Epicondylopathie latérale

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TENDINOPATHIES EPICONDYLIENNES

LAUSANNE réunion du RRMS 6 Novembre 2014 Dr Michel Konzelmann Médecin-adjoint Service de réadaptation de l’appareil locomoteur Clinique romande de réadaptation suvacare Sion

DE QUOI ALLONS NOUS PARLER?

• • •

Des tendinopathies épicondyliennes latérales (tennis elbow) D’une partie des traitements à disposition Tendinopathies épicondyliennes dans la population générale

Mais aussi dans le tennis

Pas de l’imagerie, ni de la chirurgie.

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INTRODUCTION

•Epicondylite = terme impropre •Tendinose plutôt que tendinite

Tendinopathie épicondylienne Copyright Leadbetter et Bellemere Maitrise orthopédique.com

Hyperplasie angiofibroblastique Désorganisation anormale du collagène

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EPIDEMIOLOGIE

Pathologie fréquente

:

• Prévalence: 1% population générale, 0,3 à 12% population qui travaille • Incidence: 2 à 4 % en médecine générale • Homme=Femme • Touche population active: 40 à 60 ans • 90% des cas latérale (extenseurs) • 10 à 30% durée prolongée 3 mois arrêt  coûts importants

Histoire naturelle favorable:

• À 1 an évolution favorable dans 83 à 89% quel que soit le traitement même « wait and see » • 800 patients 3 études prospectives

Ahmad et al Bone and Joint J 2013 Shiri and al. Best practice and research clinical rheumatology 2011 Walker-Bone and al. Rheumatology 2012 Haahr and al Rheumatology 2003 Korthals de bos and al Pharmacoeconomics 2004 Smidt and al J Rheumatol 2006

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ET DANS LE TENNIS?

Joueurs ne représentent que 10% de l’ensemble des cas

Prévalence variable:

1,3% (Finlande 2006) à 14,1 % (USA 1979)

Incidence chez les joueurs au cours de la carrière:

35 à 50%

Études rétrospectives sans examen clinique

Joueur type:

45 ans, récréatif ou novice

TECHNIQUE INAPROPRIEE Kitai et al. Ann Chir Main 1986 De Smedt et al . BJSM 2007 Van Hofwegen et al. Clin Sports Med 2010 Abrams et al. BJSM 2012

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EDC ECRL

ANATOMIE

Copyright Van Hofwegen 2010 ECRB ECU

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DIAGNOSTIC POSITIF=CLINIQUE

ECRB Manœuvre de Thomsen Etirement en F passive Testing isométrique ECD Palpation directe Testing mobilités du coude

Flexion/extension

Pro/supination Tests mobilités cervicale, épaule, poignet et main

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DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL

Tendinopathie calcifiante (hydroxyapatite)

Début brutal

• •

Signes inflammatoires Jeune patient, femme Lésion du LCU

• •

Instabilité rotatoire postéro latérale ATCD de trauma Syndrome tunnel radial Signes cliniques instabilité

Douleur 3 à 4 cm devant

Epicondyle Nerf interosseux post (PIN)

• •

Fracture occulte Rare Histoire de trauma

• •

Plica synoviale Signes intra art Click

• •

Ostéochondrite disséquante du capitellum Enfant ou adulte Signes intra articulaires

• •

Arthrose Antécédent de fracture Patient plus âgé

• •

Synovite articulation huméro radiale Epanchement Contexte

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DRAPEAUX JAUNES

Restriction de la mobilité du coude:

Une petite limitation de l’extension est possible

Palpation directe douloureuse 3 à 5 cm en avant de l’épicondyle.

Douleur globale le long de l’avant bras dans les muscles extenseurs.

Douleur associée de l’épaule, du rachis cervical.

Début brutal de la douleur avec signes inflammatoires

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QUELS TRAITEMENTS???

THERAPIES PHYSIQUES

•Froid •US •TENS •Iontophérèses corticoides/AINS •Laser •Ondes de choc(ODC) •Champs magnétiques

INJECTIONS

Corticosteroides

Plasma riche en plaquettes (PRP)

Sang autologue

•Moelle osseuse •Toxine botulinique •Glycosaminoglycane polysulfate •Polidocanol •Prolothérapie •Acide hyaluronique •Ténocytes autologues

EXERCICES

Isométriques Excentriques Concentriques

MASSAGES TRANSVERSES PROFONDS (MTP) UNE TELLE VARIÉTÉ DE TRAITEMENTS SUGGÈRENT QUE LA STRATÉGIE OPTIMALE N’EST PAS CONNUE ORTHESES BRACELETS WAIT AND SEE MEDICAMENTS

•AINS per os/topiques •Antalgiques •Dérivés nitrés topiques

DIVERS

Acupuncture Sangsues Release percutané Chirurgie ouverte Page 11

REFLEXIONS POUR INTERPRETER LES ETUDES

Se souvenir du caractère bénin et de l’évolution favorable de la pathologie:

• Nécessité d’un groupe sans traitement dans les études

Nécessité d’un suivi suffisamment long:

• 12 mois serait le mieux • Un traitement efficace à 3 mois peut ne plus l’être à 12 mois et inversement

Définition précise des outcomes:

• Douleur  combien amélioration pour succès??

• Fonction  utilisation questionnaire • Reprise activité sportive? Reprise du travail?

Bien regarder les conflits d’intérêt (PRP)

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CORTICOSTEROIDES

Mécanismes d’action:

• Modèle sur tendons opérés et cadavres • Utilisation Triamcinolone • Inhibition SP, CGRP IL1 • Mais altère viabilité ténocytes

Hanh Am J of inflammation 2012

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CORTICOSTEROIDES

Peu d’études de bonne qualité

Hétérogénéité:

• Des produits (Triamcinolone surtout) • Du nombre injections (la plupart 1)

Bellapianta Orthopedics 2011

• De la technique (péritendineuse ou intra tendineuse)

Smidt, Bisset, Barr, revues:

Effet à court terme(< 6 semaines): douleur , fonction, force

• Effet intermédiaire(6s-6 mois) et à long terme(> 6 mois)  pas de différence voire même délétère

Newcomer Clinical J Sport Med 2001 Smidt Pain 2002 (review) Bisset BMJ 2006 Barr Physiotherapy 2009 Olaussen BMJ open 2013 Hudson Orthop Clin N Am 2013 Krogh Am J Sports Med 2012

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CORTICOSTEROIDES:SYNTHESE

Utilisation raisonnée

Utile si douleur très importante pour passer un cap

Injection loco dolenti et non dans le tendon (avis personnel)

Pas de corticoïdes fluorés (avis personnel)

Couplée avec repos relatif(dépend activité)

Pas avant 3 mois d’évolution?

Injection itératives favoriseraient la chronicité?

Le moins est le mieux

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PRP/SANG AUTOLOGUE

•Utilisé depuis 2003 (ACP) et 2006 (PRP) pour la tendinopathie épicondylienne

(Edwards JHS 2003, Mishra AJSM 2006 )

But:

apporter médiateurs humoraux et cellulaires pour améliorer la cicatrisation du tendon •

ACP= Autologous concentrated plasma:

• Une centrifugation

PRP= sang autologue centrifugé

concentré de plaquettes

 facteurs de croissance: Transforming GF beta, Platelet DGF, Epidermal GF, Vascular EGF,Connective tissue GF, Basic Fibroblast GF  4 types de PRP selon richesse en globules blancs et activation ou non  2 sous types A si plaquettes >5 x base , B si plaquettes < 5 x la base  Plus efficace si NON ACTIVÉ?

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DIFFICULTES POUR ANALYSER LES ETUDES

Différents types de PRP

Différents volumes d’injection, nombre d’injections

Absence de groupe sans traitement

Connaitre le niveau de risque de biais de chaque étude:

Bas, moyen et haut

Analyser les conflits d’intérêt Krogh AJSM 2012 Ahmad Arthroscopy 2013 Judson Orthop Clin N Am 2013

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AHMAD ET AL ARTHROSCOPY 2013 REVIEW PRP:

9 études , 5 RCT

5 RCT: 2 vs ACP et 3 vs corticoïdes

PRP= ACP

PRP > PLACEBO

PRP> corticoïdes à 1 et 2 ans (Perbooms)

Globalement effet limité MAIS:

Aucune étude n’a de groupe sans

• • • • •

traitement PRP plutôt utilisé en 2 ème Populations hétérogènes Peu d’études à faible risque de biais Coût du PRP / ACP ligne Plupart des études sans imagerie FONCTION DOULEUR

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COCHRANE 2014:

Pour le coude: 3 études sous US

Difficiles de pooler ces études BJSM 2014 7 articles

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PRP/SANG AUTOLOGUE: SYNTHESE

• Résultats contradictoires • Dose, concentration, nombre d’injections encore à déterminer • Peu d’effets secondaires (douleurs post injection). • Injection intra tendineuse (5 à 7 points de piqure) • Coût: kit injection 120CHF + centrifugeuse • Non remboursé par les caisses • Effets à long terme?

• Efficacité à partir de 3 mois de l’injection?

• Utilisation plus précoce?

• Mieux sous US?

A mon avis utilisation encore prudente et réservée en attendant autres études

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ETIREMENTS/EXERCICES

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ECUEILS DES ETUDES

Peu d’études de bonne qualité: 12 RCT

Beaucoup de thérapies différentes

Impossible de pooler les études

On ne trouve que des résultats:

• Évidence modérée au mieux • Sinon évidence limitée, conflictuelle ou absente

Hoogvliet et al Br J Sports Med 2013 Review

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ETIREMENTS

•Contraintes en tension progressive •Infra douloureux, lents , doux •Temps de repos= temps de travail •À apprendre au patient et à réaliser plusieurs fois par jour •Pas de preuves dans la littérature si utilisés seuls •

Implique le patient dans son traitement Degez Kinésithérapie 2011

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EXERCICES

Stanish 1986 Clin Orthop Rel Dis: 1 ère publication sur excentrique Woodley et al Br J Sports Med 2007 Hoogvliet Br J Sports Med 2013 Cullinane Clinical Rehab 2013 Peterson et al Clinical Rehab 2014

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RATIONNEL POUR PROPOSER EXERCICES?

Etude Unyo et al Eur J Phys Rehabil Med 2013

• 8 patients guéris épicondylite, 8 volontaires sains • Étude isocinétique • Étude à différentes vélocités, force en CON/EXC • Résultats: • Pic de force moyen des fléchisseurs >extenseurs chez tout le monde • Patients plus de force en flexion • Force extenseurs idem • Ratio FLE/EXT plus haut chez patients en EXC Fatigabilité > chez les patients 

DYSBALANCE chez les patients

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AU TENNIS

Revers à une main:

Blackwell/Wei

• Joueurs niveau moyen tapent la balle avec une flexion du poignet (13 ° ) à l’impact puis font une extension  contraction excentrique • Joueurs experts tapent la balle avec une extension de poignet (23 ° ) à l’impact puis accompagnent l’extension en relâchement  contraction concentrique •

Kelley

• Joueurs avec tennis elbow : activité musculaire extenseurs et pronator teres > à l’ impact et après, poignet plus fléchi, vs joueurs sains •

Revers à 2 mains:

• Moins de tennis elbow • Activité extenseurs moindre • Plus facile

Blackwell et al J Biomechanics 1994 Kelley et al AJSM 1994 Elliott. BJSM 2005 Wei et al Clin J Sports Med 2006 Loftice et al. Clin Sports Med 2004 D Smedt et al BJSM 2007 Eygendaal et al BJSM 2007

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FAUT-IL PROPOSER DES EXERCICES SPECIFIQUES?

La réponse est plutôt OUI RAMAN REVUE 2012 CONFIRMÉE PAR CULLINANE EN 2013

• 11 articles, 12 études • 9 études excentrique/concentrique • 2 études Isométrique • 1 étude Isocinétique 

Amélioration substantielle douleur, force de serrage, augmentation fonction

 MAIS dosage optimal variable et non défini et manque études de qualité excellente 

Bien tolérés Cullinane Clinical Rehab 2013 review Raman et al J Hand Ther 2012 review

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QUEL MODE?

•Le mode le plus étudié est

EXCENTRIQUE

revue de Raman avec 9 études/12 •Evidence

MODEREE

dans cette étude •Charge

PROGRESSIVE

•Sur 6 des 9 études:

• Programme de

6 à 12 semaines

• • •

3 fois 10 à 15 répétitions par jour Soit 3j/7 ou 5j/7 ou 7j/7 La MAJORITE: 7J/7 Raman et al J Hand Ther 2012 Revue Peterson et al Upsala J Medical Science 2011 Nilsson P Scan J Occup Ther 2012

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Contraction CONCENTRIQUE: A et B Retour avec bande laxe C et D Contraction EXCENTRIQUE: C et D A et B bande laxe Martinez J Hand Ther 2005

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PETERSON 2014:

• RCT EXC vs CONC • 120 patients • Suivi 12 mois • Douleur contraction/force • DASH/Qualité de vie • 3X 15 répétitions 1X/jour 3 mois • Résultats modestes en faveur EXC •

10% réduction douleur!!

• Fonction et QDV = •

ON PEUT UTILISER LES DEUX Peterson Upsala J Med Sciences 2011 Peterson Clinical Rehab 2014

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EXERCICES SUPERVISES OU AUTO-EXERCICES?

La plupart des publications:

• Apprentissage des exercices par le thérapeute • Vérification de leur réalisation • Puis exercices à domicile • Contrôles lors des séances et adaptation des exercices, des charges • Donner au patient une feuille avec étirements + exercices simples 

OBJECTIF

: responsabiliser le patient 

DIFFICULTE

: compliance du patient (dépend de beaucoup de paramètres)

Raman et al J Hand Ther 2012 Revue Peterson et al Upsala J Medical Science 2011 Nilsson P Scan J Occup Ther 2012

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CHOIX DU TRAITEMENT PROPOSITION DE PRISE EN CHARGE

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CHOIX DU TRAITEMENT

DEPEND:

• Habitudes de chaque thérapeute • Du patient • Du stade de la maladie

FACTEURS DE MAUVAIS PRONOSTIC:

• Haut niveau de douleur au début • Haut score au DASH • Grande demande physique au travail • Douleur concomitante épaule, cou, symptômes neurologiques • Sexe féminin • Age> 40 ans • Longue durée des plaintes • Faible support social et au travail

Haar et al Rheumatology 2003 Waugh et al Arch Phys Med 2004 Khortals de bos et al Pharmacoeconomics 2004 Schmidt et al J Rheumatol 2006 Behrens et al The physician and sports med 2012

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PRISE EN CHARGE

Traitement

« A LA CARTE » et MULTIMODAL

• Intérêt de « classifier » l’épicondylite

FORME BENIGNE

Stade 1 Stade 2

FORME MODEREE

Stade 3

FORME SEVERE

Stade 4

FORME TRES SEVERE

Stade 5 Stade 6 Douleur moyenne après exercice < 24h Douleur après exercice > 48 h se résolvant après un échauffement Douleur pendant l’exercice qui n’altère pas l’activité Douleur avec l’exercice qui altère l’activité Douleur pour AVQ lourdes Douleur pour AVQ légères Douleur intermittente au repos qui ne perturbe pas le sommeil Douleur constante au repos et la nuit Stade 7

Copyright Nirschl 2003 Clin Sports Med adapted by Bellemere and al Maitrise orthopédique.com

Boisaubert Ann Readapt Med Phys 2004 Johnson Am Fam Physician 2007 Orchard BMJ 2011

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Informer le patient

Eviter les mouvements douloureux ou les activités douloureuses, correction geste délétère si possible

Repos relatif

Parfois arrêt de travail pour quelques semaines Première ligne

AINS topiques, per os?

Antalgiques

Glace

Orthèse de poignet

Physiothérapie: MTP, US Etirements, auto exercices

• •

Deuxième ligne Infiltrations Corticoïdes (si douleur ++ ou durée> 3 à 6 mois)

ODC Physiothérapie (idem première ligne) Troisième ligne

PRP/ sang autologue?

Autres injections?

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MESSAGES POUR LA MAISON

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•Le diagnostic de la tendinopathie épicondylienne est un diagnostic

CLINIQUE. Ne pas oublier le diagnostic différentiel.

•La

STRATEGIE OPTIMALE

de traitement de cette tendinopathie n’est pas connue et encore débattue.

•Le traitement est

MULTIMODAL (addition de petits effets)

et dépend: • Du patient • Du thérapeute • Des facteurs pronostiques •La

rééducation et l’auto rééducation

doivent être proposées aux patients en

PREMIERE LIGNE

avec des objectifs clairs et le programme devrait comporter des étirements et des exercices de renforcement plutôt excentrique.

•Les

injections de corticoïdes

peuvent être utilisées pour leur action antalgique de courte durée dans des formes très douloureuses •

Les injections de PRP/Sang autologue

peuvent éventuellement être utilisées mais avec des réserves quand à leur réelle efficacité en l’absence d’études indiscutables. Le dosage optimal n’est pas connu.

EVOLUTION FAVORABLE DANS LA MAJORITE DES CAS

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MERCI POUR VOTRE ATTENTION

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