le magazine - Amitié La Poste Orange

Download Report

Transcript le magazine - Amitié La Poste Orange

Association d’Aide et de Prévention Alcoolisme et Toxicomanies

La Poste Orange

Dossier

Codépendance : la parole aux proches

www.amitie.asso.fr

L’art-thérapie Une activité qui vient en appui des soins Addictions du quotidien Tatouage, est-ce addictif ?

Amitié La Poste Orange

e s t à v o t r e é c o u t e !

ILE-DE-FRANCE

Administrateur régional M. Denis MACE 06 75 92 25 72 [email protected]

NORD - PAS-DE-CALAIS PICARDIE

Administrateur régional M. Richard WOZNIAK 06 73 15 22 10 [email protected]

Coordinatrice régionale Mme Anne FRION 06 76 73 69 62 [email protected]

NORMANDIE

Administrateur régional M. Dominique GARDIN 06 07 30 75 52 [email protected]

CHAMPAGNE-ARDENNE

Administrateur régional M. Christian CHARLES 06 44 81 62 11 [email protected]

ALSACE LORRAINE BRETAGNE

Administrateur régional M. Christian TRÉMOYET 01 53 79 61 61 [email protected]

Coordinatrice régionale Mlle Vitaline PIGEON 06 83 54 50 92 [email protected]

PAYS DE LA LOIRE

Administrateur régional M. Rémi LÉVESQUE 06 76 73 65 59 [email protected]

Coordinateur régional M. Bernard LEFEUVRE 06 82 15 32 40 [email protected]

POITOU-CHARENTES

Administrateur régional M. Hervé NEVEU 06 85 32 94 31 [email protected]

AQUITAINE

Administratrice régionale Mme Isabelle MOTHES 06 75 92 28 10 [email protected]

Coordinateur régional M. Bernard MALIGNE 06 76 73 77 66 [email protected]

AUVERGNE LIMOUSIN

Administrateur régional et Coordinateur régional M. Dominique PARTON 06 07 30 51 98 [email protected]

PACA

Administrateur régional M. Michel MENET 06 83 49 83 45 [email protected]

Coordinatrice régionale Mme Coralie MEUNIER 06 84 93 40 24 [email protected]

Administrateur régional M. Jackie HAUMONTE [email protected]

Coordinatrice régionale Mme Nadège VIRIOT 06 33 85 02 56 [email protected]

BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ

Administrateur régional M. Alain PRENEL 06 89 51 83 78 [email protected]

RHÔNE-ALPES

Administratrice régionale Mme Sylvie VERNET 06 76 74 81 80 [email protected]

Coordinateur régional M. Joël BONNARD 06 89 50 25 28 [email protected]

Retrouvez les coordonnées des responsables départementaux en page 19 de cette revue et sur notre site Internet www.amitie.asso.fr

Pour les régions Centre, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, adressez-vous au siège d'Amitié.

Amitié La Poste Orange 82 bis, rue Blomet 75015 Paris - Tél. : 01 53 79 61 61 - Fax : 01 45 63 98 41 www.amitie.asso.fr - [email protected]

Directeur de la publication Christian Trémoyet Rédactrice en chef Blandine Becker Comité de rédaction Emmanuel Grelaud, Bernard Maligne, Hervé Neveu, Daniel Pélardy, Alain Prenel.

Ont collaboré à ce numéro Catherine Devaux, Anne Frion, Marion Lagarde, Yolande Lettiero, Dominique Parton, Vitaline Pigeon, Nadège Viriot.

Journalistes-rédacteurs Mathilde Goanec, Agnès Morel Correction Chantal Lamarque de l’agence Textuelle Crédit photos © Amitié LPFT, © Fotolia, © Mathilde Goanec, © Agnès Morel, © Courtesy Herbert Hoffmann and Galerie Gebr. Maquette et impression Imprimerie Salomon 378, avenue de l'Industrie 69140 Rillieux-la-Pape N° ISSN Amitié : 2105-6366 - Paru en : janvier 2015 - Dépôt légal : à parution - Tirage à 25 000 exemplaires

édito Pour cette nouvelle année, positivons !

J

e ne serai ni le premier ni le dernier à le faire remarquer : le contexte économique et social est plutôt morose, voire plombé. Pour autant, ne nous laissons pas abattre par ce pessimisme ambiant.

De nombreuses personnes, grâce aux efforts conjugués des uns et des autres, se soignent, se remettent sur pied, s'en sortent. Et c'est essentiel, en cette période de vœux, de le souligner et d'en être fiers. Nous devons continuer à miser avec force sur l'accompagnement individuel et le bénévolat. Outre le changement de nom, Amitié La Poste Orange s'est également transformée de façon positive au cours de l'année passée.

Nous n'avons pas attendu la réforme territoriale pour faire les seize Régions... Cette réorganisation permet de conjuguer le volet politique et opérationnel, dans un souci d'efficacité et de lisibilité. Je reconnais aussi la qualité du travail mené avec les acteurs médicaux, les assistants sociaux et les préventeurs dans les entreprises (voir La vie des régions). Il faudra, en 2015, s'impliquer encore davantage dans la co construction de l'aide, pour rompre l'isolement autour des collègues en difficulté et de leur entourage. Plaçons l'année qui vient sous le signe du collectif, un vrai rempart contre la souffrance de la dépendance.

Le Président Christian Trémoyet

sommaire Amitié en action

> > Deux interviews en ligne sur le site Marion Lagarde 4 à 5 > Campagne de formation active chez Orange Nord de France

Question de fond

> 6 à 9 Codépendance : la parole aux proches

Sources et ressources

> 10 à 13 Une activité qui vient en appui des soins > Le tatouage, est-ce addictif ?

> La pancréatite chronique

Portrait

> Albert Dubois 14-15 Christian TRÉMOYET, Président de l’association Amitié La Poste Orange, et le Conseil d’Administration vous présentent leurs meilleurs voeux pour 2015 L a P o s t e O r a n g e

Vie des régions Zoom sur

16-17 18

amitié

La Poste Orange 4

AMITIÉ EN ACTION Deux interviews en ligne sur le site

Pour poursuivre l’enrichissement de son site internet, l’association Amitié vous propose de découvrir deux interviews filmées. La première nous éclaire sur le métier d’assistante sociale, la deuxième recueille le témoignage d’une militante.

A

ssistante sociale coordinatrice natio nale d’Orange, Évelyne Lanfranchi Monleau présente le rôle des assistantes sociales en entreprise, et notamment leur action dans la prise en charge des addic tions. En quatre minutes et trente secondes, elle répond aux questions d’Amitié sur la spécificité du métier d’assistante sociale dans le milieu profes sionnel, ainsi que sur son champ d’intervention par rapport à la personne aux prises avec une addiction. «  On préserve la vie privée pour préserver le travail, et inversement  », explique-t-elle.

Évelyne Lanfranchi-Monleau spécifie également les connexions nécessaires entre le travail des militants-bénévoles de l’association et du service social du travail.

Dans une deuxième vidéo, Catherine Devaux, Coordinatrice régionale d’Amitié La Poste Orange en Normandie, revient pour nous sur son vécu et son alcoolisa tion au féminin. Quand l’alcool est-il devenu un problème  ? Qu’est-ce que l’association lui a apporté ? Y a-t-il une différence de vécu entre les hommes et les femmes dans l’alcoolisation et dans le soin ? Autant de questions auxquelles Catherine a répondu avec beaucoup de sincérité.

Découvrez ces nouvelles vidéos sur

www.amitie.asso.fr

n BB

Marion Lagarde :

les militants bénévoles sont sa priorité

D

epuis le 1 er octobre, Marion Lagarde est la nouvelle responsable du pôle « aide, accompagnement et bénévolat ». Titulaire d’un master 2 de psychologie du travail et de la vie sociale, Marion a découvert le monde associatif et la question des addictions avec un projet de recherche-action sur les théories de l’engagement appliquées à la prévention, mené lors d’un premier stage au sein d’un Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). Elle a ensuite pu y développer sa première expérience professionnelle. La jeune femme a poursuivi ses missions en tant qu’ani matrice de prévention et formatrice à l’ANPAA de Paris. Forte de ces expériences, Marion souhai tait développer son engagement autour de la question de la prise en charge des addic tions en milieu professionnel. Ses missions seront diverses : animer le groupe de travail « militantisme et bénévolat », organiser le parcours de formation des militants bénévoles, les accompagner et les soutenir dans leurs missions d’accompagnement des personnes en difficulté avec une addiction, et développer des actions de mobilisation pour trouver de nouveaux bénévoles. Le premier objectif qui lui a été confié est de recenser les militants-bénévoles afin d’alimenter ces différents projets et de valoriser les compétences et activités des membres d’Amitié. n

[email protected]

Flash sur… les « Césars RH 2014 »

Le projet RAMP (risques addictifs en milieu professionnel) conduit par un groupe de travail, réunissant des représentants du Réseau La Poste de Haute-Bretagne et l’association Amitié La Poste Orange, a été récompensé par un « César RH 2014 » le 11 décembre dernier. Ces trophées récompensent les initiatives dans le domaine des ressources humaines au sein de cette branche. Pour Amitié, c'est la reconnaissance de son évolution et de son implication dans le développement de projets novateurs répondant aux besoins de l’entreprise.

amitié

La Poste Orange 5

Campagne de formation active chez Orange Nord de France

Un mois d’échanges autour des produits psychoactifs : le Nord se mobilise pour faire baisser le nombre de situations à risques. Et s’interroge sur la manière de s’adresser plus particulièrement aux jeunes salariés.

E n novembre, le Service clients Orange Nord de France (SCO) a fait appel au pôle prévention et aux coordinatrices régionales d’Amitié pour former sur un mois leurs encadrants au sein de plusieurs sites. Le découpage régional d’Amitié ne correspond pas toujours au découpage régional des entreprises. Yolande Lettiero, animatrice de prévention d’Amitié, a donc fait le lien entre la région Nord-Pas-de-Calais - Picardie et la Champagne Ardenne, afin de s’inscrire dans un projet d’action global.

Ces actions de formation font suite à un groupe de travail mis en place au sein du SCO. Il avait pour mission de mettre en place des protocoles et procédures pour mieux gérer les risques professionnels liés à la consommation de produits psychoactifs.

Dans un premier temps, ses membres ont fait appel à Amitié pour former l’ensemble des encadrants. La phase suivante sera de proposer à tout le personnel des réunions de sensibilisation sur les produits psychoactifs.

Un projet en faveur des jeunes

Coordonnées par Patrice Fasseu, préventeur chez Orange, ces onze demi-journées ont permis de sensibiliser une centaine de personnes sur la « gestion des risques alcool et drogues ». En réalisant un focus sur les différents produits et la notion de dépendance, tout en facilitant les échanges, Yolande Lettiero a proposé une intervention interactive basée sur des ateliers en groupe et des mises en situation. «  Il était important pour nous de permettre aux managers d’avoir les éléments nécessaires pour répondre à leur questionnement sur des situations profes sionnelles à risques liées aux consommations de produit s », explique Anne Frion, coordinatrice régionale Nord-Pas-de-Calais - Picardie. Ce fut l’occasion pour les coordinatrices et l’anima trice de prévention de rencontrer des responsables d’équipe Orange, dans les établissements d’Amiens, Saint-Quentin, Valenciennes, Villeneuve-d’Ascq et Châlons-en-Champagne. Parmi ces interventions, deux étaient réservées aux représen tants du CHSCT, ce qui a permis de faire ressortir une problématique propre à la cible « jeune ». Cette tranche de salariés, souvent employée en « contrat pro » ou en intérim, est plus encline à faire la fête tout le week-end et à arriver le lundi matin dans un état de fatigue avancé, voire encore sous l’emprise d’un produit psychoactif, une situation qui pose de nombreuses questions à l’encadrement. Partant de ce constat, la région Nord-Pas-de-Calais - Picardie d’Amitié s’interroge sur le développement d’actions plus spécifiques à ces publics. Des expériences similaires ont été réalisées en Alsace-Lorraine et en Bourgogne - Franche-Comté. D’ici fin 2015, de nouvelles actions de prévention devraient être organisées au sein d’autres établissements Orange de ces deux régions. n AF - YL - BB L a P o s t e O r a n g e

De France Télécom à Orange

A fin de suivre l’évolution de l’entreprise Orange, l’association Amitié a voté, lors de son assemblée générale en mai 2014, le passage du nom de l’association d’Amitié La Poste France Télécom à Amitié La Poste Orange. Le graphisme de son logo et ses déclinaisons restent quant à eux identiques. Cette modification est applicable depuis le 1 er novembre 2014.

n BB

amitié

La Poste Orange 6

quEsTION dE fONd

Codépendance : la parole aux proches

En se concentrant uniquement sur les malades dépendants, on peut oublier leur entourage, qui vit parfois quotidiennement l’addiction. Traiter ces souffrances spécifiques, faire parler les proches ou les aidants, c’est soutenir celui qui consomme, mais aussi éviter l’engrenage terrible de la codépendance, qui finit par essouffler toute la cellule familiale.

L ’accompagnement d’une per son ne dépendante n’a rien d’évident. Nombre de béné voles d’Amitié La Poste Orange ont l’alcool. Le militantisme peut aussi devenir dévorant : difficile de raccrocher le téléphone quand on connaît la détresse d’un collègue, de Quand l’addiction de l’autre devient insupportable, on rentre même dans la pathologie de la codépendance, appelée aussi « maladie de l’entou expérimenté ce sentiment d’impuis sance quand il s’agit de gérer les reconsommations à répétition, les sautes d’humeur voire les mensonges de celui ou celle qui est malade de continuer à vivre sa vie norma lement... Et tout autant de compren dre l’absence de gratitude de quelqu’un que l’on a aidé à aller mieux.

rage ». Attention aux fausses interprétations de cette déno mi nation : un codépendant n’est pas quelqu’un qui rend la personne dépendante ou qui partage son addiction. Au Centre

amitié

La Poste Orange 7

Codépendance : la parole aux proches

de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) de Besançon, les professionnels estiment « codépen dante d’un patient alcoolique toute personne qui prend à sa place la responsabilité qu’il aurait norma lement dû porter dans la famille et à l’extérieur ». Du côté de la Suisse, Daniela Danis, psychologue à Genève et auteure de nombreuses études sur le sujet, précise le phénomène, qui peut toucher également la sphère profes sionnelle. « Poussées par l’élan d’aider le malade dépendant à arrêter sa consommation, certaines personnes de l’entourage, souvent des membres de la famille, des amis et même des collègues de travail, deviennent codépendantes. Guidées par de bonnes intentions, elles essaient de comprendre, de dialoguer, de soutirer des promesses d’arrêter de consom mer. Elles cachent la situation, assument des responsabilités à la place de l’autre, s’endettent, mentent, s’adaptent aux dysfonctionnements de plus en plus fréquents du malade dépendant. » Cependant, la codépendance devient fréquemment pathologique pour ceux qui vivent quotidiennement avec le malade, c’est-à-dire les parents, les conjoints, les frères et sœurs, les enfants. « Certains proches arrivent sans peine à trouver la bonne distance, appellent vite à l’aide, s’en remettent facilement aux médecins.

Les codépendants, non, assure Daniela Danis.

Ils sont eux aussi dans le déni, mettent leur vie en péril et ne tiennent plus compte de leurs besoins ou de leurs limites. » L’effet miroir joue alors à plein. Si le malade va bien, le proche reprendra des forces.

Dans le cas contraire, il plonge.

Dépression, envies suicidaires, la codépendance peut mener très loin.

Détruits par l’alcool de l’autre

moi-même. » L’alcool a détruit son cou ple, abîmé son époux, et a bien failli em porter Agnès avec. « Je suis loin d’être rétablie, mais j’apprends à me taire, à faire le dos rond, à moins m’apitoyer sur mon sort. Avant, je pleurais tous les ma tins. Aujourd’hui, je ressens à nouveau de la joie. » Agnès a découvert l’alcoolisme de son mari assez tard et a tout fait pour l’aider : Agnès s’est également remise sur pied grâce à la fréquentation assidue des « Je cachais les bouteilles, j’allais le cher groupes d’entraide Al-Anon, une cher dans les parkings quand il était trop ivre pour rentrer. J’acceptais ses men ~ me suis effon drée. » Son mé émanation des Alcooliques anonymes dédiée à l’entourage. Il en est de même

Émotionnellement,

pour Marianne qui, toute entière consacrée à

c’est assez subtil,

decin lui prescrit l’alcoolisme de son père des antidépres puis de son frère, a

mais quand

seurs, et elle refoulé ses émotions

quelqu’un boit

mène une psy pendant des années.

c h o t h é r a p i e

trop, tout le

« Quand j’ai poussé la

monde

pendant deux ans. « La psy chiatre m’a ou-

dysfonctionne…

vert les yeux sur mon parcours, la ~ porte d’Al-Anon, je ne savais plus quoi faire, j’étais vrai ment déses pérée. On m’a simplement dit que je ne posture de petite fille sage que je m’étais assignée, avec mes parents, mon mari, et m’a incitée à être plus tolérante avec pouvais pas poser le verre à la place des autres. J’ai mis du temps à le comprendre, mais cela m’a vraiment

Détecter la codépendance

Daniela Danis a beaucoup œuvré en Suisse à l’introduction d’un soin spécifique à la codépendance. Elle identifie plusieurs attitudes, relayées sur le site Stop-alcool.ch, qui peuvent servir à détecter l’implication et les souffrances des proches d’un malade dépendant : La tendance à l’obsession : générée par l’inquiétude pour la personne dépendante. L’envie de tout contrôler à sa place, et la mise en place d’une relation fusionnelle, créée par l’impossibilité de laisser l’autre seul. L’hyper-responsabilité ainsi que l’hyperadaptation  : on se sent responsable de tous les comportements, même négatifs, de la personne dépendante. Le proche se livre à des sacrifices constants dans sa propre vie pour l’autre, ne sait plus dire non, perd ses propres limites, peut même se prendre pour un soignant. La tendance au mensonge : pour « couvrir » le malade, le protéger et se protéger soi-même du regard des autres. Le sentiment de culpabilité, de honte ce qui se passe à la maison.  

n

: il alimente l’envie de mentir, de garder le secret sur

amitié

La Poste Orange 8

quEsTION dE fONd

soulagée. » Car l’impuissance à empêcher l’alcoolisme d’une mère, d’un époux ou d’un enfant peut virer au calvaire. La maladie de l’entourage n’est pas qu’un détail de l’alcoolisme ; c’est une vraie souffrance qu’il convient de détecter... et de soigner. Pour beaucoup, cela passe par la participation à un groupe d’entraide, comme Al-Anon ou ceux montés par Alcool assistance. Certains centres d’addictologie com me celui de Besançon en proposent également. Un lieu de parole, quelle que soit la méthode choisie, qui permet de partager les affres de celui qui accompagne, supporte, et parfois se perd dans le trouble de l’autre.

« Émotionnellement, c’est assez subtil, mais quand quelqu’un boit trop, tout le monde dysfonctionne, raconte Marianne. Au cours de mon adoles cence, nous ne fêtions plus rien, plus d’anniversaires, plus de Noëls, à cause de la boisson. Nous nous sommes coupés du monde, et je me suis aussi retirée en moi-même : j’ai mis du temps à retrouver confiance en moi. »

Un « schéma » qui se répète

Très souvent, les codépendants se rendent compte que leur histoire familiale est fortement marquée par l’alcool, ce qui les fragilise. « J’ai été très perturbé par l’hospitalisation de mon ~ frère, confie un autre membre d’Al Anon à Courbevoie. Je ne savais plus

Nous savons aujourd’hui que le malade est mieux soigné si l’entourage est pris en compte, et bon nombre de centres de cure et de postcure l’y associent.

~ comment faire pour l’aider, ni quelle place prendre auprès de lui.

Insidieusement, son alcoolisme me minait. J’ai finalement découvert que ma mère ainsi que ma grand-mère avaient vécu avec des alcooliques.

Inconsciemment, je devais porter ça. » Le témoignage de Sandra est de ce point de vue exemplaire : cette jeune femme a enchaîné les histoires d’amour compliquées, souvent avec des personnes souffrant de dépendances.

En travaillant avec un groupe d’entraide, elle a fini par réaliser que l’addiction est dans sa vie depuis longtemps : « En plus de mes petits amis avec qui j’ai énormément souffert, j’ai perdu deux cousins, le premier de la drogue, l’autre de l’alcool... J’ai compris que j’étais vraiment dans une situation de codépendance, et c’était un soulagement de pouvoir mettre un mot là-dessus. » Sandra apprend d’ailleurs énormément en allant à des rencontres organisées entre les Alcooliques

Entretien « Les rythmes de la famille vont se subordonner aux attitudes de celui qui boit »

Jean-Marc Figard est psychologue clinicien et psychothérapeute, et il anime le groupe d’entraide pour les proches monté au Centre d’addictologie de Besançon. Il est également chercheur associé à l’université de Besançon, notamment pour ses travaux sur « l’entourologie ».

maladie de l’autre, c’est un vrai traumatisme. Tous les rythmes de la famille vont se subordonner aux attitudes de celui qui boit. Sans parler des violences qui seront générées sous l’influence de l’alcool...

Quelle est votre définition de la codépendance ?

C’est la maladie de voir l’autre malade. Bacchus est un dieu guerrier, et les victimes collatérales, ce sont les proches...

C’est en travaillant avec des groupes d’entourage constitués pour soigner le malade alcoolique que je me suis rendu compte de la gravité de la situation pour ceux qui l’entourent. C’est un peu comme les enfants qui vivent avec des frères ou des sœurs qui ont le diabète : ils ne sont pas malades, mais sont pourtant fortement impactés car obligés d’être sages, de ne pas faire de vagues. Et puis, il y a cette impuissance à résoudre la

Les proches sont-ils conscients qu’ils peuvent l’être ?

Les personnes codépendantes sont elles aussi dans le déni.

Dans la maladie alcoolique, celui qui boit va prendre toute la place.

Et les autres vont assurer en intégrant le symptôme. On parle d’ailleurs parfois de « famille alcoolique ». Les enfants partiront tôt, l’épouse ou l’époux prendra en charge seul(e) la survie de ses proches, sur le plan matériel mais aussi psychologique.

Et en plus, celui qui boit devient très ambivalent, donc le conjoint se retrouvera à gérer une sorte de docteur Jekyll et Mister Hyde. Or les gens vont se piéger là-dedans... C’est une escalade symétrique dans la maladie. Ils souffrent tous, ils ont honte, et s’isolent socialement.

amitié

La Poste Orange 9

anonymes et Al-Anon : « Je ne suis pas dépendante d’un produit bien sûr, mais pour le reste, je me retrouve souvent dans ce que j’entends. »

« L’entourologie », une science récente

Lors de la création des groupes de parole à Besançon, il y a plus de dix ans, les pro fessionnels pensaient aider le malade al coolique en prenant en compte ses proches, afin d’éviter les reconsomma tions et de maintenir l’abstinence en sortie de soins. Au fur et à mesure des séances, les soignants comprennent que la famille du malade est atteinte d’une souffrance propre, « systématique et constante sur le plan des symptômes, et donc pertinente à traiter comme telle », rappelle Jean-Marc Figard, psychologue bisontin et animateur de groupes de parole. « Nous savons aujourd’hui que le malade est mieux soigné si l’entourage est pris en compte, et bon nombre de centres de cure et de postcure l’y asso cient. Toutefois, il nous semble qu’il faut également prendre en charge l’entou rage pour lui-même en ce qu’il montre des souffrances psychiques propres, le plus souvent réactionnelles. » « L’entourologie » a donc fini par faire son chemin. « En France, certains l’in tègrent désormais pleinement, et c’est vraiment indiqué. Mais il y a encore du boulot », observe Jean-Marc Figard. Cet ancien alcoologue se souvient de sa pro pre ignorance au début de sa pratique.

« L’entourage m’appelait, mais je ne sa vais pas quoi faire, et je me retranchais derrière le secret médical... Il faut sortir de cette conspiration du silence autour du malade. » En Suisse, Daniela Danis ne dit pas autre chose : le dépendant ne s’intéresse bien souvent qu’à lui-même, et le soignant à lui. C’est tout un écosys tème qu’il faut donc revoir. « Moi, je souhaite que les proches qui vont mal se soignent, car la compassion ne suffit pas. » Au Portugal, dans les pays scandinaves, et même en Inde, le soin aux proches est la règle. L’Europe toute entière pourrait suivre ce chemin. n MG

Entretien « Les rythmes de la famille vont se subordonner aux attitudes de celui qui boit »

Par quels symptômes se traduira la maladie ?

Bien souvent, l’entourage est vaillant tant que le patient boit. Et puis, quand ça va mieux, il craque. Tous les contentieux remon tent à la surface alors que c’est une période où l’on devrait se réjouir. Les enfants envoient tout balader, les ruptures arrivent.

Et c’est aussi un facteur de réalcoolisation pour le malade.

Donc il vaut mieux convier les gens en amont pour travailler sur ces rancunes, la manière d’entourer celui qui boit, d’accueillir celui qui ne boit plus, et de faire vivre l’espoir. Car souvent, les proches n’y croient plus.

Comment se soigner ?

Il faut avant tout rompre l’isolement. Dans nos groupes, les gens arrivent en disant : « Je suis un héros, je subis beaucoup de choses, et je voudrais qu’il aille mieux mais je n’y arrive pas... Et c’est comme ça depuis des années.

» C’est un compor tement qui peut devenir obsessif et aboutir à un vécu traumatique violent. Or ils se trompent. Plutôt que de donner des ordres et de prendre en charge l’autre, il vaut mieux prendre soin de soi.

N’est-ce pas culpabilisant pour le malade alcoolique de voir que les proches souffrent à cause de lui ?

Au contraire. Moi, j’ai vu des malades qui se plaignent que leurs proches leur achètent leur alcool... Quand on accompagne une personne alcoolique, on n’est ni magistrat ni dealer ! Je dis toujours aux proches : «  Laissez les gérer.

» Et ça, c’est difficile à digérer. Surtout quand les habitudes sont prises. Alors, bien sûr, quand l’entourage bouge, ça fait tout bizarre au patient. Mais ça ne le culpabilise pas, ça le responsabilise. En substance, il faudrait pouvoir dire : «  Je t’aime, je partage ta vie, mais ça, c’est ton problème, et c’est à toi de le résoudre.  » n MG

amitié

La Poste Orange 10

sOuRCEs ET REssOuRCEs

L’art-thérapie

Une activité qui vient en appui des soins

Musique, dessin, poterie… l’art peut aider à guérir. C’est le cas au CHU d’Angers, où le service addictologie a demandé à Laurent Samson, art thérapeute, de venir travailler deux jours par semaine. Nous avons assisté, le 4 novembre dernier, à la journée théâtre qu’il propose aux patients alcoolo dépendants.

N ous sommes le 4 novembre, c’est la fin de la journée. Jeanine, Sébastien, Claude et Manon explosent de rire. Assis sur le sable, ils sont en train de bronzer, face à la mer. Enfin, ils ne sont pas vraiment à la plage… mais faire semblant les amuse follement.

Soigner par la pratique artistique

Tous sont des patients alcoolo-dépendants, soignés en ambulatoire, au service addic Au programme : improvisation théâtrale.

tologie du CHU d’Angers. S’ils prennent Après avoir réfléchi avec la psychologue rendez-vous avec leur médecin-addicto ~ et l’aide-soignante, l’art-thérapeute a mis au point ses propres outils : il a bricolé deux roues en contreplaqué, l’une figurant là par l’art-thérapeute, Laurent Samson. Une activité qui vient en appui des soins classiques de l’hôpital de jour. «  L’art thérapie a toute sa place

L’art-thérapie a toute sa place en addictologie, avant ou après le sevrage

en addictologie, avant ou après le sevrage.

~ des émotions et l’autre des situations de la vie quotidienne. «  En ad dictologie, on tra vaille sur les émotions, explique Laurent Samson, qui exerce également son activité Attention, je ne suis pas psychologue, dans d’autres services du CHU. On avertit Laurent, diplômé et enseignant à l’école d’art-thérapie de Tours. Mais je travaille main dans la main avec les diffé rents intervenants du service : médecin, psychologue, assistante sociale...  » Convaincue des bienfaits de l’art-thérapie, l’équipe lui a en effet demandé d’intervenir deux jours par semaine. L’atelier du mardi a beaucoup de succès.

À 10 heures, ce mardi matin, c’est salle comble. Cinq participants sont là, dont Manon et Yves, venus pour la première fois au CHU et qui sont encore « dans les produits ». À leurs côtés, trois habitués, déjà abstinents. «  J’aime bien cet atelier , témoigne Claude, ancien cadre de l’Éducation nationale, qui vient depuis un an. Pour moi qui suis à la retraite, cela m’aide à sortir et me permet d’avoir des échanges intéressants.  » cherche à les identifier, les nommer et les exprimer. C’est important pour retrouver une vie sociale. Quand on est dépendant à l’alcool, on se renferme sur soi, on ne ressent plus rien, cela s’appelle de l’aléxithymie.  » Les émotions sont donc au cœur de son travail. Au début de l’atelier, il demande à chaque patient de faire tourner ces roues, reporte sur un paperboard les mots sur lesquels l’aiguille s’est arrêtée, puis leur propose d’écrire quelques phrases. Les fronts se plissent, les stylos crissent… L’ambiance est studieuse. «  Les patients aiment bien le mardi , glisse Dorothée

amitié

La Poste Orange 11

Smadja, l’assistante sociale, qui interrompt la séance d’écriture pour emmener un patient. C’est l’un des rares moments, en hôpital de jour, où on leur demande d’être acteur.  » En effet, au bout de quelques minutes, chacun livre son texte. Sébastien, qui vient d’être hospitalisé en cure, parle de sa fierté d’avoir décroché. Il en est encore tout ébahi. Marion, la plus jeune, effleure des difficultés relationnelles et un besoin d’affection. Yves évoque ses enfants qui lui manquent. «  On ne va pas parler de choses tristes, hein », dit Jeanine en faisant les gros yeux. Avec Claude, elle préfère penser à du positif : la famille, les vacances, le jardin… Une vie idéale en quelque sorte.

« Cela leur permet de retrouver confiance en eux » 

Laurent Samson leur donne beaucoup la parole. «  L’intérêt, c’est de construire les sketches ensemble. Pour les patients, c’est important, cela leur montre qu’ils ont des compétences artistiques, cela leur permet de retrouver confiance en eux.  » Et c’est vrai, tout le monde participe, même les nouveaux venus. C’est l’heure de passer sur scène. Il leur rappelle les consignes : «  montrer la joie et le bonheur d’être ensemble, par le visage, la voix, les gestes ». Il ne s’agit pas de « bien jouer », comme dans un cours de théâtre classique, mais de réussir à s’exprimer. Répartis en deux équipes, les patients s’échauffent. Ils doivent reconnaître ce que miment leurs partenaires  : «  Un papillon  ? Un moustique ? Un éléphant ?

» Rapidement, on passe aux sketches. C’est une réussite, et le thérapeute applaudit des deux mains : «  C’était très naturel, et j’ai vu que vous aviez pris plaisir à jouer ensemble !

» les félicite-t-il. Tous repartiront avec le sourire. En rangeant ses affaires, Jeanine, dont c’est le dernier jour, manque d’écraser une larme. «  C’est pourtant bon signe, de nous quitter ?

» l’encourage le théra peute. À ceux qui aimeraient continuer comme Sébastien, il donne des adresses de maisons de quartier ou bien d’art thérapeutes en libéral. En 2015, le CHU pourrait proposer des séances d’art thérapie sur cinq semaines. De quoi s’inscrire dans la durée.

n AM

Pour aller plus loin

- la Fédération française des art-théra peutes :

http://www.ffat-federation.org/

- l’Association pour la communication, l’espace et la réinsertion des malades addictifs :

http://acerma.org

/

Un studio de musique au CHU 

L’art-thérapie existe aussi en séance individuelle. Au CHU d’Angers, une séance au moins est obligatoire pour les patients hospitalisés en cure. Nicolas, ex-toxicomane, a été très réceptif à cette forme de thérapie.

Le jeune homme pose ses mains sur la guitare et entame sa dernière composition. Depuis son entrée en cure, Nicolas a retrouvé le goût de la musique. Tous les jours pendant trois semaines, il a joué. D’abord des reprises, puis des œuvres personnelles sur la « dope », le sevrage, sa petite fille… Son art-thérapeute l’y a encouragé. «  À la première séance, je lui ai passé une chanson de Renaud, assez difficile  », admet-il. Pour Nicolas, qui vient d’arrêter de se droguer, «  cela fut un choc émotionnel  », lui qui « n’éprouvait plus rien depuis des années ». Lors des séances suivantes, Laurent Samson lui a fait écouter une mélodie, et lui a demandé de travailler son imaginaire : écrire un texte, le mettre en musique, l’enregis trer. Très coopératif, Nicolas a composé sa chanson en… quinze minutes. «  Par rapport à un entretien classique avec un psychologue, l’art-thérapie permet au patient de s’exprimer différemment, de se libérer peut-être plus facilement  », explique l’art-thérapeute. La musique pourrait aider les patients à asseoir leur abstinence. «  Nicolas est doué, j’espère qu’il va continuer après la cure.  » n AM

amitié

La Poste Orange 12

sOuRCEs ET REssOuRCEs

Au musée du quai Branly, l’exposition « Tatoueurs, tatoués » fait salle comble depuis son ouverture en mai 2014.

Addictions du quotidien 

Le tatouage, est-ce addictif ?

Un tatouage, deux tatouages, trois tatouages… Peut-on devenir accro à l’aiguille du tatoueur ?

D aniela est déçue : il y a six mois d’attente chez le tatoueur parisien qu’elle a contacté. Tant pis, elle ira voir un artiste moins connu.

Son projet est prêt, elle ne peut plus tenir... Elle a commencé, il y a trois ans, avec sur le pied une phrase de Fernando Pessoa, son écrivain préféré, et a eu très vite envie d’en faire un autre.

Dans l’Hexagone, on estime qu’une personne sur dix porte un ou des tatouage(s) * , et même, une sur cinq parmi les 25-34 ans. Un véritable engouement ! Valérie Rolle, sociologue, confirme : « En trente ans, le tatouage s’est revalorisé. Ce n’est plus aujourd’hui la marque des marins, bagnards, bikers… mais une véritable forme d’expression individuelle. » La raison ?

Un nouveau rapport au corps hérité de mai 1968, l’adoption de normes sanitaires drastiques, la redécouverte de l’histoire du tatouage, sans oublier l’arrivée de tatoueurs issus d’écoles d’art ou de graphisme. Style comics, japoni sant, bio-mécanique… L’heure est au sur mesure, avec une gamme infinie de possibilités graphiques.

« On ne se tatoue pas pour faire joli »

Si le tatouage se veut d’abord esthé tique… « on ne se tatoue pas pour faire joli ou pour suivre une mode », nuance Marie Cipriani, psychologue.

« Contrairement à une coupe de cheveux, il s’agit d’un marquage indélébile, qu’on ne peut enlever qu’au laser ou par recouvrement.

Même si deux cents personnes veulent le même tatouage qu’une star, chacune lui attribue un sens diffé rent. » Le tatouage est en effet l’aboutissement d’une longue réflexion personnelle, d’un « retour sur soi ». Il faut choisir le motif, l’endroit du corps, le tatoueur… Un projet qui prend vie quand survient un élément déclencheur : perte d’un être cher, naissance, maladie… Au delà des images choisies, le tatouage fixe les grands événements de la vie, un peu « comme un journal intime tenu à même la peau », écrit David Le Breton, anthropologue.

La limite : un tatouage trop visible

Dans tous les cas, le premier tatouage est un test. Pour franchir le pas, on commence généralement par un petit motif, un tribal, un lettrage… que l’on peut montrer ou non. Par exemple, une étoile, discrète comme un bijou.

Cela fait du bien : « J’étais heureuse, je me sentais en accord avec moi-même », confirme Daniela, enthou siaste à l’idée de renouveler rapidement l’expérience avec une pièce plus importante. « C’est courant, mais on ne peut pas parler d’addiction », relativise la psychologue Marie Cipriani. Car il y a des limites.

C’est un budget en soi : il faut par exemple plus de vingt heures pour réaliser une manchette (bras), à un tarif horaire de 100 à 200 euros. Malgré la sécrétion d’endorphines, la douleur est vive partout, sauf sur les cuisses et les épaules où l’épiderme est plus épais.

Surtout, la société n’est pas prête à accepter les tatouages « visibles » (visage, cou, mains…). Les « tatoos collectors », qui représentent environ 10 % des tatoués, attirent l’œil dès qu’ils évoluent hors d’un milieu tattoo friendly. Emma, qui a les bras entièrement recouverts, écrit ainsi dans un forum : « J’ai appris à vivre avec, mais je n’en ferai pas d’autres. » Elle a du mal à se découvrir sur la plage, dans les transports, à son travail… et se cache sous des manches longues : « C’est trop intime, je n’ai pas envie d’en parler. » n AM *Étude de l’IFOP, 2010.

amitié

La Poste Orange 13

La pancréatite chronique

Méconnue du grand public, la pancréatite chronique est l’une des complications fréquentes d’une consommation excessive d’alcool. Explications.

C ’est à la suite de fortes douleurs au ventre que Michel, facteur dans le Var, est allé consulter son généraliste en 2009. Celui-ci lui a prescrit une prise de sang, qui a révélé un taux trop important de lipases, une enzyme dédiée à la diges tion. Les crampes persistant, l’homme s’est rendu chez Luc Escudié, gastro entérologue. Le spécialiste lui a fait passer une échographie, puis une écho-endoscopie, une intervention qui permet d’explorer l’abdomen sans ouvrir. Diagnostic : son pancréas était fatigué « comme peut l’être un moteur de vieille voiture », explique le docteur Escudié. À 50 ans, Michel était atteint d’une pancréatite chronique. De quoi s’agit-il ? Assez fréquente, la pancréatite chronique survient après plusieurs poussées de pancréatites aiguës, douloureuses, qui usent l’organe et altèrent son bon fonction nement. Car le pancréas a en effet un double rôle : il produit de l’insuline permettant de réguler la glycémie (fonction endocrine), et il sécrète du suc pancréatique permettant de digérer les graisses (fonction exocrine). Quand ces fonctions sont touchées, cela fait apparaître un diabète ou de graves problèmes de digestion (douleurs, diarrhées…).

Un pancréas fatigué comme un vieux moteur

Contrairement à d’autres pathologies, « on n’en guérit pas, prévient le docteur Escudié. Le pancréas ne revient pas à l’état normal. Comme sur un vieux moteur, il y a plus de risques de “pannes”, mais l’organe compense et assure son rôle quasiment norma lement ». Tout devrait donc rouler… à condition de modifier ses habitudes quotidiennes. Car il n’existe aucun traitement, à part adopter une bonne hygiène de vie : Michel a interdiction de manger gras et sucré, ainsi que de boire de l’alcool. En effet, huit fois sur dix, la pancréa tite chronique est la conséquence d’une forte consommation d’alcool.

« Le risque existe si l’on en consomme environ 100 grammes par jour depuis dix ans, calcule le médecin. Bien sûr, ce n’est pas systématique, tout dépend des susceptibilités individuelles, un peu comme pour la cirrhose du foie.

Sauf que la pancréatite chronique touche des patients plus jeunes, âgés de 45 ans en moyenne. » Il est également possible de développer une pancréatite après avoir arrêté l’alcool, comme Michel, abstinent depuis vingt-cinq ans. « C’est plus rare, mais c’est possible s’il y a d’autres facteurs de risque : surcharge pondé rale, alimentation trop grasse, consom mation de tabac », reprend le médecin.

Plus un seul verre

S’il n’existe aucun traitement, le patient doit se faire suivre une à deux fois par an. « C’est quelque chose que l’on a à vie », soupire Michel. Et qui peut entraîner de graves complications : l’obstruction des canaux du pancréas, qui provoque de violentes douleurs et empêche de s’alimenter, sauf sous morphine. À ne pas oublier non plus, le risque de cancer du pancréas, qui peut être fatal. « Généralement, quand on est absti nent, on est relativement tranquille, encourage le gastro-entérologue. Mais la médecine n’est pas une science exacte. » En revanche, un patient qui continuerait à boire se mettra rapide ment en danger. « Même une consommation modérée n’est plus possible. » n AM

amitié

La Poste Orange 14

pORTRAIT

Albert Dubois

« Quand on a 30 ans, l’abstinence, c’est difficile »

Albert Dubois montre un porche vert, dans le quartier de la rue Basse, à Caen, un quartier rasé lors du Débarquement et reconstruit après la guerre.

Ce porche, l’homme le connaît bien : c’était par là qu’il passait, il y a quarante ans, pour rejoindre discrètement le centre d’alcoologie. Il est le symbole de son combat contre l’alcool, un combat qui n’a pas été facile.

A l’époque, Albert a 32 ans, il est mécanicien aux PTT, au garage de Caen (14), et cela fait bien quinze ans qu’il boit. « C’est un peu familial, si l’on peut dire. Mon père était dépendant, comme la moitié de ses frères et sœurs », explique-t-il. À la maison, on mange au gros rouge, et le petit garçon consomme très tôt du cidre, « ce n’était pas de l’alcool ».

À l’adolescence, il enchaîne les « cuites à la bière », puis cela s’amplifie à ses 17 ans, quand sa mère part, en laissant derrière elle un mari violent et leurs six enfants. Il ne la reverra que bien des années plus tard… « La plaie est encore à vif », murmure t-il. La même année, le jeune homme décroche un CAP de mécanique auto et, sur le conseil d’un voisin, entre aux PTT.

Très vite, il quitte le foyer familial pour l’armée, et en revient titulaire du permis poids lourds, ce qui lui permet de passer le concours de mécanicien dépanneur. En 1972, il est titularisé et muté un an à Paris, avant de revenir dans sa Normandie natale, auprès de la jeune femme qu’il a rencontrée au bal et épousée l’année de ses 20 ans.

amitié

La Poste Orange 15 Un bar clandestin

Cependant, l’alcool prend de plus en plus de place. Au fond du garage des PTT, à Bayeux, il a aménagé, avec des collègues agents de ligne, un petit « bar clandestin ». « Vin blanc, pastis, whisky… Nous commencions par prendre un apéritif, à midi, mais ensuite, je ne pouvais pas m’arrêter. Je continuais l’après-midi, puis le soir, au bar, jusqu’à la fermeture… » Pendant des années, cela continue : pas de contrôles routiers, pas d’avertissements au travail… Pire, son responsable le couvre en posant des congés les matins où il n’arrive pas à se lever. Il échappe même à l’assistante sociale, car il fait attention à ne pas boire l’argent du ménage. « Nous avions trouvé, avec mes collègues, un moyen pour “écluser” à moindre coût : nous prenions l’estafette et allions nous ravitailler chez le grossiste », se souvient-il.

Première éclaircie : un soir de 1979, il se fait mordre par le chien du barman (un « accident complètement idiot, j’étais ivre ») et doit se faire recoudre à l’hôpital. À la sortie, il se rend chez son généraliste pour obtenir un arrêt. « Je ne sais pas ce qui s’est passé, je lui ai parlé de mon problème d’alcool. Coup de chance : il venait de prendre la direc tion du premier centre de soins de Caen * ! » Il garde l’adresse en tête, mais laisse passer du temps avant de s’y rendre. « C’était peut-être un placebo, cette piqûre chauffante, mais pour la première fois, on me considérait comme un malade. » Il tient un mois et rechute, trois, quatre fois… Il ne sait plus très bien. « Quand on a 30 ans, l’abstinence, c’est quoi ? Cela repré sente une cinquantaine d’années de fêtes d’anniversaire, de Nouvel An, sans une goutte d’alcool. C’est difficilement imaginable. »

« J’ai cru être le chauffard »

Les années qui suivent sont « atroces ».

Des gueules de bois telles qu’il ne peut rien avaler au réveil. Des trous noirs inquiétants. « Un matin, j’ai cru être le chauffard dont on parlait à la radio : il avait renversé un cycliste et pris la fuite.

L’angoisse. Est-ce que cela pouvait être moi ? Je suis allé vérifier si ma voiture n’était pas esquintée. J’ai balisé jusqu’à ce qu’on retrouve le type. » Un travail dans lequel, à force de s’alcooliser, il n’évolue pas. Et une famille dont il est absent. « Je n’ai pas vu grandir mes gosses, c’est du temps qui ne se rattrape pas », regrette-t-il amèrement. Et puis, un soir, son organisme cède. Coma éthylique, crise de manque… Il est hospitalisé en urgence au CHU de Caen. Le 9 mars 1987, c’est le déclic : il décide d’arrêter pour de bon. Il part quatre semaines en cure, aux Essarts, près de Rouen, après s’être arrêté en ambulatoire. Il a 36 ans.

En revenant travailler au garage, il croise Didier Frari, militant d’Amitié à Bayeux.

Albert a envie d’aider les autres et se laisse facilement convaincre. Très vite, il prend la présidence de la section départementale, puis il entre au bureau en 1994, en tant que secrétaire national adjoint. Il devient détaché permanent et le restera jusqu’à sa retraite en 2006, qu’il consacre encore en partie à l’asso ciation.

Président d’Amitié Calvados dès 1987

Pour sa nouvelle mission, « presque une deuxième carrière », il travaille naturellement avec le centre de soins du docteur Jacques Sibireff. « C’est par là que je suis passé… reconnaît-il, même s’il n’existe pas UNE solution qui convienne à tous. » En trente ans de militantisme, il a en effet beaucoup appris. « Il y a quelque temps, je suis allé voir un gars à Flers-sur-Orne. Il n’était pas encore prêt pour arrêter, mais il voulait tenter de réduire. Dans ce cas là, il faut aller dans le sens du malade, essayer de ne pas le brusquer, même si cela prend du temps… On se met alors en retrait », explique-t-il. Même s’il se fait discret, on sent qu’il a de l’expérience en tant qu’« aidant ». Il évoque rapidement quelques malades qui s’en sont sortis, dont certains qui reviennent de loin, comme Jacques, qui ne donnait plus signe de vie. « Quand il nous a ouvert la porte, il vivait avec son chat, dans une crasse épouvantable.

Avec ses collègues, nous avons mis une semaine à remettre l’appartement en ordre… » Il reste surtout bouleversé par ceux qui n’ont pu en réchapper, notamment Guy, exclu pour avoir volé de l’argent dans les mandats, puis licencié, et qui est décédé. Il l’avait suivi pendant cinq ans. « C’est ce qu’il y a de plus dur. On se demande ce qu’on n’a pas fait… » Le fil est ténu : de l’addiction, on ne guérit jamais vraiment. « Il pourrait y avoir le Baclofène, je ne sais pas… Le pire, ce n’est pas la dépendance physique, mais psychologique. Il y a les groupes de parole, les thérapies… mais c’est très difficile de changer. Il faut lutter jour après jour pour ne pas reprendre un verre ou transférer son besoin sur autre chose. » Dans son champ de vision, il pense à quelqu’un.

Aider cette personne, il y travaille, jour après jour. Pas facile. C’est son dernier combat. n AM *-Le CHAA (Centre hygiène alimentaire alcoologie).

amitié

La Poste Orange 16

vIE dEs RÉGIONs

Bretagne

Sortie interrégionale à Saint-Malo

L e dimanche 14 septembre, la région Bretagne organisait sa sortie régionale conjointement avec la région Pays de-Loire. Cette sortie s’est déroulée sous le soleil de Saint-Malo, avec au programme de la journée la visite du barrage de la Rance, un déjeuner au restaurant « La table d’Henry », une visite de la ville en petit train, puis un temps libre pour découvrir les secrets de la cité intra-muros.

La trentaine de personnes présentes a été satisfaite de pouvoir partager ce moment qui était pour certains l’occasion de se revoir depuis le redécoupage des régions. Le mérite revient aux militants-bénévoles de l’Ille-et-Vilaine, très actifs dans l’organisation de cette journée ensoleillée. n VP

Auvergne Limousin

Forum à La Banque Postale

L e 13 novembre dernier était organisé au centre financier de La Banque Postale à Limoges un forum addictions. Lors de la réunion de concertation, la présence des différentes associations a été abordée, ainsi que leurs besoins matériels potentiels. Au final, de nombreuses structures ont répondu présentes : le service développement du centre financier, l’unité de prévention des addictions de l’hôpital Esquirol de Limoges, l’ANPAA, les assistants sociaux, les infirmières, et bien sûr, notre association. Le nombre de visiteurs – environ cent vingt personnes –, ainsi que la nature des questions laissent apparaître un fort besoin d’information et de formation des cadres et de leurs agents. n DP

Rhône-Alpes

À bord d’un bateau à roue !

C

’est à Saint-Nazaire-en-Royans, dans la Drôme, qu’une quarantaine d’adhérents et militants de la région Rhône Alpes s’est retrouvée cette année pour une journée festive. La fin de matinée a été consacrée à une croisière sur l’Isère qui offre l’aspect surprenant d’un paysage aux allures de « bayou ». À bord d’un bateau à roue de style « Mississippi », chacun a pu observer faune, flore et patrimoine architectural de Saint Nazaire et des villages de la Saône. Après un pique-nique amical, l’après-midi a été l’occasion de visiter les grottes de Thaïs, le jardin des fontaines pétrifiantes, ou de s’affronter, boules de pétanque à la main ! L’occasion d’engranger de beaux souvenirs jusqu’à l’année prochaine…

n n n

DP

Alsace Lorraine

Visite au cœur des métiers de La Poste

L e 18 novembre dernier, accueillie par le responsable régional de la communication Gérard Botella, toute une délégation d’Amitié La Poste Orange a pu visiter la Plateforme industrielle courrier (PIC) de Pagny-lès-Goin, plus connue dans la région sous le nom de PIC Lorraine. Militants bénévoles, administrateur et coordinatrice régionale, responsable départemental, animatrice de prévention ainsi que la directrice d’Amitié ont pu découvrir le fonctionnement de la plateforme ainsi que l’évolution professionnelle à l’œuvre. En effet, l’industrialisation de la collecte, du tri et de la distribution du courrier a poussé à la transformation du métier de facteur et plus généralement de postier, qui s’éloigne de ce que la plupart des bénévoles du groupe La Poste ont pratiqué. Cette visite fait partie d’un fructueux travail de partenariat entre la PIC et Amitié. Au cours du mois de novembre, les managers ont été formés au risque addictif, et les agents de production ont pu assister à des réunions de sensibilisation.

Elles ont eu lieu alternativement pour les équipes de jour et celles de nuit, afin qu’un maximum de salariés aient l’information et puissent avoir les « outils » pour faire face au risque. Pour eux mais aussi pour leurs collègues.

n NV

amitié

La Poste Orange 17 Aquitaine

Sensibilisation à la Plateforme courrier de Pau

À l’initiative de Denis Greslin, responsable production à la Plateforme de préparation et de distribution du courrier de Pau, et en concertation avec les membres du CHSCT de l’établissement, l’association Amitié est intervenue les 8 et 9 octobre derniers sur la plaque Pau – Billère – Lescar, pour six réunions de sensibilisation sur le thème des addictions.

À chaque séance, l’auditoire était composé de cadres courrier, d’agents distributeurs ainsi que d’agents du « service arrière ». Cette manifestation était animée par Bernard Maligne, coordinateur Aquitaine, ainsi que par Hélène Vasseur, militante-bénévole d’Amitié dans les Pyrénées Atlantiques. La réussite de cet événement tient à l’implication de la direction de l’établissement, des cadres courrier, avec une mention particulière pour M. Greslin, qui a accompagné ces deux jours avec une grande disponibilité.

n BM

La prévention s’affiche à Coliposte Toulouse

À la demande de la direction du colis du grand Sud-Ouest, et en partenariat avec le pôle APACT Coliposte, Amitié La Poste Orange était présente les 24, 25 et 26 septembre dans les agences de Larrieu, Fondeyre et sur la Plateforme colis (PFC).

Sept séances de sensibilisation d’une durée de quarante-cinq à cinquante minutes furent dispensées au personnel de Coliposte. C’est donc environ une centaine d’agents qui a répondu favorablement à l’invitation. Ces temps d’échanges se sont déroulés sous la conduite de Bernard Maligne, coordinateur Amitié Aquitaine, ainsi que de Cédric Morin, moniteur de prévention Coliposte Bordeaux.

Que ce soit sur la PFC ou en agence, Amitié est fortement reconnue pour son action dans l’entreprise et sa mission dans le domaine de la santé au travail. C’est aussi grâce aux responsables de site et aux encadrants qui ont permis l’organisation et le bon déroulement de cet événement.

n BM

Normandie

« Faire ami-ami avec la rue » à La Banque Postale

E n octobre dernier, Didier Davranche, animateur de prévention de La Banque Postale, a proposé à Amitié La Poste Orange de participer à l’animation d’un forum ayant pour thème : « Faire ami-ami avec la rue ».

La police nationale de Rouen, la prévention routière départementale 76 et l’association Avelo ont également été conviées.

Catherine Devaux, responsable du département 76, et Monique Moreau, bénévole de notre association, ont animé un stand de prévention sur l’alcool, en proposant aux personnels du centre un parcours fait de plots au sol et d’obstacles, compliqué par le port de lunettes « alcool ». Ces lunettes permettent de simuler une altération visuelle équivalente à environ 1,50 gramme d’alcool. Documentation et éthylotest ont été distribués à celles et ceux qui effectuaient le parcours. n CD

Champagne-Ardenne

Une collaboration durable avec la direction Service courrier colis

A u mois de juillet 2014, Christian Charles, administrateur régional, et Nadège Viriot, coordinatrice, sont allés à la rencontre d’Audrey Lacourt, assistante sociale de la direction Service courrier colis (DSCC) Meuse-Champagne-Ardenne. Lors de cette entrevue, il a été décidé avec l’appui de la Direction de mettre en place sur le département des Ardennes des formations managers et des réunions de sensibilisation sur le risque addictif. Elles ont commencé le 30 octobre 2014 avec la collaboration de Clémentine Rapin, animatrice de prévention pour Amitié. Venue sur la Plateforme courrier de Charleville-Mézières, cette dernière a formé les managers à la « gestion des risques alcool et drogues ». Des réunions de sensibilisations « alcool, drogues, médicaments et risque routier » seront également mises en place pour les agents grâce au concours de Johnny Borca, animateur de prévention à la DSCC. Des créneaux horaires pour ces réunions seront libérés lors de la journée de formation aux risques routiers des agents postiers. Ces sessions de formation et de sensibilisation s’étaleront sur l’année 2015. n n n NV

amitié

La Poste Orange 18

zOOM suR

Fil rouge

Loi de santé publique : un plan anti-tabac

S uite à l’article publié dans la dernière revue Amitié, voilà les principales mesures que propose la loi de santé publique qui sera débattue et votée en 2015. Concernant les produits, il sera interdit de « vapoter » dans certains lieux publics (les établissements accueillant des mineurs, les transports collectifs, et les espaces clos collectifs de travail), et la publicité pour les cigarettes électroniques devrait être limitée puis interdite à l’horizon 2016, afin de suivre la directive européenne. Les paquets de cigarettes neutres et standardisés remplaceront les paquets actuels. Ils auront désormais les mêmes taille, couleur et typographie. La place réservée aux avertissements couvrira 65 % de la superficie des deux côtés du paquet.

Deux mesures concernant la protection des mineurs seront également mises en place : l’interdiction de fumer en voiture en présence d’enfants de moins de 12 ans, ainsi que l’interdiction de fumer dans les espaces publics de jeux pour enfants, ce qui a pour objectif de « débanaliser » la consommation de cigarettes auprès des plus jeunes.

Enfin, deux mesures visent à encourager l’arrêt du tabac. Une grande campagne d’information « Le tabac tue un fumeur sur deux » a été lancée fin septembre. La nouvelle loi prévoira également une amélioration du remboursement du sevrage tabagique. n BB

Faits divers

Des pâtes à l’opium

L es médias chinois ont récemment révélé les agissements d’un restaurateur qui, pour fidéliser sa clientèle, n’hésitait pas à incorporer dans ses pâtes des graines de pavot (un somnifère à partir duquel est fabriqué l’opium). Contrôlé positif lors d’un contrôle routier, un habitué des lieux suspicieux a demandé à des amis avec qui il avait déjeuné de bien vouloir être testés eux aussi… Tous se sont révélés « positifs » ! Après avoir avoué son stratagème, le restaurateur a été incarcéré durant une dizaine de jours.

n DP

Exception culturelle

Pas de test d’alcoolémie pour les chasseurs !

D eux chasseurs du Calvados ont été contrôlés il y a peu avec des taux d’alcoolémie supérieurs à 2 grammes/litre.

C’est parce qu’ils étaient au volant de leurs véhicules qu’ils ont été arrêtés… Car étran gement, si la loi permet de sanctionner la conduite en état d’ivresse, elle ne permet pas aux forces de l’ordre d’effectuer des tests d’alcoolémie sur des individus en train de chasser.

Ces personnes portant des armes, il serait temps que les législateurs se penchent sur le sujet, afin de garantir un maximum de sécurité, tant aux chasseurs qu’aux prome neurs. n DP

à lire

SILENCE

de Benoît Séverac

Édition Rat Noir SYROS (2011)

«N athalie Girard se tourne à nouveau vers Jules et lui met son cahier sous les yeux : “ assez pour assommer un cheval ! Vous trouvez ça logique, vous ?

Vous arrivez dans une rave, vous ne connaissez personne, vous n’avez jamais pris de drogue et là, vous en prenez ” Jules ne répond rien. Pendant ce temps, le lieutenant Tatger relit pensivement leur dialogue : “ Vous vous doutez bien que nous allons interroger vos amis.

” Sur son lit d’hôpital, Jules revient doucement à lui, mais n’entend plus… Pour être en paix avec lui même, doit-il parler ou se taire ? » La surdité du personnage fait toute l’originalité de ce roman. Tout au long du récit, on sent le jeune homme tiraillé entre sa conscience et sa loyauté. Le style d’écriture de Benoît Séverac, simple, n’en est pas moins efficace. L’histoire de Jules est émouvante, car elle nous plonge dans le monde des sourds mais également dans celui de l’adolescence, avec tous ses excès. n BM

amitié

La Poste Orange 19

Adhérer et soutenir Amitié La Poste Orange C’est vouloir...

... affirmer son attachement aux valeurs de l’Association.

... soutenir le travail des militants dans leur action d’entraide et d’écoute du malade. ... encourager les actions de prévention des addictions au sein de La Poste et d’Orange.

C’est pouvoir...

... s’impliquer dans la vie démocratique de l’association.

... recevoir la revue pour vous informer sur l’actualité de l’addictologie et les activités de l’Association.

... participer aux rencontres conviviales entre adhérents et militants.

Alcool et drogues : Ensemble, nous pouvons agir

o o bULLetiN D’ADhésiON OU De sOUtieN à AMité

J’adhère à l’association (16

) Je fais un don supplémentaire de

…………€ o

Je soutiens l’association (16

)

Je joins un chèque postal ou bancaire d’un montant de..................€ à l’ordre d’AMITIE LA POSTE ORANGE Nom ____________________________________________ Prénom __________________________ Date de naissance _____/_____/___________ E-mail ________________________________________ Adresse personnelle __________________________________________________________________ Code postal _________________ Ville _____________________________Tél. ___________________

Appartenance

o

Orange

o

Groupe La Poste Filiales Orange

o o Services Courrier Colis Banque Postale o o Réseau o Numérique o Géopost Filiales N° identifiant _________________ Direction d’attache ____________________________________ Fonction _____________________ Lieu d’activité ________________________________________ o

Autres structures

(précisez) _______________________________________________________ bulletin à envoyer à : Amitié La Poste Orange - 82 bis, rue blomet 75015 Paris Les informations recueillies sont nécessaires pour votre adhésion. Elles font l’objet d’un traitement informatique et sont destinées au secrétariat de l’association. En application des articles 39 et suivants de la loi du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent. Si vous souhaitez exercer ce droit et obtenir communication des informations vous concernant, veuillez vous adresser à : [email protected] ou 01.53.79.61.61.

"

Facilitez-vous la vie :

Consultez votre espace adhérent !

Vous pouvez désormais accéder gratuitement à votre espace adhérent La Mutuelle Générale grâce à l’application mobile M@Mutuelle.

Avec votre

iphone

dans l’

App Store

ou sur

Android Market

Je suis alerté(e) par mail à chaque nouveau

remboursement santé

et je peux

consulter mes remboursements en ligne

à tout moment. Mes décomptes sont archivés pendant un an J’ai accès à toutes les informations concernant

mon contrat

(garanties, données personnelles, documentation...) et je peux demander une modifi cation Je trouve,

près de chez moi,

tous les professionnels de santé dont j’ai besoin et auprès de qui je n’avance pas d’argent pour mes

frais de santé

Je lis en ligne

le magazine MG Actualités

pour m’informer sur la

santé

et l’

actualité

de La Mutuelle Générale

Liave 2014.indd 1 20/12/13 15:40