Opération «Mbata ya bakolo - Développer Autrement le Congo(DAC

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Transcript Opération «Mbata ya bakolo - Développer Autrement le Congo(DAC

Opération «Mbata ya bakolo» : à Brazzaville, l'absence des «petites mains» kinoises se fait sentir
Écrit par Ifrikia Kengué
Mercredi, 07 Mai 2014 10:42 - Mis à jour Mercredi, 07 Mai 2014 11:23
Inflation des prix de certains produits alimentaires, baisse d’affluence dans les marchés et les
night-clubs... Les conséquences sociales des expulsions des ressortissants de la RDC
commencent à se faire sentir sur la rive gauche du Congo. En clair, les "petites mains" kinoises
manquent à Brazzaville. Reportage.
L'ambiance a bien changé dans les grands marchés de Brazzaville, inhabituellement vides et
calmes depuis trois semaines. Le déclenchement de l'opération "Mbata ya bakolo" – la gifle
des aînés en lingala – qui vise à traquer les délinquants kinois et les
"Zaïrois"
en situation irrégulière. Selon, la police brazavilloise, 1 404 Kinois ont déjà été expulsés tandis
que plus de 46 000 seraient partis d'eux-même. Conséquence : dans la capitale du Congo, les
grosses affluences ne se limitent plus qu’aux principaux arrêts de bus.
Au marché Total du sud de Brazzaville, connu pour abriter les étals des "Zaïroises", Mamie,
une kinoise en règle, alpague les clients qui passent devant ses fripes. Le soleil de ce début
d’après-midi tape fort, l’atmosphère lourde annonce un orage en fin de journée. Dans un lari
approximatif (idiome parlé dans le sud de Brazzaville, NDLR), elle titille son voisin qui vient de
lui offrir une boisson rafraîchissante. D’abord sur un ton badin, l’échange devient sérieux quand
elle avoue se soucier des conséquences des expulsions.
Sur le marché, le prix de plusieurs produits alimentaires (notamment le sucre et le savon) ont
déjà grimpé. "À cause de cette affaire, beaucoup de Kinois ont peur de traverser pour vendre
leur marchandise"
, explique-t-elle. "Il est normal de se faire expulser quand on
n’est pas en règle. Oui je suis "Zaïroise" mais je suis installée ici depuis longtemps et je me suis
même mariée ici", poursuit-elle en martelant le terme "Zaïroise" comme un défi. Celle que les
autres marchands traitent avec égard est aussi l’épouse d’un sous-officier de l’armée
congolaise. Une situation qui aide vraisemblablement à revendiquer fièrement ses origines par
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ces temps troublés.
À cause de l'animosité envers les "Zaïrois", de nombreux kinois, même en règle, ont
préféré quitter Brazzaville.
Car depuis le début des expulsions, une ambiance délétère règne entre les citoyens des deux
pays frères. À cause de l'animosité envers les "Zaïrois", de nombreux kinois, même en règle,
ont préféré quitter Brazzaville, abandonnant les petits boulots qu’ils exerçaient : éboueurs,
cordonniers ou vendeurs ambulants... Sur la rive gauche du Congo, les immigrés kinois
exercent souvent les métiers du secteur informel. Une main d’œuvre bon marché et, semble-t-il,
difficile à remplacer.
"Qui va vider mes latrines pleines ? Qui va ramasser mes ordures ménagères ? Je ne peux
plus proposer mes toilettes à mes invités, elles sont pleines. C’était les petits Kinois qui se
chargeaient de les vider", se plaint par exemple Célestin, un résidant de Moungali (4e
arrondissement). Les petites mains kinoises s’activaient à certaines tâches jugées ingrates par
les habitants.
Applaudi par de nombreux Brazzavillois pour avoir "assaini" la ville, l’opération "mbata ya
bakolo" ne fait pas que des heureux dans la capitale. "Nous voilà débarrassés de tous ces «
kulunas » (terme kinois désignant les bandits) et toutes ces 'kakuba' [les prostituées, NDLR].
Ce sont les femmes congolaises qui doivent être heureuses", lance un taximan goguenard. De
fait, la fréquentation de certains night-clubs de la ville est depuis peu en baisse. Très prisées à
Brazzaville, les "243" [terme désignant les prostituées venant de Kinshasa, en référence à
l’indicatif téléphonique de la RDC, NDLR] se font de plus en plus rares dans les clubs. Résultat
: plus l’affluence féminine baisse, plus le prix des passes augmente. "Je demande plus cher",
confirme Ninelle, une habituée des boîtes de nuit. "Il y a moins de concurrence, plus besoin de
nous disputer des clients", explique-t-elle.
Des Congolais désœuvrés essaient de reprendre le relai dans le secteur informel, parfois
avec un succès mitigé.
La nature ayant horreur du vide, des Congolais désœuvrés essaient de reprendre le relai dans
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Écrit par Ifrikia Kengué
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le secteur informel, parfois avec un succès mitigé. Dans un autre grand marché, celui de
Poto-Poto (centre de Brazzaville), une femme a une prise de bec avec un jeune qui vient de lui
porter ses courses dans une brouette. Le porteur lui reproche de l’avoir trop fait attendre et
réclame une augmentation sur le tarif habituel. Ahurie, la dame le tance vertement l'accusant de
mauvaise foi. La réponse, tranchante, fuse : "Vous m’avez pris pour votre Zaïrois ou quoi, pour
me faire attendre comme ça ? Donnez-moi vite mon argent, il y a des clients qui m’attendent au
marché". La dame tempère alors ses propos et essaie de négocier. "Mon fils, tu ne vas pas
faire ça à ta mère, excuse-moi". Mais de guerre lasse, au bout de 10 minutes de palabre, elle
finit par lui donner ce qu’il réclame avant de déclarer au taximan interloqué qui l’attend. "Ils
étaient quand même plus polis, les petits Kinois.
Ifrikia Kengué, à Brazzaville
Source Jeune Afrique
____________________________________________________________
Congo - RDC : comprendre l'opération « Mbata ya bakolo » à Brazzaville en 10
questions.
Depuis début avril, la police brazzavilloise traque les "kuluna" (délinquants) et autres
"étrangers en situation irrégulière". À ce jour, des milliers de Congolais de la RDC ont été
refoulés, parfois dans des conditions indignes. Dérapages en série ou simple lutte contre la
criminalité ?
Décryptage de l'opération "Mbata ya bakolo" en 10 questions-réponses.
"Ça dérape", lâche un conseiller diplomatique africain à Brazzaville. L'opération "Mbata ya
bakolo" (la "gifle des aînés", en lingala) est pourtant "saluée" par la population locale, selon la
police du Congo-Brazzaville qui traque, depuis le 4 avril, les kuluna – les gangs de Kinshasa -
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et tous "les étrangers en situation irrégulière sur le territoire congolais.
1. Pourquoi avoir dénommé l'opération "Mbata ya bakolo" ?
Les mauvaises langues à Kinshasa soutiennent que "Mbata ya bakolo" est un clin d'œil à la
différence d'âge de deux chefs d'État sur les deux rives du fleuve Congo. Une opération qui ne
serait autre chose qu'une "gifle de l'aîné Denis Sassou Nguesso (70 ans) au cadet Joseph
Kabila (42 ans)
."
Cela n'a pourtant "rien à voir", à croire le colonel Jules Monkala Tchoumou, directeur central de
la sécurité publique et porte-parole de la police du Congo-Brazzaville.
Contacté, l'officier est revenu sur le "choix de ce nom de baptême" attribué à l'opération en
cours dans la capitale brazzavilloise. "Mbata ya bakolo ou la gifle des aînés, c'est pour rappeler
aux kuluna, qui sont généralement des jeunes, qu'en Afrique, on respecte les aînés", explique
le colonel. "Avec cette opération, des aînés donnent donc une correction à ces jeunes qui se
distinguent par des actes de banditisme, souvent contre les personnes plus âgées qu'eux",
ajoute-t-il.
2. Pourquoi maintenant ?
Les versions diffèrent selon qu'on se trouve sur une rive ou l'autre du fleuve Congo. À
Brazzaville, la police justifie l'opération par la "poussée de la criminalité" dans les quartiers
périphériques de la capitale du Congo. Une poussée qui s'expliquerait par la "présence de plus
en plus marquée" des kuluna qui ont fui Kinshasa à la suite des opérations « Likofi » (coup de
poing, en lingala) et « Likofi+ ». "Ces délinquants ont exporté à Brazzaville les mêmes modes
opératoires : usage d'armes blanches (machettes, arrache-clous, couteaux, …) pour extorquer
les biens d'autrui", accuse le colonel Monkala. Le responsable fustige aussi "des hommes en
armes centrafricains" qui sont entrés au Congo à la suite de la crise en Centrafrique.
Les Brazzavillois disent qu'ils sont envahis par les Congolais de la RDC. C'est la seule
motivation de 'Mbata ya bakolo'
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Un proche d'André Kimbuta, gouverneur de Kinshasa
Mais à Kinshasa, l'argumentaire de Brazzaville ne passe pas. Si devant les caméras, on se
refuse d'"émettre un quelconque jugement sur la légitimité des motivations des autorités de
Brazzaville" à lancer l'opération "Mbata ya bakolo", dans les coulisses de l'Hôtel de ville de
Kinshasa, les langues se délient. "Les Brazzavillois disent qu'ils sont envahis par les Congolais
de la RDC, c'est la seule motivation de cette opération", tance un proche d'André Kimbuta,
gouverneur de la ville-province de Kinshasa. "C'est pourquoi ils ont déjà refoulé plus de 60 000
personnes. À qui voudrait-on faire croire qu'il y a autant de kuluna à Brazzaville ?", lance-t-il.
3. Qui a décidé ?
Près de 1 500 policiers sont mobilisés à Brazzaville. "Mbata ya bakolo nécessite donc des
moyens logistiques énormes, commente le colonel Jules Monkala. Pour être effective,
l'opération devait être validée par le ministre de l'Intérieur [Raymond Zéphyrin Mboulou]."
4. Qui sont traqués et quid des violences policières rapportées ?
"Mbata ya bakolo n'est pas une chasse à nos frères de la RDC", martèle le porte-parole de la
police brazzavilloise, dénonçant la "surenchère médiatique" à Kinshasa. Et sur les réseaux
sociaux, certaines photos des émeutes d'Haïti de 2010 ont même été présentées comme
celles des violences subies par les expulsés de Brazzaville, comme ici :
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