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DISCIPLINA MILITARIS
Dans l’armée, la discipline est très stricte. Lorsqu’un soldat est enrôlé, il prête un
serment religieux, le sacramentum, par lequel il jure d’obéir à ses chefs militaires. Si
le soldat brise ce serment, on considère qu’il commet un crime contre les dieux et il
devient sacer : quiconque alors a le droit de le mettre à mort.
Sur sa stèle funéraire, Cnaeus Musius,
aquilifer, ou légionnaire chargé de
porter l’aigle, est représenté décoré de
deux torques et neuf phalères.
Ainsi soumis à la discipline de ses supérieurs, le soldat subit un entraînement difficile
et continuel qui lui évitera de sombrer dans l’oisiveté et la mollesse : il marche
quotidiennement plusieurs heures, chargé de son armement et d’un équipement
très lourd, mange frugalement, s’exerce durement et construit à chaque étape un
camp fortifié entouré d’une palissade constituée des pieux transportés par chacun.
Pour récompenser le courage des soldats, des récompenses honorifiques leurs sont
attribuées : éloges (laudes), colliers (torques), médailles (phalerae), armes d'honneur
(hastae purae) ou couronnes (coronae).
Mais les soldats récalcitrants à la discipline sont sanctionnés : privation de la solde
(stipendium) ou de la part de butin (praeda), dégradation, renvoi honteux au
domicile alors que la campagne militaire continue, châtiments corporels. Un soldat
ayant fui devant l'ennemi ou s'étant même juste montré indiscipliné, peut être mis à
mort par décapitation sur ordre du général.
En cas de grave défaite, les chefs militaires peuvent même procéder à la décimation,
decimatio, qui consiste à exécuter au hasard un légionnaire sur dix. Dans ce cas,
l’unité est considérée comme collectivement responsable. Le soldat n’existe plus
que pour sa fonction dans le groupe. Les officiers entretiennent ce patriotisme
d’unité avec le culte rendu aux emblèmes militaires qui personnifient l’unité dans
laquelle servent les soldats. C’est le consul Marius qui donne à la légion son
emblème commun, l’aigle, associé au dieu des dieux, Jupiter.
Le fondement de la discipline romaine réside dans le respect de la hiérarchie et dans
la subordination de chacun à la cité. C’est cette discipline, qualité essentielle du mos
majorum, et les principes de vie qui en découlent – frugalité, sévérité, fidélité aux
engagements, qui a longtemps assuré la supériorité militaire des Romains sur les
autres peuples antiques.
La decursio est une manœuvre militaire destinée à exercer les
soldats et à les former à la discipline. Ainsi Scipion l’Africain faisait
exécuter à ses troupes tous les 4 jours une decursio de quatre
mille pas, soit presque 30 km.
Le mot decursio ou decursus désigne aussi un défilé des soldats
autour de la dépouille mortelle de leur chef.
La couronne civique composée de feuilles de chêne est, pour les Romains, la plus grande récompense militaire.
Elle est attribuée à celui qui a sauvé la vie d'un citoyen romain au cours d'une bataille. Cette décoration est si
estimée à Rome que lorsqu'un citoyen se présente en public coiffé de la couronne civique, les spectateurs se
lèvent lorsqu'il arrive et une place de choix lui est réservée près de celles des sénateurs. Le possesseur de la
couronne civique est exempté de l'obligation de service pour l'Etat.
Les chefs militaires ont le droit de vie
et de mort sur les soldats. Manlius
Torquatus, pour rétablir la discipline et
augmenter le pouvoir de son
commandement, condamne à mort
son fils parce qu’il a vaincu sans son
ordre.
Vocabulaire
Sur ce denier du Ier siècle avant
JC, un aigle légionnaire entre deux
enseignes ou signa. Les enseignes
ont un rôle tactique sur le champ
de bataille et sont l’objet d’un
véritable culte religieux. Toute
enseigne perdue doit être
impérativement
retrouvée.
Auguste envoie Tibère, son fils
adoptif, en Orient pour mener
une action diplomatique auprès
des Parthes visant à la restitution
des enseignes perdues par
Crassus.
- aquila, ae, : l’aigle
- castra, orum, n. : le camp
- corona, ae, f. : la couronne
- disciplina, ae, f. : la discipline
- exemplum, i, n. : l’exemple, le
modèle
- exercitus, us, m. : l’exercice, l’armée
- laus, laudis, f. : la louange, l’éloge
- praeda, ae, f. : le butin de guerre
- sacramentum, i, n. : le serment
- signifer, eri, m. : le porte-enseigne
- signum, i, n. : l’enseigne, le drapeau,
l’étendard, le signal
- stipendium, ii, n. : la solde
Commente l’extrait suivant, Vie d'Hadrien, X.
Pour bâtir le camp qui assurera la sécurité de l’armée, les
soldats doivent se soumettre à des travaux de fortification qui
demandent de gros efforts. Les Romains considèrent le camp
comme une supériorité militaire et morale qu’ils possèdent sur
les Barbares.
« Quoiqu'il préférât la paix à la guerre, il exerça les soldats, comme si la guerre eût été
imminente. Il leur apprit à supporter la fatigue, vécut lui-même en soldat au milieu d'eux,
prit ses repas en leur présence, et se nourrit, comme eux, de lard, de fromage et d'eau
vinaigrée, à l'exemple de Scipion Emilien, de Metellus et de Trajan. Il accorda des
récompenses à un grand nombre d'entre eux, et à quelques autres des distinctions, pour
les encourager à faire ce qu'il en exigeait de pénible. Il mit un frein au relâchement de la
discipline qui s'était instauré après le règne de César Octavien (Auguste) par suite de la
négligence des précédents empereurs. »
Les soldats reçoivent une
éducation qui les préparent à
défendre leur patrie; ils
baignent dans un univers
faisant référence aux exempla
de l’héroïsme romain véhiculés
à l’école, dans les discours
politiques, ou dans les
représentations
iconographiques. Ci-dessous,
une représentation du héros
des
débuts
républicains,
Mucius Scaevola.