Les Misérables - Les Petits Classiques Larousse

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Transcript Les Misérables - Les Petits Classiques Larousse

Les Misérables
de Victor Hugo
Clefs d’analyse
par Alexandre Gefen
Petits Classiques Larousse - 63 – Les Misérables
Clef 3 (p. 76 à p. 90)
CLEFS D'ANALYSE
Action et personnages
1. Relevez les comparaisons qui permettent d’identifier la Thénardier à un
animal.
un éléphant ; une créature formidable ; mammifère ; araignées ; (pages 76-77) ;
sa bouche d’hyène (p. 80).
2. Que pensez-vous de l’intérêt que Cosette porte aux poupées ? Quels
sont les moments du texte où elle manifeste cet intérêt ? Pourquoi
considère-t-elle celle que lui offre Jean Valjean « avec une sorte de
terreur » ?
Bien que les Thénardier, en la maltraitant et en la faisant travailler sans cesse, la
privent des bonheurs de l’enfance, Cosette n’a pas encore perdu l’espoir et la
capacité de rêver. La menace de la Thénardier ne suffit pas à l’empêcher de
s’arrêter devant la vitrine : la vision de la poupée merveilleuse est plus forte que la
peur.
3. Quelles sont les tactiques employées par Cosette pour échapper à la
persécution de la Thénardier ? Sont-elles efficaces ?
- Elle essaie de passer inaperçue : elle obéit, se tait et se cache jusque sous la
table ;
- elle implore la pitié de la Thénardier (lors de l’épisode de la pièce de quinzesous) ;
- elle ment (elle prétend que le cheval a bu ou que la boulangerie était fermée ; elle
envisage de raconter qu’il n’y a plus d’eau à la source).
Mais ces tactiques sont inefficaces : en effet, au moindre mouvement, la Thénardier
la remarque (par exemple lorsqu’elle joue à poupée) ; ses mensonges ne lui
permettent que de repousser la catastrophe mais pas de l’éviter (ainsi la Thénardier
saura que la boulangerie n’était pas fermée). Enfin, la Thénardier n’est pas
accessible à la pitié et il est inutile de la supplier.
4. Page 85 : pourquoi est-il évident que la pièce que Jean Valjean feint de
retrouver n’est pas celle que Cosette a perdue ? Pourquoi la Thénardier ne
dit-elle rien ?
Cosette a perdu une pièce de quinze sous. Celle que Jean Valjean prétend avoir
ramassée est une pièce de vingt sous. La Thénardier ne dit rien parce qu’elle y
trouve un bénéfice.
5. Quelle attitude les petites Thénardier ont-elles envers Cosette ?
Pourquoi réagissent-elles de cette façon ?
Elles ignorent Cosette : « C’était pour elle comme le chien » (p. 86) et ne la
considèrent pas comme une petite fille de leur âge, avec qui elles pourraient jouer,
mais comme une esclave qui n’a aucun droit, voire comme un animal; elles jugent
donc anormal que Cosette leur ait emprunté leur poupée pour jouer. Elles
réagissent de cette manière parce qu’elles ont l’habitude de voir leurs parents la
traiter ainsi.
Petits Classiques Larousse - 63 – Les Misérables
6. Pourquoi Jean Valjean a-t-il choisi des vêtements noirs pour Cosette ?
Jean Valjean vient chercher Cosette juste après la mort de Fantine. Il habille
Cosette en noir parce qu’elle vient de perdre sa mère et doit porter le deuil.
Langue
7. Dans l’échange entre Cosette et le marchand colporteur, relevez les
procédés d’insistance.
Interjection : « Oh ».
Exclamations : « Oh ! si ! » ; « Et même qu’il a bien bu ! » ; « Je dis que […],
petite drôlesse ! » : « et que cela finisse ! ».
Répétition : « le cheval a bu », « il a bu » ; « et même qu’il a bien bu » ; « dans le
seau, plein le seau. »
Tournures d’insistance :
- « même que » : « même que c’est moi »; « et même qu’il a bien bu » ;
- « c’est moi qui » : « c’est moi qui lui ai porté à boire » ;
- « Je te dis que » : « je te dis qu’il n’a pas bu » ;
- « en voilà une qui » : « en voilà une qui est grosse comme le poing ».
8. Mademoiselle Chien-faute-de-nom : pourquoi la Thénardier surnomme-telle Cosette ainsi ? Que pensez-vous de cette appellation ?
La Thénardier traite effectivement Cosette comme un chien ; c’est d’ailleurs ainsi
que ses filles la considèrent (« C’était pour elle comme le chien », p. 86). Il lui
paraît donc justifié de l’appeler « Chien », comme si Cosette n’avait pas même un
nom : « faute-de-nom ». En feignant d’ignorer son nom, elle l’exclut de l’humanité.
L’appellation « Mademoiselle », qui exprime le respect, est ironique. Ainsi, ce
surnom met en évidence la condition misérable de Cosette.
9. Quelles sont les mots qui apparentent la forêt à l’enfer ?
Espace noir ; obscurité ; revenants ; peur ; fantômes de la nuit et des bois ;
immense nuit ; ombre ; serpents de feu blanc ; engourdir, geler ; l’eau froide [chez
Dante, les derniers cercles de l’enfer, les plus terribles, sont froids].
10. L’expression « la pièce-quinze-sous » est-elle correcte ? Qu’indique-telle ?
Cette expression est fautive : on dit normalement « une pièce de quinze sous ».
Cette tournure abréviative est la marque d’un niveau de langue inférieur et atteste
le manque d’éducation de la Thénardier.
11. Page 90, ligne 42 : que vous rappelle le terme « le bonhomme » ? En
quoi est-il significatif que la formule s’applique à Jean Valjean ?
Le terme « bonhomme » a été employé à propos de M. Myriel au premier chapitre
du roman (p. 22) : M. Myriel, face à l’empereur, avait revendiqué la condition de
« bonhomme ». Ce mot n’est donc pas anodin. Qu’il s’applique à Jean Valjean
indique que celui-ci ressemble à M. Myriel et que c’est le même genre d’homme :
un bonhomme, c’est-à-dire littéralement un homme bon.
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Genre ou thèmes
12. Quel conte de fées ce passage rappelle-t-il ? Justifiez votre réponse.
Quel effet produit ce rapprochement ?
La référence la plus évidente est Cendrillon : comme l’héroïne du conte de Perrault,
Cosette est maltraitée par sa marâtre qui lui préfère ses sœurs ; tout comme
Cendrillon, qu’on n’a pas emmenée au bal, finit par y aller et par obtenir le Prince
charmant, Cosette, privée de jouet, se voit offrir par Jean Valjean une poupée cent
fois plus belle que celle de ses sœurs (et un sort de loin meilleur). Il faut également
penser à un autre conte de Perrault, « Les Fées », dans lequel une sœur cadette est
maltraitée par sa mère qui lui préfère son aînée. Elle doit notamment aller puiser à
la fontaine située loin du logis. Là, elle rencontre une pauvre femme à qui elle
donne à boire : il s’agit bien entendu d’une fée qui lui octroie le don de jeter des
perles et des diamants à chaque parole qu’elle prononce. Cosette, elle aussi, est
envoyée à la fontaine et reçoit une pièce d’or. Dans les deux cas, le rapprochement
fait de Cosette une princesse de conte de fées ; lorsque Jean Valjean lui offre la
poupée, elle a le même sentiment que « si on lui eût dit brusquement : Petite, vous
êtes la reine de France ». On s’attend donc à une conclusion heureuse : de fait,
dans la suite du roman, elle trouvera en Marius un nouveau prince charmant.
13. Comment Jean Valjean entre-t-il en contact avec Cosette ? Quelle
impression son arrivée produit-elle sur l’enfant ?
Tout d’abord Cosette ne voit pas Jean Valjean : « elle sentit tout à coup que le seau
ne pesait plus rien » (p. 82). Avant tout, l’arrivée de Jean Valjean signifie pour
Cosette la fin de ses souffrances. Cosette, qui est terrorisée par la forêt, aurait pu
avoir peur de cet inconnu surgi brusquement près d’elle, mais ce n’est pas le cas
(« L’enfant n’eut pas peur ») comme si elle avait deviné qu’il s’agissait d’une
rencontre positive.
14. Cosette, en partant avec Jean Valjean, « sentait quelque chose comme
si elle était près du bon Dieu » : en quoi ce sentiment est-il justifié ?
Ce sentiment est justifié car l’arrivée de Jean Valjean, que rien ne laissait prévoir,
est pour Cosette un véritable miracle : il a surgi dans la forêt juste au moment où
elle appelait Dieu à son secours : « Ô mon Dieu ! Mon Dieu ! » (p. 82). Il l’a
soustraite à la Thénardier, qui représente pour l’enfant un pouvoir qu’elle avait
toujours cru invincible ; il lui a fait des dons qui dépassent ce qu’elle avait pu
imaginer : une poupée magnifique et une pièce d’or. Il représente donc à ses yeux
le salut, la bonté et la toute-puissance qui sont les attributs de Dieu.
Pour aller plus loin
16. Au début de cette partie, on sait que Jean Valjean a l’intention de venir
chercher Cosette. En quoi cela change-t-il notre perception de la situation ?
Du point de vue de Cosette, en revanche, quelles sont les perspectives
d’avenir ? Connaissez-vous d’autres livres mettant en scène des enfants
maltraités ?
Pour le lecteur qui connaît les intentions de Jean Valjean, la situation de Cosette, si
triste soit-elle, est transitoire : on comprend que Cosette n’entre en scène que
parce qu’il va lui arriver quelque chose et on a compris, dans la partie précédente,
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que Jean Valjean tiendrait le serment fait à Fantine. En revanche, du point de vue
de Cosette qui n’a jamais rien connu d’autre, les perspectives d’avenir sont
inexistantes, d’autant plus que la Thénardier lui apparaît comme invincible.
Les romans mettant en scène des enfants maltraités sont innombrables : outre les
textes présentés en annexe (Alphonse Daudet, Le Petit Chose ; Charles Dickens,
Oliver Twist ), on peut penser à Jules Vallès, L’Enfant ; Hector Malot, Sans famille,
Jules Renard, Poil de Carotte, Hervé Bazin, Vipère au poing.
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