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Les enjeux du bilinguisme Bernard ZONGO

Professeur de lettres – Docteur ès lettre - Conseiller pédagogique – Ecrivain - Essayiste

INTRODUCTION

Les questions essentielles liées à l’usage de plusieurs langues semblent résolues dans la mesure où les réponses qu’on leur apporte sont de nature a priori incontestables : Question : Qu’est-ce qu’un bilingue? Réponse : La formation du lexème induit la réponse « bi » + « lingua » = deux langues – Est bilingue donc celui qui parle deux langues. Problème : Mais à partir de quel niveau de compétence linguistique peut on être qualifié de bilingue? La langue étant un véhicule censé tradruire le réel hic et nunc, peut-on être bilingue sans être biculturel? Mais à quel niveau de maîtrise de l’autre culture, peut-on se targuer d’avoir un statut de biculturel?

Question: comment expliquer les difficultés scolaires rencontrées par certains enfants d’origine étrangère?

Réponse : Les élèves d’origine étrangère éprouvent des difficultés d’apprentissage du français parce qu’ils parlent leurs langues maternelles (syntagme à questionner) Problème : A-t-on jamais entendu dire qu’il faut interdire le français aux élèves français pour favoriser l’apprentissage des langues étrangères ? NON. La maîtrise d’une langue première est-elle un obstacle à l’acquisition apprentissage d’une langue seconde?

INTRODUCTION

Question: Toutes les langues s’équivalent-elles ?

Réponse : Les uns parlent une langue (le français), les autres que l’on ne comprend pas parle un dialecte ou un patois. Problème : Quelle différence faut-il opérer entre les dénominations langue, dialecte, patois? Quelle idéologie sous-jacente couve porte ces différentes appellations?

Question: Pourquoi les étrangers parlent leurs langues entre eux même en présence d’un allophone français par exemple ?

Réponse : C’est très impoli et c’est parce qu’ils critiquent les autres.

Problème: Et si les choix linguistiques remplissaient d’autres fonctions?

Question: Comment lutter contre ces anglicismes qui nous envahissent? Les Bretons, les Alsaciens ou les ch’ti doivent-ils continuer à pratiquer leurs langues? Quelle instance possède le pouvoir de réguler les usages linguistiques et les statuts des langues ?

Réponse : l’État (?), les communautés linguistiques (?)

INTRODUCTION

-On pourrait continuer ainsi à égrener les différents problèmes que génère, au sein d’une communauté, la présence/l’usage de plusieurs langues… -

Comment alors aborder d’une manière raisonnée et systémique l’étude d’un objet aussi complexe ?

Hamers et Blanc (1983 : 29), deux auteurs canadiens, proposent de partir de la typologie de gestion des contacts de langue : 1)« la diglossie » du point de vue du statut des langues (perçu) en présence; 2) « la bilingualité » - liée à la compétence individuelle ; 3) « le bilinguisme » qui renvoie à l’usage de plusieurs langues attesté dans une société.

INTRODUCTION

Dans le cadre de cette conférence, je vous propose un plan qui reprend le cadre théorique de Hamers et Blanc, combiné à d’autres recherches et qui permet de cerner la question d’une manière que j’espère claire – Le temps imparti ne permettra sans doute pas de tout développer mais la visée est de montrer la complexité des enjeux du bilinguisme.

I/Le bilinguisme et ses problématiques

PLAN

II/La bilingualité et ses problématiques

A. Perspective acquisitionniste B. Perspective interactionniste C. Perspective glottopolitique D. Perspective linguistique A.

La personne bilingue B. Taxinomie de la compétence linguistique C. Typologie de la bilingualité Plan inspiré de ZONGO, 2004, Le parler ordinaire multilingue à Paris, ville et alternance codique, L’Harmattan

ACQUISITIONNISTE APPRENTISSAGE INTERACTIONNISTE GLOTTOPOLITIQUE FORMALISTE-LINGUISTIQUE

Il faut entendre par « acquisitionnistes » toutes les recherches qui interrogent la place de l’alternance codique, au sens consensuel d’« utilisation de deux langues ou de deux codes dans le même énoncé au cours d’une interaction », dans les processus d’apprentissage ou d’acquisition d’une langue L2 par une personne possédant déjà au moins une langue L1. Elle interroge deux types de problématiques : - les buts et les motivations des choix de langues et de l’alternance codique multilingue La glottopolitique désigne : « les diverses approches qu’une société a de

l’action sur le langage

,

Elle regroupe quatre types de problématiques qui visent à rendre compte des propriétés formelles de l’alternance codique

.

1)

identification

« aspects structuraux de l’alternance qu’elle en soit codique » (Bourhis, dans les consciente ou non Lepicq et Sachdev communications consciente : --- (2000) intergroupes ethnolinguistiques (Bourhis, Lepicq et Sachdev, 2000), action sur la langue, quand la société

légifère

sur les statuts réciproques du

français

et des 2) étude des

phénomènes liés aux contacts des langues

(« marques transcodiques » (Lüdi,

langues

1997) ;

minoritaires

par exemple ;

ACQUISITIONNISTE APPRENTISSAGE INTERACTIONNISTE GLOTTOPOLITIQUE FORMALISTE-LINGUISTIQUE

l'

acquisition

est un processus - les buts et les motivations des

subconscient

par lequel l’apprenant acquiert sa langue maternelle. On choix de langues et de l’alternance apprend la langue par l'utilisation réelle, en codique communiquant, et en focalisant l'attention sur sens le et non sur la forme. = apprentissage implicite L'

apprentissage

est un processus

conscient

par lequel un apprenant apprend une Langue étrangère dans une classe de langue. On apprend la grammaire, et l'attention est portée sur la forme . = apprentissage explicite multilingue soit -sur le discours , quand l’école fait de la production de tel type de texte matière à examen . 3 )

description formelle des niveaux et des modes d’insertion

de l’alternance codique dans les interactions verbales, (« types d’alternance -Le terme dans les communications

glottopolitique

nécessaire pour est intragroupes englober tous les faits ethnolinguistiques (Gumperz, 1989). de langage où l’action de la société revêt la forme du politique . » J.-B. Marcellesi ,1986, « Pour la glottopolique » in

Glottopolitique

,

Langages

, n°83- p.8) codique » -Grosjean, 1987 ; Myers-Scotton, 1993a ; Dabène, 1994 ; Romaine, 1989) ; 4)

approche diachronique

de l’alternance codique dans le parler bilingue au sein d’une communauté linguistique donnée (Poplack, 1980 ; Auer, 1998).

I/Le bilinguisme et ses problématiques : perspectives et problématiques

Chaque perspective sera présentée selon la structure suivante : Problématiques et axes Statut de l’alternance codique Contexte de l’observation (formel vs informel) Les types d’échantillons Les types de corpus – Finalités de la recherche Notions et concepts Disciplines et théories de référence Auteurs et travaux de référence Illustrations concrètes

I/Le bilinguisme et ses problématiques A.

Perspective

acquisitionniste

A.1. Problématiques et axes

deux points de vue s’opposent a) l’alternance codique = obstacle à la maîtrise de L2 b) l’alternance codique = ressources de stratégies compensatoires interlinguales apprentissage (milieu institutionnel) acquisition en contexte naturel (immersion) ou institutionnel (exposition, imprégnation, imbibition) l’alternance codique = ressources de stratégies compensatoires interlinguales

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes

A.2.Statut de l’alternance codique

a) Indice d’

incompétence

manifesté par l’interférence et ses formes : calques, code-switching, transfert, faux amis, mélanges de codes.

Pour certains, l’alternance codique constitue un obstacle à l’acquisition-apprentissage de la langue-cible (Weinreich, 1953 ; Faerch et Kasper, 1983 ; Canut, 1999). C’est un indice d’incompétence de l’apprenant, incompétence qui se traduit par des interférences considérées comme des « déviations par rapport aux normes des deux langues en b) indice de 148) contact. » (ibid.).

compétence

manifesté par les marques transcodiques (Lüdi, 1995 : : interférence, emprunt, formulation transcodique, code-switching.

Pour d’autres chercheurs, l’alternance codique, qu’elle soit considérée en contexte d’apprentissage, d’acquisition naturelle ou institutionnelle, constitue une banque de ressources de stratégies compensatoires entre les langues en présence pour l’apprenant d’une L2 (Lüdi et Py, 1986 ; Lüdi, 1997 ; Heller, 1988 ; Myers-Scotton, 1993a ; Duran, 1994). - Pour la gestion de l’alternance codique dans la classe, certains didacticiens des langues étrangères voient en l’alternance codique une « stratégie langagière au fort potentiel acquisitionnel » (Wharton, 2003 : 274) : Grosjean (1987), Porquier (1984), Moore (1996), Lüdi (2000).

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique

A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel)

1.

Formel

: classe, institutions de formation et/ou d’accueil, rapports apprenant-formateur 2.

Informel

: interactions dans des situations de discours ordinaires

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel)

A.4. type d’échantillons

1.

Enfants, adultes

: bilingues en formation dans un cadre institutionnel 2.

Adultes bilingues

en formation dans un cadre informel (au sein d’une communauté linguistique. Lüdi, 1995)

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel) – A.4. Les types d’échantillons

A.5. Type de corpus

- Productions linguistiques ( passation d’épreuves écrites, orales) - Productions linguistiques (conversations, récits, actes de langage) - Discours épilinguistiques

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel) – A.4. Les types d’échantillons – A.5. Les types de corpus

A.6. Finalités de la recherche

identifier et résoudre les obstacles (interférences linguistiques) à l’apprentissage-acquisition de L2 évaluer les valeurs communicative et acquisitionnelle des marques transcodiques : didactiser l’alternance codique

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel) A.4. Les types d’échantillons – A.5. Les types de corpus – A.6. Finalités de la recherche

A.7. Notions et concepts

a) interférence linguistique, calque, faute, erreur, norme, insécurité linguistique, acquisition, âge, hypercorrection, transfert positif, transfert négatif, incompétence linguistique b) Communication ou locuteur exolingue, endolingue, marques transcodiques , stratégies compensatoires, fonctions communicative et discursive, compétence polylectale, compétence communicative, interlangue 2. idem que 1.b)

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel) A.4. Les types d’échantillons – A.5. Les types de corpus – A.6. Finalités de la recherche - A.7. Notions et concepts

A.8. Disciplines et théories de référence

linguistique contrastive, didactique des langues (FLS, FLE), psycholinguistique, pragmatique, analyse conversationnelle, linguistique interactionnelle

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective acquisitionniste A.1. Problématiques et axes – A.2. statut de l’alternance codique A.3.Contexte de l’observation (formel vs informel) A.4. Les types d’échantillons – A.5. Les types de corpus – A.6. Finalités de la recherche - A.7. Notions et concepts – A.8. Disciplines et théories de référence

A.9. Auteurs et travaux de référence

Weinreich (1953,1958), Labov (1972) Siguản (1987), Faerch et Kasper (1983), Broeder et al. (1988), Canut (1999) École de Bâle-Neuchâtel : Lüdi et Py (1986), Grosjean (1982), Mondada; Heller (1988), Myers-Scotton (1993a), Porquier (1984) ;

Acquisition : gestion du bilinguisme familial L’exemple du principe de Ronjat :

Recommandation

: au sein de la famille, une personne, une langue lorsqu’on s’adresse à l’enfant en processus d’acquisition bilingue 1913,

Le développement du langage observé chez l’enfant bilingue

, Paris, Champion -Le

principe diglossique

: en privé : langue des parents ou alternance codique; en public et en présence d’un allophone dans le champ communicationnel, la langue commune dans les écoles bilingues ou internationales : recommandation de Py et de Rüdi : autoriser l’alternance codique (marques transcodiques)

Apprentissage: exemple des cours d’alphabétisation Principe : s’appuyer sur les compétences linguistiques des apprenants que l’on valorise -les alternances codiques deviennent des marques transcodiques avec une vertu pédagogique

I/Le bilinguisme et ses problématiques B.

Perspective interactionniste

B.1. Problématiques et axes

But(s) et motivations des choix de langues et de l’alternance codique multilingue 1.dans les communications intergroupes ethnolinguistiques 2.dans les communications intragroupes ethnolinguistiques

I/Le bilinguisme et ses problématiques B. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes -

B.2.Statut de l’alternance codique

Système linguistique autonome : Interlangue « fossilisée » ou entrelangue, code alterné du bilingue, parler bilingue

I/Le bilinguisme et ses problématiques B. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique

B.3. Contexte de l’observation : formel vs informel

Informel : situations de discours (familles, magasins, bistrots, etc.) Formel :école, entreprise, administration

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation

B.4. types d’échantillons

Enfants et adultes « bilingues » au sens de Grosjean (1984 : 16 )

I/Le bilinguisme et ses problématiques B. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation – B.4. Types d’échantillons

B.5. Types de corpus

Productions linguistiques : interactions verbales issues de situations de discours (Hymes) + Discours épilinguistiques sur les facteurs et les fonctions

I/Le bilinguisme et ses problématiques B. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation- B.4. Types d’échantillons – B.5. types de corpus

B.6. Finalités de la recherche

Décrire les facteurs (linguistiques et extralinguistiques) et les fonctions (liées aux normes sociales et aux relations interpersonnelles) de l’alternance codique

I/Le bilinguisme et ses problématiques B. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation - B.4. Types d’échantillons – B.5. types de corpus – B.6. Finalités de la recherche

B.7. Notions et concepts

dialogue, découpage séquentiel, actes de parole, alternance de compétence, code alterné du bilingue, stratégie de communication, facteurs et fonctions de l’alternance codique, motivations, intention, accommodation, rangs du modèle hiérarchique (interaction, séquence, échange, intervention, acte de langage), stratégies discursives vs stratégies conversationnelles, stratégies groupales vs stratégies individuelles, endogroupe vs exogroupe,

I/Le bilinguisme et ses problématiques B. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation - B.4. Types d’échantillons – B.5. types de corpus – B.6. Finalités de la recherche – B.7. Notions et concepts

B.8. Disciplines et théories de référence

Analyse conversationnelle, socilinguistique interactionniste, pragmatique, analyse du discours, ethnographie de la communication, ethnométhodologie, psycholinguistique, anthropologie linguistique, psychologie sociale du langage

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation B.4. Types d’échantillons – B.5. types de corpus – B.6. Finalités de la recherche – B.7. Notions et concepts – B.8. Disciplines et théories de référence

B.9. Auteurs et travaux de référence

Gumperz , Hymes, Goffman, Searle, Grice, Causa (2003), Zongo (1993, 2001), Clyne (1967), Mackey (1976), Scotton et Ury (1977), Valdès-Fallis (1978), Fantini (1978), Gal (1979), Saville-Troike (1982), Breitborde (1983), Lüdi (1984). Gardner Chloros (1985), Rispail (2003), Bourhis, Lepicq et Sachdev (2000), Giles et Coupland (1991).

I llustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (1) définition a.

Elle interroge deux types de problématiques : 1)les buts et les motivations des choix de langues et de l’alternance codique multilingue soit dans les communications intergroupes ethnolinguistiques (Bourhis, Lepicq et Sachdev, 2000), soit dans les communications intragroupes ethnolinguistiques (Gumperz, 1989). 2) dans cette perspective, l’alternance codique est considérée comme un système linguistique autonome : le « vernaculaire bilingue » (Gafaranga), le « code alterné du bilingue » (Hamers et Blanc, 1983), une « interlangue fossilisée » ou entrelangue (Duran, 1994 ; Baggioni, 1997 ; Bagionni et Robillard), un « fused lect » (Auer, 1998), « le parler bilingue » (Py, Lüdi). L’alternance codique est abordée dans une optique interprétative, c’est-à dire comme une stratégie de communication.

Illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (1) définition c.

Modèle de communication multilingue, Bourhis, 2000

CONTEXTE INTERGROUPE

Vitalité ethnolinguistique des groupes en contact -Politiques inguistiques nationales/régionales Stabilité, légitimité et perméabilité de la strati fication ethnolinguistique

CONTEXTE SOCIOLINGUISTIQUE -

Normes sociales s’appliquant à l’alternance codique (AC) Réseau individuel de contact linguistique(RICL) avec l’endogroupe et les exo groupes

PROCESSUS SOCIO PSYCHOLOGIQUE

-Aptitude et motiva tion pour l’apprentissage des langues Vitalité subjective (SVQ) et croyances (BEVQ)

COMPORTEMENTLANGAGIER-

-alternance codique (AC), choix de langues (L1, L2), dialectes, accents -Contenu du discours - paralinguistique et com munication non-verbales

BI-MULTILINGUISME BI MULTICULTURALISME ADDITIF-SOUSTRACTIF

Théorie de l’accom moda tion communi cative (TAC) modèle d’accultura tion interactif (MAI)

MAINTIEN CHANGEMENT

Perte, récupération, progression intergénérationnelle (RLS)

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (2) : les facteurs déclenchants Selon Valdès-Fallis (1978) le choix linguistique peut s'expliquer par des «patterns» (schémas) comportant deux catégories de facteurs : 1) facteurs externes : a) les rôles sociaux (alternance situationnelle), b) le contexte (situation de communication, sujet de conversation, contexte physique), c) les marqueurs d'identité, d) les noms propres (lorsqu'ils se disent avec les mots d'une seule langue), e) les citations et les paraphrases (dans la langue employée par la personne qui s'exprime) ; 2) facteurs internes : a) la fréquence relative d'éléments d'une des langues, b) besoin lexical lié à des phénomènes de domination linguistique ou à des trous de mémoire, c) déclenchement par certains mots, d) préformulations relevant de la routine linguistique, e) les marqueurs du discours (embrayeurs), f) les citations et les paraphrases formulées dans une langue autre que celle utilisée par la personne citée, g) les figures de rhétorique (emphase, contraste) qui aboutissent à l'alternance métaphorique, h) reprise dans une réplique de la dernière langue utilisée par le locuteur précédent, i) modulation du mélange des langues proportionnellement à l'interlocuteur.

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (4) : les fonctions de l’alternance codique

-

Deprez

(1999 : 156-158) montre que certains sujets établissent une relation entre l’alternance codique et les dichotomies « bonne humeur » vs « mauvaise humeur », « content » vs « pas content », « en colère » vs « pas en colère. » + « la dispute », « la déclaration d’amour » ou encore le recours à l’alternance codique dans des « usages ludiques (moqueries, imitations du parler de l’autre) » ou des « usages cryptiques » qui « violent la règle de politesse, […] qui veut que l’on parle devant les autres la langue qu’ils comprennent.

-

Saville-Troike

(1982) propose une série de huit fonctions du code switching : 1) adoucissement/renforcement d'une demande ou d'un ordre, 2) répétition pour intensifier ou pour éliminer l'ambiguïté, 3) humour/citation/imitation, 4) message idéologique (noms propres), 5) besoin lexical, 6) exclusion d'un tiers locuteur, 7) stratégie d'évitement (pour ne pas faire une distinction nécessaire dans l'autre langue), 8) stratégie de réparation (changement d'une langue jugée inappropriée).

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (5) : les variables dépendantes variable linguistique variable pragmatique (choix d'une variété) (intentionnalité/fonctions) variable extralinguistique (processus socio-psychologiques et contextes)

Un facteur extralinguistique conduit à changer de langue en vue d’atteindre une finalité

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (6) :

Vers une typologie des stratégies de communication

La mise en place d’une stratégie de communication s’appuie en grande partie sur le degré de saturation des codes employés dans les interactions. En fonction de l’intention des protagonistes, on peut distinguer trois degrés de saturation linguistique que l’on peut représenter par un continuum :

Figure . : Degrés de saturation linguistique dans l’alternance codique (Zongo, 2001)

-- Degré 1 : emplois transparents -- Degré 2 : emplois semi-transparents ou semi opacifiants -- Degré 3 : emplois opacifiants - les emplois opacifiants au degré 1 : les formes linguistiques sont mixtes et R peut interpréter partiellement le contenu du message. - les emplois opacifiants au degré 2 : les formes linguistiques sont mixtes mais celles relevant du code véhiculaire sont notionnellement et sémantiquement vides, en général des marqueurs du discours. - les emplois opacifiants au degré 3 : un seul code est employé, la langue ethnique ou l'argot du groupe.

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (7) :

Typologie des stratégies véhiculaires

Stratégies véhiculaires

1. Stratégie communicative 2. Stratégie ludique 3. Stratégie hédoniste 4. Stratégie de familiarité

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (8) :

Typologie des stratégies grégaires Définition

On peut distinguer un paradigme de trois stratégies cryptiques : - la stratégie crypto-cryptique - la stratégie crypto-conniventielle - la stratégie crypto-ludique.

Les procédés cryptologiques de l'alternance codique sont fondés essentiellement sur les choix linguistiques et nécessitent au moins la présence d'un locuteur exolingue pour fonctionner.

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (9) :

facteurs et fonctions dans une situation de discours (a) dans une boucherie à Paris

Totaux Actes de parole

Eloge Estimation Injure Requête Critique Anecdote Transaction Français 3 3 2 1 0 21 17

Allocation des tours

Alternance 0 1 0 1 1 15 0 Moore 9 0 9 3 10 15 0 5 11 51 17 12 4 11

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (3) :

facteurs et fonctions dans une situation de discours (a) sur la voie publique (rue Fessart)

Actes de parole Allocation des tours

Eloges Anecdotes Critiques Information Provocation Français Alternance 6 12 9 7 33 12 Moore 27 15 27 17 0 3 6 4 3 Totaux 46 57 46 24 9

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (3) :

facteurs et fonctions dans les lieux publics

Facteurs extralinguistiques

Nature de l'acte de parole

Facteurs linguistiques

Répétition Sujet de l'interaction Reformulation Contenu de l'interaction Présence de Lc3 Appartenance ethnique supposée ou établie de Lc3 Citations Besoin lexical Sémantisme des langues Répertoire linguistique supposé ou établi de Lc3 Changement d'interlocuteur Présupposés culturels Message idéologique Interjections Marqueurs d'identité Préformulations (routine linguistique) Stéréotypes culturels Marqueurs du discours

Fonctions

Cacher un discours Provoquer le rire Recréer un univers affectif Eviter la suspicion Réparer une rupture Exclure un tiers locuteur Partager un secret Exprimer une divergence / Convergence de point de vue Exprimer une vive émotion chercher les faveurs de quelqu'un

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (3) :

facteurs déclenchants dans les lieux publics

Actes de parole Allocation des tours Commentaires Critiques Eloges Français 21 11 9 Alternance 3 0 0 Moore 6 2 3 Totaux 30 13 12

illustration de la perspective interactionniste : alternance codique et stratégies de communication (3) :

facteurs et fonctions dans les lieux privés

Facteurs extralinguistiques

Facteurs de l’interaction Lieu de la communication Statut de Lc3 Présence/absence de Lc3 Contenu du message Thème de l’échange

Facteurs linguistiques Fonctions

Répétition Sémantisme des langues Citations Message idéologique Environnement linguistique Marqueurs du discours Interjections Besoin lexical Reformulation

-

Faire rire Approuver /désapprouver Eviter la suspicion Exprimer une connivence Cacher le contenu du discours Exclure un tiers-locuteur Intensifier un point de vue Fonction phatique Exprimer sa solidarité au groupe Créer de la familiarité

I/Le bilinguisme et ses problématiques C. Perspective glottopolitique

C.1. Problématiques et axes

1.évolutionniste ou diachronique : alternance codique = une étape dans la mutation linguistique selon le schéma unilinguisme en L1 – bilinguisme provisoire L1/L2 – unilinguisme définitif L2 2.typologiste ou synchronique : alternance codique = le résultat d’un bilinguisme stable : rapports de force entre les langues ou dynamique langagière, rapport de force entre groupes ethninguistiques 3.les représentations : pratiques langagières, rapports aux langues 4.interventions-actions (ex. didactisation de l’alternance codique ? transmission des langues )

I/Le bilinguisme et ses problématiques C. Perspective glottopolitique – C.1.

.Problématiques et axes –

C.2.Statut de l’alternance codique

Interlangue : « état de langue provisoire » Frontières linguistiques : dimension politique - zone « floue » - zone « floue »

I/Le bilinguisme et ses problématiques C. Perspective glottopolitique C.1.

Problématiques et axes – C.2. statut de l’alternance codique

C.3. Contexte de l’observation : formel vs informel

informel : situations de discours des communautés linguistiques

I/Le bilinguisme et ses problématiques C. Perspective interactionniste- C .1. Problématiques et axes – C.2. statut de l’alternance codique C.3. contexte de l’observation

C.4. types d’échantillons

membres d’une communauté linguistique minoritaire

I/Le bilinguisme et ses problématiques C. Perspective interactionniste- C .1. Problématiques et axes – C.2. statut de l’alternance codique C.3. contexte de l’observation – C.4. Types d’échantillons

C.5. Types de corpus

Discours épilinguistiques

I/Le bilinguisme et ses problématiques C. Perspective interactionniste- C .1. Problématiques et axes – C.2. statut de l’alternance codique C.3. contexte de l’observation – C.4. Types d’échantillons – C.5. Types de corpus

C.6. Finalités de la recherche

a) évaluer les étapes du transfert des langues b) analyser la transmission des langues, établir une typologie des codes en contact c) évaluer leurs rapports de force + typologie des actions politiques (interventions) – typologie des lieux de contact (situations de discours) d)analyser les « niveaux de conscience » du bilingue e)réaliser des expertises et soumettre des formes d’intervention aux politiques linguistiques

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation

C.7. Notions et concepts

1.transfert des langues, transmission des langues, , assimilation linguistique, acculturation, glottophagie, démolinguistique, mobilité linguistique 2.dynamique langagière, variété (français standard, français régional, langues régionales, langues migratoires), lecte, etc.

3.vitalité ethnolinguistique, variétés, communauté linguistique, statut des langues, représentation, norme subjective, évaluation subjective, attitudes linguistiques 4.politique linguistique, idéologie, planification, action linguistique, aménagement linguistique

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation

C.8. Disciplines et théories de référence

Démolinguistique, planification linguistique, sociolinguistique, psychologie sociale (Moscovici, 1961), linguistique sociale (Marcellesi/Gardin, 1974), sociolinguistique, anthropologie linguistique, philosophie du langage, démolinguistique

I/Le bilinguisme et ses problématiques A. Perspective interactionniste- B .1. Problématiques et axes – B.2. statut de l’alternance codique B.3. contexte de l’observation

C.9. Auteurs et travaux de référence

1.

a)T’sou, Coulibaly, Manessy, Duponchel b) Akinci (2003), Depriez (1994) Leconte (1997), Pradelles Monod (1997) 2.Calvet (1987), Boutet et Saillard (2003), Casquet-Cyrus (2003), Rispail (2003), Bavoux (2003), Gardner-Chloros (1991), Dabène (1994), Blanchet et Trehel (2003), Caitucoli et Leconte (2003), Depriez (1999) 3.Varro (1997), Castelloti, Coste et Simon (2003), Blanchet (2001, 20003), Wharton (2003)

Illustration de la perspective glottopolitique : la politique linguistique française de nos jours Selon Bouhris (1994) on distingue tr ois formes de politique linguistique que les groupes dominants sont susceptibles d’imposer aux groupes dominés ; ces formes sont situées sur un continuum allant du « pluralisme » à « l’idéologie ethniste » en passant par les « idéologies civique et assimilationniste ».

Calvet (1994 : 259) considère que « la France est, sur le plan linguistique, fortement assimilatrice ».

Illustration de la perspective glottopolitique : la politique linguistique française de nos jours Le rapport de Bernard Cerquiglini (1999) Les langues de la France, commande du Ministère de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, et à la Ministre de la Culture et de la Communication illustre bien le choix assimilationniste de la France : -la Constitution affirme en son article 2 que « Le français est la langue de la République » (1992) -la Charte européenne des langues régionales et ou minoritaires a conduit la France a opéré des choix politiques qui excluent les langues des populations migrantes du paysage national : l’objet de la Charte est de « reconnaître les seules langues parlées par les ressortissants du pays, distinguées des idiomes de l’immigration. »

Illustration de la perspective glottopolitique : la mise en acte de la politique linguistique française : rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques Le rapport parlementaire sur la délinquance des immigrés rédigé par la Commission Bénisti en 2004. Selon Monsieur Jacques Alain Bénisti, député UMP du Val de Marne et maire de Villiers-sur-Marne : « le bilinguisme est le lit de la délinquance chez les populations immigrées. »

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques C’est le fait que les enfants d’origine immigrée (il faut entendre par là « les Africains » puisqu’à l’occasion d’une interview accordée à Afrik.com le mardi 15 mars 2005 par le député, ce dernier a parlé de « gambara » avant que le journaliste ne rectifie « bambara ») parlent leurs « patois » (dixit) qu’ils sont appelés à tomber dans la délinquance.

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques L’hypothèse de départ est le suivant : les enfants d’origine étrangère sont des délinquants parce qu’ils continuent à pratiquer « le parler patois du pays à la maison. dixit»

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques Convaincus du bien fondé d’une telle supputation, les parlementaires élaborent ce qu’ils appellent une « Courbe évolutive d’un jeune qui au fur et à mesure des années s’écarte du ‘droit chemin’ pour s’enfoncer dans la délinquance. »

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques La courbe suit un mouvement ascendant en établissant un rapport systémique entre l’âge et la nature de la délinquance. La variable explicative reste la même : l’emploi des langues d’origine.

0 à 3 ans : premières années sans problème ; 4 à 6 ans : difficultés de la langue + comportement indiscipliné ; 7 à 9 ans : accentuation des problèmes de la tranche 4-6 ans + marginalisation scolaire + démission ou non maîtrise de l’éducation des parents + pas d’activités pré ou post scolaires ; 10 à 12 ans : aggravation des problèmes de la tranche 7-9 ans + violence à l’école, redoublements des classes + début des petits larcins + conflits parentaux accentués et développement de la marginalisation ; 13 à 15 ans : entrée dans la délinquance avec des vols à la tire. Début de la consommation des drogues douces + absences répétées aux cours + toujours aucunes activités pré ou post scolaire ; 16 à 18 ans : consommation de drogues dures + cambriolages + vie nocturne et utilisation d’armes blanches ; 19 à 23 ans : entrée dans la grande délinquance + trafics de drogues, vols à main armée.

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques L’obligation est faite aux parents d’interdire à leurs enfants l’usage des langues d’origine est présentée comme une œuvre de salubrité mentale. En effet, l’enfant bilingue est considéré comme un malade mental qu’il faut soigner de gré ou de force : « Un contact direct avec le jeune devra être instauré de gré ou par la contrainte avec une personne formée à cet effet pour le soigner ou lui faire choisir un autre chemin que celui qu’il est entrain de prendre. » (p.8) Prévoyant, M. Bénisti et ses collègues parlementaires envisagent la prise en charge de ces enfants malades dès la tendre enfance, c’est-à-dire au moment où se manifeste « les prémices de déviances » (de 1 à 3 ans) :

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques Quels acteurs seront sollicités pour mettre en œuvre cette politique de prévention de la délinquance ? Tout un bataillon de personnels : « en priorité bien sûr les parents mais également les équipes éducatives, les professionnels sociaux et médicaux. » (p.8.) Chacun à son niveau devra veiller au bon fonctionnement du dispositif par des

signalements

et des

dénonciations

. Si, en dépit des efforts des pouvoirs publics pour sauver ces malades mentaux que sont les enfants bilingues, les parents font de la résistance, d’autres moyens plus coercitifs sont envisagés pour les conduire à l’obéissance : « […] les mères joueront le jeu et s’y engageront. Mais si elles sentent dans certains cas des réticences de la part des pères, qui exigent souvent le parler patois du pays à la maison, elles seront dissuadées de le faire. Il faut alors engager des actions en direction du père pour l’inciter dans cette direction. »

Illustration de la perspective glottopolitique : le rapport Bénisti (2004) ou quand on légifère sur les affaires linguistiques Actions envisagées à l’encontre de l’enfant et de ses parents pour chaque tranche d’âge : Entre 1 et 3 ans : les réunions financées par le FAS doivent permettre de sensibiliser les mères ; en cas d’opposition du père, « Il faut alors engager des actions en direction du père pour l’inciter dans cette direction. » (p.9) Entre 4 et 6 ans : « L’enseignant devra alors en parler aux parents pour qu’au domicile, la seule langue parlée soit le français. Si cela persiste, l’institutrice devra alors passer le relais à un orthophoniste pour que l’enfant récupère immédiatement les moyens d’expression et de langage indispensables à son évolution scolaire et sociale. » (p.10) ; Entre 7 et 9 ans : « Des cours d’instruction civique (lutte contre les incivilités, respect de l’autre, vie en communauté, institutions… ) devront être obligatoire durant toute la scolarité en primaire. Ces cours pourront être effectués soit par l’instituteur ou l’institutrice, soit par un enseignant spécialisé. » (pp.10-11) Entre 10 et 12 ans : « Si les faits de délinquance en dehors du milieu scolaire s’accentuent, le placement de l’adolescent sera irréversible et fera l’objet d’une procédure diligentée par le jugepour enfants. Une commission chargée de prendre la décision pourra être mise en place afin de statuer sur l’avenir et le suivi du jeune. » (p.11) ; Entre 13 et 15 ans : « Le jeune devra quitter le milieu scolaire traditionnel et rentrer dans la filière d’apprentissage d’un métier dès la fin de l’école primaire. » (p.11) ; Au-delà de 16 ans : « des centres de délinquances adaptés au plus de 16 ans devront être mis en place avec des éducateurs professionnels. Une partie de ces centres devront inclure des espaces de désintoxication et de postcure pour les jeunes toxicomanes. Une partie formation à un métier manuel devra être également envisagée pour préparer la sortie de ce dernier et une phase de réintégration dans la société avec suivi et mise à l’épreuve sera mise en place. » (p.12).

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective formaliste/linguistique

D.1. Problématiques et axes

1.aspects structuraux de l’AC : lexical, syntaxique, dialogal.

2.typologie et problématique des phénomènes liés aux contacts des langues (Lüdi et les « marques transcodiques ») 3.niveaux et modes d’insertion dans les interactions (modèle conversationnel) ou les types d’alternance

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective formaliste D .1. Problématiques et axes –

D.2.Statut de l’alternance codique

système autonome possédant ses règles de fonctionnement lexicales, syntaxiques, conversationnelles

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique

D.3. Contexte de l’observation : formel vs informel

Informel : situations de discours (école, famille, etc.)

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique D.3. contexte de l’observation

D.4. types d’échantillons

Enfants, adultes « bilingues » (Grosjean, 1984)

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique D.3. contexte de l’observation - D.4. Types d’échantillons

D.5. Types de corpus

Productions linguistiques et/ou métadiscursives

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique D.3. contexte de l’observation - D.4. Types d’échantillons – D.5. Types de corpus

D.6. Finalités de la recherche

1. établir une grammaire de l’alternance codique (au sens de Poplack) décrire les modes d’actualisation des marques transcodiques en fonction des langues en contact 2. décrire les structures formelles de l’alternance dans une conversation a)évaluer les étapes du transfert des langues b) analyser la transmission des langues établir une typologie des codes en contact, évaluer leurs rapports de force + typologie des actions politiques (interventions) – typologie des lieux de contact (situations de discours) - analyser les « niveaux de conscience » du bilingue 3.réaliser des expertises et soumettre des formes d’intervention aux politiques linguistiques

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique D.3. contexte de l’observation - D.4. Types d’échantillons – D.5. Types de corpus – D.6. finalités de la recherche

D.7. Notions et concepts

1.Régularités, contraintes syntaxiques, intraphrastique, interphrastique, extraphrastique, contrainte du morphème libre, contrainte d’équivalence 2.interférence, emprunt, formulation transcodique, code switching 3.modes d’insertion (Dabène, 1994) : alternance segmentale, unitaire, inter –intervention, intra-intervention, inter-acte, intra-acte, insert, incise ; constituants purs, constituants mixtes, langue de base, opérations cognitives, langue enchâssée (Myers-Scotton, 1993b) ; trois types d’alternance : intraphrase, interphrase, inter tour de parole (Bourhis, Lepicq et Sachdev, 2000)

I/Le bilinguisme et ses problématiques

D.

Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique D.3. contexte de l’observation - D.4. Types d’échantillons – D.5. Types de corpus – D.6. finalités de la recherche – D.7. Notions et concepts

D.8. Disciplines et théories de référence

- linguistique descriptive, grammaire formelle, linguistique contrastive - psycholinguistique, linguistique descriptive, linguistique contrastive - analyse conversationnelle, linguistique interactionnelle, linguistique modulaire, psycholinguistique

I/Le bilinguisme et ses problématiques D. Perspective interactionniste- D .1. Problématiques et axes – D.2. statut de l’alternance codique D.3. contexte de l’observation - D.4. Types d’échantillons – D.5. Types de corpus – D.6. finalités de la recherche – D.7. Notions et concepts – D.8. Discipline et théorie

D.9. Travaux et auteurs de référence

modèle de Myers-Scotton, 1993b, Sankoff et Poplack (1981), Romaine (1995), Hamers et Blanc (1983 Gibbons (1987), Hamers et Blanc (1983) Poplack, Tim (1975), Lipski (1978), Pfaff ( 1979), Poplack (1980), , Clyne (1981), Poplack, Sankoff, Miller (1987a, 1987b), Grosjean (1982), Lüdi (1995)

Illustration de la perspective formaliste : les phénomènes linguistiques liés au contact de langues (1)

L’interférence linguistique

Ce concept est généralement défini par opposition à celui d’emprunt. C’est le caractère inconscient du premier, selon Hamers (1997), qui le distingue du second. L’interférence linguistique se fonde sur un double aspect : « processus psycholinguistiques qui fonctionnent habituellement de façon indépendante chez un même individu bilingue » et « produit linguistique de cette interaction » (p.178). On peut ainsi avoir des interférences phoniques, lexicales, grammaticales et même orthographiques.

Exemples

:

phonétique

« cheval » prononcé « seval » [r] français/anglais;

lexicale

: « le chat dort dans le seat », « mailer la lettre » Ophélie Winter – « je vais à la church », « je t’ai attendu at home » Jean-Claude Vandamme – « je suis aware », « il faut être strong dans sa vie »; orthographique : « vinght », « language » relevés dans des copies d’élèves et d’étudiants; ;

Illustration : les phénomènes linguistiques liés au contact de langues (2)

Le calque

Il touche essentiellement les niveaux lexicaux (le syntagme synthématique, lexique) et sémantiques. Il est défini par Darbelnet (1963 cité par Hamers, 1997 : 64) comme un « emprunt du syntagme ou de la forme étrangère avec traduction littérale de ses éléments » (ibidem). Les exemples cités – « fin de semaine » pour « week-end », « j’ai changé de plan » pour « j’ai changé d’idée » Le calque peut intervenir dans « la production d’apprenants de langue seconde », avec un caractère inconscient, et d’autre part être « utilisé par snobisme ou pour paraître à la mode », avec un caractère conscient.

Cas particulier dans les langues négro-africaines : « avoir mal au chat, aux abeilles »

Illustration : les phénomènes linguistiques liés au contact de langues (3)

L’emprunt

Mackey (1976) oppose l’interférence à l’emprunt sur la base du critère « d’intégration » ou non au code : « les types d’intégration dans le code, appelés généralement ‘emprunts’. Mackey propose trois critères pour identifier l’emprunt : 1) « le mot est combiné avec la morphologie et la phonologie indigène des sujets parlants », exemple : « Il l’a

checké

hier » ; 2) la prononciation d’un mot est « conforme à la structure phonologique de la langue du pays utilisant ce mot », exemple : en moore : « mobili » pour « voiture », « tiré » pour « train »; 3) le locuteur utilise un mot de L1 par ignorance du mot en L2.

Vers une grammaire de l’alternance codique :

Des contraintes de Lipski

Selon Lipski (1978), l'alternance ne peut se produire qu'au niveau de certaines frontières syntaxiques : là où un changement radical de la structure est nécessaire. L'auteur exclut ainsi toute possibilité d'alternance entre les éléments liés : l'article et le substantif, le pronom sujet et le verbe.

Plusieurs exemples tirés du corpus violent cette règle : Exemple 1.alternance entre l'article et le substantif dans les deux sens : déterminant français + substantif mooré : le (français)

kamaana

( mooré) ; déterminant mooré + substantif français : sperm

â

détermination).

(le morphème

â

étant celui de la Exemple 2. alternance entre le pronom sujet et le verbe.

Des contraintes de Gumperz

Gumperz (1989), étudiant trois paires de langues, décrit les règles syntaxiques suivantes : Les fonctions syntaxiques dans le syntagme nominal : - construction sujet –prédicat : n’importe quel syntagme peut être alterné sauf impérativement le pronom personnel accentué et éventuellement le pronom emphatique (anglais-espagnol).

Contre-exemple en mooré-français : il est impossible de relier directement le sujet au prédicat ; le présentatif « yaa » (c’est) s’impose dans ce cas.

Fo yaa

célibataire

w

(Tu es un célibataire, n’est-ce pas !) - construction nom complément : l’adjectif simple ne peut être substitué (anglais-espagnol) : ex.1 : entre le nom et le complément de nom : ...

étrangers

râmb yelle

... // ex.2 : entre le nom et le

mênga

. (Tu es un vrai célibataire).

complément adjectif, ce dernier peut tout à fait être substitué :

Fo yaa

célibataire

Modèle d’analyse formelle de l’alternance codique, Zongo, 2004

ALTERNANCE SYNTAGMATIQUE INTERPROPOSITIONNELLE INTRAPRASTIQUE SN SV SP Dépdte. Indépdte Ph.nom. Ph.verb.

P./sub. J.C.

J

= juxtaposée,

C

= coordonnée,

Sub.

= subordonnée,

P

. = principale,

Ph.nom

.= phrase nominale

, Ph.verb. =

phrase verbale

L'alternance syntagmatique

Dans le syntagme nominal : déterminants, substantifs et adjectifs

Les exemples suivants, selon leur contexte spécifique, illustrent les alternances avec les substantifs. Pour cette catégorie, dans tous les cas relevés, le mooré est la langue matrice et le français la langue enchâssée. - SN dét. + N [mooré] + [français] (1) [a biiga / t'a biigâ na n d ne] étranger

/ [

l’

étranger] L’article défini (le) détermine le substantif « étranger » en position post-posée dans une alternance où le mooré est la langue matrice conformément à la règle de détermination dans cette langue. Un autre exemple : (2) [la a wikdam t] sperm

â

[ fudg n yi] //

[

le

sperme] L’exemple suivant illustre le même type de détermination mais cette fois avec un adjectif possessif antéposé comme dans la langue empruntée : (3) [la tôe n maana]

a

toilette [w//] [

sa

toilette ] Un autre exemple de détermination avec un article défini contracté, toujours postposé au substantif : (4) [... (parce que) a soaba ra maana la] cadeaux râmba // ; [des cadeaux ] - SN S.Adj.

N + Adj.

[franç] + [mooré] (5) [yaa ef ra rêng n maan] coup de poing

faaga

/ [coup de poing

léger

.] Le lexème « coup de poing » reçoit de la langue matrice un qualificatif postposé en règle. Il faut noter qu’en mooré l’adjectif qualificatif est toujours dans cette position contrairement au français qui accepte les deux positions anté-posée et postposée avec des nuances stylistiques ou sémantiques

L’alternance interpropositionnelle

Comme je l’ai souligné plus haut, il n’est pas aisé, sauf à se référer à l’environnement linguistique de l’échange ou de l’intervention, de décider des statuts respectifs des deux langues. Le seul intérêt de ce type d’alternance est de permettre de repérer les points de joncture entre les propositions et de statuer sur leur nature et fonction grammaticales. On gardera les deux catégories présentées dans le modèle : alternance interpropositionnelle dans les propositions dépendantes d’une part, dans les propositions indépendantes d’autre part.

Alternance entre propositions dépendantes : (19) t'a a biigâ na n d: ne étranger wâ /

puisque

raopâ rta ne taaba //

[son enfant a mangé avec l’étranger …les hommes mangent entre eux.] Les deux propositions, à base mooré, sont concaténées par une conjonction de subordination issue du français. On peut conclure donc que la relation causale dans l’alternance mooré-français peut être simplement introduite par un morphème grammatical relateur.

(20)

fo

sâ n ka nông-a soaba me * ça peut faire ça // [Si tu n’aimes pas la personne] La principale est en français dans une structure décalée et la subordonnée circonstancielle de condition est introduite par un morphème en mooré et formulée dans cette même langue, contrairement à l’exemple précédent où la présence identifiée d’une langue matrice admettait l’emprunt du simple élément relateur. Ici, la pause à l’oral bien sûr fait office de virgule.

(21) a soka a ma qu'elle boit quoi // (Belvédère) ; [elle a demandé à sa mère] Même si morphologiquement, toutes les composantes ne sont pas manifestes à cause de la structure familière de la partie en français, on imagine aisément que l’on a affaire à une phrase complexe de type : Proposition principale [elle a demandé à sa mère] + Proposition subordonnée interrogative indirecte [ce qu’elle boit]. Ma conscience linguistique de locuteur natif m’autorise une telle interprétation, puisque cette structure est possible.

(22) y avait des ouvriers là-bas n da tmdê // (Conversations libres) ; [ qui travaillaient] Une phrase complexe dans laquelle on a une proposition principale en français et une proposition subordonnée relative en mooré. On remarque que la relative est introduite par un morphème (pronom relatif contracté de « sên ») en mooré et que toute la proposition est formulée dans cette langue.

Alternance entre propositions indépendantes :

La phrase verbale

le mooré comme langue matrice : (31) voilà sâ n yi pipi n wêe me :: / [si tu frappes le premier aussi] Ici, l’adverbe « voilà » n’a qu’une valeur phatique mais introduit un énoncé à base mooré. D’autres exemples viennent confirmer cette possibilité : (32) ouais * eb yêba yâoâ //, [elle a eu des relations sexuelles] (33) en général * eb ka tar kôbd ye // [elles n’ont pas de poils] (34) bon * mam sâ n kê ka daar fâa .. /. [chaque fois que j’entre ici] (35) finalement f ka mî ef sê n yitê ye // (Tati).

[ finalement tu ne sais pas par où ressortir] le français comme langue-matrice Les exemples qui suivent montrent que l’alternance intraphrastique est possible dans les deux sens : (36) a y / c'est le titre d'un journal // [

non

] (37) ahâa * une part ça nous suffira non // (Boucherie) ; [oui] (38) aba * c'est pas possible // [vraiment] (39) C'est pas un petit hein / haa ya // [oh non] (40) ii * y a pas moyen // [ouh]

La phrase nominale

(41) [f ka na n bâng n da w ] // taille bννgo/ [quelle taille ? ] L’adjectif interrogatif « quelle », rendu par « bννgo » initie une phrase interrogative directe dans une formulation phrastique nominale à langue matrice mooré. Toutefois, on note une inversion de la structure syntaxique de la langue empruntée. Le schéma [Adj. Inter. + Nom] devient [Nom + Adj. Inter.] Je vais m’intéresser maintenant à l'hypothèse sur laquelle Poplack a beaucoup travaillé, à savoir l'hypothèse d'une grammaire de l'alternance.

Conclusion à la première partie Le bilinguisme : problématiques et théorie des perspectives

II/La bilingualité et ses problématiques

A.

La personne bilingue B. Taxinomie de la compétence linguistique C. Typologie de la bilingualité

II/La bilingualité et ses problématiques

B. Taxinomie de la compétence (critère de chronologie et complexité)

LANGUE 1

orale écrite

LANGUE 2

Récepteur compréhension 1. Ecouter (+) / (-) 2. Lire (+) / (-) Émetteur production 3. Parler (+) / (-) 4. Écrire (+) / (-)

II/La bilingualité et ses problématiques

C.

Typologie de la bilingualité (1) Dimension psychologique

Selon le niveau de compétence

Type de bilingualité

bilingualité équilibrée bilingualité dominante Selon le rapport Langue/pensée (représentation cognitive des unités sémantiques) bilingualité composée bilingualité coordonnée

Explications

Degré de compétence identique en L1 et en L2 Degré de compétence inégal en L1 et en L2 Deux signes pour un même référent Un signe en L1 et en L2 pour un référent +/- équivalent Ex. famille/family

II/La bilingualité et ses problématiques

C.

Typologie de la bilingualité (2) Dimension psychologique

Selon l'âge et le processus d'acquisition  

Type de bilingualité

bilingualité précoce ou infantile bilingualité d’enfance - précoce simultanée Selon la présence de L2 dans la communauté -précoce consécutive  bilingualité d’adolescence  bilingualité de l’âge adulte bilingualité endogène bilingualité exogène

Explications

L1 et L2 acquises avant 5-6ans L1 et L2 ou L A et L B acquises (avant 10-11 ans) L A et L B en même temps (Cas des couples mixtes bilingues – bilinguisme familial) L1 puis L2 (cas des enfants monolingues scolarisés en L2) L2 acquise entre 10-11 et 16-17 ans L2 apprise après 16-17 ans L2 est présent dans la communauté L2 est absent de la communauté

II/La bilingualité et ses problématiques

C.

Typologie de la bilingualité (3) Dimension psychologique

Selon le rapport des statuts socioculturels des deux langues (contexte socio-culturel d’apprentissage) Domaine des représentations

Type de bilingualité

bilingualité additive bilingualité soustractive Selon l’appartenance et l’identité culturelles Biculturel : s’identifie au grpe d’appartenance et est identifié par ce groupe Monoculturel : maintien de l’identité du grpe d’appartenance bilingualité biculturelle bil. monoculturelle en L1 bil. acculturée à L2

Explications

L1 et L2 valorisées, rôles complémentaires : plus grande flexibilité cognitive que le monolingue L2 valorisée aux dépens de L1, rôles compétitifs : moins grande flexibilité – retard par rapport au monolingue double appartenance et identité biculturelle allégeance et identité avec L1 allégeance et identité avec L2 Perte d’identité en L1 et L2 bil. acculturée anomique © B. zongo - 2006 Tableau inspiré de Hamers et Blanc, 1984,

Bilingualité et bilinguisme

, Mardaga

Conclusion général