m /yfjâfy ERIDIONA NS

Download Report

Transcript m /yfjâfy ERIDIONA NS

i o me A n n é e . — N° 213
Un N u m é r o
:
3 0
15 M a i 1 9 0 3
C e n tim e s
m
E R ID IO N A
.
m
/yfjâfy
sa
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
6,
«
vi e
D e v ille ,
U n a n ........................................................................
E d i t i o n d e l u x e .....................................................
P u b l i c i t é (la l ign e) d e r n i è r e p a g e .............
D ir e c te u r -fo n d a te u r ............................ A. M O U L IN IE R .
R édacteur en c h e j................................ Jean de L’HERS.
M a rd i et V end redi de j à 5 heures.
S
r t
a
T
Les abonnements f a r t e n t du I e*ja n v i e r et I er j u i l l e t .
Jean
de
A
o u l in ie r
M
l
’H e r s .
.
G v y de M o n t g a i l h a r d .
A drien B e r g u e s .
A. M o u l i n i e r .
A. M o u l i n i e r .
D aniel T h a l y .
B ernard F o u r n e z .
De V i l l e s i x .
P
a ssim
.
o u l o u se
ix*
5 fr.
10 fr.
1 fr.
Le s Manus cr i ts non i ns ér é s et l es des s i ns n on re produi ts ne s er o n t p a s rendus.
o m m a ir e
Salon de 1 go3.......................................
Concert Tugno .....................................
La Société nationale des Beaux-Arts.
Le Portrait de Suzanne..................
Souvenirs...............................................
Union Artistique................................
Jeux Floraux ......................................
Solitude.................................................
Concert du Conservatoire..................
Théâtres...............................................
Echos et ZN^ouvelles.............................
L 'a
RÉDACTION A PARIS
BI-MENSUEL
T O U L O U S E
d 0
.(Sitiie)
fi
H
ous so m m es en pleine fantaisie
avec M. Paul-Albert L a u r e n s et
ses Joueuses de balle. Au carre­
four d ’u n b o i s plein de fraîcheur,
à l ’o m b re des grands arbres dont
le feuillage opaque tamise la l u ­
m i è r e , quatre jeunes filles en
ro b e s ro u g es de nuances div er­
ses et de formes qui ne r a p p e l­
len t aucun temps, se lancent la
balle à coups de raquette, cha­
cune dans une pose différente,
pleine de souplesse et de grâce maniéréè . Le m o u ­
v e m e n t fait balancer les robes, et celle de la jeune
fille b lo n d e qui est sur le prem ier plan se gonfle co m m e
la voile laissée trop libre d’un navire sous le vent. Elle
forme au milieu du tableau une grande tache rouge qui
d o n n e la note dominante de l ’ensem ble et s’harm onise
avec sa gravité douce et calme. A droite, une cin­
quiè me jeu ne fille assise, vue de dos, laisse v o ir ses
épaules dodues et sa ch evelu re opulente. Cette p e i n ­
ture ti ent to u t à la fois de la poésie et de la musique.
C 'est une sy m p h o n ie de couleurs attiédies, vieillies,
NS
R è facteu r en ch ef
........................ Marc LEGRAND
ii o , rue du Bac ■( V en dredi de n h. a m idi).
Secrétaire de la R é d a c tio n . G u y de M O N T G A ] LIIARD
h . Rue de P ro v e n ce, (M a r d i de 3 à 5 heures).
chancies, et de note s imprécises, mais suggestives,
ap p elan t le rêve et laissant flotter la pensée dans un
m on d e indécis de réalités et de chimères.
M. P aul-A lb ert L a u r e n s sait être vigoureux quand il
v eu t re n d r e v raim en t la nature. O n peut en ju ge r p ar
son E tu d e d ’une rue é t r o ite de V en ise formée par un
canal a u x eaux v erdâtres, réflétant quelques rayons
de soleil doré qui les font paraître d ’autant plus lour­
des et opaques. C ep e n d an t, son pinceau sem ble moins
fait que celui de son frère à peindre la réalité am biante.
Ce d e r n ie r n ou s a envoyé d eux tableaux d ’impor­
tance et d ’exécution différentes : l’un représente un
B a te a u de pêche et l ’autre est le P o r tr a it de m m ère.
T ou t est traité d’une façon très simpliste dans le
B ateau de pêche et d’une main ferme, p resque brutale.
La mer e n d o r m ie a un aspect lourd et pro fo n d ; le
b a t e a u , quoique petit, est é g a le m e n t d ’a p p a r e n c e
lo u r d e ; et la voile elle-même se d étach e lo u r d e m e n t
sur le ciel opaque. La couleur est posée to u t d ’un trait,
sans r e ch e rch e dans les m odulations. L’effet est d ’une
grande franchise, calme et fort.
C h o s e remarquable , quand ils peignent, les choses
inanim ées, les deux frères L a u r e n s sem blent p r e n ­
dre plaisir à exag érer leur matérialité. Mais, dès qu’ils
to u c h e n t à l’hum anité, ils te nd en t, au contraire, à la
m o n tr e r sous ses ap p are n ces les plus idéalistes. Nous
avons déjà m o n tré les Joueuses de balle si blondes, si
délicates, si éthérées de M. Paul-A lbert L a u r e n s . Même
en peig nan t le P o r tr a it de sa m ère d ’une façon si
exacte etsi juste, il sem b le que M. Pie rre-Paul L a u r e n s
ait voulu rivaliser de souplesse avec son frère. En effet,
si certains accessoires sont la r g e m e n t brossés, parfois
ju s q u ’à l ’exagérati on com m e dans le B a tea u de pêche,
c’est d ’un pinceau ple in d ’o n ctio n qu’il a retracé
le visage de sa mère, et surtout q u ’il a peint ses mains
d ’une étude si consciencieuse et si parfaite. Et puis,
quelles gradations curieuses dans tous ces divers rouges,
de la robe, de la couverture, de l ’oreiller! Q u elle h ab i­
leté p o u r r en d re la différence des tissus en m êm e
tem ps que les diverses m o d u lation s de le ur couleur!
C ’est une œ u v re considérable que ce po rtrait de g r a n ­
d eur naturelle où Mme Jean-P aul Laurens est r e p r é ­
senté e à demi allongée sur un fauteuil en rotin canné
d evant la porte de sa villa et trie ota nt b o u rg eo isem en t
Afin de nous distraire un peu de toutes ces élégies
poitrino-hystériques et de tous ces mélodram es em ­
brouillés et macabres, nous courons à l’œ uvre de
M. Jean D i f f r e . Avec lui, nous s o m m e s sûrs de revoir
le soleil et de nous retro u v er en jo y e u se compagnie.
En effet, Dalila et Madame Manzon sont rem placées
par Carmen — Mais ce n ’est pas la grisette sévillane
cette « C h u la » , nerveuse féline, réalisant les vers dé
T h é o p h ile G au tier :
et nous a jo utero n s : une œuvre tout à la fois délicate et
forte, où la piétié filiale a laissé son em p rein te d’affec­
tion profonde en y m ettan t le meilleur de son talent.
»***
M. Henri L o u b a t est représenté au Salon par quatre
tableaux, d o n t un n ’est q u ’un p asse-tem p s d ’atelier
( N a tu r e morte), d eux des études de ^\Q\n-&\r (Faucheurs
et Fin de jo u r n é e ) et le quatrième un souvenir em pru nté
à une pièce célèbre d ’O ctave Feuillet, D alila. Ce dern ie r constitue une im portante com position, très soignée
dans tous les détails. Il re p résen te l’épisode bien connu
du C h a n t du Calvaire. Un autre artiste, originaire de
Toulouse , avait déjà traité le sujet en un dessin exposé
au Musé des A ugustins et qui est un véritable tableau,
tant il est exécuté avec soin dans to us ses détails. Ce
dessin a sensible ment inspiré l’œ u v re de M. LIenri
Loubat. La je u n e femme qui se meurt ne diffère guère de
celle de Bida, triste et affalée sur le canapé placé sous
les grands arbres d Jun parc trop sombre. Le père, jo u a n t
du violoncelle et disant le triste chant de l’agonie divine,
rappelle également par son costum e Louis XV celui
de l’ém inent dessinateur. Mais, en revanche, le m é d ecin est tout différent de position et d’aspect. Q u o iq u e
assis, il nous d o n n e par son attitude et par son costume
l'im pression du Larochejaquelein de Falguière. Seule m e n t ce n ’est pas la cocarde blanche qu’il porte à son
chapeau : c’est la cocarde tricolore. Pourquoi ce méla nge
de costumes Louis X V et Directoire ? Serait-ce une
rep résen tatio n symbolique de l’agonie de la R o y a u t é ?
Nous ne saurions le croire. L’artiste a sans do u te vou lu
simplem ent varier les costumes et m o n trer ses personnages en F rance plutôt q u ’en Italie la différence de Bida.
Q u o i qu’il en soit, le m o rc eau est im portant et com ptera
parmi les meilleurs de l ’œuvre de M. Henri Loubat. Il
est cep e n d an t un peu froid, un peu guin dé ; il m anqué
de chaleur dans le paysage et d ’é m o tio n chez les per­
sonnages.
De l ’élégie à la façon de Millevoye nous passons au
m élo dram e a la façon d ’Ale xandre D um as et Gaillardet,
et nous rev enons à l’école du bitume. Dans une grande
toile fuligineuse M. R o g e r J a m m e s nous m on tre une
b arque d'où un h o m m e d e b o u t je tte v io lem m en t un
autre h o m m e à l ’eau (fleuve, lac ou mer, on ne sait trop
parce que l’obscurité est im pénétrable) p e n d a n t q u ’une
fem me, en costume im possible à p réciser vu l ’opacité
des té nèbres, reste im m obile et terrifiée à la p ro u e où
elle est assise. La b arqu e rappelle l ’esquif avec lequel
Delacroix fait tr a v erse r le Styx à Dante conduit par
Virgile à travers l’E n fer; mais elle est si petite qu’il
paraît difficile qu’elle ait jamais pu porter les trois p e r sonnages représentés par leurs ombres. D ’autre part,
la différence est grande p our la couleur. La scène est
nébuleuse chez Delacroix ; mais c ’était à une ép o q ue
où les Luminaristes étaient inconnus ; dans tous les cas,
elle n'a .pas cet aspect de jus de réglisse m o n o c h r o m e
qui rend l’œ u v re d e M . R o g e r Jam m es aussi désagréable
à v o ir que difficile à co m p ren d re. Finalement, nous
v o u d rio ns bien savoir de quoi il s’agit. Est-ce d ’un drame
de bouge co m m e celui de Fualdès, ou bien d'un dram e
de cour co m m e celui de la T o u r de N e s le s ? Ne rien
v o ir et ne rien co m p ren d re, cela n ’est pas fait po u r
nous intéresser, encore m oins p o u r nous é m o tio n ­
ner (i).
(i) Le m etteu r en pages m ’assure q u ’il s’agit d’an épisode de Thérèse R a q u in :
c ’est possible, mais je n ’irai pas le vérifier.
y
\\
j
y
;
H
j
î
j
j
j
jj
jl
;
j
i
j
i
j
j
<
s
<
\
j
j
Carm en est maigre, un ton de bistre
Cercle son œil de gitana,
Ses cheveux sont d ’un noir sinistre,
Sa peau, le diable la tanna.
C’est une C arm en de Toulouse facile à reconnaître,
mais qui n ’est pas moins agréable à regarder. Elle tient
tout le p rem ier plan à droite avec son costume plus
ou moins espagnol, ju p e noire à vola nts b o rd és de
galons rose passée et châle ja unâtre à reflets verdissants
avec longues franges de m êm e couleur en to u rant tout
le corps. Elle se présente de face et danse la cachucha,
sans doute, en s’acco m p ag n an t des castagnettes. Un
to ré ro jo u e de la mandoline. Et ses trois cam arades du
torillo m a rq u ent la cadence en frap p an t dans leurs
mains, assis sur des chaises de bois peintes en rouge
sang de bœuf. La cu a d rilla paraît prendre un plaisir
ex trêm e à la scène. Les figures sont bronzées par le
soleil, les corps nerveux, les types bien caractérisés.
C ’est une jolie étude, mais ce n ’est pas tout-à-fait un
tableau.
Nous avons n o m m é Henri Regnault et no us d e m a n ­
dions de la couleur locale tout à la fois ch aude et lumi­
neuse. Est-ce le cas de M. G as to n H o c h a r d ? Non, car il
est surtout criard et violent. Mais, pour si heurtées que
soient les couleurs qu’il étale en ple ine pâte sur ses
perso n n ag es et surtout sur leurs v êtem en ts , rien ne
choque dans ses tableaux. O n peut s ’en éto n n e r : on
n ’est pas offusqué. Il y a, dans sa Fête-Dieu en Pro­
vince, des chapes surchargées de dorures et de b ro d e­
ries qui do ive n t peser des kilos, sin on des quintaux.
Ses personnages ont des visages v io l e m m e n t e m p o u r ­
prés, et ses maisons sont audacieusem ent blanches.
Mais, à une certain e distance, toutes ces couleurs
s’am alg am ent, s’adoucissent et d o n n e n t l ’illusion de la
réalité ensoleillée.
i
j
\
j
i
;
i
;
j
I
i
Entam o n s le chapitre des f em m es du Salon : il y en
a de nues, il y en a d ’habillées; quelques-unes sont
jolies et b e a u c o u p sont laides.
La plus séduisante est, assurément, celle de M. Albert
F o u r r i é . Elle dort nue sur le gazon v er d o y a n t et l’on
ne v o it que sa tête b lo n d e et son corps nacré ju s q u ’au
dessous des seins. C ’est une simple étude : elle vaut
un tableau, tant la jeune femme est agréable à voir
dans sa pose gracieuse, et ta nt ses chairs sont h ab ile­
m e n t nuancées dans les tons d élicatem en t carminés.
Nous ne la co m p arero n s pas à V A ntiope du Corrège,
q uo iq u ’elle la rappelle volontiers. Mais ce r a p p r o c h e ­
m e n t ne suffit-il pas p o u r en m o n trer toute la valeur ?
De la blonde nous passons à la b r u n e avec M. Georg e
C a s t e x , qui no us présente , sur un fo n d de tnile im m a­
culé, une dam e vue de dos, à la taille grande et souple,
aux form es am ples sans lourdeur, au costum e élégant
et bien porté. C ’est un véritable portrait, et, quoique le
visage ne soit qu’entrevu à profil perdu, il est facile­
m e n t reconnais sable.
P eu t-ê tre M. George C a s t e x lui préfère-t-il la « Ma­
quette de tapisserie » avec sa ro n d e de jeunes filles
enguirlandées de fleurs sous les grands' arbres d’une
prairie luxuriante de verd u re. Sans doute, l ’idée en est
gracieuse, la couleur ch ato y an te et l’exécution heu­
r e u s e m e n t combinée. Mais ce n ’est que de la fantaisie
im aginée, et
T o u t b o n h e u r q u e la m a i n n ’a t t e i n t p a s n ’e s t q u ’u n r ê v e .
Les trois Silhouettes de jeunes filles, saisies au pas­
sage par M. Ed m o n d A l e t — l’une en costum e vert,
l’autre en costum eble u, la tro isièm een costum e v io let,—
sont lestement enlevées. Je sais b ie n que cette rapidité
d ’exécution sur la toile blanche est voulue. Mais c’est
cette manière tro p simpliste que je critique. J ’y v o u ­
drais, n o n pas plus de « chic » car il y en a beaucoup,
mais plus de travail accusé dans les formes com m e dans
les couleurs : cela ressemble tro p aux chinoiseries
f unam bulesques du Chat-Noir.
R e v ie n d r a - t- i l? — se dem an d e une dam e en costume
Empire sur la porte d éro b ée de son parc. P o u rq u o i
n o n ? Si elle est aussi aimable q u ’elle est « e n f o r m e s »,
comme on dit en style hippique, elle ne saurait craindre
d ’être a b an d on n é e. Dans tous les cas, je la préférerais
à la M a rchande de cerises, toute p im p ante qu’elle est
en son costume de grisette d’opéra comique, et qui est
ég alem e n t l’œ uvre de M. D eu l l y (Eugène-AugusteFrançois). Je ne rep ro cherai au prem ier tableau que la
v erd u re te rne et uniform e de ses arbres. « Tous les
ciels sont bleus, tous les arbres sont verts et tous les
pantalo ns sont rouges », faisait-on dire à H orace Vernet
p o u r plaisanter sa manière. Mais les physiciens nous
en seign en t que le vert est une couleur froide et en
m ê m e temps dure : il ne faut donc pas en abuser. R o o d
va j u s q u ’à p r é te n d r e que la lumière verte épuise les
forces n erveuses de l’œil plus vite que la lumière de
toute autre couleur : raison de plus p o u r égayer les
feuillages verts de couleurs co m p lém entaires plus déli­
cates et plus agréa blem ent impressionnantes. Le ta­
ble autin de M. Deuilly y aurait b eau c o u p gagné.
( A su ivre)
p
|
i
||
\\
s
||
H
ü
J e a n d e l ’H e r s .
CONCERT PCGNO
■
H
ANS la sal*e du Jardin-Royal, nous donnio ns
ven d redi le cinquième et très probableM m e n t dernier concert de la saison sous le
patronage de l’A r t M érid io n a l. Ce fut
un véritable feu d ’artifice artistique, et les acclamations
sans fin, les ovations enthousiastes de tout ce public de
musiciens am ateurs et professionnels, professeurs et
élèves ont réco m p en s é le maître P ugno et sa noble
partenaire Mme Maria Gay, de leur désintéressement.
Chacun sait, en effet, q u ’à Toulouse les plus ém inents
artistes ont plus de chance de recueillir de précieux
bravos que des bank-notes. Ce n est pas à dire que
nous n'avions été satisfaits de la recette, mais, tout est
relatif en ce m o n d e et si la recette que nous fîmes était
de nature à ravir d ’aise un virtuose quelconque, nous
|
||
jj
si
H
U
s
som m es des prem iers à oser dire q u ’elle est maigre
po u r un prince de l ’art dont l ’audition n ’a pas de prix,
tant elle charm e, tant elle en thousiasm e, tant elle em ­
balle le musicien quelque peu éclairé.
Je ne m’attarderai pas àfaire un compte ren d u détaillé/ d e cette inoubliable soirée d ’autres l ’ont fait av e c
une com pétence que je n ’ai pas (ceci soit dit p o u r faire
plaisir au musicien qui me dénie le m o in d re talent).
Mes confrères ont loué co m m e il convenait cette fou­
gue, cette puissance qui p e r m e t à Raoul Pugno, de dé­
chaîner à v o lo n té un véritable orage dans une salle de
concert en acc o m p ag na n t le Roi des A u ln e s que si
magnifiquement chante Mme G ay ; et, co m m e après le
bruit de l ’ouragan, le calme de la nature paraît plusgrand, P u gn o sait s’apaiser d a n s d e s douceurs exquises.
Ce qui le caractérise, c ’est la poésie de son je u ; non
s eu le m en t il se livre tout entier, mais il se livre c o m m e
U n inspiré, suivant ce que lui dicte à l’heure où il se
met au pia no l’auteur dont il se charge de traduire les
sentiments. Il n ’est jamais id e n tiq u e m ent le mêm e, et
co m m e je le lui faisais ob serv er in te r pocula après le
concert, loin de s ’en défendre, il me rappelait le m o t
de R ubin stein disant : Ils me d e m a n d e n t mes nuances,
les imbéciles; mais je ne fais jamais exactem ent les
mêmes.
Le mot est grave; mais, je le c o m p ren d s d ’autant
plus, qu’en ce qui me concerne, dans mes propres compositions, j ’ép ro u v e une gran d e difffculté à les indiquer, tant je suis porté à modifier le le n d e m a in ce que
j ’ai écrit la veille.
Mais alors, m ’écriai-je, la tradition que d e v ie n t- e lle ?
— La tradition ça n ’existe pas. Croyez-vous, ajoutait
Pugno, que si B ee th o v en et Mozart avaient eu à le u r
dis position les instrum ents perfectionnés de nos jours,
ils n’auraient pas ap p o rté des modifications dans leurs
indications ? Et à l’appui de son dire, P u gn o me cita
deux exem ples sur lesquels je n'insisterai pas, p o u r
ne pas allonger outre mesure cette petite étude; dans
une œ uvre de G rie g et un Concerto de Saint-Saëns, il
s ’est perm is de modifier le m o u v e m e n t indiqué par les
auteurs, et ce, en leur présence. Il reçut leur entière
appro b atio n , en sorte qu’il a po u r ainsi dire créé d eux
petites nouvelles traditions.
C ’est é m in e m m e n t juste. Les indications m é tron o m iques ne sauraient être rig oureuses, pas plus du reste
que les autres, sans quoi, le m eilleur interprète, serait
le piariola où tout le travail consiste à régler la vitesse
et la sonorité. Avec un grand Virtuose co m m e P u gn o ,
il faut s'a ttendre à enten d re une œ u v re à travers un
te m p é ra m e n t; a voir une âme se substituer à une autre
à m e ; u n feu avivant un autre feu; j ’ajouterais, si j ’o ­
sais, à voir l ’électricité au g m en ter l’intensité de lum ière
des an ciennes chandelles.
Mais, tout ceci peut-il s'appliquer aux maîtres les
plus vénérés, à B ee th o v en par e x e m p le ? Jouez-vous en
Allemagne, d em an d ai-je à P ugno, l’adagio de la sonate
A u clair de lune, c o m m e vous la jouez en France ? Je
le sens co m m e vo us, mais je me doute que je le sens,
en Français que je suis, et, q u ’en A llem agne, on peut
nous re p r o c h e r notre légèreté de to u ch e et surtout
n o tre accélé ration de m o uvem ent avant la reprise du
motif initial. A cela P u g n o me ré p o n d it q u ’il ne p o u ­
vait pas c o m p r e n d r e cet adagio sans cetteaccélération,
q u ’il jouait le Beethoven, en Allemagne, comme il le
jo u a it en France, et, qu’au lieu de lui en faire un crime,
les plus grands critiques l’ont g ran d em en t loué de
cette pointe de personnalité q u ’il apporte dans l ’œ u ­
vre du grand Beethoven.
J ’ai préféré faire profiter mes lecteurs de cette in té­
ressante conversation avec M. R ao u l Pugno plutôt que
de leur raconter, combien il était merveilleux au cla­
vier, ce qui ne leur aurait rien appris. Mais, ce que je
me suis permis de dire à m o n ém inent ami, au no m de
tous les Toulousain s qui l’admirent, c ’est qu’il nous
volait un plaisir, celui de l’en ten d re dans ses œ u vres.
Autant il est insupporta ble de vo ir d’illustres médio­
crités user de la prem ière circonstance venue po u r
in onder les p ro g ram m es de leurs produits, au tan t il est
injuste de priver ses amis, q u and on a un talent aussi
solide et aussi un iv ersellem en t reconnu, de l’audition
originale de ses œ uvres.
Le C a rn a va l de Vienne est, sans doute, une pièce
aussi curieuse q u ’intéressante. Mais il peut nous venir
des virtuoses qui nous en r év éleron t le prestigieux
caractère, au lieu que nul n ’est capable de nous d o n ­
ner, avec la m êm e fidélité et le mêm e brio, la Sérénade
à la lune ou le C onte nocturne. J ’aurais donc souhaité
p o u r nos auditeurs un ou deux n u m éros de moins de
S ch u m a n n et deux de plus de P ugno. Nous y eussions
tous d ’autant mieux trouvé notre, compte, que juste­
m e n t l'influence de S chu m an n paraît certaine dans le
Conte nocturne, non pas tant po u r la facture que pour
l ’idée. Dans cette pièce, entendue une seule fois du­
rant la visite d o n t P ugno voulut bien m 'h o n o rer, j’ai
cru en tend re une vieille grand-mère co m m ença n t, sur
un m o tif très simple, une histoire d ’ogre à ses petitsenfants réunis autour de l ’àtre. Peu à peu, l’histoire se
dramatise, grandit, les enfants sont haletants ju s q u ’au
m o m en t où, soit que le loup l'ait mangé, soit que
l’ogre l'ait em porté au milieu du v en t et de la te mpête,
un cri d'effroi met b rusquem ent fin au récit, P o u r apai­
ser ces jeunes esprits, le poète, le père sans doute,
re p r e n a n t avec calme le m otif qui a servi de charpente
à toute l’œuvre, d o n n e la conclusion en une caresse et
en un m o t de paix.
M’oubliant avec l’ami Pugno, j ’ai à peine dit combien
profonde avait été l'impression laissée dans nos esprits
par le grand talent et la belle voix de Mme Maria G ay.
S o n style est large et s'applique merveilleusement à la
musique de Glück et à celle de H œ n d el. Q u elques-uns
l’ont préférée dans le répertoire moderne, sans se dou­
te r que cette préférence venait peut-être de ce q u ’ils
sont plus sensibles à la musique de nos jours qu’à celle
d ’autrefois. P o u r moi. j ’ai fort apprécié ces différences
d ’in terpréta tions qui marquent, chez cette gracieuse can­
tatrice, deux personnalité s différentes. Sa v o ix et son
visage sont, ou dramatiques, ou simplement charm ants,
suivant les auteurs q u ’elle interprète.
Je' vais, po u r te rm in er, lui ap p ren d re une nouvelle
qui la rem plira d’é to nn em en t. C ’est que, au dire de
quelques connaisseurs bienveillants, M110 Solans l’a tel­
le m ent mal suivie, que M. P ugno s’est cru obligé de
rep ren d re sa place au piano p o u r accom pagner
Pages d ’a m o u r et A ma fiancée. La faute en est à nous,
qui n ’avons pas, sur les p ro g ra m m e s , mis après chacun
de ces morc eaux : « acco m pag n é par M. P ugno ». O n a
to u jo u rs des amis p our profiter de ces petites lacunes,
que je regrette d ’autant plus cette fois, que Mlle Solans
m ’a paru mériter les com plim ents que lui a faits
Mme Gay. M. P ugno ne m ’a pas chargé de lui transm eti
tre les siens, mais je crois devoir lui rép éter ce que
j m ’a dit le maître à son sujet : « C ’était pas mal du
| tout. »
Je venais de lui faire part d ’une réflexion qui m ’avait
| été faite à la sortie : O h ! ces trilles, quand on vient
; d ’en ten d re P ugno ! Le music ien qui me parlait ainsi
; aurait voulu que Mlle Solans fît les trilles com m e Pu1 gno. Il n ’est pas dégoûté. Mais si elle faisait dés trilles
j com m e Pugno, com me on dit vulg airem ent, elle ne
serait pas ici. J’aurais voulu le v o ir ce musicien, aller
ï
s ’asseoir d ev an t le piano, après la fougueuse interpré\ ta tion du finale de la Sonate de Beethoven!
Lui, peut-être, n ’aurait pas été intimidé. Ce n ’est pas
; comme Mlle Vannier qui, malgré son précieux et très
gran d ta lent, subjuguée par ce q u ’elle venait d ’enten­
dre, me confia ces simples m ots en passant : « C ’est
j
décourageant. » C om m en t, vous, Mademoiselle, parler
s ainsi? Mais c'est, au contraire, très encourageant. Car
| cela m ontre com bien on peut p rêter d'âme à un instru| m e n t que les mauvais musiciens déclarent n ’en pas
avoir (i),
A. M o u l i n i e r .
A R T IC L E D E P A R IS
La Soeiété flationale des Beaux-Arts
Ès que le printem p s c o m m en ce , à l ’instar des
b o u rg e o n s qui garnissent aussitôt les bran­
ches, des milliers de ta bleaux recouvrent les
murs des salons d’expositions. Paris a déjà
eu le Salon de l’A u to m o bile-C lu b , exquis,
celui de V o ln ey , discutable, celui des A mateurs, char­
mant, celui des postes et télég rap h es, amusant, des
Aquarellistes, médiocre, des F em m es peintres, lam en­
table. Et voici la p rem ière m anifestation im portante :
La Société Nationale des Beaux-Arts.
Cette année, les b o urg eo n s sortis tôt des branches,
à l ’appel riant du soleil, p e n d e n t la m e n ta b le m e n t gril­
lés par des gelées tardives. J ’ai com paré les tableaux à
$
(i) Je ne dis pas ça pour l’auteur de Sigurd, car chacun sait que, s il déteste
le piano des autres, il aime beaucoup le sien.
ces bourgeons, a ces fleurs précoces. Je contin ue la
com paraison. Q u elle est la gelée doulo ureuse qui a
r en d u si laides les toiles ex p o sées ce mois d’avril ?
C ’est un musée des horreurs, que cette exposition de
la Société dite des Beaux-Arts. Il y a, dans une nouvelle salle du rez-de-chaussée, une fem m e nue qui fait
reculer d ’ép ou v an te les visiteurs hasardés. Mais, de
m ê m e que dans tout fumier il y a des perles, de m ê m e
quelques toiles, quelques statues présente nt un relatif
intérêt.
Je ne reparlerai pas des m ê m es portraits inspirés de
l ’école anglaise q u ’expose M. Jacques Blanche, des
m ê m es faux T u rn e r de M. G aston La Touche, des toujours m êm es toiles de M. Gervex. Celui qui a vu une
œ u v re de ces peintres et de bie n d’autres que je ne
n o m m erai m ê m e pas, connaît toutes celles qu’ils ont
peintes, toutes celles q u ’ils peindro nt, il est donc inutile de les critiquer. Q u ’ils fassent co m m e le nègre.
** *
I, les Espagnoles de M. Ygnacio Zuloaga r etien ­
d r o n t lo n g u e m e n t les visiteurs, s’il y en a encore
q uand le salon d’à côté sera ouvert. Cela est vigoureux,
observé, coloré, intéressant. Voilà un peintre d o n t le
n o m d ev ien d ra célèbre. Il y a déjà, du reste, un tableau
de lui au Musée du Luxembourg.
Les envois de M. C ottet, scènes ou paysages, plaisent
aussi b eaucoup, et sont forts intéressants. J ’aime sur­
to u t Une crique.
S a l l e II ne r e g ard e r que les toiles de M. T h a u lo w et
passer vite dans la
S a l l e III pour a d m irer les p o r tr a its de M. A bel Faivre, les B re to n s de M. Sim on, les toiles très diverses de
M. Sain. C o m m e curiosité, on reg ard era aussi les t>ortra its de M. Raffaëlli « peints » avec le crayon à l ’huile
q u ’il a inventé. Sa facture est d em eu rée la même. C ’est
dommage. On le retro u v e
S a l l e IV sous la signature de M. Caro Delvaille.
C ’est encore dommage. Les tableaux voisins ceux de
M. Jean -P ierre Laurens réconfortent, tout proches,
l ’œil désorienté. Ne pas regarder
S a l l e V une grande machine : c’est officiel. V o ir vite
S a l l e VI -les'p o rtra its fins et p récieux de M. Allaux
et ceux, curieux p o u r qui connaît les autres œuvres du
peintre, de M. José Frappa. P asser sans s ’arrêter jusqu’à la
S a l l e IX, oasis dans le désert. D eux p a n n e a u x jolis
de MM. Lobre et W a l t e r - G a y . R e m a r q u e r les cadres
des tableaux de M. Muenier.
S a l l e XI, une halte, du plaisir, du vrai, devant la très
belle toile de M. Sargent : les demoiselles H u n ters, puis
du rire, du vrai aussi, devant le B a in de Suzanne, les
Bouches inutiles et les autres envois de M. Jean Veber,
le maître ironiste.
S a l l e X III La Femme en ja u n e , de M. Jeanniot, les
Paysages de M. James Morrice, la R ue d Borgo, exquise,
de M. Edelfeld.
S a l l e X IV les ravissants Paysages de M. Gilsoul, le
P o r tr a it de G ém ier p a r M . A nquetin, les p o rtra its et
les Baigneuses de M. A lb ert Laurens ;
S
\
:
;
{
j
I
j
s
j
j
\
X V le portrait de M o n seig n eu r l ’Archevêque de
Toulouse par M. A n d ré Rixens, très admiré, ainsi que
celui de Paillette D a r ty , du m êm e peintre ;
S a l l e X V II deux autres très curieux portraits deMM. W a g u e m a n n et Lavery ;
S a l l e X V III le P o r tr a it de Mme B esn ard par son
mari, les M a rin s de M. Legout-Gérard, et c’est fini. O n
a envie de dire : c’est trop et ce n ’est pas assez, et l ’on
retient ce m o t d ’une je u n e mère de famille p ro vin ­
ciale : A h ! co m b ien de ces salles, malgré leurs n u m é ­
r o s , m ériteraient de s ’app eler seulem ent : salle TL
Il est vrai q u ’ainsi on serait averti.
S
alle
*
* *
j
<
j
j
\
\<
alle
<
I
\
j
Et m aintenan t quelques aperçus sur la sculpture.
Le G ra n d d e u il de M. de Saint-Marceaux attire d ’a­
bord l’attention par son exquise finesse, sa sobriété et
sa gravité simple.
Le F aune m o rd u .de M. Lambeau, très sensuel et trè s
am usa nt, est assez antique.
L 'E n fa n t m o r t de M. B arth olo m é est très beau,
co m m e la Fem m e à l'arc de M. Desbois.
A d m ir e r aussi les vitr in e s de M. de F eu re et celles
de M. Baffier.
Puis tâcher, malgré les autres ta bleaux fo rcém ent
vus, les autres sculptures devinées, de d o r m ir toute une
nuit sans cauchem ar.
G uy de M o n t g a il h a r d .
\
j
\
i
j
j
i
Lie P o r t r a i t d e S u z a n n e
ji
:
ji
A
petite exposition toulousaine, paisible et silen­
cieuse, où s’étalent les productions d ’amateurs et
j
de demoiselles en mal de pe in ture, laisse le public
j
u n peu trop indifférent. Elle renferme pourta nt,
j
perdues dans le tas des médiocrités prétentieuses,
\\
<1
||
quelques bonnes, mais rares choses à regarder. Çà et là de frais
H
cat de peinture y chercherait v ain em ent une jouissance d ’art.
;
paysages,- des fleurs chatoyantes, des portraits correctement dessi­
nés ; c'est to u t ce q u ’on y peut voir. C e n ’est pas assez. Le déli­
T a n dis que je déambulais le long des galeries, le catalogue à la
ma in, m ’arrêtant au hasard de l ’impression ressentie devant les
;
S
peintures étalées, mes yeux to m bè rent, non sans u ne agréable
s
q
j
j
||
h
\\
lante poupée q u ’ait pétrie le diable en un jour de bo nne hu m e u r.
surprise, sur le portra it de la jolie Suzanne T o u r n e c œ u r .
Connaissez-vous Suzanne ? N o n . C ’est gra nd dommage.
Suzanne est t o u t simplement la plus superbe et la plus ensorce­
Depu is que son image est là, en u n cadre d ’or, l’exposition du
Capitole n ’a pas de visiteur plus assidu que moi. Je passe de
délectables heures à contempler ces traits de femme fins et déli­
cats ; cette chair duvetée et tendre ; ces grands ye ux de sultane,
mobiles et réguliers q u ’ombra gent de longs cils noirs ; ces joues
poupines où la hou ppe a laissé to m b er avec mesure sa poudre
rose; ces oreilles faites p ou r entendre u ne amoureuse m u s i q u e ,e t
R ayna ud, a u tr e m e n t experte et autorisée que le bras raide de
ces lèvres voluptueuses, pareilles à une fleursanglante où le c œ u r
M. Crocé-Spinelli. S'il était resté à Toulouse, M . K unc ne nous
de l ’a m a n t, m u é en une abeille, voltige et cherche à se poser. Et
parlerait pas des défauts de discipline de l’orchestre, car jamais cet
ainsi apparaît cette tête intelligente et espiègle, casquée d ’une
orchestre n ’a été et ne sera plus discipliné q u ’il ne le fut sous la
riche toison qui s ’emmêle sur le front.
Q u e l âge a-t-elle ? Je n ’en dirai rien. Le c œ u r de Suzanne est
baguette de R ay naud.
un frais printemps et son visage n ’est pas encore attristé par une
tio n de l ’ouverture du %oi d’Ys.
P o u r son bénéfice, M . Bruni nous servit une magistrale exécu­
ride. Sans do ute, l’opulence du corps est mal à l’aise dans le tissu
M . T ap p o n n ie r lu i- m ê m e a su tirer un tel parti de l’or­
qui l’enserre et qui révèle peut-êtr e les approches de l’auto m n e ,
chestre du Ca pitole, q u ’en deux répétitions, il organisa un concert
mais il émane de toute sa personne ta nt d ’exubérance et de joie
d on t le souvenir nous est encore présent à la mémoire. Le public
q u ’on ne peut se faire à l’idée d ’une Suzanne vieillie. Elle laisse
l’acclama après l’exécution d ’une %apsodie de Liszt, et la Pileuse
du moins l’illusion d ’une fem me-enfant faite pour piper des bai­
de Mendelssohnn d u t être bissée sous les chauds applaudissements
sers et aimer éternellement.
Plus je la regarde, plus je la trouve jolie. P o u r fixer ses traits
de la salle entière.
O n a donc fait de la musique à To u lo u se , et de la très bonne
su r la toile il eût fallu u n artiste digne d ’elle. P o ur cette tâche,
avant l’arrivée de M . Croc é-Sp in elli, mê m e à l ’exercice-concert
elle n ’a rencontré q u ’u n peintre sans talent, sachant à peine des­
qui se do nn a du temps que M. de Séré chauffait la place à M. le
siner u n œil et totalement incapable de traduire u n regard. O h !
représentant d u pouvoir central, com me le ‘Petit %adical se plaît
ce regard du modèle! Q u e l poème de tendresse, de calme rêverie
à appeler no tre nouveau directeur; et, c’est ce que je tenais à
et de mali c e !......
Le peintre malhabile qui tenta de la portraire ne d ut point
rappeler.
J ’y tenais, parce que si je ne suis pas né à T o ulo use , je ne m ’en
s’e n n u y e r d u ra n t les heures de pose. E t sans doute aussi il d u t
considère pas moins com me toulousain d’adoption, et que je trouve
éprouver le désir impérieux de mo rd re à dents de loup dans cette
quelque chose de vexant à m ’entendr e dire que j’habite un pays
chair savoureuse et doux-fleurante. N ’importe! Si pitoyable que
de sauvages, où le grand art ne nous aurait pas été révélé si « un
soit Su z a n n e T o u r n e c œ u r pour ceux qui la désirent, elle n ’en est
artiste étranger à notre ville n ’avait eu à c œ u r de faire le premier,
pas moins à plaindre. P o ur n ’avoir point su découvrir l’artiste
ce que personne, parmi les chefs d’orchestre toulousains n ’avait
d o n t le pinceau aux touches caressantes, la palette aux couleurs
de soleil auraient pu faire d’elle u ne créature d’éternelle beauté,
jamais songé à essayer ».
L’essayer comme le fit M . C rocé -Sp inelli po ur les composi­
Suzanne a cond am né son image aux vulgarités de la p h o to - p e i n ­
teurs toulousains, ce n ’était vraiment pas la peine, car c’était
ture. Il n ’est pas de pire malhe ur p ou r une jolie femme, qui ne
courir presque sû reme nt au' devant d ’u n demi échec au point de
devrait être vue que p ou r mettre le c œ u r en joie et faire hym ni-
vue financier. Il était à prévoir que ce public de dilettanti dont
clamer le poète.
A h ! com me je l’exècre le profane qui a ainsi contrefait l’œ ü -
le fond est presque toujours le m ê m e , pour l’audition des grands
artistes et des grandes œuvres, ne se dérangerait pas, ayant le
vre de la création !
Il n ’y a de vraim en t artistes que ceux qui
désir d ’entendre avant to u t du Beeth ov en, du W a g n e r , du
savent fixer pour l’éternité leur idéal de beauté et le faire parta­
S c h u m a n n , du Liszt, etc.
Je suis partisan de la mise au pro gramme d ’œ uv re s modernes,
ger aux poètes qui passent.
A
d rien
Ber g u es.
particulièrement de toulousains ; je le disais et je l’écrivais quand
j ’étais président de l’Académie de musique, je le répète encore,
mais comme je connais la méfiance du public po ur l’œ u v r e des
jeunes, j'affirme q u ’il faut les encadrer d ’œ u v r e s des vieux maîtres
Cw
P o u r M . F ie r e
c omm e l’a fait M . Crocé-Spinelli pour sa ‘ALuit chantante, pour
K unc
son Tendu joyeux et quelques autres morceaux d o n t je ne me
la veille du concert consacré aux œ uv res des
|dj§ compositeurs toulousains,
M. Pierre K unc a
publié u n remarquable article dans le Télégramme
du vendredi 5 mai, article qui tendrait à nous
faire croire, que M . Crocé-Spinelli est venu
musicalement évangéliser To u lo u se et faire ce à
rappelle pas les titres.
Ce n ’est pas to ut que de faire de grandes affiches et de nous
dire que « pour varier le programme » M. de Lausnay jouera un
œ u v r e de M. Kunc, il faut tenir compte des exigences du public
et chacun sait combien s o n t n om br eux les grands connaisseurs,
fidèles habitués de nos concerts qui se croiraient déshonorés d a l l e r
à des concerts où il n ’y aurait pas les grands noms allemands.
A. M OUL IN IE R.
quoi nul n ’avait jamais osé songer avant lui.
A en croire M. Pierre Kunc, depuis Baudouin, nous n ’a u ­
rions jamais eu que des programmes « ne c om pr ena nt invariable­
m e nt que des œuvres symp honiqu es ».
Je suppose que M . K unc entend par là des œu vr es sans c hœ urs
ni soli. E n parlant ainsi, M. Pierre Kunc nous dé montr e q u ’il
est a u jo u r d ’hu i com me tous les confrères d on t o n va interpréter
ce soir les œ u v r e s, beaucoup plus Parisien que Tou lo usain , sans
q u o i,
il aurait souvenance des superbes pro gramm es
de la
Cœcilia et de la Tolosa et de certaine exécution ab so lum en t re m ar­
quable de PEnfance du Christ sous la baguette de feu A rm a n d
Cet article était écrit q u a n d M. de Lausnay me fit l’h o n n e u r
d ’une trop courte visite avant le c o n c e r t. Il fut surpris de mon
mauvais augure. Pas besoin c e pend ant, d ’être p ro ph è te , il suffit
d’avoir qu elque expérience des concerts, et je com m ence, hélas,
a en avoir te ll e m e n t que mes te mp es en blan ch issent.
A. M.
C O N F É R E N C E S A L 'U N I O N A R T I S T I Q U E
\
succès à l ’U nio n artistique pour la jeunesse
de l'A m e latine qui s ’est mis en tête d ’exciter les
passions littéraires et artistiques par une série
de conférences. C ’est M. Pierre F o n s qui a ouvert le
feu en nous parlant de M. H enri de Régnier. Ses suc­
cès personnels de poète le désignaient tout natu relle­
m e n t p o u r ces études. Il eut presque autant de succès
que son collègue et ami, M. A rm a n d Praviel, le C oppée
toulousain, ainsi que je l ’ai e n ten d u appeler p a r une
dame très rom antiq u e, qui paraît l ’ap préc ier autant en
vers qu’en prose. M. Pravie l nous a fait part de ses
curieuses réflexions après avoir étudié l ’œuvre de
Huysm ans. Ce fut une surprise un peu grande, de voir
cet esprit délicat et clair, ne se ch oquer, ni des audaces
d ’expressions, ni des audaces de pensées du célèbre
auteur de la C a thédrale et de Y O bla t, qui, p o u r faiie
le procès du naturalism e, en invente un, d’une saveur
aussi âcre que les sueurs d o n t il beurre les p ectoraux
tremblants du Christ, dans son récit de la Crucifixion
de G rün ew à ld .
Ce que l’on conçoit b ie n s ’énonce c lairem en t;
M. Huysm ans est v éritab lem en t pénible à lire « avec
des gravats d'ex p ressio n s et du brai de m o t s » .
Le seul service q u ’il nous ait rendu, c’est de nous
avoir fait connaître l ’existence d ’un satanisme d o nt la
religion n ’est peut-être pas sans influer sur les événe­
ments de n o tre époque.
Mais depuis les fam eux pétards tirés avec Là-Bas et
A Rebours l ’auteur est dev en u m oins intéressant.
Pour ma part, rie n ne m ’éto n n e plus de lui, depuis
que par le Figaro j ’appris q u ’il soutenait avoir reçu
tous les soirs avant de s ’e n d o r m ir en pleine figure et
sur le crâne, des coups de p o in g fluides, de la part du
saar Péladan, qui l ’avait envoûté de la plus belle m a ­
nière. Et le Figaro ajoutait que, co m m e té m o in de la
réalité des choses, il y avait le chat qui était au même
m o m e n t f o rtem en t secoué.
M. Praviel ne nous a pas parlé de ces détails intim es ;
il s ’est contenté de faire b r illam m en t de la littérature,
oubliant même le côté architectural le plus h eu reu s e­
ment-traité p eu t-être p ar H uysm ans, ainsi que je l ’e n ­
tendais dire à la sortie par des m e m b res de plusieurs
sociétés savantes.
Après M. Praviel, c ’est M. Louis T h é r o n de Montaugé
qui a traité M is tr a l et le Félibrige, en atten d an t la
conférence de M. de Brousse sur Falguière. Ces nobles
efforts des m e m bres distingués de l’A m e latine, té m o i­
g nent d ’une idéalité v raim en t rem arq uab le dans la je u ­
nesse toulousa ine.
L ’A r t M éridional ne saurait tro p les en lo u e r et les
com plim ente r.
A. M o u l i n i e r .
rand
LES
CONCERTS
D E L ’U N I O N
A R T IST IQ U E
n u m é r o du i er mai est sorti tro p tôt pour que
ji
no us y puissions parler du C o nce rt de l’U nion
j
artistiq ue du 2 9 avril, où n o us eûmes le plaisir
\\
d ’entendre Mme P radines-B entaboly dans Manon et dans
si
Jean de Nivelle. Cette artiste se fait toujours re m a r q u e r
\\
par la justesse absolue de son chant et du ry th m e. O n
reconnaît là une vraie musicienne.
M. Viers a dit avec aisance A u C la ir de la L w ie de
jj
Marnier. Il y a beaucoup de goût dans la façon d o n t ce
j
je u n e h o m m e manie sa v oix de basse chantante ch au d e
y
et b ie n timbrée.
Mlle Boulet, dans un I m p r o m p tu de M ontauriol et dans
h
un N o ctu rn e de Scharw enlia, nous a m o n tré sa dex téI
rité, sa souplesse et sa nerveuse fantaisie. O n l’écoute
p
avec intérêt, mais on regrette parfois ( n o ta m m e n t dans
Ch o p in ) sa grande nervosité qui l ’am ène à quelque sé>A
cheresse. Elle a, néanmoins, une grande et précieuse
jj
qualité, elle cherc h e des sonorités en quoi elle sort du
|
vulg aire qui tape du piano plutôt qu’il n ’en joue, o u i
b lian t que piano veut dire d oucem ent.
L’orch estre que dirige M. Borne ne nous a servi en
y
fait de nouveautés q u ’une interm inable fantaisie sur
H
R o bert le Diable et des Vieilles Chansons de Broustet.
L’en th o usiasm e fut mince. Q u e M. Pagès quitte la Norm andie ou que M. Albus parle à R o bert, je n ’en avais
j
pas moins envie de crier : « Grâce p o u r moi ! » Et que
J
voule z-vous que fasse M. Albus, si m odeste soit-il, en
face de quelques instruments, lui qui a l ’habitude de
j
r é s is te r a tout un orchestre! C'est comme deux violons
à l’unisson : ça n ’a jamais valu pipette, m êm e dans un j
air de ballet.
îs
Quelques vieilles dames ont applaudi, en sou ven ir
peut-être de quelque R o b e r t qui aura vu leur effroi;
le reste de la salle s ’est d em andé s ’il n ’était pas d o m j
mage de vo ir de si b eau x talents et de si b o n n es volontés au service de pareilles rengaines si p a u v re m e n t
h
arrangées.
N ’insistons pas sur les Vieilles Chansons et les Vieux
A i r s fr a n ç a is , mis en b ro ch ette sans aucune p réten tio n
par feu Broustet, l ’auteur de tant de gentilles petites
choses. Il était chef d’orchestre à Luchon et ceci explique sans doute la salade musicale par lui accom m odée.
Il avait de l’esprit et je m’imagine que c ’est p o u r venir h
en aide aux princesses sans instruction du quart de . jj
m o n d e , si nom breuses à Luchon (pas à Bagnères, hory
reur!) qu’il avait accouplé M alborough à J’ai d u bon
J
tabac. Au moins, se disait-il, cette fois elles reco n naît r o n t un air.
;
Mais n o u s ne som m es pas à Luchon ni sur une te rj
rasse de café ; c'est donc autre chose que nous souhaijj
to n s p o u r attirer du monde aux C oncerts de l’U nio n
U
artistique. Q u e tous les artis tes y vie nnent, mais que ce
sj
soit en solistes et pour nous faire entendre des œ u si
vres qui ne soient pas des arrangements.
Un mot charm ant d ’une p ersonnalité très m arquante
\
du C om ité à p r o p o s du C on ce rt Pugno qui se donnait le
s u rlen d em ain : « Alors, vous nous faites co n cu rren ce? »
j
— C o m m e n t d onc !
A. M o u l i n i e r .
E
j j
P '-S .
Beaucoup de m o n d e au Concert suivant pour e n t e n dre Mme Kunc. M a lh e u r e u s e m e n t , u ne indisposition subite
l’e m p ê c ha de paraître. Mlle Baldocchi se chargea de sauver la
situation avec le g ra n d talent qui la caractérise.
■
j
j
!
I
Réception de Jf. J ,iromski aux ieux-^lorauxdi m anche 2 6 avril, la docte Académie des Jeux-Floraux
recevait dans son sein M. Ziromsky, professeur à la Faculté
des lettres. Tout le hig-life toulousain s’était do nn é rendez-vous
à cette n oble fête, et seule la muse de l ’élégance pour rai t vous
dire ce q u ’avaient de cha rm e les modes nouvelles et de pr in­
ta nier les imm ense s pailles de saison.
Le récipendiaire s’attendait peut-être à ne voir devant lui que
des demoiselles d ’un âge incertain au nez che vau ché de lune ttes
d ’or, avides de métap hysique, car de vant ce délicieux et ravis­
sant parterre de fleurs rayonnantes de jeunesse, il a paru tout
troublé . A peine s’il trouvait ses affirmations d ’universitaire
q u ’il s’est plu à répé te r un très grand n o m b r e de fois com m e s’il
eût craint que son en trée à l’Académie, son héritage du fauteuil
de l’abbé Couture ne lui jetât un mauvais vernis de nationaliste
ou de clérical.
Mon Dieu, il est si simple de rester chez soi qu and on craint
d e se c om p ro m e tt re .
Bref, c’est u n e affaire en tend ue et nous lui en d on n o n s acte ;
M. Ziromsky est universitaire. Q u ’on se le dise.
P o u r nous pro uv er q u ’il était universitaire, et pas un u n iv e r­
sitaire de pacotille, il nous a servi, sans se faire prier, un cours
de littérature depuis l’époque roma ine j u s q u ’à nos jours, un jus
co n c e n tr é à l’usage des gens du m on d e qui on t peu de temps à
consacrer aux poètes de toutes les époques.
Jean de l ’Hers qui aime lês discours truffés de la plus savante
é rud it io n , ne pouvait conte nir sa joie. C ’est surtout l’inven ti on
de la muse Courtoise qui l ’a emballé. Je m ’attends à ce que sur
sa de mand e, on m ette au concours p ou r l’an prochain La C our­
toisie che1 Clémence Isaitre.
e
L
Elle est de tradition. Mais il était je .crois „aijssi de, tradition:,
dans les académies, de lancer des mots pi qua nts qui faisaient
sourire les dames. En vain, j ’en cherche dans ces trois discours.
Celui très châtié de M. Deloum e à son confrère (lui aussi est
de l ’Université) fut élogieux j u s q u ’à l’outrance. Il est si b on et
si aimable no tre é m i n e n t doye n de la Faculté de Droit !
C ’est à M. le ch a no in e Maisonneuve qu ’échéait l’éloge à faire
de feu l’abbé Couture. Il s’est acquitté de sa tâche avec cette
clarté, cette m é th o d e et cette limpidité de langage qui dis tin ­
g u e n t toujours M. Maisonneuve quan d il parle ou q u a n d il écrit.
Il ressemble à son modèle en ce sens q u ’il sème l’or de son
esprit dans tous les c hemin s q u ’il traverse sans p e n se r au grand
œ u v r e , au livre compact qui tr ansm ett ra aux futures générations
le fruit de ses pensées profondes. En parlant de M. Couture, je
m ’imagine q u ’il prêchait quelque peu po u r sa paroisse. C ’est bien
excusable p ou r un abbé.
—-*$+—
Séance du 3 J f ai.
mai, suivant la tradition, eut lieu la Fête des fleurs. L’Aca­
démie était au grand complet, à pe ine y r e m a rq u a it -o n
l’absence de M. le colonel Perrossier et de M. l ’universitaire
Zyromski.
e 3
L
Parmi les lauréats, nous retrouvons M. Pierre Fons qui a o b ­
te n u l’Eglantine d ’a rgent p o u r son s o n n e t les Pèlerins d'E m m aüs
et une Prim ev ère po u r un second so nn e t Orphée sur le S ty x.
M. Praviel, de son côté, a cueilli dans le ja rdin d ’Isaure
u n e Eglantine d’argent p o u r sa pièce Le los de Saint-M ichaël.
Nos lecteurs con naissent depuis trop lon g te m p s ces deux
je u n e s poètes d ont nous avons plusieurs fois publié les œuvr es
p o u r q u ’ils aient eu la mo in d re surprise.
Ce n ’est pas le cas de rép éter que ce sont toujours les mêmes
qui se font tuer mais plutôt que ce sont les mêmes qui se fo nt
couronner.
C’est a i n s i , d u r e s t e , que n o u s r e t r o u v o n s p a r m i les lauréats
des c o n c o u r s e n l a n g u e d ’o c , M. La mourè re et M. X a v i e r Ri­
v i è r e , c h a c u n a v e c u n e Pr imevère , et M. Gasto n L a v e r g n e et
Antonin Perbosc, c h a c u n avec u n Souci.
Est-ce grâce à l’influence de M. le baron Désazars que la Lan­
gue d ’Oc a été si bien traitée par l’A c a d é m ie ? Toujours est-il
q u ’on a accordé cinq fleurs en com p ta nt l’œillet de M. Simin
Palay, aux aman ts de la lengo mairalo et à lire les pièces cou­
ronnées, il faut déclarer que justice fut bien faite. Parmi les
remarquée s, nous remarquons nous aussi, u ne C hanson, pleine
de délicatesse, de M rac Marie Caylas.
Pourquoi ne pas lui avoir d o n n é une toute petite fleur? Elle le
méritait d’au tan t plus q u ’elle avait traité le sujet imposé, L areli
gion inspirant le p atriotism e, et que certains p r é te n d e n t q u ’elle
y avait fait preuve de hau te et de prof on de philosophie. Ce
sujet, q u ’on croirait e m p r u n té à quelque directeur de séminaire,
avait égalemen t tenté M. l’abbé Dom in ique . Il nous en est p a r­
v e n u un exemplaire, qui témo igne de la haute culture de
M. l’abbé D om iniq ue , encore q u ’il nous paraisse confondre,
l’état et le g o u v e rn e m e nt, c o m m e le font, hélas ! la plupart des
gens qui aspirent à nous gouverner.
Très remarqué fut le discours de M. François Tresserre avec
ses théorie s ind ulgentes et larges sur les te nd a n c e s nouvelles de
la je u ne école.
Le discours sur les prix de vertu fut p r o n o n c é par M. Bressolles, qui a fait œuvre d’excellent litté rateu r en même temps
que de bon juge.
Parmi les lauréats, plusieurs m a n q u è r e n t pour venir lire leurs
pièces. M. Lavergne, d ’Agen, fut remplacé par M. de Peyralade,
d o n t la voix son ore arrive si facilement ju s q u ’au fond de la
salle. Ml,e de Puibusque(Rustic a à l’A r t M éridional) eut la b o n n e
fortune d ’e n te n d re son rem arqua ble Eloge de C lé m enc e Isaure
lu pa r M. le co m te Gardes, qui est peut-ëtfe' lè lèct'éurlé plus'fin’
de l ’Académie, et qui, à ce titre, a fait ressortir tout le charme
de cette poésie.
M. Pro sp er Estieu a reçu ses lettres de maîtrise. Nous l ’eri féli­
citons avec em p ress em en t.
D e V.
S olitu d e
Si blessé d ’un a m o u r impossible à guérir.
Ton c œ u r maudit to ut bas le t o u r m e n t q u ’il déplore,
Sans profaner jamais le dieu qui te dévore
Garde la volupté cruelle de souffrir.
Attendris-toi de va nt le grand ciel de saphir
Et chante ta doule ur im m en se dans l’aurore :
Le fleuve et le ro c h e r c o m p r e n n e n t mieux encore
Qu e le c œ ur dont le vœ u n ’est pas de te chérir.
Evite la pitié complaisante et facile
De ceux qui n ’ont c o nn u que le b o n h e u r tranquille,
Ne livre pas ton âme à leur vague regret.
G ard e l’intim ité de ta peine prof on de ;
Leur consolation ne vaut pas le secret
De préférer deux yeux à la beauté du monde.
D aniel T haly,
ans en arrière, Vingt ans, c ’est bie n peu, et c’est c e p e n d a n t
é n orm e au train d o n t évolue no tr e g oû t musical. Certes, ce
n ’est p o in t que la fougue passionnée du duo de Violetta et
Lorenzo, nous laisse insensibles : la m ajorité du public, tout
im p rég née encore des formules dramatiques de iMeyerbeer a
vigo ur eusement applaudi cette scène c ha le u r e u s e m e n t mélodique.
Mais d'autres o n t regretté que la coupe du vê te m e n t h a r m o n i ­
que et orchestral se fût si r a p id e m e n t d é m o d é e au po int de
nuire déjà à l’effet d ’une scène c e p e n d a n t puissante et sincère,
et que M. et M me Laffite o nt e x c e ll e m m e n t re n d ue .!
J ’ai be aucou p aimé pour ma part, la Fantaisie Concertante
p o u r piano et or che stre de M. Pierre K u n c moin s p e u t- ê tr e p ou r
l’habileté te c h n iq u e , in co ntestab le, des d é v e lo pp e m e nts de
l’allegro que po ur la poésie de l ’andante, en la b é m o l majeur, —
s’il m ’en souvient bien. M. Pierre K u n c prom èn e son inspiration
rêveuse au travers de sonorités pianistiques, que je serais inc a­
pable d ’analyser après cette seule aud ition, mais qui m ’o n t ravi
par leur im prévu et par leur grâce. M. de L aunay qui i n t e r p r é ­
tait, au piano, l’œ u vre de Pierre K u n c est un je u n e virtuose au
mé canisme délicat et au jeu à la fois sobre et brilla nt.
La de ux iè me partie du concert a dé b uté par la C antate en
l’h o n n e u r de C lé me nc e-Isa ur e, de Louis Deffès, exécutée déjà,
il y a quelques dix ans à l ’occasion du deu xièm e centenair e de
YIn stitu tio n des Jeux-F loraux, où Toulou se, une fois de plus,
applaudit le charm e et la fraîcheur m élo di qu e de Louis Deffès
resté fidèle, avec une to u c h a n t e o b stin a ti on , aux dieux q u ’on
adorait dans sa jeune sse : la clarté et la simplicité.
Puis ce furent deux œ uv re s d ’une color ation éclatante, chacune
à sa ma niè re , la Vision de Jea n n e-d 'A rc de M. Paul Vidal et
P our VAssomption de M. Georges Guiraud.
Concert du Conservatoire
de consacrer exclusive me nt une soirée de
c o n c e r ta des œuvres de compositeurs toulousains
ne pouvait m a n q u e r d’être f a vorable m ent ac­
cueillie à Toulouse. O n e st toujours sûr d ’être
e n t e n d u des Toulousains qu a n d on s’adresse à
leur patriotisme artistique.
Ce patriotisme artistique a m ê m e parfois des emballe ments
qui ne sont pas sans danger. N ’y aurait-il que le dange r du ridi­
cule, cela serait suffisant. J ’entendais, l’autre soir, de bons
mélom anes to ut h e u r e u x d’avoir e n t e n d u les œuvres de cette
d écad e de com posite urs locaux, parle r avec enthousiasme de la
« j e u ne école toulousaine », l’apprécier, la discuter, essayer d’en
fixer les caractères principaux.
Halte-là, mes amis! S’il existe, he u re us e m e nt, un bo n no m b re
de compositeurs nés à Toulouse, il n ’y a, hélas, pas d ’ « école
toulousa ine » ni quoi que ce soit d ’approc hant. Q uel lien de
p arenté artistique pourrait-on apercevoir entr e les œuvres si
diverses que nous avons e n te n d u e s l’autre soir? Tous ces c o m po ­
siteurs n ’ont-ils pas quitté leur ville natale vers la vingtième année
p ou r aller baigner leur inspiration aux grandes sources musicales
de Paris, de Rome ou de Bayreuth? Parlons, si vous le voulez
— et encore avec beaucoup de mode stie, — d ’une architecture
to ulousaine qui semble vivre d ’une vie propre grâce au mélange
ha rmonie ux de la brique rouge et de la pierre finem ent ouvrée,
et grâce à la vigueur créatrice de quelques artistes originaux tels
q u e Bachelier. Mais une école tou lousa in e de musique, où la
p re n d r i o n s - n o u s ? P u is q u ’on a é carté, c o m m e in dig n e s, les
co mp ositeu rs exclusiv em ent toulousains, ce n ’est pas, j ’imagine,
chez les toulousains de Paris q u ’on peut espé rer tr ouver une
no te assez spéciale et assez vigoureuse p ou r que Toulo use la puisse
reve nd iquer c o m m e sienne.
Quelle impression d ’ensem ble pouvait-on dégager de l’audition
successive de ces dix compositions toulousaines? Je ne le vois
point. Il m ’a semblé au contraire que quelqu es-u nes se tro uvaien t
fort gênées de la présence de certaines autres, ta nt elles sont
différentes de te nd a n c e et d ’aspiration, et que, — c o m m e cela
arrive dans les b a n q u e ts de cc chers anciens camarades » où
l’on s’é to n n e si souvent, malgré les souvenirs c om muns, d ’être
devenus si étrangers les uns aux autres, — les œuvr es toulou­
saines que nous avons en tendu es ne frayaient pas sans quelque
c on tr a in te les unes avec les autres.
Le pro gram m e s’ouvrait par un délicat poëme s y m p h on iq u e
d'un tout je n n e h o m m e , M. Emile D o m erg , que la m o rt est
venu e s ur pr end re au m o m e n t me m e où il co mmenç ait à p i e n d r e
c onscien ce de sa personnalité. Sa Chanson des Nuages, qui ne
rougit pas encore de la phrase m élo dique, se déroule arde nte et
é lo q u e n te , dans la méla ncoliqu e tonalité de si m in eu r, au ti avers
d ’une harm onis atio n hardie, sans excès, et variée par une or c he s­
tration déjà fort habile. Et le cha rme qui se dégage de cette
oeuvre fraîche et sincère est v enu e raviver encore la tristesse de
tous ceux que cette m or t récente a plongés dans 1 affliction.
Puis ce fut la lége nde s y m p h o n iq u e de M. H e n ri Büsser,
Hercule au Jardin des Hespérides, œuvre compliquée et v i g o u ­
reuse, d ’un je u n e com po site ur q u ’on sent épris, avant toute
chose, d 'art nouveau : to u r à tour lyrique et drama tiq ue , la
légende de M. BüSser, — plus he ure use c e p e n da nt q u a n d elle
rêve que qu an d elle agit, rêve et agit, à 1 aide d un orchestie aux
timbres variés, se complaisan t dans les com plications h a r m o ­
niques et plus amoureux, semble-t-il, des sensations rares que
i dée
•des sensations profondes.
Avec le Bravo de M. Salvayre, nous rem on ti on s q u el qu e vingt
jj
;
I
{
j
j
:
S
:
Les trois parties de la Vision de Jeanne d 'A r c brillen t, cha­
cune, d’une cou le ur c h a to ya n te et h a b il e m e n t évocatrique des
scènes que le compositeur s’est plu à tra cer: la r ê v e r i e d e J e a n n e
sous les arbres de D o n ré m y , qui s'épanche en une douce m é l o ­
die où do m in a it le violon sonore du distingué soliste, M. Bergès ; l’apparition de l ’archange St-Michel d o n t la voix r etentit
avec des accents de fanfare guerrière, à laquelle la trompette
de M. Albus a su p rête r ses sonor ité s les plus veloutées ; et l’extase de J e a n n e d on t la dou ce prière se transforme insensible­
m e n t en un h y m n e guerrier , puissant et sans banalités.
Le poëme de M. Georges G ir au d, Pour l'A ssom ption, d ’une si
jolie couleur b é t o n n é a ravi pa rti c uliè re m e n t l’auditoire qui en
a réclamé u ne seconde audition. Cette œ u v r e délicate nous a
plu su rto ut par le réussi du coloris, p a r le sens, si rare aujour­
d ’hui, de la mesur e dans le d é v e lo p p e m e n t et par l’esprit et la
souplesse avec lesquels so nt e m p lo y é e s les vieilles formules de
l’école, telles le canon, d o n t le je u n e c o m p o s it e u r a tiré de si
he ure ux effets. O n voit bie n que M. Georges Giraud est de la
grande école du maître César Franck.
La géné re use voix de b a r y t o n de M. Gilly a présenté dans
to ut son éclat ce joli p o ë m e musical.
La spirituelle Fantaisie en fo rm e s de danse de M. A y m é Kunc,
que Toulouse avait déjà applaudie au 2e Concert de Y A r t M éridional a retrouvé le succès, p l e i n e m e n t justifié, q u ’avait déjà
o b t e n u cette œ u v re c h a r m a n te .
La Chaîne d 'A m o u r, suite d ’ « aquarelles musicales », c o m ­
posée par M. Jules Bouval sur un assez étrange poème de M o n toya, nous a un peu dé concerté, malgré l’habileté très grande et
toujours spirituelle de l’écriture. Ce n ’est pas une mince e n tr e ­
prise que de v ou lo ir (aire défiler dans un p oë m e musical tous
les amants célèbres depuis Ju p it er ju s q u ’à Mimi Pinson — en
passant pa r Clé op âtre ... Aussi e st-on un peu déçu en présence
de cette série de petits tableaux, d ’e nte n d re malgré les différences de r y th m e s et de coupes, Jupi te r et Cléop âtre et Mimi P in -
son elle-même parler u n if o r m é m e n t la même langue élégante,
un peu précieuse mais fort artiste qui est celle de M. Boural.
L’auteur aurait-il voulu p r ou ve r que la chanson d ’am our a été
et sera é te rn e ll e m e n t la mê m e ? O n le croirait parfois.
Qu a n t au fragment du G rand Ferré de M. Planchet, qui clôtu­
rait le concert, il nous a paru d ’une écriture sévère et grave,
qui cher ch e à faire naître l’émotion par la puissance et la g r a n ­
deur et qui l’aurait ce rta in e m e nt atteinte si les ens emb les c h o ­
raux s’étaient mon trés plus fermes et n ’avaient pas si souvent
trahi le compositeur.
En somme les Toulousains de Paris on t dû être he ur eux et
fiers de Faccueil q u ’ils o n t reçu dans leur ville natale, car s’il,
n ’y a pas d’école toulousaine, il y a au moins à Toulouse un
public chaud et vibrant et qui ne boude pas à remercier ceux
qui on t su lui faire éprouver du plaisir.
B
ernard
F
ournez
.
Notre rédacteur hippique ne nous ayant pas remis en temps
voulu son compte rendu des courses nous avons le regret de ne
pouvoir en parler que dans le prochain numéro.
trois Coquelin, oncle, père et fils sont venus nous visiter.
Avec cette morgue qui caractérise tant de co mé di en s arri­
vés, ils o n t dédaigné de nous convier à aller les en te nd re , leurs
faveurs ne s’ét en da nt , en fait de presse pé riodique, qu'au seul
M id i Républicain ( f i t d o n t nous c om plim en ton s fort no tre ami
Ariste).
Il
faut, cependant, aller e n te n d r e les héritiers de Molière,
dans un b u t d ’instruction, et c’est ce que nous fîmes, ravis de
revoir ces ét on na nt e s inca rnations, qui leur assure une place
im p o rt a n te dans l’histoire du théâtre.
Ils y fur ent splendides d’une façon générale ; et M. Cadet
trouve par m o m ent des accents peut-être plus naturels et pa rtant
plus vrais que son a în é ; mais, il est loin d ’avoir son égalité et
sa force de pé nétrat ion du rôle. Dans la gran de scène de l’avare
qui a per du son trésor, M. Cadet nous pa rut a bs olu me nt faible,
p e r d a n t de vue tout lé dra mat iqu e de la situation et jo u a n t la
farce au lieu d ’être tr ag iq ue m e nt désespéré.
Po ur mieux me faire co m p r en d re , il dit pa r exe mp le d ’un
seul trait : Où co urir ? Où ne pas courir?. . Ce qui re nd le
discours quasi idiot, au lieu que si pr éc ipita mm ent l’avare dit :
O ù courir? et que tout à coup, il s’arrête, pris de son in q u ié ­
tante méfiance, il s’écrie : O ù ne pas c o u r i r ? de peu r de faire
u n e dé m ar ch e qui lui nuirait, le texte dev ient clair et corres­
p o n d à u n état d ’âme particulier.
P o u r tout le monologue, il fit comme pour ces quelques mots.
En revanche, dans son duo avec P h ro si ne , M. Cadet fut pre s­
qu e aussi parlait que M lle Bouchetal, et ce n ’est pas peu dire, car
cette artiste fut, à ce m o m e n t là exquise de vérité.
Si
les ad mirateurs de Molière se font un devoir d ’aller e nte n­
dre les Coq uelin , ceux-ci de vrai ent se faire un devoir de ne
jamais rien c h a n g e r au texte.
Po ur quo i, par exemple, dans la scène où Maître Jacques est
choisi p o u r arbitre e ntr e Ha rp ag on et son fils M. Coq ue lin se
permet-il de dire au père : Mettez-vous là, asseyez-vous, etc.
Ce n ’est ni dans le texte, ni dans la mise en scène voulue par
Molière,puisque c ’est à G é a n t e seul que Maître Jacques doit dire:
es
L
Eloignez-vous un peu. Il est a n tin a tu r e l, en effet, q u ’après les
coups de bâton, le valet se p er me tte d ’e nv oyer son maître au bout
dû salon, en lui disant de s’asseoir. C’est comme dans la s c èn e
où Ha rpagon dit à Maîtrejacques q u ’on sera huit ou dix à diner
— Mettons dix, dit Coquelin.
— Non huit, répond M. Cadet.
— Dix.
— Huit.
Et çà continue c om m e cela, un petit mome nt.
Dans quelle édition les frères Coquelin ont-ils lu ce dialogue
je ne la connais pas. C ’est pou rq uo i je me permettrai de les
tro u v e r très audacieux d ’oser ajouter au texte de Molière. Or
c om m e je ne me flatte pas de savoir par cœ ur tout Molière, bien
s’en taut, j ’ai bien peur que ces additions ne soient pas les seules
perpétrées par ces illustres coméd iens. A part ces critiques ce
fut une délicieuse soirée, com me on en vo udrait souvent à Tou­
louse.
N ’oublions pas d e c om p li m e n te r la cha rm an te M Ile Es qu il ar ,
pour l a sobriété et la justesse de son jeu , sans oublier son opu­
le nte beauté q u ’avantageait un très riche costume dans E lm ir e .
A. M.
—
—
h eure ux te m p é ra m e n t artistique que celui de Mme Eugénie Buffet, la chanteuse populaire ; mais combien son
tale nt perd à se produire dans des représentations où se sent à
chaque minu te l ’effort de la mise en scène.
Elle nous a porté dans les plis de son tablier traditionnel, non
pas la lune, mais quelques vérités. Hélas, elles ne sont pas neu­
ves, et nous savions tous depuis longtemps que la Liberté, l’Ega­
lité et la Fraternité ne d o n n a ie n t plus matière q u ’à des gri­
maces.
On s’est esbaudi un j o u r en voyant rosser M. Serres, le lende­
main en vo yan t rosser M. Pelletan.
C ’est-il du thé âtre ?
Il
est curieux de voir le petit Delphin imiter Fursy et Delmet
à l’o m b re du gros M. Pons-Arlès, mais quelle blague forcée!
Tout ce spectacle ne vaut pas quelques chansons d ’Eugénie
Buffet dans une salle in tim e c o m m e celle de la Bodinière. En
trois couplets, elle d o n n a it un drame et vous sentiez une émo­
tion que rien n ’a pu nous d o n n e r dans sa Fantaisie-Revue, péni­
b l e m e n t amalgamée avec toutes sortes de clichés anciens et no u­
veaux.
Purée Financière, tel était le titre. H e u r e u s e m e n t pour la
troupe q u ’elle en parle sans la pratiquer. Nous nous en réjouis­
sons pou r elle, car il y a là réu nio n de talents incontestables,
quoique d ’un intérê t peu puissant.
D e V illesix.
Q
uel
E
c
h
o
s
e
t
B
o
*wwwww«.Www
u
v
e
l
l
e
s
Trouv é dans notre boîte aux lettres :
§ s s trois Hjj[oç[iielin a. ToulouseLes trois Coqs so nt venus et leur voix c lair onn an te
Fit m o n t e r un frisson jusques au poulailler,
C e p e n d a n t q u ’avec grâce, en un art familier,
Esquilar é grenait l’or de sa voix pre nan te.
P.P.
—-*§*—
J e goncert de “ Jfa § igarette ” •
dernier avait lieu da ns la salle du Jardin-Royal, le
magnifique concert d o n n é par l’Association amicale La
C ig a re tte , à ses m em br es et amis.
amedi
S
La vaste salle était trop petite pour cont enir la foule élégante
et choisie qui se pressait po u r ve nir applaudir la ch ar m an te
co médie D ans les G ardes françaises, de M. Georges Brunet,
q ue nous avions déjà applaudie à un e soirée de la Tolosa. On
sait que le n o m de M. Georges Brunet n ’est que le pse u d o n y m e
roturier q u ’a pris un g e n til h o m m e a pp a rte na nt à la plus vieille
noblesse de Toulouse. Cette fois M. le marquis de P a n a t a dû
t r a h i r son incognito p o u r ré p o n d re aux applaudissements fréné­
tiques du public.
Toute la fleur de n otr e noblesse toulousaine s’était do n n é e
re n de z -v ou s à ce con ce rt et, suivant ses traditions de générosité
a fait la part du pauvre, dans un e quête faite p a r M mes la marquise
de Panat, de Roqu em aur el, M lles Dufraisse, de Peyralade, de
Belloc-Chamborant, Marchai, acc ompa gné es par MM. de Fram o n d , d ’Auriôl, Molinéry, de Lafon-Boutary, de Mermiesse, de
Sa int -Se rnin.
Au programme encore les Noces de Jeannette, parfaitement
bien rendues, par M'le Péguilhan et M. Letertre.
N ’oublions pas de féliciter M. A rm an d Pra viel qui fit valoir
avec ta nt de ch arme exquis les vers de M. Georges Brunet.
§ e g a ris.
concerts d ’Edouard Risler sont n a tu re lle m ent des plus
suivis, puisque ce j e u n e artiste est a ssu rémen t un des m a î­
tres incontestés du piano. Aux morc ea ux déjà an nonc és pour le
prochain concert (Bach, Mozart, Liszt et oeuvres modernes),
M. Risler ajoutera des pièces de Co uper in et la sonate op. 109
de Beethoven, q u ’on lui re de ma nd e de tous côtés. Il y aura aussi
au p r o g ra m m e des Variations d e M . Dukas et le Till Eulenspiegel
de Richard Strauss.
es
j
j
j
i
L
M
—
£ la gorionne.
; e u r A . Pougin, l’é m in e n t et savant-critique, vie nt d é t e r ­
miner son cours d ’histoire de la mu sique par d ’intéressants
ren sei gn em en ts sur le m ouve me nt en Russie. Ses deux dernières
leçons lu re nt consacrées l’un e à M. Rymsky -Kor sakow, l’autre
à MM . Glazo un ow , Ar ensky et qu elq ue s autres. Ml|e Philosophoff chanta quelque s jolies mélodies de ces deux derniers c o m ­
positeurs, aux grands applaudissements d ’un auditoire e n t h o u ­
siaste.
o n s
S a Suchesse des §'olies-§erg'eres.
—■»#*—
Jfes langues provinciales.
H e nr i Gaidoz a eu le d é v o u e m e n t de repre ndre et
de publier la pétition pour les langues provinciales, qui
fut prés en tée au Corps législatif de 1870 par le comte de C h a rencey, H. Gaidoz et Charles de Gaulle.
Le m o m e n t lui p arut opp ort un (( aujour d’hui que les langues
provinciales, loin d ’être mises en h o n n e u r sont mises en suspi­
cion, décrétées d ’accusation et co nd am née s sans même q ue leur
cause soit en te nd ue . Hi er , c’était le flamand, a u jo ur d’hui c’est
le br e to n , demain peut-être la langue de Mireille... » Ainsi s’ex ­
prime M. Gaidoz dans sa préface, écrite en janvie r 1903. Il ne
s’est tr om pé que sur un point. Ce n ’est pas la langue de Mireille
qui a subi les d er niè re s attaques de nos gouv er na nts , mais celle
q u ’il dit être la plus an c ie nn e de l’Europe : le Basque.
onsieur
M
—->#î—
—
Musicographie.
de paraître chez Leduc une réduction pour piano à quaV
tre mains, par G. Sandré, de l’int éressant Scherzo, de A.
Borodine.
Chez Jules Raux, nous trouvons, parmi les nouveautés, trois
morce au x de M. Chil lem ont . Une scène de cabaret, Tonnes et
Gobelets, une marche gasconne (?) C apdédious, et un intermezzo
Pierrot gala nt à qui vont toutes nos préférences pou r sa légè­
reté, son brio et l’originalité de son r yt hm e, bien q u ’il rappelle
que lq ue peu le ballet de Coppélia.
Nous avons reçu éga lemen t une cha rm ante idylle, Songe de
p rin te m p s, et une piquan te Sérénade printanière, dues à la
plume habile et féconde de M. Jules Raux.
Clïez Jules Raux, enc or e, la r om a nc e reve na nt paraît-il de
m od e, nous trouvons S i vous voule\ que j ’aime encore, de Victor
7i e n t
La Duchesse des Folies-Bergères, de Georges Feydeau , le
grand succès an nue l des Nou veautés, v ie n t d’être achetée po u r
Berlin, par M. L aute nb ur g ; po ur le restant de l’Alle mag ne et
l’Autriche (Vienne excepté), par M. A h n ; p o u r la Belgique»
M. Ricardi; pour l ’Am érique, par M. F r o h m a n n ; pour le P o r t u ­
gal, par M. de Br a ga ; pour la H on g ri e, pa r M. Va lentin.
De plus, M. Georges Feydeau est a ctuel lem en t en pourpar ler s
po u r des ventes en Angleterre et en Suède et Norwège.
Enfin, les gran des villesde France : Bordeaux, Marseille, To u ­
louse, etc., v o n t m o n te r inc e ss am m e nt cette joyeuse pièce,
q u ’une t our né e importa nte pr o m è n er a dans le reste de la
France.
L 'A r t M éridional applaudit de to ut c œ u r au brillant succès <3eM. Georges Feydeau.
—*$*■—
Jte g arts.
des plus jolies artistes de Paris — d ’aucuns disent la plus
jolie — vi en t d ’e n v o y e r du papier tim b ré à ses directeurs
pour les so m m e r d ’avoir à faire disparaître de l’affiche le qualifi­
catif de a belle », qui accom pag ne son no m . Elle préten d que son
nom seul suffit a u jo ur d’hui, en raison des incontestables qualités
d ’artiste do n t elle a fait preuve.
Espérons que tout s'arrangera : on peut être en même temps
une belle et une gran de artiste.
U
ne
—
M. Albert Carré, dire cteu r de l ’O p é r a - C o m i q u e , est en
train de faire abouti r un gra nd projet d ’opéra populaire. Ce t h é â ­
tre s’installerait à l’H ip po dr om e et pourrait c o n te n ir 5,000 spe c­
tateurs. Il serait en outre s u bv e nt io n né et ouvrirait ses portes
dès que le Conseil municipal de Paris aurait do nné un e décision
avorable.
§ e la Rochelle.
Massé.
—
Engagements.
raison des succès remportés, p e nd a nt toute la saison, par
MmeDangerville, et, à la suite de sa belle création de Louise,
M. Boyer, directeur du th éâ tr e d u C a p it o le , vient de renouveller,
à de brillantes conditions, l’e nga ge m e nt de cette artiste p ou r
la pr ocha ine campagne 1903-1904.
Sont ég ale me nt réengagés, MM. Dut rey, Paty, Adeline et
n
E
Balleroy.
M. Duffault, fort t é no r, est engagé p ou r la saison d ’été au
casino de Royan et à la Haye , Théâtre royal français pour la sai*
s o n d ’hiver.
dit que M. d ’Albert, dir ecteur du théâ tre du G y m n ase , à
Marseille, aurait posé sa ca ndidature à la direction du
Casino de la Rochelle. M. d ’Albert se serait en ou tr e engagé,
paraît-il, à faire construire à ses frais, un hô te l de 120.000 francs,
sur un terrain à lui déjà concédé p our 99 ans avec clause de
re tour à la ville de La Rochelle.
O
n
—
barreau de Toulouse.
ha bituel de notre jo u r n a l nous a e mp êc hé de
parler, en temps voulu, du supe rbe éloge de Me Oscar Falciteuf que pro non ça , le 7 dé ce m bre dern ier, à la re ntrée so! enJ
’e n c o m b r e m e n t
L
A Vendre u n b e a u v i o l o n , de J a c o b u s S t e i n e r . — S ’ad r e s s e r
au b u r e a u d u j o u r n a l .
nelle de laconférence des avocats stagiaires, M. Robert de BoyerMontegut, lauréat de la conférence.
Nous joign on s nos com pli me nts à tous ceux q u ’a reçus, en cette
E& Inflammations, Difficultés pour uriner
circonstance, le je u ne et distingué maître.
—-*#*-—
e
ç
u
u
n
e
étude
très
savante
du D r Etienne, mais le sujet ne
R
nous p e r m e t pas d ’en causer plus l o n g u e m e n t dans le
journal.
-+*»—
Radicalement guéries par le
SIR O P
Le
M arque de F abrique déposée selon la L o i
F laco n
: 4
MAISON
gran de fête annuelle des félibres, la Santo Estelo, aura lieu
cette ann ée le 21 mai, à Avignon. Elle sera présidée par
f . Mistral et le distingué capoulié P. Devoluy. Le b a n q u e t aura
lieu à midi. De nombr eu ses personnalités méridionales doivent
F ra n c o
: 4
fr
s
MODERNE
VètemJ“,niurï efr t,onné»
1NGLEBERT, MERTENS & C-
57, I i u e A lsa c e-L orra ine , e t r u e Rivais, 14, T O U L O U SE
a
L
O PT IQ U E
SC IU N T IFIQ U E
ET
M a i s o n J. D E L O R T
M É D IC A LE
i
Verres /som etropes
OPTICIEN
y assister.
F ondée
]j$iïlio graphie.
on
(Unique Dépôt)
1854
5, Rue Lafayette, TOULOUSE
■ Médaille d’or 1900 -----------
A Rodez, chez Carrère, à Toulouse, chez M'le Brun, vient de
paraître la deuxième édition corrigée et aug men tée des Docum ens généalogiques su r des fa m ille s du R ouergue, par le vico mte
de Bonald, chevalier de Malte, m e m b r e du Conseil héral diq ue
de France, m e m b re de l’Institut héra ldiqu e italien. Cet ouvrage
d’un intérê t considérable p our toutes les grandes familles, en
p eut gêner quelq ues- une s, mais Fauteur paraît avoir prévu la
chose, puisq u’il a pris pour devise : A m ie n s Plato, sed m agis
.
fr.
P h a r m a c ie PEY R A R D , T ou lou se
Jfa “ ganto gstelo ” de 1903.
arnica veritas.
7
D ’A R E N A R I \ R U R R A R ’A F R I Q U e
Spécialité de Cristal de Roche
(Yeux artificiels)
OPTOSTAT d lT F it M L
Du D1 E. ROLLAND (de Toulouse)
Pour
la
prévention
et
la
cure
de
la
MYOPIE
et des
D év ia tio n s de la Taille
DES
—
LISEURS
garnet §lanc.
mai, fut bé ni en grande p ompe par Mgr l'A rchevêque
de T o ulou se , le mariage de M lle Renée Teulade avec le
b a ro n Raoul de Batz de Tre nq ue llé o n. La messe fut dite par
Monseigneur de Pamiers, au maître-autel.
Le c h œ u r était trop petit p ou r co nte ni r la foule des privilégiés
ve nus pou r assister à cette splendide cérémonie.
De mémoire de toulousain vivant, on n ’avait jamais vu notre
grande cathédrale enva hie par une foule plus compacte ou se
c ou do ya ie nt nobles, bourgeois et manants, grandes dames et
petites couturières.
Tous les ateliers étaient représentés, p our voir s’il y aurait
m o y e n de critiquer le travail de Mme Terris, to ut de satin blanc
reco uver t de mousseline de soie avec application de po int s
d ’Alençon. Mais la mariée était si charm ante que la critique
n ’eut pas prise. C ’est au son d ’une trio mp hal e marche écrite
p our deux orgues, c hœ urs et trompettes, par le maître-professeur H ugo un enc , q u ’eut lieu cette gran de et belle cérémonie.
L’effet fut grandiose et nous n ’hésitons pas à adresser tous nos
co mp lim ent s à l’auteur de Z ila h et de Sensiblerie, pour cette
nouvelle œ uvr e écrite avec son c œ u r po ur son élève.
Le défilé à la sacristie dura plus d ’un e heure, c’est assez dire
que le tout Toulouse avait tenu à féliciter M. et Mrae Teulade et
les nouv ea ux époux.
Librairie «le la Poste • SOUBIRON,
concessionnaire.
e u d i , 14
J
EA U X
A U B A - D E L T O U R , 1, Rue Cantegril, 1, TOULOUSE
BOUTEILLES
Location de collres-forts. — Ordres de Bourse. — Vente de titres at>
comptant. — Dépôts de fonds. — Escompte de papier commercial
et warrants. — Ouverture de comptes courants, etc.
_
I
A
T ^
i O
T
* 1_
( O tP 1 1h ï ’P
J)
Grand Journal Financier quotidien
de 8 pages, donne les >ours de toutes
les vaieurs Je Bourse, au comptant et
: 3mois 3 fr. 50 6 mois 6 fr., 1 an 10 fr.
à terme. Abonnement s
Service d’essai 10 jours. - 29, Chaussée d’Antin, PARIS.
Cd 3
Q ««
O o •£;
' —, co
o -z a
©
zi
M
T V T
LYON
(Anonyme) Capital 160 millions.
A g e n c e de T o u lo u s e : 20, R u e des A r t s
o n sieu r
IOm i m ï s i r i i
I)E
SOCIETE GENERALE
garnet noir.
H e rm a n d Sarrette, ancien dé put é, et M me H e r m a n i
Sarrette font part du décès de M. P i e r re - A b d o n Sarrette,
directeur des contr ibu tio ns directes en retraite.
— Nous a pp r enon s la mor t de M. Deyres, conseiller à la Cour
d ’appel en retraite.
— De M. Alp ho nse Destrem, professeur à la Faculté des scien­
ces, ancien adjo int au maire, délégué aux Beaux-Arts.
Les obsèques de M. Destrem o n t été faites au milieu d ’une
gran de affluence de personnalités qui o n t te n u à h o n n e u r d ’ac­
c om p a g n e r à sa der niè re d e m eur e celui qui fut un h o m m e de
b ie n , un savant et un artiste.
M IN E R A L E S
N A TU RELLES
Françaises et Etrangères
1 03
; -c
*-* cO
/5
O
t- s-
c/a
— co
©w
_
bb
- a
U1
ce
a
z
20
co
00
«O SV> c/a
:Ô
c/a
W
LÜ
>
O)
M
©
T3
©
-o
c/a
o ~ S
22* S
^ s ^2
53 5Cû °o
.=
s.
^
®
2
3
-=*
Z
W
-5
» © g
M~
-©
W. ©
"©
tn g s
M
a
H c c oo
c
t— © F-
3
O
>
o
E- .= »
o t, £ g.
3
«
2 : “ « -®
H o ®
cfl ® S . ï
o
,9 3 te
u
5 .5
—
>
L A d m in istra te u r-G é ra n t : P. GRILLON.
TOULOUSE. —
TNT
‘ X 1A
IMPRIMERIb
. 1 M
L A G A R D E ET S E B I L L E , R U E R O M I G Ü I È R E S , 2 .
Q
,
II im o iw b
T O U L O U S E ---- 2, RUE BATARD ET 3-4, BOULEVARD DE STRASBOURG ----- T O U L O U S E
B o n n eterie « G anterie « C ravates « f o u la r d s « C hapeaux « C a n n es et Parapluies^