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CentredeRechercheScientifiqueetTechniquessurlesRégionsArides.Biskra
Le déclin des abeilles sauvages et de la flore spontanée dans les
écosystèmes naturels d’Algérie : étude comparative entre deux périodes
(1996-2005 et 1901-1908)
Aguib S.*,
Benarfa N.*, Maatallah R.*, Maghni N.*, Louadi K.*, & Berchi S.*
Résumé
Ces dernières années la diversité des abeilles
et celle des fleurs sauvages qui en dépendent
pour la pollinisation déclinent simultanément à
causes de la rareté des espaces verts, fauchage
précoce des bords de routes, des gazons,
urbanisation du littoral, disparition des plantes
préférées pour les espèces d’abeilles
oligotrophique,
manque
des
sites
de
nidifications
appropriés.
En
effet,
le
bouleversement d’un facteur environnemental
ou écologique suffit à faire disparaître plusieurs
espèces.
En raison de leur importance sur le plan
économique comme agent de pollinisation, il
nous a paru nécessaire d’évaluer les points
suivants : étudier la richesse des populations
d’abeilles sauvages dans différents étages bio
climatiques de l’Est algérien (semi-aride et
humide).
Établir une liste taxonomique des apoïdes
dans les régions d’études, faire parallèlement
des inventaires botaniques de la flore sauvage
qui dépend exclusivement des pollinisateurs
pour se reproduire.
Mettre en évidence le déclin des populations
d’abeilles confrontées à celles des travaux qui
ont été effectués au début du XXème siècle.
Proposer des solutions pour sauvegarder
cette faune pollinisatrice et favoriser la survie
de ces auxiliaires qui contribuent à la beauté de
nos paysages les plus chers.
Mots clés : Abeilles, fleurs sauvages, diversité,
déclin, Est algérien.
Summary
In the latest years, the diversity of bees
and wildflowers that depend on it for
pollination has declined simultaneously
because of the scarcity of green spaces, early
mowing
roadsides,
lawns,
coastal
urbanization, disappearance of favorite
plants for oligotrophic species, lack of
suitable of appropriate nidification. Indeed,
the disruption of an environmental or an
ecological factor is enough to remove
several species.
Because of their tremendous economic
importance as an agent of pollination, we
found it necessary to assess these points:
studying the richness of wild bee
populations in different stages of the
bioclimatic eastern Algeria (semi-arid and
humid).
Establishing a taxonomic list of apoïda in
the areas of study, at the same time, making
a botanical inventory of wild flora that
depends exclusively of pollinators to
reproduce.
Highlighting the decline of populations of
bees and comparing our results to works
which were achieved in the beginning of
20th century.
Proposing ways to save this wildlife
pollinated and promote the survival of these
aids that contribute to the beauty of our most
cherished landscapes.
Key words : Bees, wildflowers, diversity,
decline, East of Algeria.
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Laboratoire bio systématique et écologie des arthropodes. Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie.
Département de biologie. Université Mentouri Constantine.(E-mail : [email protected]).
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Introduction
La faune apoïdienne en Algérie est encore très peu connue. Les travaux réalisés
sont parcellaires et datent de la 1ère moitié du XXème siècle. On note les travaux de
Saunders (1901,1908) sur la faune uniquement algérienne. Alfken (1914) a donné la
liste des espèces pour le centre de l’Algérie. Morice (1916) a étudié les Apoidea du
Mzab et Benoit (1924) s’est intéressé aux espèces du Hoggar. Toutefois, les travaux
récents de Louadi & Doumandji (1998a & b) dans la région de Constantine font une
révision de la nomenclature et une énumération des genres et espèces d’Apoidea.
1- Matériel et Méthodes
1.1- Présentation de la région d’étude
La présente étude est menée dans trois régions de l’Est algérien ;
il s’agit de : Skikda, Constantine, Tébessa, durant une période de 10
ans. Neuf stations ont fait l’objet d’un échantillonnage des apoïdes.
1.2- Echantillonnage est conservation des apoïdes
1.2.1- Sur le terrain
La liste du matériel de capture et d’échantillonnage utilisé s’étable
comme suit : pots en plastique, filet à papillon, aspirateur à bouche,
piège à eau de couleur jaune.
1.2.2- Au laboratoire
Une fois au laboratoire, les spécimens sont tués par congélation et
piqués avec des épingles entomologiques. Après étiquetage, les
spécimens sont identifiés après examen sous loupe binoculaire
(grossissement 25 x). L’identification est réalisée à partir des clés
dichotomiques et des boites de collections.
1.3- Inventaire et détermination de la flore naturelle
Les observations et l’inventaire des peuplements végétaux en
cours de floraison pendant la période d’étude sont effectués, afin
d’établir un calendrier de référence des plantes naturelles et de mener
une étude phénologique. Les plantes visitées par les insectes sont
récoltées et placées dans un herbier pour séchage et conservation. La
détermination des plantes est effectuée à l’aide de ouvrage Beniston
(1984).
2- Résultats et discussion
L’inventaire qui a été réalisé dans les trois régions de l’Est algérien
durant la période 1996-2005, nous a permis de recenser : 2714
spécimens répartis entre, 10 sous famille, 21 genres et 67 taxons. Cette
étude également a permis de mettre en évidence la présence de 5
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familles d’abeilles sauvages : Apidae, Magachilidae, Halictidae,
Andrenidae et Mellitidae.
2.1- Aire de répartition des abeilles sauvages
Cette étude sur les abeilles nous permet de connaître la répartition
spatiale des espèces rencontrées au cours de la période d’étude (1996-2005)
dans les trois régions prospectées.
Selon le tableau 1, la région de Constantine présente 51 espèces (Aguib,
2006). Celle de Skikda, 31 espèces d’après Maatallah (2003). Tébessa
présente 35 espèces, selon Benarfa (2004). La famille des Halictidae est la
plus abondante dans la région d’étude ; cette dernière est représenté par 18
Taxons appartenant aux genres Halictus , Lasioglossum, et Sphécodes .
L’espèce Halictus gemmeus est signalée par Saunders (1908) à Constantine,
Annaba, El Tarf et Tizi Ouzou. La famille des Megachilidae se compose de
17 taxons appartenant aux genres : Anthidium, Pseudoanthidium,
Mégachile, Osmia, Lithurgus, Rhodanthidium, Chelostoma.
Tableau 1 : Quelques espèces d'abeilles sauvages récoltées dans les régions de
Constantine, Skikda et Tébessa
Régions
Espèces
Constantine
Famille Andrenidae
Andrena agilissima SCOPOLI, 1770
Andrna thoracica HEDICKE, 1775
+
Andrena albopuncata PANZER, 1798
+
Andrena morio BRULE 1832
Andrena discor ERICHSON, 1836
Famille Halictidae
Halictus scabiosae ROSSI,1790
+
Lasioglossum callizonium PEREZ, 1895
+
Evyleaus malachurum KIRBY, 1802
+
Evyleaus pauperatum BRULLE, 1832
Famille Megachilidae
Anthidium manicatum LEPELETIER, 1841
+
Anthidium diadema LATREILLE
+
Rodanthidium siculum SPINOLA, 1838
+
Osmia tricornis LATREILLE, 1802
+
Osmia inermis ZETTERSTEDT, 1838
+
Chelostoma sp
+
Megachile apicalis SPINOLA, 1908
+
Famille Apidae
Anthophora retusa LATREILLE, 1758
+
Bombus terrestris FABRICIUS, 1804
+
Tetralonia alternans BRULLE, 1832
+
Eucera notata LEPLETIER, 1841
+
Famille Melittidae
Dasypoda plumipes PANZER, 1797
Dasypoda sp
[(+ : présence) ; (- : absence)]
406
Skikda
Tébessa
+
+
+
+
+
-
+
+
+
+
+
+
+
-
+
+
+
-
+
+
+
_
+
-
_
+
+
+
+
+
+
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La famille des Andrenidae se constitue de 13 taxons appartenant
aux genres Andrena et Panargus. Le genre Andrena est représenté
par 12 espèces, tandis que le genre Panurgus n’est représenté que par
1 seule espèce. La répartition des espèces de ce dernier genre parait
limitée en Algérie. Selon Patiny (2001) les Panurginae présentent
une concentration et une diversité dans les parties Xériques et Xéromontagnes de l’Ancien Monde.
La quatrième famille est celle des Apidae. En fait, nous avons
adopté la nouvelle classification de Michener (2000) qui a fait verser
tous les représentants de la famille des Anthophoridae dans celle des
Apidae. Cette dernière est représentée par 17 taxons appartenant aux
genres : Bombus, Anthophora, Tetralonia, Eucera, Amegilla,
Xylocopa, Ceratina et Nomada.
Nos résultats corroborent les travaux menés à Constantine de
Louadi & Doumandji (1998 a & b) et Louadi (1999a) pour ce qui
concerne l’absence de deux familles : les Colletidae et les Melittidae.
Saunders (1908) pour sa part, mentionne la présence dans la région de
Constantine de 3 espèces de Colletidae : Colletes specatbilis Morew,
Collestes succinctus Latreille et Colletes acutus Perez.
De leur côté, Maatallah (2003) & Benarfa (2004) signalent la
présence des Melittidae dans les régions de Skikda et Tébessa.
Figure 1 : Répartition de nombre d’espèces d’abeilles pour chaque familles inventoriées
pendant la période 1996-2005
18
17
17
18
16
13
14
12
Halictidae
Meagachilidae
10
Apidae
Andrenidae
Melittidae
Collitidae
espèces
8
6
2
4
0
2
0
Halictidae
Apidae
famille
Melittidae
Selon l’histogramme (fig. 1), 5 familles d’abeilles sont inventoriées
dont la famille la plus riche en espèces est celle des Halictidae avec 18
espèces ; elle est suivie de prés par la famille des Apidae et
Megachilidae avec 17 espèces chacune. La famille des Andrnidae est
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classée en 3ème place avec 13 espèces. La famille qui présente le plus
faible nombre d’espèces est la famille des Melittidae avec 2 espèces
seulement. En effet cette famille a une aire de répartition très restreinte
et la majorité de ses espèces sont Monolectiques.
2.2- Inventaire de la flore sauvage
Dans la région de Constantine nous avons recensées 44 espèces
végétales. Maatallah (2003) a signalé la présence de 39 familles
végétales dans la région de Skikda. Tandis que Benarfa (2004) a
inventorié 21 familles végétales (tab. 2).
Tableau 2 : Effectif des familles végétales inventoriées dans les régions d'études
Régions
Constantine
Skikda
Tébessa
Familles végétales
44
39
21
Les familles les plus importantes sont les Asteraceae, les
Brassicaceae. Les friches contiennent les Boraginaceae et les
Fabaceae. La diversité floristique est très importante au printemps.
2.3- Résultats relatifs à l’étude comparative
Selon le travail de Saunders (1908), la faune apoïdienne de l’Algérie
est diversifiée. Cette diversité est influencée par les factures climatiques
et la présence des ressources florales. Le déclin des abeilles est observé
tant dans le nombre d’espèces qu’à celui des genres. La famille des
Apidae enregistre 104 espèces d’après Saunders (1908), alors que le
résultat de notre inventaire ne décrit seulement que 14 espèces.
Saunders (1908) a dénombré 96 espèces de Megachilidae, tandis que la
présente étude n’en décrit que 16 dans cette famille
Nous avons inventorié 18 et 13 espèces respectivement de la
famille d’Halictidae et d’Andrenidae. Par ailleurs Saunders a signalé
63 et 77 espèces (tab. 3). Ces deux familles, considérées comme des
abeilles primitives, creusent leurs nids dans le sol.
Tableau 3 : Répartition des espèces et des genres d’abeilles sauvages inventoriées
pendant les deux périodes (1996-2005/1901-1908)
Périodes
Familles
Andrenidae
Halictidae
Megachilidae
Apidae
Collitidae
Melittideae
Total
408
(1996-2005)
Genres
Espèces
2
13
5
18
6
16
7
14
0
0
1
2
21
63
Saunders (1908)
Genres
Espèces
2
77
3
63
7
96
9
104
2
26
3
7
21
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La famille des Melittidae est peu diversifiée en Algérie ; le déclin est
de l’ordre de 5 espèces. Nous avons observé l’absence totale de la
famille des Colletidae dans nos milieux naturels. Cependant Saunders
(1908) a signalé 26 espèces de cette dernière. Ce déclin dans le nombre
d’espèces d’abeilles peut s’expliquer par le fait que la végétation, les
sites de nidification, ainsi que les conditions climatiques sont
défavorables pour une richesse faunique ; ces facteurs peuvent réduire et
détruire l’équilibre écologique.
Le tissu urbain s’accroît au dépend des espaces verts. Les
monocultures, l’emploi des herbicides et la pollution industrielle
menacent une majeure partie de la flore spontanée qui conditionne la
vie des apoïdes sauvages. Les pratiques agricoles modifient largement
les habitats naturels des apoïdes en diminuant les diversités végétales.
3- Conclusion et perspectives
Chacun de nous peut aider les abeilles sauvages à survivre dans notre environnement
de plus en plus dégradé.
Le soutien actif de tout chacun est en effet nécessaire à la conservation effective de
notre patrimoine vivant, que ce soit au niveau des milieux naturels, des talus, des bords de
chemin, que des jardins.
Ces derniers constituent un terrain d´action privilégié qui permet d´agir
immédiatement en faveur des abeilles sauvages.
Nous pouvons en effet leur offrir une flore appropriée et abondante.
- Préserver les sites de nidifications existantes.
- Utiliser le moins pesticides.
- Conserver un coin de jardin peu entretenu où vont s’installer diverses plantes sauvages.
Cette étude devrait être élargie à un recensement global de l’entomofaune d’Apoidea
en Algérie. Un intérêt particulier devrait entourer la pollinisation entomophile. Ce
procédé exige des connaissances parfaites en systématique, en biologie et en écologie de
chaque espèce d’abeilles.
Bibliographie
1- Aguib S., (2006) : « Etude bioécologique et systématique des Hymenoptera ; Apoidea
dans les milieux naturels et cultivés de la région de Constantine ». Thèse. Mag. Sci.
Natur. Université Mentouri, Constantine, 180.
2- Benoitst R., (1924) : « Sur la provenance de quelques Hyménoptères Mellifères
décrits par J. Perez ». Bull. Soc. Ent. De France, 14 mai 1924 : 109-111
3- Benarfa N., (2004) : « Inventaire de la faune Apoïdienne dans la région de
Tébessa ». Thèse. Mag. Sci. Natur. Université Mentouri, Constantine, 145.
4- Beniston N.T., (1984) : « Les fleurs d’Algérie ». Ed. ENal Alger : 359 p. 17
5- Louadi K., (1999a) : « Systématique, éco-éthologie des abeilles ( Hymenoptera,
Apoidea) et leurs relations avec l’Agrocénose dans la région de Constantine ». Thèse
Doc. Etat, Sci, Natu. Université Mentouri, Constantine, 202 p.
6- Louadi K. & Doumandji S.A., (1998a) : « Diversité et activité de butinage des
abeilles (Hymenoptera, Apoidea) dans une pelouse à thérophytes de Constantine
(Algérie) ». Canadian . Entomologist, 130 : 1-12.
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7- Louadi K. & Doumandji S.A., (1998b) : « Note d’information sur l’activité des
abeilles (domestiques et sauvages) et l’influence des facteurs climatiques sur les
populations ». Sci et Tech., Université Mentouri Constantine, 9 ; 83-87.
8- Maatallah R., (2003) : « Inventaire de la faune Apoïdienne dans la région de
Skikda ». Thèse. Mag. Sci. Natu. Université Mentouri, Constantine, 186
9- Michener C.D., (2000): “The bees of the world”. John Hopkins, University, Presse,
Baltimore, Maryland, U.S.A: 913 p.
10- Morice F.D., (1916): “List of some Hymenoptera, from Algeria and the Mzab
country”. Novitates zoologicale, 23 ; 241-248.
11- Patiny S., (2002) : « Nouvelles espèces de Panurginae (Hymenoptera, Apoidea,
Andrenidae) du Sud de l’Ouest Paléarctique ». Notes fauniques de Gembloux, n°47;
41-46.
12- Saunders E., (1901) : “Hymenoptera Aculeata collected in Algeria”. Part IHeterogyna and Fossores to the end of Pompilidae .Trans. Ent. Soc. Lond., 4 ; 515525.
13- Saunders E., (1908) : “Hymenoptera Aculeata collectede in Algeria”. Part IIDiploptera, Fossores, 1905. Part III- Anthophilla. Trans. Ent. Soc. Lond, 2 :177-273.
14- Schulthess A. De., (1924) : « Contribution à la connaissance de la faune des
Hyménoptères de l’Afrique du Nord ». Bull. Soc. Hist. Nat. de l’Afrique du Nord,
15(6) : 293-320.
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