Déficience intellectuelle, santé et vieillissement

Download Report

Transcript Déficience intellectuelle, santé et vieillissement

Orée du Bois, Quevaucamps
29 mars 2012
Claude RENARD
Quevaucamps, le 29 mars 2012
1
ETAT DE LA PROBLEMATIQUE
Comme dans la population en général, la courbe du
vieillissement chez les PADI indique une tendance
marquée à la croissance (WHO, 2000).
Leur espérance de vie augmente et les études nous
confirment que plusieurs facteurs peuvent influencer la
façon dont elles vivent leur vieillissement.
D’abord, le vieillissement est plus précoce que dans la
population générale.
Quevaucamps, le 29 mars 2012
2
 Ensuite, le vieillissement avec déficience
« ne se distingue pas, fondamentalement, du
vieillissement habituel de la population générale.
En revanche, les conséquences sont toutes autres pour
des personnes handicapées qui voient s’ajouter de
nouvelles déficiences ou incapacités à d’autres
incapacités préexistantes.
Il existe là un effet d’accélération avec un risque accru »
(Azéma et Martinez, p.311)1,2.
Quevaucamps, le 29 mars 2012
3
Espérance de vie des personnes trisomiques et
de la population générale
90
80
70
60
50
personnes trisomiques
40
population générale
30
20
10
0
1949
1963
1996
Quevaucamps, le 29 mars 2012
2002
4
 « Les pertes liées au vieillissement s’observent à un âge
plus jeune chez les personnes présentant une
déficience intellectuelle. L’âge du début du
vieillissement est donc situé à 55 ans».
 On retrouve aussi dans une publication de 1996 que
l’âge dit « du vieillissement » se situe de 45 à 55 ans.
 Ce décalage temporel est dû aux conditions de vie qui
ont prévalu chez les personnes DI de nombreuses
années (conditions de vie précaires, sédentarité,
problèmes de santé physique, obésité,
institutionnalisation, importants antécédents de prise
de psychotropes, …. En revanche, les progrès
médicaux, l’amélioration de leurs conditions de vie
(alimentation, hygiène, activités, )… tendent à réduire
ce décalage
Quevaucamps, le 29 mars 2012
5
La mortalité des PADI
 Principales causes de mortalité (Québec, 1999;
Finlande, 1997) (= PANDI)
- Maladies cardiovasculaires
- Maladies respiratoires
- Néoplasmes
 Cependant, un faible QI, l’épilepsie et les troubles
auditifs sont les trois facteurs qui accroissent le risque
relatif de mortalité, tous niveaux de DI confondus
Quevaucamps, le 29 mars 2012
6
Comorbidités par problème de santé
Par Problème de santé
Comparaison entre PADI et PANDI
Problème de santé en
général
DI>pop. gén : 2,5 x plus élevé
Déficiences sensorielles
DI = Pop. gén, mais détection inadéquate
DI> Pop gén. : cécité de 5 à 30 x plus élevée
Arthrite
DI> Pop. gén
Obésité
DI> Pop. gén. : 50 % pop PADI contre 33 %
PANDI
Démence
Syndrome de Down > Pop. Générale
72,7 % des 60 ans et plus avec syndrome de
Down
Démence de type Alzheimer observée des 35-40
ans
Troubles cardio-vasculaires DI > pop. Gén.
cancer
DI = pop. Gén pour la prévalence du cancer
Ménopause
3 à 5 ans avant les autres femmes
Risque d’ostéoporose
DI> Pop. gén
Quevaucamps, le 29 mars 2012
7
Comorbidité en fonction de l’âge
 Avec l’âge,
 ↗ incontinence urinaire,
 ↗immobilité,
 ↗troubles auditifs,
 ↗ arthrite,
 ↗ hypertension et
 ↗ maladies cérébrovasculaires.
Quevaucamps, le 29 mars 2012
8
Principales difficultés liées au
vieillissement des personnes ayant une DI
 - une majorité de personnes présentant une DI vit sous le
seuil de pauvreté et n’a pas eu l’occasion de planifier une
retraite (Bonin, Boisvert et Boutet, 1992, dans MSSS, 2001);
 - les personnes DI subissent une double stigmatisation,
celle des préjugés liés à la déficience et des préjugés liés à
l’âge (MSSS, 2001);
 - la cohabitation des personnes âgées DI avec d’autres
sans DI est souvent problématique (Lamarre, 1998);
 - les personnes âgées DI risquent l’isolement, alors que
leurs capacités régressent (Lamarre, 1998);
Quevaucamps, le 29 mars 2012
9
 - pour l’adulte DI qui demeurait avec ses parents âgés,
une rupture du lien parental non préparée peut être
problématique (Beauvais et al., 2002)
 - l’hébergement brime la personne de son droit
d’entretenir des liens avec les individus de son
choix, affecte son sentiment de liberté et ajoute une
pression supplémentaire sur ses capacités d’adaptation
(Beauvais et al., 2002)
 - la retraite coïncide avec la diminution des
contacts sociaux et l’augmentation du temps libre.
Si elle est en plus provoquée par une perte de
capacités, elle contribue à isoler et à rendre la
personne DI plus vulnérable et dépendante (Beauvais
et al., 2002).
Quevaucamps, le 29 mars 2012
10
Leur santé physique
 Sur le plan physique, elles ont des problèmes de santé
plus nombreux (Proulx et Mercier, 2006) et les
difficultés d’accès aux services, tout comme leurs
problèmes de communication, peuvent entraîner un
diagnostic tardif (Ouellette-Kuntz et al., 2004).
Quevaucamps, le 29 mars 2012
11
Leur santé psychologique
 En ce qui a trait aux facteurs psychologiques, le taux de
prévalence des troubles mentaux est déjà plus élevé
chez les personnes présentant une déficience
intellectuelle (Desrosiers et al, 2000).
De plus, leur vieillissement augmente les risques de
dépression et de troubles de l’anxiété (Cooper, 1999).
Quevaucamps, le 29 mars 2012
12
Leur santé sociale
 Sur un autre plan, le réseau social des personnes
présentant une déficience intellectuelle est réduit et il
diminue avec l’avancée en âge, alors que les différents
types de soutien social sont moins intenses : soutien à
l’intégration sociale, soutien affectif, soutien matériel
et instrumental (Boisvert, Bonin et Boutet, 1994).
 Cela engendre un risque d’isolement accru, peu
d’activités disponibles et un manque de ressources
pour y participer
Quevaucamps, le 29 mars 2012
13
Quelques facteurs supplémentaires de
complexité …
 La difficulté d’expression tend à réduire la capacité de
détection des troubles physiques, sensoriels ou de
santé mentale.
 Les personnes avec DI présentent des risques
significatifs d’isolement
 Absence de relations formalisées entre services pour
les personnes avec DI et les services pour les personnes
âgées, ce qui tend à réduire la prise en charge pour des
problèmes propre au vieillissement, comme par
exemple un sous-investissement des problèmes de
démence
Quevaucamps, le 29 mars 2012
14
Perspectives …
 Les proches des PADI et toutes les personnes appelées à les desservir sont
confrontés à un manque de connaissances. D’autre part, la mise en œuvre des
services aux PADI passe notamment par une dimension fort importante :
informer les PADI elles-mêmes.
 C’est à la fois un pré-requis, un point de départ et un élément essentiel à leur
autodétermination (Moss, 1992), peu importe les solutions envisagées. Même si
les difficultés de communication des PADI s’ajoutent aux autres facteurs
associés à leur condition, il faut s’assurer de leur donner une voix et un choix
(LePore et Janicki, 1997).
 De surcroît, considérant que certaines disparités sur le plan de la santé sont
évitables (Proulx, 2008), la stratégie d’informer les personnes elles-mêmes en
plus de celles qui les entourent est une stratégie préventive qui peut contribuer
à réduire ces disparités et favoriser un vieillissement plus harmonieux.
Quevaucamps, le 29 mars 2012
15
Recommandations en matière de
prévention et de promotion de la santé
- Activités de promotion de la santé (ex. : sensibilisation à un mode de vie
sain, information aux intervenants et aux proches)
- Dépistage précoce de maladies physiques
- Prévenir les « surincapacités » : l’accumulation des troubles dégénératifs
liés à l’âge et des incapacités préexistantes soit, dans l’ordre :
− Les maladies cardiovasculaires
− Les atteintes sensorielles
− Les atteintes musculosquelettiques
- Détection des cancers gynécologiques dès 45 ans
- Dépistage aux 5 ans, dès 45 ans, des troubles auditifs; aux 3 ans pour
syndrome de Down
- Dépistage recommandé des troubles visuels
Quevaucamps, le 29 mars 2012
16
Recommandations médicales
− Des démarches diagnostiques appropriées
− Des bilans médicaux réguliers
− Des formations initiales et continues des
intervenants et aidants
− Un accès médical accru
− De l’information scientifique disponible pour
les aidants
− Un travail médical multidisciplinaire
− Réalisation de bilan de santé complet aux 5 ans
Quevaucamps, le 29 mars 2012
17
Objectifs d’intervention
Objectifs d’intervention jugés comme facilitateurs1:
− Viser l’absence de régression
− Mettre l’emphase sur le présent
− Traiter la personne comme un être humain
− Faire un suivi médical régulier dès 40 ans
− Dépister systématiquement les déficiences sensorielles dès 45
ans
− Dépister les maladies chroniques et les troubles
psychosociaux
− Diminuer la sédentarité
− Vacciner
− Suivre systématiquement la médication
Quevaucamps, le 29 mars 2012
18
En conclusion, ….
 Le vieillissement des personnes présentant une
déficience intellectuelle représente une problématique
en émergence, dont les enjeux concernent l’ensemble
des acteurs de la santé et des services sociaux.
 La réponse à ce phénomène en termes de services et de
soutien, devra s’inscrire dans l’évolution des modes de
pensées relatifs à la déficience intellectuelle, et ainsi
promouvoir la réelle participation sociale des
personnes âgées présentant une déficience
intellectuelle.
Quevaucamps, le 29 mars 2012
19
 En parallèle, l’aménagement des curriculums de
formation des intervenants du domaine du social
devra favoriser leur sensibilisation à la spécificité de
l’accompagnement des personnes âgées présentant
une déficience intellectuelle.
 À cette fin, la réalisation de recherches approfondies
pourrait notamment permettre de mettre en lumière
les modalités d’intervention, les milieux de vie et les
mesures de soutien les plus bénéfiques afin
d’améliorer les conditions de vieillissement des
personnes âgées présentant une déficience
intellectuelle.
Quevaucamps, le 29 mars 2012
20
 Je vous remercie pour votre attention et
vous souhaite plein succès dans tous
vos projets institutionnels
Quevaucamps, le 29 mars 2012
21