La civilisation occidentale

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La civilisation occidentale
Cours de Mme Evguénia
MADELAINE
Maître de conférences
Sommaire :
Introduction
I. L’héritage de l’hellénisme
II. L’héritage de Rome
III. L’héritage du christianisme
IV. L’héritage du Moyen Age
V. L’apport des Temps moderne
La civilisation occidentale
-Une civilisation née dans l’Antiquité au
bord de la Méditerranée et qui s’est
développée à l’époque moderne sur les
deux rives de l’Océan Atlantique.
-Une civilisation qui a réalisé une
synthèse harmonieuse de plusieurs
héritages antiques: la pensée grecque,
l’autorité romaine, la spiritualité judéochrétienne.
-Une civilisation qui se caractérise par un
attachement très marqué à la liberté et
par une aptitude particulière à la pensée
scientifique et à ses application
technique, et à la dignité de l’homme.
-Une civilisation qui est née dans le berceau
méditerranéen, où s’est développée déjà
la civilisation égyptienne (esclavagisme et
irrigation) à partir du IV ème millénaire
av.JC.
Les peuples indo-européens arrivent dans la
région entre le 3 ème et le 1 er millénaire
av.JC. La préhistoire se termine au début
du 1 er millénaire:
l’homme occidental possède déjà des
techniques (agriculture, métallurgie,
céramique) qui seront à la base des
civilisations futures.
La Civilisation grecque s’épanouit entre le
VIIIème et le IVème siècl av.JC.
- Ici, les liens entre Géographie et Histoire
sont très forts :
un territoire restreint disposé autour de la
Méditerranée;
un relief varié et souvent très accidenté, ce
qui favorise l’individualisme régional, mais,
partout les communications sont
possibles:
les cols alpins sont pratiqués dès la
Préhistoire, et la mer permet une
navigation facile.
- Une forte interpénétration des terres et
des mers, ce qui favorise la vie de
relations et le commerce;
- Un climat modéré, chaud et sec en été,
mais sans chaleur accablante, ni froid trop
rigoureux, ce qui a favorisé le
développement d’une Civilisation agraire
fort ancienne…
L’Europe est le seul continent sans désert!
- Des sols de fertilité inégale, mais aux
possibilités variées: incitation aux échanges!
- Des ressources minérales longtemps
suffisantes aux besoins
Donc, au total, des conditions favorables, mais
exigeant de l’homme du travail, de l’initiative,
et de l’organisation.
I.
L’héritage de l’hellénisme
Le cadre : la montagne et la mer
- Une Civilisation maritime, la mer est un lien
entre toutes les îles de la mer Égée=la
terre est toujours en vue, le commerce est
fructueux et la colonisation possible.
- Le cadre était favorable à la naissance des
cités grecques indépendantes. C’est
l’origine de quelques traits fondamentaux
de la Civilisation occidentale :
L’individualisme, le goût du concret, la
méfiance envers les théories, le sens des
liens qui unissent l’individu à l’individu :
solidarité individuelle et non pas tribale comme
dans les pays de plaines.
- La Civilisation grecque s’est élaborée à partir
du VIIIème s.av.JC. Apogée aux Vème et
IVème siècle av.JC.
- Expansion grecque dans tout le bassin
méditerranéen.
La Grèce est l’une des sources les plus
riches de la civilisation occidentale ; elle a
marqué profondément le monde romain et
ses héritiers; puis la Renaissance
(fin 15ème, début 16ème siècle) a renouvelé
et approfondi son influence.
- L’apport de la Grèce se situe à 3 niveaux :
Au niveau intellectuel
Les Grecs ont été les premiers à avoir
appliqué leur réflexion à la nature (et au
destin de l’homme): ils ont créé la
philosophie et leur pensée reste très vivante:
Platon et Aristote restent des auteurs très
étudiés. L’homme devient un sujet de
connaissance: cf le précepte de Socrate:
« Connais-toi toi-même »
Les civilisations orientales avaient dressé
des inventaires des connaissances, mais
elles restaient dans l’étroite dépendance
des religions : elles ignoraient l’idée de
progrès.
Les Grecs sont les premiers à avoir fait
confiance à la raison pour expliquer l’ordre
de la nature ; ils ont permis l’essor de la
pensée scientifique.
Ils sont passés de l’empirisme à une méthode
rationnelle d’où la notion de progrès…
Ainsi sont nées la physique (Aristote), la
médecine (Hippocrate). Des sciences
fondées sur l’observation, refusant le
secours de la magie…Thalès de Milet, au
VIème siècle, interprète les données
astrologiques
qu’il
a
reçues
des
Babyloniens,
données
purement
descriptives, et le calcul lui permet de prévoir
l’éclipse de soleil du 25 mai 585.
L’arithmétique était connue des commerçants
phéniciens pour leur comptabilité, Pythagore
en a tiré la théorie des nombres;
Au niveau politique
Nous leur devons 3 notions essentielles:
- La notion de patriotisme : le Grec aime la
cité qu’il habite, il s’efforce de l’illustrer par
sa force (Jeux Olympiques) ou son talent.
Il donne sa vie au combat (Athéniens contre
Spartiates).
- La notion de liberté: Certes, les lois de la cité
sont souvent contraignantes, mais elles sont
librement acceptées par les citoyens.
Les Grecs méprisent les sujets du Roi de
Perse; ils les considèrent comme des
esclaves.
- La notion de démocratie (cf le mot : demos: le
peuple; polis signifie la cité). Il s’agit certes
d’une démocratie imparfaite puisque les
citoyens ne sont pas la majorité (esclaves,
femmes et métèques sont exclus),
Mais c’est une démocratie vivante avec ses
assemblées délibérantes, ses magistrats
élus par le peuple (les stratèges), ses
tribunaux populaires, etc.
Aristote a étudié la vie des cités grecs («la
politique») et les régimes politiques
(monarchie, aristocratie, démocratie, etc.).
Il a fondé la « science politique ».
De même, les notions d’anarchie, de
démagogie, de despotisme et de tyrannie
ont été définies par Aristote.
Seule Rome apportera un mot nouveau:
« Res publica »: la chose publique,
l’affaire de tous, la République.
Au niveau esthétique
Nous leur devons la notion même de beau
sous tous ses aspects
- en littérature, les Grecs sont les créateurs du
théâtre (Eschyle, Sophocle, Euripide et
Aristophane), de l’Histoire
(Hérodote,Thucydide), de l’art oratoire
(Démosthène);
- Sur le plan artistique l’influence de leurs
créations en architecture comme en
sculpture (marquées par le sens aigu de la
mesure et de l’harmonie (cf. les temples
grecs)) a été telle que d’innombrables
artistes les ont copiées (parfois platement),
Aussi bien dans l’Antiquité que depuis la
Renaissance…
Le souci de développer harmonieusement le
corps humain par la pratique du sport (les
Jeux Olympiques : les derniers ont eu lieu en
393. Ils ont été restaurés en 1896 par le
Baron Pierre de Coubertin).
L’apport des Grecs est donc fondamental : la
raison, la liberté, la beauté, chacun de ces
termes souligne l’importance attribuée à
l’homme, longtemps sous-estimé par les
grands empires orientaux.
La pensée grecque a été la première pensée
humaniste :
cf. le mythe de Prométhée dans la mythologie
grecque.
La tragédie d’Eschyle nous présente un
héros qui s’est révolté contre Zeus, et qui
s’est emparé du feu du ciel pour le donner
aux hommes. Grâce au feu, l’humanité a
cessé d’être inactive et a pu développer
l’industrie et les arts.
En punition, Prométhée fut attaché à un
rocher; un aigle lui dévorant le ventre
jusqu’à la fin des temps.
Prométhée symbolise la révolte des
hommes contre les forces obscures, leur
volonté de connaissance et d’aventure;
le sens profond du mythe est que l’homme
ne doit pas subir, il doit agir pour améliorer
sa condition.
Les Civilisations de droit divin (l’Égypte des
pharaons, Dieux-rois) sont mortes, les
Civilisations basées sur l’homme ont
survécues…
II.L’héritage de Rome:
L’empire romain(Vème siècle av JC Vème s.
après JC aservi de cadre à la diffusion de
l’hellénisme, puis du christianisme. L’apogée
se situe du 1er s.av.JC.au IIIème s. ap.JC.
Nous devons à Rome 3 apports essentiels :
- la notion de droit, opposé à l’arbitraire et à la
force brutale, le droit écrit s’oppose
désormais au droit coutumier des peuples
barbares.
Tous les codes juridiques modernes
s’inspirent plus ou moins du droit romain
pour définir le régime des biens et des
personnes, par exemple : le régime de la
propriété.
- Le sens de l’autorité publique : l’État est
tout puissant, au dessus de l’individu; il est
centralisé car l’Empire est vaste;
l’administration assure l’ordre et la paix
dans l’Empire par l’intermédiaire des
préfets.
- L’exemple de grands travaux destinés à
maîtriser la nature: les voies romaines, les
ponts, les aqueducs etc., les Romains ont
été des bâtisseurs.
Exemple d’une architecture utilitaire qui
survivra longtemps à l’Empire.
(nombreux vestiges en France)
Rome a unifié le monde méditerranéen
politiquement et économiquement, d’où la
diffusion du Latin, langue internationale
jusqu’à la Renaissance et dont les langues
romanes sont aujourd’hui les héritières,
y compris dans les Balkans (cf. la langue
roumaine, une langue latine au milieu des
langues slaves).
Mais, du Vème s. au VIIIème s., une série
d’invasions « barbares » bouleverse le
monde romain.
Venus d’Europe orientale, les Germains
envahissent la partie occidentale de l’Empire,
occupant l’Allemagne (les Alamans), l’Italie
(les Lombards), la Gaule (les Francs, les
Burgondes, etc…), l’Angleterre (les Angles et
les Saxons). Les Celtes sot refoulés en
Irlande, en Écosse, dans le Pays de Galles,
etc…
Naissance des Civilisations romanes (qui
empruntent des éléments à Rome et aux
horizons plus larges que la Méditerranée.
A partir du VIIème s., la conquête arabe
arrache au Monde occidental toute
l’Afrique du Nord et la majeure partie de
l’Espagne occupée au Vème s. par les
Wisigoths.
III. L’héritage du christianisme: un héritage
judéo-chrétien
1. Le judaïsme est la plus ancienne des
religions monothéistes, fondée par
Abraham. Le peuple juif apportait un
message spirituel contenu dans la Bible
(l’Ancien Testament) et le Talmud:
Dieu est unique et il est le Créateur du monde;
Moise a été le plus grand des prophètes, et la
Loi, la Torah, a été donnée par Dieu à Moise;
Dieu récompense ceux qui accomplissent
ses commandements et punit ceux qui les
transgressent; il enverra le Messie annoncé
et rappellera les morts à la vie.
Tout fidèle doit s’efforcer d’accomplir la volonté
divine.
2. Le christianisme,
sans renier le Judaïsme, lui ajoute une
révélation: le mystère de la Trinité divine, de
l’Incarnation du Fils Jésus Christ (parmi les
hommes) et de la Rédemption par la Croix
qui a effacé le péché originel.
Pour les chrétiens, Jésus est le Messie
annoncé dans l’Ancien Testament.
La doctrine chrétienne est basée sur
l’immortalité de l’âme (déjà contenue dans
le platonisme) et la résurrection du corps,
la loi de l’amour du prochain, étape
indispensable vers l’amour de Dieu: c’est
l’impératif de charité.
La doctrine, contenue dans les textes du
Nouveau Testament (1er s. ap.J.C.) fut
précisée par les « Pères de l’Eglise », tel
Saint Augustin (354-430)
qui affirme la possibilité pour l’homme d’un
salut avec l’aide de la grâce qui se répand
par les 7 sacrements:
- le baptême, la communion, le mariage, la
confirmation, l’ordination, la pénitence et
l’extrême onction, et que l’Église visible et
hiérarchisée sous la direction des Papes
est l’unique organisation de salut, et
qu’elle jouit d’une sainteté objective.
- Le Christianisme affirme la primauté de la foi
sur l’intelligence, de la vie spirituelle sur les
biens matériels.
- C’est une religion du salut individuel :
chaque homme peut atteindre Dieu. « Aidetoi et le Ciel t’aidera! » L’accent est mis sur
l’individu. L’individualisme occidental va se
trouver ainsi renforcé.
- Le christianisme s’est diffusé grâce à
l’unité du monde romain et à la prédication
d’apôtres zélés tel Saint-Paul dont les
Épîtres s’ajoutent aux évangiles de
Matthieu, Marc, Luc et Jean (premiers
textes du Nouveau Testament).
Malgré les persécutions et les hérésies, la
communauté chrétienne
s’organise dans le cadre de l’Empire (les
diocèses),
se hiérarchise (les évêques)
et s’impose au IVème siècle, alors que le
déclin de Rome commence.
En 313, par l’édit de Milan, l’Empereur
Constantin se convertit et reconnaît
officiellement le Christianisme;
la liberté des cultes est proclamée,
le monachisme se développe,
le paganisme recule.
L’Église de Rome, fondée par l’apôtre Pierre,
prend peu à peu le premier rang dans la
direction de l’Église catholique (du grec
« katholikos » :universel)
mais, en 451, est créé le patriarcat de
Constantinople, siège de l’Église d’Orient.
Lors des grandes invasions du Vème s.,
alors que l’Empire Romain s’effondre,
l’Église chrétienne réussit à maintenir ses
institutions;
progressivement, les peuples barbares se
convertissent.
Clovis, Roi des Francs, est baptisé à Reims
en 496 ou 499.
Tous les textes religieux étaient rédigés en
latin, les seules écoles étaient celles des
monastères,
c’est donc par le canal de l’Église chrétienne
que l’héritage gréco-romain est transmis
(en partie) à l’Occident.
3.Mais l’unité des chrétiens est rompue
- Au XIème s., par le Grand Schisme de 1054
entre l’Église d’Occident et d’Orient
(Byzance).
Les Chrétiens « orthodoxes » se séparent
des catholiques et ne reconnaissent plus
l’autorité du Pape Léon IX.
- La catholicité (universalité) est revendiquée
par l’Église romaine comme son attribut
propre et distinctif.
Outre les Écritures saintes, le catholicisme
admet comme source de révélation la vie
même de l’Église et les expériences
spirituelles.
Une véritable monarchie pontificale se
forme, et l’Inquisition est créée en 1231
pour lutter contre les hérésies.
Les luttes entre la Papauté et le pouvoir
temporel entraînent de nouveaux
schismes, et la décadence du pouvoir
spirituel des Papes.
Le recrutement des membres du Clergé est
corrompu: le pouvoir temporel intervient
dans la distribution des charges et
bénéfices ecclésiastiques (revenus
attachés à une dignité ecclésiastique).
Le luxe et la richesse de l’Église romaine
paraissent fort éloignés de l’exemple
donné par le Christ et favorisent le
développement d’hérésies.
- La doctrine de l’Église Orthodoxe est
conforme dans l’ensemble à celle de
l’Église Catholique.
- Les principaux points de divergence sont
les suivants:
- Non reconnaissance de l’autorité du Pape
- L’autorité de l’Église est collégiale, à
travers notamment les conciles (assemblées
d’évêques et de théologiens qui décident des questions
de doctrine et de discipline ecclésiastiques).
-Reconnaissance exclusive des 7 premiers
Conciles (avant 1054)
-Organisation en Églises autonomes qui
élisent leurs patriarches
-Non obligation du célibat ecclésiastique
-Une liturgie plus solennelle
-Rejet de l’existence du Purgatoire
-Place importante accordée au culte des
images (icônes)
- Au XVIème s., par la Réforme et la
naissance des Églises protestantes
A la crise de l’Église catholique romaine
s’ajoute la crise de la pensée religieuse :
beaucoup d’esprits pieux se demandent si
l’enseignement de l’Église est conforme aux
Écritures.
Les humanistes prétendent retrouver l’esprit
véritable du christianisme dans la lecture
directe de l’Ancien et du Nouveau
Testament.
La pensée des humanistes chrétiens
correspond aux aspirations d’un grand
nombre de fidèles.
Ces aspirations, non seulement à une
réforme mettant fin aux abus de l’Église
mais aussi à un renouveau de la piété et
de la spiritualité chrétiennes, conduisent à
la Réforme.
Martin LUTHER, moine, théologien
allemand, s’oppose à la vente des
« Indulgences » (remises des peines dues
aux péchés par les Papes pour financer
des constructions comme la Basilique St
Pierre à Rome, mais aussi leurs fêtes) en
Allemagne et dénonce la décadence
morale du Clergé et de la Papauté et la
trahison de l’Evangile.
En 1517, il publie 95 thèses qui marquent le
début de la Réforme et le désir de revenir à
une Église purifiée. Condamné par le Pape
en 1520, Luther lui oppose la primauté de
l’Écriture Sainte (il traduit le Nouveau
Testament en allemand).
Est rejeté tout ce qui n’est pas dans l’Écriture;
est admis ce qui n’est pas contraire à
l’Écriture – Luther est excommunié en 1531.
- Jean CALVIN, homme d’Église né en
Picardie, adhère aux idées réformistes
vers 1530, se réfugie à Bâle où il publie,
en 1536, sa doctrine de la prédestination
(chaque homme est destiné à être sauvé
ou damné).
Dès 1541, il organise une nouvelle Eglise à
Genève.
-Le protestantisme se distingue du
catholicisme par:
La non-reconnaissance de l’autorité du Pape
et des Conciles
La reconnaissance d’une seule autorité
souveraine sur la loi et la vie de l’Église : la
parole de Dieu entendue dans l’Écriture
Sainte. Le croyant est seul face à Dieu.
La prédiction du salut de l’homme par la seule
grâce de Dieu (et non par les œuvres)
Le rejet de la messe et de la plupart des
sacrements (sauf le baptême, la communion)
La simplification de la liturgie: le culte est ramené
à la prédication, aux prières et aux psaumes
(chants religieux)
Une organisation très décentralisée des Églises
La non obligation du célibat pour les pasteurs
L’inexistence du culte de la Vierge et des Saints
La suppression du clergé régulier (des
monastères)
-Le luthéranisme s’implanta en Allemagne et
dans les pays scandinaves,
tandis que le calvinisme se développa
surtout en France, en Suisse et aux Paysbas.
Alors que l’Église catholique se veut
universelle, la Réforme a donné naissance
à des Églises nationales.
Les préoccupations des protestants
concernent davantage les questions morales
et sociales que les problèmes théologiques
et dogmatiques.
Puisque le salut ne peut être obtenu que par la
grâce de Dieu, l’homme est disponible pour
entrer dans le monde et y être utile :
beaucoup de protestants s’engagent dans le
combat pour la démocratie et contre
l’intolérance.
L’emprise de l’Église catholique sur toute la
pensée et la vie intellectuelle et artistique a
été très forte au Moyen Age (la civilisation
des cathédrales) et le monde occidental doit
son unité au fait qu’il a été christianisé;
même si les Occidentaux ont souvent
désappris le chemin des églises, le
christianisme reste une réalité essentielle de
la vie quotidienne, même pour les athées:
Ainsi les règles de la morale, le respect de
la personne humaine, la valeur du travail,
le rôle de la femme, etc., dérivent du
sentiment chrétien.
De même, le calendrier, les prénoms, et de
nombreuses fêtes (Noël, Pâques, etc…)
De même, l’empreinte chrétienne marque
nos paysages ruraux (les clochers, les
calvaires)
et nombreuses sont les communes qui
portent des noms saints:
Sainte-Etienne, Saint-Omer,etc.
En France, plus de 1 village sur 10 porte le
nom d’un saint, soit plus de 4000 villages.
IV. L’héritage du Moyen Age
On a souvent considéré cette période (du
VIème au XVème s.) comme une transition
entre l’Antiquité et les Temps Modernes, une
période vide et obscure.
On a parlé de « la nuit du M.A. » En réalité, le
MA a conservé une bonne part de l’héritage
antique au sein de la Chrétienté, et même
ajouté à la Civilisation Occidentale des
valeurs nouvelles.
4 apports essentiels sont à distinguer:
1.La naissance de l’Europe Politique:
le MA a vu la rupture de l’unité romaine,
l’émiettement féodal par la création de liens
de vassalité entre les membres de la
Noblesse, et la naissance d’États barbares
(suite aux invasions).
De ce chaos émergent, aux XIVème et
XVème s.les premiers Etats modernes:
l’Angleterre, la France, l’Espagne (14691492).
Ce morcellement de l’Europe est illustré par
la naissance des langues et des
littératures nationales.
2.L’apparition d’une société nouvelle,
dominée par une noblesse terrienne (la
chevalerie), aux goûts belliqueux,
à qui nous devons notamment le sens de
l’honneur, le goût de la propriété foncière,
le prestige du métier des armes et de la
bravoure.
C’est la naissance aussi d’une bourgeoisie
urbaine, aux débuts modestes, à partir du
XIème s.surtout, avec la naissance des
communes;
une nouvelle classe sociale, celle des
« bourgeois », promise par son travail et
sa richesse croissante à un bel avenir;
elle forme alors une classe moyenne entre
l’Aristocratie et les paysans.
3.Le développement de l’art chrétien:
la foi, ferveur religieuse due aux difficultés
du temps: guerres, famines, épidémies,
etc… suscite un essor artistique dont
l’Europe garde le témoignage dans les
églises et ses cathédrales (cf.l’Art roman
Xème-XIIème siècle et l’Art gothique
XIème-XIVème siècle)
4.Des progrès techniques, grâce aux contacts
avec l’Orient et l’Islam (Espagne, Croisades).
L’Europe s’enrichit de technologies nouvelles:
l’irrigation, le progrès des transports grâce à
une meilleure utilisation du cheval (collier
d’attelage) et du navire (boussole,
gouvernail), l’apparition des armes à feu,
la technique de la banque et de la comptabilité
(en Italie) grâce aux banquiers lombards.
Si la tradition médiévale est moins
importante que celle de l’Antiquité,
le M.A. contient cependant en germe bien
des aspects politiques, économiques et
socioculturels du monde moderne.
V. L’apport des Temps Modernes (à partir
de la fin du XVème siècle)
3 grands bouleversements ouvrent les temps
modernes :
La Renaissance, les Grandes découvertes,
et la Réforme
-La Renaissance :
l’Occident, grâce aux Humanistes comme
Érasme, reprend un contact direct avec
l’Antiquité;
de là un goût nouveau en art et en
littérature: c’est le triomphe du classicisme
(XVIIème siècle) et la naissance de la
pensée scientifique moderne :
cf.Léonard de Vinci (le dernier homme
universel), et Descartes (le discours de la
méthode)
-Les Grandes Découvertes:
Les causes:
-la recherche de débouchés et de matières
premières
-l’esprit missionnaire du christianisme
-la curiosité « moderne »
-les guerres de religion entraînant des
mouvements d’exil.
Les conséquences:
-c’est l’ouverture de continents nouveaux à la
civilisations occidentale, et notamment
l’Amérique dès 1492.
-La Réforme (infra) provoque la rupture de
l’unité chrétienne: une Europe du Nord
protestante s’oppose désormais à une
Europe méridionale restée catholique.
De même, dans le « Nouveau monde »
américain, protestant au Nord, catholique en
Amérique Latine.
-Puis, au XVIIème siècle, la monarchie absolue
abat la puissance politique de la féodalité,
et constitue un État fort et centralisé :
cf. le siècle de Louis XIV en France.
-Le XVIIIème siècle est le siècle des
«lumières» caractérisé par la primauté de la
raison, et la foi dans le progrès: Montesquieu,
Voltaire, Diderot et l’Encyclopédie,
J.J.Rousseau.
-Les XVIIIème et XIXème siècles sont marqués
par trois apports essentiels:
1.La Révolution politique bourgeoise: préparée
par les philosophes du XVIIIème s., elle s’est
affirmée dans l’Indépendance américaine
(1776-1783), et surtout dans la révolution
française de 1789, dont les principes ont
pénétré progressivement la Civilisation
occidentale :
-la souveraineté du peuple remplace la
légitimité de droit divin, favorisant les
progrès de la démocratie,
-la liberté des citoyens ne connaît d’autre
limite que le loi (librement adoptée par la
majorité)
-l’égalité de tous devant la loi : le mérite
élimine les privilèges du sang
Aujourd’hui, si des monarchies subsistent dans
7 États des 25 Etats de l’UE (Espagne, R.U,
pays scandinaves, Benelux),
elles sont constitutionnelles et aussi
démocratiques que les Républiques.
Le souverain ne gouverne pas, il incarne la
continuité de l’État.
2.L’éveil des nationalités et des nationalismes:
le principe de la souveraineté nationale a eu
des effets parfois contraires.
Il a été compris comme le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes (cf.le mouvement des
nationalités au XIXème s.,cf. l’Unité italienne
contre l’Autriche et l’Unité allemande contre
l’Autriche et la France) mais aussi comme le
droit pour une Nation d’annexer, au besoin
par la force, toute une région ayant avec elle
une affinité ethnique ou linguistique:
Cf.le mouvement pangermaniste en Allemagne
au XIXème s., cf. les dictatures fascistes au
XXème s.
En fait, l’exaltation de la nation a accentué les
divisions de l’Europe (et celles de l’Amérique
Latine). L’Europe occidentale compte 18
Etats sur une superficie restreinte : 3600000
km2 (à peine plus que l’Inde),
c’est un handicap évident face aux
superpuissances (USA..et demain, la Chine
et l’Inde)
3.La révolution technique du XIXème siècle,
dans le cadre d’une économie qui devient
capitaliste
Cette transformation s’est produite à partir du
XVIIIème siècle et elle a donné naissance au
monde moderne.
La Révolution agricole (suppression de la
jachère, sélection des semences, utilisation
des angrais, développement de l’élevage) a
entraîné un accroissement démographique
important.
La Révolution industrielle a commencé en
Grande-Bretagne puis s’est diffusée dans les
autres pays européens (France, Allemagne,
etc…).La création de la machine à vapeur a
donné une vive impulsion au machinisme et
permis l’implantation de manufactures qui ont
concurrencé les ateliers artisanaux.
Des capitaines d’industries ont associé les
capitaux aux progrès scientifiques et groupé
les ouvriers dans des usines (naissance du
prolétariat ouvrier alimenté par l’exode rural et
du mouvement socialiste).
-la révolution industrielle (charbon, électricité,
pétrole) a entraîné la révolution des
Transports : les distances se réduisent, les
échanges se développent, et les Européens
colonisent le Monde, Le Royaume-Uni
devient la première puissance mondiale, la
langue britannique devient la langue du
commerce international.
La civilisation occidentale se diffuse en
Amérique du Nord et en Océanie.
-Le système capitaliste s’impose sur un marché
qui tend à devenir mondial.
A l’origine, le capitalisme était commercial et
souvent réglementé.
Au XVIIIème s. se crée un capitalisme libéral
dont le personnage central est l’entrepreneur.
Le capitalisme est familial.
Puis, dès la fin du XIXème s., on assiste à la
substitution du groupe à l’individu.
Les S.A. permettent des concentrations
importantes des moyens de production.
Le personnage central n’est plus
l’entrepreneur, mais le financier.
Conclusion
La Civilisation occidentale prend sa forme
actuelle dès la fin du XIXème siècle. C’est
une Civilisation chrétienne, une Civilisation
basée sur la liberté politique (fondée sur la
démocratie parlementaire, née en Angleterre
au XVII ème s., et le respect des droits
individuels des citoyens ) et sur la liberté
économique (fondée sur la libre concurrence
et la libre entreprise par le profit), même si,
au XXème s., les Etats sont devenus plus
dirigistes (du fait des 2 guerres mondiales et de la crise
des années 30).
Une Civilisation très évoluée: une nature
depuis
longtemps
transformée
et
domestiquée par l’homme (surtout en
Europe Occidentale), des paysages très
humanisés, une urbanisation intense, une
économie généralement moderne, assurant
un haut niveau de vie (sauf en Amérique
Latine), même si des tensions sociales
subsistent (inégalité de revenu et de
fortune…).
Une Civilisation qui est à l’origine de la
mondialisation des marchés,
phénomène majeur de la fin du XXème
siècle.