Ecriture d’une lettre de Poilu Dans le cadre d’une séquence intitulée « La guerre en ligne de mire », les élèves.

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Transcript Ecriture d’une lettre de Poilu Dans le cadre d’une séquence intitulée « La guerre en ligne de mire », les élèves.

Ecriture d’une lettre de Poilu

Dans le cadre d’une séquence intitulée « La guerre en ligne de mire », les élèves de 3 ème 2 ont lu et vu des témoignages de guerre.

Parmi les supports étudiés, ils ont analysé la première de couverture de la bande dessinée C’était la guerre des tranchées, de Jacques Tardi, aux Editions Casterman.

Cliquer ici pour voir l’image

Sujet d’invention:

Le personnage situé à gauche de l’image écrit une lettre à sa femme.

Dans cette lettre, il raconte ce qu’il a vécu au moment représenté par l’image (avant, pendant, après).

Consignes d’écriture:

Votre lettre comprendra :     Des passages narratifs (le soldat raconte ce qui leur est arrivé) Au moins un passage descriptif (désolation du paysage au front) qui contiendra une ou plusieurs comparaisons Une réflexion sur la guerre dans laquelle le narrateur exprimera sa souffrance et sa révolte (fin de la lettre).

Il sera tenu compte de la correction de la langue et de la richesse du vocabulaire dans l’expression des sentiments.

Voici la lettre rédigée par Marina Gomes, élève de 3ème 2…

Soissons, le 12 novembre 1914 Ma très chère Catherine, Cela fait déjà deux mois que cette guerre persiste, et c'est de pire en pire.

Ce matin, à l'aube, tout était calme. Tout à coup, l'ennemi est sorti de son terrier. Le commandant ordonna à tous les soldats de sortir de la tranchée leur faire face. Je me levai, non sans peine, l'uniforme humide, car nous dormons à même le sol, couvert de boue. C'est ainsi que deux ou trois minutes après, j'étais mêlé à tous ces soldats, qui partent à l'assaut telles des bêtes sauvages, avides de vengeance. Il pleuvait des balles, des coups de canon, et le fait qu'un soldat reste plus de cinq minutes en vie après le début de l'assaut, tenait du miracle.

A mes côtés, Albert Bourget, mon compagnon de tranchée.

En face, un allemand. Un soldat, qui comme nous s'est lancé dans cette guerre inutile. Nous, soldats, on connaît cette dure réalité du front qu'on nous oblige à supporter. Les officiers, eux, ne font que nous donner des ordres, et nous regarder nous entretuer à coups de fusil et de baïonnette.

Mais ils vous le cachent. A vous et à tous ceux qui voient partir leur mari, leur fils, à la guerre, avec l'espoir de le revoir un jour. Mais en vain. On se bat pour s'en sortir, mais au fond je sais qu'on mourra tous. Comme Albert. Une balle avait traversé à la verticale sa joue gauche. Des éclats du projectile avaient pénétré dans son œil.

Je ne pouvais pas le laisser comme ça, mourir dans cette souffrance atroce. Pas devant mes yeux. Je m'armai de courage, et, avec un autre soldat (un cousin d'Albert, paraît il), nous le portâmes dans un drap découpé dans un sac à provisions. Nous nous infiltrâmes dans une tranchée.

Ah ! Catherine, si tu savais ! C'est horrible. Dans ces trous, le pied s'enfonce dans cette boue mêlée aux cadavres verts exhalant une odeur pestilentielle, les parois suintantes de ce terrier puent et s'effondrent avec la moindre goutte de pluie.

Dehors, lorsqu'on observe le paysage, on croit qu'on est en enfer, qu'on fait un cauchemar. Mais un cauchemar si réel !

Le fil barbelé enfoui dans toute cette mare gluante nous ralentit. Le ciel, gris-orange paraît céder et nous tomber sur la tête, avec les bombes lancées de ces maudits avions ennemis.

Bref, dans tout ce paysage que je ne peux que croire imaginaire, ces chemins en labyrinthe qui conduisent à la mort, où qu'on aille, on devait quand même essayer d'emmener Albert à l'infirmerie, située à l'autre bout du front.

Un moment, je levai les yeux. Un avion survolait nos têtes.

Un avion ennemi. Soudain, je le vis descendre vers le front à toute vitesse, tel un aigle, qui fonce sur sa proie. Il perdait de l'altitude rapidement. Beaucoup trop même. C'est là que je m'aperçus qu'une de ses ailes était en feu. Cet avion se dirigeait droit sur nous. J'ordonnai au soldat de traîner avec moi Albert jusque derrière un gros amas de boue pour nous protéger. L'avion est tombé si près, que la tranchée paraissait cracher des boules de feu. Mais nous nous en sommes sortis. Nous sommes sains et saufs. Albert mourut malheureusement quelques heures après, tant la douleur était effroyable.

Tu sais Catherine, les choses ne vont pas très bien au front, mais ne t'en fais pas pour moi. Je m'en sortirai. Je te le promets. En attendant, prie. Prie pour moi, pour que je m'en sorte, pour que cette guerre qui nous rend si sauvages et si inhumains cesse. Mais surtout, ne l'oublie pas, je t'aime. Et ce, quoi qu'il arrive.

Ton cher mari, Alphonse de Bergues