Spinoza - Service de Philosophie Morale et Politique
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Transcript Spinoza - Service de Philosophie Morale et Politique
Chapitre 6 :
Spinoza et la démocratie radicale
17e : « Age d’or » des Pays-Bas
1.
Compagnies des Indes (1602)
Imprimeries
2.
Menaces France / Espagne
1.
Provinces (Cités) ou Etat territorial ?
16e : domination espagnole
« Empire » de Charles Quint
16e : domination espagnole
succès de la Réforme aux Pays-Bas
16e : domination espagnole
Philippe II (1556)
Union d’Arras
fidèles à l’Espagne
Union d’Utrecht
-> Provinces Unies
République des
Provinces Unies
au 17e
Amsterdam
Huguenots (Protestants français)
Marranes (Juifs ibériques)
« parti » républicain
Régents
Le Grand Pensionnaire
Jan de Witt
Arminiens
Remontrants
Collégiants
«
parti » monarchiste
Orange-Nassau
Guillaume
1er (16e)
Stadhouder
= chef des Armées
« parti » monarchiste
Guillaume III
Calvinisme
Spinoza (1632-1677)
1632 Amsterdam
ghetto juif
marranes
Spinoza (1632-1677)
1632 Amsterdam
ghetto juif
marranes
Herem 27 juillet 1656
« Par décret des anges, par les mots des saints,
nous bannissons, écartons, maudissons et
déclarons anathème Baruch Spinoza, avec
toutes les malédictions écrites dans la Loi. Et
nous avertissons que personne ne peut lui
parler oralement ou par écrit, ni lui consentir
aucune faveur, ni rester sous le même toit que
lui, ni lire de papier fait ou écrit par lui »
Spinoza
et la démocratie radicale
Les principes de philosophie de
Descartes
(1663 – sous son nom)
L’Ethique
Traité théologico-politique
(1661-1675 – posthume)
(1670 - anonyme)
Traité politique
(1677 – inachevé)
1.
2.
3.
L’éthique démontrée de façon
géométrique
« more geometrico »
athéisme
matérialisme
immoralisme
Spinoza
et la démocratie radicale
athéisme
« Deus sive natura »
immanence de Dieu au Monde
une substance
des attributs : pensée et étendue
Spinoza
et la démocratie radicale
déterminisme :
« Dans la nature, il n’y a donc rien de
contingent ; mais toutes choses sont
déterminées par la nécessité de la
nature divine à exister et à produire un
effet d’une certaine façon » (I, prop.29).
Spinoza
et la démocratie radicale
déterminisme :
« (les ignorants) ne cesseront ainsi de
vous interroger sur les causes des
causes, jusqu’à ce que vous vous soyez
réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile
de l’ignorance » (I, Appendice )
Descartes
Méditations métaphysiques (1641)
« je suis, s’il me trompe »
« je pense donc je suis »
le cogito : « une chose qui pense – qui
doute, veut, nie, imagine, sent »
Spinoza
et la démocratie radicale
déterminisme
pas de libre-arbitre de l’homme
>< Descartes
« l’homme n’est pas un empire dans
un empire » (Ethique)
Spinoza
et la démocratie radicale
« le désir est l’essence de l’homme »
(III, Définition des sentiments, 1)
conatus : persévérance dans l’être
désir d’être plus puissant, plus libre,
plus heureux
matérialisme
« l’objet de notre esprit est le corps
existant, et rien d’autre » (II, 13)
l’homme = un esprit conscient de son
corps
Spinoza
et la démocratie radicale
pourquoi l’homme, dont le désir est d’être
plus libre, vit-il dans la servitude ?
conscience immédiate de ce qui nous
arrive, mais ignorance des vraies causes
finitude -> angoisse -> illusion
Spinoza
et la démocratie radicale
1er genre de connaissance
imaginaire
rapport quotidien au monde
passion = passivité : servitude humaine
Spinoza
et la démocratie radicale
joie : passion par laquelle l’esprit passe
à une perfection plus grande
tristesse : passion par laquelle l’esprit
passe à une perfection moindre
géométrie des passions
fluctuatio animi
Spinoza
et la démocratie radicale
« tout ce que l’homme pense être
insupportable et mauvais, tout ce qui
paraît immoral, horrible, injuste et
honteux, vient de qu’il conçoit les choses
elles-mêmes de façon pour le moins
troublée, mutilée et confuse »
(Ethique, IV, prop. 73)
Spinoza
et la démocratie radicale
le bien et le mal n’existent pas dans
la nature »
«
morale,
droit : fictions
Péché (Lettre 19 à Blyenbergh).
« L’interdiction du fruit de l’arbre
consistait simplement dans la
révélation faite par Dieu à Adam des
conséquences mortelles qu’aurait
l’ingestion de ce fruit »
Dieu n’a rien interdit, il a fait connaître
à Adam qu’il y a des choses mauvaises
Péché (Lettre 19 à Blyenbergh).
« on parle improprement et d’une
façon tout humaine, quand on dit que
nous péchons envers Dieu ou que les
hommes peuvent offenser Dieu »
Spinoza
et la démocratie radicale
immoralisme ?
non plus jugement en termes de Bien
et de Mal
évaluation éthique actif / passif
comment passer de la passivité à
l’activité ?
Spinoza
et la démocratie radicale
L’H capable de réfléchir ce qu’il ressent
« l’esprit humain perçoit non
réflexion : idée d’une idée
seulement les affections de son corps,
mais encore les idées de ces
affections » (II, 22).
Spinoza
et la démocratie radicale
2e genre de connaissance
« objectivité »
effet émancipateur de la connaissance
Ethique : 2e genre de connaissance
Spinoza
et la démocratie radicale
Ex : géocentrisme -> héliocentrisme
sciences
philosophie
V° psychanalyse ? : travail sur soi
Spinoza
et la démocratie radicale
3e genre de connaissance
dissipation des passions
pure activité
« amour intellectuel de Dieu »
béatitude
Spinoza
et la démocratie radicale
de l’éthique à la politique :
1.
la multitude n’accède pas aux 2e et
3e genres de connaissance
1.
libération personnelle : dans un
cadre politique émancipé
=> liberté d’expression
Spinoza
et la démocratie radicale
énigme de la servitude volontaire
pourquoi « les hommes combattent pour
leur servitude comme s’il s’agissait de
leur salut » ? (TTP, Préface)
transformation du désir collectif
– désir de servitude -> désir de liberté
Spinoza
et la démocratie radicale
plaidoyer en faveur de la tolérance et
la liberté d’expression
défaire le complexe théologicopolitique
déthéologisation / sécularisation
La sécularisation de la civilisation
européenne
Sociétés théologico-politiques
la religion : élément structurant
consensus symbolique
croyance en Dieu = adhésion à la
société
Querelle Pape / Empereur
Question théologique pauvreté Christ
La sécularisation de la civilisation
européenne
Sociétés modernes
la religion : n’est plus l’élément
structurant
dissociation croyance en Dieu /
adhésion à la société
passage de l’hétéronomie à l’autonomie
La sécularisation de la civilisation
européenne
sécularisation : la religion n’est plus
garante de l’ordre social
athéisme : croyance personnelle que
Dieu n’existe pas
laïcité : séparation Etat / Eglises
La sécularisation de la civilisation
européenne
sécularisation : condition de possibilité
– de l’athéisme
– de l’exercice des religions
société sécularisée / poids de l’Eglise
Pologne
France
La sécularisation de la civilisation
européenne
situations intermédiaires
– pays musulmans
V° Iran / Lybie / Tunisie /
Turquie
résidus théologico-politiques
– pays européens
V° Grèce / Grande-Bretagne
La sécularisation de la civilisation
européenne
société sécularisée = décentrée
ne se pose plus les mêmes questions
-> questions d’ordre matériel
Traité théologico-politique
Le politique asservit les hommes via la
religion
1) la religion domine le politique
les prêtres et les devins « n’ont pas de
(TTP, Préface)
peine, sous couleur de religion, tantôt
à lui (la masse) faire adorer les rois
comme des dieux, tantôt à les lui faire
détester et maudire comme fléaux
permanents du genre humain »
Traité théologico-politique
2) le pouvoir politique pénètre
l’inconscient des individus
« Les hommes combattent pour leur
TTP, Préface
servitude comme s’il s’agissait de leur
salut, et pensent s’honorer, et non
s’avilir, lorsqu’ils répandent leur sang
et sacrifient leur vie, pour appuyer les
bravades d’un seul individu »
Traité théologico-politique
1.
libérer le politique du carcan de la
religion
1.
Libérer la pensée de la tutelle du
politique
=> liberté de pensée
Traité théologico-politique
démystification de la religion
la religion : invention humaine
nouvelle herméneutique biblique
« une méthode qui ne diffère en rien de
celle qu’on suit dans l’interprétation de
la Nature »
Traité théologico-politique
analyse historique et philologique
textes sacrés = textes historiques
la Bible = « du papier noirci » (TTP,11)
Traité théologico-politique
La Bible
= « histoires », « opinions »
= imaginaire
= 1er genre de connaissance
= connaissance confuse et mutilée
Traité théologico-politique
« les prophètes ont été doués non d’une
pensée plus parfaite, mais d’un pouvoir
d’imaginer plus vif » (TTP, chap. II).
Les prophètes = ignorants
erreurs
ex : le soleil tourne autour de la terre
ex : discordances (Moïse / Jésus)
« géocentrisme » de Josué
« Soleil, arrête-toi au-dessus de Gabaon »
« Josué arrête
le soleil »
Esteban March
(18e)
Traité théologico-politique
fonction de la Bible :
– pas la vérité
– mais la morale, le droit, la politique
=> fonction idéologique
échec
– V° Hébreux
– V° guerres de religion
Traité théologico-politique
lieu symbolique de production d’un
imaginaire collectif
Ce lieu symbolique = soustrait à l’autorité
des prêtres
historicisation de l’imaginaire
liberté d’expression
Traité théologico-politique
« certes nul ne saurait, sans menacer le
droit de l’État, accomplir une action
quelconque contre le vouloir de celui-ci ;
mais les exigences de la vie en société
organisée n’interdisent à personne de
penser, de juger et, par suite, de
s’exprimer spontanément » (TTP, XX).
Traité théologico-politique
« limites » de la liberté d’expression ?
actes
/ paroles
paroles
qui sont des actes
actes de langage / « performatifs »
Traité théologico-politique
encourager les Républicains à poursuivre
leur politique de tolérance
donner les instruments permettant
d’historiciser et de relativiser le discours
religieux
libération
imaginative de la multitude,
interne au 1er genre de connaissance
Spinoza
et la démocratie radicale
Tractatus politicus
1675-1677
inachevé
autoportrait de Spinoza en Masaniello
révolte du peuple
de Naples contre
l’Espagne en 1647
La
Muette de Portici
Spinoza
et la démocratie radicale
Ultimi Barbarorum
Spinoza
et la démocratie radicale
le TTP : expliquer le fonctionnement de
l’imaginaire (du 1er genre de C)
le TP : expliquer les mouvements
« matériels » de la multitude
les philosophes « ne conçoivent point les
hommes tels qu’ils sont, mais tels que
leur philosophie les voudrait être ».
Spinoza
et la démocratie radicale
« conserver dans le domaine de la
science politique, une impartialité
identique à celle dont nous avons
l’habitude lorsqu’il s’agit de notions
mathématiques »
« ne pas tourner en dérision les actions
des hommes, ne pas les déplorer ni les
maudire, mais les comprendre » (TP,1,4)
Spinoza
et la démocratie radicale
la haine, la violence, l’ambition, etc., ne
sont pas des « défauts de la nature
humaine » (…)
mais des manifestations nécessaires de
celle-ci, « comme la chaleur, le froid, le
mauvais temps, la foudre, etc., sont des
manifestations de la nature de
l’atmosphère »
(TP, I, § 4)
Spinoza
et la démocratie radicale
comment les forces individuelles et
sociales s’agrègent-elles pour former une
« communauté », une « société » ?
quelle est la dynamique de socialisation ?
dynamique démocratique
Spinoza
et la démocratie radicale
la philosophie politique : légitimer le
pouvoir de certains ÷ à d’autres
théologie : l’H est pécheur
-> Etat pour le contraindre
philosophie : contrat social
Thomas Hobbes
1588-1679
Le Léviathan
(1651)
Thomas Hobbes
état de nature
– les H libres et égaux
– « guerre de tous contre tous »
contrat social : délégation de la
puissance à l’Etat
Jean-Jacques Rousseau
1712 – 1778
Le Contrat Social
•volonté générale
Spinoza
et la démocratie radicale
état de nature : « résidu »
= passions, ignorance
= petit peuple, plèbe
face d’ombre des Lumières
Spinoza : pas de contrat social
L’Etat :
= mise en commun des puissances
individuelles
= produit des passions
Spinoza : conception amorale du politique
conatus
« le droit naturel de chaque type de
réalité naturelle s’étend jusqu’aux bornes
de sa puissance » (TP, II, §3)
Spinoza : conception amorale du politique
Par exemple les poissons sont
déterminés, de par leur nature, à nager et
les plus gros à manger les petits. En
conséquent les poissons sont maîtres de
l’eau et les gros mangent les petits,
d’après un droit naturel souverain »
«
(TTP, chap. XVI).
Spinoza : conception amorale du politique
La
politique « n’écarte ni les luttes, ni les
haines, ni les tromperies, ni
rigoureusement quoi que ce soit
susceptible d’être suggéré par un désir»
(TP, II, § 8).
Spinoza
et la démocratie radicale
« Si deux individus, s’étant mis d’accord,
unissent leurs forces, la puissance et par
conséquent le droit, dont tous deux
jouissent ensemble activement au sein de
la nature, dépassent la puissance et le droit
de chacun pris isolément. Plus les individus
qui s’unissent d’une telle alliance sont
nombreux, et plus le droit dont ils jouissent
ensemble sera considérable » (TP, II, § 12).
Spinoza
et la démocratie radicale
Hobbes :
= genèse juridique du politique
la condition de l’Etat : acte de raison
Spinoza :
= genèse politique du juridique
la condition de l’Etat : le désir d’être plus
puissant
-> conflits, guerres : horizon du politique
Lettre Jarig Jelles (1674)
« Vous me demandez quelle différence il
y a entre Hobbes et moi quant à la
politique : cette différence consiste en ce
que je maintiens toujours le droit naturel et
que je n’accorde dans une cité quelconque
de droit au souverain sur les sujets que
dans la mesure où, par la puissance, il
l’emporte sur eux ; c’est la continuation de
l’état de nature »
Spinoza
et la démocratie radicale
tout Etat, tout régime
= produit du désir
= « démocratique »
« servitude volontaire » (La Boétie)
Spinoza
et la démocratie radicale
les hommes s’assemblent
par espoir d’augmenter leur puissance
par crainte de la puissance d’autrui
Spinoza
et la démocratie radicale
« Tandis qu’une masse libre se guide
d’après l’espoir plutôt que la crainte, celle
qui est dominée se guide sur la crainte
plutôt que l’espoir. L’une essaie de faire
quelque chose de sa vie, l’autre se
contente d’éviter la mort »
(TP, chap.V, §6).
Spinoza
et la démocratie radicale
les 3 types de régime :
monarchie (6,7)
aristocratie (8-10)
démocratie (11)
Orange
Régents
?
l’important n’est pas le régime mais la
dynamique
monarchie
peur -> plébiscite
« remettre, dans l’intérêt de la paix et de
la concorde, tout le pouvoir à un seul
homme »
Max Weber
légitimité
traditionnelle
– théologico-politique
légitimité
rationnelle
– contrat social
légitimité
charismatique
– plébiscite populaire
monarchie
contradiction du système: peur du tyran
perversion du système : la Cour
solution : des assemblées consultatives
les plus larges, avec des compétences
étendues
aristocratie
peur de l’étranger pauvre
question des « immigrés »
ségrégation
racisme de classe
aristocratie
contradiction :
= jalousie du peuple à l’égard des élites ;
mépris des élites à l’égard du peuple
solution : élargir le patriciat
pas de différence entre élites et peuple
(TP,VII,27)
« tous les humains ont en partage une
nature identique ».
« ce qui fait illusion, ce sont la puissance
et les honneurs rendus »
pas de différence entre élites et peuple
(TP,VII,27)
« Leur arrogance se pare de luxe, de
sensualité, de prodigalité, d’une certaine
aisance dans le vice, d’une sorte de
sottise raffinée ou élégante immoralité. De
sorte que ces défauts, hideux et honteux
quand ils sont considérés dans leur plein
relief, prennent aux yeux de spectateurs
inexpérimentés une apparence
estimable »
pas de différence entre élites et peuple
(TP,VII,27)
pas surprenant non plus que la plèbe
ignore la vérité et qu’elle n’ait pas de
jugement, puisque les affaires
importantes de l’Etat sont tenues
secrètes ».
«
Spinoza
et la démocratie radicale
généalogie démocratique du pouvoir :
1. le P appartient à tous
démocratie originaire
2. le P appartient aux « autochtones »
aristocratie (racisme)
3. le P appartient à un seul
monarchie (plébiscite)
Spinoza
et la démocratie radicale
filiation de Machiavel (« perspicace »)
l’enjeu : libérer les forces populaires
d’émancipation et de vitalité :
le roi entouré d’Assemblées (pas Cour)
patriciens les + nombreux
démocratie
« tous les habitants qui sont fils de
citoyens bénéficient du droit de
citoyenneté, et partant, du droit de vote »
restrictions anthropologiques :
adultes -> Q générations
riches
-> Q rapports classes sociales
hommes -> Q genre
« le nombre de citoyens pourrait être
inférieur à celui d’une Assemblée
aristocratique »
enjeu : pas institutionnel, mais
sociologique
question des femmes
domination masculine
« nulle part il n’est arrivé que les H/F
règnent ensemble »
« … les femmes sont naturellement
inférieures »
« les hommes n’aiment les femmes que
d’un désir sensuel »
exclusion des femmes
conclusion Machiavel & Spinoza
division des classes
– champ social : rapports de force entre
classes
– critique de la religion / droit
décentrement
– Machiavel : Fortuna
– Spinoza : passions