programme
de L’Après-Midi d’un Faune
Ce n’est pas L’Après-Midi d’un Faune de Stéphane Mallarmé ;
c’est, sur le prélude musical à cet épisode panique, une courte
scène qui le précède.
Un Faune sommeille ;
Des Nymphes le dupent ;
Une écharpe oubliée satisfait son rêve ;
Le rideau se baisse pour que le poème commence dans
toutes les mémoires.
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[初演のプログラムに掲載された(コクトーの)テクスト]
これはステファヌ・マラルメの『牧神の午後』ではない。
そこに語られているパンの神の挿話への前奏曲にのせた、
この挿話がはじまる前の、短い場景である。
牧神がまどろんでいる。
ニンフたちが彼を手玉にとる。
置きざりにされたショールが彼の夢想を満たす。
幕が降り、これらすべての記憶のなかで詩篇がはじまる。
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Les femmes passantes...
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UNE ALLÉE DU LUXEMBOURG
Elle a passé la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !
Mais non, ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui,
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, il a fui !
( Gérard de Nerval, Odelettes, 1839 )
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Elle a passé la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
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Elle a passé la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
あの子は通りすぎた、あの少女は、
小鳥のように、快活[ヴイヴアーチエ]に、急速[プレスト]に、
手に一輪の花をきらめかせ、
口に新しいルフランを残して。
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C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !
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C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !
おそらく、この世で、あの子だけだ、
その心が私の心と通い合うのは、
私の深い夜のなかにやってきて、
ちらと一瞥するだけでその闇を明かるくしてくれるのは!
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Mais non, ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui,
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, il a fui !
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Mais non, ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui,
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, il a fui !
だが、もうだめだ、̶̶私の青春は終った……
さようなら、私に輝いたやさしい光、̶̶
花の香、少女、そして音楽よ……
幸福は過ぎて行った、逃げてしまった!
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Mais non, ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui,
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, il a fui !
だが、もうだめだ、̶̶私の青春は終った……
さようなら、私に輝いたやさしい光、̶̶
花の香、少女、そして音楽よ……
幸福は過ぎて行った、逃げてしまった!
井上究一郎 訳「小オード集」1839年
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À Une Passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! — Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
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La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
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La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
街路が耳を聾さんばかりに私のまわりで吠えていた。
すらりと、細く、喪の正装に、悲しみの威儀を正して、
一人の女が通って行った、華麗な手の片方に
レースの飾りと裳裾とをつまんで、ゆらゆらさせながら、
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Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
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Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
軽やかに上品に、彫刻の脚を進めて行った。
私と言えば、気の変な男のように立ちすくみ、飲み干していた、
そのひとの目の、嵐をはらんだ鉛いろの空の中に、
魂を奪うやさしさと いのちを奪う快楽とを。
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Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
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Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
一瞬の稲妻…… あとは闇! ̶̶消え去った美しいひと
そのまなざしが私をいきなり生き返らせたひとよ、
君にはもはや永遠の中でしか会えないのか?
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Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
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Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
どこかよそで、遠いところで! もう遅い! たぶん二度とは!
なぜなら君の逃げ先を私は知らず、君も私の行く先を知らない、
おお 私が愛したはずの君、おお それをちゃんと知っていた君!
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ROSEMONDE
À André Derain
Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j’avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers
Mais le canal était désert
Le quai aussi et nul ne vit
Comment mes baisers retrouvèrent
Celle à qui j’ai donné ma vie
Un jour pendant plus de deux heures
Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeler
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m’en allai
Pour quêter la Rose du Monde
( Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 )
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Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j’avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers
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Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j’avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers
たっぷり二時間
アムステルダムの街なかで
後をつけた御婦人の入った
家の玄関のわきで 長いこと
僕の指は接吻を投げかけた
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Mais le canal était désert
Le quai aussi et nul ne vit
Comment mes baisers retrouvèrent
Celle à qui j’ai donné ma vie
Un jour pendant plus de deux heures
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Mais le canal était désert
Le quai aussi et nul ne vit
Comment mes baisers retrouvèrent
Celle à qui j’ai donné ma vie
Un jour pendant plus de deux heures
しかし運河はからっぽ
河岸も同じ だれひとり
ある日二時間以上のあいだ
命をささげたその女[ひと]を 僕の接吻が
みつけたさまを見はしなかった
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Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeler
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m’en allai
Pour quêter la Rose du Monde
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Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeler
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m’en allai
Pour quêter la Rose du Monde
僕はそのひとにロズモンドと渾名をつけた
オランダに花ひらくあの口許を
思い出せるようにと願って
それからゆっくりと立ち去った
世界のバラを探すために
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Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeler
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m’en allai
Pour quêter la Rose du Monde
僕はそのひとにロズモンドと渾名をつけた
オランダに花ひらくあの口許を
思い出せるようにと願って
それからゆっくりと立ち去った
世界のバラを探すために
田中淳一 訳「ロズモンド」(『アルコール』1839年)
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TOURNESOL
André Breton
à Pierre Reverdy
La voyageuse qui traversa les Halles à la tombée de l'été
Marchait sur la pointe des pieds
Le désespoir roulait au ciel ses grands arums si beaux
Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de sels
Que seule a respirés la marraine de Dieu
Les torpeurs se déployaient comme la buée
Au Chien qui fume
Où venaient d'entrer le pour et le contre
La jeune femme ne pouvait être vue d'eux que mal et de biais
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Avais-je affaire à l'ambassadrice du salpêtre
Ou de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons pensée
Le bal des innocents battait son plein
Les lampions prenaient feu lentement dans les marronniers
La dame sans ombre s'agenouilla sur le Pont au Change
Rue Gît-le-Cœur les timbres n'étaient plus les mêmes
Les promesses des nuits étaient enfin tenues
Les pigeons voyageurs les baisers de secours
Se joignaient aux seins de la belle inconnue
Dardés sous le crêpe des significations parfaites
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Une ferme prospérait en plein Paris
Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée
Mais personne ne l'habitait encore à cause des survenants
Des survenants qu'on sait plus dévoués que les revenants
Les uns comme cette femme ont l'air de nager
Et dans l'amour il entre un peu de leur substance
Elle les intériorise
Je ne suis le jouet d'aucune puissance sensorielle
Et pourtant le grillon qui chantait dans les cheveux de cendre
Un soir près de la statue d'Étienne Marcel
M'a jeté un coup d'œil d'intelligence
André Breton a-t-il dit passe
Claire de terre (1923)
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