LES WANDERERS SONT ARRIVÉS

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Transcript LES WANDERERS SONT ARRIVÉS

N O 55, 7 NOVEMBRE 2014
ÉDITION FR ANÇAISE
Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904
Le football de clubs en Asie
LES WANDERERS SONT ARRIVÉS
MEXIQUE
AMPUTÉS ET
FOOTBALLEURS
RAINER BONHOF
CHAMPION DU MONDE
À JAMAIS
SALVADOR CABAÑAS
CONTINUER À VIVRE
APRÈS UN ATTENTAT
W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
6
18
Amérique du Nord
et Centrale
35 membres
www.concacaf.com
Vent de fraîcheur
Western Sydney Wanderers a été fondé il y
a deux ans seulement. Le week-end dernier,
ce tout jeune club a remporté la première Ligue
des Champions de son histoire. Devant leur
public, les Saoudiens d’Al Hilal n’ont pu faire
mieux qu’un nul vierge. David Winner et Alan
Schweingruber nous parlent des gagnants
et des perdants de cette finale âprement
disputée.
Amérique du Sud
10 membres
www.conmebol.com
Rainer Bonhof
En interview, le champion du monde
de 1974 évoque Mario Götze, la découverte
du marquage en zone et les succès de
Mönchengladbach.
23
S epp Blatter
“Sur le terrain comme dans la vie”, constate
le Président de la FIFA, “on attaque toujours
celui qui est en possession du ballon. En tant
que Président de la FIFA, il m’appartient de
porter la balle en permanence.”
37
Le Tournant
Salvador Cabañas, ancien international
paraguayen, a failli perdre la vie dans un
attentat perpétré en 2010.
24
Mexique
Les Guerreros Aztecas redonnent du
courage aux footballeurs amputés.
Les Wanderers sont arrivés
Notre photo de couverture a été prise
le 25 octobre 2014 au stade Parramatta
de Sydney, le jour de la victoire (1:0) des
Australiens sur Al Hilal en finale aller de
la Ligue des Champions d’Asie.
Brendon Thorne / Getty Images
17
Pour la compétition finale, le nombre d’équipes participantes est
de vingt-quatre, réparties parmi les confédérations de la façon
suivante :
AFC : 5 équipes, CAF : 3 équipes, CONCACAF : 3,5 équipes*,
CONMEBOL : 2,5 équipes*, OFC : 1 équipe, UEFA : 8 équipes,
Pays organisateur : Canada
*L’équipe classée quatrième de la compétition préliminaire de la
CONCACAF disputera un match de barrage (aller-retour) contre l’équipe
classée troisième de la compétition préliminaire de la CONMEBOL.
2
T H E F I FA W E E K LY
Qualifiés
Costa Rica
Etats-Unis
Mexique
Qualifiés
Brésil
Colombie
Barrage retour : 2 décembre 2014
Trinité-et-Tobago – Équateur
Barrage aller : 8 novembre 2014
Équateur – Trinité-et-Tobago
Canada (Pays organisateur)
Bénédicte Desrus, imago, Getty Images
Venezuela
Le champion Zamora
ne gagne plus.
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
Europe
54 membres
www.uefa.com
Afrique
54 membres
www.cafonline.com
Asie
46 membres
www.the-afc.com
Océanie
11 membres
www.oceaniafootball.com
16
Croatie
Qui arrêtera le
Dinamo Zagreb ?
28
Historique
Chili 1962, Italie 1990,
Brésil 2014… : l’histoire
de l’Emblème de la
Coupe du Monde.
The FIFA Weekly Magazine App
Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît
chaque vendredi en quatre langues pour
votre tablette.
http://fr.fifa.com/mobile
Qualifiés
Allemagne
Angleterre
Espagne
France
Norvège
Suède
Suisse
+ Vainqueur des barrages
Qualifiés
Cameroun
Côte d’Ivoire
Nigeria
Qualifiés
Australie
Japon
République de Corée
RP Chine
Thaïlande
Qualifiés
Nouvelle-Zélande
T H E F I FA W E E K LY
3
© 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
instinct
takes over
#predatorinstinct
adidas.com/predator
À DÉCOUVERT
Enfin ! Les supporters de Western Sydney Wanderers fêtent le triomphe de leur club en Ligue des Champions de l’AFC dans les rues de la ville.
Les miracles du football
I
l y a quelques jours, Western Sydney Wanderers ont apporté la preuve resplendissante qu’il est possible de remporter la Ligue des Champions de la Confédération asiatique lorsque l’on est un club dont la fondation remonte à deux
ans à peine. Portée par le soutien sans faille de ses supporters et par une stratégie clairement définie sur et en dehors du terrain, l’équipe australienne a réalisé
un authentique exploit. À partir de la page 6, notre collaborateur David Winner
et notre rédacteur Alan Schweingruber reviennent sur son parcours ainsi que
sur celui du finaliste malheureux, le club saoudien d’Al Hilal.
U
ne personne qui a subi l’amputation d’un bras ou d’une jambe doit bien sûr
vivre avec un handicap physique, mais elle doit également se battre pour se
faire malgré tout une place dans la société. Pour cela, le football aide à garder
l’espoir et la tête haute. Tim Smyth (texte) et Bérénice Desrus (photos) sont allés
à Mexico afin de rendre visite au club des Guerreros Aztecas, dont tous les
joueurs sont amputés (page 24).
“D
Saeed Khan / AFP
urant mes 40 années passées à la FIFA, j’ai appris à vivre avec l’hostilité et
la jalousie. Comme chacun sait, si la compassion est donnée gratuitement,
l’envie, elle, se mérite”, explique le Président de la FIFA Sepp Blatter dans
son billet hebdomadaire page 23. Å
Perikles Monioudis
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La moitié du chemin
Les joueurs des
Wanderers fêtent leur
victoire à domicile en
finale aller.
6
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Ryan Pierse / Getty Images
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Vent de
fraîcheur
Deux ans seulement après sa création, Western Sydney
Wanderers a remporté la Ligue des Champions d’Asie.
Les supporters du club constituent un phénomène à part.
David Winner et Alan Schweingruber
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Seuls
14 supporters
des Wanderers
avaient fait le
déplacement.
En Australie,
ils étaient
5 000 à être
restés éveillés.
8
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D
ès que le coup de sifflet final a retenti,
quelques-uns des héros australiens sont
tombés à genoux sur la pelouse du stade
de Riad en signe de gratitude, tandis
qu’un commentateur télé s’exclamait :
“Un miracle s’est produit !” Fondé il y a
seulement deux ans, Western Sydney
Wanderers a défendu son territoire tel
les Spartiates face aux Thermopyles.
Cela lui a permis de décrocher un match
nul face aux grands favoris d’Al Hilal
d’Arabie Saoudite et d’être sacré champion d’Asie. Lors du match retour, disputé dans un
stade du Roi Fahd bouillant à Riyad (Arabie Saoudite),
les Wanderers ont résisté à l’énorme pression exercée
par leurs adversaires. Malgré les efforts des 65 000
supporters saoudiens, qui ont tout fait pour perturber
le gardien Ante Covic, les Australiens ont tenu
jusqu’au bout.
Al Hilal a déjà remporté la Ligue des Champions asiatique à deux reprises et peut compter sur le soutien de la
famille royale saoudienne. Les supporters avaient cru
l’entraîneur Laurentiu Reghecampf lorsque celui-ci avait
qualifié les Wanderers de “petite” équipe et leur avait promis de rectifier le tir après la défaite 0:1 du match aller.
Mais la chance aura finalement été du côté des infatigables Australiens. Al Hilal a en effet laissé passer toute
une série d’occasions et à trois reprises, l’arbitre japonais
Yuichi Nishimura a décidé de laisser son sifflet à sa place
alors que les Saoudiens réclamaient un penalty.
Seuls 14 supporters de Western Sydney Wanderers
avaient fait le déplacement pour soutenir leur équipe,
mais à Parramatta, le domicile du club, 5 000 personnes
sont restées éveillées toute la nuit afin de suivre la rencontre sur un écran géant installé dans le Centenary
Square. En entendant le coup de sifflet final, la foule a
laissé éclater sa joie.
L’agenda international des Australiens est à présent
bien rempli, puisqu’ils auront peut-être la chance d’affronter le Real Madrid lors de la prochaine Coupe du
Monde des Clubs, qui se déroulera au Maroc.
“C’est réellement arrivé”
L’exploit réalisé par les Wanderers n’est pas sans rappeler l’une des plus impressionnantes victoires de l’histoire
du sport moderne. Il y a de cela 20 ans, George Foreman,
boxeur catégorie poids lourds, est en effet parvenu à
reconquérir son titre mondial à l’âge respectable de
45 ans. À la fin du combat organisé à Las Vegas, il tombe
lui aussi à genoux dans un geste de recueillement tandis
que le commentateur télé laisse libre cours à son enthousiasme : “C’est arrivé ! C’est réellement arrivé !”
Paradoxalement, une main droite aura joué un rôle
décisif dans ces deux victoires improbables. Foreman a
utilisé la sienne pour mettre Michael Moorer K.O. tandis que samedi dernier, à quelques minutes de la fin du
match, Ante Covic a repoussé de la main un tir de
­Yasser Al Qahtani, l’attaquant star d’Al Hilal, tir que
tout le monde voyait déjà atterrir au fond des filets.
Mais le contexte de ces deux événements sportifs
est nettement différent. Si la première victoire était
tournée vers le passé, celle de samedi dernier est définitivement orientée vers l’avenir. En 1994, Foreman,
devenu homme d’église, luttait d’une certaine manière
pour sa résurrection sur le ring après avoir été battu à
la surprise générale par Mohamed Ali en 1974 lors d’un
combat commercialisé sous le nom de Rumble in the
Jungle. Cette victoire lui permettra en effet d’accéder à
la rédemption tant espérée.
Les Wanderers, eux, ont été fondés en 2012 sous la
forme d’une franchise par la Fédération australienne
de football afin de combler un vide au sein de la toute
jeune A-League. Ils se plaisant néanmoins à endosser
le rôle de gardiens d’une tradition footballistique plus
AP
Le miracle
Les joueurs de
Sydney à genoux
après le 0:0.
Salah Malkawi / Getty Images
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Un joueur
à part
Ante Covic,
le gardien
de Sydney.
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“Personne ne s’y attendait”
Holger Osieck, vous avez remporté la Ligue
des Champions de l’AFC en 2007 avec les
Urawa Red Diamonds. Quelle est la valeur
de ce titre ?
tiques différentes. Ces éléments jouent un
rôle primordial. Gagner ce tournoi n’est
vraiment pas facile.
Holger Osieck : La compétition a gagné
en importance au fil des années, elle est
devenue de plus en plus attractive. En 2007,
avec Urawa, nous avons disputé la finale
retour contre le club iranien de Sepahan à
Saitama devant près de 60 000 personnes.
C’était un événement majeur, les supporters étaient très fiers de voir une équipe
japonaise remporter ce grand titre pour la
première fois et ainsi se qualifier pour la
Coupe du Monde des Clubs.
Par la suite, vous avez également été le
sélectionneur de l’Australie. Le club Western Sydney Wanderers vient justement de
remporter la Ligue des Champions d’Asie,
alors qu’il n’existe que depuis 2012 ! Que
vous inspire cette performance ?
Quels sont les principaux défis proposés par
cette compétition ?
Les voyages à travers toute l’Asie ne
sont pas simples à gérer. Il n’existe pas
toujours de liaisons directes et il faut également prendre en compte les décalages
horaires, ainsi que les conditions clima-
J’ai connu les débuts du club. Pour eux,
c’est un véritable conte de fées. L’équipe a
quasiment été bâtie de bric et de broc en
2012, mais tout s’est mis en place très
rapidement. Elle a pris confiance en son jeu
et s’est mise à enchaîner les victoires. C’est
une surprise à laquelle personne ne s’attendait. Pour moi, une grande part de ce
succès revient à l’entraîneur Tony Popovic,
que j’apprécie énormément. Depuis le
début, il sait ce qu’il fait. Il est capable de
repérer les bons joueurs, il a recruté ceux
qu’il lui fallait, par exemple Shinji Ono à
l’époque. Celui-ci a beaucoup apporté au
reste du groupe. Sous sa houlette, beaucoup
de footballeurs ont énormément progressé.
Je suis très heureux de voir qu’il récolte
aujourd’hui les fruits de son travail.
Les “Wanderers” sont également connus
pour leurs supporters enthousiastes.
D’où vient cet incroyable soutien ?
La partie ouest de Sydney, dans laquelle
le club est basé, est une sorte de melting­pot. Les gens qui y vivent sont tous d’origines très diverses, souvent européennes.
Dans la majeure partie du pays, le sport
numéro un reste le football australien ou
le rugby, mais dans ces quartiers, c’est le
football. Western Sydney Wanderers
disposent d’une base solide de supporters
enthousiastes et passionnés. Ils sont
soudés derrière leurs couleurs. L’ambiance
dans leur stade est fantastique. Je m’y suis
souvent rendu et j’ai toujours beaucoup
apprécié.
Quel est votre pronostic pour les “Wanderers” concernant la Coupe du Monde des
Clubs au Maroc ?
L’équipe est extrêmement rigoureuse.
Elle possède une organisation sans
faille. J’espère que son engagement et
sa volonté lui permettront de jouer un
rôle intéressant.
Propos recueillis par Tim Pfeifer
Nom
Holger Osieck
Date et lieu de naissance
31 août 1948, Homberg
Équipes entraînées
Canada (adjoint), Allemagne (adjoint),
Marseille (adjoint), VfL Bochum,
Fenerbahçe, Urawa Red Diamonds,
Kocaelispor, Canada, Australie
Coupe du Monde 1990
Coupe de Turquie 1997
Gold Cup de la CONCACAF 2000
Ligue des Champions de l’AFC 2007
Au sommet Holger Osieck (trophée en mains) a remporté la Ligue des Champions de l’AFC en 2007
avec les Urawa Red Diamonds.
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T H E F I FA W E E K LY
UPI Photo / imago
Principaux succès
L I G U E D E S C H A M P I O N S D E L’A F C
En route pour
le Maroc
Les Wanderers
après le but de la
victoire lors du
match aller.
Steve Cristo / Corbis
­ ncienne. Régulièrement, à la 80ème minute de jeu, les
a
supporters rendent par exemple hommage au tout premier match de football organisé à Sydney en 1880.
Dans les faits, le club réalise toutefois quelque chose
de résolument nouveau. Western Sydney Wanderers
est en effet la toute première équipe australienne à
remporter la Ligue des Champions asiatique, contribuant ainsi à améliorer l’image sportive de l’Australie
dans le monde entier et produisant de véritables miracles en faveur de l’essor du ballon rond dans ce pays.
“Red and Black Bloc”
Les Wanderers ont su s’imposer face à des équipes
jouissant de budgets nettement plus conséquents et
d’une tradition beaucoup plus longue, tels que Sanfrecce Hiroshima, le FC Séoul (deuxième lors de la précédente édition de la Ligue des Champions de l’AFC) ou
encore de Guangzhou Evergrande, vainqueur l’année
dernière sous la direction de Marcelo Lippi, l’architecte
du succès italien lors de la Coupe du Monde 2006.
Mais, et c’est peut-être là le plus important, les Wanderers ont également contribué à donner une identité aux
vastes banlieues de Sydney, jusqu’alors considérées avec
un certain mépris par les quartiers plus chics de la ville.
Le jeune entraîneur de 41 ans Tony Popovic, que
l’on a pu voir en Angleterre sur le banc de Crystal Palace, a su composer une équipe au grand cœur, savant
mélange de jeunes talents tels que Tomi Juric, auteur
du but de la victoire lors du match aller, et de joueurs
expérimentés, à l’instar du capitaine Nikolai
­Topor-Stanley. Aujourd’hui, Popovic reçoit certainement des offres venues du monde entier.
La communauté de supporters a elle aussi joué un
rôle considérable dans le succès du club. Elle est en effet
constituée de membres des différents groupes ethniques
qui constituent la population australienne, ce qui en soi
est déjà un phénomène. La région de Western Sydney
est l’un des rares bastions traditionnels du football en
Australie. Cela s’explique en grande partie par le fait que
c’est ici que se sont installés de nombreux immigrés
­venus d’Amérique du Sud et d’Europe méridionale.
Début 2013, on a demandé aux habitants quels
étaient les couleurs, le nom et la tactique qu’ils souhaitaient pour la nouvelle équipe. Ce processus démocratique a débouché sur la création du “Red and Black Bloc”
(RBB), un groupe de supporters atypique rassemblant
des hommes et des femmes, des jeunes et des moins
jeunes, ainsi que des personnes aux origines ethniques
les plus diverses. Dès le début, le RBB a ainsi joué un rôle
déterminant dans l’identité du club et apporté un souffle
d’air frais à l’A-League grâce à sa présence enthousiaste
dans les tribunes et à ses chants ininterrompus.
Ligue des
Champions
de la CAF
Pour la deuxième fois de son histoire, l’ES Sétif a remporté la Ligue
des Champions de la CAF. L’équipe
d’Algérie vient ainsi compléter la
liste des participants à la Coupe du
Monde des Clubs 2014, organisée
au Maroc.
De 1964 à 1996, la Ligue des
Champions africaine a été organisée sous l’appellation de Coupe
d’Afrique des Clubs Champions. Le
Vent de fraîcheur
S’inspirant des pratiques de groupes de supporters du
monde entier, le RBB a su créer autour de lui une
culture pleine d’énergie qui s’inscrit dans la tradition
australienne. Les supporters des Wanderers dansent
ainsi la Poznan, mettent au point des chorégraphies
complexes et se rendent au stade au son d’une fanfare.
L’un de leurs chants consiste en un échange entre
un côté du stade, qui entonne “Pour qui chantonsnous ?”, et le virage opposé qui répond en chœur
“Nous chantons pour les Wanderers !” Cette antienne
assourdissante se prolonge ainsi pendant plusieurs
minutes et il arrive qu’en cas de victoire, les joueurs
se joignent au public.
Si l’Australie a toujours été une nation férue de
sport, c’est la première fois que les supporters d’une
équipe de football suscitent un tel engouement. Juste
avant le match aller de la finale de la Ligue des Champions, le journaliste Michael Visontay, qui soutient
pourtant le club rival, le Sydney FC, a ainsi déclaré que
les Wanderers et leurs supporters avaient réussi là où,
détenteur du plus grand nombre de
titres est le club de première division égyptienne Al Ahly SC, qui a
remporté la compétition à huit reprises, suivi par son grand rival du
Caire Al Zamalek SC (5) et par le TP
Mazembe (4) de RD Congo. Avec
en tout 14 titres, c’est l’Égypte qui
possède – de loin – le plus grand
nombre de victoires en Ligue des
Champions depuis la création de la
compétition, devant le Maroc,
la RD Congo, l’Algérie et le
­C ameroun (5 chacun). La domination des équipes nord-africaines
est notable : elles ont remporté
26 éditions du tournoi sur les
34 passées. (dek)
T H E F I FA W E E K LY
11
L I G U E D E S C H A M P I O N S D E L’A F C
Un homme
très demandé
L’entraîneur
champion
Tony Popovic.
Participants à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2014
Real Madrid CF
Western Sydney
Wanderers FC
Moghreb Tétouan
En tant que champion du Maroc en titre, le Moghreb Athletic de Tétouan représentera le pays hôte lors de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2014. La
liste des participants de la compétition internationale, qui se jouera en décembre,
est complétée par les six champions continentaux : l’ES Sétif (vainqueur de la
Ligue des Champions de la CAF), le Western Sydney Wanderers FC (vainqueur
T H E F I FA W E E K LY
ES Sétif
Cruz Azul
San Lorenzo de Almagro
12
que le phénomène des Wanderers pourrait s’exporter à
l’étranger, dans des pays où les liens entre les clubs, les
joueurs et les supporters se sont distendus en raison de
la commercialisation grandissante du football et des
salaires mirobolants des stars.
“Il existe une véritable relation entre les supporters, les joueurs, la direction du club et les autres partenaires. Au sein des grands clubs européens, cela s’est
bien souvent perdu. C’est pour cette raison que même
les gens qui ne soutiennent pas cette équipe, comme
moi, sont impressionnés par ce phénomène encourageant. C’est un concept fantastique et très rafraîchissant”, analyse-t-il.
Auckland City FC
de la Ligue des Champions de l’AFC), le Real Madrid (vainqueur de la Ligue
des Champions de l’UEFA), Cruz Azul Futbol Club (vainqueur de la Ligue des
Champions de la CONCACAF), l’Auckland City FC (vainqueur de la Ligue des
Champions de l’OFC) et le CA San Lorenzo (vainqueur de la Copa Libertadores
de la CONMEBOL).
tnt-graphics (Infografik), AP
Quand il s’agit
d’Al Hilal,
le petit-fils de
l’ancien roi
n’hésite pas
à investir.
pendant des dizaines d’années, la politique avait
échoué et qu’ils permettaient aux gens de “prendre
conscience de leurs origines”. Il ajoute que les Wanderers pratiquent “un football à la fois modeste et solide
qui s’appuie sur une défense disciplinée et sur l’épuisement de l’adversaire”. Mais à ses yeux, ce qui fait la
différence, c’est surtout le fait que de nombreux joueurs
soient originaires de la région et “donnent l’impression
de tout donner pour leur équipe et de triompher en
dépit de l’adversité.”
Mike Ticher, cofondateur du légendaire magazine
anglais consacré au football When Saturday Comes et
qui vit aujourd’hui en Australie, explique de son côté
L I G U E D E S C H A M P I O N S D E L’A F C
Brendon Thorne / Getty Images
Défaite
inattendue 0:1
Les supporters
d’Al Hilal
pendant le
match aller.
Le prince aime Al Hilal
Le prince Al-Walid ben Talal a lui aussi un grand respect pour les supporters et leur culture. Il fait partie
de la direction du club d’Al Hilal. Mais le prince saoudien est avant tout réputé pour être un homme qui
aime relever les défis et aller jusqu’au bout des choses.
Pour cela, il n’hésite pas à investir des sommes souvent
colossales. En 2005, il a ainsi injecté un milliard de
dollars US dans 15 entreprises américaines, toutes plus
puissantes les unes que les autres. En matière d’investissements, Al-Walid ben Talal aime travailler avec des
sociétés telles que McDonalds, ou Walt Disney. Les
offensives financières du prince sont en effet dignes
d’un film hollywoodien.
Al Hilal peut lui aussi compter sur la générosité du
petit-fils de l’ancien roi d’Arabie Saoudite (1932-1953). Le
prince, très attaché à ce club, n’hésite d’ailleurs pas à
mettre son avion privé à la disposition de l’équipe pour
les rencontres à l’étranger, comme le match aller de la
finale de la Ligue des Champions. La défaite 0:1 de son
équipe à Sydney, où les Saoudiens avaient pourtant fait
bonne figure, avait semblé inquiéter Al-Walid ben Talal,
qui avait alors décidé de prendre à sa charge les billets
des 67 000 spectateurs que peut accueillir le stade de
Riad. C’est donc gratuitement que les supporters ont
pu assister au match retour. Il avait également indiqué
sur Twitter (où le prince compte quelque 2,45 millions
d’abonnés) qu’en cas de victoire, il verserait à l’ensemble des joueurs et du personnel technique une
prime de 100 000 riyals saoudiens, soit un peu plus de
26 000 dollars US. Cela n’a malheureusement pas suffi.
L’ambiance était toutefois au rendez-vous dans l’enceinte de l’imposant stade international du Roi Fahd.
Même si elle menaçait de basculer à tout instant, en raison d’une part des nombreuses occasions à côté desquelles sont passés les Saoudiens (et de la performance
d’Ante Covic, le gardien des Wanderers âgé de 39 ans) et
de l’autre des nombreuses scènes sujettes à polémique qui
se sont produites dans la surface de réparation des Australiens. Al Hilal a ainsi réclamé en vain quatre penalties,
avant de demander trois jours plus tard une enquête officielle de la part de la Confédération asiatique de football
concernant l’arbitrage des matches aller et retour.
Ligue des
Champions
de l’AFC
La Ligue des Champions de l’AFC
existe depuis 2003. Auparavant,
Calderón : “Sur la bonne voie”
Contrairement au tout jeune club de Sydney, le club d’Al
Hilal jouit d’une longue tradition puisqu’il a été fondé
en 1957. À l’époque, le prince n’a qu’un an et demi. Quatre
ans plus tard, l’équipe décroche son premier titre en
remportant la Coupe du Roi, trophée qui sera suivi par
54 autres titres. Al Hilal compte depuis parmi les grands
noms du football asiatique et a remporté en 1991 et 2000
le championnat opposant les meilleurs clubs du continent. Son désir de remporter un titre de Ligue des Champions n’en est pas moins grand, puisque ce trophée
manque au tableau de chasse du club saoudien, la Ligue
des Champions de l’AFC ayant été créée en 2003 (lire à
ce sujet l’encadré). Quatorze années d’attente semblent
en effet bien longues pour un club de cette envergure.
L’ Argentin Gabriel Calderón, ancien entraîneur du
Bétis Séville, connaît bien le football saoudien pour
avoir entraîné la sélection nationale de ce pays de
30 millions d’habitants ainsi que deux de ses clubs, dont
Al Hilal. “J’ai passé un moment formidable en Arabie
Saoudite”, explique Calderón. “J’ai été surpris de voir
avec quelle intensité et quelle passion étaient organisées
les différentes compétitions. Difficile de dire aujourd’hui
si le football saoudien pourra un jour faire jeu égal avec
l’élite européenne. Mais le pays est sur la bonne voie.”
Et ces paroles optimistes sortent de la bouche d’un
entraîneur argentin qui est né la même année que D
­ iego
Maradona, qui a participé à deux Coupes du Monde
(1982 et 1990) et qui a travaillé dans pas moins de huit
pays différents ! Å
cette compétition a porté d’autres
noms : le Tournoi des Clubs Champions d’Asie (1967-1971) et la
Coupe des Clubs Champions
d’Asie (1985-2002). En 2006, l’Australie a officiellement quitté la
Confédération Océanienne de
Football pour rejoindre l’AFC. Ses
clubs participent donc désormais à
cette compétition. Depuis 1967, Al
Hilal (Arabie Saoudite) totalise le
plus grand nombre de qualifications pour la finale (5 en tout pour
deux titres). Le club le plus titré de
l’histoire de la Ligue des Champions nous vient cependant de
K-League. En effet, les Pohang Steelers ont remporté les trois finales
auxquelles ils ont participé. Avec
dix couronnes continentales à son
tableau de chasse, la Corée du Sud
domine largement le classement
devant le Japon (5 titres) et l’Arabie
Saoudite (4). (dek)
T H E F I FA W E E K LY
13
EN BREF
S
es joueurs le soulèvent dans les airs et lancent des vivats. Marcello Lippi vient de conduire le club de Guangzhou Evergrande au titre de champion de Chine. Pour l’équipe du sud du pays, il s’agit du quatrième triomphe consécutif en Super League et du troisième sous la direction de
l’ancien sélectionneur de l’Italie championne du monde de 2006. Un nul 1:1 contre Shandong Luneng lors de la dernière journée a suffi à
Guangzhou pour s’adjuger le trophée. Immédiatement après le triomphe de son club, Lippi, qui est manifestement de ceux qui préfèrent s’arrêter
lorsqu’ils sont au sommet, a annoncé qu’il quittait son poste. “Je ne veux plus être entraîneur, je suis trop âgé pour cela”, a déclaré le technicien
de 66 ans. Pour autant, Lippi ne se retire pas complètement du monde du football. L’Italien, qui a remporté son plus grand succès avec Guangzhou
Evergrande en 2013 avec la victoire en Ligue des Champions de l’AFC, continuera d’apporter son soutien au club chinois en tant que directeur
technique. Il travaillera ainsi aux côtés d’une vieille connaissance : Fabio Cannavaro, capitaine de l’Italie championne du monde en 2006, a été
présenté comme le nouvel entraîneur de Guangzhou. Å
Tim Pfeifer
AFP
E
t en plus, il marque des buts ! Shkodran Mustafi a certainement
lui aussi du mal à prendre la mesure de tout ce qui lui est arrivé
ces derniers temps. Encore inconnu du grand public il y a quelques
mois, l’ancien défenseur de la Sampdoria de Gênes avait néanmoins
attiré l’attention du sélectionneur allemand Joachim Löw qui, à la
surprise générale, avait décidé de faire figurer son nom sur sa pré-liste
pour la Coupe du Monde. Mais si Mustafi est bien monté dans l’avion
pour le Brésil, c’est uniquement parce que Marco Reus s’est grièvement blessé lors du dernier match de préparation de la Mannschaft. À
l’époque, les gens avaient été surpris de voir un défenseur prendre la
place d’un attaquant. Puis, lors du huitième de finale face à l’Algérie,
Mustafi a dû être remplacé suite à une blessure musculaire, ce qui ne
l’a pas empêché de fêter comme il se doit le titre mondial sur la pelouse
du Maracanã, puis de signer un contrat lucratif avec Valence. Entretemps remis de sa blessure, Mustafi s’est imposé en tant que titulaire.
Alors qu’à Gênes, il n’avait marqué qu’un seul petit but en 50 matches
disputés, il en a déjà inscrit trois en six rencontres avec Valence, dont
un doublé pas plus tard que dimanche dernier lors de la victoire des
siens 3:1 à Vigo. Grâce, entre autres, à son défenseur allemand, Valence
pointe actuellement à la deuxième place du classement, devant le
FC Barcelone et l’Atlético Madrid. Å
Sven Goldmann
E
steban Ramirez est un pianiste originaire d’El Paso. Cette ville
est perdue au milieu du désert du Texas (États-Unis) et la musique
de Ramirez, très chaude et nostalgique, s’en ressent. En l’écoutant, on s’imagine à cheval, quelque part sur des chemins sablonneux. Un album connu de l’artiste s’intitule Fly With Me. Mais ces
derniers jours, si vous naviguez sur Internet et tapez le nom d’Esteban Ramirez (peut-être pour trouver une idée de cadeau de Noël), il
n’est pas question de sons intimistes dans les résultats obtenus. Le
moteur de recherche vous dirige vers des vidéos de la rencontre de
football entre le CS Herediano et le Deportivo Saprissa. Il s’agit d’un
match au sommet du championnat costaricien qui s’est déroulé lundi. Comme Herediano compte dans ses rangs un certain Esteban
Ramírez, qui ne se laisse pas intimider par l’adversaire et cherche
toujours à faire la différence, vous pourrez revoir un but exceptionnel : contrôle élégant de la poitrine, ajustement de la tête, tir de 20
mètres. La joie du joueur barbu à la coupe d’Iroquois s’est évidemment transformée en euphorie : Fly With Me. Finalement, ces deux
Esteban vont bien ensemble. Å
Alan Schweingruber
T H E F I FA W E E K LY
15
LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE
VU DES TRIBUNES
Échappée en solo
du Dina mo ?
Roland Zorn est spécialiste
du football et vit à Francfort-surle-Main.
Le Skonto FC, grand club
de Riga, détient un record
européen qui peut paraître imbattable : il a
remporté le championnat de Lettonie quatorze fois d’affilée, de 1991 à 2004. Il manque
encore quelques titres au Dinamo Zagreb
pour faire aussi bien, mais les neuf couronnes
nationales qu’il a décrochées entre 2006 et
2014 sont déjà impressionnantes et le champion en série croate semble tout à fait capable
de continuer sur sa lancée. Les résultats
obtenus par le Dinamo cette saison laissent
en tout cas augurer une nouvelle échappée en
solitaire : l’équipe entraînée par Zoran Mamic,
toujours invaincue, occupe la tête du classement avec six points d’avance sur Rijeka et
treize sur Hajduk Split. Il ne serait donc pas
étonnant que le club le plus titré du football
croate (16 titres depuis l’indépendance
du pays en 1991) complète sa collection de
trophées et enregistre un dixième triomphe
consécutif.
Malgré ce bilan très positif, le club le plus
important de la capitale, qui compte pas
moins de 11 000 membres, ne suscite qu’un
intérêt limité. En moyenne, 1 697 supporters
assistent à ses rencontres à domicile au stade
Maksimir. En termes d’affluence, le Dinamo
Zagreb n’occupe ainsi que la septième place
sur les dix équipes de la 1. HNL (Hrvatska
Nogometna Liga). Peut-être faut-il y voir une
certaine lassitude des fans, trop habitués au
succès. Ou peut-être est-ce lié aux fluctuations
de l’effectif du club, qui transfère régulièrement ses stars vers des formations issues de
grands championnats européens. Peut-être
encore le désamour des fans est-il dû au fait
que le Dinamo est dirigé depuis 2003 par un
président controversé, Zdravko Mamic, le
frère de l’entraîneur Zoran.
Les prestations de l’équipe sur la scène internationale, en Ligue des Champions ou en
Ligue Europa, ne contribuent que rarement
à augmenter l’affluence pour ses matches de
championnat, si bien que le Dinamo continue
son chemin et bat ses records dans un cadre
plutôt intime, devant un public restreint.
C’est dommage, car ce club continue à constituer un véritable vivier de talents qui deviendront par la suite de grands noms du football
européen. Il a ainsi révélé Zvonimir Boban,
Davor Suker, ou plus récemment Luka Modric
et Mario Mandzukic. Å
Large victoire, public restreint Le Dinamo Zagreb a facilement remporté (5:1) son premier match en Ligue Europa, contre l’Astra Giurgiu, au stade Maksimir.
16
T H E F I FA W E E K LY
imago / Pixsell
Nogometna Liga de Croatie
Toujours pas de victoire et à la dernière place du classement : le champion en titre du Venezuela, Zamora, et son capitaine Arlés Flores (à gauche).
Primera División vénézuélienne
Plus rien n’est pareil
pour ‘La Furia’
Sven Goldmann est spécialiste
du football au “Tagesspiegel”
de Berlin.
Zamora FC
Un petit drame est en train
de se jouer en Primera División, au Venezuela. Le champion de ces deux
dernières années vit une véritable descente
aux enfers : en onze journées du Tournoi de
Clôture, le Zamora FC n’a pas encore gagné
une seule fois. Il a actuellement engrangé
cinq défaites et six nuls. Récemment, il a dû
se contenter, dans son stade Augustín Tovar,
d’un 0:0 contre le Deportivo Petare, 16ème
sur 18 équipes. Zamora est maintenant
lanterne rouge.
Quel est le problème de La Furia, surnom de
l’équipe de Barinas ? Il ne s’agit plus du
groupe de joueurs qui évoluait encore pour
Zamora en mai dernier. Beaucoup de choses
ont changé depuis la finale aller-retour contre
les Mineros de Guayana. La tension extrême
qui avait animé ce match a encore des répercussions aujourd’hui. Lors de la première
rencontre, Juan Falcón a inscrit un but dont
il aurait dû se passer. Rafael Romo, le gardien
des Mineros, avait en effet arrêté de jouer
pour signaler une blessure, après une attaque
sans danger de l’adversaire. Mais Falcón ne
s’en est pas préoccupé. Il a couru en direction
de Romo, qui boîtait, s’est saisi du ballon et l’a
tranquillement envoyé dans les filets vides.
Une bagarre a alors éclaté sur le terrain et le
portier de Zamora, Alexis Angulo, a donné
un coup de poing à un adversaire.
Zamora a gagné la partie, puis le championnat,
mais s’est surtout attiré des ennuis. Angulo a
d’abord été envoyé en équipe réserve, avant
d’être mis à la porte. Le même sort a été
réservé au défenseur Layneker Zafra, qui, dès
le début de la saison, avait écopé d’un carton
rouge en raison d’une grave faute. Falcón,
meilleur buteur du championnat avec 19 réalisations, est parti en France, au FC Metz.
Ajoutons à cela les départs de Pedro Ramírez,
Ricardo Clarke et Jonathan España. La moitié
de l’équipe championne s’en est allée, tout
comme son entraîneur Noel Sanvicente, qui
dirige maintenant la sélection nationale. Un
club a besoin de temps pour se reconstruire.
Zamora n’y est pas encore parvenu. Å
Un petit drame se joue en
Primera División .
T H E F I FA W E E K LY
17
L’ I N T E R V I E W
“Ce souvenir accompagnera
les joueurs toute leur vie”
En Allemagne, personne n’a oublié la passe décisive de Rainer Bonhof sur le deuxième but de la RFA,
en finale de la Coupe du Monde 1974. L’ancien milieu de terrain évoque pour nous ce moment historique,
l’édition 2014 de l’épreuve suprême et son rôle de vice-président du Borussia Mönchengladbach.
Rainer Bonhof, comment avez-vous suivi la
Coupe du Monde 2014 au Brésil ?
Rainer Bonhof : Chez moi, autour d’un
barbecue. Je ne me sentais pas de faire tout ce
trajet pour assister aux matches. Par ailleurs,
il nous a fallu commencer à préparer la
nouvelle saison avec le Borussia Mönchen­
gladbach. Je me devais donc d’être présent.
En regardant les matches cet été, avez-vous
eu le sentiment de revivre votre parcours
triomphal en 1974 ?
Non, car chaque Coupe du Monde a sa
propre histoire. En 40 ans, les footballeurs ont
beaucoup changé. Le jeu aussi a évolué, que ce
soit au niveau du rythme ou de la tactique. En
outre, l’implication des médias est nettement
plus importante aujourd’hui. Toutefois, j’ai
porté le maillot de l’équipe d’Allemagne il y a
40 ans et je n’ai pu m’empêcher de voir des
similitudes lors de la finale. Le match de
Munich contre les Pays-Bas avait été extrême­
ment serré et tendu ; ce fut encore le cas cet
été à Rio de Janeiro. Si je fais ce parallèle,
c’est parce que je connais les spécificités d’une
telle rencontre. Le résultat aurait pu être bien
différent. Heureusement, Manuel Neuer a livré
un grand match. Nous n’aurions rien pu dire si
nous avions encaissé un but sur l’une des
occasions argentines mais, en fin de compte,
Mario Götze a eu ce petit brin de réussite qui
a fait pencher la balance de notre côté.
Le but décisif de Mario Götze vous a-t-il
­rappelé celui que vous aviez offert à Müller
en 1974 ?
La frappe victorieuse de Götze présente
effectivement quelques similitudes. André
Schürrle s’est échappé sur la gauche, il a
centré en direction de Mario, qui a réussi un
contrôle magnifique. La suite, tout le monde
la connaît. C’était la même chose en 1974. Il y
avait des espaces énormes dans la défense
néerlandaise. Jürgen Grabowski les a vus et
m’a lancé en profondeur. J’ai vu un maillot
blanc dans la surface et je me suis dit : “Cellelà, tu dois la mettre au fond”. Gerd Müller ne
18
T H E F I FA W E E K LY
s’est pas fait prier. Par la suite, dans les
soirées entre amis, entre la bière et les saucis­
ses, on n’a pas arrêté de me demander ce que
j’avais ressenti à ce moment-là. Je suis ravi
que Mario Götze m’ait débarrassé du titre de
plus jeune champion du monde allemand de
l’histoire en offrant une quatrième couronne
à la Mannschaft.
Que ressent-on lorsque l’on soulève le trophée
de la Coupe du Monde ?
Il faut quelques semaines pour prendre
la mesure de l’exploit. Sur le coup, je savais
seulement que nous avions accompli quelque
chose de grand. Dès notre entrée en lice, nous
avions dû faire face à de nombreuses critiques,
car nous étions attendus au tournant. Ce n’est
qu’au bout de deux, trois ou quatre ans que cet
immense bonheur d’avoir réussi un exploit
extraordinaire devient vraiment palpable. Car
même après tout ce temps, on reste un cham­
pion du monde. Je crois qu’il en ira de même
pour la génération actuelle. Ce souvenir
accompagnera les joueurs toute leur vie.
Que représente ce nouveau sacre mondial
pour le football allemand ?
Je pense que l’Allemagne a atteint un tout
autre niveau. En 1974, il y avait aussi de
l’euphorie, mais nous n’avions certainement
pas les mêmes perspectives en termes de
développement des jeunes. Je crois que la
Fédération allemande de football a réalisé
de l’excellent travail. On est passés de douze
centres autrefois ouverts sous l’impulsion de
Berti Vogts à près de 400 dans tout le pays,
où de jeunes talents sont formés sous l’auto­
rité de techniciens reconnus.
En quoi le football a-t-il changé au cours des
dernières décennies ?
Notre réflexion doit se baser sur l’évolu­
tion tactique. À la fin des années 70 et au
début des années 80, tout le monde ou
presque a adopté la défense à quatre ou le
marquage en zone. Le Hambourg SV de
Ernst Happel constitue le meilleur exemple
de cette évolution. Auparavant, il fallait
surveiller son vis-à-vis pendant 90 minutes,
même lorsqu’on se trouvait soi-même en
phase offensive. À partir de là, on a vu fleurir
les 4-4-2, les 4-2-4 et 4-3-3, déclinés selon des
variantes qui ont toutes connu leur heure de
gloire. Pendant la Coupe du Monde 2014, de
nombreuses équipes ont oscillé entre un
milieu de terrain en losange et un attaquant
décroché. Les joueurs sont amenés à appli­
quer des consignes très différentes selon le
système mis en place. Ça prouve que les
footballeurs d’aujourd’hui bénéficient d’une
excellente formation non seulement sur le
plan technique, mais aussi tactique.
À votre époque, le Borussia Mönchengladbach
était une référence en Allemagne et en Europe.
Par la suite, le club a connu des hauts et des
bas. Votre club de cœur est-il prêt aujourd’hui
à renouer avec les sommets ?
Nous y travaillons au quotidien. Autrefois,
nous étions habitués à fréquenter le premier
quart du classement. En 1995, nous avons
remporté la Coupe d’Allemagne pour la
dernière fois. Ensuite, le club a connu un
long passage à vide, dû en partie à son stade
vétuste. La construction du nouveau
Borussia­-Park nous a ouvert de nouvelles
perspectives, grâce aux recettes supplémen­
taires qu’il génère.
Mais en 2011, le Borussia a bien failli descendre en deuxième division.
Cette épreuve nous a fait beaucoup de
tort. Cette catastrophe a porté un rude coup
à notre équipe. Parallèlement, il y a eu une
prise de conscience collective. Nous ne vou­
lions plus revivre ça. Nous avons donc trouvé
une certaine stabilité. Si l’on considère le
marché allemand, on constate que certains
clubs possèdent un poids financier supérieur
au nôtre, mais ça ne signifie pas que nous ne
pouvons pas rivaliser sur le plan du jeu. Å
Propos recueillis par
Andrés de Kartzow
Nom
Rainer Bonhof
Date et lieu de naissance
29 mars 1952, Emmerich (RFA)
Parcours de joueur
1970 – 1978 Mönchengladbach
1978 – 1980 Valence
1980 – 1983 Cologne
1983 Hertha Berlin
Christian Grund / 13 Photo
Équipes entraînées
1990 – 1998 Allemagne (sélectionneur adjoint)
1998 Allemagne U-21
1998 – 1999 Mönchengladbach
2002 – 2005 Écosse U-21
Équipe d’Allemagne
53 sélections, 9 buts
T H E F I FA W E E K LY
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20
T H E F I FA W E E K LY
First Love
Lieu : Kampala, Ouganda
Date : 26 octobre 2012
Heure : 16h44
Christian Bobst / 13 Photo
T H E F I FA W E E K LY
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EXPOSÉ
LE BILLET DU PRÉSIDENT
La jalousie
se mérite
Les bases Le football permet d’apprendre le respect, la discipline, la combativité et l’esprit d’équipe.
Le football, une école
de la vie
Au cours d’un exposé présenté à l’occasion des 75 ans de
l’Association sportive académique de Zurich (ASVZ), le Président
de la FIFA a évoqué les valeurs véhiculées par le football.
Andrea Schneider
“L
e sport et l’esprit ne sont pas contradictoires”, a déclaré le Président de la FIFA
à l’ETH de Zurich.
Dans un exposé d’une heure, Sepp Blatter s’est
attaché à présenter le football comme une école de la vie et un vecteur important d’intégra­
tion sociale. Il a également souligné le rôle de
la FIFA dans l’aide au développement et la valorisation de régions défavorisées. Il a ainsi
rappelé l’utilité de programmes comme Football for Hope, Football pour la Santé ou 11 pour
la Santé. Ces initiatives, qui font du football
leur principal outil, contribuent à l’échelle mondiale à un changement social positif en s’attaquant directement aux problèmes d’une communauté : “Le football ne peut pas résoudre
tous les problèmes, mais il peut souvent aider
à trouver des solutions”, a déclaré le Président
de la FIFA.
Par la suite, Sepp Blatter est revenu sur les
excellentes relations entre la FIFA et l’ASVZ qui,
avec 75 000 membres, est aujourd’hui la plus
grande association sportive cantonale de
Suisse. L’un de ses quatre stades, le centre sportif Fluntern, se trouve justement à proximité du
Siège de la FIFA. “L’homme le plus pieux ne peut
vivre en paix, s’il n’entretient pas de bonnes relations avec son voisin”, a-t-il noté, citant au
passage le poète allemand Wilhelm Busch.
Le président de l’ASVZ, Egon Franck, et le
directeur de l’association, Lorenz Ursprung,
comptaient parmi les quelque 250 personnalités présentes. Lors de la séance de questions
finales, Sepp Blatter a abordé de nombreux sujets et répondu en détail aux interrogations de
ses interlocuteurs. Le Président de la FIFA a
trouvé réponse à tout et sa verve ne s’est pas
démentie à l’occasion de la dernière question :
un auditeur particulièrement audacieux lui a
demandé s’il pouvait avoir le ballon de la Coupe
du Monde qui se trouvait sur son pupitre. Sans
hésiter, Sepp Blatter a lancé le Brazuca par-dessus les têtes du public amusé, pour la plus grande joie de l’intéressé. Å
L
e ballon est rond et un match dure 90 minutes, comme le rappelait Sepp Herberger à
son époque. Aujourd’hui, la balle roule toujours plus loin… et la spirale des émotions
tourne de plus en plus vite. Toutefois, lorsqu’il
s’agit de la FIFA (et de son Président), l’objectivité reste souvent sur le carreau.
Il m’arrive parfois d’avoir l’impression
d’être responsable de tous les malheurs du
monde : la disparition de la forêt tropicale, la
grève des conducteurs de trains en Allemagne,
les éruptions volcaniques en Islande ou encore
les fluctuations des bourses mondiales.
J’en conclus que je suis aussi responsable
du mauvais temps qui a sévi cet été en Suisse.
Dans ce cas, il faut aussi se montrer juste et me
faire crédit de ce magnifique automne.
Dans ma position, il faut savoir vivre avec
les critiques. Toutefois, le principe du fair-play
doit primer sur tout le reste. Lorsque les limites de la brutalité sont franchies, on est en
droit de se défendre – même contre des journalistes. Quand on oublie que le football est aussi fait de défaites, on fait fausse route. Apparemment, certaines personnes ont oublié cette
règle essentielle.
Durant mes 40 années passées à la FIFA,
j’ai appris à vivre avec l’hostilité et la jalousie.
Comme chacun sait, si la compassion est donnée gratuitement, l’envie, elle, se mérite.
Sur le terrain comme dans la vie, on attaque toujours celui qui est en possession du
ballon. En tant que Président de la FIFA, il
m’appartient forcément de porter la balle en
permanence.
Votre Sepp Blatter
T H E F I FA W E E K LY
23
MEXIQUE
Continue à avancer
Les Guerreros Aztecas sont
des footballeurs amputés de
Mexico. Le football les aide à
surmonter les épreuves.
Tim Smyth (texte), Bénédicte Desrus (photos), Mexico
À
18 ans, Baruch était l’un des
plus grands espoirs du football
mexicain. Sa mère conserve
toutes les coupures de presse le
concernant. Sur cette photo, on
peut le voir se tenir en équilibre
sur deux béquilles pour décocher une
reprise de volée hors de portée d’un
gardien impuissant.
Il y a deux ans, Baruch a subi une
amputation de la jambe gauche suite à
une tumeur maligne. “Ils m’ont pris
ma jambe, mais ça n’a rien changé”,
assure le jeune homme tout en feuilletant les enveloppes plastifiées. “De
toute façon, j’ai toujours été droitier.”
Notre interlocuteur est aujourd’hui
capitaine des Guerreros Aztecas, une
Avant l’entraînement
Trois joueurs de l’équipe des
Guerreros Aztecas à Mexico.
24
T H E F I FA W E E K LY
MEXIQUE
Capitaine
Baruch, 18 ans, est chaleureusement
salué par ses coéquipiers.
Photo de groupe
L’équipe des Guerreros Aztecas pose
aux côtés d’une lutteuse mexicaine.
T H E F I FA W E E K LY
25
MEXIQUE
La star de l’équipe
Rodrigo Fernandez Loya, 25 ans.
équipe amateur de footballeurs amputés dont les âges, les origines et les
professions couvrent tout le spectre
de la société mexicaine.
On y trouve un avocat au service
du gouvernement, un serveur manchot qui travaille pour l’un des restaurants les plus réputés de la ville, un
étudiant de 25 ans ou un ancien quaterback de 42 ans. Chacun a sa propre
histoire. Un milieu de terrain a perdu
une jambe en sauvant une fillette qui
allait se faire écraser par un train. Le
gardien de but a été amputé d’un bras
après un accident dans une blanchisserie industrielle.
“J’essaye
d’utiliser ce que
le football m’a
appris”
La somme de leur expérience jette
un éclairage cru sur l’une des populations les plus vulnérables du Mexique:
les hommes en âge de travailler
­v ictimes d’amputations. Seuls 25 %
d’entre eux suivent des études ou
­occupent un emploi.
Une équipe en pleine expansion
Dans une ville ou les accidents et les
maladies provoquent chaque année
1 500 amputations parmi la population
masculine, les Guerreros Aztecas ne se
soucient pas uniquement de gagner
des matches ; ils sont aussi là pour reconquérir leur dignité et leur virilité.
Le succès ne s’est pas fait attendre. À
sa création, il y a un an de cela, l’équipe
rassemblait cinq joueurs. Aujourd’hui,
ils sont vingt-trois. Sept d’entre eux
ont fait partie de la présélection mexicaine pour la Coupe du Monde de Football des Amputés, qui aura lieu en
­décembre à Sinaloa.
Baruch aurait aimé être de ceux-là.
Exclu de l’école pour absences répétées
durant sa chimiothérapie, l’ex-prodige
a redonné un sens à sa vie en rejoignant les Guerreros Aztecas. “Je rêve
de représenter cette équipe, car elle est
devenue ma deuxième famille, mais en
ce moment, j’ai de gros problèmes de
souffle”, explique l’intéressé.
26
T H E F I FA W E E K LY
MEXIQUE
Sa mère et sa grand-mère refusent
obstinément de lui parler des nouvelles métastases que les médecins ont
découvertes, mais le jeune homme s’informe sur Internet. Sa toux, ses expectorations, les bouffées de chaleur, la
douleur circulaire qui lui déchire le
dos sont autant d’indices. “J’essaye
d’utiliser ce que le football m’a appris.
Je reste calme dans la difficulté et je
me concentre sur l’instant présent.”
Ses coéquipiers font bloc autour de
lui pour l’aider à relever le plus grand
défi de sa jeune existence. Nous sommes
allés à leur rencontre pour tenter de
comprendre comment ils utilisent l’humour, l’amitié et avant tout le football
pour dribbler les coups durs.
Pompes
Le haut du corps doit être entraîné.
Un nouveau départ
Nous avons ainsi rencontré Rodrigo
Fernandez Loya, 25 ans, l’un des principaux atouts mexicains en vue de la
Coupe du Monde. Ancien membre d’un
gang de quartier, il estime que l’autodiscipline acquise au contact des Guerreros Aztecas lui a permis de changer
le cours de sa vie, en abandonnant les
rues au profit des salles de classe.
“Après l’accident, j’ai passé une année à répéter : ’Je ne peux pas, je ne
peux pas.’ Je ne me voyais pas continuer comme ça. Puis j’ai rejoint l’équipe.
On m’a accueilli, on m’a réconforté, on
m’a donné le sentiment de faire partie
d’un tout. Personne ne m’a posé de
question sur ce que j’avais fait auparavant. Maintenant, quand je baisse les
yeux et que je vois ma jambe manquante, je me dis : ’Ce qui est fait est
fait. Continue à avancer.’” Å
Six joueurs de champ
Le septième joueur, le gardien de but,
ne doit pas quitter la surface de réparation.
F o o t b a l l f o r Ho p e
en Sierra Leone
À travers l’initiative Football for Hope,
la FIFA soutien depuis 2005 des program-
Jouer sans prothèses
Des joueurs avant l’entraînement.
mes qui mêlent football et développement
social.
La Single Leg Amputee Sports Association
(SLASA) s’occupe des victimes de guerre
en Sierra Leone et compte parmi les 107
programmes financés par Football for
Hope en 2014. La SLASA organise des
tournois de football dans tout le pays pour
les personnes amputées. Ces compétitions sont l’occasion pour les participants
de progresser, mais aussi de recevoir des
conseils. Parallèlement, les populations
locales sont sensibilisées à leur situation,
afin de faciliter leur intégration.
T H E F I FA W E E K LY
27
HISTORIQUE
1954 I S UI S S E
Les Emblèmes de
la Coupe du Monde
1958 I S UÈ DE
1962 I C HIL I
1966 I A NGL E T E R R E
1970 I ME X IQUE
Tour Eiffel, palais présidentiel et autres Station Spatiale
Internationale… La présentation au public de l’Emblème Officiel de la
Coupe du Monde a déjà eu lieu en plusieurs endroits à haute portée
symbolique. Grâce à son logo, chaque tournoi se voit en outre doté
d’une identité visuelle forte.
Yvonne Lemmer
1974 I R FA
1978 I A RGE N T INE
1982 I E S PA GNE
28
T H E F I FA W E E K LY
S
i la présentation de l’Emblème Officiel
d’une Coupe du Monde représente toujours un moment à part, celle du logo de
Russie 2018 restera à coup sûr dans les
annales. Avec la participation de l’équipe
de la Station Spatiale Internationale,
l’Emblème a en effet été dévoilé au monde le 28
octobre dernier en direct de l’espace ! Par le
passé, cette cérémonie ne s’est pas toujours révélée aussi spectaculaire. Il convient cependant de préciser que l’Emblème n’a fait son
apparition qu’à partir de l’édition 1954 organisée en Suisse. À l’époque, le Comité Organisateur est le tout premier à demander la création
d’un logo alors qu’auparavant, seules des affiches officielles viennent apporter une touche
graphique à l’événement. Avant le début de la
compétition, la Commission de Presse annonce
ainsi qu’un motif caractérisant le tournoi sera
réalisé en plus de l’affiche, motif qui sera présent sur toutes les publications et correspondances du Comité Organisateur. Ce dernier
organise alors un concours auquel les artistes
suisses sont appelés à participer et c’est finalement la proposition du graphiste bâlois Herbert Leupin qui emporte l’adhésion.
Premières licences
Ce tout premier Emblème Officiel est donc
chargé de représenter la Coupe du Monde 1954
et d’orner les imprimés. En ceci, il n’est pas très
différent des logos d’aujourd’hui. Une chose a
toutefois changé depuis lors, puisqu’en 1954,
personne ne songeait encore à une commercialisation à grande échelle de ce symbole. L’utilisation commerciale des Emblèmes débute réellement en 1966, en Angleterre. Cette année-là,
la mascotte officielle World Cup Willie vole
néanmoins la vedette. Sur de nombreux articles
de merchandising, c’est en effet ce sympathique
lion que l’on retrouve en lieu et place du logo.
Dès le début, le design est protégé, un phénomène qui a acquis une énorme importance
au cours des dernières décennies. Sans une pro-
HISTORIQUE
tection légale adéquate, il est impossible d’obtenir une licence pour l’Emblème. Ainsi, la FIFA
investit aujourd’hui énormément d’argent afin
de protéger les marques de ses événements.
L’Emblème Officiel de la Coupe du Monde est
inscrit dans les registres des marques du
monde entier afin de pouvoir être utilisé à des
fins commerciales et promotionnelles. Cela
permet en outre d’assurer que la FIFA, ses par-
1986 I ME X IQUE
Par la suite, l’Emblème est présenté à la presse
internationale dans l’hôtel Excelsior de la Via
Veneto. La présence de nombreuses personnalités italiennes issues de la politique, de l’économie et de l’église démontre au passage le
soutien dont bénéficie la compétition de la
part de toute la population.
L’Emblème de France 98 a lui aussi droit à
un site iconique de la capitale française pour
1990 I I TA L IE
1994 I É TAT S - UNI S
1998 I F R A NC E
2002 I C OR É E /JA P ON
Russie 2018
Des cosmonautes en
orbite dévoilent
l’Emblème.
LOC
tenaires, ses sponsors et ses franchises bénéficient de droits exclusifs sur le logo, mais également de combattre un éventuel usage
frauduleux par des tiers.
Ce processus apparaît tout à fait légitime
puisque dès la Coupe du Monde 1974 en Allemagne de l’Ouest, le merchandising explose
et l’Emblème, qui représente un ballon en
train de rouler, se retrouve sur d’innombrables t-shirts, pièces de monnaies, verres ou
sacs de sport à travers la planète.
Palais du Quirinal et tour Eiffel
Bien que la présentation de l’Emblème Officiel
de Russie 2018 dans l’espace surpasse toutes
les autres, l’histoire retient plusieurs autres
cérémonies spectaculaires. À l’occasion d’Italie
90, le Comité Organisateur Local dévoile tout
d’abord son logo le 13 novembre 1986 dans le
palais du Quirinal – la résidence officielle du
président de la République italienne – sous les
yeux de Francesco Cossiga, le président d’alors.
sa présentation. Et quel autre monument que
la tour Eiffel aurait été mieux indiqué pour
cela ? Le 20 septembre 1994, à l’occasion d’une
cérémonie officielle, le Comité Organisateur
de la Coupe du Monde affiche son étendard
sur les poutrelles métalliques les plus célèbres
de la planète. La publication de l’œuvre, sur
laquelle on voit un ballon de football s’élever
au-dessus de la terre à la manière du soleil,
donne le coup d’envoi d’une aventure qui verra les Bleus l’emporter sur leur propre sol.
Au fil des années, l’Emblème Officiel est ainsi devenu le véritable symbole de chaque Coupe
du Monde, mais aussi un outil marketing indispensable à son succès. Les recettes générées par
la commercialisation permettent à la FIFA
­d’investir chaque jour près de 606 000 dollars
US dans le développement du football. Å
2006 I A L L E M A GNE
2010 I A F R IQUE DU S UD
2014 I BR É S IL
T H E F I FA W E E K LY
29
EVERY GASP
EVERY SCREAM
EVERY ROAR
EVERY DIVE
EVERY BALL
E V E RY PAS S
EVERY CHANCE
EVERY STRIKE
E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L
SHALL BE SEEN
SHALL BE HEARD
S H A L L B E FE LT
Feel the Beauty
BE MOVED
THE NEW 4K LED TV
“SONY” and “make.believe” are trademarks of Sony Corporation.
TRIBUNE
F I F A S 11
Beach Soccer :
les matches les plus
prolifiques
Dix ans
de télévision
1
21 buts
14:7 Portugal – Uruguay
Coupe du Monde Beach Soccer 2009
à Dubaï
2
20 buts
12:8 Russie – Brésil
Coupe du Monde Beach Soccer 2011
à Ravenne
3
1 8 buts
10:8 Brésil – Nigeria
Coupe du Monde Beach Soccer 2011
à Ravenne
4
17 buts
10:7 Brésil – Portugal
Coupe du Monde Beach Soccer 2007
à Rio de Janeiro
17 buts
4:13 îles Salomon – Portugal
Coupe du Monde Beach Soccer 2008
à Marseille
6
16 buts
2:14 îles Salomon – Portugal
Coupe du Monde Beach Soccer 2006
à Rio de Janeiro
16 buts
10:6 Brésil – États-Unis
Coupe du Monde Beach Soccer 2006
à Rio de Janeiro
16 buts
11:5 Brésil – Nigeria
Coupe du Monde Beach Soccer 2009
à Dubai
16 buts
8:8 Suisse – Sénégal
Coupe du Monde Beach Soccer 2011
à Ravenna
16 buts
10:6 Paraguay – Côte d’Ivoire
Coupe du Monde Beach Soccer 2013
à Tahiti
11
15 buts
10:5 Uruguay – îles Salomon
Coupe du Monde Beach Soccer 2006
à Rio de Janeiro
Alan Schweingruber
E
n moyenne, 30 ans de l’existence d’un être
humain sont consacrés aux médias. Sur ces
30 ans, dix sont passés devant la télévision.
C’est tout du moins ce qui ressort de statistiques basées sur l’Europe centrale. Sans vouloir critiquer les différents producteurs, on
peut penser que toutes ces années pourraient
être autrement mieux utilisées. Une balade en
forêt, par exemple, revigore le corps et l’esprit.
Raconter une histoire à ses enfants avant d’aller au lit, faire un gâteau, écouter la radio, lire
un magazine de football, noircir les pages de
son journal intime, appeler les ramoneurs, tailler la haie du jardin … Il existe mille activités
probablement plus enrichissantes que de se
demander sous quel coussin du canapé la télécommande s’est glissée.
Bien sûr, il y a des exceptions, comme les 64
matches disputés au Brésil en juin et juillet derniers. Durant cette période, même les plus assidus au travail ont parfois levé la tête vers leur
écran. Ou bien comme ce reportage au sujet d’un
gardien canadien qui a quitté son pays après
avoir provoqué un penalty et avoir été expulsé
car il ne supportait pas la pression engendrée.
Ou bien encore comme la diffusion du but du
mois officieux en provenance du Costa Rica (voir
également page 15). Pour faire bref, lorsque le
football est au programme, il est assurément
compliqué de renoncer à sa télévision.
Il serait également très intéressant de savoir
combien d’années de sa vie une personne passe à
attendre. Cette valeur est malheureusement impossible à calculer, puisque l’attente réelle n’existe
tout simplement plus. Lorsque l’on attend
quelqu’un ou quelque chose, on en profite pour
s’adonner à une autre activité. À la station de métro, on écrit quelques mots sur son smartphone,
on téléphone à sa mère (ou au ramoneur), on
s’achète un bonbon au kiosque d’à côté ou on lit
un article de journal sur sa tablette. Autrefois,
lorsque l’on communiquait encore vraiment par
câble et par fil, on n’avait d’autre choix que d’attendre. Chez soi également. Pour un entraîneur
de football, cela nécessitait une grande discipline.
Lorsqu’il était tout à coup démis de ses fonctions
– ce qui dans ce métier arrive certainement plus
fréquemment que n’importe où ailleurs –, le technicien sans emploi ne pouvait se permettre d’aller
se promener ou de tailler sa haie. Il devait (et voulait) être joignable à tout moment par les directeurs sportifs et autres présidents de clubs.
Néanmoins, et c’est l’une des leçons à tirer
du passé, les vrais bons entraîneurs usaient
d’une autre tactique consistant à justement ne
pas être joignable. Être inaccessible vous rend
intéressant et encore plus demandé, même un
adolescent apprend cela lorsqu’il commence à
partir à la conquête du monde. De nos jours, un
entraîneur doit prendre une année sabbatique et
partir sur un autre continent pour ne vraiment
plus être joignable. Pep Guardiola l’a bien compris et n’a jamais été autant demandé que durant
cette période. Peut-être savait-il qu’un Européen
passe environ une année et demie de sa vie pendu à son téléphone. Dans le même temps, un
New-Yorkais passe probablement plus de dix ans
devant le petit écran. Pour leur rendre justice, il
faut tout de même souligner que les Américains
doivent faire face à des matches baseball d’une
longueur ahurissante et aux élections au Congrès
les plus passionnantes du monde. Å
La rubrique hebdomadaire de la
rédaction de The FIFA Weekly
Source : FIFA
(Documents FIFA :
Les matches les plus prolifiques de la Coupe
du Monde de Beach Soccer de la FIFA,
04.11.2014)
T H E F I FA W E E K LY
31
LE MIROIR DU TEMPS
T
H
E
N
Cheadle, Staffordshire, Angleterre
L’international portugais Vicente Lucas pousse son coéquipier
Jose Torres dans une brouette sur le terrain après un entraînement.
32
T H E F I FA W E E K LY
Central Press / Hulton Archive / Getty Images
1966
LE MIROIR DU TEMPS
N
O
W
Newcastle upon Tyne, Angleterre
Serena Taylor / Newcastle United via Getty Images
2014
Jack Colback (à gauche) et Ryan Taylor de Newcastle United lors d’une
“course de brouette humaine” pendant un entraînement à St. James Park.
T H E F I FA W E E K LY
33
LE CL ASSEMENT FIFA
http://fr.fifa.com/worldranking/index.html
Classement ÉquipeÉvolution Points
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
46
48
49
50
51
52
52
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
34
Allemagne
Argentine
Colombie
Belgique
Pays-Bas
Brésil
France
Uruguay
Portugal
Espagne
0
0
0
1
-1
0
2
-1
2
-2
1669
1565
1420
1388
1375
1307
1191
1184
1175
1119
Italie
Suisse
Chili
Croatie
Algérie
Costa Rica
Mexique
Grèce
Ukraine
Angleterre
Roumanie
République tchèque
États-Unis
Slovaquie
Côte d’Ivoire
Bosnie-et-Herzégovine
Équateur
Islande
Autriche
Russie
Tunisie
Danemark
Cap-Vert
Pays de Galles
Ghana
Slovénie
Écosse
Égypte
Suède
Cameroun
Sénégal
Nigeria
Irlande du Nord
Pologne
Israël
Turquie
Serbie
Albanie
Trinité-et-Tobago
Hongrie
Iran
Japon
Togo
Pérou
Guinée
Panamá
Afrique du Sud
Mali
Bulgarie
RD Congo
République d’Irlande
Congo
Finlande
Monténégro
Ouzbékistan
République de Corée
Gabon
Norvège
Honduras
Antigua-et-Barbuda
Burkina Faso
Guatemala
Libye
Jordanie
Arménie
Paraguay
Sierra Leone
2
-2
-1
5
5
-1
-1
-4
5
-2
5
6
-6
16
-3
-1
-6
6
10
-7
0
-5
8
-5
-2
17
-8
23
-7
2
-5
-5
28
26
19
-8
-12
-3
37
4
-7
-4
73
-7
-7
-1
10
1
-13
13
1
-14
2
-21
-7
-3
16
8
-13
10
-23
-15
-5
-5
-23
-16
-2
1064
1063
1060
1002
989
974
954
946
920
919
876
870
862
861
842
837
826
816
810
792
780
763
716
715
685
683
674
658
646
637
635
632
625
621
615
614
614
604
598
561
560
559
559
558
552
546
542
533
532
521
519
512
510
504
498
496
487
481
480
478
469
466
440
434
432
423
421
T H E F I FA W E E K LY
Rang
04 / 2014
05 / 2014
06 / 2014
07 / 2014
08 / 2014
09 / 2014
1
-40
-80
-120
-160
-200
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
88
88
88
92
93
94
95
96
97
97
99
99
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
113
115
116
117
118
119
120
121
122
123
124
125
126
126
128
129
130
131
132
132
134
134
136
137
138
138
140
141
142
143
144
1ère place Hausse du mois Zambie
Émirats arabes unis
République dominicaine
Irak
Salvador
Oman
Ouganda
Venezuela
Bénin
Angola
Estonie
RP Chine
Maroc
Qatar
Lituanie
Haïti
Australie
Rwanda
Chypre
Mozambique
Arabie saoudite
ARY Macédoine
Lettonie
Zimbabwe
Botswana
Bolivie
Bahreïn
St-Vincent-et-les-Grenadines
Belarus
Soudan
Palestine
Malawi
Tanzanie
Éthiopie
Cuba
Namibie
Jamaïque
Saint-Kitts-et-Nevis
Kenya
Géorgie
Lesotho
Moldavie
Koweït
Niger
Canada
Liberia
Liban
Guinée équatoriale
Azerbaïdjan
Luxembourg
Burundi
Philippines
Guinée-Bissau
Nouvelle-Zélande
Kazakhstan
Aruba
Tadjikistan
Afghanistan
Vietnam
Myanmar
Turkménistan
Sainte-Lucie
Mauritanie
Tchad
Maldives
Madagascar
République centrafricaine
10
-6
27
9
-10
-7
-5
-19
-8
14
-7
9
-1
8
11
26
-10
-2
-11
12
-15
13
0
-9
-11
-9
0
1
-17
26
-6
-11
5
21
10
0
-13
2
-5
-7
-3
-14
4
-14
-2
3
-3
-11
-31
1
2
5
0
-13
-5
-3
2
1
6
6
3
-15
0
3
3
3
-7
Baisse du mois
418
413
405
393
392
391
389
388
375
373
369
369
369
369
364
360
359
356
348
341
341
340
340
330
323
310
308
302
301
298
297
292
291
289
286
284
284
279
273
271
266
262
261
258
251
249
246
238
233
233
232
229
226
225
218
218
214
214
208
207
197
197
195
194
183
180
178
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
157
157
159
159
161
162
163
164
165
166
167
168
168
170
171
172
172
174
175
176
177
178
179
180
180
182
182
184
185
186
187
188
189
190
191
192
193
194
194
194
197
198
199
200
201
202
203
203
205
205
207
208
208
Grenade
Barbade
Curaçao
RDP Corée
Suriname
Kirghizistan
Syrie
Guyana
Nouvelle-Calédonie
Laos
Liechtenstein
Malaisie
Indonésie
Malte
Porto Rico
Inde
Singapour
Guam
Hong Kong
Swaziland
Thaïlande
Tahiti
Belize
Gambie
Nicaragua
Montserrat
Seychelles
Bermudes
Comores
Sri Lanka
São Tomé-et-Principe
Bangladesh
Îles Turks-et-Caicos
Yémen
Népal
Îles Salomon
Dominique
Pakistan
Timor oriental
Macao
Cambodge
Soudan du Sud
Îles Féroé
Chinese Taipei
Samoa
Vanuatu
Maurice
Fidji
Mongolie
Bahamas
Samoa américaines
Tonga
Îles Vierges américaines
Brunei
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Érythrée
Îles Caïmans
Andorre
Somalie
Îles Vierges britanniques
Djibouti
Îles Cook
Anguilla
Bhoutan
Saint-Marin
-8
15
1
2
-2
1
1
1
-16
15
17
-2
-1
-2
-2
-1
-12
2
1
-4
-7
-4
-4
-2
2
-2
1
-2
2
2
2
5
3
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4
2
-13
-7
11
2
14
-1
-8
-10
-2
-2
-2
-2
-2
-1
-1
-1
-5
-5
0
2
-3
1
1
-4
0
0
0
0
0
176
172
171
168
167
158
154
148
142
141
136
134
129
129
119
119
115
111
109
103
102
100
99
90
90
86
81
80
80
76
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68
66
62
61
53
53
51
51
49
46
43
42
39
37
33
32
30
29
26
26
26
20
15
13
11
10
9
8
8
6
6
2
0
0
THE SOUND OF FOOTBALL
Le goleador à la voix d’or
En parallèle de ses triomphes dans le monde du ballon rond,
Hans Krankl a connu une carrière musicale des plus riches.
Hanspeter Kuenzler
Sion Ap Tomos
A
u regard de son superbe parcours de footballeur, il est
difficile de croire que Hans Krankl ait pu connaître l’angoisse de la solitude. “Je suis seul aujourd’hui”, clame-t-il
pourtant d’une voix convaincante. “Personne ne m’aime / Je
ne peux que pleurer / Et t’attendre.” En écho à ces tristes
paroles, l’artiste autrichien s’affiche sur la pochette de
­“Lonely Boy” avec une moustache parfaitement rasée et un
regard perdu au loin, autant de caractéristiques qui ne sont
pas sans rappeler un certain Freddy Mercury. Cette chanson
est en fait une reprise de la composition éponyme de Paul
Anka, véritable tube de l’année 1958, en allemand mâtiné de
dialecte viennois. Avec cette version, Krankl a même atteint
en 1986 la deuxième place du hit-parade en Autriche. Le trait
de génie de cette création n’est toutefois pas tant son arrangement rock entraînant que le pseudonyme choisi par son
interprète, Johann K. Il s’agit là d’une subtile allusion à Josef
K., le protagoniste du roman Le Procès de Franz Kafka, mais
aussi et surtout au groupe de rock indépendant écossais
­Josef K, dont l’influence perdure jusqu’à aujourd’hui à travers
des groupes tels que Franz Ferdinand. Avec “Lonely Boy”,
Hans Krankl n’en est pas à son coup d’essai. Il sort deux
premiers singles dès l’année 1974, alors qu’il empile les buts
du côté du Rapid de Vienne. “Un suicide musical”, estime-t-il
aujourd’hui. Par la suite, il refuse de mettre en chanson
­l’incroyable victoire 3:2 de l’Autriche face à l’Allemagne lors
de la Coupe du Monde 1978 – avec un doublé de sa part – ou
encore son passage réussi à Barcelone, où il décroche le surnom de Goleador. Il faut donc attendre 1984 pour le revoir au
micro avec le titre “Rostige Flügel” (“Ailes rouillées”), où il est
l’invité de la Kottan’s Kapelle (La chapelle de Kottan), un
groupe fictif tiré d’une célèbre série policière autrichienne.
Plusieurs autres singles suivront, dont une reprise de
­“Cocaine” de J.J. Cales intitulée “Aspirin”, mais aussi deux
albums entiers et un best of. Depuis ces succès, la passion de
la musique n’a pas quitté notre homme : “Si vous croyez que
Johann K. n’est qu’un invité occasionnel des Monti Beton,
vous faites erreur”, peut-on ainsi lire sur le site Internet des
Monti Beton, référence à peine déguisée aux Monty Python.
Ce groupe viennois s’est spécialisé dans la reprise “à l’autrichienne” de grands titres du rock anglo-saxon. Chez eux,
l’ancien footballeur de renom “est un membre à part entière,
qui s’occupe des chants et des percussions”. Æ
T H E F I FA W E E K LY
35
Le football est une
confrérie. C’est la paix.
© 2014 Visa. All rights reserved.
Oscar Arias
Lauréat du Prix Nobel
LE TOURNANT
“Dieu
m’a parlé”
Salvador Cabañas était un
excellent attaquant paraguayen.
Il aurait pu jouer la Coupe du
Monde 2010 en Afrique du Sud,
mais il en a été empêché par
une agression qui a bien failli
lui coûter la vie.
Jorge Adorno / Reuters
L
e 25 janvier 2010 a changé ma vie à jamais.
Au petit matin de ce jour-là, j’étais dans
une boîte de nuit de Mexico, où je jouais
attaquant à Club América, en première
division, depuis 2006. Je tournais bien,
j’avais mis 66 buts en 115 matches pour
América jusqu’à cette nuit-là. Sans prévenir, un
homme s’approche de moi dans les toilettes de
la boîte avec une arme au poing. Il me dit : “On
m’a demandé de te tuer, quelle est ta dernière
volonté ? Tu nous voles à nous, les Mexicains”.
Puis il m’a tiré une balle dans la tête et m’a gravement blessé. Je le soupçonne d’avoir fait ça
parce que j’étais le joueur le mieux payé du
championnat derrière Cuauhtémoc Blanco.
J’ai perdu connaissance et j’ai été transporté
à l’hôpital. Dans mon coma, j’entendais les
méde­cins dire à mes parents de se préparer pour
mon enterrement. C’est à ce moment-là que j’ai
parlé à Dieu, qui m’a dit que ce n’était pas le
moment de m’en aller, que j’avais une mission
sur Terre.
Après mon réveil, j’ai toujours eu le désir de
revenir dans le football professionnel. Dès que
j’ai pu, j’ai attaqué la rééducation. J’ai couru,
mais j’ai également nagé en piscine pour retrouver mes forces et ma condition physique.
J’ai également joué avec le ballon.
En février 2011, j’ai pu faire mon premier
entraînement post-rééducation avec Club
­
­Libertad, club professionnel de première division paraguayenne. En 2012, j’ai signé un contrat
avec 12 de Octubre, en troisième division paraguayenne. C’est là que j’avais débuté ma carrière
professionnelle. J’ai eu du mal à retrouver mon
niveau d’avant. Je n’ai joué qu’un match de
championnat avec cette équipe. J’ai dit aux
­d irigeants que je ne leur en voudrais pas s’ils
Nom
Salvador Cabañas
Date et lieu de naissance
5 août 1980, Itauguá
Poste
Attaquant
Clubs en tant que joueur
1998 – 2001 12 de Octubre
1999 Guaraní
(sur la base d’un prêt)
2001 – 2003 Audax Italiano
2003 – 2006 Chiapas FC
2006 – 2010 América
Équipe du Paraguay
44 sélections, 10 buts
pensaient que je ne pourrais plus réussir en tant
que joueur professionnel. C’est ce qui s’est passé.
Et je me suis rendu à l’évidence après de brefs
passages à General Caballero, en deuxième
­d ivision paraguayenne, et Tanabi, en quatrième
division brésilienne. J’ai pris ma retraite fin
mai 2014.
J’ai beaucoup perdu au niveau de l’œil
gauche à cause de la balle, qui est logée derrière
mon oreille gauche. Les médecins n’ont pas retiré la balle car cette opération aurait été très risquée. Par chance, j’ai survécu à cette agression
sans conséquences plus graves pour ma santé.
À cause de cela, je n’ai pas pu participer à la
Coupe du Monde en Afrique du Sud avec mon
équipe nationale, à l’été 2010. Mes six buts en
éliminatoires avaient grandement contribué à la
qualification de ma sélection pour cette Coupe
du Monde. C’est évident que ça me fait mal
d’avoir raté cette opportunité, mais je ne déteste
pas l’auteur du crime. Je l’ai pardonné. Je ne l’ai
jamais rencontré et je ne lui ai jamais parlé.
Après ma retraite sportive, j’ai aidé mes parents dans leur boulangerie dans la ville d’Itauguá au Paraguay. Aujourd’hui, je ne travaille
pas et je vis avec mes parents. Je vais poursuivre mon travail dans mon école de football
à Asunción. Å
Rédigé par Peter Eggenberger
Dans la rubrique “ Le Tournant ”, de
grands noms du football reviennent sur
les moments qui ont marqué leur vie.
T H E F I FA W E E K LY
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The FIFA Weekly
Revue hebdomadaire publiée par la
Fédération Internationale de Football
Association (FIFA)
Site Internet :
www.fifa.com/theweekly
Éditeur :
FIFA, FIFA-Strasse 20,
Case postale, CH-8044 Zurich
Tél. +41-(0)43-222 7777
Fax +41-(0)43-222 7878
COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA
Un événement très isolé et un but pour l’éternité figurent
au programme de cette semaine. À vous de jouer !
1
Rooney et Ronaldo sont passés par là en 2014 : quel est ce stade dont on peut lire le nombre
maximal de spectateurs de gauche à droite comme de droite à gauche sans que le nombre change ?
(Exemple : stade d’une capacité de 123 321 spectateurs)
Président :
Joseph S. Blatter
Secrétaire Général :
Jérôme Valcke
Directeur de la Communication
et des Affaires publiques :
Walter De Gregorio
B
C
F
S
Rédacteur en chef :
Perikles Monioudis
Rédaction :
Alan Schweingruber,
Sarah Steiner, Tim Pfeifer
2
Cette équipe a organisé récemment un événement lié à la Coupe du Monde.
À quelle distance cet événement a-t-il eu lieu de l’habitation humaine la plus proche ?
Conception artistique :
Catharina Clajus
H
R
O
L
Service photo :
Peggy Knotz
Production :
Hans-Peter Frei
Mise en page :
Richie Krönert (responsable),
Tobias Benz, Marianne Bolliger-Crittin,
Susanne Egli, Alissa Rosskopf
3
Correction :
Nena Morf, Kristina Rotach
moins de 3 km
3 – 30 km
30 – 300 km
plus de 300 km
Quelle est cette équipe dont les membres n’ont disputé ensemble que deux rencontres
internationales, la demi-finale et la finale d’une Coupe du Monde ?
Collaborateurs réguliers :
Sérgio Xavier Filho, Luigi Garlando,
Sven Goldmann, Hanspeter Kuenzler,
Jordi Punti, Thomas Renggli,
David Winner, Roland Zorn
Ont contribué à ce numéro :
Peter Eggenberger,
Andrés de Kartzow, Yvonne Lemmer,
Tim Smyth, Andreas Wilhelm
Secrétaire de rédaction :
Honey Thaljieh
Responsables de projet :
Bernd Fisa, Christian Schaub
Traduction :
Sportstranslations Limited
www.sportstranslations.com
A
4
I
O
U
Le monde du football associe son nom à un but bien particulier.
Où le ballon avait-il fini sa course lors de ce but ?
E
B
T
P
Impression :
Zofinger Tagblatt AG
www.ztonline.ch
Contact :
[email protected]
La reproduction des photos et
des articles, y compris sous forme
d’extraits, est interdite, sauf
accord de la rédaction et sous
réserve de la mention
“The FIFA Weekly, © FIFA 2014”.
La rédaction n’a aucune obligation de
publier des textes ou des photos non
sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont
des marques déposées par la FIFA.
Produit et imprimé en Suisse.
Les opinions exprimées dans
The FIFA Weekly ne reflètent pas
nécessairement celles de la FIFA.
Solution de l’énigme de la semaine précédente : HULK
Explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly
Inspiration et application : cus
Faites-nous parvenir vos réponses le mercredi 12 novembre 2014 au plus tard à [email protected]
Les personnes ayant correctement répondu à l’ensemble des énigmes parues depuis le 13 juin 2014 participeront en janvier
2015 à un tirage au sort pour tenter de gagner un voyage pour deux pour le Gala FIFA Ballon d’Or, qui aura lieu
le 12 janvier 2015. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du
concours. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse :
http://fr.fifa.com/mm/document/af-magazine/fifaweekly/02/20/51/99/fr_rules_20140613_french_french.pdf
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R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E
LE SONDAGE DE L A SEMAINE
Parmi les six dernières éditions, quelle
a été la meilleure Coupe du Monde ?
49+15+131175
7%
Laquelle de ces équipes remportera
la Ligue des Champions de la CONCACAF ?
5%
11%
49%
13%
15%
≠ ≠ ≠ Brésil 2014
Allemagne 2006
Afrique du Sud 2010
≠ ≠ ≠ France 1998
Corée / Japon 2002
Etats-Unis 19944
Choisissez entre :
· Alajuelense (CRC)
· America (MEX)
· D.C. United (USA)
· Herediano (CRC)
· Impact de Montréal (CAN)
· Olimpia (HON)
· Pachuca (MEX)
· Saprissa (CRC)
Pour voter, rendez-vous sur :
Fifa.com/newscentre
“J’ai eu la chance de le voir sous un angle différent. Il est très gentil, poli et détendu.
Il ne s’intéresse pas uniquement au joueur mais aussi à l’homme et à sa famille.”
Paul Verhaegh, défenseur des Pays-Bas,
à propos de l’ancien sélectionneur Louis van Gaal
4
derbies de
Manchester consécutifs se sont
soldés par une
victoire de
56
matches consécutifs en
ayant inscrit au moins un but et
Manchester City,
45 sorties à domicile sans défaite
ce qui n’était
face au Celta Vigo, telles sont les
plus arrivé
séquences qui ont pris fin pour
buts avec la Suède, c’est le record
depuis 1970. Le dernier
le FC Barcelone. Les Celticos,
établi par Lotta Schelin. Hanna
succès en date fait des
qui n’avaient pas gagné au
Ljungberg détenait le titre de
Sky Blues la deuxième
Camp Nou depuis 73 ans, se
meilleure buteuse de l’histoire
équipe après Liverpool
sont imposés 1:0 dans l’antre
des Blagult depuis 2008, mais
à enregistrer quatre
de l’ogre catalan. Ils sont
l’attaquante de Lyon le lui a
victoires de rang sur
devenus les premiers à
ravi en ouvrant le score lors
Manchester United
museler l’attaque du Barça sur
de la défaite (2:1) face à
depuis le lancement de
ses terres depuis le FC Séville
l’Allemagne.
la Premier League.
en 2011.
Orlando Sierra / AFP, Getty Images (2), imago
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LA SEMAINE EN CHIFFRES