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Sociétés et cultures rurales d’Europe (XIe-XIIIe siècle)
Seigneurie, paroisse et village
dans la plaine du Roussillon
AEFE. Europe centrale, orientale et scandinave. Arnaud Léonard.
Sociétés et cultures rurales d’Europe (XIe-XIIIe siècle)
Programme de SECONDE
Thème 3 : Sociétés et cultures de l’Europe médiévale du XIe au XIIIe siècle (8-9h)
Question au choix : Sociétés et cultures rurales (4h environ)
Mise en oeuvre
- La féodalité (réalités, imaginaire et symbolique).
- La vie des communautés paysannes (travail de la terre,
sociabilités…).
La principale difficulté pour étudier ce thème est la question des sources : peut-on
partir d’un exemple de campagne européenne des XIe – XIIIe siècles pour laquelle on
disposerait d’informations à la fois sur la féodalité et sur la vie des communautés
paysannes ?
Et si les sources existent (textes, images, archéologie), donnent-elles une image
précise et réelle des sociétés et cultures rurales d’Europe aux XIe-XIIIe siècles ?
Sociétés et cultures rurales d’Europe (XIe-XIIIe siècle)
On peut faire émerger ces questions chez les élèves, en leur projetant une enluminure :
qu’est-ce qui aurait pu se conserver jusqu’à nos jours (l’église mais pas les maisons en
bois, les outils ou objets en os ou en métal…) ? Qui sont les auteurs du document (moines,
lettrés…) et quel est leur objectif (décorer un ouvrage, pour un seigneur…) ? La
représentation est-elle réaliste (vêtements en bon état des paysans…) ?
Cela amène à se poser la question du rapport entre réalité et imaginaire.
L'image des paysans au Moyen Age par exemple est une image « noire » : lettrés et
artistes accumulent à leur égard des jugements aussi ridicules qu'humiliants. Le paysan est
affublé de tous les vices et défauts, dont notre vocabulaire garde encore la trace :
il est « vilain » (laid moralement et physiquement), « ignoble » (sa bassesse est
répugnante), « rustre » ou « rustaud » (grossier, brutal et sans éducation, du latin rusticus,
« de la campagne »)... Lorsqu'il apparaît dans nos sources, c'est le plus souvent de façon
marginale comme « décor » dans un paysage, « figurant » dans une histoire dont il n'est
pas l'acteur et où il ne sert que de faire valoir ou de repoussoir des valeurs nobiliaires ou
chevaleresques et des vertus chrétiennes.
Sociétés et cultures rurales d’Europe (XIe-XIIIe siècle)
La démarche suivie consiste à :
1. partir de la découverte archéologique d’un village déserté. Comme le précisent les
Ressources de la DGESCO – IGEN, « une démarche visant à étudier une communauté
réelle et son évolution dans le temps, en s’appuyant sur des sources locales permet d’éviter
une présentation englobante et linéaire caricaturant la réalité du phénomène
communautaire. Cette communauté doit être choisie pour son caractère particulièrement
significatif afin de pouvoir dégager des perspectives d’ensemble.
2. montrer ce que nous apprennent les archives sur la société et la culture rurale de ce
village, de son seigneur et de son église
3. analyser les résultats des fouilles et voir en quoi ils complètent les informations
précédentes et offrent un éclairage différent mais lacunaire lui aussi.
Le cadre choisi est celui du Roussillon, comté qui n’appartient à la France que depuis le
traité des Pyrénées (1659) et qui est devenu en 1790 le département des PyrénéesOrientales.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
1. La découverte archéologique : A l’occasion du tracé d'une voie rapide
entre Perpignan et Canet-en-Roussillon, les archéologues découvrent en 1996
trois habitats groupés tout proche les uns des autres (à moins de 500 m) :
deux habitats autour d'un château et un autour d’une église et de son
cimetière. Exercice de localisation.
VOIE RAPIDE
LIEU DE LA
DECOUVERTE
ARCHEOLOGIQUE
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
VOIE RAPIDE
HABITAT CASTRAL
HABITAT CASTRAL
HABITAT ECCLESIAL
LIEU DE LA
DECOUVERTE
ARCHEOLOGIQUE
Rappel de l’utilisation de Google Maps
(angle de vue, échelle…)
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
2. Les travaux en archives des archéologues :
Ils recherchent d’abord le nom de ces villages et le vocable de cette église, qui n'ont
pas laissé de trace dans les noms de lieux actuels (toponymes).
On peut faire travailler par groupe sur les documents suivants avec un questionnaire.
Atlas Van der
Hagen (1662)
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Carte de Cassini
(fin du XVIIIe s.)
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les chercheurs recueillent ensuite des
informations sur le Roussillon médiéval et
plus particulièrement sur les seigneurs de
Vilarnau et sur l’église Saint-Christophe.
Sur cette chronologie du comté du
Roussillon, on peut attendre des élèves
qu’ils rappellent (connaissances de
Cinquième) que l’« indépendance » des
années 991-1172 est en fait liée à la
dissolution du pouvoir royal, que l’on qualifie
parfois d’« anarchie seigneuriale » et qui se
caractérise par la multiplication des
seigneuries et des châteaux
(incastellamento de Pierre Toubert) ainsi
que des villages (encellulement de Robert
Fossier).
Le comté passe ensuite sous la domination
des rois d’Aragon et de Majorque.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Aux Archives départementales des
Pyrénées-Orientales, les archéologues
retrouvent des documents médiévaux sur
les seigneurs du comté du Roussillon.
Les élèves rappellent ce qu’est une scène
d'hommage et les termes du contrat écrit.
(Miniature extraite du Capbreu de Tautavel,
XIIIe siècle)
Aux Archives de la couronne d'Aragon, à
Barcelone, le Liber feudorum maior du XIIe
siècle (questionner le nom) complète leurs
informations. En voici une miniature.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les chercheurs reconstituent ainsi une
partie de la généalogie des seigneurs de
Vilarnau (leur nom vient du mot latin « villa »
ou domaine et du nom germanique Arnald
ou Arnaud).
Ces seigneurs font partie aux XIIe-XIIIe
siècles d’une pyramide féodo-vassalique
dominée par le roi.
Rappeler que le seigneur, principal
propriétaire foncier, dispose de la puissance
politique, militaire, judiciaire et économique.
Notion d’« ordre seigneurial » (Dominique
Barthélémy) à questionner par rapport à
celle d’« anarchie seigneuriale ».
Préciser que le « fief » recouvre des réalités
variées : bien, pouvoir sur la terre ou sur les
habitants, droit particulier
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les seigneurs de Vilarnau apparaissent
dans les archives vers 1014.
On retrouve dans les textes les grandes
obligations des vassaux (rappel : ost…) :
- en 1165, Guillem et Pere de Vilarnau, ainsi
que d'autres chevaliers sont appelés pour être
témoins de l'hommage de fidélité que prête
Ramon-Udalgar Ier vicomte de Taxo à Girard II
comte de Roussillon
- en 1186, ce même Guillem de Vilarnau mène
la guerre avec le roi Alphonse II d'Aragon
contre les Maures (Sarrasins) de l'île de
Minorque et la conquête de celle-ci.
Importance des femmes dans la
transmission des biens
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
La lignée de Vilarnau s’arrête avec Raimon de Vilarnau. Sans héritier mâle, il solde une grande
partie de ses biens, sa fille préférant épouser le seigneur d’un autre lieu. Une autre hypothèse
est que son fils ait préféré la vie de troubadour : on retrouve un Guillem de Vilarnau à la cour de
l'infant Pierre d'Aragon entre 1267 et 1275 (évocation de la littérature courtoise).
Toujours est-il qu’en 1221, Raimon cède aux habitants de Canet, en accord avec son suzerain
direct, l’usage de l’eau du moulin banal. La même année, il vend le prieuré de Saint Pierre de
Fenouillet avec tous les droits de justice. En 1228, il coupe sa seigneurie de Vilarnau en deux
parties : la seigneurie de Vilarnau d’Avall avec son château et la seigneurie de Vilarnau
d'Amont avec son église dédiée au culte de saint Christophe. C’est la première fois
qu’apparaissent dans nos sources ces trois noms complets. En 1244, il cède une partie de ses
droits aux habitants de Perpignan. Vers 1250, il fait donation au monastère cistercien de
Vallbone (près d’Argelès) de Vilarnau d’Amont. En 1251 il prête un dernier hommage au roi
Jaume 1er le Conquérant.
Insister sur le fait que les seigneuries peuvent être laïques et ecclésiastiques et sur l’essor des
libertés au XIIIe siècle.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
En 1258, le seigneur de Canet, suzerain de Raimon de Vilarnau, inféode Vilarnau d'Avall à
Simon de Villalonga, un autre seigneur local, lui aussi sans héritier : sa fille Sibylle épouse
Jacme de Vallgornera, qui devient ainsi seigneur de Vilarnau d’Avall. Les rois de Majorque
confirment aux seigneurs de Canet leur fief de Vilarnau d’Avall (1312 et 1327). Mais Pierre IV
d’Aragon lance une expédition pour rattacher ces terres à son royaume : en 1343, ses troupes
mettent le siège devant Vilarnau d’Avall et « brûlent tout ». Les recensements royaux dans
l’évêché d’Elne montrent que le nombre de feux (foyers) de Vilarnau d'Avall et de Vilarnau
d'Amont ne cesse de diminuer dans la seconde moitié du XIVe siècle. Cet effondrement de la
population fait que le curé du lieu concède une réduction des dîmes du blé, de la vigne, des
oliviers, de la laine, des agneaux et des volailles. L’évêque d'Elne préfère finalement unir la cure
de Saint-Christophe de Vilarnau au chapitre cathédral (notion introduite dans la séquence sur
l’Eglise) de Saint-Jean de Perpignan en 1443 ; Vidal de Vallgornera fait de même en vendant en
1486 à cette communauté son fief de Vilarnau d’Avall. L’église n’est pas totalement négligée
pour autant, ce qui prouve des remontées de population : on note des travaux en 1493 et en
1578. Mais elle disparaît peu à peu des sources au XVIIe siècle, signe de son abandon.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les archéologues cherchent ensuite ce qui pourrait expliquer la naissance à cet endroit d’un
groupement de population. Ils constatent que le site est proche de la voie Domitienne ou «
chemin de Charlemagne » (Sud-Nord) et se trouve sur la route longeant la bordure de la
terrasse de la basse plaine alluviale de la Têt (la Salanque) et menant à la mer (Ouest-Est).
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Si on ne trouve aucune trace d’un groupement de population durant le Haut Moyen Âge, la
plaine de la Têt était, à l’époque carolingienne, mise en valeur (assèchement des marais et
marécages par des canaux de drainage, culture du blé, moulins à eau). Les archéologues
s’aperçoivent que le site domine un réseau hydrique complexe (cf. Géoportail).
LA TET
LA BASSA
CANAL DU MOULIN DE CANET
HABITAT CASTRAL
HABITAT CASTRAL
HABITAT ECCLESIAL
LIEU DE LA
DECOUVERTE
ARCHEOLOGIQUE
VOIE RAPIDE
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les archéologues analysent aussi la position dominante du château d’Avall. Ils survolent le
site en avion et prennent des clichés de la falaise avant les fouilles. (Vue aérienne oblique)
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
La tour du château domine la plaine.
(Les lanières visibles en contrebas sont des serres).
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les archéologues dressent une carte du relief avec les courbes de niveau.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les archéologues recherchent le tracé de parcelles dans le cadastre napoléonien,
qui est dressé avant les remembrements liés à la mécanisation et laisse donc
apparaître certains tracés anciens (chemins, lits de rivière, champs…). Ces petits
champs au pied du château correspondent-ils aux tenures villageoises ?
TERROIR DU
VILLAGE ?
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Le château d’Avall se serait installé sur un éperon, sur le rebord de la terrasse, pour à la fois
être naturellement protégé d’un côté et pour surveiller les aménagements de la riche plaine
alluviale (champs, canaux, moulins) sur lesquels le seigneur prélevait des redevances.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Quel bilan des recherches en archives ?
- Sur la chronologie du site, trois étapes apparaissent dans les sources, que l’on
retrouve ailleurs en Europe : un regroupement castral au tout début du XIe siècle, une
apogée au XIIIe siècle avec l’essor d’une paroisse, un déclin à partir du second tiers du
XIVe siècle.
- Sur la féodalité, une insertion progressive des seigneurs de Vilarnau dans un réseau
hiérarchique de vassalité fait de droits et de devoirs. Les paysans semblent subir
totalement ces relations sans participer aux décisions concernant la seigneurie.
- Sur l’économie de la seigneurie, une dominante céréalière avec peut-être un
commerce du grain ou de la farine (voies importantes de communication, meunerie
très développée).
- Sur la vie de la communauté paysanne, très peu d’informations : les textes ne
s’intéressent pas aux vilains et aux serfs.
Les fouilles archéologiques ont-elles confirmé certaines de ces hypothèses ?
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
3. La fouille du village castral de Vilarnau d’Avall et du sanctuaire de Saint-Christophe
EGLISE
SILOS A GRAIN
La fouille permet de dater la construction de
l’église de l’extrême fin du IXe s. et non du
XIIIe s. comme les sources le laissaient penser.
La fouille de l’église a révélé la présence de
deux silos souterrains, vraisemblablement
liés à la perception et au stockage de
redevances en nature (dîme, rappel).
Le silo est une fosse creusée dans le sol et
tapissée de nattes de sparte ou de gerbes de
froment avant d’être remplie et fermée
hermétiquement. Placé après la moisson, le
grain peut y être conservé plusieurs années. Il
est impossible d’y puiser au fur et à mesure
des besoins par petites quantités car c’est
l’absence d’air qui assure la conservation.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les premiers regroupements de population en
bordure du cimetière apparaissent dans la seconde
moitié du Xe s. : ils consistent en silos et en un
habitat, modeste et peu structuré.
Le clergé souhaite visiblement attirer autour de
l’église St-Christophe une population chrétienne
dispersée et faciliter la collecte des redevances en
nature ; il propose en échange aux paysans
d’abriter leurs récoltes (voire leurs maisons) dans
le périmètre sacré (trente pas autour du cimetière
et de l’église) défini dans les conciles des IXe-Xe
siècles (notamment celui de Toulouges en 1027, à
quelques kilomètres de Vilarnau ; cf Paix et Trêve
de Dieu). C’est donc l’église et non le château qui
attire d’abord la population. On ne peut pourtant
pas parler de « village » car rien ne permet de dire
qu’il y ait eu dès cette époque une organisation
cohérente du terroir environnant et l’apparition
d’une prise de conscience communautaire (insister
sur la définition du village).
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Mais ce pôle de fixation ecclésiastique de
l’habitat est vite concurrencé par un pôle
laïque : les seigneurs de Vilarnau
construisent une place-forte, plus à même
de défendre les paysans en cas d’attaque.
L’habitat se déplace, de gré ou de force, vers
le château.
Le chantier archéologique étudie le rempart
et met à jour une basse-cour du XIe siècle
avec donjon, tour et logis seigneurial.
Un puissant fossé est flanqué d’un rempart
de pierres et de terre.
La basse-cour comprend aussi un
volumineux silo destiné au stockage du grain
prélevé par le seigneur (insister sur les
redevances : les produits de la terre sont à la
base de l’économie rurale).
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Les années 1250-1270 voient le site se
transformer profondément avec la division de la
seigneurie en deux et l’arrivée de nouveaux
maîtres. Ce « beau XIIIe siècle » est une
période de croissance, d’affaiblissement de la
pression seigneuriale et d’essor des « libertés
paysannes ». En Avall, le puissant fossé du
château est comblé et des maisons s’installent
à cet endroit. Les unités de stockage et
d'habitation se multiplient et débordent de
l’enceinte. Le silo seigneurial est comblé. En
Amont aussi, les silos de l’église St-Christophe
disparaissent : les paysans versent-ils les
redevances en argent et non plus en nature ?
En sont-ils exemptés ? Sous les abbés de
Vallbone, le sanctuaire regagne en puissance
(il se dote même d’une tour) et deux bâtiments
viennent s’appuyer sur la face extérieure du
mur de l’enclos.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Mais le déclin s’amorce peu avant le milieu du
XIVe siècle : plusieurs maisons incendiées ne
sont pas reconstruites (expédition de Pierre IV
d’Aragon en 1343 ?). Le village est peu à peu
abandonné, tout comme les deux bâtiments
contre l’église.
Les archéologues mettent à jour dans le
cimetière des sépultures « de catastrophe », où
deux ou trois corps sont placés dans la même
fosse, faute de temps pour creuser d’autres
tombes. L’analyse a révélé la cause de la mort :
une épidémie de peste du milieu ou de la
seconde moitié du XIVe siècle, peut-être la
Peste Noire de 1348.
Rappeler les fléaux des XIVe-XVe siècles.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
La fouille complète du cimetière a permis
d’estimer l’effectif total des décès à au moins
1279 individus sur cinq siècles, ce qui compte
tenu d’une espérance de vie à la naissance
entre 27 et 32 ans aboutit à un effectif moyen
de la communauté de 70 à 80 individus
(peut-être une douzaine de familles aux
alentours de l’An mil et le double au début du
XIVe s.).
Il est toutefois difficile de connaître les
conditions de vie de ces individus. Il n’y a pas
de gestion globale du cimetière (ni par lien de
parenté, ni par sexe, ni par âge, ni par
condition sociale). Les sépultures ne
renferment pratiquement pas de mobilier
funéraire.
Rappeler les progrès techniques avec le soc en fer.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
La fouille des maisons ne permet pas
de différencier les statuts sociaux. Il
semble que les paysans ne fassent pas
de leur maison le signe extérieur de leur
richesse ; leur intérieur reste sans doute
assez éloigné de leur véritable niveau
d’aisance. L’habitat est austère et avant
tout utilitaire : il n’y a pas ou peu de
fenêtre et pas d’intimité car seule existe
une pièce unique (on parle de «
maison bloc »). Mais on note des
évolutions selon les époques : la
fermeture à clé de la porte, l’apparition
du lit et non plus la couche à même le
sol, l’aménagement d’un foyer construit
et non plus le feu à même la terre, la
suspension au mur de petites éléments
de luxe, la multiplication de l’outillage et
de l’équipement de fer, la diversification
du vaisselier de céramique…
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Bilan de l’étude.
Ce travail a occupé 2 heures sur les 4 heures disponibles. Restent donc 2 heures.
I. La féodalité (réalités, imaginaire et symbolique)
I. 1. De quel pouvoir seigneurial témoigne le « blanc manteau de châteaux » qui
recouvre l'Europe ?
L'exemple étudié a permis, comme le proposent les Ressources de la DGESCO –
IGEN, de montrer que si « le château se place peu à peu au cœur du système de
serments, d’hommages, et de pouvoirs, [...] il faut relativiser sa fonction militaire,
c’est un centre d’exploitation agricole et artisanale, un lieu d’habitation
aristocratique, la manifestation du statut social du seigneur, symbolique de son
pouvoir ».
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
I. La féodalité (réalités, imaginaire et symbolique)
I. 2. Une noblesse remodelée par la chevalerie ? (1 heure supplémentaire)
L'exemple étudié a permis de parler du système des trois ordres et du fait que la
chevalerie prédomine et d’évoquer à peine l’amour courtois. Il convient ici de
consacrer une heure à la question des liens entre idéologie nobiliaire et idéaux
chevaleresques.
I. 3. Quelle est l'importance réelle de la vassalité ?
L'exemple étudié a permis de présenter « la prégnance de la vassalité [...], la
question du fief et de la cérémonie de l’hommage » et leur dimension symbolique.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
II. La vie des communautés paysannes (travail de la terre, sociabilités…)
II. 1. Pourquoi apparaissent entre le XIe et le XIIIe siècle des communautés
paysannes ?
L'exemple étudié a permis de « travailler avec les élèves sur les causalités
multiples et l’interdépendance des facteurs explicatifs du phénomène
communautaire [qui] se fortifie entre le XIe et le XIIIe siècle [avec] le passage d’un
habitat rural alto-médiéval mobile et très diffus avant l’an mil, à un réseau de
villages ou hameaux peu à peu organisés autour d’églises ou d’oratoires. Ensuite,
parallèlement, l’émergence de l’esprit communautaire serait la résultante de
«
l’offensive pastorale » de la réforme grégorienne ».
On peut rappeler pour ce dernier point la reprise en main par l'Eglise de la violence
seigneuriale (Paix et Trêve de Dieu mais aussi expéditions armées comme
exportation de la violence et donations pro anima qui accroissent son patrimoine).
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
II. La vie des communautés paysannes (travail de la terre, sociabilités…)
II. 2. Quelles formes prend le phénomène communautaire et comment se
manifeste-t-il ? (1 heure supplémentaire)
L'exemple étudié a permis d'appréhender « l’amélioration de la condition paysanne,
l’indépendance accrue vis-à-vis du seigneur, les évolutions du travail agricole ».
Ici, il convient de dégager une heure sur la « sociabilité d’origine religieuse et
agraire » (groupes de pression pour une reconnaissance en justice, défense des
biens communaux, obligation commune d’assister à la messe et de partager la
célébration des fêtes, associations charitables...) voire sur des solidarités plus
politiques (les formes de démocratie au village).
L’ évaluation finale peut prendre la forme de l’explication d’un document portant par exemple
sur le site de Charavines, lui aussi bien documenté et disposant d’un riche site Internet dédié.
Seigneurie, paroisse et village en Roussillon
Bibliographie :
Aymat Catafau, Richard Donat et Olivier Passarrius, Vilarnau, un village du Moyen Âge en
Roussillon, Éditions Trabucaire, 2008, 520 p. (l’ouvrage de référence, sur commande en librairie).
Trois ouvrages clés chez Armand Colin dans la collection U Histoire :
Philippe Contamine, Marc Bompaire et al., L’économie médiévale, 3e éd., 2003.
Joseph Morsel, L'Aristocratie médiévale. La domination sociale en Occident (Ve-XVe siècle),
2004.
Laurent Feller, Paysans et seigneurs au Moyen Age : VIIIe-XVe siècle, 2007.
Trois autres classiques :
Georges Duby, Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, Gallimard, 1978.
Dominique Barthélémy, La Mutation de l’An Mil a-t-elle eu lieu ?, Fayard, 1997.
Monique Bourin, Robert Durand, Vivre au village au Moyen Âge. Les solidarités paysannes XIeXIIIe siècles, rééd. PU Rennes, 2001.