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Méthodes & Pratiques
Scientifiques
Une enquête policière
er
1
article de la
dépêche du midi
Le 16/02/2011
Découverte macabre
au campus
La victime, Mlle Ève Apabien, étudiante du professeur Jacques
Use, biochimiste de renom travaillait dans son laboratoire de
recherche de la faculté de médecine de Toulouse, où elle a été
retrouvée morte, au matin du 15 février.
Sur le lieu du crime aucune trace de sang visible n’a pu être
encore identifiée.
Des sachets de détartrant retrouvés sur place corroboreraient
la thèse du suicide.
Les résultats de l’autopsie devraient paraître bientôt.
Le professeur Jacques Use est, à ce jour, disparu.
Le professeur Jacques Use travaillait depuis plusieurs mois sur
les effets secondaires d’un médicament utilisé pour traiter le
diabète.
D’après ses collaborateurs, il était sur le point d’aboutir.
Il prétendait avoir fait une découverte majeure remettant en
cause la légitimité du médicament et dénonçant les dangers
liés à sa consommation régulière.
Eve Apabien
Dr Jacques Use
Le 16/02/2011
Découverte macabre au campus (suite)
En outre, selon les proches de la victime, Mlle Apabien n’avait, selon eux, aucune raison
de mettre fin à ses jours.
Mais elle avait éconduit récemment un amant, M. Jérôme
Antique ,pour entretenir une relation amoureuse avec le
professeur Use.
L'hypothèse d'un crime passionnel a été avancée.
En outre, M. Jean Dorpalanui, veilleur de nuit, est la dernière
personne à avoir vu vivantes les victimes.
Criblé de dettes de jeu, il a été entendu par les policiers
chargés de l'enquête.
Jérôme Antique
Jean Dorpalanui
ème
2
article de la
dépêche du midi
Le 28/02/2011
Rebondissement dans l'affaire
Jacques Use
Le corps du professeur Jacques Use, disparu depuis le 15
février dernier, aurait été retrouvé hier par des promeneurs
en forêt de Cardeilhac (environs de Saint-Gaudens).
Un officier de police judiciaire nous confiait que la victime se
trouvait dans un état de décomposition relativement avancé
et que la maison de l'arboretum avait été le théâtre d'une
scène macabre car du sang y avait été retrouvé avec les
effets personnels du professeur.
Des traces de pneus d'un véhicule tout-terrain conçu pour
l'armée américaine, ont été retrouvées à proximité.
Ce type de véhicule étant rare dans la région, les
investigations ont permis de s'orienter vers un autre suspect
dans « l'affaire Jacques Use » : M. Pat Hibulaire, ingénieur
d'étude dans les laboratoires Mercier et chargé du
développement d'un médicament préconisé dans le
traitement du diabète : le Meviator.
Découverte du corps du Dr
Use par des promeneurs
Pat Hibulaire
Les 3 principaux
suspects
SUSPECT N° 1 :
Jean DORPALANUI
Groupe O- / Prélèvement ADN
Possède un chien
Boiteux
Traces de terre dans sa voiture
Dernière personne à avoir vu les victimes vivantes.
Criblé de dettes (poker).
Possibilité d'un crime crapuleux (tentative de vol qui tourne mal).
Clame son innocence.
SUSPECT N° 2 :
Jérôme ANTIQUE
Groupe AB+ / Prélèvement ADN
Possède un chat
Traces de terre dans sa voiture
Amoureux éconduit et jaloux.
Possibilité d'un drame passionnel.
Nie toute implication.
SUSPECT N° 3 :
Pat HIBULAIRE
Groupe A+ / Prélèvement ADN
Possède un chat
Plaie à la main droite
Traces de terre dans sa voiture
Employé des laboratoires Mercier
Chargé du développement du Meviator®.
Reste muet.
? Qui est le coupable ?
Les rapports:
Rapport de police
N°1
Rapport de police N°1
Rapport de police 843-2011
relatif à la mort suspecte de Mlle Eva PABIEN
et de la disparition inquiétante du professeur Jacques USE
établi le 15/02/2011
Les inspecteurs de police judiciaire, dépêchés au laboratoire de biochimie du 118, route de
Narbonne à Toulouse, sont arrivés à 22h30.
Après avoir fait les constats d'usage, ils confirment la présence du corps inanimé de
Mlle APABIEN Eve, doctorante, célibataire, travaillant dans le service de pharmacologie dynamique du
professeur USE Jacques.
Le corps a été découvert par des employés, le 15 février 2011 à leur prise de service vers 8h00.
Ils préviennent immédiatement les secours. Le médecin du SAMU a constaté le décès avant notre arrivée.
La présence d'un tube de médicament laisse penser à une mort par ingestion médicamenteuse.
Les premiers indices pourraient laisser penser à un suicide ou un accident domestique.
Mais les proches de Mlle APABIEN réfutent toute tendance suicidaire.
Le veilleur de nuit M. DORPALANUI Jean est le dernier à avoir vu la victime vivante au cours de sa ronde
d'inspection vers 22h00.
Le médecin légiste convoqué sur place a fait les premières constatations vers 9h00 et a transporté le corps à
l'unité médico-judiciaire de l'hôpital Rangueil pour autopsie.
La victime (1m60 – cheveux fins - blonde) serait décédée d'un arrêt cardio-respiratoire lié à une hémorragie
interne et une prise importante de pentobarbital (Rapport joint).
Rapport de police N°1
Rapport de police 843-2011
relatif à la mort suspecte de Mlle Eva PABIEN
et de la disparition inquiétante du professeur Jacques USE
établi le 15/02/2011
En outre, les enquêteurs du laboratoire de police scientifique de Toulouse ont retrouvé
sur place un certain nombre d’indices :
 un tube suspect de paracétamol, de la poudre blanche et un sachet de détartrant pour cafetière,
 des traces de sang effacées à l'aide d'une éponge,
 de la terre,
 trois types d’empreintes digitales (dont celles de la victime),
 une feuille blanche et une pierre dans le jardin environnant, des feuilles blanches et une plume dans le
laboratoire,
 des cheveux, des poils, des fibres textiles (type laine),
 de la salive sur des verres,
des traces d’ADN en cours d’expertise,
L'ensemble des constatations évoquent une mort suspecte. En outre, le professeur USE a disparu.
Selon ses principaux collaborateurs, ce dernier travaillait sur les effets d'un médicament se trouvant dans le
commerce et s'apprêtait à faire des révélations importantes à la presse.
Sa disparition est jugée inquiétante.
L'ensemble des scellés est transmis ce jour aux services spécialisés de la Police Scientifique.
A Toulouse, le capitaine TECTIVE Amédé
Les rapports:
Rapport du légiste
N°1
Rapport du légiste N°1
SERVICE DE MEDECINE LEGALE
TOULOUSE RANGUEIL
Unité Médico-Judiciaire (UMJ)
Rapport d'expertise n°2011-25
Renseignements concernant la victime :
Mlle Eve APABIEN, 1m60, groupe sanguin AB+, cheveux fins – blonde.
Cause de la mort :
Décès par arrêt cardio-respiratoire lié à une hémorragie interne et une prise importante de
pentobarbital
Constatations :
Les rigidités cadavériques relativement peu avancées et limitées à l'extrémité cervicocéphalique (muscles masticateurs et nuque) révèlent une mort probable dans les trois ou quatre
heures qui ont précédé.
L'estimation du délai post-mortem par méthode thermométrique corrobore cette hypothèse.
Des marques de cyanose sont apparentes sur l'ensemble du corps et témoignent d'une mort
consécutive à un arrêt cardio-respiratoire.
Rapport du légiste N°1
SERVICE DE MEDECINE LEGALE
TOULOUSE RANGUEIL
Unité Médico-Judiciaire (UMJ)
Rapport d'expertise n°2011-25
Au cours de l'autopsie, des lésions œsophagiennes et duodénales sont relevées et responsables d'une
hémorragie modérée.
L'analyse du bol gastrique et intestinal révèle l'ingestion d'acide sulfamique.
Les analyses sanguines révèlent la présence de pentobarbital.
Aucune marque de violence, aucun traumatisme.
L'acide sulfamique semble avoir été bu par la victime sans contrainte.
La victime devait être sous l'effet du pentobarbital lorsqu'elle a ingéré l'acide sulfamique.
La victime dans un état normal aurait dû se rendre compte de l'ingestion d'un tel produit et il n'y aurait eu
qu'une simple intoxication.
C'est l'action conjuguée des barbituriques (causant sédation, hypotonie musculaire et dépression
respiratoire) et de l'acide sulfamique (causant l'hémorragie) qui est à l'origine de la mort de la victime.
Le corps a été retrouvé sur le sol, face contre terre, à côté d'une chaise sur laquelle la victime devait être
assise.
Les lividités cadavériques témoignent que le corps n'a pas été déplacé post mortem.
La victime était donc déjà au sol lorsqu'elle est morte.
A Toulouse, le 15 février 2011, docteur Psidémor Oto
Les rapports:
Rapport de police
N°2
Rapport de police N°2
Rapport de police 954-2011
relatif à la découverte du cadavre du professeur Jacques USE établi le 27/02/2011
Les gendarmes, officiers de police judiciaire, appelés en forêt de Cardeilhac par des randonneurs
qui ont découvert le corps d'un homme sans vie, ont transmis le dossier à nos services après
avoir constaté qu'il s'agissait du professeur USE Jacques, disparu depuis le 15 février dernier.
L'affaire pourrait être en lien avec la mort suspecte de Mlle APABIEN Eve dont nous sommes en charge.
Le corps a été découvert en forêt dans un état avancé de décomposition. Des larves ont été prélevées.
Le rapport du médecin légiste indique que la mort est due à une hémorragie cérébrale consécutive à un
coup violent porté à la tête par un objet contondant.
Dans la maison de l'arboretum, située à deux pas, les enquêteurs du laboratoire de police scientifique de
Toulouse ont retrouvé sur place un certain nombre d’indices :
 un club de golf avec des traces de sang,
 des projections de sang sur une table,
 de la tourbe,
 des cheveux, des poils, des fibres textiles (type laine).
L'ensemble des scellés est transmis ce jour aux services spécialisés de la Police Scientifique.
A Toulouse, le lieutenant HISSIER Paul
Les rapports:
Rapport du légiste
N°2
Rapport du légiste N°2
SERVICE DE MEDECINE LEGALE
TOULOUSE RANGUEIL
Unité Médico-Judiciaire (UMJ)
Rapport d'expertise n°2011-59
Renseignements concernant la victime :
Monsieur Jacques Use , 1,82m, groupe sanguin B-, cheveux châtain.
Cause de la mort :
Décès par traumatisme résultant de coups violents provoqués par un tiers
Constatations :
La victime a été retrouvée au sol, couchée sur le dos, la tête reposant dans une petite flaque de
sang.
Cette flaque ne peut correspondre à l'importance des blessures constatées sur la tête de la
victime.
L'estimation du volume sanguin perdu par la victime, de l'ordre de 400 à 500 millilitre, confirme
une importante hémorragie consécutive aux coups portés : ce sang n'ayant pas été répandu sur
place, il semblerait que la victime ait été tuée ailleurs puis transportée secondairement.
L'ensemble des constatations établies corps révèlent une mort probable dans les 10 à 15 jours
qui ont précédé sa découverte. L'analyse en cours des larves découvertes sur le corps
permettront de préciser ce délai.
Rapport du légiste N°2
SERVICE DE MEDECINE LEGALE
TOULOUSE RANGUEIL
Unité Médico-Judiciaire (UMJ)
Rapport d'expertise n°2011-59
Au cours de l'autopsie, des lésions crâniennes profondes ont pu être constatées, et les
radiographies le confirment : une fracture de l'os pariétal gauche et une fracture de l'os
sphénoïde gauche avec enfoncement ont été observées.
Ces fractures, outre l'hémorragie externe , ont provoqué une importante hémorragie extradurale, ainsi qu'une hémorragie intra cérébrale étendue, qui représentent très certainement la
cause de la mort, celle-ci ayant dû survenir très rapidement voir instantanément.
Deux coups ont été portés à la victime, assénés latéralement sur le côté gauche de la tête,avec
une extrême violence, à l'aide d'un objet contondant, de type barre de fer.
Aucun dépôt de matériau n'est à relever dans les plaies.
Les analyses toxicologiques du sang ainsi que du contenu digestif ne révèlent la présence
d'aucune substance suspecte.
A Toulouse, le 28 février 2011, docteur Psidémor Oto
Note interne à
destination des
équipes scientifiques
Bilan des investigations
Tâches générales du groupe d’expert :
 Rédiger un carnet de bord
 Réaliser une ou plusieurs expériences à partir d’un indice
 Rédiger un rapport d’expertise
 Présenter oralement les résultats de l’enquête
Tâches spécifiques du groupe d’expert :
A. Sur les lieux du crime
1. Délimitation et préservation de la zone balisée ou de la zone où des traces peuvent être
trouvées par les enquêteurs de la Police Technique et Scientifique. Seul le personnel de la Police
peut pénétrer la zone balisée. Toutes les autres personnes doivent rester à l’extérieur.
2. Photos et vidéos : avant de toucher à quoi que ce soit, les experts photographient de fond
en comble le lieu du crime. Parfois, on procède également au tournage d’une vidéo.
3. Recherche d’indices : les enquêteurs recherchent ensuite des traces comme des
empreintes digitales, de la salive, des fibres et des poils, des empreintes de chaussure ou encore
des traces d’effraction.
Si les traces ne sont pas ou presque pas visibles à l'œil nu, les enquêteurs les font apparaître
avec de la poudre ou d’autres techniques.
Une fois les traces rendues visibles, elles sont « prélevées » : des cheveux ou des fibres par
exemple sont rangés dans des petits sacs (voir point 4).
Les empreintes digitales dans la poudre sont collées sur du plastique.
Les enquêteurs concentrent d’abord leurs efforts sur les traces les plus fragiles.
Les traces les plus fragiles sont celles qui peuvent rapidement être contaminées ou qui, après un
certain temps, risquent de disparaître comme l’ADN, par exemple.
Tâches spécifiques du groupe d’expert :
A. Sur les lieux du crime
5. Autres experts : quand les experts du labo ont terminé leur première visite sur le lieu du
crime (parfois, ils doivent revenir une seconde ou plusieurs fois sur place), d’autres experts
comme le médecin légiste, l’expert en balistique ou encore l’entomologiste (spécialiste des
insectes) viennent sur les lieux.
6. Scellés : la Police Technique et Scientifique (ou d’autres fonctionnaires de police) appose les
scellés sur les lieux du crime afin d’éviter que d’autres personnes ne pénètrent l’endroit ou afin
de veiller que l’endroit reste intact jusqu’à la prochaine visite du labo ou jusqu’à une éventuelle
reconstitution.
Lors de l’enquête sur la recherche d’indices, les enquêteurs sont en permanence en contact avec
le magistrat en charge de l’enquête. C’est lui qui détermine les enquêtes et les analyses à
effectuer et ce, après une éventuelle concertation avec les experts du labo de la Police
Technique et Scientifique.
Tâches spécifiques du groupe d’expert :
B. Au laboratoire
1. Photos : de retour au labo, toutes les traces prélevées sur la scène de crime ainsi que tous
les objets qui y ont été saisis sont photographiés séparément.
2. Recherche d’indices et analyses : dans le labo, on cherche des traces ou des indices sur les
objets saisis sur le terrain. Par exemple : des empreintes digitales sur un outil, du sang ou du
sperme sur un vêtement. Les analyses sont effectuées dans un labo de la police ou dans un labo
externe. Le magistrat d’instruction décide quel labo devra effectuer l’analyse.
3. Transmission des données : les résultats de chaque analyse sont transmis à la banque de
données du même type (banque de données ADN; banque de données empreintes digitales…)
4. Comparaison : les traces prélevées sur le lieu du crime sont alors comparées aux données
contenues dans les banques de données.
Enfin, les objets sur lesquels des traces ont été trouvées et prélevées sont déposés au greffe du
tribunal correctionnel. Les autres objets sont restitués avec l’accord du magistrat en charge de
l’enquête à leur propriétaire.
Le travail effectué par la Police Technique et Scientifique ne représente qu’une partie de
l’ensemble d’un puzzle qui constitue l’enquête.
Dans l’enquête sur un même crime, d’autres policiers utilisent d’autres méthodes comme les
auditions, les filatures, etc.
Ces méthodes de travail, l’enquête technique et l’enquête tactique, sont complémentaires.