L`O S S E RVATOR E ROMANO

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L’OSSERVATORE ROMANO
EDITION HEBDOMADAIRE
Unicuique suum
e
EN LANGUE FRANÇAISE
Non praevalebunt
Cité du Vatican
LXVIII année, numéro 6 (3.467)
jeudi 9 février 2017
Les catholiques et l’Eglise
Au-dessus
de la politique
LUCETTA SCARAFFIA
a position adoptée par le
Pape François, dès les premiers mois du pontificat, en
ce qui concerne des grands thèmes
comme l’avortement, le mariage
homosexuel, l’euthanasie, a été
ferme et cohérente avec la morale
catholique, mais attentive à ne pas
la rattacher à des choix de partis.
De cette façon, il a cherché à arracher les catholiques à l’emprise intéressée des droites. Sans s’écarter
des principes de la morale catholique, il a voulu en effet fuir la politisation que ces questions ont assumée dans la vie de nombreux
pays démocratiques, pour ne pas
se retrouver prisonnier de ce qui
était en train de devenir, à tout
point de vue, un alignement de
l’Eglise sur des positions strictement politiques. Cela a été une
opération difficile, qui lui a valu
de nombreuses critiques, mais
dont on recueille aujourd’hui les
fruits.
La position de l’Eglise sur les
deux thèmes cruciaux de notre
temps, les migrants et la vie, est
claire et autonome par rapport à
la politique, au point qu’elle peut
évoluer librement sans crainte
d’être immédiatement écrasée par
le poids d’une apparente coïncidence. Il s’agit d’un équilibre difficile, qui doit être à chaque fois
réajusté: il est plus facile de s’enfermer dans des positions préconçues et en apparence claires. Une
attitude en partie nouvelle, que
l’on ne peut pas confondre avec le
relativisme, parce qu’elle est fondée sur la profonde conscience
qu’il faut chaque fois choisir, et
que pour le faire, il est fondamental d’évoluer à un niveau plus élevé que celui de la polémique politique.
Du reste, l’Eglise sait depuis
longtemps ce que signifie prendre
les distances de ceux qui, en apparence uniquement, sont des compagnons de bataille: Napoléon,
qui avait rendu plus sévère la législation contre l’avortement, ne
l’avait certes pas fait, poussé par
des motivations morales, mais
pour garantir des soldats à son armée, fruit de la conscription obligatoire. Et les gouvernements européens s’étaient comportés de la
même façon après la première
guerre mondiale, qui avait provoqué une hécatombe de jeunes
hommes. Dans ces deux situations, l’Eglise a su prendre les distances des contingences politiques,
précisément grâce au niveau moral
élevé avec laquelle elle affrontait le
problème.
L
Dans le message de Carême le Pape relit et actualise la parabole de Lazare
Les pauvres
frappent à notre porte
«Le pauvre devant la porte du riche
ne représente pas un obstacle gênant
mais un appel à nous convertir et à
changer de vie». C’est ce que rappelle le Pape François dans le message pour le Carême 2017, présenté
dans la matinée du 7 février.
Axé sur le thème: «La Parole est
un don. L’autre est un don», la réflexion du Pape reprend et actualise
la parabole évangélique de Lazare:
cette «page significative — comme la
définit François — nous offre la clé
pour comprendre comment agir afin
d’atteindre le vrai bonheur et la vie
éternelle, en nous exhortant à une
conversion sincère».
«La première invitation que nous
adresse cette parabole — souligne le
message — est celle d’ouvrir la porte
de notre cœur à l’autre car toute
personne est un don, autant notre
voisin que le pauvre que nous ne
connaissons pas». En effet, le Carême «est un temps propice pour ouvrir la porte à ceux qui sont dans le
besoin et reconnaître en eux le visage du Christ». Le Pape rappelle
qu’à la racine de tous les maux se
trouve «l’amour de l’argent», qui
«peut réussir à nous dominer et devenir ainsi une idole tyrannique».
De cette manière, au lieu d’«être un
instrument à notre service», l’argent
«peut nous rendre esclaves, ainsi
que le monde entier, d’une logique
égoïste qui ne laisse aucune place à
l’amour et fait obstacle à la paix».
La parabole montre en outre que
la «cupidité rend le riche vaniteux».
Sa personnalité se réalise en effet
«dans le fait de montrer aux autres
ce que lui peut se permettre»; mais
«l’apparence masque le vide intérieur». Donc, pour l’homme corrompu par les richesses, «il n’existe
que le propre moi et c’est la raison
pour laquelle les personnes qui l’entourent ne sont pas l’objet de son
regard».
A la fin, «ce n’est que dans les
tourments de l’au-delà que le riche
reconnaît Lazare». Et cela est «un
message pour tous les chrétiens»: en
réalité, «la racine de ses maux réside
dans le fait de ne pas écouter la Parole de Dieu; ceci l’a amené à ne
plus aimer Dieu et donc à mépriser
le prochain».
D’où l’invitation finale du Pape
François à vivre le chemin du Carême comme un «temps favorable
pour nous renouveler dans la rencontre avec le Christ vivant dans sa
Parole, dans ses sacrements et dans
le prochain».
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Messe en la fête de la présentation de Jésus au temple
Vaincre la tentation de la survie
Vaincre «la tentation de la survie» qui rend
les cœurs arides et les prive de la capacité
de rêver: tel est l’engagement que le Pape a
demandé aux personnes consacrées lors de
la Messe célébrée le 2 février. François invite à se préserver «d’une tentation qui peut
rendre stérile notre vie consacrée. Un mal
qui peut s’installer peu à peu en nous, dans
nos communautés. L’attitude de survie nous
fait devenir réactionnaires, peureux; elle
nous enferme lentement et silencieusement
dans nos maisons. Elle nous projette en arrière, vers les exploits glorieux, mais passés,
qui, au lieu de susciter la créativité prophétique issue des rêves de nos fondateurs,
cherchent des raccourcis pour fuir les défis
qui aujourd’hui frappent à nos portes».
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DANS CE NUMÉRO
Page 2: Audience générale du 8 février. Page 4: Angelus du 5 février. Page 5: Messes à Sainte-Marthe. Pages 6 et 7: Plénière de la Congrégation
pour les instituts de vie consacrée. Entretien avec le secrétaire du dicastère. Page 8: Ordre souverain militaire de Malte: Mgr Becciu délégué spécial du Pape. Page 9: Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République
du Congo. Message vidéo pour le Super Bowl. Intention de prière du
mois de février. Pages 10 et 11: Informations.
SUITE À LA PAGE 4
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 9 février 2017, numéro 6
Audience générale du 8 février
L’espérance crée des ponts
et non des murs
Chers frères et sœurs, bonjour!
Mercredi dernier, nous avons vue
que saint Paul, dans la première Lettre aux Thessaloniciens, exhorte à
rester enracinés dans l’espérance de
la résurrection (cf. 5, 4-11), avec cette
belle parole «nous serons avec le
Seigneur toujours» (4, 17). Dans le
même contexte, l’apôtre montre que
l’espérance chrétienne ne possède pas
seulement un souffle personnel, individuel, mais communautaire, ecclésial. Nous espérons tous; nous avons
tous l’espérance, également de manière communautaire.
C’est pourquoi le regard de Paul
s’élargit immédiatement à tous les
groupes qui composent la communauté chrétienne, en leur demandant
de prier les uns pour les autres et de
se soutenir réciproquement. Nous aider réciproquement. Mais pas seulement nous aider dans le besoin,
dans les nombreux besoins de la vie
quotidienne, mais nous aider dans
l’espérance, nous soutenir dans l’espérance. Et ce n’est pas un hasard s’il
commence précisément en faisant référence à ceux à qui est confiée la responsabilité et la direction pastorale. Ils
sont les premiers à être appelés à
nourrir l’espérance, et cela non parce
qu’ils sont meilleurs que les autres,
mais en vertu d’un ministère divin
qui va bien au-delà de leurs forces.
C’est pour cette raison qu’ils ont
plus que jamais besoin du respect,
de la compréhension et du soutien
bienveillant de tout le monde.
L’attention se porte ensuite sur
nos frères qui risquent davantage de
perdre l’espérance, de tomber dans le
désespoir. Nous venons toujours à
connaissance de gens qui tombent
dans le désespoir et font de mauvaises choses… Le désespoir les conduit à tant de mauvaises choses. La
référence concerne celui qui est découragé, qui est faible, qui se sent
écrasé par le poids de la vie et de ses
propres fautes et ne réussit pas à se
relever. Dans ces cas, la proximité et
la chaleur de toute l’Eglise doivent
se faire encore plus intenses et aimantes, et doivent prendre la forme
exquise de la compassion, qui n’est
pas avoir pitié: la compassion signifie pâtir avec l’autre, souffrir avec
l’autre, m’approcher de celui qui
souffre; un mot, une caresse, mais
qui doivent venir du cœur; cela est
la compassion. Pour celui qui a besoin de réconfort et de consolation.
Cela est extrêmement important:
l’espérance chrétienne ne peut se
passer de la charité authentique et
concrète. L’apôtre des nations luimême, dans sa lettre aux Romains,
affirme avec le cœur sur la main:
«C’est un devoir pour nous, les forts
— qui avons la foi, l’espérance, ou
qui n’avons pas tant de difficultés —,
de porter les faiblesses de ceux qui
n’ont pas cette force et de ne point
rechercher ce qui nous plaît» (15, 1).
Porter, porter les faiblesses des autres. Ensuite, ce témoignage ne reste
pas enfermé dans les limites de la
communauté chrétienne: il retentit
dans toute sa vigueur également en
dehors, dans le contexte social et civil, comme un appel à ne pas créer
des murs mais des ponts, à ne pas
rendre le mal pour le mal, à vaincre
le mal par le bien, l’offense par le
pardon — le chrétien ne peut jamais
dire: tu me le paieras!, jamais; cela
n’est pas un geste chrétien; l’offense
est vaincue par le pardon —, à vivre
en paix avec tous. Voilà ce qu’est
l’Eglise! Et c’est ce que réalise l’espérance chrétienne, quand elle prend
les traits forts et dans le même
temps tendres de l’amour. L’amour
est fort et tendre. C’est beau.
On comprend alors que l’on n’apprend pas à espérer seuls. Personne
n’apprend à espérer seul. Cela n’est
pas possible. L’espérance, pour se
nourrir, a nécessairement besoin d’un
«corps», dans lequel les divers membres se soutiennent et se ravivent réciproquement. Cela veut alors dire
que, si nous espérons, c’est parce
que beaucoup de nos frères et sœurs
nous ont enseigné à espérer et ont
gardé notre espérance vivante. Et
parmi eux se distinguent les petits, les
pauvres, les simples, les exclus. En effet, celui qui s’enferme dans son
bien-être ne connaît pas l’espérance:
il espère seulement dans son bienêtre et cela n’est pas l’espérance:
c’est une sécurité relative; celui qui
s’enferme dans sa propre satisfaction, qui se sent toujours comme il
faut, ne connaît pas l’espérance…
Ceux qui espèrent sont en revanche
ceux qui font chaque jour l’expérience de l’épreuve, de la précarité et
de leurs propres limites. Ce sont ces
frères qui nous donnent le plus beau
témoignage, le plus fort, parce qu’ils
demeurent fermes dans la confiance
au Seigneur, en sachant que, au-delà
de la tristesse, de l’oppression et du
caractère inéluctable de la mort, la
dernière parole sera la sienne, et ce
sera une parole de miséricorde, de
vie et de paix. Celui qui espère, espère entendre dire un jour ce mot:
«Viens, viens à moi, mon frère;
viens, viens à moi, ma sœur, pour
toute l’éternité».
Chers amis, si — comme nous
l’avons dit — la demeure naturelle de
l’espérance est un «corps» solidaire,
dans le cas de l’espérance chrétienne
ce corps est l’Eglise, alors que le
souffle vital, l’âme de cette espérance est l’Esprit Saint. Sans l’Esprit
Saint on ne peut pas avoir d’espérance. Voilà alors pourquoi l’apôtre
Paul nous invite à la fin à l’invoquer
sans cesse. S’il n’est pas facile de
croire, cela l’est encore moins d’espérer. Il est plus difficile d’espérer que
de croire, cela est plus difficile. Mais
quand l’Esprit Saint habite dans nos
cœurs, c’est Lui qui nous fait comprendre que nous ne devons pas
craindre, que le Seigneur est proche
et qu’il prend soin de nous; et c’est
Lui qui modèle nos communautés,
dans une Pentecôte éternelle, comme
signes vivants d’espérance pour la
famille humaine. Merci.
A l’issue de l’audience générale, le
Saint-Père a lancé les appels suivants:
Hier, à Osaka, au Japon, Justo Takayama Ukon, fidèle laïc japonais,
mort martyr à Manille en 1615, a été
proclamé bienheureux. Plutôt que
d’accepter des compromis, il renonça
aux honneurs et au bien-être, en acceptant l’humiliation et l’exil. Il resta fidèle au Christ et à l’Evangile;
c’est pourquoi il représente un admirable exemple de force dans la foi et
de dévouement dans la charité.
On célèbre aujourd’hui la journée
de prière et de réflexion contre la traite
des personnes, qui cette année est
consacrée en particulier aux enfants
et aux adolescents. J’encourage tous
ceux qui, de différentes manières, aident les mineurs réduits en esclavage
et victimes d’abus à se libérer de cette oppression. Je souhaite que ceux
qui ont des responsabilités gouvernementales combattent avec fermeté
cette plaie, en donnant voix à nos
frères les plus petits, humiliés dans
leur dignité. Il est nécessaire d’accomplir chaque effort possible pour
vaincre ce crime honteux et intolérable.
Samedi prochain, fête de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes,
sera célébrée la 25e journée mondiale
du malade. La célébration principale
aura lieu à Lourdes et sera présidée
par le cardinal-secrétaire d’Etat. J’invite à prier, par l’intercession de Notre Sainte Mère, pour tous les malades, en particulier pour les plus graves et les plus seuls, et également
pour tous ceux qui en prennent
soin.
Je reviens à la célébration d’aujourd’hui, la journée de prière et de
réflexion contre la traite des personnes, qui est célébrée ce jour, parce
que c’est aujourd’hui la fête de sainte Joséphine Bakhita [le Pape montre un livret qui parle d’elle]. Cette
jeune fille réduite en esclavage en
Afrique, exploitée, humiliée, n’a pas
perdu l’espérance et a mené de
l’avant sa foi, et elle a fini par arriver comme migrante en Europe. Et
là, elle a entendu l’appel du Seigneur et elle est devenue religieuse.
Prions sainte Joséphine Bakhita
pour tous les migrants, les réfugiés,
les personnes exploitées qui souffrent tant, tant.
Et en parlant de migrants chassés,
exploités, je voudrais aujourd’hui
prier avec vous de manière particulière pour nos frères et sœurs Rohingyas: chassés du Myanmar, ils vont
d’un côté et de l’autre parce qu’on
ne veut pas d’eux… Ce sont de bonnes personnes, des personnes pacifiques. Ils ne sont pas chrétiens, ils
sont bons, ce sont nos frères et nos
sœurs! Cela fait des années qu’ils
souffrent. Ils ont été torturés, tués,
simplement parce qu’ils conservaient
leurs traditions, leur foi musulmane.
Prions pour eux. Je vous invite à réciter pour eux le Notre Père qui est
aux cieux, tous ensemble, pour nos
frères et nos sœurs Rohingyas. «Notre Père…».
Sainte Joséphine Bakhita — prie
pour nous. Et un applaudissement
pour sainte Joséphine Bakhita!
Parmi les pèlerins qui assistaient à
l’audience générale du 8 février, se
trouvaient les groupes francophones
suivants:
De France: Paroisse de Saint-Cyr
l’Ecole, et lycée Saint-Exupéry, de
Paris; paroisse de Montastruc et de
Revel; groupe de pèlerins du diocèse
de Versailles; lycéens de l’enseignement catholique du diocèse de Créteil; établissement Notre-Dame-dela-Providence, de Vincennes; Institution catholique Saint-Aspais, de Melun; école Sainte-Famille, d’Amiens;
établissement Carcado, de Paris; institut Clorivière, de Paris; école Lacordaire, de Marseille; collège SaintGabriel, de Haute-Goulaine; servants d’autel, de Fontainebleau.
Je salue cordialement les pèlerins
de langue française, en particulier les
jeunes venus de France. Je serai de
tout cœur en communion avec les
pèlerins qui, samedi, fêteront NotreDame de Lourdes, en particulier les
malades. Que la Vierge Immaculée
leur donne le courage de l’espérance
et les garde dans la paix. Que Dieu
vous bénisse.
numéro 6, jeudi 9 février 2017
L’OSSERVATORE ROMANO
page 3
Message de Carême
Les pauvres frappent à notre porte
«Le pauvre devant la porte du riche
ne représente pas un obstacle gênant
mais un appel à nous convertir et à
changer de vie». C’est ce que nous
rappelle le Pape François dans le
message de Carême 2017, présenté dans
la matinée du mardi 7 février. Centrée
sur la dimension du don, la réflexion
du Pape reprend et actualise la
parabole évangélique de l’homme riche
et du pauvre Lazare.
ment «Dieu vient en aide». Ainsi ce
personnage ne reste pas anonyme
mais il possède des traits bien précis;
il se présente comme un individu
avec son histoire personnelle. Bien
qu’il soit comme invisible aux yeux
du riche, il nous apparaît connu et
presque familier, il devient un visage; et, comme tel, un don, une richesse inestimable, un être voulu, aimé, dont Dieu se souvient, même si
sa condition concrète est celle d’un
déchet humain (cf. Homélie du 8
janvier 2016).
Lazare nous apprend que l’autre
est un don. La relation juste envers
les personnes consiste à reconnaître
avec gratitude leur valeur. Ainsi le
pauvre devant la porte du riche ne
représente pas un obstacle gênant
mais un appel à nous convertir et à
changer de vie. La première invitation que nous adresse cette parabole
amour. La Parole de Dieu nous aide
à ouvrir les yeux pour accueillir la
vie et l’aimer, surtout lorsqu’elle est
faible. Mais pour pouvoir le faire il
est nécessaire de prendre au sérieux
également ce que nous révèle l’Evangile au sujet de l’homme riche.
2. Le péché
nous rend aveugles
La parabole met cruellement en
évidence les contradictions où se
trouve le riche (cf. v. 19). Ce personnage, contrairement au pauvre Lazare, ne possède pas de nom, il est
seulement qualifié de «riche». Son
opulence se manifeste dans son habillement qui est exagérément
luxueux. La pourpre en effet était
très précieuse, plus que l’argent ou
La Parole est un don.
L’autre est un don
Chers frères et sœurs,
Le Carême est un nouveau commencement, un chemin qui conduit à
une destination sûre: la Pâque de la
Résurrection, la victoire du Christ
sur la mort. Et ce temps nous adresse toujours un appel pressant à la
conversion: le chrétien est appelé à
revenir à Dieu «de tout son cœur» (Jl
2, 12) pour ne pas se contenter d’une
vie médiocre, mais grandir dans
l’amitié avec le Seigneur. Jésus est
l’ami fidèle qui ne nous abandonne
jamais, car même lorsque nous péchons, il attend patiemment notre
retour à Lui et, par cette attente, il
manifeste sa volonté de pardon (cf.
Homélie du 8 janvier 2016).
Le Carême est le moment favorable pour intensifier la vie de l’esprit
grâce aux moyens sacrés que l’Eglisenous offre: le jeûne, la prière et
l’aumône. A la base de tout, il y a la
Parole de Dieu, que nous sommes
invités à écouter et à méditer avec
davantage d’assiduité en cette période. Je voudrais ici m’arrêter en particulier sur la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare (cf. Lc 16,
19-31). Laissons-nous inspirer par ce
récit si important qui, en nous
exhortant à une conversion sincère,
nous offre la clé pour comprendre
comment agir afin d’atteindre le vrai
bonheur et la vie éternelle.
3. La Parole est un don
1. L’autre est un don
La parabole commence avec la
présentation des deux personnages
principaux; cependant, le pauvre y
est décrit de façon plus détaillée: il
se trouve dans une situation désespérée et n’a pas la force de se relever, il gît devant la porte du riche et
mange les miettes qui tombent de sa
table, son corps est couvert de plaies
que les chiens viennent lécher (cf.
vv. 20-21). C’est donc un tableau
sombre, et l’homme est avili et humilié.
La scène apparaît encore plus dramatique si l’on considère que le pauvre s’appelle Lazare: un nom chargé
de promesses, qui signifie littérale-
se manifeste en trois moments successifs: l’amour de l’argent, la vanité
et l’orgueil (cf. Homélie du 20 septembre 2013).
Selon l’apôtre Paul, «la racine de
tous les maux c’est l’amour de l’argent» (1 Tm 6, 10). Il est la cause
principale de la corruption et la
source de jalousies, litiges et soupçons. L’argent peut réussir à nous
dominer et devenir ainsi une idole
tyrannique (cf. exhort. ap. Evangelii
gaudium, n. 55). Au lieu d’être un
instrument à notre service pour réaliser le bien et exercer la solidarité envers les autres, l’argent peut nous
rendre esclaves, ainsi que le monde
entier, d’une logique égoïste qui ne
laisse aucune place à l’amour et fait
obstacle à la paix.
La parabole nous montre ensuite
que la cupidité rend le riche vaniteux. Sa personnalité se réalise dans
les apparences, dans le fait de montrer aux autres ce que lui peut se
permettre. Mais l’apparence masque
le vide intérieur. Sa vie reste prisonnière de l’extériorité, de la dimension la plus superficielle et éphémère
de l’existence (cf. ibid., n. 62).
Le niveau le plus bas de cette déchéance morale est l’orgueil. L’homme riche s’habille comme un roi, il
singe l’allure d’un dieu, oubliant
d’être simplement un mortel. Pour
l’homme corrompu par l’amour des
richesses, il n’existe que le propre
moi et c’est la raison pour laquelle
les personnes qui l’entourent ne sont
pas l’objet de son regard. Le fruit de
l’attachement à l’argent est donc une
sorte de cécité: le riche ne voit pas le
pauvre qui est affamé, couvert de
plaies et prostré dans son humiliation.
En regardant ce personnage, on
comprend pourquoi l’Evangile est
aussi ferme dans sa condamnation
de l’amour de l’argent: «Nul ne peut
servir deux maîtres: ou bien il haïra
l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.
Vous ne pouvez pas servir à la fois
Dieu et l’Argent» (Mt 6, 24).
Fyodor Bronnikov, «Lazare à la porte de l’homme riche» (1886)
est celle d’ouvrir la porte de notre
cœur à l’autre car toute personne est
un don, autant notre voisin que le
pauvre que nous ne connaissons pas.
Le Carême est un temps propice
pour ouvrir la porte à ceux qui sont
dans le besoin et reconnaître en eux
le visage du Christ. Chacun de nous
en croise sur son propre chemin.
Toute vie qui vient à notre rencontre
est un don et mérite accueil, respect,
l’or, c’est pourquoi elle était réservée
aux divinités (cf. Jr 10, 9) et aux rois
(cf. Jg 8, 26). La toile de lin fin contribuait à donner à l’allure un caractère quasi sacré. Bref la richesse de
cet homme est excessive d’autant
plus qu’elle est exhibée tous les
jours, de façon habituelle: «Il faisait
chaque jour brillante chère» (v. 19).
On aperçoit en lui, de manière dramatique, la corruption du péché qui
L’évangile du riche et du pauvre
Lazare nous aide à bien nous préparer à Pâques qui s’approche. La liturgie du Mercredi des Cendres
nous invite à vivre une expérience
semblable à celle que fait le riche
d’une façon extrêmement dramatique. Le prêtre, en imposant les
cendres sur la tête, répète ces paroles: «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière». Le riche et le pauvre, en effet,
meurent tous les deux et la partie la
plus longue du récit de la parabole
se passe dans l’au-delà. Les deux
personnages découvrent subitement
que «nous n’avons rien apporté dans
ce monde, et nous n’en pourrons
rien emporter» (1 Tm 6, 7).
Notre regard aussi se tourne vers
l’au-delà, où le riche dialogue avec
Abraham qu’il appelle «Père»
(Lc 16, 24; 27) montrant qu’il fait
partie du peuple de Dieu. Ce détail
rend sa vie encore plus contradicSUITE À LA PAGE 4
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 9 février 2017, numéro 6
Angelus du 5 février
Chaque vie
est sacrée
Chers frères et sœurs, bonjour!
Au cours de ces dimanches, la liturgie propose ce que l’on appelle le
Discours sur la montagne, dans
l’Evangile de Matthieu. Après avoir
présenté les Béatitudes dimanche
dernier, aujourd’hui il met l’accent
sur les paroles de Jésus décrivant la
mission de ses disciples dans le
monde (cf. Mt 5, 13-16). Il utilise les
métaphores du sel et de la lumière et
ses paroles s’adressent aux disciples
de toutes les époques, et donc à
nous aussi.
Jésus nous invite à être un reflet
de sa lumière, à travers le témoignage des bonnes œuvres. Et il dit:
«Ainsi votre lumière doit-elle briller
devant les hommes afin qu’ils voient
vos bonnes œuvres et glorifient votre
Père qui est dans les cieux» (Mt 5,
16). Ces paroles soulignent que nous
sommes reconnaissables comme véritables disciples de Celui qui est la
Lumière du monde, non pas dans
les paroles, mais dans nos œuvres.
En effet, c’est avant tout notre comportement — dans le bien ou dans le
mal — qui laisse une trace chez les
autres. Nous avons donc un devoir
et une responsabilité pour le don reçu: nous ne devons pas garder la lumière de la foi, qui est en nous au
moyen du Christ et de l’action du
Saint-Esprit, comme si elle était notre propriété. Au contraire, nous
sommes appelés à la faire resplendir
dans le monde, à la donner aux autres à travers les œuvres bonnes.
Combien le monde a besoin de la
lumière de l’Evangile qui transforme,
guérit et garantit le salut à ceux qui
l’accueillent! Nous devons apporter
cette lumière à travers nos bonnes
œuvres.
En se donnant, la lumière de notre foi ne s’éteint pas, mais se renforce. Elle peut au contraire disparaître,
si nous ne l’alimentons pas à travers
l’amour et les œuvres de charité.
Ainsi, l’image de la lumière rencontre
celle du sel. La page évangélique
nous dit en effet qu’en tant que
disciples du Christ, nous sommes
également «le sel de la terre» (v. 13).
Le sel est un élément qui, tout en
donnant de la saveur, préserve les
aliments de l’altération et de la corruption — à l’époque de Jésus, il n’y
avait pas de réfrigérateurs! —. Par
conséquent, la mission des chrétiens
dans la société est de donner de la
«saveur» à la vie avec la foi et
l’amour que le Christ nous a donnés, et dans le même temps, de tenir
éloignés les germes polluants de
l’égoïsme, de l’envie, de la médisan-
Message de Carême
SUITE DE LA PAGE 3
toire car, jusqu’à présent, rien
n’avait été dit sur sa relation à
Dieu. En effet dans sa vie, il n’y
avait pas de place pour Dieu, puisqu’il était lui-même son propre
dieu.
Ce n’est que dans les tourments
de l’au-delà que le riche reconnaît
Lazare et il voudrait bien que le
pauvre allège ses souffrances avec
un peu d’eau. Les gestes demandés
à Lazare sont semblables à ceux
que le riche aurait pu accomplir et
qu’il n’a jamais réalisés. Abraham
néanmoins lui explique que «tu as
reçu tes biens pendant ta vie et Lazare pareillement ses maux; maintenant ici il est consolé et toi tu es
tourmenté» (v. 25). L’au-delà rétablit une certaine équité et les maux
de la vie sont compensés par le
bien.
La parabole acquiert une dimension plus large et délivre ainsi un
message pour tous les chrétiens. En
effet le riche, qui a des frères encore en vie, demande à Abraham
d’envoyer Lazare les avertir; mais
Abraham répond: «ils ont Moïse et
les Prophètes; qu’ils les écoutent»
(v. 29). Et devant l’objection formulée par le riche, il ajoute: «Du moment qu’ils n’écoutent pas Moïse et
les Prophètes, même si quelqu’un
ressuscite d’entre les morts, ils ne
seront pas convaincus» (v. 31).
Ainsi se manifeste le vrai problème du riche: la racine de ses maux
Au-dessus de la politique
SUITE DE LA PAGE 1
Mais surtout grâce au fait que
la miséricorde, le pardon, font
partie de la tradition catholique
autant que la condamnation du
péché. C’est précisément ce point
de vue particulier qui permet à
l’Eglise de sortir d’équations schématiques, dans lesquelles elle a
parfois été emprisonnée.
En effet, lorsque cette condition
spécifique, qui est précisément celle qui différencie la position catholique de tout parti politique, a
été oubliée, l’Eglise ou des groupes individuels de catholiques ont
risqué d’être utilisés, manipulés,
mal interprétés. En payant cher
l’immersion dans le jeu politique,
dont à la fin, ils n’ont jamais rien
tiré à long-terme. Mais il y a tou-
jours des gens qui essaient, d’un
côté comme de l’autre, d’attirer
l’Eglise dans leur camp. Et ce
n’est qu’en élevant le point de vue
avec lequel on interprète le monde
qui nous entoure, en retournant à
l’esprit évangélique sans peur de
sembler ingénus, que l’on peut
trouver la juste et libre perspective
avec laquelle regarder le présent.
C’est ce que fait le Pape François, avec la difficulté qu’implique
ce détachement de mille liens et
de mille conditionnements, internes et externes. Les fidèles devraient l’aider, en faisant des efforts supplémentaires pour comprendre ce qui a lieu, sans se laisser conditionner par les voix qui
semblent savoir quelle est la juste
voie uniquement parce qu’elle
semble la plus facile.
réside dans le fait de ne pas écouter
la Parole de Dieu; ceci l’a amené à
ne plus aimer Dieu et donc à mépriser le prochain. La Parole de
Dieu est une force vivante, capable
de susciter la conversion dans le
cœur des hommes et d’orienter à
nouveau la personne vers Dieu.
Fermer son cœur au don de Dieu
qui nous parle a pour conséquence
la fermeture de notre cœur au don
du frère.
Chers frères et sœurs, le Carême
est un temps favorable pour nous
renouveler dans la rencontre avec le
Christ vivant dans sa Parole, dans
ses Sacrements et dans le prochain.
Le Seigneur qui — au cours des
quarante jours passés dans le désert
a vaincu les pièges du Tentateur —
nous montre le chemin à suivre.
Que l’Esprit Saint nous aide à accomplir un vrai chemin de conversion pour redécouvrir le don de la
Parole de Dieu, être purifiés du péché qui nous aveugle et servir le
Christ présent dans nos frères dans
le besoin. J’encourage tous les fidèles à manifester ce renouvellement
spirituel en participant également
aux campagnes de Carême promues
par de nombreux organismes ecclésiaux visant à faire grandir la culture de la rencontre au sein de
l’unique famille humaine. Prions les
uns pour les autres afin que participant à la victoire du Christ nous sachions ouvrir nos portes aux faibles
et aux pauvres. Ainsi nous pourrons vivre et témoigner en plénitude de la joie pascale.
Du Vatican, le 18 octobre 2016,
Fête de saint Luc, évangéliste.
ce et ainsi de suite. Ces germes abîment le tissu de nos communautés,
qui doivent au contraire resplendir
comme des lieux d’accueil, de solidarité, de réconciliation. Pour remplir cette mission, il faut que nous
soyons nous-mêmes les premiers libérés de la dégénérescence corruptrice des influences mondaines, contraires au Christ et à l’Evangile; et
cette purification ne finit jamais, elle
doit se faire continuellement, elle
doit se faire tous les jours!
Chacun de nous est appelé à être
lumière et sel dans son cadre de vie
quotidien, persévérant dans la tâche
de régénérer la réalité humaine dans
l’esprit de l’Evangile et dans la perspective du Royaume de Dieu. Que
la protection de Marie, première
disciple de Jésus, et modèle des
croyants qui vivent leur vocation et
leur mission chaque jour dans l’histoire; nous vienne toujours en aide.
Que notre Mère nous aide à nous
laisser toujours purifier et illuminer
par le Seigneur, pour devenir à notre
tour «sel de la terre» et «lumière du
monde».
A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a
prononcé les paroles suivantes:
Chers frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui en Italie la journée
pour la vie, sur le thème «Femmes et
hommes pour la vie dans le sillage
de sainte Teresa de Calcutta». Je
m’unis aux évêques italiens pour
souhaiter une action éducative courageuse en faveur de la vie humaine.
Toute vie est sacrée! Faisons avancer
la culture de la vie en réponse à la
logique du rebut et au déclin démographique; soyons proches et ensemble, prions pour les enfants qui sont
menacés par l’interruption de grossesse, ainsi que pour les personnes
qui sont en fin de la vie — toute vie
est sacrée! — afin que personne ne
soit laissé seul et que l’amour défende le sens de la vie. Rappelons-nous
les paroles de mère Teresa: «La vie
est beauté, admire-la! La vie est vie,
défends-la!», tant pour l’enfant à
naître, que pour la personne qui est
proche de la mort: toute vie est sacrée!
Je salue tous les pèlerins, les familles, les groupes paroissiaux et les
associations provenant de diverses
régions du monde.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît n’oubliez pas
de prier pour moi. Bon déjeuner et
au revoir!
numéro 6, jeudi 9 février 2017
Vendredi
27 janvier
Des âmes rétrécies
L’habit du chrétien doit être cousu
avec «mémoire, courage, patience et
espérance» pour résister également
aux pluies les plus intenses sans céder et sans se rétrécir, finissant, justement, avec l’âme rétrécie de celui
qui a peur de tout. C’est précisément contre le «péché de la timidité» que le Pape François a mis en
garde, en rappelant que Jésus luimême a averti que «qui veut conserver sa vie sans risquer et en ayant
toujours recours à la prudence, la
perdra». Pour sa méditation, il est
parti d’un passage de la lettre aux
Hébreux (10, 32-39): «Une exhortation à vivre la vie chrétienne, une
exhortation avec trois points de référence, trois points temporels, disons
ainsi: le passé, le présent, le futur.
On ne peut vivre de façon chrétienne sans mémoire». «La mémoire du
salut de Dieu dans ma vie, la mémoire des ennuis dans ma vie: comment le Seigneur m’a-t-il sauvé de
ces ennuis?». Pour cela, «la mémoire
est une grâce, une grâce à demander: “Seigneur, que je n’oublie pas
ton passage dans ma vie, que je
n’oublie pas les bons moments, mais
aussi les mauvais; les joies et les
croix”». Voilà que «l’exhortation
pour bien vivre une vie chrétienne
commence par ce point de référence:
la mémoire». Puis, l’auteur de la lettre aux Hébreux «nous fait comprendre que nous sommes en chemin, et que nous sommes en chemin
dans l’attente de quelque chose,
dans l’attente d’arriver ou de rencontrer». Cela veut dire «arriver à un
point: une rencontre; rencontrer le
Seigneur». Et ici entre en jeu «l’espérance: se tourner vers l’avenir».
En effet, «de même que l’on ne peut
pas vivre une vie chrétienne sans la
mémoire des pas accomplis, on ne
peut pas vivre une vie chrétienne
sans se tourner vers l’avenir avec
l’espérance de la rencontre avec le
Seigneur». Et l’auteur de la lettre
aux Hébreux écrit «une belle phrase: “Encore un peu...”». Nous savons bien que «la vie est un souffle,
elle passe». Mais «l’espérance de le
rencontrer est une vie en tension, entre mémoire et espérance, passé et
futur». Et «le troisième point se
trouve à mi-chemin: c’est aujourd’hui, c’est-à-dire le présent».
«Un aujourd’hui entre le passé et le
futur». Et «le conseil pour vivre
l’aujourd’hui est de continuer dans
cette attitude, qui décrit les premiers
chrétiens, de courage, de patience,
de persévérance, sans avoir peur». Il
y a deux mots qui plaisaient à Paul
et à son disciple qui a écrit cette lettre: courage et patience». Ainsi,
donc, «est notre vie chrétienne, c’est
ainsi que la liturgie nous exhorte à
la vivre: avec une grande mémoire
du chemin vécu, avec une grande espérance de cette belle rencontre qui
sera une belle surprise». Certes,
nous ne savons pas quand. Mais il
doit toujours y avoir «l’espérance de
la rencontre». Et également l’attitude de «supporter, avec patience;
porter ici, patience et courage, franchise», avec «la tête haute, sans
honte». «Il y a une petite chose,
pour finir, sur laquelle l’auteur» de
L’OSSERVATORE ROMANO
page 5
Messes
à Sainte-Marthe
la lettre aux Hébreux attire l’attention de la communauté: c’est pour
cette raison que «tant de fois, Jésus
disait: “N’ayez pas peur”», précisément pour mettre en garde contre la
«timidité» et faire ainsi en sorte de
ne pas céder, de ne pas aller «toujours en arrière», en se préservant
«trop soi-même» par «peur de
tout», en ayant recours à la «prudence». Au point que l’on peut également dire de suivre «tous les commandements, oui, c’est vrai, mais cela te paralyse, te fait oublier les
nombreuses grâces reçues, cela t’ôte
la mémoire, t’ôte l’espérance parce
que cela te retient». Et «le présent
d’un chrétien, d’une chrétienne, est
comme quand on va dans la rue et
soudain il se met à pleuvoir, et le vêtement n’est pas de très bonne qualité et le tissu se rétrécit: des âmes rétrécies». Cette image exprime précisément bien ce qu’est «la timidité: le
péché contre la mémoire, le courage,
la patience et l’espérance».
Lundi
30 janvier
Si le martyre
ne fait pas la une
Pour «les martyrs d’aujourd’hui»,
pour les chrétiens persécutés en prison, pour les Eglises sans liberté,
avec une pensée particulière pour les
plus petites: telle est l’intention avec
laquelle le Pape a offert la Messe:
dans la conscience qu’«une Eglise
sans martyrs est une Eglise sans Jésus», François a réaffirmé que ce
sont précisément les martyrs qui
soutiennent et font avancer l’Eglise.
Et même si «les médias ne le disent
pas, parce que cela ne fait pas la une
des journaux», aujourd’hui, «de
nombreux chrétiens dans le monde
sont bienheureux parce que persécutés, insultés, emprisonnés, uniquement parce qu’ils portent un croix
ou confessent Jésus Christ». Pour sa
méditation, le Pape a tout d’abord
reproposé les contenus de la lettre
aux Hébreux. «Vers la fin, l’auteur
lance un appel à la mémoire: “Rappelez-vous de vos ancêtres, rappelezvous des premiers jours de votre vocation”». Tout cela «pour aider à
renforcer notre espérance: mieux
rappeler pour mieux espérer: sans
mémoire, il n’y a pas d’espérance».
«Aujourd’hui, il y a deux mémoires». Avant tout, «la mémoire des
grandes œuvres du Seigneur, accomplies par des hommes et des femmes». Au point que l’auteur de la
lettre proposée par la liturgie «commence à nommer Gédéon, Baraq,
Samson, Jephté, David: tant de personnes qui ont fait de grandes choses dans l’histoire d’Israël». Cela
«est la mémoire, pouvons-nous dire
de nos héros du peuple de Dieu».
Et «le troisième groupe» — le premier «était celui de ceux qui ont été
dociles à l’appel du Seigneur», le
deuxième celui «de ceux qui ont fait
de grandes choses» — rappelle «la
mémoire de ceux qui ont souffert et
ont donné leur vie comme Jésus».
«Les martyrs sont ceux qui font
avancer l’Eglise; ce sont ceux qui
soutiennent l’Eglise, qui l’ont soutenue et qui la soutiennent aujourd’hui. Et aujourd’hui, il y en a
plus qu’aux premiers siècles»: de
nombreux chrétiens dans le monde
aujourd’hui sont bienheureux parce
qu’ils sont persécutés, insultés, emprisonnés». Aujourd’hui, «il y a
beaucoup de personnes en prison,
uniquement parce qu’elles portent
une croix ou qu’elles confessent Jésus Christ: cela est la gloire de
l’Eglise et notre soutien mais aussi
notre humiliation, nous qui avons
tout, tout semble facile pour nous et
s’il nous manque quelque chose,
nous nous plaignons». Mais «pensons à nos frères et sœurs, plus
nombreux qu’aux premiers siècles,
qui endurent aujourd’hui le martyre». «Je ne peux oublier le témoignage de ce prêtre et de cette religieuse dans la cathédrale de Tirana:
des années et des années de prison,
les travaux forcés, les humiliations,
les droits humains n’existent pas
pour eux». C’est le 21 septembre
2014, au cours des vêpres dans la cathédrale Saint-Paul à Tirana, que furent présentés au Pape les témoignages touchants de deux personnes
ayant survécu aux persécutions du
régime contre les chrétiens: ainsi prirent la parole sœur Maria Kaleta et
le père Ernest Simoni, que François
a voulu ensuite créer et publier cardinal au cours du consistoire du 19
novembre dernier. Mais «la plus
grande force de l’Eglise aujourd’hui
réside dans les petites Eglises, toutes
petites, avec peu de gens, persécutées, avec leurs évêques en prison.
Cela est notre gloire aujourd’hui et
notre force aujourd’hui». Notamment parce que, a-t-il affirmé, «une
Eglise sans martyrs, oserais-je dire,
est une Eglise sans Jésus». Ainsi,
François a invité à prier «pour nos
martyrs qui souffrent tant, pour ceux
qui ont été et qui sont en prison,
pour les Eglises qui ne sont pas
libres de s’exprimer: ce sont eux notre soutien, ce sont eux notre espérance».
Mardi
31 janvier
Jésus regarde
chacun de nous
Jésus ne regarde pas les «statistiques», mais il fait attention à «chacun de nous». Un par un. L’«émerveillement de la rencontre avec Jésus», cet émerveillement qui saisit
celui qui le regarde et qui se rend
compte que le Seigneur avait déjà
«le regard fixé» sur lui, a été décrit
par le Pape François. Le «regard» a
précisément été le fil conducteur de
la méditation. Le Pape s’est penché
sur l’Evangile du jour (Marc, 5 2143) pour voir «ce que fait Jésus». La
caractéristique la plus évidente est
que «Jésus est toujours au milieu de
la foule». C’est une foule qui enveloppe Jésus, qui «le presse». Et lui,
«il est resté là». Les gens le cher
chaient: les gens avaient les yeux
fixés sur lui et lui avait les yeux fixés
sur les gens». On pourrait objecter:
Jésus tournait le regard «sur les
gens, sur la multitude», en revanche
non: «sur chacun!». Car c’est précisément là que se trouve la «particularité du regard de Jésus. Il ne massifie pas les gens: Jésus regarde chacun». On en trouve la preuve à plusieurs reprises dans les récits évangéliques. Dans l’Evangile du jour, par
exemple, on lit que Jésus demande:
«Qui m’a touché?», alors qu’«il était
au milieu de ces gens, qui le pressaient». Cela semble étrange, au
point que les disciples eux-mêmes
«lui disaient: “Mais vois la foule qui
se presse autour de toi!”». «Quelqu’un ma touché!». En effet, «au
milieu de cette foule, Jésus s’aperçut
de la petite vieille qui l’avait touché.
Et il la guérit». Il y avait «beaucoup
de gens», mais il prêta attention précisément à elle, «une femme, une
petite vieille». Le récit évangélique
se poursuit par l’épisode de Jaïre, à
qui on annonce que sa fille est morte. Jésus le rassure: «Ne crains pas!
Aie seulement foi!», de même qu’auparavant il avait dit à la femme: «Ta
foi t’as sauvée!». Dans cette situation également, Jésus se retrouve au
milieu de la foule, avec «beaucoup
de gens qui pleuraient». Jésus leur
dit: «Soyez tranquilles, la petite fille
dort». Et Jésus entre et «ressuscite
la petite fille». Ce qui saute aux
yeux est que Jésus, dans cette agitation, avec «les femmes qui hurlaient
et pleuraient», se soucie de dire «au
père et à la mère: “Donnez-lui à
manger!”». C’est l’attention au «petit», c’est «le regard de Jésus sur le
petit. Mais n’avait-il rien d’autre
dont se soucier? Non, juste de cela».
Le Pape a poursuivi ses exemples en
citant l’épisode de Naïm. Là aussi,
«il y avait la foule qui le suivait». Et
Jésus «voit qu’un cortège funèbre
sort: un jeune homme, fils unique
d’une mère veuve». Encore une fois,
le Seigneur s’aperçoit du «petit».
Au milieu de tant de gens, «il va, il
arrête le cortège, il ressuscite le jeune garçon et le remet à sa mère». Et
une autre fois, à Jéricho. Quand Jésus entre dans la ville, il y a la foule
qui «crie: “Vive le Seigneur! Vive Jésus! Vive le Messie!”. Il y a beaucoup de vacarme... Un aveugle se
met lui aussi à crier; et lui, Jésus,
avec tout le vacarme qu’il y avait là,
entend l’aveugle». Le Seigneur
«s’aperçoit du petit, de l’aveugle».
Tout cela pour dire que «le regard
de Jésus va du grand au petit». Le
Pape a rappelé que l’auteur de la
Lettre aux hébreux suggère «de courir avec persévérance, en gardant le
regard fixé sur Jésus». Et cela me
fait ressentir «un grand émerveillement. C’est l’émerveillement de la
rencontre avec Jésus».
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 6, jeudi 9 février 2017
pages 6/7
Plénière de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée
Entretien avec le secrétaire du dicastère
Fidélité à l’épreuve
Dire non
à la culture du provisoire
«Plongés dans ce que l’on appelle la culture fragmentaire, du provisoire, qui peut
conduire à vivre “à la carte” et à être esclaves des modes», face à l’«hémorragie» «qui
affaiblit l’Eglise elle-même», les personnes consacrées sont appelées à valoriser la vie
fraternelle en communauté. C’est ce qu’a recommandé le Pape François aux participants
à l’assemblée plénière de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés
de vie apostolique, reçus en audience dans la matinée du samedi 28 janvier, dans la
salle Clémentine.
Chers frères et sœurs,
C’est pour moi une grande joie de pouvoir vous recevoir aujourd’hui, alors
que vous êtes réunis en session plénière
pour réfléchir à la question de la fidélité et des abandons. Je salue le cardinalpréfet et je le remercie pour ses paroles
d’introduction; et je vous salue tous, en
vous exprimant ma reconnaissance
pour votre travail au service de la vie
consacrée dans l’Eglise.
Le thème que vous avez choisi est
important. Nous pouvons vraiment dire
qu’en ce moment, la fidélité est mise à
l’épreuve: les statistiques que vous avez
étudiées le montrent. Nous sommes face à une «hémorragie» qui affaiblit la
vie consacrée et la vie même de l’Eglise. Les abandons dans la vie consacrée
nous préoccupent. Il est vrai que certains la quittent dans un geste de cohérence, parce qu’ils reconnaissent, après
un discernement sérieux, n’avoir jamais
eu la vocation; mais d’autres, avec le
temps, renoncent à leur fidélité, très
souvent quelques années seulement
après leur profession perpétuelle. Que
s’est-il passé?
Comme vous l’avez souligné, de
nombreux facteurs conditionnent la fidélité dans ce qui est un changement
d’époque et pas seulement une époque de
changement, dans laquelle il apparaît
difficile d’assumer des engagements sérieux et définitifs. Un évêque me racontait qu’un jour, un brave garçon titulaire d’une maîtrise universitaire qui
travaillait à la paroisse, est allé le voir
et lui a dit: «Je veux devenir prêtre,
mais pour dix ans». La culture du provisoire.
Le premier facteur qui n’aide pas à
maintenir la fidélité est le contexte social et culturel dans lequel nous vivons.
Nous vivons plongés dans ce que l’on
pourrait appeler une culture fragmentée,
du provisoire, qui peut conduire à vivre
«à la carte» et à être esclaves des modes. Cette culture favorise le besoin
d’avoir toujours des «portes latérales»
ouvertes sur d’autres possibilités, alimente le consumérisme et oublie la
beauté d’une vie simple et austère, provoquant souvent un grand vide dans
nos existences. Un profond relativisme
pratique s’est également diffusé, selon
lequel tout est jugé en fonction d’une
réalisation personnelle, souvent étrangère aux valeurs de l’Evangile. Nous vivons dans une société où les règles économiques se substituent aux règles morales, dictent des lois et imposent leurs
propres systèmes de référence au détriment des valeurs de la vie; une société
où la dictature de l’argent et du profit
prône une vision de l’existence selon laquelle celui qui n’est pas productif est
tenu à l’écart. Dans cette situation, il
est clair que la personne doit d’abord
se laisser évangéliser pour ensuite s’engager dans l’évangélisation.
A ce facteur socio-culturel, nous devons en ajouter d’autres. L’un d’entre
eux est le monde des jeunes, un monde
complexe, mais en même temps riche et
plein de défis. Pas négatif, mais complexe, oui, riche et plein de défis. Il ne
manque pas de jeunes très généreux,
solidaires et engagés au niveau religieux et social; des jeunes qui cherchent une vraie vie spirituelle; des jeunes qui ont faim de quelque chose de
diffèrent de ce que leur offre le monde.
Il y a des jeunes merveilleux et ils ne
sont pas rares. Mais même chez les jeunes, on trouve beaucoup de victimes de
la logique de la mondanité, que l’on
peut résumer ainsi: recherche du succès
à n’importe quel prix, de l’argent facile
et du plaisir facile. Cette logique séduit
aussi beaucoup de jeunes. Notre engagement ne peut être que de rester à
leurs côtés pour les contaminer avec la
joie de l’Evangile et de l’appartenance
au Christ. Cette culture doit être évangélisée si nous voulons que les jeunes
ne succombent pas.
Un troisième facteur conditionnant
provient de l’intérieur de la vie consacrée elle-même, où, à côté de tant de
sainteté — il y a tant de sainteté dans la
vie consacrée! — ne manquent pas les
situations de contre-témoignage qui rendent difficile la fidélité. Parmi ces situations, nous trouvons entre autres: la
routine, la fatigue, le poids de la gestion des structures, les divisions internes, la recherche du pouvoir — les arrivistes —, une manière mondaine de
gouverner les instituts, un service de
l’autorité qui devient parfois de l’autoritarisme et d’autres fois du «laisser-
faire». Si la vie consacrée veut garder
sa mission prophétique et son attrait,
en continuant à être une école de fidélité pour ceux qui sont proches et les éloignés (cf. Ep 2, 17), elle doit garder la
fraîcheur et la nouveauté de la centralité de Jésus, l’attraction de la spiritualité
et de la force de la mission, montrer la
beauté d’une vie à la suite du Christ et
faire rayonner l’espérance et la joie. Espérance et joie. Cela nous fait voir
comment se porte une communauté, ce
qu’elle a en elle. Y a-t-il de l’espérance,
de la joie? C’est bien. Mais quand l’espérance manque et qu’il n’y a pas de
joie, c’est une mauvaise chose.
Un aspect qu’il faudra soigner en
particulier est la vie fraternelle en communauté. Celle-ci doit se nourrir de la
prière communautaire, de la lecture
orante de la Parole, de la participation
active aux sacrements de l’Eucharistie
et de la réconciliation, du dialogue fraternel et de la communication sincère
entre ses membres, de la correction fraternelle, de la miséricorde envers le frère ou la sœur qui pèche, du partage
des responsabilités. Tout cela accompagné d’un témoignage éloquent et
joyeux de vie simple aux côtés des pauvres et d’une mission qui privilégie les
périphéries de l’existence. Le résultat
de la pastorale des vocations, pouvoir
dire «Venez et voyez» (cf. Jn 1, 39),
ainsi que la persévérance des frères et
des sœurs jeunes et moins jeunes dépendra du renouveau de la vie fraternelle en communauté. Car, lorsqu’un
frère ou une sœur ne trouve pas de
soutien à sa vie consacrée au sein de sa
communauté, il ou elle ira le chercher
ailleurs, avec tout ce que cela comporte
(cf. La vie fraternelle en communauté, 2
février 1994, n. 32).
La vocation, comme la foi elle-même,
est un trésor que nous portons dans
des vases d’argile (cf. 2 Co 4, 7); c’est
pourquoi nous devons en prendre soin,
comme nous prenons soin des choses
les plus précieuses, afin que personne
ne nous vole ce trésor, et que celui-ci
ne perde pas sa beauté au fil du temps.
Ce soin est un devoir qui nous incom-
plénière a demandé que l’on prépare
un document contenant, outre les principes théologiques et canoniques, également des indications pratiques et pastorales. C’est la raison pour laquelle nous
considérons qu’il est très important
d’écouter les protagonistes des mutuae
relationes: les évêques et les personnes
consacrées.
Au cours de la session plénière, vous avez
parlé de la fidélité. Quels sont les principaux aspects qui ont été traités?
be avant tout à nous personnellement,
qui avons été appelés à suivre le Christ
de plus près, avec foi, espérance et charité, cultivées chaque jour dans la prière
et renforcées par une bonne formation
théologique et spirituelle qui protège
des modes et de la culture de l’éphémère et permet d’avancer en étant fermes
dans la foi. Sur cette base, il est possible de pratiquer les conseils évangéliques et d’avoir «les mêmes sentiments
que le Christ (cf. Ph 2, 5). La vocation
est un don que nous avons reçu du Seigneur, qui a posé son regard sur nous
et nous a aimés (cf. Mc 10, 21), nous
appelant à le suivre dans la vie consacrée, mais c’est aussi une responsabilité
pour celui qui a reçu ce don. Avec la
grâce du Seigneur, chacun de nous est
appelé à assumer de manière responsable l’engagement personnel de sa propre croissance humaine, spirituelle et
intellectuelle, et dans le même temps à
entretenir la flamme de sa vocation.
Cela implique qu’à notre tour, nous
ayons toujours notre regard fixé sur le
Seigneur, en faisant toujours attention
à marcher selon la logique de l’Evangile, sans jamais céder aux critères de la
mondanité. Tant de fois, les grandes infidélités partent de petites dérives ou
distractions. Dans ce cas aussi, il est
important de faire nôtre l’exhortation
SUITE À LA PAGE 8
NICOLA GORI
Chaque jour, la fidélité à la vie consacrée est mise à dure épreuve par les
défis du monde. Pour les surmonter,
une solide vocation et une formation
continue sont nécessaires. C’est ce que
répète Mgr José Rodríguez Carballo,
secrétaire de la Congrégation pour les
instituts de vie consacrée et les sociétés
de vie apostolique, dans cet entretien
avec «L’Osservatore Romano» quelques jours après l’assemblée plénière
consacrée à la fidélité et la rencontre
interdicastérielle sur la mise à jour du
document Mutuae relationes.
Quels sont les défis à affronter dans la révision de ce texte?
Avant tout, il est utile de préciser
qu’il ne s’agit pas d’une simple révision
du document actuel Mutuae relationes,
mais d’un texte nouveau. Cela était déjà l’intention des supérieurs des deux
dicastères directement concernés par le
mandat du Pape, tout au moins jusqu’à
présent: la Congrégation pour les évêques et la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de
vie apostolique. Mais à cette intention,
il faut ajouter l’opinion dans ce même
sens de divers pères de l’assemblée plénière interdicastérielle qui s’est déroulée
précisément le 26 janvier. Un autre aspect qu’il faut considérer est que le
nouveau document tiendra compte non
seulement des relations entre les pasteurs et les consacrés clercs, mais également entre les pasteurs et toutes les formes de vie consacrée, masculine et féminine. Les principaux défis que j’entrevois font référence à la façon dont
appliquer les principes théologiques et
juridiques qui seront à la base du nouveau document — Eglise de communion, co-essentialité entre dons hiérarchiques et charismatiques, la dimension
sponsale de l’Eglise et de la vie consacrée, la juste autonomie des personnes
consacrées, la saine tension entre particulier et universel — à la vie concrète
entre les pasteurs et les personnes consacrées dans les Eglises particulières.
Comment se réalise ce passage de la théorie à la pratique?
Je pense que c’est dans le quotidien,
et donc dans la façon de vivre la mystique de la rencontre, comme le dirait
le Pape François, avec tout ce que cela
comporte, qu’entrent véritablement en
jeu les mutuae relationes. Comme l’a dit
le Pape aux vicaires et aux délégués
pour la vie consacrée: «il n’existe pas
de mutuae relationes là où certains commandent et d’autres se soumettent, par
peur ou par commodité». En revanche,
les mutuae relationes sont présentes là
où l’on cultive la capacité d’écoute,
l’accueil réciproque, l’ouverture dans le
dialogue, le partage des décisions, le
respect réciproque, une profonde connaissance. Un élément sur lequel on a
beaucoup insisté au cours de la session
plénière, et qui se répétait beaucoup
dans les propositions qui sont parvenues à notre dicastère de la part de
plus de 150 conférences de supérieurs
majeurs du monde entier, est la nécessité d’une formation adéquate dans l’ecclésiologie de Vatican II. Dans ce sens,
on demande que dans les programmes
de formation des séminaires diocésains
soient prévus des cours obligatoires de
théologie de la vie consacrée et de sa
place dans l’Eglise, et que dans les maisons de formation des personnes consacrées, on étudie la théologie de l’Eglise
particulière et la mission de l’évêque.
Pour surmonter les incompréhensions
réciproques, une formation adéquate
sur ces aspects est nécessaire, ainsi
qu’une grande créativité pour trouver
des espaces de véritable rencontre. Un
autre élément sur lequel on a également
insisté est de ne pas traiter la vie consacrée dans son aspect purement fonctionnel. La vie consacrée doit être appréciée avant tout également par les
évêques et les prêtres diocésains, pour
ce qu’elle est: comme un signe et une
prophétie. Enfin, on ne pourra pas oublier un élément important qui peut
provoquer quelques tensions: la question des aliénations de la part des personnes consacrées et la question de la
propriété. Dans ce deuxième cas, les
conventions sont fondamentales.
Comment le nouveau document sera-t-il
élaboré?
Cela doit encore être décidé, nous
prévoyons une commission mixte des
deux dicastères. Ce qui semble très
clair est la volonté d’appliquer une méthodologie synodale, avant tout entre
les deux Congrégations, puis avec les
conférences des supérieurs généraux et
avec les évêques. En outre, l’assemblée
Avant tout, nous avons constaté que
la grande majorité des personnes consacrées vivent avec joie la fidélité à leur
vocation. Il existe une grande sainteté
dans la vie consacrée, comme l’a rappelé le Pape. Une fidélité qui conduit de
nombreuses personnes consacrées à témoigner de leur foi et de leur vocation
jusqu’à l’effusion du sang. Les martyrs
consacrés qui chaque année, donnent
leur vie pour le Christ, sont la meilleure preuve de la vitalité et de la sainteté
de la vie consacrée. Je n’ai aucun doute
à affirmer que la vie consacrée dans son
ensemble, est un corps qui est en bonne santé. Nous avons ensuite traité des
éléments qui aident la fidélité et de
ceux qui y font obstacle. Enfin, nous
avons réfléchi sur le thème douloureux
des abandons et nous avons signalé
certaines initiatives pour les prévenir.
Quels sont les causes principales de ce
phénomène?
Il n’est pas facile de les identifier:
celles qui sont indiquées dans les documents que l’on nous envoie pour obtenir la dispense de vœux ne sont pas
toujours les principales. Souvent sont
indiqués des problèmes de type affectif,
suivis par les difficultés à vivre les autres vœux ou la vie fraternelle en communauté elle-même. Je pense, toutefois,
que la première cause touche à la dimension spirituelle ou de foi. Quand
nous parlons de foi, il ne s’agit pas seulement de l’adhésion à la doctrine, mais
d’une foi vécue, qui touche et change
le cœur, et conduit donc à une vie
chrétienne authentique et, par conséquent, à une vie consacrée conforme à
ce que l’on a embrassé avec la profession. On confond parfois la foi avec la
religiosité. L’expérience nous montre
que l’on peut être très religieux et faible dans la foi. La foi part d’une véritable rencontre avec le Christ et conduit
à renforcer cette rencontre au cours de
toute la vie. Dans la vie chrétienne et
consacrée, on considère comme évidents divers aspects concernant la foi
auxquels on devrait en revanche prêter
beaucoup plus d’attention. En ce qui
concerne la spiritualité également, il
faudrait faire plus attention. Il ne faut
pas la confondre avec la simple dévotion, mais elle doit être incarnée pour
devenir fils du ciel et de la terre, mystiques et prophètes, disciples et témoins.
Si la foi est faible, si la spiritualité n’est
pas solide et si dans la vie fraternelle
en communauté il y des problèmes,
alors la première option s’affaiblit facilement et peut disparaître, en finissant
par des implications affectives qui font
que tôt ou tard, on laisse de côté cette
option. Je pense donc que les principales causes sont la fragilité de l’expérience de foi et dans la vie spirituelle, les
difficultés non résolues dans la vie fraternelle en communauté et, par conséquent, des problèmes de type affectif.
Quels sont les facteurs qui conditionnent
la fidélité?
Il faut tenir compte, avant tout,
d’une donnée qui provient de l’anthropologie actuelle: l’homme et la femme
d’aujourd’hui ont peur de s’engager définitivement; on veut toujours garder
une «fenêtre ouverte» pour les «imprévus», en tombant dans l’ambivalence
qui empêche de vivre la vie dans sa
plénitude. Cela tient dans une large
mesure au contexte culturel et social
dans lequel nous vivons. Notre société
est une société liquide, qui promeut
une culture liquide dans laquelle une
relation se construit à partir des avantages que chacune des parties peut obtenir de l’autre et dure donc aussi longtemps que durent les avantages; une
culture fragmentée où il n’y a pas de
place pour les «grands récits» et où
l’on veut vivre une vie à la carte, qui
nous fait souvent devenir esclaves de la
mode; une culture du bien-être et de la
réalisation personnelle, qui nous fait facilement passer de l’homo sapiens à l’homo consumens, en produisant un profond vide existentiel. A tous ces conditionnements doivent être ajoutés ceux
qui proviennent du monde des jeunes,
une réalité très complexe où, à en juger
par les récentes enquêtes, ce que l’on
appelle la génération des millenials, qui
succède à la génération X, est caractérisée par l’indifférence à l’égard de la religion et la faible connaissance de
l’Eglise et de la vie consacrée. Dans ce
contexte, même si, à un certain moment, certains se «convertissent» et
choisissent cette forme de sequela, il
leur manque peut-être une véritable
motivation, qui fait que dans les moments de difficulté, on cède à la tentation de s’en aller. Un dernier élément
dont il faut tenir compte est que la vie
consacrée elle-même peut tomber dans
le discours purement esthétique: on exprime des idéaux élevés, mais ensuite,
la vie des consacrés ne témoigne peutêtre pas de la beauté et de la bonté de
cette forme de sequela Christi. Ainsi, la
vie consacrée ne répond plus à sa mission prophétique, comme le demande
le Pape François, ou, selon les paroles
de Jean-Baptiste Metz, à sa mission
d’être une «thérapie de choc pour la
grande Eglise». La fidélité est également conditionnée par le manque de
clarté de l’identité de consacré. Le
manque d’un projet de vie écologique
où il existe une véritable harmonie entre vie spirituelle, vie fraternelle et mission évangélisatrice, est également important.
Est-il possible de connaître quelques statistiques en ce qui concerne les abandons?
Si le Pape parle d’«hémorragie», cela
veut dire que le problème est préoccupant, non seulement en raison du nombre, mais également de l’âge auquel ces
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L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 9 février 2017, numéro 6
Pour l’Ordre souverain militaire de Malte
Mgr Becciu
délégué spécial du Pape
En vue du chapitre extraordinaire qui devra élire le nouveau grand maître de
l’ordre souverain militaire de Malte, le Pape François a nommé S.Exc. Mgr
Angelo Becciu, substitut de la secrétairerie d’Etat, son délégué spécial investi de
«tous les pouvoirs nécessaires pour décider des éventuelles questions qui
pourraient apparaître». Nous publions ci-dessous la lettre de nomination — en
date du jeudi 2 février et rendue publique le samedi 4 — dans laquelle le Pape
souhaite également «une étude en vue de la mise à jour opportune de la charte
constitutionnelle» de l’ordre.
Discours aux personnes consacrées
SUITE DE LA PAGE 6
de saint Paul: «C’est l’heure désormais de vous arracher au sommeil»
(Rm 13, 11).
En parlant de fidélité et d’abandons, nous devons accorder une
grande importance à l’accompagnement. Je tiens à le souligner. Il est
nécessaire que la vie consacrée s’investisse dans la préparation d’accompagnateurs qualifiés pour ce
ministère. Et je dis la vie consacrée,
car le charisme de l’accompagnement spirituel, disons de la direction spirituelle, est un charisme
«laïc». Les prêtres aussi l’ont; mais
il est «laïc». Combien de fois ai-je
entendu des religieuses me dire:
«Père, vous ne connaissez pas de
prêtre qui pourrait me diriger?» —
«Mais, dis-moi, dans ta communauté n’y a-t-il pas une sœur pleine de
sagesse, une femme de Dieu?» —
«Oui, il y a bien cette vieille religieuse qui... mais...» — «Va la
voir!». Prenez soin vous-mêmes des
membres de votre congrégation.
Déjà, lors de la précédente assemblée plénière, vous avez constaté
cette exigence, comme cela apparaît
aussi dans votre récent document A
vin nouveau outres neuves (cf. nn. 1416). Nous n’insisterons jamais assez
sur cette nécessité. Il est difficile de
rester fidèles en marchant seuls, ou
en marchant sous la direction de
frères et sœurs incapables d’écoute
attentive et patiente, ou qui n’aient
pas une expérience adéquate de la
vie consacrée. Nous avons besoin
de frères et sœurs experts dans les
chemins de Dieu, pour pouvoir faire ce que fit Jésus avec les disciples
d’Emmaüs: les accompagner sur le
chemin de la vie et lorsqu’ils étaient
désorientés, et rallumer en eux la
foi et l’espérance grâce à la Parole
et l’Eucharistie (cf. Lc 24, 13-35).
C’est là le rôle délicat et exigeant
d’un accompagnateur. De nombreuses vocations se perdent par manque d’accompagnateurs valables.
Nous tous, personnes consacrées,
jeunes et moins jeunes, avons besoin d’une aide adéquate pour le
moment humain, spirituel et vocationnel que nous vivons. Tandis que
nous devons éviter toute forme
d’accompagnement qui créé des dépendances. C’est important: l’accompagnement spirituel ne doit jamais créer de dépendances. Alors
que nous devons éviter toute forme
d’accompagnement qui crée des dépendances, qui protège, contrôle ou
infantilise, nous ne pouvons pas
nous résigner à marcher seuls, il
faut un accompagnement proche,
fréquent et pleinement adulte. Tout
ceci servira à garantir un discernement continu qui conduit à découvrir la volonté de Dieu, à chercher
en tout cela ce qui est le plus agréable au Seigneur, comme dirait saint
Ignace, ou — avec les paroles de
saint François d’Assise — à «vouloir
toujours ce qui Lui plaît» (cf. Sources franciscaines n. 233). Le discernement exige de la part de l’accompagnateur et de la personne accompagnée une fine sensibilité spirituelle,
la capacité de se mettre face à soimême et face à l’autre «sine proprio», en se détachant complètement des préjugés et des intérêts
personnels ou de groupe. Ne pas
oublier également que dans le discernement, il ne s’agit pas seulement de choisir entre le bien et le
mal, mais entre le bien et le mieux,
entre ce qui est bon et ce qui amène
à s’identifier au Christ. Je continuerais bien de parler, mais arrêtonsnous là.
Chers frères et sœurs, je vous remercie encore et j’invoque sur vous
et sur votre service en tant que
membres et collaborateurs de la
congrégation pour les instituts de
vie consacrée et les sociétés de vie
apostolique, l’assistance constante
de l’Esprit Saint, tandis que je vous
bénis de tout cœur. Merci.
A mon vénéré frère
Mgr GIOVANNI ANGELO BECCIU
archevêque titulaire de Roselle
substitut pour les affaires générales
de la secrétairerie d’Etat
Au début du chemin de préparation
en vue du chapitre extraordinaire
qui devra élire le nouveau grand
maître de l’ordre souverain militaire
hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, je vous
nomme par cette Lettre mon délégué spécial auprès de cet ordre de
grand mérite. Vous agirez en étroite
collaboration avec S.E. le vénérable
Bailli Fra’ Ludwig Hoffmann von
Rumerstein, lieutenant intérimaire,
pour le bien supérieur de l’ordre et
la réconciliation entre toutes ses
composantes religieuses et laïques.
Vous accompagnerez et soutiendrez
le lieutenant dans la préparation du
chapitre extraordinaire, et vous déciderez ensemble des modalités
d’une étude en vue de la mise à
jour opportune de la charte consti-
tutionnelle de l’ordre et du statut
de Malte.
En particulier, vous prendrez soin
de tout ce qui concerne le renouveau spirituel et moral de l’ordre,
en particulier des membres profès,
afin que soit pleinement réalisé
l’objectif «de promouvoir la gloire de
Dieu au moyen de la sanctification des
membres, le service à la foi et au
Saint-Père et l’aide au prochain»,
comme l’énonce la charte constitutionnelle.
Jusqu’au terme de votre mandat,
c’est-à-dire jusqu’à la conclusion du
chapitre extraordinaire qui élira le
grand maître, vous serez mon porteparole exclusif pour tout ce qui
concerne les relations entre ce Siège
apostolique et l’ordre. Je vous délègue donc tous les pouvoirs nécessaires pour décider des éventuelles
questions qui pourraient apparaître
en ce qui concerne l’accomplissement du mandat qui vous est
confié.
En vous remerciant pour votre
disponibilité à assumer cette charge,
je vous assure de ma prière et je
vous donne de tout cœur la Bénédiction apostolique, que j’étends
avec plaisir à tous les membres de
l’ordre.
Du Vatican, le 2 février 2017
Entretien avec Mgr Rodríguez Carballo
SUITE DE LA PAGE 6
abandons ont lieu, la grande partie
entre 30 et 50 ans. Les statistiques
concernant les abandons au cours
des dernières années restent constantes. Dans les années 2015 et 2016,
nous avons eu environ 2.300 abandons par an, qui incluent les 271 décrets de démission de l’institut, les
518 dispenses du célibat qu’accorde
la Congrégation pour le clergé, les
141 prêtres religieux incardinés pure
et simpliciter dans divers diocèses et
les 332 dispenses des vœux parmi
les contemplatifs. Au cours de l’assemblée plénière, nous nous sommes arrêtés sur trois constatations:
le nombre élevé de personnes qui
quittent la vie consacrée pour s’incardiner dans un diocèse, le nombre
non négligeable de contemplatives
qui quittent la vie consacrée, et le
nombre de celles qui l’abandonnent
(225 cas) en disant qu’elles n’ont jamais eu la vocation. Il faut souligner que le nombre le plus élevé
d’abandons a lieu parmi les religieuses, ce qui s’explique en partie
par le fait qu’elles représentent la
grande majorité des personnes
consacrées.
Que peut-on faire pour aider ceux ou
celles qui ont un doute ou pour prévenir ces abandons?
Personnellement, je pense qu’il
faut miser avant toute chose sur le
discernement, de façon à ce que la
personne qui n’est pas appelée à
cette forme de sequela Christi n’embrasse pas cette vie. Dans le discernement, il faut prendre soin dans le
même temps de la dimension humaine, affective et sexuelle, de la
dimension spirituelle et de foi, et
également de la dimension intellectuelle. Il faut prêter attention aux
motivations, sans se laisser conditionner par la tentation du nombre
et de l’efficacité, comme nous l’a
rappelé le Pape François. La vie
consacrée n’est pas faite pour tous
et tous ne sont pas faits pour la vie
consacrée. On doit en outre faire
très attention à ceux qui passent
d’un séminaire ou d’un institut à un
autre. Un discernement adéquat
n’est pas possible sans un accompagnement approprié, offert par des
personnes capables de transmettre
la beauté du charisme dans un institut déterminé et qui soient expertes dans le chemin de la recherche
de Dieu, pour pouvoir accompagner les autres sur cet itinéraire. De
nombreuses vocations se perdent le
long du chemin par manque d’accompagnement humain, spirituel et
vocationnel adéquat. En outre, il est
fondamental de prendre soin de la
formation, à commencer par la formation permanente, humus de la
formation initiale. Celle-ci devrait
être quant à elle: une formation
personnalisée et caractérisée par un
processus; exigeante sur le plan
évangélique mais pas rigide; humaine et motivante, inculturée; une formation à la fidélité; une formation à
une affectivité saine et féconde.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 6, jeudi 9 février 2017
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Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République du Congo
Compréhension et collaboration
Je suis honoré et heureux de vous
transmettre à vous, Monsieur le président et à toutes les autorités de
l’Etat, les salutations paternelles de
Sa Sainteté le Pape François, avec sa
propice
bénédiction
apostolique
étendue à tout le peuple bien-aimé
de la République du Congo.
L’événement de ce jour constitue
une nouvelle étape, d’importance
historique, dans les relations entre le
Saint-Siège et la République du
Congo.
C’est dans un climat joyeux et festif que nous célébrons aujourd’hui le
quarantième anniversaire de nos relations diplomatiques, avec la signature de l’accord-cadre entre la République du Congo et le Saint-Siège
sur les relations entre l’Etat et l’Eglise catholique.
Comme vous le savez, dès 1977, le
Saint-Siège et le Congo ont renforcé
les rapports d’amitié qu’ils entretenaient déjà dans le cadre de la Communauté internationale, en établissant des relations diplomatiques officielles, avec, en ce qui concerne le
Saint-Siège, l’institution d’une nonciature apostolique à Brazzaville et
la présence stable dans le pays, d’un
nonce apostolique.
La présence au niveau local d’une
telle représentation pontificale permet au Saint-Siège de faciliter le
Vendredi 3 février, à Brazzaville, au palais du peuple de la République du
Congo, en présence du président de la République, S.E. M. Denis SassouN’guesso, a été signé l’«accord-cadre entre le Saint-Siège et la République
du Congo sur les relations entre l’Eglise catholique et l’Etat». Pour le
Saint-Siège a signé S.Em. le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, et
pour la République du Congo S.E. M. Clément Mouamba, premier ministre. L’accord-cadre, constitué par un préambule et 18 articles, garantit à
l’Eglise la possibilité d’accomplir sa mission au Congo. En particulier, est
reconnue la personnalité juridique de l’Eglise et de ses institutions. Les deux
parties, tout en préservant l’indépendance et l’autonomie qui leur sont propres, s’engagent à collaborer en vue du bien-être moral, spirituel et matériel
de la personne humaine et de la promotion du bien commun. L’accord-cadre
entrera en vigueur avec l’échange des instruments de ratification. Nous publions ci-dessous de larges extraits du discours du secrétaire d’Etat prononcé
à cette occasion.
dialogue avec les autorités civiles, de
promouvoir les contacts entre les
Eglises locales et de maintenir sa
présence dans la vie internationale.
Comme l’énonce le Code de droit
canonique, outre son rôle de représentant du Saint-Père auprès de
l’Eglise locale, le nonce apostolique
a pour mission de promouvoir et de
soutenir les relations entre le Siège
apostolique et la communauté politique et institutionnelle, ainsi que
d'affronter les questions qui concernent les rapports entre l’Eglise et
l’Etat (cf. canon 365, § 1).
Ainsi que le passé nous éclaire
pour comprendre le présent et construire un avenir meilleur, de même,
Intention de prière du mois du février
Il suffit d’un café
Un petit geste de solidarité et
d’amitié peut changer le visage
froid d’une grande ville: il suffit
d’un café, d’une accolade et
d’un mot pour réchauffer la
journée d’une personne marginalisée. Et précisément dans ce
contexte, on entend les paroles
du Pape François: «Prie avec
moi pour toutes les personnes
qui connaissent l’épreuve, en
particulier celles qui sont pauvres, réfugiées ou marginalisées,
afin qu’elles trouvent dans nos
communautés accueil et réconfort». Tel est le thème proposé
par le Pape dans le message vidéo pour l’intention de prière
du mois de février 2017, diffusé
sur le site internet du réseau
mondial de prière du Pape
www.apmej.org (Apostolat de la
prière).
Les images de gestes d’attention simples envers une personne en difficulté servent ainsi de
toile de fond aux paroles de
François: «Nous vivons dans
des villes qui construisent des
tours, des centres commerciaux,
font des affaires immobilières...
Mais laissent une partie d’ellesmêmes en marge, dans les périphéries. Comme conséquence de
cette situation, de grandes masses de populations se voient exclues et marginalisées: sans travail, sans perspectives, sans issues. Ne les abandonne pas».
La vidéo suggère de façon artistique une scène qui pourrait
avoir lieu sous toutes les latitu-
des; en effet, sont représentées
des races et des cultures diverses
qui partagent toutefois le même
sentiment de solidarité.
A travers les gestes d’attention
simples de quatre jeunes passants, le visage du jeune de leur
âge seul et transi de froid, assis
par terre devant le magasin
d’une rue d’un centre ville, s’ouvre enfin au sourire et à l’espérance. L’image finale est éloquente: une main qui touche
l’épaule du jeune en signe
d’amitié et de partage.
les valeurs spirituelles et morales qui
jusque-là ont accompagné notre cheminement commun, continueront à
nous inspirer dans nos décisions
d’aujourd’hui et de demain.
Nous concluons en ce jour un accord bilatéral portant sur des dispositions d'intérêt commun pour la vie
et l'activité de la communauté catholique au Congo. Celles-ci concernent
en particulier, la reconnaissance,
dans le domaine civil, de la personnalité juridique publique de l’Eglise
catholique et de ses principales institutions, l'indépendance de l’Eglise
catholique dans le culte et dans
l'apostolat, et son apport spécifique
dans les différents domaines de la
vie du pays.
La visite historique de saint JeanPaul II au Congo, au mois de mai
1980, a constitué un témoignage visible de la sollicitude du Saint-Siège
envers ce bien-aimé pays, et l’accord
que nous venons de signer veut symboliser la réalisation de ce que le Pape Jean-Paul II avait alors exprimé,
dans son discours adressé au président du Congo et à la nation:
«L’Etat peut compter sur la collaboration loyale de l’Eglise, du moment
qu’il s’agit de servir l’homme et de
contribuer à son progrès intégral. Et,
l’Eglise, au nom de sa mission spirituelle, demande, pour sa part, de
s'intéresser ainsi aux consciences
comme la possibilité pour les
croyants de professer publiquement,
de nourrir et d'annoncer leur foi.
[...] La liberté religieuse est, en effet,
au centre du respect de toutes les libertés et de tous les droits inaliéna-
bles de la personne (Voyage apostolique en Afrique, Discours de JeanPaul II au président de la République
du Congo et à la nation, Brazzaville,
5 mai 1980).
Même si l’Eglise et la communauté politique œuvrent de manière indépendante et à des niveaux différents, toutes deux servent les mêmes
sujets, qui sont souvent à la fois des
fidèles de l’Eglise et des citoyens de
l’Etat. Dans cette mission de service
en faveur de la dignité de chaque
homme, ample est l’espace pour le
dialogue et la coopération. C’est en
réalité au cœur de cette coopération
mutuelle que se situe notre engagement pour le bien commun et pour
la promotion des valeurs spirituelles
et morales qui confèrent à la société
congolaise son fondement et sa solidité.
Nous espérons que cet accord-cadre — qui rejoint de façon idéale la
pratique du Saint-Siège de consolider des liens durables d'amitié avec
tous les pays dans lesquels il œuvre
—, aura une portée importante et positive, non seulement pour ce pays,
mais aussi pour toute la région. [...]
C’est un désir ardent pour le Siège apostolique que d’accompagner
avec sollicitude le peuple congolais
dans les défis actuels auxquels il
doit faire face. A cet égard, le SaintSiège espère vivement que l’accord
permettra notamment de renforcer,
non seulement la compréhension réciproque, mais aussi la collaboration
entre les communautés religieuses, et
ce, d’une manière encore plus fructueuse pour le bien du pays, en cette
phase importante de son histoire.
Nous sommes confiants que la mise en œuvre de cet accord contribuera au rayonnement de la République
du Congo sur le plan international,
attestant encore que le Congo traite
avec respect les communautés religieuses et accorde une réelle importance aux principes du droit reconnus au niveau international, et en
particulier au principe fondamental
de liberté religieuse: c’est en ce sens
que le document constitue aussi un
bien au profit de toutes les instances
religieuses, catholiques et non-catholiques.
Message vidéo pour le Super Bowl
Une culture de la rencontre
A l’occasion du Super Bowl, la finale du championnat
de football des Etats-Unis qui a eu lieu le 5 février à
Houston, au Texas, le Pape a envoyé un message vidéo
dont nous publions le texte ci-dessous:
Les grands événements sportifs comme le Super
Bowl sont profondément symboliques et montrent
qu’il est possible d’édifier une culture de la rencontre et un monde de paix.
Prendre part à des activités sportives nous fait
dépasser notre vision personnelle de la vie — et de
façon saine — nous fait apprendre le sens du sacrifice, et croître dans le respect et la fidélité aux règles.
Puisse le Super Bowl de cette année être un signe de paix, d’amitié et de solidarité pour le monde. Merci!
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 9 février 2017, numéro 6
Collège épiscopal
Nominations
Le Saint-Père a nommé:
17 janvier
le père JOSÉ MAURICIO VÉLEZ GARCÍA, du clergé de l’archidiocèse de
Medellín (Colombie), jusqu’à présent vicaire épiscopal de la zone occidentale et curé de la paroisse
Nuestra Señora de Belén: évêque
auxiliaire de l’archidiocèse de Medellín (Colombie), lui assignant le
siège tititulaire épiscopal de Lapda.
Né à Medellín (Colombie) le 17
juin 1964, il a suivi ses études ecclésiastiques de philosophie et de théologie à l’université pontificale bolivarienne. Il a obtenu à Rome une licence en mariage et famille à l’institut pontifical Jean-Paul II et a suivi
des études de spécialisation en théologie morale à la grégorienne et de
bioéthique à l’université catholique
du Sacré-Cœur. Ordonné prêtre le
15 décembre 1992, dans l’archidiocèse
de Medellín il a exercé les fonctions
de vicaire paroissial de Santa Gertrudis à Envigado, aumônier de Confenalco, professeur à l’université catholique Luis Amigó, aumônier de la
ville, secrétaire du département communion ecclésiale et dialogue au
sein du Conseil épiscopal latinoaméricain (CELAM), curé de la Inmaculada et, à partir de 2013, vicaire
épiscopal de la zone occidentale et
curé de Nuestra Señora de Belén.
présent directeur du centre spirituel
«Saint Peter upon the Water» à Ingram: évêque auxiliaire de San Antonio (Etats-Unis d’Amérique), lui
assignant le siège titulaire épiscopal
de Geron.&
Né le 4 juin 1950 à Hudson Falls,
New York, diocèse d’Albany (EtatsUnis d’Amérique), sa famille s’est
installée en 1959 à Fredericksburg,
au Texas. Après avoir obtenu un
baccalauréat en psychologie à la
Saint Mary University (1971) et un
master dans la même matière à la
Trinity University (1972) à San Antonio, il a suivi ses études ecclésiastiques à la University of Notre Dame
à South Bend, en Indiana (19721975). Il a ensuite obtenu un doctorate of ministry à l’Austin Presbyterian Theological Seminary (1993).
Ordonné prêtre pour l’archidiocèse
de San Antonio le 19 mars 1976, il a
été vicaire paroissial de Saint James
à Gonzales (1976-1980) et de Saint
Ann à San Antonio (1980-1983); directeur de la formation spirituelle et
de la liturgie à l’Assumption Seminary à San Antonio (1983-1992); curé
(1993-2004) et ensuite administrateur
paroissial de Notre Dame à Kerrville
(2010-2016); doyen du Fredricksburg
Deanery (depuis 1994); membre du
collège des consulteurs (depuis
1997); fondateur et directeur du centre spirituel Saint Peter upon the
Water à Ingram (depuis 2004); président du conseil presbytéral (à partir de 2009).
20 janvier
24 janvier
le père PEDRO BAQUERO, S.D.B., vicaire provincial des salésiens de Papouasie Nouvelle-Guinée et des Iles
Salomon: évêque du diocèse de Kerema (Papouasie Nouvelle-Guinée).
le père MICHAEL MIABESUE BIBI, secrétaire chancelier de l’archidiocèse
de Bamenda (Cameroun): auxiliaire
de l’archidiocèse de Bamenda (Cameroun), lui assignant le siège titulaire épiscopal d’Amudarsa.
Il est né à Manille (Philippines) le
15 septembre 1970 et a suivi ses études secondaires chez les salésiens à
Pampanga. Entré en 1989 au noviciat de la Société salésienne de
Saint-Jean Bosco, il a prononcé ses
vœux temporaires le 1er avril 1990. Il
a suivi des études de philosophie au
collège Don Bosco à Canlubang, à
Laguna, et des études de théologie
au centre d’études Don Bosco de
Paranaque, à Manille. Après avoir
prononcé ses vœux perpétuels, il a
été ordonné prêtre le 8 décembre
1999 au sanctuaire Mary help of
Christians de Manille. Après l’ordination sacerdotale, il a exercé les
fonctions suivantes: curé à Lariau,
diocèse de Kerema, en Papouasie
Nouvelle-Guinée
(2000-2006);
conseiller de la communauté salésienne à Lariau (2000-2004); directeur de l’école salésienne de Lariau
(2004-2006); curé à Araimiri, diocèse
de Kerema (2006-2008); directeur de
l’école salésienne à Araimiri (20062010); directeur de l’école technique
de Gabutu, Port Moresby (20102013); délégué supérieur des salésiens en Papouasie Nouvelle-Guinée
et aux Iles Salomon (2014-2016).
Depuis 2016, il était vice-provincial
de la nouvelle province salésienne de
Papouasie Nouvelle-Guinée et des
Iles Salomon.
23 janvier
Mgr MICHAEL J. BOULETTE, du clergé de l’archidiocèse de San Antonio
(Etats-Unis d’Amérique), jusqu’à
Né le 28 juillet 1971 à Bamessing
(Nsei), archidiocèse de Bamenda
(Cameroun), il a étudié la philosophiet et la théologie au grand séminaire Saint Thomas Aquinas de
Bambui, à Bamenda. Ordonné prêtre le 26 avril 2000, dans l’archidiocèse de Bamenda il a été vicaire paroissial de Saint Jude à Fundog
(2000-2001), de Saint Matthias à
Widikum (2001-2003) et de Saint Joseph à Mankon (2003-2004). Après
des études pour un master en théologie avec spécialisation en catéchétique au Maryvale Institute de Birmingham, en Angleterre (20042006), il est revenu dans son pays
pour exercer son ministère dans les
paroisses de Saint Joseph à Bafut et
de All Saints (2006-2008); il a ensuite été aumônier du Sacred Heart
College de Mankon (2006-2007) et
du Saint Paul College de Nkwen
(2007-2008). Il a successivement
exercé
la
fonction
d’assistant
archdiocesan financial secretary et de
chancelier de l’archidiocèse (20092011), secrétaire particulier de l’archevêque (2012-2015) et, à partir de
2015, secrétaire chancelier de l’archidiocèse de Bamenda.
25 janvier
le père KANNIKADASS WILLIAM ANTONY, du clergé de Mysore (Inde),
curé de Saint Joseph’s Church et
porte-parole (Public Relation Officer) du même diocèse: évêque de
Mysore (Inde).
Né le 27 février 1965 à Polibeta,
dans le diocèse de Mysore (Inde), il
a étudié la philosophie et la théologie au Saint Peter’s Pontifical Seminary de Bangalore. Il a obtenu un
master en droit canonique à Bangalore, un bachelor of education et un
master’s degree en histoire du christianisme à l’université de Mysore.
Ordonné prêtre le 18 mai 1993, il a
été pendant un an vicaire paroissial
de Saint Thomas à Thomayarpalayam et pendant une autre année de
Our Lady of Lourdes à Martalli; et
pendant un an curé de Our Lady of
Lourdes à Gundlupet. Après le biennat d’études de droit canonique à
Bangalore, il a été nommé curé de la
Holy Family à Hinkal, Mysore, où il
est resté jusqu’en 2003, date à laquelle il est devenu chancelier et
économe du diocèse de Mysore. En
2009, il a été nommé curé de la cathédrale et doyen de Mysore. Depuis 2015, il était curé de Saint Joseph à Jayalakshmipuram et secrétaire de la Mysore diocesan educational society. Il est membre du collège
des consulteurs et défenseur du lien
au tribunal diocésain, ainsi que porte-parole du même diocèse.
le père JEFFREY R. HAINES, du clergé de l’archidiocèse de Milwaukee
(Etats-Unis d’Amérique), recteur de
la Cathedral of Saint John the Evangelist à Milwaukee: auxiliaire de l’archidiocèse de Milwaukee (EtatsUnis d’Amérique), lui assignant le
siège titulaire épiscopal de Tagamuta
Né le 6 octobre 1958 à Milwaukee,
dans le diocèse du même nom
(Etats-Unis d’Amérique), il a obtenu
le baccalauréat à la Marquette university de Milwaukee (1981) et le
master en théologie au Saint Francis
de Sales Seminary (1985). Ordonné
prêtre pour l’archidiocèse de Milwaukee le 17 mai 1985, il a été vicaire
paroissial de Saint Nicholas (19851991) et du Holy Redeemer (19871991) à Milwaukee, puis de Saint
Eugene à Fox Point (1991-1996); curé
de Saint Francis Xavier Cabrini à
West Bend (1996-2002 et 2003-2011);
administrateur paroissial de Saint
Patrick à Whitewater (2002-2003);
prêtre adjoint dans les paroisses Immaculate Conception et Saint Mary
(2004-2011) à West Bend; recteur de
la cathédrale de Milwaukee (à partir
de 2011); membre du collège des
consulteurs, président du conseil
presbytéral, membre de la commission préparatoire du synode archidiocésain de 2014 et doyen.
le père JAMES T. SCHUERMAN, du
clergé de l’archidiocèse de Milwaukee (Etats-Unis d’Amérique) et curé
de la Saint Francis de Sales Parish à
Lake Geneva: auxiliaire de l’archidiocèse de Milwaukee (Etats-Unis
d’Amérique), lui assignant le siège
titulaire de Girba.
Né le 5 avril 1957, il a suivi des
études de philosophie à la Marquette university de Milwaukee (1980) et
de théologie au séminaire archidiocésain Saint Francis de Sales et au
Collegium Canisianum à l’université
d’Innsbruck en Autriche (1980-1986).
Il a ensuite étudié la spiritualité à la
Chicago theological union, obtenant
le doctorate of ministry (1996). Ordonné prêtre pour l’archidiocèse de
Milwaukee le 17 mai 1986, il a été vicaire paroissial de Saint Anthony
(jusqu’en 1992), missionnaire dans la
paroisse de la Sagrada Família, dans
le diocèse de San Juan de la Maguana en République dominicaine
(1992-1996). De retour dans son diocèse, il a été directeur spirituel au
Saint Francis de Sales Seminary
College (1997-2009), curé de la Saint
Andrew Parish à Delavan (20092013) et de Saint Francis de Sales à
Lake Geneva (à partir de 2010),
doyen du troisième district et membre de la commission pour les admissions au séminaire archidiocésain.
26 janvier
le père LAWRENCE SYDNEY NICASIO,
du clergé de Belize, curé de la cathédrale à Belize City: évêque du diocèse de Belize City - Belmopan (Belize).
Né au Belize le 5 septembre 1956,
après avoir fréquenté l’Auster High
School, à Belize City, il a été élève
du Belize Teachers College et a
enseigné pendant plusieurs années
dans les écoles du diocèse. Il a suivi
ses études ecclésiastiques aux EtatsUnis d’Amérique, obtenant en 1995
le baccalauréat en philosophie au
Glennon Seminary dans l’archidiocèse de Saint Louis. En 1989, il a complété ses études de théologie par un
master of divinity au Kenrich College Seminary. Ordonné prêtre dans la
cathédrale de Belize City - Belmopan le 16 juin 1989, il a été vicaire
paroissial de la concathédrale de
Belmopan jusqu’en 1995; curé de
l’Inmaculada à Orange Walk, secrétaire et trésorier du conseil presbytéral, maître des célébrations liturgiques et des diverses activités au niveau diocésain (1995-2006). Après
une année sabbatique (2006-2007) il
a été curé de Saint-Ignace et administrateur de la paroisse Saint JeanMarie Vianney à Belize City (20072013), président de l’association du
clergé diocésain et membre du collège des consulteurs (2007-2009). Depuis 2013, il est curé de la cathédrale
de Belize City.
Démissions
Le Saint-Père a accepté la démission
de:
18 janvier
S.Exc. Mgr JOSÉ PALMEIRA LESSA
qui avait demandé à être relevé de la
charge pastorale de l’archidiocèse
d’Aracaju (Brésil).
S.Exc. Mgr JOÃO JOSÉ DA COSTA,
O.CARM., jusqu’à présent archevêque coadjuteur du même archidiocèse, lui succède dans sa charge.
25 janvier
S.Exc. Mgr THOMAS ANTONY VAZHAPILLY, qui avait demandé à être
relevé de la charge pastorale du diocèse de Mysore (Inde).
26 janvier
S.Exc. Mgr D ORICK G. WRIGHT,
qui avait demandé à être relevé de la
charge pastorale du diocèse de Belize City-Belmopan (Belize).
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 6, jeudi 9 février 2017
Audiences pontificales
Le Saint-Père a reçu en audience:
26 janvier
Leurs Excllences NN.SS.:
— IVO SCAPOLO, archevêque titulaire de Tagaste, nonce apostolique
au Chili;
— MIGUEL MAURY BUENDIA, archevêque titulaire d’Italica, nonce
apostolique en Roumanie.
le père TITO BANCHONG THOPANHONG, administrateur apostolique
du vicariat apostolique de Luang
Prabang (Laos), en visite «ad limina
Apostolorum»;
Leurs Excellences NN.SS.:
— LOUIS-MARIE LING MANGKHANEKHOUN, évêque titulaire d’Acque
nuove de Proconsolare, vicaire apostolique de Paksé (Laos), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— JEAN MARIE VIANNEY PRIDA
INTHIRATH, évêque titulaire de Lemfocta, vicaire apostolique de Savannakhet (Laos), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— JEAN KHAMSÉ VITHAVONG,
évêque titulaire de Moglena, vicaire
apostolique de Vientiane (Laos), en
visite «ad limina Apostolorum»;
MICHEL
MARIE
—
OLIVIER
SCHMITTHAEUSLER, évêque titulaire
de Catabum castra, vicaire apostolique de Phnom-Penh (Cambodge),
en visite «ad limina Apostolorum»;
— le père ENRIQUE FIGARED O ALVARGONZALEZ, S.J., préfet apostolique de Hattambang (Cambodge),
en visite «ad limina Apostolorum»;
— ANTONYSAMY SUSAIRAJ, M.E.P.,
préfet apostolique de KompongCham (Cambodge), en visite «ad limina Apostolorum».
Le Saint-Père a nommé:
14 janvier
S.Em. le cardinal SEAN PATRICK
O’MALLEY, archevêque de Boston
(Etats-Unis d’Amérique), président
de la Commission pontificale pour
la protection des mineurs: membre
de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Leurs Eminences les cardinaux:
BALTAZAR ENRIQUE PORRAS CARD OZO, archevêque de Mérida (Vénézuéla); SÉRGIO DA RO CHA, archevêque de Brasilía (Brésil); CARLOS AGUIAR RETES, archevêque de
Tlalnepantla (Mexique): membres
de la Commission pontificale pour
l’Amérique latine.
Mgr GIOVANNI DI NAPOLI, professeur de liturgie à la faculté de
théologie d’Italie du sud, section
San Luigi di Napoli, et au séminaire de Salerne, secrétaire du centre d’action liturgique; Mgr CLAUDIO MAGNOLI, professeur de liturgie à la faculté de théologie d’Italie du nord, responsable du service
pour la pastorale liturgique de l’archidiocèse de Milan, recteur de
l’institut pontifical ambrosien de
musique sacrée; Mgr VINCENZO
DE GREGORIO, recteur de l’institut
pontifical de musique sacrée; Mgr
MASSIMO PALOMBELLA, S.D.B., maître de la chapelle musicale pontificale; le père JOSÉ LUIS GUTIÉRREZ
MARTÍN, de la prélature de l’O pus
Dei, directeur de l’institut de liturgie de l’université pontificale de la
Sainte-Croix à Rome; le père
MARKO RUPNIK, S.J., professeur
EDITION HEBDOMADAIRE
Unicuique suum
EN LANGUE FRANÇAISE
Non praevalebunt
GIOVANNI MARIA VIAN
directeur
Giuseppe Fiorentino
vice-directeur
Jean-Michel Coulet
rédacteur en chef de l’édition
Cité du Vatican
[email protected]
www.osservatoreromano.va
— FERNAND O FILONI, préfet de la
Congrégation pour l’évangélisation
des peuples.
28 janvier
Rédaction
Représentations
pontificales
Nominations
Le Saint-Père a nommé:
21 janvier
S.Exc. Mgr GIAMBATTISTA DIQUATTRO, archevêque titulaire de
Giromonte, jusqu’à présent nonce
apostolique en Bolivie: nonce
apostolique en Inde et au Népal.
— MARC OUELLET, préfet de la
Congrégation pour les évêques;
S.Exc. Mgr CELESTINO MIGLIORE,
archevêque titulaire de Canosa,
nonce apostolique dans la Fédération russe: nonce apostolique en
O uzbékistan.
— MAURO PIACENZA, pénitencier
majeur, avec S.Exc. Mgr KRZYSZTOF
JOZEF NYKIEL, régent de la pénitencerie apostolique;
Eglises d’Orient
Leurs Eminences MM. les cardinaux:
S.Exc. Mgr GIAMPIERO GLODER, archevêque titulaire de Telde, président de l’Académie pontificale ecclésiastique.
Leurs Excellences NN.SS.:
d’art liturgique à l’institut pontifical liturgique, directeur du centre
Aletti de Rome; Mgr BRUCE
EDWARD HARBERT, ancien professeur de liturgie et de théologie sacramentaire, curé; le père JAUME
GONZÁLES PADRÓS, directeur de
l’institut supérieur de liturgie de
Barcelone; le père OLIVIER-MARIE
SARR, O.S.B., professeur à l’institut
pontifical liturgique Saint-Anselme
à Rome; ELIAS FRANK, professeur
de droit liturgique à l’université
pontificale urbanienne; Mgr PATRICK CHAUVET, professeur de
théologie, archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris; le père
ROBERT MCCULLO CH, S.S.C.M.E.,
procureur général de la société
Saint-Colomban pour les missions
étrangères; le père OLIVIER-THOMAS VENARD, O.P., vice-directeur
de l’«Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem»; M.
MARC-AEILKO ARIS, professeur à
la Ludwig-Maximilian-Universität
à Munich; Mme D ONNA LYNN
ORSUTO, professeur à l’institut de
spiritualité de l’université pontificale grégorienne, à l’université
pontificale Saint-Thomas d’Aquin
et à l’institut Jean-Paul II pour les
études sur le mariage et la famille,
co-fondatrice et directrice du «The
Lay Centre al Foyer Unitas» à Rome; Mme VALERIA TRAPANI, professeur de liturgie à la faculté de
théologie de Sicile San Giovanni
Evangelista de Palerme, membre
de la Commission liturgique diocésaine de Palerme; M. ADELIND O
GIULIANI, en service au bureau liturgique du Vicariat de Rome:
consulteurs de la Congrégation
pour le culte divin et la discipline
des sacrements.
L’OSSERVATORE ROMANO
— GEORGE PELL, préfet du secrétariat pour l’économie;
30 janvier
Curie romaine
Nominations
27 janvier
Leurs Eminences MM. les cardinaux:
page 11
— FRANCISCO POLTI SANTILLÁN,
évêque émérite de Santiago del Estero (Argentine);
— JEAN-CLAUDE HOLLERICH, archevêque de Luxembourg;
— STANISLAV HOČEVAR, archevêque de Beograd (Serbie), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— JÁNOS PÉNZES, évêque de Subotica (Serbie), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— LADISLAV NEMET, évêque de
Zrenjanin (Serbie), en visite «ad limina Apostolorum»;
— ĐURO GAŠPAROVIĆ, évêque de
Srijem (Serbie), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— DJURA DŽUDŽAR, évêque titulaire d’Acrasso, exarque apostolique
pour les fidèles de rite byzantin
(Serbie), en visite «ad limina Apostolorum»;
— RROK GJONLLESHAJ, archevêque de Bar (Monténégro), en visite «ad limina Apostolorum»;
— ILIJA JANJIĆ, évêque de Kotor
(Monténégro), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— D ODË GJERGJI, administrateur
apostolique de Prizren (Kosovo), en
visita «ad limina Apostolorum»;
— KIRO STOJANOV, évêque de
Skopje (Macédoine); exarque apostolique pour les fidèles de rite byzantin résidant dans l’ex-République
yougoslave de Macédoine.
TIPO GRAFIA VATICANA EDITRICE
L’OSSERVATORE ROMANO
don Sergio Pellini S.D.B.
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Nomination
14 janvier
Le synode des évêques de l’Eglise
archiépiscopale majeure syro-malabare, avec l’assentiment préalable
du Saint-Père, a élu évêque auxiliaire de l’archiéparchie de Changanacherry (Inde) le père THOMAS
(TOMY) THARAYIL, à qui a été assigné le siège titulaire épiscopal
d’Agrippia.
Né à Changanacherry le 2 février 1972, il est entré au petit séminaire de Kurichy et a suivi ses
études au Saint Thomas Apostolic
Seminary, à Vadavathoor. Ordonné prêtre le 1er janvier 2000, il a
obtenu une licence et un doctorat
en psychologie à Rome à l’université grégorienne. Il a été secrétaire
de l’archevêque Powathil, vicaire
de diverses communautés et il
était jusqu’à présent directeur de
l’institut de formation Danahalaya.
Démissions
23 janvier
Le Saint-Père a accepté la démission de S.Exc. Mgr ANTONIOS
AZIZ MINA, qui avait demandé à
être relevé de la charge pastorale
de l’éparchie de Guizeh des Coptes (Egypte).
L’éparchie sera dirigée par Sa
Béatitude IBRAHIM ISAAC SEDRAK,
patriarche d’Alexandrie des Coptes, en qualité d’administrateur
apostolique sede vacante.
24 janvier
Le synode des évêques de l’Eglise
archiépiscopale majeure syro-malankare a accepté la démission de
S.Exc. Mgr GEEVARGHESE MAR
DIVANNASIOS OTTATHENGIL, qui
avait demandé à être relevé de la
charge pastorale de Puthur.
Abonnements: Italie, Vatican: 58,00 €; Europe: 100,00 € 148,00 $ U.S. 160,oo FS; Amérique latine, Afrique,
Asie: 110,00 € 160,00 $ U.S. 180,00 FS; Amérique du Nord, Océanie: 162,00 € 240,00 $ U.S. 260,00 FS. Renseignements:
téléphone + 39 06 698 99489; fax + 39 06 698 85164; courriel: [email protected]
Belgique: Editions Jésuites 7, rue Blondeau 5000 Namur (IBAN: BE97 0688 9989 0649 BIC: GKCCBEBB);
téléphone o81 22 15 51; fax 081 22 08 97; [email protected] France: Bayard-Ser 14, rue d’Assas,
75006 Paris; téléphone + 33 1 44 39 48 48; [email protected] - Editions de L’Homme Nouveau 10, rue de
Rosenwald 75015 Paris (C.C.P. Paris 55 58 06T); téléphone + 33 1 53 68 99 77 [email protected].
Suisse: Editions Saint - Augustin, casepostale 51, CH - 1890 Saint-Maurice, téléphone + 41 24 486 05 04,
fax + 41 24 486 05 23, [email protected] - Editions Parole et Silence, Le Muveran, 1880 Les Plans sur Bex
(C.C.P. 17-336720-5); téléphone + 41 24 498 23 01; [email protected] Canada et Amérique du Nord: Editions
de la CECC (Conférence des Evêques catholiques du Canada) 2500, promenade Don Reid, Ottawa (Ontario)
K1H 2J2; téléphone 1 800 769 1147; [email protected]
L’OSSERVATORE ROMANO
page 12
Messe en la fête de la présentation de Jésus au temple
Vaincre la tentation de la survie
Vaincre «la tentation de la survie» qui rend les cœurs arides et les prive de la
capacité de rêver: tel est l’engagement que le Pape a demandé aux personnes
consacrées au cours de la Messe célébrée dans la basilique vaticane dans la soirée
du jeudi 2 février, fête de la présentation de Jésus au temple.
Lorsque les parents de Jésus ont
porté l’Enfant pour accomplir les
prescriptions de la Loi, Syméon,
«sous l’action de l’Esprit» (Lc 2, 27),
prend l’Enfant dans ses bras et commence à élever des louanges. Un
cantique de bénédiction et de louange: «Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples: lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple
Israël» (Lc 2, 30-32). Non seulement
Syméon a pu voir, mais il a eu aussi
le privilège d’embrasser l’espérance
attendue, et cela le fait exulter de
joie. Son cœur se réjouit parce que
Dieu habite au milieu de son peuple; il le sent chair de sa chair.
La liturgie d’aujourd’hui nous dit
qu’avec ce rite (quarante jours après
la naissance) «Jésus [...] se conformait [...] à la loi du Seigneur, mais
[que], en vérité, il venait à la rencontre du peuple des croyants»
(Missel romain, 2 février, Monition
de la procession d’entrée). La rencontre de Dieu avec son peuple suscite la joie et renouvelle l’espérance.
Le chant de Syméon est le chant
de l’homme croyant qui, à la fin de
ses jours, peut affirmer: c’est vrai,
l’espérance en Dieu ne déçoit jamais
(cf. Rm 5, 5), Il ne trompe pas. Syméon et Anne, dans leur vieillesse,
sont capables d’une nouvelle fécondité, et ils en témoignent en chantant: la vie mérite d’être vécue avec
espérance parce que le Seigneur garde sa promesse; et Jésus lui-même
expliquera cette promesse dans la synagogue de Nazareth: les malades,
les prisonniers, ceux qui sont seuls,
les pauvres, les personnes âgées, les
pécheurs sont invités, eux aussi, à
entonner le même chant d’espérance;
Jésus est avec eux, il est avec nous
(cf. Lc 4, 18-19).
Ce chant d’espérance, nous
l’avons reçu en héritage de nos pères. Ils nous ont engagés dans cette
«dynamique». Sur leurs visages,
dans leurs vies, dans leur dévouement quotidien et constant, nous
avons pu voir comment cette louange s’est faite chair. Nous sommes héritiers des rêves de nos pères, héritiers de l’espérance qui n’a pas déçu
nos mères et nos pères fondateurs,
nos aînés. Nous sommes héritiers de
nos anciens qui ont eu le courage de
rêver; et comme eux, aujourd’hui,
nous voulons, nous aussi, chanter:
Dieu ne trompe pas, l’espérance en
lui ne déçoit pas. Dieu vient à la
rencontre de son peuple. Et nous
voulons chanter en nous introduisant dans la prophétie de Joël: «Je
répandrai mon pouvoir sur tout esprit de chair, vos fils et vos filles
prophétiseront, vos anciens seront
instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions» (3, 1).
Cela nous fait du bien d’accueillir
le rêve de nos pères pour pouvoir
prophétiser aujourd’hui et retrouver
ce qui un jour a enflammé notre
cœur. Rêve et prophétie ensemble.
Mémoire de la façon dont ont rêvé
nos anciens, nos pères et mères et
courage pour poursuivre, prophétiquement, ce rêve.
Cette attitude nous rendra féconds, nous, personnes consacrées,
mais surtout elle nous préservera
d’une tentation qui peut rendre stérile notre vie consacrée: la tentation
de la survie. Un mal qui peut s’installer peu à peu en nous, dans nos
communautés. L’attitude de survie
nous fait devenir réactionnaires, peureux; elle nous enferme lentement et
silencieusement dans nos maisons et
dans nos schémas. Elle nous projette
en arrière, vers les exploits glorieux
— mais passés — qui, au lieu de susciter la créativité prophétique issue
des rêves de nos fondateurs, cherchent des raccourcis pour fuir les défis qui aujourd’hui frappent à nos
portes. La psychologie de la survie
ôte la force à nos charismes parce
qu’elle nous conduit à les «domestiquer», à les ramener «à portée de
main» mais en les privant de cette
force créatrice qu’ils ont inaugurée;
elle fait en sorte que nous voulons
davantage protéger des espaces, des
édifices ou des structures que rendre
possibles de nouveaux processus. La
tentation de la survie nous fait oublier la grâce, elle fait de nous des
professionnels du sacré mais non des
pères, des mères ou des frères de
l’espérance que nous avons été appelés à prophétiser. Ce climat de survie
endurcit le cœur de nos aînés en les
privant de la capacité de rêver et, ainsi, stérilise la prophétie que les plus
jeunes sont appelés à annoncer et à
réaliser. En peu de mots, la tentation
de la survie transforme en danger,
en menace, en tragédie ce que le
Seigneur nous présente comme une
opportunité pour la mission. Cette
attitude n’est pas propre uniquement
à la vie consacrée, mais à titre particulier nous sommes invités à nous
garder d’y succomber.
Retournons au passage de l’Evangile et contemplons de nouveau la
scène. Ce qu’a suscité le chant de
louange en Syméon et Anne, cela
n’a pas été, bien sûr, de se regarder
eux-mêmes, d’analyser et de revoir
leur situation personnelle. Cela n’a
pas été de s’enfermer de peur que
quelque malheur ne puisse leur arriver. Ce qu’a suscité le chant a été
l’espérance, cette espérance qui les
soutenait dans la vieillesse. Cette espérance s’est vue récompensée dans
la rencontre avec Jésus. Lorsque Marie dépose dans les bras de Syméon
le Fils de la Promesse, le vieillard
commence à chanter, il fait une «liturgie», il chante ses rêves. Lorsqu’elle met Jésus au milieu de son
peuple, celui-ci trouve la joie. Oui, il
n’y a que cela pour pouvoir nous re-
jeudi 9 février 2017, numéro 6
donner la joie et l’espérance, seulement cela nous préservera de vivre
dans une attitude de survie. Uniquement cela fécondera notre vie et
maintiendra vivant notre cœur. Mettre Jésus là où il doit être: au milieu
de son peuple.
Nous sommes tous conscients de
la transformation multiculturelle que
nous traversons; personne n’en doute. D’où l’importance que la personne consacrée soit insérée avec Jésus
dans la vie, dans le cœur de ces
grandes transformations. La mission
— en conformité avec chaque charisme spécifique — est de nous rappeler
que nous avons été invités à être levain de cette masse concrète. Certes,
il peut y avoir des «farines» meilleures, mais le Seigneur nous a invités à
faire lever la pâte ici et maintenant,
avec les défis qui se présentent à
nous. Non par une attitude défensive, non pas poussés par nos peurs,
mais les mains à la charrue, en cherchant à faire croître le grain souvent
semé au milieu de l’ivraie. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie
avoir un cœur contemplatif, capable
de discerner comment Dieu marche
dans les rues de nos villes, de nos
villages, de nos quartiers. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie
prendre en charge et vouloir aider à
porter la croix de nos frères. C’est
vouloir toucher les plaies de Jésus
dans les plaies du monde, qui est
blessé et désire et demande à ressusciter.
Nous mettre avec Jésus au milieu
de son peuple! Non comme des activistes de la foi, mais comme des
hommes et des femmes qui sont
continuellement
pardonnés,
des
hommes et des femmes unis dans le
baptême pour partager cette onction
et la consolation de Dieu avec les
autres.
Nous mettre avec Jésus au milieu
de son peuple, car «nous ressentons
la nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer,
de se prendre dans les bras, de se
soutenir, de participer à cette marée
un peu chaotique qui [avec le Seigneur] peut se transformer en une
véritable expérience de fraternité, en
une caravane solidaire, en un saint
pèlerinage... [...] Si nous pouvions
suivre ce chemin, ce serait une très
bonne chose, très régénératrice, très
libératrice, très génératrice d’espérance! Sortir de soi-même pour
s’unir aux autres» (Exhort. ap.
Evangelii gaudium, n. 87) non seulement fait du bien, mais aussi transforme notre vie et notre espérance
en un chant de louange. Mais cela,
nous ne pouvons le réaliser que si
nous faisons nôtres les rêves de nos
pères et les transformons en prophétie.
Accompagnons Jésus pour qu’il
rencontre son peuple, pour qu’il soit
au milieu de son peuple, non pas
dans la lamentation ou dans l’anxiété de celui qui a oublié de prophétiser parce qu’il ne prend pas en charge les rêves de ses pères, mais dans
la louange et dans la sérénité; non
pas dans l’agitation mais dans la patience de celui qui se fie à l’Esprit,
Seigneur des rêves et de la prophétie. Et ainsi, nous partageons ce qui
nous appartient: le chant qui naît de
l’espérance.