Introduction à l`antiféminisme au Québec
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Transcript Introduction à l`antiféminisme au Québec
Introduction à l’antiféminisme au Québec
Animation d’un café rencontre au
Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
Préparation et animation par
Rosa Turgeon
Printemps 2011
L’antiféminisme
Quand nous parlons de l’antiféminisme, nous
faisons référence aux différentes attaques qui
essaient de discréditer les théories féministes
et les avancées du mouvement des femmes.
Même
si
nous
entendons
parler
d’antiféminisme depuis une dizaine d’années,
l’antiféminisme est présent depuis des
millénaires. Ex: récits mythiques où la femme
est coupable de tous les péchés.
Définition:
• L’antiféminisme est toute action, affirmation,
tentative qui s’oppose aux aspirations et aux
revendications du mouvement des femmes.
Ces formes d’attaques deviennent des entraves
aux différentes avancées que visent les
féministes.
Suite de la définition……..
• L’antiféminisme est l’expression de la
domination masculine sur les féministes. Si
nous considérons que les féministes sont les
porte-paroles du groupe minorisé et exploité des
femmes, des actions ou des paroles qui s’en
prennent directement à ces porte-paroles sont
particulièrement violentes au plan politique.
Suite de la définition……….
• Le discours entretenu par les antiféministes est
un discours qui fait appel au déterminisme
biologique (expliquant ainsi les rôles qui seraient
supposément naturels chez les femmes et chez
les hommes) au lieu de remettre en question la
socialisation des genres.
L’antiféminisme mis en lumière
• L’antiféminisme est un rappel à l’ordre
adressé aux femmes qui refusent leur
position sociale de dominées, et qui la
refusent non seulement pour elles-mêmes,
mais pour toutes les femmes.
• L’antiféminisme a une motivation bien
précise ; continuer à prôner des rapports
de genres où les hommes continuent à être
la classe dominante et privilégiée.
Suite…….
• Ces hommes ne veulent pas perdre les
privilèges qu’ils ont eu à travers l’histoire
(par la subordination des femmes) et qu’ils
continue d’avoir dans la société patriarcale
• Ils ne veulent pas remettre en question les
rapports construits de genres.
• Ils continuent d’imposer une vision
hétérocentrée de ladite masculinité.
Leurs motivations
• Nous pouvons affirmer que leurs
motivations proviennent d’une peur de la
perte de leurs privilèges:
Rapports sexuels
Les divers services domestiques
La soumission des enfants
Le contrôle physique et psychologique sur
les femmes
Double violence
L’antiféminisme est à la fois:
• Sexiste (manifestation de
masculine sur les femmes).
la
domination
• Antiféministe en s’attaquant aux représentantes
politiques de l’activisme pour l’évolution des
rapports égalitaires (attitude antiféministe).
Au début du XXe siècle
• Dans le contexte d’après guerre dans les pays
industrialisés (1914-1918, 1939-1945), les
femmes qui étaient sur le marché du travail ont
subi d’énormes pressions sociales afin qu’elles
retournent au foyer.
Ce discours prétendait que les femmes devaient
retourner à leurs rôles d’épouses et de mères de
familles. Ce même discours accusait les femmes
de créer une concurrence sur le marché du
travail.
Exemple : Marc Lépine
• Marc Lépine n’a pas dit :
J’hais les femmes mais bien….
J’hais les féministes, en sous-entendant, j’hais
les femmes qui œuvrent à un changement des
rapports sociaux de genres.
Qu’est ce que le ressac
antiféministe?
• Le ressac se manifeste de diverses formes dans le
mouvement des femmes.
• Ces formes sont des formes violentes qui ont
comme but commun de discréditer, de secouer,
de mettre des obstacles aux différentes luttes des
femmes pour l’amélioration des conditions de
vies.
«Le féminisme :
la cause de tous les maux»
Le féminisme est pointé du doigt pour expliquer
différentes problématiques et réalités sociales
que traversent la société contemporaine:
• L’augmentation des divorces au 21e siècle
• L’échec scolaire des garçons
• La soi-disant crise identitaire des hommes et des
jeunes garçons.
Le divorce
• Le féminisme a eu une contribution significative
quant aux droits des femmes.
• Si le Québec a connu une hausse significative
des divorces au cours des derniers trente ans,
c’est parce que les femmes ont obtenu des droits
qui permettent
qu’elles ne soient plus
contraintes dans une relation qui ne leur soit pas
satisfaisante.
Des repères historiques……
• Le droit au divorce est devenu légal au Québec
en 1968. Avant cette date il était interdit pour les
femmes de demander le divorce.
• En 1977, la notion d’autorité paternelle a été
modifiée en autorité parentale, suite à
l’amendement du Code civil. L’égalité entre
conjointEs concernant la responsabilité des
enfants est alors enfin reconnue au plan
législatif. Les mères ne possèdent de droits
juridiques face à leurs enfants que depuis à
peine 30 ans.
Suite repères historiques
• En 1983, le gouvernement canadien adopte le
projet de loi C-127.
Jusqu’à cette date, les tribunaux rejetaient les
plaintes de viol portées par une femme contre
son mari, cautionnant de la sorte un droit de
propriété que le mariage accorderait à l’homme
sur le corps de sa femme sous le couvert du
« devoir conjugal ». Les modifications au Code
criminel reconnaissent la notion de viol entre
conjoints.
Suite repères historiques
• En 1989, la notion de patrimoine familial est
insérée dans le droit de la famille. Elle impose le
partage égal d’un grand nombre de biens entre
les conjointEs en cas de divorce ou de décès.
• Depuis une quarantaine d’années, les femmes
ont intégré massivement le marché du travail.
Ce qui a comme résultat l’acquisition d’une plus
grande autonomie financière.
L’échec scolaire des garçons
Inspiré du document « Paroles féministes, Controns le ressac! »
Table de concertation de Laval en condition féminine, 2005
• Dans les discours des antiféministes il est très
fréquent d’évoquer les difficultés qu’éprouvent
les garçons à l’école ainsi que leur décrochage
scolaire. On prétend même que l’école serait
conçue pour favoriser le genre féminin.
• Une fois de plus, le féminisme est mis sur le
banc des accusés, et on prétend que l’échec
scolaire serait une conséquence directe du
féminisme.
Des faits…….
• Les études qui se sont penchées sur la question
du décrochage scolaire des garçons démontrent
que le taux de décrochage des garçons est à la
baisse depuis cinquante ans.
• 1940 : taux de décrochage de 49%
• 1997 : taux de décrochage de 22%
Suite …..
• Une explication de l’écart du décrochage entre
les filles et les garçons pourrait être reliée au fait
que les filles décrochent moins qu’auparavant.
• Les
garçons
sans
diplôme
ont
plus
d’opportunités de se trouver un emploi que les
filles n’ayant pas de diplôme.
Suite…..
• Il est important de mentionner qu’en 2011, les
femmes continuent d’occuper des emplois dans
le tiers secteur de l’économie.
• Ce sont des emplois dans les services
(éducation, santé, service à la clientèle). Les
emplois occupés par la majorité des femmes
constituent les emplois les plus précaires.
Ladite crise identitaire des
hommes
• Dans les discours antiféministes, les hommes
tentent de faire valoir qu’ils subissent des
discriminations en tant que groupe social.
• Il est important de faire le constat que les
antiféministes font partie de la classe privilégiée:
ils sont blancs, appartiennent à la classe
moyenne et sont hétérosexuels.
Suite de la crise identitaire
• Les hommes ne vivent pas de discrimination
systémique. Nous vivons toujours aujourd’hui
dans une société patriarcale où les hommes
tirent profit de leur position sociale.
• Les hommes constituent toujours la classe
dominante socialement, politiquement et
économiquement.
Les privilèges des hommes
Les enjeux:
La perte de privilèges…..
• Contrôle du corps et de la reproduction: le
droit à l’avortement.
• Droit des pères de garder le contrôle sur
leur ex-conjointe et sur les enfants.
L’avortement
Toute la question reposant sur la santé
reproductive et le contrôle du corps des femmes
est au cœur du discours antiféministe.
Les femmes sont encore confrontées aujourd’hui
en 2011 à des attaques visant à contrôler leur
reproduction.
Exemple: Procès contre Chantal Daigle, Campagne
Québec-Vie, …
Droit des pères de garder le
contrôle
Majoritairement à l’amiable:
Dans 78% des cas de séparation ou de divorce,
la garde des enfants se règle à la suite d’une
entente entre les parents à l’amiable, donc hors
Cour.
Faible proportion de mésentente:
Les cas d’arbitrage ne représentent que 12,2 % et
ceux où le juge agit par défaut 9,6 %. Dans plus
de la moitié de ces cas (50 à 60%) la séparation
est due à des violences conjugales de toute
nature : physiques (parfois graves) mais aussi
psychologiques, sexuelles, etc....
Dans 20% des cas, le juge détermine que la
garde des enfants revient à la mère suite au
désintérêt total du conjoint pour les enfants.
Les stratégies des antiféministes
• Ils veulent se constituer en groupe d’homme qui
représenteraient tous les hommes.
• Ils se positionnent en victime et en groupe
vivant des oppressions systémiques.
• Ils ne reconnaissent pas l’existence du système
patriarcal et évacuent les oppressions qui en
découlent pour les femmes.
Exemple: L’Après rupture, Content d’être un gars,
Father for Justice
Sombre constat
• Les antiféministes utilisent la démagogie, le
sensationnalisme pour faire passer des messages
odieux envers les féministes et le mouvement
des femmes.
• Ils utilisent la désinformation pour créer une
division dans la population. En utilisant cette
stratégie, ils veulent désolidariser la population
aux luttes menées par les féministes.
Exemple: L’Après rupture, Content d’être un gars,
Father for Justice
Fathers for Justice
Certaines caractéristiques du
groupe
• Un groupe d’hommes réactionnaires, qui
embrassent le courant essentialiste des rapports
sociaux.
• Ce groupe, comme tous les groupes que nous
pouvons regrouper comme masculinistes ne
compose pas un mouvement social.
• Ce groupe utilise des discours odieux envers les
féministes et les femmes.
Les stratégies utilisées
• Ce groupe utilise l’intimidation et l’harcèlement.
• Ils vont se pointer dans des évènements publics
en utilisant les stratégies mentionnées ci haut
pour faire taire et reculer les féministes.
• Des poursuites judiciaires seront entamées
contre des féministes qui dénoncent ces groupes
et leurs stratégies.
La domination masculine
• Visualiser un extrait du film :
La domination masculine
Dans le menu aller dans Index des scènes
Sélectionner la scène 13
Féministes et pro-féministes
toujours debout
Poursuivre la lutte
• Les luttes féministes au Québec ont permis
l’avancement et la reconnaissance du droits des
femmes. Il reste beaucoup de travail à faire
avant que nous puissions vivre dans une société
où les rapports de genres seront renversés.
• Le féminisme et les luttes du mouvement des
femmes sont au cœur de l’avancement et
l’épanouissement des femmes, des hommes et
des enfants.
La lutte continue
• Le mouvement des femmes a contribué de
manière significative à vivre dans une société
plus juste et égalitaire. Nous devons toutes et
tous ensemble nous solidariser pour une réelle
transformation sociétale, permettant une société
libre, déliée des rouages du patriarcat.
Contrer et dénoncer
l’antiféminisme
• Nous devons féministes et pro-féministes
continuer à dénoncer et à mettre en
lumière
l’antiféminisme
et
les
masculinistes.
• Nous devons dire haut et fort que ce sont
des stratégies utilisées afin de conserver
les privilèges du groupe dominant: les
hommes.
Suite…
• Ce groupe d’homme veut continuer à
s’approprier le corps des femmes.
• Le féminisme et les luttes sont toujours
d’une grande pertinence dans notre
société. La route est longue mais nous
sommes prêtes à la poursuivre dans la
solidarité et l’engagement.
Bibliographie
• Paroles féministes, controns le ressac ! Réponses au discours antiféministe, Table de concertations de Laval en condition
féminine.
• BLAIS, Mélissa et DUPUIS-DÉRI, Francis Le mouvement
masculiniste au Québec, l’antiféminisme demasqué. Livre sous la
direction de, Les éditions du remue-ménage, 2008, p.257
• DESCARIES, Francine, L’antiféminisme ordinaire, Recherches
féministes, vol 18 n 2, 2005, p.137-151,
Bibliographie suite…
• DUMONT, Micheline, Cent ans d’antiféminisme, 2009
• MAYER, Stéphanie et DUPUIS-DÉRI, Francis, Quand le prince
charmant s’invite chez Châtelaine : Analyse de la place des
hommes et des discours antiféministes et masculinistes dans
un magazine féminin québécois. Université du Québec à
Montréal, p.68