L`équité dans les politiques de croissance agricole en

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CORAF/ WECARD
4ème Semaine scientifique de l’Afrique de l’Ouest et du Centre
Thème :
L’ EQUITE
DANS LES POLITIQUES DE CROISSANCE AGRICOLE
EN AFRIQUE DE L’OUEST
Dr. KORE Harouna
Agro-Economiste
2014
Plan de l’exposé
INTRODUCTION
I-Justification du thème
II - Caractéristiques des politiques de croissance agricole en Afrique de
l’ouest
III-Caractéristiques des Politiques de croissance agricole durable
IV-Impact des politiques de croissance agricole sur la pauvreté
V-Propositions alternatives pour les politiques de croissance pro
pauvres
CONCLUSION
INTRODUCTION (1)

La question alimentaire en Afrique Occidentale et centrale se caractérise
par sa permanence et sa complexité .

De multiples causes sont avancées pour expliquer cette situation de crise :

-vulnérabilité des SASP face aux risques économiques et agro-écologiques,

-résilience négative de certains groupes de producteurs,

-offre limitée des technologies.

Mais certains travaux de recherche assez récents mettent aussi l’accent sur
le faible impact des politiques agricoles et alimentaires mises en œuvre
par les états.
INTRODUCTION( 2)

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


En effet, pendant la période 1970-2000, on a assisté à une évolution
continue des paradigmes des PAA en Afrique de l’Ouest .On peut
décomposer cette période en trois étapes :
De 1970 à 1980 des politiques d’autosuffisance ont été mises en œuvre
dans le cadre du CILSS
De 1980 à 2000, ces politiques ont fait place à celles de sécurité
alimentaire,
A partir des années 2000, les organisations paysannes ont imposé le
paradigme de la souveraineté alimentaire dans le cadre des politiques
agricoles régionales (ECOWAP /CEDEAO).
Ce changement de paradigmes traduit les insuffisances de la recherche
développement sur la question alimentaire en AO.
Après plus de 40ans de lutte contre l’insécurité alimentaire, la question du choix d’une
politique agricole régionale efficace se pose toujours avec acuité.
I-JUSTIFICATION DU THEME(1)


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

Pourquoi parler de l’équité dans les politiques de croissance agricole ?
L’équité est la reconnaissance des droits de tous et de chacun .Mais l’existence
d’un droit ne garantit ipso facto ni son effectivité et ni sa jouissance pour
tout le monde.
Ainsi la situation en Afrique de l’Ouest et du centre se caractérise par un
paupérisme rampant et généralisé qui génère une insécurité alimentaire
chronique, à cause de l’existence de fortes disparités de revenus et donc
de la prévalence de fortes inégalités.
P.BAIROCH( 1992) dans son ouvrage intitulé Le TIERS MONDE DANS
L’IMPASSE a établi que les écarts de revenu entre les plus riches et les plus
pauvres était de 20 fois dans les années 1970 en l’Afrique .
une étude de la BAD ( 2011) sur le rôle économique des classes moyennes comme
source potentiel de croissance en Afrique indiquait que 60 % du PIB du continent
était détenu par seulement 100 000 Individus tandis que 61% des africains
vivaient avec moins de 2 dollars US par jour et par personne en 2008.
I-JUSTIFICATION DU THEME ( 2)
De fortes inégalités impactent négativement sur le développement économique
de part leurs effets néfastes tels que :



-l’instabilité politique qui est source de la baisse des investissements, d’un
recul de la croissance et d’une augmentation de la pauvreté et des conflits
sociaux,
- la violation généralisée des lois et règlements suscitée par un sentiment
d’injustice,
- le ralentissement des activités économiques du fait de la montée des
risques et de l »augmentation des couts de transaction.
Les experts prédisent que dans une situation de crise structurelle, une réduction
des inégalités de revenu peut entrainer un net recul de la pauvreté.
II - Caractéristiques des politiques de croissance agricole
en Afrique de l’ouest(1)


21-Définition de la politique agricole
La politique agricole se définit idéalement comme l’ensemble des
mesures d’intervention publique,

stables dans le temps,

dotées de moyens inscrits dans la durée,

articulées entre elles,

qui sont mises en œuvre dans le secteur agricole

afin d’atteindre des objectifs conformes aux préférences collectives
d’une nation ou d’une région ( CIRAD, 2004)
II - Caractéristiques des politiques de croissance agricole en Afrique
de l’ouest (2)

21-Définition de la politique agricole( suite )
Une politique agricole se caractérise donc par :



des objectifs( croissance, équité, conservation de l’environnement),
des moyens (humaines , budgétaires et techniques ),
des mesures (fiscales, monétaires, législatives, douanières) concernant les actions
programmées,

des institutions de régulation chargées de l’application de ces mesures et de
l’arbitrage entre groupes d’intérêt.

Des acteurs impliqués (L’Etat,Les agriculteurs et éleveurs,Les consommateurs,Les
propriétaires fonciers,Les commerçants,Les opérateurs privés ,Les ONG et
Associations socioprofessionnels)

le type d’agriculture à promouvoir : -agriculture d’entreprise,- agriculture
contractuelle,-agriculture familiale,-agriculture de subsistance
II- Caractéristiques des politiques de croissance agricole durable en
Afrique de l’Ouest( 3)
22 – Objectifs des politiques de croissance

Taux de croissance agricole de 4% /an a été retenu (BANQUE MONDIALE,
1990). Meilleure allocation des ressources productives entre activités
agricoles,Création d’emplois et de revenus dans les activités présentant
des avantages comparatifs pour le pays.
23-Moyens des politiques de croissance

Renforcement des infrastructures socio-économiques

Intensification agricole sur les PIV autour des cultures commerciales
24-Mesures des politiques de croissance


Privatisation des structures de commercialisation et libéralisation des
échanges agricoles
Amélioration de la structure des incitations directes et indirectes
II- Caractéristiques des politiques de croissance agricole
durable (4)
25-Institutions
Développement des institutions (recherche, vulgarisation, coopératives..) pour
favoriser la participation des producteurs aux opérations de
développement et leur accès aux services de production (crédit,
vulgarisation).
26-Agents

Producteurs de cultures d’exportation, secteur privé, structures
intermédiaires, Etat, Partenaires techniques et financiers
27-Types d’agriculture

**Agriculture exportatrice, agriculture contractuelle
III-Impact des politiques de croissance agricole sur la pauvreté
durable en AO (1)
31-Principales mesures d’équité prises



Suppression des subventions à la consommation qui favorisent les
consommateurs urbains et pénalisent les producteurs locaux par la pression
qu’elles exercent sur les prix intérieurs,
Détaxation des cultures d’exportation et répercussion des cours
mondiaux aux producteurs afin d’accroire leur capacité d’épargne et
d’investissement.
Développement des services de santé et d’éducation en milieu rural
32 – Aggravation des inégalités


Choix de l’agriculture commerciale a surtout favorisé les agriculteurs
entrepreneurs et a marginalisé les petites exploitations familiales pauvres
Choix de zones à haut potentiel agro exportateur a favorisé la création
d’enclaves économiques prospères dans un environnement marqué par la
pauvreté
III- Impact des politiques de croissance agricole (2)
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres(1)
41-Amélioration de la productivité agricole



En Afrique subsaharienne, e La baisse de la productivité agricole est la
cause de la perte de compétitivité ,de l’insécurité alimentaire et de la
dégradation des ressources naturelles.
Entre 2001 et 2005, la croissance agricole était de 3,5% /an.Mais du fait
du croit démographique elle n’était que 1,5%/habitant (Banque
Mondiale,2008) . Pour avoir un impact significatif, elle doit atteindre 6 %
par an (NEPAD, 2005) .
Cela suppose l’application de nombre mesures radicales :
*une réforme agraire en faveur des petits producteurs dans les pays à
structures agraires dualistes,
*la récupération des terres agricoles dégradées et l’amélioration de la
fertilité des sols grâce à des technologies bios intensives à faibles coûts
(jachères améliorées, transferts de fertilité ...)
*le développement de la petite irrigation.
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres (2)
41-Amélioration de la productivité agricole


Beaucoup de technologies permettant l’amélioration des rendements de
culture et la productivité par travailleur existent mais elles restent peu
connues et peu accessibles au niveau des petits producteurs. Il faut donc
s’interroger sur le lien entre les inégalités et le blocage technologique des
petits producteurs africains.
En outre, un autre problème majeur à résoudre est celui de la relation entre
les gains de productivité et la chute des prix au producteurs (MAZOYER,
2003) . En effet, comment améliorer la productivité agricole sans que la
baisse des prix qui en résulte n’érode le revenu du petit producteur ?
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres (3)
42 -Importance des transferts publics

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
Si l’agriculture fournit encore plus de 30% du Pib dans les pays agricoles
de l’Afrique de l’Ouest ,elle a en revanche peu bénéficié de transferts
publics.La plupart des états consacrent moins de 5 % de leurs
budgets(PNUD, 200 3).
L’ allocation des ressources favorise les centres urbains par rapport aux
zones rurales.Elle pénalise certains domaines stratégiques comme la
recherche -développement au profit d’activités peu rentables.
Les transferts revêtent plusieurs formes : transferts de revenu et ceux basés
sur l’emploi et sur l’incitation.
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres(4)
42 -Importance des transferts publics



Dans le cadre de l’initiative PDDA-NEPAD, les états se sont engagés à
investir dans le secteur agricole jusqu’à 10% de leurs ressources budgétaires
dans quatre domaines : infrastructures rurales , développement des
marchés , foncier, recherche et vulgarisation. Combien ont réussi à le faire?
Certains organismes d’aide publique au développement mettent l’accent
sur des transferts en faveur de l’éducation comme facteur de
transformation sociale et de lutte contre les inégalités de chance. (PNUD,
2005).
Les transfert sont limités par le faible taux de fiscalisation des économies de
la sous région et par la baisse tendancielle de l’aide publique au
développement.
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres(5)
43-Développement du marché de travail


Les difficultés d’accès au marché du travail sont souvent la cause
d’inégalités intergénérationnelle
L’une des voies de sortie de la pauvreté reste pour la majorité des petits
producteurs le marché du travail (PNUD, 1995 ; CORD, 2OO5). Mais celuici présente des défaillances :
-dualisme entre les secteurs formel et informel,
-discrimination entre les travailleurs hommes et les femmes,
-insécurité d’emploi et de revenu,
V-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres (6)
43-Développement du marché de travail


Nonobstant ces lacunes, les marchés d’emplois agricoles et non agricoles
peuvent permettre aux petits producteurs de participer à la croissance si
les politiques appropriée sont appliquées
.Selon FRANCES (2000), les pays qui ont eu des résultats positifs en matière
de lutte contre la pauvreté sont qui ont appliqué les politiques ayant eu
comme priorités les domaines suivants :
**éducation,
**exportations à forte intensité de main d’œuvre,
** industrialisation rurale,
**réglementation du marché du travail.

Le développement des infrastructures éconmiques a aussi un impact positif
sur la création d’emplois agricoles et non agricoles.
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres( 7)
44-Libéralisation progressive des échanges agricoles




Pour les pays pauvres, les échanges agricoles ont un double impact.
Sur le plan international, l’ouverture au commerce mondial s’est
accompagnée d’une dégradation des termes de l’échange malgré les
nombreux sommets consacrés à cette question (cas du coton).
Sur le marché national la libéralisation s’est traduite par une envolée des
importations ruinant des secteurs entiers (BELIERES et al, 2002 ; DUTEURTE
et al, 2005).
Les bienfaits annoncés d’une libéralisation totale se font toujours attendre
(IFPRI, 2004).
IV-Propositions alternatives pour les politiques de croissance
pro pauvres(8)
44-Libéralisation progressive des échanges agricoles
Le bilan des expériences de protection partielle (ALPHA et al, 2006) en
Afrique de l’Ouest montre que les cas de réussite sont liés à l’existence de
certaines conditions :

- l’existence d’un potentiel local de production et d’avantages comparatifs
par rapport aux importations,

-le respect des contrats entre acteurs,

-un contrôle efficace à la frontière,

- des mesures de soutien à la production locale tels les services agricoles de
base (crédits, recherche vulgarisation, informations ….).
Une bonne protection partielle doit être aussi limitée au temps nécessaire
qu’émerge une agriculture compétitive au plan international
CONCLUSION

A l’issue de cet examen rapide des politiques agricoles appliquées dans les espaces
UEMOA et CEDEAO, il ressort que bien que la lutte contre la pauvreté soit l’objectif
premier affiché par la plupart de ces politiques, le traitement des inégalités qui sont
la cause de la pauvreté est partiel.

La faible efficacité des politiques agricoles appliquées au cours des deux dernières
décennies est due en partie à la faiblesse des moyens dont ont pu disposer les
états et les organisations régionales.

L'aide publique au développement ne fait que régresser et les transferts publics sont
insignifiants par rapport aux besoins. Une réforme des politiques agricoles est
nécessaire.

Au niveau de la conception et de l'exécution des politiques agricoles inclusives, la
prise en compte des inégalités comme causes majeures de la pauvreté est
indispensable pour atteindre l’ OMD1.