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Fécondité et grossesse
Cours Ifsi 1e année
Gonesse 2008-2009
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1) Rite, rituel et fécondité
1-1) Le rite : définitions
Le rite : c’est la manière d’agir propre à qqn ou à un groupe
social. Il a un caractère invariable et/ou constant, et est
répétitif
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Au sens anthropologique, ce sont les actes et cérémonies
(magiques) répétitifs destinés à orienter une force (occulte)
vers une action précise.
Le rituel et la ritualisation, c’est le processus dans l’action du
rite
Le rituel représente aussi l’ensemble des rites d’une religion et
un recueil liturgique dans lequel figure les rites à accomplir
par l’officiant (prêtre)
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1-1) Le rite, le rituel
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Dans le champ médical le rite et la ritualisation existe
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L’existence de rites initiatiques à caractère médical se vérifie
à travers la circoncision médicale, l’IVG et l’épisiotomie*.
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(*) Episiotomie : Incision de la vulve et des muscles du
périnée, pratiquée pour faciliter les accouchements
Ainsi, le protocole du diagnostic et de la thérapeutique
constitue déjà une ritualisation par le caractère répétitif,
immuable et d'ordonnancement des gestes médicaux.
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1-2) Fécondité et fertilité,
déesse néolithique
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Image symbolique de la
fécondité de la femme.
Elle met en relief les
attributs premiers de
cette capacité de donner
la vie = poitrine ;
hanches larges
NB : même vision
paysanne dans la France
rurale au 19e siècle
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1-2) Fécondité et fertilité, déesse Déméter
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La déesse romaine
Déméter est en fait Isis,
la déesse égyptienne de
la fécondité
Le dieu égyptien Min est
celui de la fertilité
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1-2) Fécondité et fertilité
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Il y a deux facettes l’une féminine et l’autre masculine ; elles
célèbrent principalement le mystère de la vie
d’ou sa forte liaison avec la nature, les cultures.
Ainsi, en Afrique une femme enceinte doit semer car son état
garanti une bonne récolte.
Inversement, en période de règle, elle évitera les champs.
Mais des rites de fécondité et des pratiques profanes issus
d’anciennes traditions perdurent encore dans notre quotidien
sans que nous le soupçonnions
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1-2) Fécondité et fertilité
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Quelques exemples :
Au mariage, les fleurs que portent la mariée symbolisent la
fécondité (bouquet de la mariée, fleurs de la couronne)
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Le riz jeté symbolise un heureux mariage et une famille nombreuse
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La chandeleur marque aussi la fécondité, sa teneur de pratique
païenne a été rendue sacré par l’Église.
La chandeleur est liée à la lumière mais aussi à la purification, à la
prospérité.
Elle vient autant de la fête des chandelles de l’église que de la fête
romaine de la fécondité (15 février), ou de la fête celte D’Imbolc
(1er février) marquant la purification de l’eau pour assurer la fertilité
et la fécondité (cultures)
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1-2) Fécondité et fertilité
Arbre de mai
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1-2) Fécondité et fertilité
Arbre de mai
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Europe, on retrouve une
fête de la fécondité qui
célèbre l’Arbre de mai,
détenteur de l’énergie
vitale, symbole de la
fécondité nouvelle.
Les Romains honoraient
durant ce mois Maia (mois
de Mai)

Allemagne, sous la forme
d’un mât hérité des celtes,
autour duquel on dansait
pour marquer le début de
la belle saison (1er mai)
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1-2) Fécondité et fertilité/
Poupée Namji (Cameroun)
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En Afrique, autant en milieu
rural qu’en milieu urbain, les
rites de fécondité
demeurent notamment par
l’existence de poupées de
fécondité
Elles sont placées dans la
chambre à coucher des
époux et apportent
l’enfantement à la femme.
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1-2) Fécondité et fertilité
La fonction de la semence
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La conception est une affaire masculine dans beaucoup
de sociétés
Croyances sur sa fonction
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Coagule le sang pour donner le fœtus. Si pas de fœtus, fini dans
le sang menstruel (Pacifique- Dobu))
L’enfant est le produit de l’homme, la femme est un réceptacle.
Il y a toujours naissance soit d’un être vivant ou surnaturel
(Bénin – Wéménous)
La semence peut-être stockée dans l’utérus et déclenche la
grossesse quand la quantité est suffisante (X° des rapports
sexuels. Séris/Mexique, Dogon/Mali)
Il peut servir à nourrir l’enfant pendant la grossesse
Il est aussi poison pour l’enfant à venir (Nigéria/ plusieurs
partenaires)
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1-2) Fécondité et fertilité
La fonction de la semence
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Mais le sang de la femme peut-être aussi fécondateur
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Taïwan, c’est lui qui est le principe de la vie, il nourrit l’enfant
pendant la grossesse
Même idée pour les Touaregs du Hoggar, le placenta serait
même le déchet de ce sang consommé par l’enfant
La fécondation serait plus importante pendant et juste après le
flux des règles (Andes péruviennes, Mexique – Yucatan,
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1-2) Fécondité et fertilité
la stérilité
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La stérilité est une menace sur la pérennité du groupe et de la
communauté :
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Menace la transmission du nom du père (patrilinéaire, filiation)
Menace la transmission des faits de culture/de la société
La stérilité est mal vécue car elle est synonyme de malheur
(mauvaise œil), de frustration.
Dans les sociétés traditionnelles c’est le signe d’un mauvais sort ou
le fait d’un sorcier
La stérilité sera la responsabilité de la femme =
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Répudiation, divorce (Indonésie, Inde, Nigéria…)
Retour au foyer d’origine, devient servante des coépouses
Don d’enfant en Afrique
Nuit de l’erreur, enfant endormi (Maghreb)
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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La conception d’un enfant = la rencontre entre un homme et
femme par la sexualité.
Cependant, l’enfant à venir est construit autant par les deux
parents (c’est le désir d’enfant),
que par la famille qui attend la procréation comme un acte
social et même un rite de passage :
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« le jour où tu auras tes enfants, tu verras… »
En Afrique, et dans nombreuses sociétés traditionnelles,
l’avènement d’un enfant est aussi celui d’un ancêtre
L’enfant est le médiateur entre deux mondes (le royaume des
ancêtres et le monde des vivants),
L’enfant prendra la place d’un ancêtre pour toute sa vie ou
pour une période transitoire.
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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Mêmes pratiques populaires en
Europe (œuf dans un verre d’eau ;
compter le meilleur jour en
fonction de la lune pour tenter la
procréation, suivre l’évolution de
la température etc.)
Pèlerinages à la Vierge, à Sainte
Marguerite pour aider la femme
pour une maternité,
Sainte Agathe protège la
fécondité, patronne des nourrices
Elle fut martyre dans un Lupanar
(maison close) ou elle demeura
vierge. On lui arracha les seins
Les femmes qui touchent sa
statue attendent d’elle une
conception rapide
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
Croyances et conduites autour de la grossesse
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L’enfant à venir est un inconnu {fille, garçon ; normal, anormal ;
fort, faible} ,
C’est l’incertitude, même dans nos sociétés disposant d’échographie
= grande incertitude, d’ou l’existence de rituels de protection.
Trop souvent assise la mère peut tuer l’enfant, le liquide en
envahissant les narines du fœtus peut le faire mourir étouffer =
une femme enceinte devra rester debout et beaucoup marcher !
Chez les Tziganes, la femme enceinte doit rester isolée ; pas de
contacts physiques = l’accouchement doit se faire en dehors du
campement.
La matrone Tzigane « femme qui aide » sera impure à cause de sa
fonction
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
Croyances et conduites autour de la grossesse
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En France (Isère et/ou dans l’Ouest) divers interdits contrôlaient le
comportement de la mère :
Ne pas regarder une étoffe rouge = un avortement spontané
Ne pas manger de blé ayant le charbon = le blé mort ferait mourir
l’enfant
Ne pas monter à cheval = Écrasé par la position de la mère, l’enfant
aurait une joue plus grosse que l’autre
Se frotter contre un menhir (Bretagne), des pierres consacrées (rites
druidiques),
Des sources et des eaux pouvaient favoriser la grossesse.
Des prières de fécondité à l’ange Lailah existent, elles sont toujours
d’usage
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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En Afrique pour la grossesse :
3 étapes 1 à 3 mois seul la femme est au courant de la grossesse,
ne se considère enceinte à + 3mois,
3 à 6 mois enceinte parle à son entourage et à son époux ;
Elle suivra beaucoup d’interdits alimentaires,
6 à 9 mois interdits stricts visite médecin vers 4 à 6 mois
Interdits alimentaires = tête de singe enfant pareil ; des aliments qui
deviennent mous à la cuisson car l’enfant sera aussi mou, pas de viande en
petits morceaux car enfant petit, pas de corbeau risque d’hémorragie à
l’accouchement.
les femmes baoulé (Côte d’Ivoire) ne mangent pas de papaye parce que le
sexe de la femme pourrait se fermer comme le fruit, empêchant l’enfant de
sortir,
La femme enceinte se doit au silence pour éviter le mauvais œil et
l’avortement (au début de la grossesse)
Bain d’eau froide pour durcir l’enfant,ne pas se laver à l’aurore ou la nuit
Ne doit pas se réveiller brutalement pour faire changer le sexe de l’enfant
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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Le cas la femme musulmane
La femme protége l’enfant, ne va au hammam ou à des obsèques ;
Elle est très entouré car l’enfantement correspond à une dette de vie à la
lignée patriarcale,
En cas de stérilité le nom du père est menacé
les dons de sperme et d’ovules sont interdits/ en situation urbaine c’est
moins le cas
Fiv et insémination artificielle entre deux personnes mariées possible, pas
avec personne en dehors du couple
Le cas de la femme indienne
La femme indienne (hindoue) est très protégé lors d’une grossesse surtout
si elle attend un garçon
Interdits alimentaires : tomates, les aubergines, les courgettes, les
crevettes et les sardines = mauvais pour la peau du bébé ; ananas et
papaye car abortifs
Recommandé : lait, lentilles, œuf, pomme et raisin,
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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Cas de la femme chinoise
Selon Confucius une bonne mère doit avoir 5 enfants (garçons !)
La femme enceinte évite de fréquenter les malades, les défunts
Protection avec un miroir pour éloigner les mauvais esprits de la mère et de
l’enfant
Durant l’accouchement une bougie rouge allumée protèges des âmes
errantes. C’est la belle-mère qui s’occupe de la future mère et de l’enfant
Croyances :
ne pas coudre pourrait fermer le bouche de l’enfant
Une étoffe rouge sur le ventre conjure les sorts
Un petit couteau de fer sur la poitrine favorise la naissance d’un garçon
Interdits alimentaires :
Pas de crabe = enfant avec 6 doigts ; pas de lapin = enfant avec bec de
lièvre
Respect du Yin et du Yang pour l’alimentation générale
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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Mystère de la grossesse comme double mystère de la
femme
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Impureté des règles perçue comme un mystère.
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Le sang perdu n’entraîne pas la mort, contrairement à une blessure
Ce mystère engendre des rejets momentanée de la vie sociale du
groupe : « case à menstrues » pour les femmes (Papoues, Dogon)
En conséquence :
La grossesse constitue un autre mystère car l’écoulement du flux
disparaît en faveur du gonflement du ventre
D’où l’interprétation de la grossesse comme une masse de sang
chaud qui va nidifier dans le corps de la femme
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2) La grossesse et ses conduites culturelles
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La prédiction du sexe :
A partir des croyances morphologiques concernant la forme du
ventre, on présage du sexe de l’enfant attendu :
Si l’enfant est porté en avant, c’est un garçon
Sur le côté, c’est une fille ;
Si l’enfant est porté à gauche, il s’agit d’une fille, à droite d’un
garçon ;
Si la mère porte « le masque de grossesse », c’est le signe de la
naissance d’un futur garçon ;
Des régimes riches en sel pour les pères garantirait d’avoir un
garçon ; consommer du poisson favorise l’arrivée d’une fille
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Ces croyances sont nombreuses et toujours d’actualités dans les
journaux et dans la conscience populaire
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3) Naissance et ritualisation
La naissance comme un passage
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Naître c’est venir au monde
C’est à la fois magique et douloureux = punition divine selon les évangiles
pour la faute originelle d’Ève et d’Adam qui croquèrent la pomme.
Les « relevailles » de la religion catholique, bénédiction exécutée par le
prêtre pour une femme relevant de couches, servaient à l’accompagnement
de la naissance
La pratique de ne pas nourrir l'enfant durant 24, 48 heures et même 3
jours, vient de cette perception
En fait, il s’agit d’éliminer le méconium par l’absorption de purgatifs
En Afrique de l’Ouest, la purge de l’enfant et de la mère demeure encore
très présente.
Ces actes marquent le respect d’une période de marge par un rite dont la
motivation est de transformer la naissance biologique en une naissance
sociale.
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3) La naissance comme un passage
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Placenta et cordon ombilical
Placenta et cordon ombilical ne sont pas considérés comme des déchets de
l’accouchement par beaucoup de cultures.
Le placenta : Partie détachée du corps de la mère et de l’enfant.
L’enfant arrive sur terre vient au monde avec un double qui est le placenta
(jumeau).
Il porte différents noms suivants les cultures :
L’Ancêtre à Madagascar ; le « chef » chez les Mossi (Burkina Fasso) ; le
« compagnon » chez les Mongols ; le « lonbri » à la Réunion et aux Antilles
(désigne autant le placenta que le cordon ombilical).
Le placenta est un lien entre la mère et l’enfant.
Il peut servir à atteindre l’enfant (sortilèges).
En Nouvelle-Guinée (Arapesh), le placenta et le cordon sont placés dans un
arbre pour les sécuriser des prédateurs et des charognards.
Le placenta est enterré dans le village pour inscrire l’enfant dans la
communauté (Afrique noire) ;
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3) La naissance comme un passage
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Au pas de la porte, dans un pot avec de la terre à Bali ou encore, jeté dans
le feu pour effacer les traces.
Pratiques aussi valables en Europe :
Il était enterré avec soin sous un arbre par le père = double de l’enfant
En Italie, au début du 20e siècle, le placenta restait sous le lit pour une
séparation en douceur et pour favoriser la montée de lait de la mère.
Le cordon ombilical :
C’est une partie détachée du corps de l’enfant.
Le cordon est très symbolique, il marque la séparation mère-enfant ; le
passage d’un état de fœtus à celui d’individu.
Il représente la protection que la mère assure à l'enfant et sa nouvelle
indépendance (la coupure).
Le cordon est mis dans la poche ou dans la doublure des vêtements de
l'enfant/ l'adolescent comme aide pour des moments difficiles.
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3) La naissance comme un passage
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Ces croyances ont été valables en Europe mais perdurent
dans des campagnes isolées en Italie, Portugal, Pays slaves,
Russie.
Souvent il était séché et conservé, tout en demeurant la
propriété du bébé.
Aujourd’hui, on ne peut plus remettre le cordon en institution.
S’il y a cette demande, proposer un couteau qui aurait
tranché le cordon.
Le cordon à une place symbolique importante.
Les professionnels de l’accouchement ont théorisé la place du
père comme celui qui fait entrer dans le monde en séparant,
symboliquement, la mère de l’enfant.
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