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Avril 2014
Traduction des titres de THÔT
(COUVERTURE)
Dj’wti l’ibis placé sur son Support,
avec la plume de Maât: shou
(THOT : nom grec de l’égyptien dj’wti)
i
i, t, compléments phonétiques
t
aâ, aâ : deux fois grand
neb : seigneur
8 barres : khm : huit
nou : phonétique
Thot
deux fois grand
seigneur
de khemenou
La ville des huit (ogdoade)
Actuellement : el Ashmounein
déterminatif : lieu
neb : seigneur
seigneur
3 barres : pluriel
et grand dieu
aâ: grand
neter: dieu
S-shou Calame et palette
de scribe : écriture
Des écritures
3 barres : pluriel
Le titre peut se traduire :
Thot, doublement grand, seigneur de Khemnou, maître et grand dieu des écritures.
Thot est le nom grec de Djéouti de la mythologie égyptienne, le dieu lunaire de Khemenou.
Khemenou veut dire cité des huit, c’est l’Ogdoade ou Hermopolis Magna des grecs.
Cité actuellement identifiée avec El Ashmounein dans la moyenne Égypte.
Thot est représenté comme un ibis ou un babouin. Pour les Égyptiens, il est l’inventeur de l’écriture et
du langage. Il est le dieu des scribes, l’incarnation de l’intelligence et de la connaissance.
C’est lui qui préside à la pesée des âmes au tribunal d’Osisris. Anubis pèse le cœur du défunt (siège de
l’âme) qui doit être en équilibre avec la plume " shou ", symbole de Maât et de la justice. Thot note le
résultat afin de décider si l’âme, le ka, peut accéder à la survie dans l’éternité ou si elle est dévorée par
le monstre Ammout qui attend au pied de la balance.
L’image de Thot est une reproduction de la planche 30© du Panthéon Égyptien de J.-F. Champollion
-1-
Docteur CHATELIER Gérard
Ancien Maître de Recherches des Services de Santé des Armées
Petite Histoire de l’Ecriture
Des origines à l’alphabet
L'écriture est la représentation de la parole et de la pensée par des signes graphiques
conventionnels.
Définition du Dictionnaire Larousse
Introduction
Il est inutile d’insister sur l’importance fondamentale jouée par l’écriture sur le développement de l’esprit humain et l’évolution de l’humanité.
Il n’est pas possible en effet, de concevoir actuellement une société d’êtres humains privée
de ce moyen de communication et surtout, de conservation des connaissances, des acquis, de l’expérience.
Les peuples qui de nos jours ne connaissent pas l’écriture, comme les Pygmées d’Afrique ou
certains peuples d’Indonésie ou d’Amazonie, vivent toujours comme au paléolithique (âge de pierre).
L’ensemble de nos activités utilise à chaque instant des échanges de notions, des informations sous forme écrite: Journaux, affiches, panneaux, lettres, télex, SMS….Ces renseignements
nous sont maintenant indispensables.
Le langage parlé ne pourrait se passer du langage écrit, lequel dans ce cas perdrait rapidement son unité et sa cohérence.
Ainsi que l’a écrit KRAMMER, « L’Histoire commence à Sumer » ; en effet, l’Histoire ne peut
se construire qu’à partir de documents écrits, et avant, il s’agit de Préhistoire .
La civilisation et la culture n’ont pu se développer que grâce à l’écriture. Son invention n’a
pu se faire que dans des sociétés bien structurées. Son évolution fut laborieuse et lente. Elle s’est
poursuivie sur plusieurs millénaires, mais correspondait à une nécessité économique et un besoin
spirituel.
Les populations du monde entier utilisent actuellement différentes graphies, chacune étant
adaptée aux caractéristiques de leur langue.
Voici, page suivante, la répartition mondiale des écritures anciennes et modernes en fonction
des langues et des peuples.
D’après « Les collections de l’Histoire »
-2-
Vallée de l’In-
-3-
Très tôt sans doute dans l’évolution, la première communication fut le langage gestuel
et parlé.
On peut imaginer une famille de nos ancêtres magdaléniens, regroupée autour d’un
foyer, à l’intérieur d’une hutte en peau.
Utilisé depuis 500.000 ans environ, le feu n’est maitrisé que depuis 35.000 ans. Il est
allumé avec des pyrites ou des briquets de bois vers –12.000 ans.
Un foyer magdalénien
Illustration Gilles TOSELLO
Ici, l’homme et la femme façonnent des outils sous l’œil attentif des enfants.
Rappelons les grandes inventions fondamentales de l’humanité :
L’outil : du simple bâton à l’arc, le propulseur, la pierre taillée….
Le feu : permet une meilleure alimentation, la survie du groupe, le contact social
Le langage (du clan, de la tribu, de la société), s’est sans doute formé autour des foyers, de
même que la découverte de la terre cuite et poterie, puis l’utilisation des métaux…
La roue : dont les plus anciennes étaient celles des tours des potiers.
L’écriture : qui est le véritable outil de l’esprit.
Elle a permis la gestion de l’activité, puis la fixation de la mémoire, le développement
de l’Histoire, la culture, les techniques...
-4-
Ou ? Dans quelles régions l’écriture s’est-elle développée ?
Il est admis que l’écriture fut inventée en plusieurs endroits du monde, à des périodes
différentes et de façon totalement indépendante.
On peut constater que les lieux où l’écriture a été créée, se situent dans la partie tempérée de
l’hémisphère Nord, non loin du tropique du Cancer, aux environs du trentième parallèle .
Toujours dans des zones cultivables de vallées fertiles et accueillantes, lieux de concentration humaine, favorables à la vie, au développement et aux échanges.
En effet, les plus anciennes écritures ont été trouvées essentiellement en quatre endroits de la
planète :
1 / Plaine alluviale entre le Tigre et l’Euphrate.
Vers - 3.300 : Uruk ( niveau IV b)
Suse (époque proto-élamite) - 3.100 à - 2.800
2 / Vallée du Nil
Etiquettes de la tombe du Roi Scorpion à Abydos ( -3.400 à -3.300 )
Epoque gerzéenne : Ka, Den , Narmer vers -3.100
3 / Vallée de l’Indus
Culture harappéenne ( Harappa et Mohenjo-Daro ) entre - 2.200 et -1.700
4 / Plaine du Hunan, en Chine à 500 Km au sud de Pékin
Ecriture oraculaire : Dynastie des Shang ( de -1.500 à - 1.029 )
Les Crétois les Cypriotes et les Hittites ( sur le plateau de l’actuelle Turquie), ont également
développé une écriture particulière, mais sans doute inspirée par celles qui existaient déjà.
En Amérique centrale les Mayas, puis les Aztèques inventent une graphie tout à fait originale
dont l’évolution fut malheureusement stoppée de façon brutale et prématurée par l’arrivée des
conquistadors.
Du signe à l'écriture
Pascal VERNUS
-5-
Les marques
Les premières traces, annonçant la « proto écriture », consistent en des marques de comptage
ou d’identification et qui remontent à -30.000 ans.
C'est-à-dire que depuis fort longtemps et bien avant les premiers écrits, l’homme a voulu
compter.
Dès le paléolithique supérieur, on trouve des os entaillés de ce genre :
Naissance de l'écriture m
(à gauche) Ces pièces sont datées de l’aurignacien (-30.000 à -20.000)
et (à droite) du magdalénien (-19.000 à - 2.000)
Certains auteurs ont interprété les mains négatives avec doigts repliés , que l’on peut voir sur
certaines gravures rupestres, comme une forme d’écriture du langage gestuel.
Voici un autre exemple de marques de comptage :
Dans l’abri BLANCHARD en Dordogne, un os travaillé pourrait représenter, d’après MARSHACK,
un « calendrier lunaire » ! Hypothèse aussi hardie qu’intéressante car l’âge de la pièce remonte à
l’aurignacien, c'est-à-dire 25.000 ans avant Jésus Christ.
- 6-
Proto écriture rupestre
Les signes abstraits que l’on retrouve
dans l’art pariétal sont-ils des précurseurs de
l’écriture ? Certains érudits l’affirment.
Dans la grotte de Lascaux, datée du
magdalénien (environ -16.000), on remarque
au dessus de la tête du taureau de la Rotonde,
un groupe de signes non figuratifs : trois barres encadrées de trois ponctuations. Ils ont été
dessinés intentionnellement, mais que représentent-ils ?
Certains spécialistes ont qualifiés ces
signes de « Proto écriture ».
Voici un autre exemple de proto écriture :
Une association de cerfs et de saumons a été gravée sur un bois de renne trouvé dans la
grotte de LORTHET (Basses Pyrénées), et datée également du magdalénien.
Cela est caractéristique de l’activité de chasse et de pêche de la fin du paléolithique.
Mais, l’artiste a gravé deux losanges contenant chacun un trait (au dessus du cerf).
Le caractère intentionnel de ces signes abstraits ne fait aucun doute. Mais, dans cet
exemple également, leur signification nous échappe, et d’ailleurs ne devait sans doute pas
dépasser le cadre culturel du groupe local.
-7-
Révolution néolithique
Vers -10.000 ans, se produisit une modification importante du comportement humain.
Jusque là, l’homme vivait en petits groupes, de chasse, pêche et cueillette et se déplaçait sans cesse pour trouver la nourriture. Cela depuis des milliers d’années; cette période est
appelée le paléolithique.
Après les dernières glaciations (WURM IV), le climat se radoucit et certaines régions
deviennent accueillantes comme la plaine entre le Tigre et l’Euphrate, les vallées du Nil et
de l’Indus.
Peu à peu les hommes vont abandonner leur vie nomade et s’y fixer.
Ils commencent à domestiquer des animaux : moutons, chèvres, porcs, bovidés.
Ils cultivent certaines plantes : le riz, l’ancêtre du blé, l’olivier, la vigne.
Ils construisent des abris permanents, puis leurs premières cités à :
ERIDU (Irak)
JÉRICHO (Palestine)
SUSE (Iran)
ÇATAL HÛYUK (Anatolie)
Cela à commencé vers -8.500, -7.000 et fut appelé : la « Révolution néolithique ».
Cette coupe en stéatite sombre exhumée à Ur et datée du IVème millénaire avant J.C.
symbolise bien l’activité des anciens mésopotamiens : élevage et culture, illustrée par une
fresque de bovins et d’épis de blés. Véritable symbole du néolithique.
Iraq Museum
-8-
Première Bande Dessinée
Un panneau connu sous le nom d’« Étendard d’Ur » fut découvert lors des fouilles dans
le cimetière royal d’Ur en Irak.
Il représente des personnages en incrustation de coquillages et de lapis-lazuli sur fond de
bitume.
Sur une face des soldats en armes, c’est La Guerre
Sur l’autre face (ci-dessous), des cultivateurs conduisent du bétail et portent des produits
divers, activité caractéristique agricole et économique du pays de Sumer : c’est La Paix.
British Museum
En réalité ce panneau est postérieur au début de l’écriture, mais celle-ci n’était pas encore
suffisamment évoluée et pratique pour écrire une histoire. Pour cela, les narrateurs et artistes ont
préféré confectionner une sorte de "bande dessinée", comme le fut la tapisserie de Bayeux beaucoup plus tard.
Toutefois, l’Etendard d’Ur, qui date de 2.500 avant Jésus Christ, peut être considéré comme la première « B.D. » du monde.
- 9-
Début de la gestion sociale
Ainsi, l’homme devient cultivateur, éleveur, bâtisseur, soldat, et cela implique une
administration.
Il faut organiser la gestion des récoltes, des animaux, les répartitions, les échanges commerciaux, les attributions des terres, les travaux d’irrigation, les constructions, les défenses de la société, les salaires des
premiers fonctionnaires…. Une foule de problèmes a du être résolu.
Et cela ne pouvait pas se faire sans une notation des choses : quoi, combien, à qui, pour qui…
Il a donc fallu tenir une comptabilité de salaires, jours de travail, mesures de grains, de poissons,
de quantités de moutons, d’ânes de vaches, de peaux tannées etc.
Voici une scène probable de cette époque.
Un scribe, assis dans une cour près de
la Ziggourat d’Ur, enregistre l’arrivée de
sacs de grains. La quantité, nature et provenance étaient notées sur deux tablettes d’argile. L’une servait de reçu au donateur, l’autre était conservée dans la bibliothèque du
temple.
Ces temples, dédiés à une divinité et
placés sous sa protection servaient d’entrepôt, de centre de répartition.
Les Premières civilisations Time-Life
En effet, sur les premières tablettes, déchiffrées à grand peine, sont notés des mesures de grains, des
quantités d’ânes, de peaux de chèvres, des salaires d’ouvriers...
- 10 -
Proto écriture pictographique
C’est une écriture pictographique, que l’on trouve sur les plus anciennes tablettes.
À ce stade, ce sont des dessins rudimentaires tracés à la pointe, sur l’argile encore molle.
Exemple de tablette de ce type, datée de la fin du IVème millénaire (-3.500 à -3.330)
Voici par exemple, l’une des plus anciennes
tablettes sumériennes à écriture pictographique.
Elle ne peut être déchiffrée, mais est interprétée comme une liste de noms propres et d’un
propriétaire (le signe de la main).
Peut-être s’agit-il d’une sorte d’étiquette
avec un compte, concernant un propriétaire et des
salariés ?
Les trois encoches sont des indications numérales. On reconnait une main, des plantes. Le
losange avec deux traits est probablement le signe
Ki : la terre. Le signe en forme de râteau signifie
sans doute grand avec la valeur phonétique : gal.
Cette tablette est certes primitive, mais bien
avant ont été utilisés des cachets, des sceaux, des
jetons comptables.
Sceaux et cachets néolithiques
Tablette pictographique archaïque
Début du IIIème millénaire avant J.C.
Musée du Louvre
Bien avant l’invention de l’écriture, on utilisa dès le début du néolithique des sceaux en bois, pierre, terre cuite, comme marque de reconnaissance et de propriété. Chacun est orné d’incisions particulières et certains ont une poignée avec un trou, sans doute pour y passer un lacet et le conserver sur soi.
De la taille d’un bouton de
veste, ceux-ci proviennent du
nord de la Mésopotamie.
L'Orient Ancien
BARTHEL HROUDA
Les couvercles des récipients, les sacs, les portes, étaient « plombés » par un cachet d’argile sur
lequel la marque du sceau était appliquée. Cela attestait la propriété, l’origine des denrées ou du travail
fourni.
Sceaux, cachets et tampons sont toujours utilisés de nos jours.
- 11 -
Usage des sceaux
Musée du Louvre
Sceau-cylindre à droite, et son empreinte à gauche
XXIV-XXIII siècle av. J.-C.
Vers -3.000, les sceaux plats sont peu à peu remplacés par des sceaux cylindres.
Ce sont souvent des petits cylindres de pierre dure sur lesquels l’artiste a gravé en
« intaille » un motif qui se reproduit en relief, comme une bande sans fin, lorsqu’on le déroule
sur de l’argile molle.
Non seulement les habitants de la Mésopotamie, mais aussi les peuples voisins ont apposé
leurs cachets sur les actes, alors que l’argile était encore fraîche. Les témoins ayant assisté à
leur rédaction, les fonctionnaires, déroulaient également leurs cylindres personnels.
Musée du Louvre
Différents cachets et leurs empreintes.
Ci-dessus : sceau cylindre d’un médecin
babylonien, orné de l’image d’un sphinx.
VIème siècle av. J.C.
Ces cylindres étaient percés d’un trou pour permettre le passage d’une cordelière qui servait de
moyen de suspension et permettait de rouler le cylindre pour en imprimer la gravure.
En même temps amulette et signature, le sceau ne devait jamais quitter son propriétaire qui
l’emportait dans sa tombe.
Les gravures de ces sceaux sont parfois d’une grande qualité artistique et leur étude s’appelle
la « glyptique ».
- 12 -
Des calculi aux jetons comptables
Les fouilles des anciennes cités en Mésopotamie, ramenaient souvent des petits jetons en terre
cuite, de formes diverses et dont la fonction paraissait énigmatique.
Ils ont longtemps été classés dans les musées, comme pièces de jeu, pions ou amulettes.
Les plus anciens précurseurs de l'écriture
Denise Schmandt-Besserat
Scientific American Août 1978
Ces jetons d’argile ci-dessus ont été trouvés à Suse et sont datés d’environ 5.000 ans av. J.C.
Ceux de la première colonne représentent les formes les plus courantes : billes, demi-sphères, disques,
cônes, tétraèdres ...
Les autres portent des empreintes : incisions, perforations.
En fait, ces jetons servaient à des opérations de comptabilité; on mentionnait leur « dépôt », leur
« transfert », leur « retrait ». Il s’agit donc de jetons comptables, sortes de calculi évolués.
Mais le plus intéressant est que la forme de certains jetons est comparable aux premiers pictogrammes sumériens qui ont précédé l’écriture cunéiforme.
Des jetons aux pictogrammes
Denise SCHMANDT-BESSERAT a classé les jetons comptables en 15 catégories principales : sphères, disques, cônes, tétraèdres, etc.
Douze sont représentées ici en correspondance avec les signes qui apparaissent dans les premières inscriptions sumériennes. La forme de ces jetons semble
bien en rapport avec une indication qualitative, c’est à dire la nature du produit. Et leur taille ou leur perforation serait une indication quantitative. Il y a bien
à ce stade un essai d’indiquer en même temps quoi et combien . Ce qui n’est guère possible. Toutefois, les jetons sphériques et coniques correspondent
exactement aux empreintes numériques retrouvées en surface des bulles et utilisées ensuite pour la numération.
Les plus anciens précurseurs de l'écriture
Denise Schmandt-Besserat
Scientific American Août 1978
-13-
C'est-à-dire : pour l’unité une petite tige ou un petit cône, qui donnera l’empreinte numérale 1 (petite encoche)
Un grand cône = 60 (grande encoche)
Une petite bille = 10 (ou empreinte discoïde plate)
Une grande bille = 100 (empreinte discoïdale plus grande)
- 14 -
Les Bulles
Des chiffres et des signes sur l'argile
Alain LEBRUN et François VALLAT
Dossiers Histoire et Archéologie n° 138 Mai 1989
Pour grouper les jetons comptables concernant une transaction, on eut l’idée de les enfermer dans
un petit sac d’argile appelé « bulle », sur laquelle une empreinte de sceau cylindre est déroulée, et recouvre sa surface. On distingue trois types :
Bulles du premier stade Ce sont les plus anciennes. Elles portent simplement l’empreinte de un ou
deux sceaux cylindres, avec les jetons à l’intérieur.
Bulles du deuxième stade Identiques aux précédentes; mais sont ajoutées en surface des empreintes numérales, de même valeur que les jetons contenus à l’intérieur. Cette valeur est donc lue directement sur la bulle fermée.
Pour les bulles du troisième stade sont ajoutés des pictogrammes qualitatifs.
Par exemple : 145, puis le pictogramme : sac de blé. Autrement dit, on sait exactement ce que contient la
bulle ( quoi et combien ), qui n’est cassée qu’en cas de contestation.
A ce stade on s’aperçoit que la présence des jetons est superflue puisque leurs dessins sont reportés à la surface de la bulle. Elles seront alors peu à peu, remplacées par des tablettes d’argile dont les
plus anciennes continueront à être bombées pour rappeler les bulles.
C’est ainsi que peut se résumer la longue évolution des bulles avec jetons, aux tablettes de comptabilité.
- 15 -
Autres exemples de tablettes pictographiques
Voici une tablette proto sumérienne de la période de DJEMET NASER (vers -3.000)
Elle se lit toujours de gauche à droite et de haut en bas. Le texte ne peut être complètement traduit.
Il s’agit d’une distribution ou allocation pour 40 hommes et pour 5 jours.
On repère le signe
= jour
et le signe
= ouvrier
Jour 1
(Premier jour)
5 ouvriers
Jour 2
(deuxième jour)
Jour 3
5 ouvriers
(troisième jour)
15 ouvriers
(10+5)
Musée du Louvre
Un autre exemple de tablette économique provenant de TELLO (Irak) vers 2.350 av. J.C.
Il s’agit d’un compte de moutons, de chevreaux, de peaux...
166
On peut identifier sur la tablette des signes de numération et quelques pictogrammes
- 16 -
Des pictogrammes aux cunéiformes
Origine et évolution de 13 signes cunéiformes
des pictogrammes aux proto cunéiformes puis aux cunéiformes.
D’après C.B.F. WALKER ; J. GELB ; S.N. KRAMMER ;
Époque
Phonétique
- 3.300
« Naissance de l’Ecriture » (m) ;
-2.800
- 2.000
et Musée d’Alep
- 700
signification
dingir
dieu (d)
lugal
roi
lu
homme
ki
terre
a
eau
?
esclave ( f.)
utu
soleil, jour
sag
tête
ka
bouche,
parole
ki, ha
poisson
gud, alpu
ab
bœuf
she
sheum
ku
vache
grains :
blé, orge
manger
- 17 -
Cunéiformes sumériens et akkadiens; leurs tracés
On a pu retrouver l’évolution de la plupart des signes depuis les pictogrammes initiaux jusqu’aux
cunéiformes. Cette évolution s’est poursuivie pendant plus de 2.500 ans !
Les premiers pictogrammes sont plus ou moins figuratifs et linéaires c'est-à-dire tracés avec un
stylet pointu. Mais comme il est difficile de faire un dessin au trait dans l’argile, les scribes ont eu alors
l'idée d'imprimer chaque dessin avec une suite de traits, au moyen d’un calame ou poinçon, dont un côté est taillé en forme de biseau. L’autre côté est rond pour imprimer les signes numériques. Ils étaient
faits en roseau, en os ou en bois.
Reconstitution probable des outils des scribes sumériens de l’époque archaïque
D'après Georges IFRAH , Histoire Universelle des Chiffres
Les signes de base de ces impressions sont très simples, seulement 3 :
Petite encoche:
grande encoche:
et chevron:
Ces encoches avaient la forme de clous ou de coins, d’où leur nom : cunéiforme
Les cunéiformes sont faits de la combinaison de ces trois signes pouvant être horizontaux verticaux
ou obliques. Au début les scribes écrivaient de haut en bas et de droite à gauche et l’écriture se lisait en partant de la droite, puis, pour des raisons de commodité le scribe tient sa tablette de plus en
plus inclinée à gauche. Finalement ces tablettes seront écrites et lues de gauche à droite en partant
du haut, comme nous le faisons.
- 18-
Clous et empreintes numérales
Ainsi deux calames suffisaient au scribe pour imprimer les « clous » et empreintes numérales.
Les empreintes numérales sumériennes étaient obtenues avec la partie ronde du calame
= 1
= 10
= 60
puis
= 3.600
= 600
puis
= 36.000
Vers 2.700 av. J.C. les empreintes numérales (encoches et circulaires) furent remplacées par
des « clous »
1/2
1
10
60
600
3.600
D’après « Histoire universelle des chiffres » de Georges IFRAH
36.000
- 19 -
Tablette sumérienne pictographique
1 âne
2 anes
Homme (lu)
(monsieur)
1 âne
Signe du Dieu
Signe de la peau tannée (kush ou su), ici redoublée, donc employée avec sa valeur phonétique
Pour noter un nom propre : Monsieur A-su-su (?)
(dingir)
Tablette économique du troisième millénaire (Tello environ 2.360 av. J.C.) concernant des
ânes de charrue à atteler.
Se lit de gauche à droite, et de haut en bas dans chaque colonne.
Il s’agit de répartition d’ânes d’attelage à divers personnages, dont un cultivateur, un forgeron, un corroyeur.
On reconnait le signe de l’âne
Le signe dieu :
Le signe kush de la peau tannée
a ses oreilles, sa longue tête et son cou.
le signe homme :
utilisé ici avec son sens phonétique de shu
Il s’agit ici d’un des premiers cas de passage de l’idéogramme au phonogramme
- 20 -
Bibliothèque et cachet tampon
Ces tablettes de comptabilité étaient archivées sur des rayonnages dans une sorte de bibliothèque.
Or, la plupart étaient simplement séchées au soleil. Des guerres, des incendies ont ravagé plusieurs fois
ces antiques cités. Les tablettes se sont trouvées cuites par le feu et ainsi miraculeusement préservées au
lieu de tomber en poussière.
Au deuxième millénaire, le Palais royal d’EBLA (Sud d’Alep, Syrie) contenait les archives de l’Etat :
environ 17.000 tablettes ont été retrouvées là, et racontent 140 ans d’Histoire.
Plusieurs milliers de tablettes ont également été retrouvées à NINIVE, et NIPPUR (Sud de Bagdad).
Elles concernent différents domaines:
Devoirs d’écoliers;
Tablettes lexicales c'est-à-dire
dictionnaires bilingues entre
akkadien et sumérien;
Contrats;
Œuvres littéraires, (hymnes,
épopées, proverbes, fables,
recettes, pharmacologie etc.)
Chroniques. Mais aussi des
Codes de Lois. La plus ancien
serait celui d’URNAMMU :
2.100 av. J.C.
Les cachets tampons à
poignée arrondie tels que celui
représenté ici, étaient utilisés
par les maçons mésopotamiens
pour marquer les briques qui
entraient dans la construction
des temples et édifices royaux.
Plan et restitution d'un dépôt d'archives retrouvé dans le palais d'Ebla, selon
P. Matthiae, Cuneiform Archives.
Les tablettes étaient classées debout sur une tranche, la première en appui
contre le mur puis les autres en continuant le file vers le bord de la planche, de
sorte que le bras puisse atteindre la plus éloignée sans difficulté
On reconnait le signe du
roi : (lugal)
dieu, l’étoile (dingir)
terre, terrain (ki)
Ce sceau a été utilisé pour le Temple d’ENLIL à
Nippur vers -2.200 av. J.C.
Ainsi, les sumériens avaient déjà inventé l’imprimerie !
University Museum Pensylvanie
- 21 -
Brique de fondation d’un temple sumérien
Reproduction du texte, imprimé dans l’argile encore molle, d’une brique de fondation d’un temple
sumérien .
Provenance : ERIDU, TELL EL OBEID (rapportée d’Irak par l’auteur) ; fin du troisième millénaire.
Se lit de droite à gauche :
Au dessus, dans les colonnes, phonétique probable, (D. pour dingir = Dieu) .
Dans les colonnes en dessous : traduction littérale
Traduction en français moderne :
Amar-Sin (1) appelé par le Dieu Enlil
Le protecteur du temple d’Enlil
Le Roi fort, le Roi d’Ur, le Roi des Quatre Régions
Pour Enki, son maître bien aimé
A construit l’Apsu (2).
Traduction de Béatrice ANDRÉ-LEICKMAN (Musée du Louvre)
(1) Amar-Sin ou Amar-Souéna, roi de la troisième dynastie d’Ur,
fils du roi Shoulgi, régna sur Sumer de 2.057 à 2.048 av. J.C.
(2) Apsu : Temple du dieu sumérien Enki, divinité des eaux et de la
sagesse
- 22 -
Premières lettres et enveloppes
Au XIXème siècle av. J.C. les marchands assyriens écrivaient
leurs correspondances sur des tablettes, elles-mêmes enfermées
dans des enveloppes, également en argile, où était noté le destinataire. C’étaient les premières lettres.
Photo à droite : on peut voir sur la partie de l’enveloppe brisée, l’empreinte d’un sceau cylindre attestant l’origine de l’expéditeur.
Le type d’écriture utilisé dans cette correspondance n’emploie qu’un nombre restreint de signes, mais imprimés hâtivement
et le résultat nous paraît confus.
La traduction exige une transcription préalable, par un spécialiste,
en caractères plus lisibles.
Le Code d’Hammourabi
L'Orient Ancien, Barthel Hrouda
Ces lois, ancêtres du code pénal et administratif, ont été gravées
sur une stèle de diorite de 2 mètres 20 de haut et de forme plus
ou moins cylindrique. C’est une suite de 280 paragraphes écrits
en cunéiformes très soignés, de décisions à prendre pour résoudre des problèmes juridiques et administratifs.
14 13
12
11
10
9
8
7
6
5 4
3
2
1
D'après C.B.F. Walker, Reading the past Cuneiform
Musée du Louvre
Voici la traduction du passage cité, connu sous le nom de « Loi du talion » : œil pour œil, dent pour dent
Colonnes 1 à 5 :
Si un homme crève l’œil d’un autre homme, on lui crèvera un œil.
Colonnes 6 à 9 :
S’il casse l’os d’un autre homme, on lui cassera le même os.
Colonnes 10 à 14:
S’il crève l’œil d’un esclave ou casse l’os d’un esclave, il devra payer une mine d’argent.
( une mine = 570 grammes )
- 23 -
Diffusion de l’écriture cunéiforme
Les Sumériens ont disparu au milieu du deuxième millénaire, mais pas leur écriture qui fut reprise
par les Babyloniens, puis par les Akkadiens qui l’adaptèrent à leur langue sémite. Après le passage de
l’écriture au stade phonétique, qui s’est opéré avec les Sumériens, son usage se développe. On trouve
des bibliothèques ou les tablettes sont archivées, des lettres dans leur enveloppe, des dictionnaires bilingues et, apparaît une littérature variée où l'on trouve des chroniques, des œuvres littéraires et juridiques.
Le sumérien ne se parle plus, mais sera conservé comme langue diplomatique (comme cela le fut
chez nous pour le latin), et ainsi pendant plus de 2.000 ans.
Voici la Carte de la diffusion de l’écriture cunéiforme, qui aura noté au cours de siècles plusieurs
langues sémites ou non, jusqu’à l’Araméen et le Vieux Perse, en Syrie, Iran, Turquie.
Carte de diffusion
de l’akkadien
Diffusion
de l’écriture
cunéiforme
Naissance de l'écriture m
Les souverains achéménides : Cyrus, Darius, Xerxès utilisèrent un syllabaire persépolitain écrit
en caractères cunéiformes entre -500 et -330 . Ensuite, l’usage des cunéiformes va s’éteindre, et sera
remplacé par l’écriture alphabétique araméenne (phénicienne) beaucoup plus simple et pratique.
Ainsi, les cunéiformes auront noté : le Sumérien, l’Akkadien, le Babylonien, l’Assyrien,
l’Eblaïte ( III° millénaire en Syrie), l’Elamite (II° millénaire en Iran), le Hourrite ( II° millénaire, nord
Mésopotamie et Turquie), et bien d’autres : Ourartéen, Louvite, Palaïte, Hittite, Amorite, Araméen,
et Vieux Perse ou Persépolitain.
- 24-
Hiéroglyphes primitifs
Classiquement, on décrit l’apparition de l’écriture en
Egypte, quelques centaines d’années après Sumer, c'est-àdire vers -3.000 av. J.C. En effet, les textes les plus anciens
connus, tracés en hiéroglyphes, étaient d’emblée très élaborés. Dès le début tous les éléments sont en place et la forme
des pictogrammes est identique aux formes les plus tardives.
Il ne semble pas y avoir eu, en Egypte, l’équivalent de cette
longue évolution des jetons comptables aux cunéiformes .
La mise au point de cette écriture égyptienne a dû se faire très rapidement sans stades
intermédiaires.
Or, des découvertes récentes ont mis à jour,
dans la tombe du roi « Scorpion »,
à Abydos, quelques tablettes portant
des pictogrammes,
interprétés par les
spécialistes comme
des hiéroglyphes
primitifs.
Tablettes-étiquettes avec hiéroglyphes
primitifs trouvés dans la tombe du
Pharaon « Scorpion » à Abydos.
Date estimée vers 3.300 avant Jésus Christ
Ces tablettes sont à l’étude et on ne peut les
traduire. Il s’agit de petites étiquettes avec un trou
pour les grouper au moyen d’un lacet. Elles pourraient noter des marques de propriété, des inventaires de tributs, des taxes…?
La datation précise est difficile, mais devrait
se situer entre - 3.400 et - 3.200 av. J.C.
Si l’on admet qu’il s’agit de hiéroglyphes primitifs, cela ferait reculer de plusieurs centaines
d’années le début de l’écriture en Égypte qui pourrait ainsi être apparue en même temps, voire avant,
celle de Sumer.
G. DREYER/GERMAN INST. OF ARCHEOLOGY. CAIRO
- 25 -
Les hiéroglyphes égyptiens
Peu après la naissance de l’écriture en Mésopotamie, qui passa par plusieurs stades, on voit
apparaître dans la vallée du Nil, l’écriture hiéroglyphique des Égyptiens, et cela vers 3.000 av. J.C.
Mais là, nous l’avons vu, il n’a pas été trouvé de stades de formation. Cela est étonnant car cette
écriture semble parfaitement constituée d’emblée. Ce qui a fait dire à certains qu’elle se serait formée ailleurs ! Pour les Egyptiens, l’écriture a été inventée par le dieu Thôt.
Ici, chaque signe est un pictogramme, c'est-à-dire un petit dessin soigné de quelque chose de
connu (plante, oiseau, outil…) et ces dessins garderont leur forme et leur valeur durant 3.000 ans !
Ils sont tracés ou gravés sur différents supports : pierre, bois, et papyrus lequel est fabriqué
tout exprès.
Voici un exemple de texte hiéroglyphique au dos d’une statue de la 18ème dynastie (-1.400)
Noter ici, le sens de l’écriture :
de haut en bas et de gauche à droite sur les colonnes 1 et 2.
Et de droite à gauche sur les colonnes 4 et 5. En effet, l'esthétique de la disposition était prioritaire.
Il s’agit ici d’une formule d’offrande commençant par « hetep di nesou » : C’est un bienfait
que le roi donne. Qui est répété deux fois.
t
di
nesou
hetep
s
b
k
sebek
Râ
neb
sou
w
soun
n
C’est un bienfait
Que le roi donne
Sebek
(divinité crocodile )
Seigneur
de Soun
Déterminatif de cité
1
2
3
4
5
Brooklyn Museum
- 26 -
Les hiéroglyphes
On a répertorié environ 750 signes différents correspondant à :
des personnages et parties du corps humain
des animaux et parties d’animaux
des plantes, ciel, terre, eau
des édifices, bateaux, mobilier, outils, armes, etc.
La liste de Gardiner dans « Egyptian Grammar » fait référence. Chaque signe y est
noté par une lettre et un numéro.
Le mot hiéroglyphe vient du grec : hiéros = sacré, et glyphein = gravé, tracé.
Les égyptiens les appelaient:
medou neter c'est-à-dire : marques divines
Ces signes peuvent avoir :
¤Une valeur phonétique (140) et notent
des consonnes simples (26)
des monosyllabes
des pluri syllabes (doubles et triples)
¤ Une valeur de complément phonétique
¤ Complément sémantique ou déterminatif
dans ces cas, se prononcent pas
Environ 26 à 28 signes , que nous voyons ici, sont alphabétiques et notent des consonnes
simples. Ils sont parfois appelés : Alphabet égyptien
Nous y reviendrons plus loin.
l
Alphabet Egyptien
Très tôt apparaît une écriture en hiéroglyphes cursifs, c’est le hiératique ou écriture des
prêtres. Puis, tardivement, apparaît une écriture abrégée, ligaturée où les hiéroglyphes ne sont
plus reconnaissables, c’est le démotique, écriture linéaire où les signes sont liés.
Pour déchiffrer ces textes il est indispensable de les transcrire en hiéroglyphes classiques, ce que seul un spécialiste peut faire.
- 27 -
Ainsi, les hiéroglyphes sont des pictogrammes, c'est-à-dire des petits dessins, parfois très soignés représentant une chose, un objet connu que chacun peut identifier et nommer. Et la valeur phonétique du hiéroglyphe est tout simplement la première consonne ou syllabe, du nom de ce qui est dessiné; à condition
évidemment, de parler l'égyptien ancien. Comme si en français, la lettre S, dessinée en forme de serpent
pour se prononcer S comme serpent.
Quelques exemples d'hiéroglyphes phonétiques :
«
F
y
±
Ð
ª
K
¼
l'avant bras se prononce àt et note le son : à
filet d'eau : nt, se lit : n
l'œil : irt, se lit : ir
;
;
la main : drt se lit : d ;
Plume d'autruche : shwt se lit shou ;
Vipère à cornes : ft pour le son : f ;
faucille : maâ
se lit maâ
corde pour entraver un animal : th ;(id)
œ
w
¾
ˆ
À
Q
°
cobra : djt, se lit : dj
le visage : hr se lit : hr
la jambe, le pied : bw note le son : b
Noeud de sandale : ankh
siège : st se lit : st
la houe : mer
galette de pain : t
Les mots égyptiens sont parfois suivis et complétés par un hiéroglyphe idéogramme qui précise le sens
du mot ou de la phrase et dans ce cas ne se prononce pas. C'est un déterminatif sémantique.
Exemples d'hiéroglyphes déterminatifs :
%
C
x
¤
ä
<
‚
¶
adoration, priéres
joie, jubilation, hauteur
cheveux, couleur, chagrin
négation
plante, fleur
désert, étranger (pays, personne)
ville, cité
vent, naviguer vers le sud
- 28 -
Plaque de Ouahibré
Ce fragment de schiste porte un texte en hiéroglyphes gravés en trois colonnes.
Il se lit de la droite vers la gauche, à la rencontre des êtres vivants représentés: ici, une
chouette, un lièvre et une vipère à cornes.
L’inscription combine les trois types de signes possibles : phonogrammes, idéogrammes et
déterminatifs.
Elle se traduit : Le chancelier Ouahibré Ounnefer.
Le chancelier étant le préposé au sceau. Comme beaucoup de patronymes égyptiens,
"Oua-Hib-ré-Oun-nefer" est fait d’une phrase : « Stable est le cœur de Ré, être parfait », laquelle en général n’est pas traduite.
Sens de la lecture
Musée du Louvre
Naissance de l'écriture (m)
Traduction de
Christiane Ziegler
Colonne
de droite
Milieu
Signe et transcription
Type de Signe
Prononciation
Traduction
mer
2 signes son
alphabétiques
mer
le préposé
signe son
syllabique
hetem
au sceau
Idéogramme:
dieu soleil
ré
Signe son syllabique
ouahibré
Râ
stable
cœur
(Le signe du soleil
Rê est placé en
premier par
« antéposition
Cartouche ou s’inscrit
honorifique »)
un nom royal
Idéogramme : cœur
Signes son : syllabique
et alphabétique: n =
complément phonétique
Colonne
de gauche
Signes son : syllabique
et alphabétique f et r =
compléments phonétiques
( Stable est le
cœur de Rê )
oun
être
nefer
parfait
- 29 -
Cartouche de Ramsès II
XIX dynastie (1279 - 1212 B.C.)
ème
Disque rê avec
double uræus
dšrt couronne blanche
(Basse Egypte)
ankh
bit
nisou’t bit’t
Roi de la Haute
et de la Basse
Égypte
nisou
h’djt couronne rouge
(Haute Egypte)
Ouadjt cobra de l’uræus
neb taoui
Maître des
deux terres
neb
ta oui
rê
sa rê
Fils de Rê
sa
t
t
rê
ouser
maât rê
a, i
m’n
n
Fort de la
justice de
Rê
ouser
meri
n
am’n
Aimé
d’Amon
meri
maât
rê
rê
Setep n rê
mes
setep
Né de
Rê
Choisi par
Rê
n
rê
mes s
s
- 30-
La Pierre de Rosette
Stèle de basalte noir mise à jour par les troupes
françaises qui creusaient des tranchées aux
abords de Rachid, alias Rosette,
durant l’expédition de
Bonaparte en Egypte
en 1799.
Déchiffrement des hiéroglyphes
Cette stèle porte une inscription trilingue :
Hiéroglyphes (en haut), démotique (non figuré ici), et grec (en bas).
Elle a servi de point de départ à Champollion pour déchiffrer les hiéroglyphes jusque là mystérieux.
Cela grâce à son érudition et parfaite connaissance du grec et du copte (forme tardive de l’égyptien).
Dans le texte grec il avait repéré le nom de Ptolémée (en grec : Ptolemaïo et en copte : Ptolmys )
Dans le texte égyptien, ce nom devait se retrouver dans les cartouches, supposés contenir un nom royal.
Ici, ce nom de Ptolémée est encadré en rouge dans la reproduction.
- 31-
Déchiffrement des hiéroglyphes
Ainsi, Champollion avait repéré le nom de Ptolémée dans le texte grec
Ce même nom devait être inscrit dans le cartouche
Transcrit et retourné ici pour être lu
de gauche à droite
Sur une autre inscription il avait repéré
le cartouches de: Cléopâtre
Ces noms ont en commun quatre sons ,
correspondant à 4 signes :
P
O
L
Le T pouvant être :
ou
( signes homophones?)
Il déduisit alors la valeur phonétique des autres signes, ce qui lui donna 12 phonogrammes.
P
T
O
L
M
K
Y
O
I
L
S
P
T-D
A
R
A
Avec ces premiers signes déchiffrés, Champollion put lire un troisième cartouche où il put
décrypter le nom d’ALEXANDRE :
A
L
K
S
E
N
D
R
S
Ensuite, Champollion rassembla le plus de cartouches qu’il put des périodes tardives :
ptolémaïques et romaines et arriva à en déchiffrer 80. Cela lui permit d’augmenter le nombre
de phonogrammes connus, déterminer les signes homophones, et d’entrevoir les signes complémentaires et déterminatifs.
Grâce à lui, le déchiffrement des hiéroglyphes avait grandement démarré.
Mais le fait de lire des noms royaux sur des cartouches n’était qu’un début et la traduction des textes égyptiens et la connaissance de la langue font toujours l’objet de travaux et de
recherches.
- 32 -
Ecriture chinoise
A des milliers de kilomètres de l’Égypte et de façon totalement indépendante, l’écriture fut
inventée dans la plaine du Hunan en Chine.
Les plus anciennes inscriptions datent de la dynastie des Chang ( -1.400 ).
Ce sont des inscriptions divinatoires gravées sur carapaces de tortues (image ci-dessous)
ou omoplates de bœuf. Ensuite, l’os était chauffé et les craquelures
étaient interprétées comme réponses aux questions posées.
Au cours du temps, les pictogrammes chinois ont été tracés sur
différents supports :
Sur écaille (XII ou XIème siècle av. J.C )
Sur bronze (vers le VIIIème siècle av. J.C )
Des sceaux sur pierre ou ivoire (écriture sigillaire)
Des caractères classiques tracés au pinceau sur papier, tissus,
bois…
Mais les signes de la période Chang sont limités en nombre, ne
dépassent pas 2.500 et, à cette époque, le pictogramme initial est encore reconnaissable.
Ces caractères ont évolué, depuis les pictogrammes primitifs jusqu'aux idéogrammes actuels.
Récemment, en 1956, le gouvernement communiste chinois a
décidé la simplification de certains caractères.
Les Peuples Conquérants Time-Life
Les langues chinoises sont monosyllabiques, et chaque syllabe est affectée d’une modulation tonale .
En réalité, trois dialectes « mandarin » sont parlés à
Pékin et dans la majeure partie de la Chine, et six dialectes
dans le sud et sud-est. Il n’y a pas d’intelligibilité entre les
locuteurs des dialectes mandarins et les autres, mais tous
peuvent lire et comprendre le même texte, même s’ils l’énoncent différemment.
Cela est possible parce que l’écriture chinoise est faite
d’idéogrammes et non de phonogrammes.
Ces idéogrammes ont une origine pictographique qui
reste parfois reconnaissable dans certains signes.
Ci-contre l’origine probable de certains caractères
simples
Ils représentent à la fois un mot et un son. En effet,
plus de 90% des mots chinois sont monosyllabiques, il y
aurait donc beaucoup d’homophones, mais la langue chinoise est tonale.
Par exemple, il y a 18 façons de « chanter » : shi .
Evolution du pictogramme
à l’idéogramme
D'après Michel MALHERBE,
Les Langages de l'Humanité, 1983
- 33 -
Idéogrammes chinois
Il y a 214 caractères de base appelés clés
qui sont classés en fonction du nombre de traits
de pinceau pour les tracer.
Ces caractères peuvent se combiner pour former
des morphèmes ou écriture de mots.
On compte 3.000 idéogrammes courants.
5 à 6.000 sont nécessaires pour une bonne instruction, et un lettré peut en utiliser plus de
30.000.
Les caractères de base peuvent se combiner pour former un nouveau mot.
Par exemple
font
Femme, et
cheval
mère
D’autres caractères composés à partir du signe
Femme :
Femme et toit
tranquillité
Femme et enfant
bon, moral
Femme et
main du mari
esclave
Esclave et cœur
(sentiment)
colère
Femme et maison
Femme et balai
épouser un homme
épouse
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert
Evidemment, les associations d’idées qui construisent un idéogramme chinois sont assez éloignées
de notre conception occidentale.
Pour noter les noms étrangers, les chinois utilisent des signes de mots dans leur fonction syllabique
phonétique.
Par exemple
Français devient :
fa - lan - shi ou fa - kuo - jên
Téléphone :
té - li - feng ou tê - lu - fong
Au IVème siècle, ces signes ont été simplifiés par les Japonais, qui en ont fait un syllabaire appelé
Kana pour noter leur langue qui est certes gutturale mais non tonale.
- 34 -
Ecritures éphémères
Certaines écritures se sont développées de façon isolée,
n’ont pas eu de suite, et ne sont connues que par des échantillons
uniques trouvés par hasard.
Tel est le cas de la Pierre de Maïkop.
Cette quartzite gravée, de la taille de la paume de la main,
a été trouvée dans le Caucase, au nord de la mer Noire.
Quelques tablettes portant des signes du même type ont été
trouvées à Tartaria en Roumanie.
Pierre de MAÏKOP
GUERGUI TOURTCHANIKOV
ARCHÉOLOGIA SEPT.OCT. 1966
Tablettes de Tartaria
THE TARTARIAN TABLETS
M.S.F. HOOD SCIENTIFIC AMERICAN MAY 1968
Ces caractères ont été comparés aux écritures proto phéniciennes, à celles de Cnossos
en Crète, et même au proto sumérien ! Sans que l’on puisse trouver une filiation probable.
Evidemment, ces échantillons restent non déchiffrés. Certains experts ont cru voir dans
la pierre de Maïkop la preuve de l’expédition
des Argonautes en Colchide !
Au sud de la Crète, dans le palais de
Phaestos, fut découvert en 1901, un disque de
terre cuite, couvert sur les deux faces de
caractères imprimés au moyen de poinçons.
Sa date a été estimé à 1.600 av. J.C
Ces 45 signes disposés en spirale sont combinés
pour former des groupes, séparés par des barres
verticales, ce qui ferait penser à des mots.
Il est difficile d’imaginer que l’on ait
confectionné 45 poinçons pour imprimer un
seul disque.
Malheureusement, aucune autre écriture de ce
type n’a été trouvée à ce jour. Ce disque a sans doute été importé en Crète, mais par qui ?
Ces caractères étant uniques et la langue
qu’ils sont supposés transcrire étant inconnue, il
y a peu de chance, sauf découverte fortuite, d’obtenir
un jour une traduction.
Disque de Phaestos
Musée d'Héraklion
Un mot sur une lamentable histoire : en 1924, on a trouvé à Glozel (Allier), dans un
site avec outillage, daté de -10 à -12.000 ans, des briques non cuites, portant des signes alphabétiformes. Certains ont alors avancé l’existence, au début du néolithique, d’une écriture
alphabétique !. Mais, Jean-Pierre Adam a pu démontrer qu’il s’agissait de l’œuvre d’un faussaire. Canular ? Supercherie ? Ou voulait-on attribuer l’invention de l’alphabet aux ancêtres
des gaulois ?
- 35 -
Ecriture de l’Île de Pâques
En 1870, on trouva dans les mains des habitants de l’Île de Pâques des tablettes en bois
sur lesquelles était incisée une écriture inconnue.
Tablette "Rapa nui Rongo rongo"
À droite, transcription d’un texte extrait du
« manuscrit de Tomenika »
Les indigènes appelaient ces signes Kohau rongo rongo c'est-à-dire bois écrit, ou bois
chantant, mais personne ne savait les lire.
L’évangélisation de l’île a amené la destruction de la quasi-totalité de ces tablettes.
Il en resterait une quinzaine conservées au musée de Braine-le-Comte en Belgique.
La tradition locale de l’Île de Pâques veut que cette écriture ait été importée par des étrangers vers l’an 900.
En fait, le texte le plus long a été daté de la fin du XVIIIème siècle (de notre ère).
Mais est-ce vraiment une écriture ? Pour certains, il s’agirait plutôt de mnémogrammes,
Sortes de résumés d’histoires dessinées ?
Les signes sont des pictogrammes et représentent des hommes, oiseaux, poissons,
Lézards, etc. Ces textes se lisent en « boustrophédon inversé » c'est-à-dire, pour lire la ligne suivante, il faut retourner la tablette de 180 degrés.
On a recensé environ 500 caractères différents.
Certains ont cru voir une certaine similitude entre les signes pascuans et ceux trouvés dans
la vallée de l’Indus, cela malgré l’énorme éloignement géographique (plus de 20.000 kilomètres)
et temporel (3.000 ans) qui sépare ces deux civilisations. Il faut reconnaître que la ressemblance
entre certains signes est troublante (voir page suivante). Mais, la langue de la civilisation de l’Indus étant inconnue de même que celle de l’île de Pâques, il sera bien difficile, sauf découvertes à
venir, de confirmer ou infirmer cette hypothèse.
- 36 -
Ecriture proto indienne
Il s’agit d’un système graphique qui a été utilisé dans la vallée de l’Indus entre -2.700 et -1.800
av. J.C. Cette écriture proto indienne a peut-être été importée. L’essentiel des inscriptions se trouvent
gravé sur des sceaux en stéatite trouvés à Harrapa et Mohenjo-Daro.
Sur quelques 2.000 inscriptions, on a pu totaliser environ 300 signes.
Il s’agit probablement d’une écriture syllabique et idéographique. Les inscriptions sur les sceaux notent
peut-être des patronymes? Mais, à ce jour, aucun texte n’a pu être déchiffré
Des sceaux identiques ont été retrouvés à Suse, en Perse, et en plusieurs endroits de Mésopotamie
dans des milieux archéologiques datés de 2.750 à 2.500 av. J.C .
Indus
Musée national du Pakistan Karachi
Pâques
Indus
Pâques
Tableau comparatif de certains signes des écritures
de l’Indus et de l’Ile de pâques.
d’après J. M. SCHWARTZ
Certains linguistes pensent que la langue des signes représentés sur ces sceaux était proto dravidienne, c'est-à-dire l’ancêtre des langues actuelles de l’Inde.
Outre leur ressemblance avec les signes de l’Île de Pâques, (voir tableau ci-dessus), des chercheurs ont trouvé une ressemblance avec les caractères proto élamites de Suse (Iran), d’autres avec
les caractères sumériens de l’époque Djemet-Naser, d’autres enfin, avec les idéogrammes chinois
primitifs.
- 37 -
Ecritures amérindiennes
Les peuples mayas et aztèques qui avaient fondé de grands empires en Amérique, du Mexique au
Guatemala, ont eu une écriture hiéroglyphique dont les plus anciens vestiges remontent aux premiers
siècles de notre ère. Cette civilisation et la quasi-totalité des documents ont disparu au XVIème siècle
avec l’arrivée des conquistadors.
Seuls quelques manuscrits aztèques,
échappés à l’autodafé des moines
évangélisateurs, nous sont parvenus.
Ils sont peints sur des fibres de
maguey (variété d’agave).
La langue aztèque est encore parlée au Mexique.
Mais l’écriture, les « glyphes »,
se trouvait encore au stade pictographique-rébus et permettait seulement
de noter :
des noms propres,
des jours,
des mois de calendrier.
Les signes eux-mêmes ont une forme
de cartouche à bords arrondis et sont
entremêlés de dessins encombrés de
détails souvent très compliqués. Ils notent des choses, des évènements, mais
ne semblent pas correspondre à la
transcription d’un langage parlé.
Inscription aztèque, une page du codex Hamburgensis
Extrait de Théodor-Wilhelm DANZEL, Handbuch der präkolombischen
Kulturen in Latein-amerika, Hambourg et Berlin, 1927
Un peu plus au sud, les Mayas
avaient imaginé une écriture voisine,
dont seuls persistent à peu près, des
glyphes gravés en relief dans la pierre
des monuments.
Ces signes ne notaient probablement pas des sons, des paroles,
mais étaient plutôt des aidemémoires.
Seuls quelques signes représentant la numération et le calendrier ont
été compris.
Pour ces écritures amérindiennes, le
travail d’analyse et de déchiffrement
se poursuit toujours
Inscription Maya de COPAN, d'après S.G.
MORLEY , An introduction to the study of th Maya Hieroglyphs, Wash. 1915
Noms de mois d’un calendrier Maya,
D'après L.-J. Calvet, Histoire de l'Ecriture
- 38 -
Ecritures syllabiques
Vers -1.500, dans le bassin méditerranéen, différents
peuples cohabitent.
Ces civilisations s’étaient développées en Egypte,
En Mésopotamie, au Levant, en Crète et dans les Iles de la mer
Egée. Chaque peuple utilisait une écriture plus ou moins inspirée de ce qui existait déjà, c'est-à-dire : hiéroglyphes égyptiens
et cunéiformes mésopotamiens, adaptés à sa propre langue.
Du XIVème au VIIIème siècle avant Jésus Christ, des indoeuropéens : les HITTITES se fixent en Asie mineure et en Anatolie. Pour noter leur langue non sémite, ils utilisent des cunéiformes, mais aussi une écriture très décorative convenant aux inscriptions monumentales.
Cette écriture est appelée : Hiéroglyphes hittites
Elle est constituée de :
pictogrammes à valeur syllabique associée à des
pictogrammes à valeur idéographique
Il s’agit probablement là d’une synthèse des systèmes
suméro akkadiens et égyptiens.
Hiéroglyphes hittites Karkémish, Syrie IX-VIIème siècle B.C.
voyelles
h
i
k/g
l
m
n
p/b
s
š
t/d
w
Z(ts)
Syllabes
de valeur inconnue
Syllabaire hiéroglyphique Hittite
Extrait de GELB, Hittite Hieroglyphs,
III, Chicago, 1942
t (u)
(a)
L’écriture persépolitaine
Du 7ème au 9ème siècle avant Jésus Christ, les
rois perses achéménides : Darius 1er, Xerxès,
Artaxerxés, Cyrus, ont employé une écriture
cunéiforme particulière pour leurs inscriptions
monumentales officielles.
Il s’agit du syllabaire persépolitain ou
cunéiforme paléo perse.
C’est une simplification notable du cunéiforme akkadien, car il ne comporte plus qu’une quarantaine de signes, dont six idéogrammes.
Il notait le « vieux perse », langue ancêtre de l’Iranien moderne. Mais le seul support possible des
cunéiformes restait la pierre ou les tablettes d’argile; peu pratiques pour la comptabilité commerciale.
Ce syllabaire semble bien avoir été formé
par simplification des cunéiformes suméroakkadiens.
C’est pour des raisons de prestige que la dynastie achéménide tenait à avoir son écriture propre.
u
w(a)
w(i)
y(a)
z(a)
r(a)
Hšâyaßya, roi
Dahyu,
pays
Ahuramazdâ,
(nom divin)
Humi,"terre"
Signes de
séparation
des mots
Syllabaire persépolitain,
d'après James FÉVRIER Histoire de l'Ecriture, 1984
- 39-
Ecritures mycénienne et cypriote
A
La civilisation minoenne se développe en Crète du IIIème au B
II millénaire av. J.C
Sir Arthur John Evans, qui a découvert Cnossos, distingue
deux sortes d’écritures crétoises :
A
•
Une écriture hiéroglyphique
type A : archaïque, et type B : récente, employée au minoen
B
moyen (-2.100 à -1.520). Non encore déchiffrées.
ème
•
Une écriture linéaire
type A : ancienne, et type B : récente ; employée au minoen
récent, c'est-à-dire environ -1.650 à -1.200.
Seul le « linéaire B » a pu être déchiffré par DE Ventris
lorsqu’il a deviné qu’il notait un grec archaïque.
C’est une écriture syllabaire de 87 signes environ, plus
quelques idéogrammes.
Bœuf
double hache
charrue
navire
vase
palais
arbre
pays
Hiéroglyphes crétois
« Tablette des trépieds », en linéaire B, découverte à Pylos,
Portant la mention ti-ri-po-de,
ainsi que le pictogramme d’un vase à trois pieds.
ti ri po de
a
e
i
o
u
k
t
p
l
Syllabaire du linéaire B
r
m
n
j
f,v
s
z
x
Syllabaire cypriote,
L’Ecriture de l’île de Chypre date du Vème
et IVème siècle av. J.C et représente un type
parfait du système syllabique pour noter la
langue cypriote.
Vers -1.400, lorsque les Mycéniens (grecs)
arrivent à Chypre, ils trouvent ce syllabaire,
le simplifient, le débarrassent des idéogrammes et l’adaptent à leur propre langue :
un grec archaïque.
Extrait de H. Jensen, Die Schrift, Gluck. Et Hambourg, 1935
L’écriture cypriote est alors purement syllabique, c'est-à-dire que chaque signe représente une
voyelle associée à une consonne, du type : ta, te, ti, to, tu…
Le nombre des signes est ainsi réduit à moins de 60.
- 40 -
Avant l’alphabet : l’alphabet égyptien
Une étape considérable allait être franchie, dans l’évolution de l’écriture avec l’invention de
l’alphabet.
Où chaque signe sert à transcrire un son de la langue parlée.
Cela allait rendre possible la notation de tous les sons d’une langue avec moins de 30 signes.
Or, les Egyptiens possédaient parmi leurs centaines de hiéroglyphes, 24 signes (cf. tableau cidessous), de valeur purement consonantique, avec lesquels ils auraient pu noter parfaitement leur langue.
Chacun de ces hiéroglyphes a d’ailleurs une correspondance exacte dans les alphabets sémites ultérieurs, c'est-à-dire : phénicien, hébreu, arabe.
Mais, pour les Egyptiens, leur écriture : les médou neter, était sacrée, inventée par Thôt, elle ne devait pas être modifiée, et encore moins simplifiée.
Le fait est paradoxal, car les Egyptiens avaient bien découvert l’alphabet, plus de 2.000 ans
avant les Phéniciens, mais ils ne l’ont jamais utilisé comme tel !
ALPHABET ÉGYPTIEN
Signe et
notation
Phonétique
et / Hébreu
Aleph
Signe et
notation
Phonétique
et / Hébreu
Signe et
notation
F
Fé
Phonétique
et / Hébreu
Ch allemand
dans ach,
Jota espagnole
Signe et
notation
Phonétique
et / Hébreu
K
Khaf
‫כ‬
‫א‬
‫פ‬
I
M
Yodh
Mêm
‫י‬
‫מ‬
‫ ח‬arabe: ‫خ‬
N
Z
Nûn
Zaïn
‫ע‬
‫נ‬
‫ז‬
‫ת‬
W
R
Vaw
Ayin
guttural
Sémite
‫ ח‬arabe: ‫خ‬
,
Ch allemand
dans ich
,
G(dur)
Guimel
‫ג‬
T
Tav
S
tj
Resh
Sin
Samech
‫ו‬
‫ר‬
‫שׂ‬
‫ס‬
B
H (doux)
ch
D
Beit
Hé
Shin
Teth Daleth
‫ב‬
‫ה‬
‫שׁ‬
‫ד ט‬
P
H emphatique
Q
Pé
Hét
Qof
Tsadé
‫פּ‬
‫ח‬
‫ק‬
‫צ‬
On notera l’absence, en égyptien, des sons j, l, et v.
dj
Egyptian hierogliphic grammar, S.A.R. Mercer,
Ares Pub. Chicago
- 41 -
Alphabet ougaritique
On découvre en 1929, à Ras-Shamra, sur la côte nord de la Syrie, des tablettes couvertes de cunéiformes d’un type inconnu.
Très vite on s’aperçoit qu’il s’agit d’une écriture alphabétique, ne comprenant que 30 signes, et
notant des consonnes d’une langue sémitique.
Il s’agit du proto phénicien daté entre le XVème et le XIVème siècle avant Jésus Christ.
Le développement de cette écriture fut stoppé par des guerres et la destruction d’Ougarit.
Les signes de cette écritures ont été obtenus en tronçonnant certains groupes de cunéiformes
suméro-akkadiens, simplification du syllabaire persépolitain.
Tablette trouvée à RAS-SHAMRA sur laquelle est tracé
un alphabet ougaritique en cunéiformes.
Vers le - XIVème siècle.
Il s’agit sans doute d’un exercice d’écolier.
L’alphabet ougaritique
Musée d'Alep
Transcription de la tablette
b
beit
‘
aleph
h
g
g’mel
z
zaïn
h
h
d
dalet
w
vaw
t
thet
H
het
y
yod
k
kaf
sh
shin
L
Lam’d
m mém
n noun
sh
Z
sam’k ayn
pfé
tsadé
q
qof
r resh
t taw
t
g’
‘i
ù
S’
D'après Maurice SZNYCER,
in Histoire de l'Ecriture de J.L. CALVET 1996
Sous cette forme, cet alphabet n’avait sans doute pas grand avenir, mais l’idée était née, et
allait être reprise par les Phéniciens en utilisant des signes plus simples et pouvant être tracés sur
des supports variés.
- 42-
L’alphabet phénicien
Les Cananéens, appelés Phéniciens par les Grecs, étaient des sémites commerçants et
navigateurs. Leurs cités-états : Tyr, Sidon, Byblos, étaient des ports actifs implantés sur la côte
où se trouvent maintenant Syrie, Liban, Israël, Palestine.
Le trafic entre grands empires passait par là. Des caravanes arrivaient d’Asie, et des navires
partaient livrer et échanger les marchandises dans les comptoirs installés en plusieurs points de
la Méditerranée, et même au-delà.
C’étaient les routes de la soie, des épices, de l’ambre, de l’étain.
Les correspondances commerciales, tracées sur des matières périssables ont disparues.
Sans doute au début, cette correspondance a dû être tracée par des scribes, soit en démotique, en
cunéiformes, écriture minoenne ou mycénienne... dont la complexité ne facilitait pas les comptes et échanges commerciaux.
Vers -1.200, pour leurs besoins, les Phéniciens essaient d’inventer une écriture simplifiée
et pratique. Après bien des tâtonnements, vint l’idée géniale que l’on pouvait noter le langage
sémite en notant simplement les consonnes.
Et cela avec une vingtaine de signes, les plus simples possibles, faciles à tracer, faciles à
mémoriser et ne pouvant être confondues.
Idée géniale aussi, le fait de donner à chaque signe le nom de ce qu’il est sensé représenter (comme si en français, le S s’appelait serpent, le O : ovale, le D : demi etc.), et de les énumérer dans un ordre se prêtant à un apprentissage mnémotechnique facile. Ordre qui était le même dans l’alphabet ougaritique et s'est conservé dans notre alphabet.
L’alphabet phénicien
‫ו‬
Vaw
‫ה‬
Hé
‫ד‬
Dal’t
‫כ‬
Kaf
‫י‬
Yod
‫ג‬
G’mel
‫ב‬
Bé’it
‫א‬
Al’f
‫ט‬
Têt
‫ח‬
Hêt
‫ז‬
Zaïn
Lam’d
Nom des lettres et leur
équivalent en hébreu
ou
‫כּ‬
Kaf
Sens de la lecture
ou
‫ע‬
‘Ayn
‫ס‬
Sam’k
‫נ‬
Nûn
‫מ‬
Mèm
‫מ‬
Mem
‫ל‬
‫ת‬
Tav
‫ש‬
Shin
‫ר‬
Resh
‫ק‬
Qof
‫צ‬
Tsadé
‫פ‬
Pfé
Voici, dans l’ordre où elles étaient enseignées, les noms des lettres de l’alphabet phénicien, approximativement transcrites en français, leur signification, puis leur nom grec.
Il est à noter que cette écriture se lisait de droite à gauche. Ici, en commençant par alef, beit, gimel,
etc. ce qui a donné alpha, bêta en grec et alpha bet en français.
Al’f = le bœuf, alpha
Dal’t = porte, delta
Zaïn = olivier, ou arme, dzêta
Yod = la main et l’avant bras, iota
Lam’d = aiguillon, lambda
Sam’k = arête de poisson, ksi
Tsadé = hameçon, /.?./
Shin = dent, sigma
Bé’it = la maison , bêta
G’mel = le chameau, gamma
Hé = appel, epsilon
Vaw = clou, appui, digamma, upsilon
Hêt = clôture, êta
Têt = carrefour, cité, thêta
Kaf = paume de la main (et 3 doigts), kappa
Mèm = l’eau , mu
Nûn = poisson, serpent, nu
‘Ayn = l’œil, omicron
Pfé = bouche, nez, pi
Qof = singe, (koppa)
Resh = tête, rho
Tav = marque, signe, croix, tau
-43-
Origine et évolution de l’alphabet phénicien
L’ordre des noms des lettres suggère de courtes phrases facilitant leur mémorisation :
Par exemple : alef, beit, gimel, dalet = « Le bœuf à la maison, le chameau à la porte ».
L’origine et la forme de ces lettres pourraient se trouver au cœur du Sinaï, à Serabit-el-Khadem .
Les Egyptiens exploitaient là des mines de turquoises et utilisaient des « travailleurs asiatiques », de
langue sémite. Les restes d’un temple dédié à Hathor, et quelques monuments y ont été retrouvés avec
des inscriptions de deux types : en égyptien et, en hiéroglyphes simplifiés mais notant une langue sémite. Il est reconnu et admis maintenant, que cette écriture appelée proto sinaïtique est à l’origine de
l’écriture phénicienne.
Inscription proto sinaïtique sur le flanc gauche d'un petit sphinx
en grès, trouvé dans la mine de Serabit-el-Kadem
Vers 1800 avant J.C.
taw : marque (t)
lam'd : aiguillon (l)
a'yn : œil (â)
beyt : maison (b)
lam'd : aiguillon (l)
British Museum
Se lit :
l bâlt
Pour (la divinité Baal)
Très tôt, cet alphabet a été repris par les Grecs qui l’ont adapté à leur langue. Des lettres qui notaient des consonnes sémites n’existant pas en grec, ont été affectées à des voyelles, que
les cananéens ne notaient pas. Bientôt, tous les comptoirs
grecs et phéniciens de la Méditerranée utilisèrent cet alphabet
que l’on retrouve un peu partout avec quelques variantes.
Les Etrusques, dont la langue reste encore mystérieuse,
ont écrit avec ces lettres, mais curieusement tracées « en miroir », c'est-à-dire inversées. (On peut facilement lire une texte
étrusque, mais personne ne sait le traduire!)
Les latins ont repris cette écriture étrusque dans le sens que
nous connaissons puisque cette écriture est devenue la notre.
Ainsi, la filiation : hiéroglyphes, proto sinaïtique, phénicien,
grec, étrusque, latin doit être admise car elle repose sur une
similitude de forme, de nom, et de valeur des lettres.
L’évolution des signes depuis les hiéroglyphes égyptiens
jusqu’aux lettres de notre écriture est résumée dans le tableau à la page suivante (43).
Stèle de MESHA, roi de Moab.
842 avant Jésus Christ
Inscription en cananéen
Musée du Louvre
- 44 -
Origine et évolution de l’alphabet phénicien
Hièroglyphes
Proto
égyptiens
sinaïtique
Nom de la lettre en
phénicien et signification
Al'f
Be'it
dalet
?
?
?
B
E
zaïn
olivier, arme
Z
het
clôture, mur
H
F,U,V,Y
têt carrefour, cité
avant bras
I
main, doigts
K
mem
noun
eau
L
M
poisson
N
samek
arête
X
'ayn
œil
O
pfé
nez, bouche
tsadé
P
hameçon
singe
Q
resh
tête
R
šin
dent
qof
?
D
appui, clou
lamed aiguillon
? ………..
C, G
vaw
kaf
………..
Latin
maison
appel
yod
?
Etrusque
A
porte
hé
Grec
Egéen
bœuf
g'mel chameau,bâton de jet
?
Phénicien
tau
marque
S
T
-45-
ORIGINE DE NOS LETTRES
Ainsi la forme des lettres latines, leur valeur phonétique, leur ordre, se retrouvent dans l'étrusque, le
grec, le phénicien. Et le phénicien, nous l'avons vu, dérive des inscriptions proto sinaïtiques de Sérabit el Kadem. Il y avait là des mines de turquoises, où les égyptiens employaient une main d'œuvre étrangère de langue sémite, sans doute des hébreux. Ils avaient construit un temple dédié à Hathor.
Mais les hébreux ont voulu honorer leurs divinités : Tanit, Baâl.
« Les Phéniciens furent les premiers qui osèrent fixer les sons de la parole par de grossiers caractères » (Lucain).
Un scribe, un prêtre, dont nous ne connaîtrons jamais l' identité, eut l'idée géniale pour tracer le
nom de sa divinité, d'utiliser des signes égyptiens dont la forme était reconnaissable et pouvaient
être nommés en cananéen. Par exemple le signe de l'onde :
R
Févoquait l'eau qui se dit "maym"
est reconnu comme tel et prononcé beït.
en hébreu ; le plan de maison
Alors, le premier signe sera utilisé pour noter le son M et le second pour le son B .
C'est le principe de l'acrophonie. Ce principe sera conservé, les signes-hiéroglyphes seront
simplifiés et formeront les 22 lettres de l'alphabet Phénicien (qui est le mot grec pour cananéen).
Chaque lettre étant appelée par le nom de l'objet de sa forme.
Donc, nous pouvons avancer que la plupart des lettres de notre alphabet dérivent d'un
hiéroglyphe égyptien.
A dérive de l'aleph
le bœuf en hébreu, vient du hiéroglyphe :
de Gardiner, qui figure une tête de bovidé..
B du phénicien Beit:
la maison; vient du hiéroglyphe
R
!(F 1) de la classification
(O 4) (Plan de maison)
5
C, G
en phénicien Gimel
(dromadaire), vient du hiéroglyphe (T 14) bâton de jet, et
déterminatif pour : Lybiens. (Le dromadaire est inconnu en Egypte ancienne.)
D en phénicien : dalet
E en phénicien : Hé
porte, battant de porte ou pan de tente. L'origine n'est pas claire.
dérive très probablement de
phonétique est justement Héhé en égyptien.
pDivinité signifiant million et dont la
F, U, V, Y toutes ces lettres dérivent du phénicien vav
clou, appui, et de
l(O 30) Support.
- 46-
H vient de
clôture, dérive de
Hêt
; (N 24) clôture
K : Kaf
« (D 42) avant bras en égyptien
la paume de la main, pourrait provenir de ° (D 47) la main
L
aiguillon, harpon, dérive de
I, J : iod,
la main. Le signe pourrait provenir de
lamed
: (T 19) harpon, ou de
(U 20) clou, crochet
M maym
signifie eau en protisinaïtique comme en phénicien. Ce signe provient de toute
évidence de
F (N 35) l'onde, l'eau.
œ (I 10) le cobra, le serpent (d'eau ?)
O A'in guttural, en phénicien : l’œil , vient évidemment de :y( D 4) ou „(D 12)
P, du phénicien Pfé, nez, bouche, vient de ‹ ( D 19) le nez
Q en phénicien Qof
le singe, vient de w(D 2) la face. (On peut penser que les hébreux
N noun
poisson en phénicien, dérive de
n'aimant pas les Egyptiens pouvaient les appeler "face de singe" ?)
v (D 1) Tête de profil
R en phénicien Resh
la tête, dérive de
S en phénicien
la dent ; il n'y a pas de hiéroglyphe correspondent.
T Tau
Shin
la marque ; en égyptien :
Ç (Z 9)
Le phénicien Thêt
carrefour, cité, qui a donné têta en grec vient du signe
Ce signe n'a pas donné de lettre dans l'alphabet latin.
X vient de Samek
Ö
‚(O 49)
(arête de poisson), et de l'égyptien
( R 11) la colonne "djed" de stabilité.
On peut noter la transformation péjorative de la Colonne d'Osiris : Djed, en arête de poisson !
-47-
Qui serait l'inventeur de l'alphabet ?
L'histoire ne nous a pas transmis son nom, mais on peut affirmer que:
Il était génial ou inspiré par Dieu, car cet alphabet a servi de base à tous les alphabets du monde..
Il était initié à l'écriture des hiéroglyphes égyptiens, car les signes protosinaïtiques précurseurs
des lettres phéniciennes dérivent de hiéroglyphes égyptiens.
Il se trouvait dans le désert du Sinaï, car c'est bien là, à Serabit el Khadem, que l'on découvre les
premières inscriptions d'écriture alphabétique.
Il était sémite car la langue transcrite est sémitique : Aleph = bœuf, Beith = maison, etc. et le nom
des lettres est resté le même en hébreu.
Il vivait entre - 500 et -1300 avant Jésus Christ, époque qui correspond à la fin de l'esclavage
des hébreux en Egypte et à la révélation du Mont Sinaï. Cela est en accord avec les datations des archéologues Petrie et Albright.
Il avait une nécessité d'écrire, de fixer un message, sans doute une révélation.
Puis, le peuple qui a utilisé en premier cette invention s'est fixé dans le pays de Canaan.
Or, l'usage de l'alphabet est attesté en tout premier chez les hébreux, moabites, cananéens.
Ces différents éléments amènent a supposer que c'est Moïse lui-même qui serait à l'origine de l'invention de l'alphabet.
La Bible nous dit qu'il était sémite mais qu'il a été élevé à la cour comme un prince d'Egypte et instruit
dans toute la sagesse des égyptiens. Il a séjourné longuement au Sinaï (seul puis avec le peuple hébreu).
Il a été inspiré par Dieu pour écrire la Torah (la loi juive), c'est à dire les 5 premiers livres de la Bible
(environ 250 pages!) L'exode est situé par la Bible au milieu du XVème siècle av JC (environ -1450).
Les israélites sont entrés 40 ans plus tard dans le pays de Canaan et de là, l'usage de l'alphabet s'est progressivement répandu (pour arriver chez les phéniciens au temps du roi Salomon, puis en Europe)
"L'ordre dans lequel sont classées les lettres de notre alphabet est historique.
De la lettre A à F, on a suivi l'ordre phénicien, G fut ajouté par les Romains à la place du Z abandonné
pendant deux siècles. H et I ont conservé la position qu'ils avaient dans le système phénicien. J suit la
lettre I dont il est une variante. De K à T on a repris l'ordre phénicien. U vient ensuite, ajouté par les
grecs, et il est suivi de V et W qui en sont les dérivés. X est une autre addition grecque adoptée également par les Romains.
Enfin, Y et Z sont les dernières additions faites par les Romains sous l'influence grecque."
- 48-
Filiation des écritures
Voici résumé dans ce tableau, la filiation des écritures depuis l’égyptien et le sumérien.
Les écritures utilisées actuellement dans le monde sont cerclées en rouge..
Les idéogrammes chinois sont utilisés par
1 milliard 300 millions de personnes
Les kanas syllabiques japonais par
130 millions
Tous les autres systèmes d’écriture dérivent du phénicien
L’alphabet latin est utilisé par environ
2 milliards d’êtres humains
Les alphabets indiens (Devanagari, bengali, hindi, tamoul, etc.) 600 millions
L’alphabet cyrillique
300 millions
L’écriture arabe environ
250 millions
9 millions pour le grec,
3 millions pour l’hébreu.
JAPONAIS
CYRILLIQUE
LATIN
ÉCRITURES
INDIENNES
(ÉCRITURES
EUROPEENNES)
Idéogrammes
CHINOIS
moderne
ARMÉNIEN
GREC
ARABE
ancien
COPTE
HÉBREU
ÉTRUSQUE
CARTAGINOIS
ÉCRITURES
ARAMEENNES
PHÉNICIEN
CYPRIOTE
CRÉTOIS
CANANÉEN
IDÉOGRAMMES
CHINOIS
HITTITE
PROTO SINAÏTIQUE
OUGARITIQUE
ASSYRIEN
BABYLONIEN
PÂQUES
ÉGYPTIEN
SUMÉRIEN
AZTÈQUE
INDUS
MAYA
SIGNES DE LA PRÉHISTOIRE
Ogams
Runes
celtiques
Latin
Anglo-
du
saxonnes
Runes
Latin
german
iques
POLONAIS
RUSSE
Latin
Cyrillique
latin
UKRAINIEN
Latin
HONGROIS
Cyrillique
G
Latin
Latin
BULGARE
Georgien
e
qu
Latin
ti
oli
lag
(A
mé L
riq ati
ue n
du
no
rd
)
Latin
Latin
Etrusque
es
ériqu
ures ib
Écrit
Latin
Roman
Arménien
Serbe
latin
byzantin
Persan
Éc. d’Asie
Latin
Grec
hittites
éen
am
r
A
Grec
Babylonien
Cypriote
Crétois
n
Can
anée
n
Berbère
(atlas)
Car
tha
gi n
ois
Sum
éri e
(Amérique
Écritures
sibériennes
la-
- 49-
Runes
Hébreu
Écriture
Lybique
Egyptien
Tifinagh
DIFFUSION DES ÉCRITURES
À PARTIR DU BERCEAU MÉDITERRANÉEN
arabes
- 50-
Chronologie résumée des écritures
De - 300.000 à -200.000, l’Homme a développé un cerveau et un larynx qui lui permettent
d'articuler des sons parlés. Le langage s’organise et se développe autour des foyers.
Vers - 30.000, les premières peintures des cavernes apparaissent en Europe.
De environ - 20.000 à - 6.500, des entailles retrouvées sur des os d'animaux préfigurent
l’écriture.
Vers - 3.400, la plus ancienne écriture pictographique connue apparaît à Sumer.
Vers - 3.300, les Egyptiens utilisent l’écriture hiéroglyphique. Il s'agit d'une combinaison de
signes figuratifs et de symboles, qui sont tracés sur les tombes, les temples et les monuments.
De environ - 2.800 à - 2.600, l'écriture sumérienne devient cunéiforme, c'est à dire se compose
de groupes de signes tracés en "coins" et qui se lisent de gauche à droite.
Vers - 2.500, l’écriture cunéiforme commence à se répandre dans le Moyen Orient.
Vers - 2.300, les populations de la vallée de l'Indus utilisent des symboles picturaux sur
des sceaux qui servent de signature pour imprimer la marque d'une propriété personnelle.
Vers - 2.000, des inscriptions séquentielles pictographiques considérées comme un véritable
système d'écriture, apparaissent sur les sceaux et tablettes d'argile retrouvés en Crète.
Vers - 1.500, les Hittites inventent leur propre forme d'écriture hiéroglyphique.
A la même époque, les Chinois développent leurs idéogrammes, qui sont des caractères représentant
chacun une idée. Ils les gravent, au début, sur des récipients en bronze et des os oraculaires.
Vers - 1.400, les commerçants du port d'Ougarit utilisent un alphabet cunéiforme consonantique sémitique.
Vers - 1.100, les Phéniciens notent des textes avec un alphabet linéaire simple de 22 lettres.
Vers - 1.000, apparaît l’écriture araméenne, dérivée du phénicien et ancêtre de l'hébreu, arabe
et sanscrit.
Vers - 900, les navigateurs commerçants Phéniciens répandent leur alphabet consonantique
à travers la Méditerranée.
En - 800, les Grecs parachèvent le concept de l'alphabet moderne en ajoutant des lettres pour les
voyelles. A cette époque les Étrusques adaptent un alphabet grec ancien pour leur langue .
En - 600, est tracée la première inscription épigraphique latine.
- 51
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-52-
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WALTER Henriette, L’aventure des langues en Occident, 1994, Robert Laffont
WILKINSON Richard, H. Reading Egyptian Art, 1994, Thames and Hudson
-53-
Sommaire
•
Les Ecritures dans le Monde ………………….page 2
•
Lieux d’origine …………………………………….4
•
Signes précurseurs ………………………………….5
•
Cachets, sceaux, jetons comptables …………………10
•
Cunéiformes ………………………………………..15
•
Hiéroglyphes Égyptiens……………………………...25
•
Idéogrammes Chinois ………………………………32
•
Ecritures éphémères ………………………………...34
Île de Pâques ………………………………………...35
•
Vallée de l’Indus …………………………………….36
•
Mayas, Aztèques …………………………………….37
•
Syllabaires méditerranéens …………………………39
•
L’alphabet phénicien ……………………………….42
•
Origine de nos lettres………………………………...45
•
Chronologie …………………………………………49
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Bibliographie ………………………………………..50
Avril 2014
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