Catalogue en Réponse à la guerre (pdf - 6,69 Mo)

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Remerciements
Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, DRAC Nord-Pas-de-Calais,
seil général du Pas-de-Calais, Ville de Hornaing, Ville de Rieulay,
Galerie Radial (Strasbourg),
// In the cycle of commemorations of the centenary of the First
World War, asking the artist about the war is to grant him a place
in the historical fact. Since the French Revolution, when the artist is
detached from its sponsors, he is committed to freedom, justice, and
social equality, ecology, against famine, consumption, disease, violence
and war. Realism, expressionism, Dadaism, surrealism... the major
artistic currents are almost all based in a reaction against their time.
WW1 was a “total war” whose traces are still many in
our territories as well as in our minds. Violence, cruelty, horror,
separation: we still have stories and images, all rooted in a common
history. The artist does not have the burden of explaining the feeling
of the time, as it is the task of the historian, but he has the role of
interpreting the painting, volume, installation, sound, light or other
medias to create new images and emotions.
La guerre 14-18 était une « guerre totale » dont les traces sont
encore nombreuses aussi bien dans nos territoires que dans nos esprits.
Violence, barbarie, horreur, séparation : il nous reste des témoignages
et des images, ancrés tous dans une histoire commune. L’artiste n’a pas
la charge de les expliquer avec le ressenti de l’époque, c’est la mission
de l’historien, mais il a le rôle de les interpréter par la peinture, le
volume, l’installation, le son, la lumière ou d’autres médias pour créer
de nouvelles images, des émotions.
71 artists responded to our invitation. 71 responses to the
war in helmets listed as symbols of armed conflict. The war became
worldwide 100 years ago; the exhibition had to be international:
16 nationalities are well represented.
Soixante-et-onze artistes ont répondu à notre invitation.
soixante-et-onze réponses à la guerre inscrites dans des casques,
comme symboles des conflits armés. La guerre est devenue mondiale
il y a 100 ans, l’exposition se devait d’être internationale : seize
nationalités sont ainsi représentées.
I want to thank them knowing that for many; creations have
joined the duty of memory, reviving experienced pain or difficult
memories of the past. I also thank all those who contributed to the
success of this exhibition : Freddy Pannecocke and Valery Poulet
(curators), all funders and operational partners, and those of course
who have already welcomed the art works, and in advance those who
will. //
Dans le cycle des commémorations du centenaire de la
Première guerre mondiale, interroger l’artiste sur la guerre, c’est
lui accorder une place dans le fait historique. Depuis la Révolution
française, quand l’artiste s’est détaché de ses commanditaires, il s’est
engagé pour la liberté, la justice, l’égalité sociale, l’écologie, contre
la famine, la consommation, la maladie, la violence et la guerre.
Réalisme, expressionisme, dadaïsme, surréalisme... les courants
artistiques majeurs se sont quasiment tous fondés dans une réaction
contre leur époque.
Isabelle Ruchot , chairman of the Smac
Je tiens à les remercier vivement sachant que pour beaucoup
les créations se sont associées au devoir de mémoire, ravivant des
douleurs vécues ou le souvenir difficile du passé. Je remercie également
tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette exposition dont
les commissaires Freddy Pannecocke et Valéry Poulet, l’ensemble
des partenaires financiers et opérationnels, et ceux bien entendu qui
accueillent les œuvres et par avance, ceux qui les accueilleront.
Isabelle Ruchot, Présidente du Smac
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“Pourquoi ?” :
toujours le premier mot qui jaillit au regard de ces images.
Nous avons la chance de faire partie de ces générations qui
n’ont pas connu l’appel aux armes, de n’être ni victime ni bourreau
de la guerre. En France, on a tous un parent militaire en Algérie ou
en Indochine. Dans le reste du monde, on a tous un grand-père ou
arrière grand-père impliqués dans l’une des deux guerres mondiales,
si ce n’est les deux, ou un proche encore engagé dans un conflit.
Ce qui reste de « ceux qui restent », ce sont des témoignages et
des images, toujours aussi difficiles à écouter ou à regarder, même
après des années. Surtout la même “iconographie” depuis cent
ans. En effet, la première guerre mondiale a posé des bases et des
méthodes nouvelles qui viendront inéluctablement se perpétuer
dans les conflits qui lui succéderont. Montée du nationalisme,
prémices du fascisme, obstination politique des dirigeants, ententes et
isolements diplomatiques, terreur des bombardements qui menacent
désormais les populations civiles, utilisation de gaz mortels, nouvelles
techniques d’attaques motorisées, aériennes, sous-marines, propagande
au front comme à l’arrière, censure des informations, séparation
des familles, déplacements des populations, relogement de fortune,
implication des femmes et des enfants, début des soins psychiatriques
causés par les traumatismes et bien entendu barbarie des combats...
C’est dans ce sens que la guerre 14-18 présente à la fois une singularité
pour son époque, notamment dans l’apport de ces innovations
tragiques. Ses causes, ses moyens et ses effets se généraliseront.
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Les réponses sont multiples mais peuvent souvent s’orienter
dans deux axes. Le premier consiste à désigner l’être humain, de par
son essence, comme le seul être vivant capable de (se) faire la guerre.
Retenons seulement les discours de Freud de 1915, contemporains de la
première guerre mondiale, qui marquent le début de la psychanalyse.
Pour lui, l’homme est conduit par des pulsions d’agressivité capables
de nuire à l’autre comme à lui-même, la violence est ainsi une
“fatalité” à laquelle il faut s’habituer. Elle est propre à l’homme,
personne n’a pu montrer qu’il en est ainsi d’une autre espèce animale.
Le second renvoie aux conséquences politiques des hommes,
entre cafouillages et stratégies : conflit d’intérêt, conquête de
ressources naturelles, hégémonie, culpabilisation des pays voisins,
menaces terroristes, religion... La liste s’avère toujours plus longue
dans l’argumentaire d’une guerre “juste”.
“Comment ?” :
comment faire du mal une banalité ?
Je fus stupéfait de découvrir dernièrement qu’il existait
ce que l’on appelle communément le « droit de la guerre » qui
fixe notamment les règles du conflit et tend à limiter les actions
des belligérants. La lutte armée et le “mal” sont donc réglementés.
En 1963, Hannah Arendt fera de la “banalité du mal” un concept
philosophique proposé “s’agissant plutôt des cas où le mal est protégé
par la loi et fait l’objet de toute une propagande, de toute une
idéologie, de tout un système étatique, etc. que des individus servent
avec conviction et auxquels ils croient aveuglément”.
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Et les artistes dans la guerre ?
En 1914, comme d’autres millions d’hommes dans les deux
camps, beaucoup d’artistes sont mobilisés. Parmi les plus connus
Derain, Camoin, Dix, Léger, Beckmann, Kokoshka n’exerceront
plus leur art mais deviendront respectivement artilleur, camoufleur,
mitrailleur, brancardier au génie, infirmier ou encore dragon.
Seuls les citoyens des pays neutres sont exemptés, c’est le cas des
peintres Picasso et Gris, tous deux espagnols. Duchamp est réformé à
cause de son état de santé. Pareil pour Modigliani qui reviendra vite à
la vie civile. Toutefois de nombreux artistes étrangers ont la possibilité
de s’engager dans les régiments de la Légion étrangère. En France,
l’écrivain suisse Blaise Cendrars cosigne un appel aux “étrangers amis
de la France” pour les pousser à l’engagement volontaire. Kisling et
Kupka iront dans des légions tchèques. De retour quelques
mois avant la déclaration de guerre, Chagall, lui, sera mobilisé à
l’arrière front. Tous connaîtront l’horreur des combats. Certains n’en
reviendront pas : Macke, Appolinaire, Fournier... D’autres reviendront
blessés ou souffrants de lourds traumatismes comme Grosz ou
Kirchner.
Pour pratiquement tous ces artistes, il est impossible de rendre
compte avec fidélité de la réalité de la guerre. “Il n’y a pas plus cubiste
qu’une guerre qui te divise un bonhomme en plusieurs morceaux et
te l’envoie aux quatre points cardinaux” dira Appolinaire en 1917. Ils
s’attendaient à retrouver au front la même aisance et la même verve
qu’ils avaient à l’atelier. La guerre ne devait pas durer, elle ne devait
être qu’une formalité. Mais la guerre a traîné en longueur et a pris
des formes nouvelles : les tranchées, les explosions d’obus, les gaz, la
guerre de position... Ce seront seulement des années plus tard, dans
leurs ateliers, que des toiles émergeront de ces souvenirs, venant sans
doute exorciser les souffrances du passé. Des dessins seront retrouvés.
On se souvient des séries cauchemardesques d’Otto Dix, sur les
horreurs et les gaz (1924) ou des portfolios du visionnaire Grosz.
Au front, l’artiste quand il le peut s’exprime dans des croquis
rapides, comme le constate la revue L’Elan en 1915 “Ceux qui
combattent, nos amis, nous racontent à quel point la guerre les a
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attachés à leur art ; tout ce qu’ils souhaitent, c’est d’avoir quelques
pages afin de l’exprimer”. D’artistes moins connus, on retrouve des
dessins réalistes, humoristiques comme ceux de Pierre Dantoine ou
des carnets plus complets comme ceux de Lemordant ou de
Renefer dont les aquarelles étaient destinées à sa fille pour témoigner
de la “génération sacrifiée”.
La guerre ouvre de nouvelles pistes picturales. Les
techniques militaires et la photographie aérienne proposent
une nouvelle vision du paysage, à plat, sans ligne d’horizon, qui
inspireront certains artistes comme l’anglais Richard Carline
(“Impression de Lens – Le front anglo-germanique”). Dans Verdun,
ce sont les nuées de gaz qui viennent composer un tableau proche du
cubisme, par Valotton. En 1917, Piet Mondrian crée le néo-plasticisme
à Leyde. Il pose les bases d’un nouvel art abstrait, dans l’austérité
des lignes horizontales et verticales, la couleur est employée pure.
Mondrian avoue avoir fondé ses théories notamment au regard des
cartes de déplacement des troupes.
Et qu’en est-il des mouvements artistiques de l’époque ?
Jamais un début de siècle n’aura été si effervescent du point
de vue culturel que celui du XXe : naissance du fauvisme, du cubisme,
du futurisme, découverte du cubisme. Paris est la capitale des arts
visuels et aussi celle de la littérature. Elle attire à Montmartre
et Montparnasse des dizaines d’artistes des quatre coins du
monde, créant ainsi une dynamique d’échanges propices aux
recherches avantgardistes. Au cœur de l’Europe sanglante,
l’expressionisme est de rigueur chez beaucoup d’artistes. En 1916, La
Suisse voit la naissance d’un nouveau mouvement littéraire, artistique
et intellectuel, né dans le refus de la guerre et le rejet des valeurs
occidentales : le Dadaïsme. Courant provocateur, iconoclaste,
subversif à souhait. Refusant toute idéologie, morale ou artistique,
il “prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les
vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre”. Ses principaux animateurs ouvriront la voie à l’art contemporain.
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Viendront se succéder à la « der des ders » d’autres conflits et...
d’autres engagements d’artistes. Des tableaux : le célèbre
“Guernica” peint par Pablo Picasso en 1937, “Tête d’otage” de Jean
Fautrier réalisé en 1944. Des monuments : la ville détruite de Ossip
Zadkine posée à Rotterdam en 1951... Des œuvres sensibles pour
montrer la vie, la ville, la civilisation... détruites.
Cent ans après la guerre, six ans après le décès de Lazare
Ponticelli, le dernier poilu, il ne reste aux artistes d’aujourd’hui que la
fiction pour raconter la guerre, les guerres. La fiction pour fantasmer
le réel, comprendre la barbarie, mettre en scène le conflit, le faire
revivre, mais aussi la fiction pour sensibiliser, enseigner, plaire,
convaincre, ne pas oublier.
Ce sont soixante-et-onze artistes contemporains, reconnus
ou émergents, plasticiens, peintres, céramistes, photographes,
dessinateurs qui ont interrogé la guerre via le casque militaire :
casque Adrian, casque à pointe, casque anglais de la première guerre
mondiale ou d’autres casques, d’autres conflits avec lesquels ils
étaient plus à l’aise. Autant de traitements personnels du casque que
d’approches originales des conflits, avec pour dénominateur commun
le désir de laisser son empreinte dans une histoire personnelle liée
à un parent ou un proche engagé dans un conflit, une trace dans la
grande histoire ou encore la volonté de défier de manière collective la
barbarie humaine.
Freddy Pannecocke
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// We are fortunate to be neither part of those generations
who have not experienced the call to arms, to be neither victim nor
executioner of war. In France, we all have a relative who was in Algeria
and Indochina. In the rest of the world, we all have a grandfather or
great-grandfather involved in one of the two world wars, if not both,
or near still engaged in conflict. What remains of “those who remain”
are testimonies and images, still difficult to listen to or watch, even
after years. It’s been the same “iconography”, for a hundred years.
Indeed, the First World War laid the foundations and new methods
that will inevitably be perpetuated in the next conflicts. Rise of
nationalism, the beginning of fascism political leaders obstinacy,
agreements and diplomatic isolation, terror bombing which now
threaten civilians, the use of poison gas, new attack techniques
motorized, air, underwater, propaganda to the front as rear, censorship
of information, separation of families, population displacement,
relocation property, involvement of women and children, early mental
health caused by trauma and of course fighting barbarism...
It is in this meaning that the WW1 has an oddity for its time,
especially in the provision of these tragic innovations. Its causes,
its effects and its ways will generalize.
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What about the artists in the war?
“Why?” is the first word that comes to our mind looking those
images.
The answers are many, but can often move in two axes.
The first is to describe the human being in its essence, as the only
living being capable to make war. Let’s only remind the Freud’s speech
in 1915, contemporaneous with the First World War, which marked
the beginning of psychoanalysis. For him, man is driven by aggressive
impulses that can affect the other and himself; violence is inevitable,
we have to get used of it. It belongs to mankind; nobody has been able
to prove that animals are a part of it.
The second refers to the political consequences of men between
bungling and strategies, conflict of interest, resource conquest,
domination, blaming neighboring countries, terrorist threats,
religion... There’s a long list of excuses for a justified war.
How to make a common deal out of evil?
I was amazed to discover recently that there was what is
commonly called the “law of war” which sets the rules of conflict
and tends to limit the actions of the belligerents. Armed struggle and
“evil” are regulated. In 1963, Hannah Arendt did out of the “banality
of evil” a philosophical concept: rather dealing with cases where evil is
protected by law and is subject to a propaganda of an entire ideology,
a state system, etc. That individuals act with conviction and they
blindly believe”.
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In 1914, like other millions of people in both sides, many
artists were mobilized. Among the best known Derain, Camoin,
Dix, Léger, Beckmann, Kokoschka whom no longer exercise their art
but become respectively gunner, dauber, gunner, medic engineering,
nursing or dragon.
Only citizens of neutral countries were exempted, among them
painters like Picasso and Gris, both Spanish. Duchamp was discharged
because of his health. As well as for Modigliani who quickly returned
to civilian life. However, many foreign artists have the opportunity
to engage in the regiments of the Foreign Legion. In France, the
Swiss writer Blaise Cendrars co-wrote an appeal to “foreign friends
of France” in order to push for voluntary commitment. Kisling and
Kupka went in the Czech legions. Having been back several months
before the declaration of war, Chagall has been mobilized to the
trailing edge. All knew the horror of fighting. Some did not come
back: Macke, Apollinaire, and Fournier... Other returned injured or
suffering from disease like Grosz or heavy injuries as Kirchner.
For almost all of these artists, it is impossible to realize with
fidelity the reality of war. “There’s nothing more cubistic than a war,
it divides a man into pieces and send it to you at the four cardinal
dots» said Apollinaire in 1917. They expected to find at the front
the same ease and the same verve they had in their studios. The war
would not last, it would be a formality. But the war has dragged its
length and took new forms: trenches, exploding shells, gas, war of
position... Only years later, in their studios paintings emerge from
their memories, probably to exorcise the pain from the past. Drawings
will be found. We remember the nightmarish series of Otto Dix, the
horrors and gas (1924) or portfolios of visionary Grosz.
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At the front, when it’s possible, the artist express himself in
quick sketches, as noted by the magazine L’ Élan in 1915 “Those who
fight (our friend) tell us how the war was attached to their art; all they
want is to have a few pages to express themselves. “From less known
artists we could find artworks including realistic drawings, humorous
ones as those of Pierre Dantoine or more complete books like
Lemordant’s or Renefer’s whose watercolors were for her daughter in
order to witness the “lost generation”.
The war opened new pictorial tracks. Military techniques
and aerial photography propose a new vision of the landscape, flat,
without horizon, to inspire artists like the British Richard Carline
(“Feelings from Lens - The Anglo -German front”). In Verdun, a
clouds of gas are an integral part composing a painting close to
cubism, by Valotton. In 1917, Piet Mondrian created Neo-plasticism in
Leiden. It lays the foundations for a new abstract art in the austerity of
horizontal and vertical lines, the color is used clean. Mondrian admits
he based his theories using especially his gaze on troop’s displacement
maps.
What about the artistic movements of the time?
Never a new century has been so effervescent, from a cultural
point of view than the twentieth: birth of Fauvism, Cubism, Futurism,
Cubism discovery. Paris is the capital of the visual arts as well as
literature. It draws in Montmartre and Montparnasse dozens of
artists from around the world, creating a dynamic conducive to an
avant-garde research. At the heart of Europe bloody expressionism is
practiced by many artists. In 1916, Switzerland saw the birth of a new
literary, artistic and intellectual movement, born in the rejection of
war and rejection of Western values​​: Dadaism witch is an iconoclast
and provocative movement. Rejecting any moral or artistic ideology,
It “promotes confusion, demoralization, and identifies the absolute
doubt, the virtues of spontaneity, kindness, joy of living”.
Its main leaders pave the way for contemporary art.
Succeeding to WW1, other conflicts will be coming... Other
commitments of artists. Paintings as : the famous “Guernica” painted
by Picasso in 1937, “Hostage’s Head” by Jean Fautrier made ​​in 1944.
Monuments like “The destroyed city” of Zadkine set in Rotterdam
in 1951... Significant works showing life, cities, civilizations... all
destroyed.
Hundred years after the war, six years after the death of
Lazarus Ponticelli , the last “poilu”, only fiction remains to enable
the artists to tell about war . Fiction to fantasize reality, understand
barbarism, to stage the conflict, to revive , but also fiction to educate ,
teach, please, convince, not to forget.
There are seventy-one established and emerging contemporary
artists, artists, painters, potters, photographers, designers who
questioned the war through military helmet: Adrian helmet, spiked
helmet, English helmets, WWI helmets or others, other conflicts in
which they could express themselves more comfortably. As much
personal treatments of the helmet as original approaches to conflicts
with the common denominator: the desire to make his own mark in
a personal story related to a parent or loved one involved in a conflict,
a trace in the great history and the will to challenge collectively
human barbarity. //
Freddy Pannecocke
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AERTS p.22 ANDREANI (Ita) p.24 AUGUSTIN (All) p.26 BALBI (Ita) p.28 BARRET (Bel) p.30
BARONNET (Bel) p.32 BOUDOT p.34 CALMETS p.36 CARUEL p.38 CHAUSSONNET p.40 CHUON (Cambodge) p.42 CINDRIC p.44 COHEN p.46 LE CYKLOP p.48 DAQUIN p.50
DELPRAT (Bel) p.52 DEVILLLÉ p.54
DOUAY p.56 DUBRUNFAUT p.58
DUPONT p.60 ESSAFI (Mar) p.62 FANUELE p.64 FERRÉ p.66 FERRER p.68
FRAENKEL p.70 GAPONOV (Rus) p.72
GRANCHER p.74 GOUNY p.76
GRAEFFLY (Bel) p.78 HABIB (Mar) p.80 HASSLAUER p.82
HOFMAN p.84 HOUIDÉ (Madagascar) p.86
JACMAIRE p.88
KAPTUR GINTZ (Pol) p.90
KORSIG (All) p.92
KLOPSCH (All) p.94
KULUNDZIC (Ser) p.96
KUPPLER (Ang) p.98
LABASTIE (Bel) p.100 LAHLOU (Bel) p.102 LAIN p.104
LANNOY p.106
LE BRICOMTE p.108
LIEVRE p.110
LUSZPAK/MONTEILHET p.112 MARCIN p.114
MARCHAND (Bel) p.116
MEURANT (Bel) p.118
MOÏSE B. p.120 MONBEL p.122
PANNECOCKE p.124
PARIS p.126 PERIN p.128
POULEUR p.130 PRICE (Usa) p.132 PROGIN p.134
QUETEL (All) p.136
SERANDON/CARABALLO p.138 SCIMO p.140
SERVENT p.142 TABAKIAN p.144 TAMAIN p.146 TECEDEIRO (Por) p.148
TOURTE p.150 TRASHKOWSKY (Sui) p.152 VIDGRAIN p.154 YANG (Chi) p.156 YDAÑEZ (Esp) p.158
Héros, c’est ainsi que l’on désignait les soldats pendant la Grande Guerre.
Et c’est ainsi qu’ils sont encore nommés aujourd’hui. Héros ou esclaves ?
Guerre à la guerre ! Si les hommes sont à l’origine même de ce qui les
domine, pourquoi ne pouvons-nous pas penser à cesser de nous entretuer ?
Sommes-nous esclave de notre condition à jamais ?
Le travail de Marie Aerts questionne constamment les notions de pouvoir et
d’organisation sociale qui régissent les sociétés humaines.
// Hero, that’s how the soldiers were designated during the Great War.
And thus, they are still called today. Were they hero or slaves?
War to the War! If men are at the very root of what dominates, why can we
not think to stop killing us? Are we enslaved to our condition forever?
The work of Marie Aerts constantly questions the notions of power and
social organization that govern human societies. //
Marie Aerts
France
Héros, 2014
Casque, chaîne, bracelet
Héros, 2014
Helmet, chain, bracelet
22
Peintre et historienne de l’Art, Giulia
Andreani allie avec pertinence histoires
et images. Depuis quelques années elle
constitue ce qu’elle nomme son “atlas”,
formé d’images glanées sur Internet,
mais aussi des stills de films italiens,
des photographies d’archive et d’autres
images récupérées ou chinées. Plus
étonnant elle puise son inspiration dans
la création moderne et contemporaine.
Des images et des œuvres qu’elle
réinterprète avec toujours une même
palette chromatique, bleutée, grisée. Elle
jongle entre figuration, flou, coulures
délicates et effacements volontaires. Ses
peintures recèlent ainsi des messages
à décoder, de personnages à décrypter.
Elles favorisent des associations
culturelles, politiques, économiques
induisant une critique acerbe de notre
société.
Julie Crenn, extrait de “A l’interieur,
Giulia Andreani”, Les éditions derrière la
salle de bains, 2012.
// Painter and art historian, Giulia
Andreani combines with relevance
stories and pictures. For several years
she has been creating what she calls her
“atlas”, consisting of pictures gleaned
from the Internet, but also Italian film
stills, photographs and other archive,
recovered images or mottled ones. More
surprisingly she draws her inspiration
from modern and contemporary art.
She retranslates images and artworks
using the same bluish and greyish color
palette. She juggles between figuration,
hazy, delicate streaks and voluntary
erasure. Her paintings contain messages
to decode, characters to decrypt. They
promote economic cultural associations,
political, inducing a scathing critique of
our society.
Julie Crenn: excerpt from “On the
inside, Giulia Andreani” publishing
house “derrière la salle de bains”, 2012. //
25
Giuliana Andreani
Italie Italia
Sans Titre, 2014
Acrylique sur casque
Untitled, 2014
Acrylic on helmet
De l’épée à la charrue...
Du casque à la passoire
Dalla spada al vomero...
Dall elmetto d’acciaio alla scolapasta
Schwerter zu Pflugscharen...
Stahlhelme zu Küchensieben
Мечі - на орала…
Шоломи - на сита кухонні
Till Augustin
Allemagne Germany
...Spaghettis en rab, 2014
Technique mixte et casque percé
...And always enough spaghettis, 2014
Mixed techniques on a drilled helmet
26
La nature s'approprie tout ce qu'elle trouve sur son chemin. C’est le cas ici du
casque, abandonné sur le champ de bataille, marqué par le passage du temps,
qui devient un foyer naturel pour la végétation.
Le “Jardin du Silence” se renouvelle périodiquement pour nourrir l'esprit du
soldat mort.
// Nature appropriates for itself everything it finds in its path. This is the
helmet’s case, abandoned on the battlefield, marked by the passing of time,
which becomes a natural home for vegetation.
Garden of Silence is renewed periodically to feed the spirit of the dead
soldier. //
Giuliana Balbi
Italie Italia
Le Jardin du Silence, 2014
Création textile
Garden of Silence, 2014
Creation of textile
28
« …Alors on collectionne des
casques, des fusils, des sacs, des
obus, des baïonnettes, voire même
des masques. Mais ce qui survivra
le plus comme souvenir précis de
ces jours triomphants, c’est le chant
populaire, alerte et bon enfant ! »
Madelon : mère et putain, muse du
front ou sirène de poilus, spectre
féminin, à jamais tu seras chanté.
Commémorons Madelon ! Sonne et
vogue aux travers de codes binaires,
“youtube’s forever you’r Slave”,
accordéon désaccordé, choeurs
militaires et fanfares déployés,
écoliers maladroits ou disques rayés,
pour Madelon tout va bien, en avant
la zizique et chantons : Madelon,
Madelon, Madelon !
// “... So we collect helmets, guns,
bags, shells, bayonets and even
masks. But what survives as the
most accurate recollection of those
triumphant days, is the popular
song, alert and friendly! “
Madelon: mother and whore,
mermaids and front’s muse of
the “poilus”, feminine spectrum
forever you’ll be sung. Let’s
commemorate Madelon! Rings and
fashion through the binary codes,
“youtube’s forever you’r Slave”
out of tune accordion, military
choirs and spilled brass bands,
awkward pupils or scratched discs
for Madelon all goes well, let’s go
ahead and sing: Madelon Madelon
Madelon! //
Pascale Barret
Belgique Belgium
Madelon 2014
Casque augmenté de voix synthétiques et archives sonores,
cheveux synthétiques tressés (pièce unique)
Helmet increased with synthetic voices and sound archives, synthetic hair braided
30
A travers un dispositif
de présentation muséal
perverti, et prenant source
d’une anecdote historique,
“Turtle Camo” met en
exergue les processus de
recyclage et de déformation
de formes toujours plus
insistants et omniprésents
dans l’abondance d’images
qui nous entoure. Insistant
ainsi sur l’idée que guerres
et conflits n’échappent en
aucun point à cette logique
de communication abusive
et une tendance à faire de
tout et n’importe quoi
un objet de marché et de
consommation.
// Through a perverted
“museum like presentation”
and taking his source from
a historical anecdote ,
Turtle Camo highlights the
recycling processes and the
deformation of increasingly
insistent and pervasive
forms in an abundance of
images that surround us.
He also insists on the fact
that even wars and conflicts
don’t escape the world of
communication and trade.
In the end of the day,
everything turns into an
object that can be sold. //
Guillaume Baronnet
Belgique Belgium
Turtle camo, 2014
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Technique mixte
Mixed carving techniques
J’ai voulu m’approprier ce casque
de manière poétique et de sorte
à le transformer en “mémorial”.
Photographe, je souhaitais travailler
avec l’immatérialité de la lumière
et de l’ombre, et jouer avec
ces éléments afin d’évoquer un
souvenir lointain, flou et difficile
à saisir. Cette image pourrait être
la dernière saisie par un soldat
tombé, une dernière remémoration
ou un élément naturel symbolisant
l’aspiration à la quiétude et à la
paix.
// I wanted to capture this helmet
for myself, in a poetic manner so
to turn it into memorial”. As a
photographer, I wanted to work
with the immateriality of light and
shade, and play with these elements
to evoke a distant, vague and
elusive memory. This image might
be the last to be seen by a fallen
soldier, a final recall or a natural
element symbolizing the desire for
tranquility and peace. //
Anaïs Boudot
France
Mémorial, 2014
Casque Adrian et système d’éclairage sur socle
Memorial, 2014
35
Adrian helmet and Light Stand
Enfants soldats...
Du jeu à la réalité des choses.
// Children at war,...
from a game to the reality of things. //
Fred Calmets
France
Enfants soldats, 2014
Huile sur casque
Child soldiers, 2014
Oil on helmet
37
Antoine Caruel utilise des
matériaux fragiles, précaires,
souvent de l’ordre du résiduel
pour leur instabilité,
évoquant un danger constant
d’altération voire de destruction.
Son travail en volume est axé
sur la fragilité et la tension avec
des objets si vulnérables qu’ils
semblent prêts à céder.
// Antoine Caruel uses fragile
and precarious materials, often
in a residual way for their
instability, citing his work
on a constant alteration or
destruction danger. His recent
thoughts are moving toward a
working volume focuses on the
fragility and tension with objects
so vulnerable that they seem
willing to give up. //
Antoine Caruel
France
Masse critique, 2014
Casque, lames de scie, papier bulle
Critical mass, 2014
Helmet, saw blades, bubble wrap
38
// The first war helmet appeared in 1915 with the French helmet named
“Adrian”. The “TTA 51 Otan” was designed during the Indochina war. The
tragedy of the loss of these two conflicts, and societal trauma that they have
generated, increased the sense of worthlessness that ensued. “From one war
to another”, highlights the paradox: what values ​​to assign to the success of
military operations in the light of a devastated humanity. Victorious or survivor,
the soldier wading in a pool of dead fighters, highlights contrasting feelings,
hegemony or horror, which cannot leave unscathed.” //
Pierre-Gilles CHAUSSONNET
France
D’une guerre à l’autre 1914-1954, 2014
Acier, plastic, résine
From one war to another 1914-1954, 2014
Steel, plastic, resin
L’apparition sur les champs de batailles du casque de combat date de la
première guerre mondiale, en 1915, avec le casque français “Adrian”. Le “TTA 51
Otan” a été conçu quant à lui pendant la guerre d’Indochine.
La tragédie des pertes humaines de ces deux conflits, et les traumatismes
sociétaux qu’ils ont engendré, ont accentué le sentiment d’inutilité qui en
a découlé. “D’une guerre à l’autre” souligne le paradoxe suivant : quelles
valeurs attribuer à des succès d’opérations militaires au regard de l’humanité
dévastée. Victorieux ou rescapé, le soldat pataugeant dans une mare de cadavres
de combattants, met en exergue des sentiments contrastés, l’hégémonie ou
l’horreur, qui ne peuvent laisser indemne.
40
Dans un registre symbolique, le
casque protège la tête qui est le
berceau de l’âme, donc sacré.
Dans mon interprétation, cet
artefact retranscrit la mémoire
des écorchés dont les âmes ont été
torturées. Le collage évoque le jeu
de miroirs brisés, fragments des
horreurs commis par la machine
Khmères rouges et orchestré par
Pol-Pot.
Cette oeuvre, est la représentation
du sanctuaire des vies tourmentées
dans le S21, là où ont été dérobées
l’identité des individus mutilés
pendant le génocide.
// In a symbolic register, the helmet
protects the head which is the cradle
of the soul, so sacred.
In my interpretation, this artifact
transcribed the memory of the
skinned ones, whose souls were
tortured. Bonding refers to the set
of broken mirrors fragments of the
horrors committed by the Khmer
Rouge machine orchestrated by Pol
Pot.
This work is the representation of
the sanctuary of tormented lives in
S21, where were stolen the identity
of individuals maimed during the
genocide. //
Ramya Chuon
Cambodge Cambodia
Déchirure, 2014
Technique mixte et collage
Tearing, 2014
Mixed techniques and collage
43
Mon mari Boris, alors étudiant en architecture, a été, en une nuit, envoyé
de l’amphi de sa Faculté vers le front, sans arme, ses baskets aux pieds, pour
défendre Sarajevo, sa ville assiégée. Marquée par cet épisode, je l’ai imaginé
partir en guerre avec ce casque, celui de l’architecte qu’il est devenu, un
casque de chantier. Je l’ai paré, en l’armant d’une cotte de maille, inspirée des
Batailles d’Uccello, pour en faire un soldat immémorial et indestructible.
// My husband Boris, then a student in architecture, was, in one night, sent
from the auditorium of the Faculty to the front, unarmed, his sneakers feet
to defend Sarajevo, the besieged city. Shocked by this episode, I thought of
him going to war with this helmet, the architect’s one, a construction’s site
helmet. I dressed it with chainmail inspired by “Battles of Uccello”, to make
a timeless and indestructible soldier. //
Anne Cindric
France
Casque de (bonne) fortune, 2014
Huile sur polyéthylène
Lucky helmet, 2014
Oil on polyethylene
44
À travers la métaphore de la ruine,
Arnaud Cohen traite du monde
consumériste qui a émergé à l’issue
des deux guerres mondiales et qui
de crise en crise semble aujourd’hui
en bout de course.
Ici le casque devenu un accident
géologique ou une simple cavité
organique, héberge une barbie
baywatch et la base dune colonne
brisée qui s’avère être un debris de
bouteille de Coca-cola.
Cette oeuvre fait écho à
l’installation vidéo “Play it again
Pam - Sisyphe est une femme” que
l’artiste a realisé avec le soutien de
la DRAC Poitou-Charentes.
// Through the metaphor of the
ruin, Arnaud Cohen discusses the
consumerist world that emerged
after the two world wars and from
crisis to crisis now seems at an end.
Here the helmet became a
geological accident or a single body
cavity, and hosts a Baywatch Barbie
and the base of a broken column
that is proven to be a debris bottle
of Coca-cola.
This work echoes the video
installation “Play it again Pam Sisyphus is a woman” that the artist
realized with the support of the
DRAC Poitou-Charentes. //
Arnaud Cohen
France
Casque Pam, 2014
Technique mixte dans casque
Helmet Pam, 2014
47
Mixed techniques in helmet
Le Cyklop
France
L’oeil de la Renaissance, 2014
Technique mixte dans casque
Rebirth´s eye, 2014
Mixed techniques in helmet
L’explosion dessine des cils noirs et laisse apparaître l’œil du cyclope comme
s’il avait échappé au supplice que lui infligea Ulysse. Cette “éclosion”
symbolise la renaissance malgré les blessures et la mort.
// The explosion draws black eyelashes and reveals the eye of the Cyclops as
if he had escaped the torture inflicted on him by Odysseus. This “outbreak”
symbolizes rebirth despite injuries and death. //
48
.
“Un milliers de Sauvages
S’apprêtent à combattre.
Ils ont des armes,
Ils ont leur coeur, grand coeur,
Et s’alignent avec lenteur
Devant un millier d’arbres verts
Qui, sans en avoir l’air,
tiennent encore à leur feuillage.”
Paul Eluard, Perspective,
dans “Capitale de la douleur”.
// “A thousand wild men
Prepare to fight.
They have weapons,
They have their heart, big heart,
And slowly align
In front of a thousand green trees
Which, without seeming to,
still holding their foliage”.
Paul Eluard, Perspective,
in “Capital of Pain”. //
Olivier Daquin
France
Dans les bois éternels, 2014
Huile sur casque
In the eternal wood, 2014
Oil on helmet
50
Nicolas Delprat
Belgique Belgium
Sans titre,2014
Huile sur toile
Untitled, 2014
Oil on canvas
J'ai utilisé le casque allemand comme pochoir, le contour de celui-ci
renvoyant au crâne humain. J'ai travaillé sur une toile de jute brute.
// I used the German helmet as a stencil, the outline of it returning to the
human skull. I worked on a canvas of raw jute. //
53
Il y a un siècle, une certaine
mécanique du monde s'est
enrayée. Le casque, élément
clé de la protection du soldat,
est devenu obsolète face aux
avancées du "génie" humain.
En temps de paix, sa mise au
placard -éphémère- n'a pas fait
disparaître la nature conflictuelle
de l'Homme, qui se manifeste
alors sur d'autres terrains.
Ainsi, à l'issue de la guerre,
l'humanité reste avec ses
interrogations et ses stigmates.
// A century ago, the world’s
clockwork went wrong, the
helmet, a key element in the
protection of the soldier,
became obsolete due to
advanced “Human engineering”.
In peacetime, when it is
ephemerally shelved; warlike
human’s nature does not vanish.
Thus, at the end of the war,
humanity remains with their
questions and stigma. //
Emilie Devillé
France
Mécanique martiale, 2014
Collage sur casque
Martial mecanic, 2014
Mixed techniques
54
Au sommet de ce casque vert, comme une colline, pousse un généreux bouquet
de coquelicots ; fleur du souvenir immortalisée par le poème du lieutenantcolonel canadien John McCrac. Son rouge éclatant qui, après la fin du conflit,
envahit les champs de bataille des Flandres et de la Somme, c’est le sang versé ;
celui des jeunes soldats. Celui du Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, qui étendu
dans un lit de verdure qu’offre une nature idyllique bienveillante, a “deux trous
rouges au côté droit”.
// At the top of a green helmet that looks like a hill, grows a generous
bouquet of poppies; Flower of remembrance immortalized by the poem of
the Canadian Lieutenant Colonel John McCrae. Its bright red, which after
the end of the conflict, invades the battlefields of Flanders and the Sommes
region, it’s the bloodshed of the young soldiers. The character in “Le
dormeur du Val” by Arthur Rimbaud who lying in a bed of greens that offers
an idyllic and benevolent nature, has “two red holes in his right side”. //
Carole Douay
France
Coquelicot, 2014
Casque gravé et peint, coquelicots
Poppy, 2014
Engraved and painted helmet, poppies
56
Le visage juvénile d’un enfant où rien n’est encore
advenu de toutes les souffrances humaines et dans
lequel on peut se prendre à rêver et imaginer
l’avenir. Le visage de l’innocence et de
l’espérance. Ce portrait peint associé à un casque
d’armée dans lequel il est emboîté et ligaturé offre
un contraste saisissant et dur qui laisse libre court
à l’interprétation du spectateur sur l’image même
qu’on peut se faire de la guerre.
// The youthful face of a child is a place where
nothing had happened yet, not even human’s
suffering in which you can be taken to a dream and
imagine the future. This is the face of innocence and
hope. This painted portrait associated with an army
helmet in which it is engaged and ligated offers a
striking contrast and lasts, it gives free rein to the
interpretation of the viewer on the image he can
have about war. //
Sylvain Dubrunfaut
France
Hippolyte, 2014
Casque, huile, papier, bois
Helmet, oil, paper, wood
58
Pierre Dupont
France
La guerre est parfois longue pour ne pas penser à rêver, à l'été 1914, à la
désertion. Quitter les tranchées juste un instant ou pour toujours pour le
souvenir d'un paysage retrouvé, insouciant comme l'enfance.
// War is sometimes long for
not thinking of dreaming,
of the summer of 1914, the
desertion. Leaving the trenches
just a moment or forever, for the
memory of a found landscape,
being reckless as a child. //
Ailleurs, 2014
Acrylique sur casque
Somewhere else, 2014
Acrylic on helmet
61
La survie et la lutte occupent une place centrale dans ma pratique artistique
à travers laquelle j’aborde le phénomène du changement dans la vie
humaine. La guerre permanente que l’homme doit mener pour s’adapter
à ce phénomène prend donc toute son importance dans mon travail et s’y
présente sous ses aspects les plus divers. (…) La violence apparaît comme un
élément marquant de son sceau la vie humaine jusqu’à l’échelle d’un jouet
pour enfant.
// The survival and struggle play a central role in my artistic practice through
which I approach the phenomenon of change in human life. The perpetual
war that man has to endure in order to adapt to this phenomenon therefore
becomes important in my work and is displayed in its various aspects. (...)
Violence appears as a highlight of his life, at the scale of a children’s toy. //
Abdelghafour Essafi
Maroc Marocco
< Trois soldats supportant un globe, 2013
Argile, soldats en plastique peints
Three soldiers supporting a globe, 2013
Clay, painted plasctic soldiers
> Mamelles, 2013
Argile, pièces en aluminium et soldats peints
Nipples, 2013
Clay, aluminum parts and painted soldiers
62
“Résister !” voilà ce qu’il me vint
à l’esprit, résister puis me perdre
parmi les lueurs crépusculaires des
paysages ensevelis où les étoiles,
comme chavirées sur le bord d’une
autre galaxie, traçaient à jamais les
chemins de mon destin.
// To resist…This is what came to
mind, resist and lose myself among
the crepuscular rays of buried
landscapes where stars seemed to be
overturned on the edge of another
galaxy, forever traced the paths of
my destiny. //
Vanessa Fanuele
France
Stellar Regions, 2014
Technique mixte dans casque
Mixed techniques
65
Elodie Ferré
France
Jouer ou ne pas jouer, 2014
Balles en silicone, terre dans casque
To play or not to play, 2014
Silicone bullets, soil and helmet
“To play or not to play”, mais la
revanche est dans le sang.
Déjà tout se remet en place.
Et du combat ne reste trace.
Tout aussitôt le jeu reprend.
Esther Granek, Synthèses, 2009
// “To play or not to play,” but the
revenge is in the blood.
Already everything falls into place.
And from the fight, there’s no trace
At once play resumes. //
Esther Granek, Policy Brief, 2009
67
Anne Ferrer
France
Seconde peau, 2014
Résine, capitonage textile
Second skin 2014
Textile/Resin,textile padding
Depuis des années mes créations traduisent, revisitent et jouent avec la notion
de peau : animale, humaine, végétale, hybride... Personne n’a été épargné dans
sa famille par le drame et l’absurdité de la Grande Guerre, qui a sacrifiée
une génération entière de jeunes gens partis à la boucherie. L’humour, la
légèreté, tels qu’ils existent dans mon approche artistique ne pouvaient pas
avoir de place dans un sujet aussi grave. L’humain et ses contradictions,
fragilités, doit être ici une priorité. J’ai donc re-créé un casque de protection,
se transformant en une seconde peau, en seconde tête, soulignant la grande
fragilité de l’être qui le porte, et qui le rend soudain humain, touchant.
Il redevient civil et non plus militaire casqué, on a donc interdiction de le
“liquider”. Ce casque posé sur un manequin d’enfant est réalisé à partir d’une
tête de mannequin adulte “vintage” en résine, scié au niveau des yeux/front,
capitonné et sanglé à l’intérieur.
68
For years, my creations have been reflecting, revisiting and playing with the
notion of skin: animal, human, plant, hybrid... No family has been untouched
by the tragedy and absurdity of the Great War witch sacrificed an entire
generation of young people who went to the slaughter. Humor, lightness,
as they exist in my artistic approach could not have a place in such a serious
matter. The human being and its contradictions, weaknesses, had to be a
priority here. So I re-created a protective helmet, turning itself into a second
skin, a second head, highlighting the fragility of the being who wears it,
so it makes it suddenly human, touching. It becomes once again a civil helmet
rather than a military one, so we can’t wipe it out. This helmet is placed on a
childish dummy and is made with an adult "vintage" resin manikin head,
it is sawed by the line between the eye and the forefront, it is also padded and
strapped inside.
Verdun, le 11 décembre 1917
Extrait de la lettre d'Antoine
Fraenkel à sa fiancée Adeline
Wanderling
Ma chère Adeline,
[...] Ce matin, je suis devenu le
Roi... Ne crois pas que je sois
devenu fou... Pas encore !
Nous étions sur le point de
donner l'assaut sur la tranchée
ennemie à un peu plus
d'un kilomètre. J'étais paralysé
par la peur, le froid et la faim,
quand tout à coup tu m'es
apparue, oui mon amour, dans ta
belle robe nacrée. Tu as déposé
tous les colliers de ton coffre sur
mon casque.
J'ai plongé mon visage entre tes
seins en caressant tes reins.
Tu m'as souri et je me suis levé
plus fort qu'un lion. [...]
Verdun, 11 December 1917
Excerpt from a letter from
Fraenkel Antoine to his fiancee
Adeline Wanderling
My dear Adeline,
[...] This morning I became the
King... Do not think that I’m
mad... yet!
We were about to storm the
enemy trench a little more than a
kilometer away. I was paralyzed
with fear, cold and hunger, when
all suddenly you appeared to me,
yes my love in your beautiful nacreous dress. You filed your entire necklaces safe on my helmet.
I plunged my face between your
breasts, caressing your kidneys.
You smiled at me and I got up
stronger than a lion. [...]
Pierre Fraenkel
France
Lux Aeterna, 2014
Casque, colliers et pendentifs
Helmet, necklaces and pendants
70
Ilya Gaponov
Russie Russia
Première neige, 2014
Acrylique sur casque
First snow, 2014
Acrylic on helmet
Le nom “première
neige” est assez poétique,
tout comme le sont
généralement ceux des
opérations militaires pour
les ressources naturelles ou
énergétiques. Un dicton
russe nous parle même d’un
“coup de tonnerre”, quand
bien même la guerre pour le
pétrole soit prévisible.
// The name “first snow”.
Many military operations
for resources, have quite
poetic names. also in Russia
there is a saying “like a
bolt from the blue”, that
is, unexpectedly, although
the war for oil is quite
predictable. //
73
1914 Raymond Grancher quittant
sa tranchée pour se lancer
dans le combat perdit sa jambe
droite sous l’impact d’un obus
allemand... Il resta 3 jours et 3
nuits dans son trou d obus...
2014 Valéry Grancher son petit
fils écrit sur ce casque...
// 1914: Raymond Grancher
leaving his trench to engage in
battle lost his right leg under
the impact of a German shell...
He stayed three days and three
nights in the shell’s hole...
2014 Valery Grancher, his little
son, wrote about this helmet... //
Valéry Grancher
France
1914 - 2014, 2014
75
Peinture fluorescente sur casque
Fluorescent paint on a helmet
Si comme l'a dit Céline “La
guerre est une fête”, elle manque
totalement d'humour.
Si les militaires remplaçaient la
pointe de leur casque par un plug
anal et l'aigle menaçant sur le
devant par un canard rigolo, ça
pourrait commencer à être drôle.
// If as Céline stated “War is a
party,” there is no humor in and
about it.
If military would change the
spear of their helmets by an anal
plug and threatening the eagle on
the front with a funny duck, it
could start to be funny. //
David Gouny
France
Casque à pointe contaminé par un Fat Virus, 2014
Vinyl, polyester
Pickelhaube contaminated by Fat Virus, 2014
Vinyl, polyester
76
“À ciel ouvert” est un visage
miroir posé sur le tombeau de
nos champs scrutant l’infini qui
nous plonge dans l’abîme.
// “Open Air” is a mirror face
placed on the tomb of our
fields peering infinity which
plunges us into the abyss. //
Rohan Graëffly
Belgique Belgium
À ciel ouvert, 2014
Casque, peinture émaillée, miroir
Open air, 2014
Helmet mirror, enamel paint
78
"No comment" est le titre de
cette métaphore qui se passe de
commentaire. Elle exhibe une
tragédie, au sens propre comme au
figuré, comme une dénonciation
silencieuse d’une situation criarde et
met en évidence cet éternel va-etvient qu'entretient l'homme entre
paix et guerre ; une manière de tirer
la sonnette d’alarme et focaliser
l’attention de tout à chacun sur une
situation aggravée par le silence et la
complicité de tous.
Il n’est nullement nécessaire de
s’attarder à vouloir commenter
ce fait ou animer une quelconque
polémique quand la compréhension
du message est à la portée de tous.
Alors, no comment… !
// “No comment” is the title of this
metaphor that speaks for itself. It
shows off a tragedy, literally and
figuratively, as a silent denunciation
of a screaming situation and
highlights the eternal back and forth
that man maintains between peace
and war; a way to pull the alarm
and focus the attention of all to
everyone on a situation compounded
by the silence and complicity of all.
There is no need to dwell on that
fact or comment will animate any
controversy when the understanding
of the message is to everyone. So...
No comment! //
Abdelatif Habib
Maroc Marocco
No comment, 2014
Casque ajouré, oiseau siffleur et portant
Openwork helmet, bird whistling and carrying
80
Dans la violence des combats,
le casque est souvent bien dérisoire.
Le verre est là pour le rappeler, mais
pas seulement, sa matière fragile
appelle à la préciosité de la vie.
// In heavy fighting, the helmet is
often derisory. The glass is there to
remind us, but not limited to its
fragile material called the preciosity
life. //
Sophie Hasslauer
France
Headache, 2014
Crystal
Cristal
83
Caroline Hofman
France
Devenir Ciel, 2014
Casque, fleurs et tissu brodé.
Becoming Heaven, 2014
Helmet, flowers and embroidered fabric
Une invitation à méditer sur ce que fut, et ce qui sera, si on ne veille
pas, si on ne cultive pas ses pensées... Le terme “devenir Ciel” vient
du Chamanisme et signifie mourir, rejoindre le Grand Esprit, le Ciel.
// An invitation to meditate on what was and what will be, if we
don’t watch out, if we do not cultivate our thoughts... The term
“becoming Heaven” comes from Shamanism and means :“to die”,
join the Great Spirit, Heaven. //
85
Le travail d’Æmor Houidé emprunte
diverses voies qui mènent à une
réflexion sur un post-colonialisme à
l’état de cicatrice silicifiée. Une quête
erratique de racines, d’ailes et de
bulbes asséchant de ses contraintes
un corps affable au profil discret.
Si l’artiste ne se revendique pas
féministe acharnée, elle ne cessera
d’interroger la condition et le statut
du “genre” féminin. Cette question
se voile d’une trame empreinte d’exil,
d’esclavagisme et de révolution. Pour
cette exposition, Æmor Houidé
propose une structure de casquebateau, à l'état de construction et de
décomposition à l'image des carcasses
stagnantes que l'on peut contempler
sur certaines plages malgaches.
// The work of Æmor Houidé borrows
various paths in order to have a reflection
on post-colonialism in the form of
silicified scares. It is an erratic quest for
roots, wings and bulbs that are drying in
its affable low-profile body. If the artist
does not claim herself as a fierce feminist,
she will, anyway, continue to examine the
condition and status of women’s "genre".
This question has a footprint of exile,
slavery and revolution. For this exhibition,
Æmor Houidé offers a helmet-boat
structure, in a state of construction like the
wrecked boats we can find on Malagasy’s
beaches. //
Aemor Houidé
Madagascar
Retour de couche, 2014
Bois
After delivery, 2014
Wood
86
Prenez votre courage à deux
mains chers parents, et expliquez
à vos enfants, avec leurs codes,
la guerre, ce péché originel
incarné. Ce support revisité en
“Paradis terrestre” est dépourvu
de présence humaine… Faut s’y
faire, c’est une espèce en voie
de disparition pour cause de
cynisme.
// Take your courage in both
hands dear parents, and explain
to your children, with their
own codes, the war, the original
sin incarnated. This support
revisited as an “earthly paradise”,
has no human presence...
Should there be, it is a species
endangered due to cynicism. //
Anne Jacmaire
France
Le Paradis terrestre de Brueghel revisité, 2014
Autocollants sur casque
The Earthly Paradise by Brueghel revisited, 2014
Helmet stickers
89
“700 fusillés pour l’exemple en
France – la plupart du temps des
innocents – marquée par le film
“les sentiers de la gloire” de Stanley
Kubrick - Que faire d’un casque
militaire ? Aussitôt s’est imposée,
la bande velpo – recoudre cette histoire des fusillés pour l’exemple – en
prenant quelques extraits de lettres
de deux d’entre-eux , des photos de
guerre, des cotons brûlés et cousus.
Quels soins étaient portés à tous ces
hommes qui se sont battus ?”
Sylvie Kaptur Gintz
Pologne Poland
700 blessures
Casque de plâtre et bande brodée
700 injuries
Plaster helmet and embroidered stripes
// "700 shot for “the” example
in France - mostly innocent marked by the movie" Paths
of Glory "by Stanley Kubrick
- What to do with a military
helmet? Immediately has come
the Velpo stripe to my mind – to
mend this story of those shot
for “the” example - taking a few
extracts from letters of two of
them, photos of war, burnt and
sewn cotton. What kind of care
was brought to all those men
who fought? " //
90
Rien n'est plus absurde que la
guerre ! La guerre n'apporte
que la perte et la souffrance
de la population civile et la
destruction à grande échelle pour
les communautés des paysages
de la nature. Pour moi, Vivre
c’est Aimer, ça signifie surmonter
l'hostilité par le renoncement à la
vengeance et à la violence.
// Nothing is as senseless as war!
War brings nothing but loss and
suffering among the civilian
population and large-scale
destruction to communities as well
destroying nature landscapes.
For me, Living is Loving means
overcoming hostility by the
renunciation of
revenge and violence. //
Bodo Korsig
Allemagne Germany
Vivre, c’est aimer, 2014
Casque peint
Living is loving, 2014
Painted helmet
93
Andreas Klöpsch
Allemagne Germany
Chapeau de plomb, 2014
Casque gravé, peinture et magnets
Tin hat, 2014
Engraved helmet, paint and magnets
“ … Une bonne raison” tient lieu et place à la manière d’une bannière sur
un badge et ceci pour toutes “les bonnes raisons”. J’ai essayé de visualiser le
mécanisme de la guerre.
94
// “A good reason” is a place holder for all the various reasons in form of the
magnet pins, which can be placed on/instead of “a good reason”. I tried to
visualize mechanism of war. //
Kosta Kulundzic
Serbie Serbia
Krvave Suze,
(Les larmes de sang), 2014
Huile sur casque
Oil on a helmet
Marqué par le conflit en Ex-Yougoslavie, Kosta nous décrit un “mal” global
qui ronge note histoire depuis toujours. Mixant des images d’actualité et des
portraits de ses proches, il nous fait comprendre que les belligérants changent
mais le système est le même et se répète inlassablement. Comme dans un
jeu de chaises musicales, l’horreur est passée dans son pays, y a pris ses aises
avant de migrer autre part.
// Affected by the conflict in the former Yugoslavia, Kosta describes a global
"evil" that has always been gnawing our history. Mixing images and portraits
of his family, he makes us understand that the belligerents change but the
system is the same and is repeated endlessly. As in a game of musical chairs,
horror rose in his country, took his ease before migrating elsewhere. //
97
Thomas W. Kuppler
Grâce à la déconstruction et
l'obstruction j'essaie de révéler
les éléments cachés et les
significations cachées de l'image.
J’ai, par conséquent, combiné le
casque avec une photo comme
un “objet trouvé”. L'ambiguïté
de la fusion de l'objet et l'image
invitent le spectateur à regarder
derrière sa face profonde dans
l'infini, à découvrir les invisibles,
les souvenirs et la douleur du
passé.
// Through deconstruction
and obstruction am trying to
reveal the hidden elements and
concealed meanings of an image.
Therefore I combined the helmet
as an “object trouvé” with a
photograph. The ambiguity
through the fusion of the object
and the image invites the viewer
to look behind its surface deep
into the infinity to discover the
invisible, the memories and the
pain of the past. //
Royaume-Uni United Kingdom
La fenêtre, 2014
Techniques mixtes sur casque percé
The window, 2014
Mixed techniques on a drilled helmet
“Il donne quelque chose en
pâture à l'œil, mais il invite celui
auquel le tableau [object] est
présenté, à déposer, là, son
regard, comme on dépose les
armes…(Lacan)”
98
Il s’agit d’une représentation
d’un casque de l’armée anglaise
en grès légèrement enfumé.
Dessus du métal fondu
équivalent au poids d’une balle.
L’aspect est lourd pourtant le
matériau est fragile. La balle a été
dématérialisée devenant ainsi un
motif évoquant une flèche.
// This is a representation of a
helmet of the British army in
slightly smoky sandstone.
On top of it is the molten metal
equivalent to the weight of a
jacket. The appearance is heavy
yet fragile is the material. The
jacket has been dematerialized in
order to become a pattern that
evokes an arrow. //
Rachel Labastie
Belgique Belgium
Tir & argile, 2014
Céramique et balle fondue
Shot & clay, 2014
Ceramic and molten bullet
101
La grenade ou la grenade, les deux sont fruits du grenadier,
cas d'homonymie. Les fruits du grenadier sont dans l'histoire
des civilisations et des religions comme un fil conducteur ou
destructeur, selon le sens, entre les cultures et les peuples. Ici,
Le fruit du Grenadier, 2014, représente aussi l’ambiguïté par la
mise en équilibre et par l'absurdité du geste.
// The word “grenade” has two meanings in French, it can be
used as for the fruit we call “pomegranate” either as for the
weapon we call “grenade”. Here the artist, with its “fruits du
grenadier” wants to underline the ambiguity between a fruit
witch is given to us by Mother Nature and a poisoned one
witch is given to us by us. //
Mehdi-Georges Lahlou
Belgique Belgium
Le fruit du grenadier, 2014
Casque anglais et fruit
The fruit of the pomegranate, 2014
English helmet and pomegranate
103
Jean Lain
France
Né pour vivre, 2014
Miroirs adhésifs sur casque
Born to be alive, 2014
Adhesive mirrors on a helmet
Je ne trouve jamais un endroit
pour me poser et m’installer.
Je n’ai jamais voulu toutes ces
choses dont les gens ont besoin
pour justifier leur vie.
Le temps jouait de mon côté.
C’est bon d’être vivant.
A Patrick
// I never find a place to sit down
and settle. I never wanted all the
things people need so they can
justify their lives. Time was on
my side. It’s good to be alive.
To Patrick //
105
Tony Lannoy
France
Salve dernière, 2014
Technique mixte sur casque reconstitué
Final salvo, 2014
Mixed techniques on a reconstructed helmet
Les Saints Jean bouche d'or
qui prêchent le martyre Le plus souvent, d'ailleurs,
s'attardent ici bas. Mourir pour des idées, c'est le
cas de le dire C'est leur raison de vivre, ils ne s'en
privent pas. Dans presque tous les camps, on en voit
qui supplantent Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté :
Mourons pour des idées, d'accord, Mais de mort lente,
d'accord Mais de mort lente.
Georges Brassens
// St John the “golden mouths” whom preach martyrdom, in most cases, moreover,
linger here below. To die for ideas, this is
their reason for living, they are
in not deny. In almost all camps, we can see
those who soon will supplant Methuselah in longevity.
I conclude that they need to say, as an aside :
“Die for ideas, okay, but slow death”
Georges Brassens //
106
Un casque américain WW2
devient la piste de lancement
d'un avion de guerre
contemporain sous la protection
du prix nobel de la paix Obama
matérialisé par un badge de la
campagne présidentiel 2008 à
l'aspect étonnement vintage.
Un condensé méta-guérrier !
Léa Le Bricomte
France
Yes we can, 2014
Avion en plastique, badge
Plastic plane, badge
// An American WW2 helmet
becomes the launch pad of an
airplane contemporary war
under the protection of the
Nobel Peace Prize Obama,
materialized by a badge for the
2008 presidential campaign with
an astonishing old fashion look.
A condensed “meta-warrior!” //
108
“Casque d’or” est le titre d’un film
français de Jacques Becker (1952)
dans lequel Simone Signoret incarne
le rôle d’une prostituée à la belle
époque. Cette période de prospérité
en France entre 1896 et 1914 que
clôt le début de la première guerre
mondiale.
“Casque d’or” de Pascal Lièvre
évoque ce moment de calme et de
joie avant la tempête.
// "Golden Helmet" is the title of
a French film by Jacques Becker
(1952) in which Simone Signoret
plays the role of a prostitute
in the heyday. This period of
prosperity in France between
1896 and 1914 that closes the
beginning of the First World
War. The “Casque d'or” by Pascal
Liévre evokes that moment of
calm and joy before the storm. //
Pascal Lièvre
France
Casque d’or, 2014
Casque et paillettes
Golden helmet, 2014
Glitter helmet
110
MaDmonde - le regard des
Sacrifiés- se veut une œuvre qui
va à l'essentiel, l'idée imagée de la
guerre mondiale.
Pas de recherche d'esthétisme,
car rien n'est beau dans la guerre.
Ainsi coiffé de son "heaume",
l'homme nous transperce de son
regard noir et froid teinté de
peur et de souffrance. Il a perdu
son âme au fond de la tranchée...
Le monde est devenu fou. Lors
du prochain assaut il devra
encore tuer ou périr.
// Globe - the look of the
Martyrs, wants a work that
focuses on the essentials, the
pictorial idea of the war. There
is no need for aestheticism as
war has nothing to do with
beauty. And wearing his "helmet",
the man pierces us with his
glare tinted with cold, fear and
suffering. He lost his soul to the
bottom of the trench... The world
has gone mad. The next attack he
will still kill or perish. //
Yann Luszpak
Hélène Monteilhet
France
MaDmonde - le regard des Sacrifiés, 2014
Technique mixte
Globe - the sacrified one’s gaze, 2014
113
Mixed technique with two helmets
Comme une parenthèse
macabre sur notre planète, le
“no man’s land” n’appartient
à personne, le traverser c’est y
mourir à coup sûr.
C’est un lieu surréaliste
qui semble irréel, c’est
l’antichambre de l’enfer.
// As a macabre parenthesis on
our planet, the” no man’s land
“belongs to no one; to cross it,
is to die for sure. It is a surreal
place that seems unreal; it is
the antechamber of hell. //
Marcin
France
No man’s land, 2014
Acrylique sur casque
Acrylic on a helmet
114
J'ai choisi de recouvrir le casque
d'un motif de dentelles blanches
sur fond noir. Ce qui lui donne
un aspect précieux, habillé et
délicat. Tout l'opposé d'un casque
de guerre. Le décalage immédiat
me permet de mettre en évidence
la fonction première de ce casque
et renforce l'image absurde de
deux mondes qui s'affrontent.
// I chose to cover the helmet
with a pattern of white lace on
black background. It does give
it a valuable aspect, dressed and
delicate. It’s the opposite of a
war helmet. Immediate shift
allows me to highlight the first
of its helmet and reinforces the
absurd image of two worlds clash
function. //
Charlotte Marchand
Belgique Belgium
Sans titre, 2014
Peinture et aérosol sur casque
untitled, 2014
117
Paint and aerosol on a helmet
Gérard Meurant
Belgique Belgium
Guerre et solutions digitales, 2014
Carte postale
Wars of digitals solutions. 2014.
Postcard
Nous sommes déjà tous dans la
numérisation des données qui
nous entourent. Ce recours à la
technologie est non seulement
l’avenir de la guerre mais aussi un
outil prépondérant à l’art. Bien
que celui-ci ne soit pas un médium
en soi, il permet de construire des
images qui densifient l’imaginaire
tout en synthétisant notre vision du
réel. C’est le retour de l’expression
d’un nouveau réalisme. La tâche
noire au centre de l’image n’est
rien d’autre qu’un trou de balle
allemand dans un casque belge.
La transformation visuelle de cet
impact renvoie à l’imagerie d’un
scanner thermique. Sans doute,
celui d’un cerveau humain encore
chaud et qui se refroidit. Ce spectre
coloré est l’image démystifiée d’un
traitement en profondeur d’une
chose par une autre. Nous sommes
la balle qui pénètre doucement dans
le calque virtuel de la réalité.
Il s’agit ici de transpercer une
masse, celle du flux d’images d’un
monde perpétuellement en guerre.
// We are all already in the
digitization of data that surround
us. This use of technology is
not only the future of the war
but also a key tool for Art.
Although it is not a medium in
itself, it can build images that
make the imagination deeper
while summarizing our vision
of reality. It's the return of the
expression of a new realism.
The black spot in the center
of the image is nothing but a
German bullet hole in a Belgian
helmet. The visual impact of
this transformation refers to
a thermal imaging scanner.
Probably that of a human
brain still hot and cools. This
color spectrum is demystified
a thorough treatment of one
thing with another image. We
are entering the ball gently into
the virtual layer of reality. This
is all about piercing a body that
of the flow of images of a world
perpetually at war. //
118
Moïse B.
France
Éternelle jeunesse, 2014
Acier rouillé, tissu
Forever Young, 2014
Rusted steel, fabric
Au-delà de la guerre, l’œuvre
de l’artiste Moïse B. est un
regard tendre et affectueux sur
la jeunesse de deux générations
différentes et pourtant si
proches.
// Beyond the war, the work
of the artist Moïse B. is a
tender and affectionate look
at the youth of two different
generations and yet so close. //
120
La boue fige ici la présence d'un
homme qui aurait pu porter
le casque qu'elle recouvre.
Matériau informe par essence,
son aspect change selon la
température et l'hydrométrie,
se fissurant, elle laisse apparaitre
ce qu'elle contient et semble
ne pas pérenniser la sculpture.
Volonté de ne pas être définitif
sur des évènements terribles que
je n'ai pas connu. La boue colle,
alourdit et étouffe. Une plaie
pour le combattant de 14-18,
parmi tant d'autres.
// The mud that covers the
helmet could have been a soldier.
Material without any shape, its
appearance changes depending on
temperature and moisture, as it
cracks; it shows what it contains
and does not seem to sustain
the sculpture. I didn’t want to
be definitive about the terrible
events that I did not know. Mud
sticks, makes things heavier and
suffocating. It’s a wound for the
WW1’s soldier, among others. //
Eric Monbel
France
La plaie, 2014
Argile et casque intégré
The wound, 2014
Clay and integrated helmet
122
Freddy Pannecocke
France
Soldat de plomb, 2014
Casque en balles fondues
Tin Soldier, 2014
Leaded reconstituted helmet
Un casque reconstitué dans le plomb
des balles comme un objet qui porte
tous les stigmates de la Grande guerre,
retrouvé enfoui sous la terre comme
une trace archéologique de la violence
des hommes.
// WW1 helmet made out of lead
from bullets, found buried in the
earth as an archaeological trace of
men’s violence. //
124
Le trait de cet univers est particulièrement intéressant. C’est un tracé “câblé”,
c’est à dire un graphe qui, n’exprimant pas les états d’âme de son auteur,
témoigne exclusivement de directions, réseaux, vitesses, arabesques. Ce type
de dessin vient de la bande dessinée, mais on la trouve de-ci de-là en art
moderne, par exemple chez Klee, Miro, Léger, dans l’hourloupe de Dubuffet,
et tout près de nous chez Keith Haring. Dans le cas présent, les lignes câblées
procèdent de deux principaux schèmes. Il y a principalement la trompe et les
tentacules. On y ressent la capture périlleuse des céphalopodes et la caresse
enfantine de Babar. Mais la pulsion qui domine est franchement schizoïde,
dans la mesure où l’entrelacs couvre la surface entière simultanéïsant toutes
les figures et chaque intensité. Cela donne une espèce de réel plus dense que la
réalité. Pas du tout un imaginaire ! Ce dessinateur donne à voir de telle façon
que, frontalement, le spectateur n’a aucune chance de s’échapper.
(extrait de Pierre Sterckx / postface de “volcano versicolore”
éditions “la cinquième couche”, 2012.)
// The line of this universe is particularly interesting. This is a «wired "
outline, as a graph which does not express the moods of its author but
testifies exclusively the directions , networks, speed, arabesques. This type
of design comes from the cartoon, but is found here and there in modern
art, like in Klee’s, Miro’s, and Leger’s, in Dubuffet’s “Hourloupe” and closer
to us in Keith Haring’s artwork. In this case, cable lines carry two main
sketches. There are mainly the trunk and the tentacles. It feels the dangerous
catch of cephalopods and the childish cuddling of Babar. But the impulse
that dominates is frankly schizoid, insofar as the “interlace” covers the entire
surface making a synchronicity between all figures and each intensities. This
gives a denser reality than reality itself. Not a fantasy! This designer gives
view so that frontally, the viewer has no chance to escape.
(Extract from Pierre Sterckx / PostScript “volcano versicolore” éditions “la
cinquième couche”, 2012.) //
Sylvain Paris
France
Rose declic ctapulte catatacc pull ta pulpe rrrrossss, 2014
Acrylique sur casque
Acrylic on a helmet
126
Je m’appelle Louis.
Je vis au 17, rue de l’épée à Paris.
Je suis né en 1881.
J’ai le temps.
Je vis peu mais je meurs
longtemps.
1914 RAS.
// My name is Louis.
I live at 17 rue de l’épée à Paris
I was born in 1881.
I have time.
I have lived little but I’ve been
dying for a long time.
1914 RAS. //
Julie Périn
France
Je m’appelle Louis 2014
Plumes, tissu, écriture, peinture
My name is Louis 2014
Feather, cloth, writing, paint
129
Du temps des corps liés
révolutions continues constantes
que dire sinon écrire, écouter.
// When bodies were knotted,
and revolutions were endless
what to do but writing, listening? //
Maïté Pouleur
France
Entre nous, 2014
Casque andrian, micro contact, casque, matériaux divers
Between us, 2014
Andrian helmet, microswitch , helmet, various materials
130
“Shellmet” est un travail délicat d'art composé de coquilles d'œufs brisées
sur une forme en plâtre / gaze fine. Les matériaux fragiles utilisés pour créer
cette sculpture sapent les associations de protection habituellement dévolues
aux casques de combat en Kevlar. La membrane intérieure, fragile, composée
de plâtre et de gaze imite un bandage médical indiquant une blessure à la
tête. Le concept de traumatisme psychologique provoqué par la guerre est
explicitement signifié par les jeux de mots sardoniques trouvés dans le soustitre de l'ouvrage, “choque et fissuration”. Il y a d'autres significations qui
pourraient être tirées d'un casque de coquilles d'œufs cassées, en considérant
l'œuf comme un symbole de transformation et de renaissance. Souvent lors des
combats, les soldats sont également radicalement transformés - de garçons en
hommes, de civilisés en barbares, et de vivants à morts.
Jeffrey Allen Price
Etats-Unis USA
Shellmet(Shell-Shocked and Cracking Up), 2014
Coquille d’oeuf
Eggshell
132
// “Shellmet” is a delicate work of art consisting of broken eggshells over a
thin plaster/gauze form. The fragile materials used to create this sculpture
undermine the associations of protection usually attributed to Kevlar combat
helmets. The frail interior membrane consisting of plaster and gauze mimics
a medical bandage/cast, indicating a head injury. The concept of psychological
trauma brought on by war is explicitly implied by the sardonic puns found in
the subtitle of the work, “Shell-Shocked and Cracking Up”. There are further
meanings that might be derived from a broken eggshell helmet by considering
the egg as a symbol of transformation and (re-birth). Oftentimes during
warfare soldiers are also radically transformed--from boys to men, from
civilized to barbaric, and from alive to dead. //
Chaque conflit a connu des temps de
fraternisation. Un moment suspendu
ou les différences, les mobiles
belliqueux prenaient brièvement une
courte distance.
La présence humaine seule suffisait
à un rapprochement. Quand les
combats reprenaient, ils devaient,
pour certains avoir perdu un peu
plus de leur signification pour peu
qu'ils en possédaient auparavant.
L'intervention ici évoque un
détournement qu'un soldat aurait
pu concevoir au fond de sa tranchée.
Un appel au répit, à la rencontre. Les
matériaux employés sont disposés
à la manière d'un frichti ludique.
Les personnages, rudimentaires,
façonnés avec de la cire suggèrent à
la fois un face à face sans issue,
la disparition proche du soldat et la
vanité du conflit. Match nul.
// Each conflict has had time for
fraternization. Suspended time or
differences, warlike mobile briefly
took a short distance. The only
human presence can be enough
for reconciliation. When fighting
restarted, it had to be the case, the
meaning it had at first did not seem
to be the same. The intervention
here evokes a diversion that a
soldier could have conceived at the
bottom of his trench. As if it could
be call for a break or just a meeting.
The materials used are arranged
like a funny lunch. Characters,
rudimentary shaped with wax
suggest both a face to face, close to
the disappearance of the soldier and
the vanity of the conflict. Draw. //
Jérôme Progin
France
Vide & inutile, 2014
Technique mixte
Null & void, 2014
Mixed techniques
134
La première guerre
mondiale a transformé le
corps en machine ; machine
à marcher, machine à
endurer, machine à détruire.
Nous avons été tenté ici
de construire une allégorie
(forcement dérisoire) de
ce corps en miettes. La
sensualité des membres
de pierre se juxtapose
à l’imprimé en série de
gouttes d’eau sur un tapis
de bain, l’harmonie et
l’équilibre se réduisent à des
blocs absurdement défaits.
Le casque repose, là, comme
un trophée. Il est en même
temps une coupe à jamais
vide, le bidet tant attendu.
La blancheur du volume
esthétise -parodiquementce qui devrait rester à jamais
innommable. Les décombres
du soldat, le repos de
faïence.
Nans Quetel
Allemagne Germany
Clair et lumineux, 2014
Casque, prothèse plâtrée, membres de faïence épars, tapis de salle de bain
Bright and clean, 2014
A helmet, prosthesis plaster, earthenware scattered members. Mat bathroom
137
// WW1 turned the body into a machine;
a walking machine, endure machine,
machine to destroy. We were trying to
build here allegory (necessarily trivial) of
the body into pieces. The sensuality of the
members made out of stone juxtaposes the
printed series of water drops on a bath mat.
Harmony and balance are reduced to blocks
absurdly defeated. The helmet based there,
like a trophy. It is also a never emptied
cup, the very expected bidet. The whiteness
of the volume aestheticizes in a parodist
manner what should forever remain
nameless. The rubble of the soldier seems to
be the rest of earthenware. //
Merci d’être poilus.
// Thanks for being “poilus”*
* “poilus” is the nicked name that has been given
to the French soldiers in the trenches, it means to be unshaved) //
Vadim Sérandon
Joséphine Carabello
France
Casque de poilu, 2014
Poils naturels sur casque
Real hair on a helmet
138
Le casque représente à la fois
l’objet mémoriel par excellence
et la marque des blessures
physiques et mentales des soldats.
J’ai établi un parallèle avec un
autre objet de blessures : le
plâtre que l’on fait tagger par
ses proches. J’ai demandé à des
collégiens ce qu’ils aimeraient
écrire sur un “casque plâtré”,
qui appartiendrait à un soldat
connu d’eux, pour le soutenir, le
remercier ou tout simplement
communiquer ?
// The helmet is both the
remembrance object and the
stamp of physical and mental
wounds of soldiers. I drew a
parallel with another object of
injury: plasters tagged by friends
or relatives. I asked college
students what they would write
about a “plastered helmet”,
which belongs to a soldier
known to them, just to support,
thank or communicate. //
Scimo
France
Mémoires 2 blessures, 2014
Bandes plâtrées et marqueurs
Memory of Injuries, 2014
Plaster bandage and felts
140
Et si personne n’y était allé ?
Et si chacun avait choisit de
préférer aller jouer ailleurs,
sans doute une vision utopiste.
J’aime à penser que cela est
possible et qu’il est de notre
responsabilité de choisir une
autre voie. Faites l’amour pas
la guerre... Sûrement les traces
d’une éducation post 68, j’espère
encore trouver sous les pavés la
plage, croire en la liberté et au
pouvoir de chacun d’assurer la
paix.
// What if no one came?
What if everyone had chosen
to go and play somewhere
else? Probably would it be a
utopian vision. I like to think
that this is possible and it is
our responsibility to choose a
different path. Make love not
war.. This is surely the remaining
traces of a post 60s education;
How I wish we could find a
beach underneath the pavement;
I do believe in freedom and in
the power of each of us to ensure
peace. //
Eve Servent
France
Rendez vous au tas de sable, 2014
Sculpture en sable de Omaha beach
Rendez-vous at the heap of sand, 2014
Sculpture made out of Omaha beach’s sand
143
Mai Tabakian
France
Retour à la vie civile, 2014
Textiles et polystyrène extrudé
Back to every day’s life, 2014
Textiles and extruded polystyrene
Quelle vie après la guerre ? Qu’il ait la gueule cassée ou des cauchemars plein
la tête, l’ancien soldat retourne, s’il le peut encore, à son ancien métier,
et cherche à reprendre le cours de son existence. Ce casque c’est le souvenir
du guerrier derrière le simple civil, une évocation de toutes les souffrances
que le vétéran doit surmonter pour revenir à la vie.
// What sort of life after the war? Might he have a broken face or a brain
filled with nightmares, the former soldier must go back to his previous job
and his own life. This helmet is the remembrance of a soldier behind an
every day’s guy. It is an evocation of all the sufferings that the veteran must
overcome to return to life. //
144
À l’image du monde qui tourne
selon les aléas, les hommes créent
des armes pour en conserver la paix.
Le bleu de ce casque en est témoin.
Aussi loin que l’on remonte dans
l’histoire, les artistes et pas des
moindres ont toujours fait écho aux
conflits, la période classique a été
d’ailleurs friande de cela comme
ici le massacre des innocents d’un
maître, Nicolas Poussin. L’ambiguïté
entre l’objet et sa couleur et entre
l’atrocité de l’action peinte par
Poussin et la beauté qui s’en dégage
ne pouvait me laisser de marbre et
m’obligeait à me positionner sur ce
microcosme de défense qu’est cette
protection individuelle...
// Like the world revolves
according hazards, men create
weapons to keep the peace. The
blue of the helmet is witness.
Artists have always been
involved in witnessing wars
(“Massacre des innocents” by
Nicolas Poussin).The ambiguity
between the object and its color
and between the atrocity of
the action painted by Poussin
and the beauty that emerges
from it could not leave me
without feelings and forced
me to position myself in this
microcosm of defense that is selfprotection... //
Rémi Tamain
France
Casque Bleu Poussin, 2014
Acrylique sur casque
Blue helmet Poussin, 2014
Acrylic on helmet
146
// The Battle of the Lys, April 9, 1918 was the greatest Portuguese military disaster since the battle
of Alcácer-Quibir in 1578. A powerful German
army came in front of the troops already much
unmotivated and only four hours of battle;
CEP (Portuguese Expeditionary Corps)
lost about 7,500 men including dead,
wounded, missing and prisoners.
After almost 100 years, what is the
memory of that tragic day? This
helmet is made out of fragments of the research I did
on this battle. This is not
a helmet that can protect someone already
as it is fragile as
memory can
be. //
La Bataille de La Lys, le 9
avril 1918 a été la plus grande
catastrophe militaire portugaise
depuis la bataille d’AlcácerQuibir, en 1578. Une puissante
armée allemande est avancée sur
les troupes déjà très démotivées
et en seulement quatre heures
de bataille, le CEP (Corps
Expéditionnaire Portugais) a
perdu environ 7 500 hommes
parmi lesquels des morts, des
blessés, des disparus et des
prisonniers. Après presque
100 ans, quel est le souvenir de
ce jour tragique ? Ce casque
est composé de fragments de
la recherche que j'ai faite sur
cette bataille. Ce n'est pas un
casque qui puisse déjà protéger
quelqu'un, car il est fragile
comme la mémoire.
Ana Tecedeiro
Portugal
Casque la Lys, 2014
Papiers agrafés
La Lys helmet, 2014
Stapled paper
148
Avec une économie de moyens et l’élaboration de
processus visuels apparemment simples, Nicolas
Tourte parvient immédiatement à nous faire
entrer dans son univers où nos repères et codes
sont subtilement modifiés. Un monde parallèle
et décalé où chaque détail compte. Dans POW,
cette proposition sculpturale, d’onomatopée
acronymique (prisonnier of war), il est question
d’attente. Attendre que la propagation d’une
onde de choc absorbée et stratifiée à la surface
d’un sorbet plasmatique se termine. Attendre le
retour d’une mer d’huile. Attendre la chute d’une
goutte, d’un obus, attendre l’explosion d’un corps
céleste.
// With an economy of means and seemingly simple
visual development process Nicolas Tourte was able
to immediately bring us into his world where our
benchmarks and codes are subtly altered. It is a
parallel and offset world where every detail counts.
In POW, this sculptural proposal of acronym like
onomatopoeia (prisoner of war), it is matter of
waiting. Wait for the propagation of a shock wave
absorbed and laminated to the surface of a plasma
sorbet comes to an end. Await the return of a glassy
sea. Await a falling drop of a shell, waiting for the
explosion of a celestial body. //
Nicolas Tourte
France
Pow, 2014
151
Technique mixte
Mixed media
Les gens disent: “Les massacres
incroyables de la seconde guerre
mondiale ne peuvent pas être
imaginés”. Mais la guerre est
permanente dans le monde entier,
alors que nous-mêmes sommes
dans un cocon de vie facile. Seule
l’usine à rêves nous maintient
sur ​​la bonne voie. “Entre 1942
et 1945, pendant la Seconde
Guerre mondiale, Walt Disney a
été impliqué dans la production
de films de propagande pour le
gouvernement américain. Les
productions de Walt Disney
ont banalisé le sentiment proaméricain et favorisé le patriotisme
de guerre (Wikipédia)”.
// People say: “The unbelievable
massacres of world war II can
not been imagine”. But war is
permanently on-going worldwide,
while we cocoon ourself in a
easygoing life. Only a dreamfactory
keeps us on track.
“Between 1942 and 1945, during
World War II, Walt Disney was
involved in the production of
propaganda films for the U.S.
government. The widespread
familiarity of Walt Disney’s
productions benefited the U.S.
government in producing proAmerican war propaganda in an
effort to increase support for the
war (Wikipedia)” //
John Trashkowsky
Suisse Switzerland
Ceci n’est pas Mickey, 2014
Technique mixte
This is not Mickey Mouse, 2014
Mixed media
152
// This helmet like an oxymoron,
as an opposition figure, provides
an indirect indictment against
war: an enchanted nature,
illuminated lighting effects is
contradicted by a bloody red.
Is this tranquility or anxiety?
The viewer can get lost. //
Ce casque comme un oxymore,
comme une figure d’opposition,
offre un réquisitoire indirect
contre la guerre : une nature
enchantée, éclairée de jeux de
lumière est contredite par un
rouge sanglant. Quiétude ou
inquiétude ? Le regardeur peut
s’égarer.
Amélie Vidgrain
France
… Accrochant follement aux herbes rouges des haillons d’argent, 2014
Morsure à l’acide, encrage taille-douce
... Hanging wildly to the red grass silver rags (Rimbaud), 2014
Acid bites, soft inking
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“Héroine” est issue d'une
série débutée en 2010 sur les
actes héroïques. Le casque est
recouvert d'un filet de cheveux
perdus quotidiennement par
l'artiste, interrogeant ainsi la
protection entre le matériel
et l'homme, le contraste entre
la fragilité capillaire et la
robustesse. Dans les mythologies,
le cheveu confère des pouvoirs
divins et protecteurs : un super
pouvoir pour un super héros.
// "Hero’s net" is the result of
a series started in 2010 on the
heroic deeds. The helmet is
covered with a net made out
of hair she lost day after day.
Wandering about the protection
between hardware and man, the
contrast between the fragility of
the hair and robustness can work
out. In mythology, the hair gives
divine and protecting powers:
a superpower for a superhero. //
Leï Yang
Chine China
Héroïne - filet, 2014
Cheveux filés et tricotés sur casque lourd
Hero’s net, 2014
Yarns and knitted hair on a heavy helmet
156
Depuis toujours, de l’antiquité grecque à l’imagerie
biblique, en passant par le classicisme, l’art a usé des
bestiaires symboliques. Dans cette lignée, l’oiseau est
utilisé comme un symbole d’amour et de paix.
// Historically, from the ancient Greece to biblical
imagery and classicism, art has used symbolic bestiary.
Through this bloodline, the bird is used as a symbol
of love and peace. //
Santiago Ydañez
Espagne Spanish
Sans titre, 2014
Huile sur casque
Untitled, 2014
Oil on helmet
159
Commissaires d’exposition // Curators //
Freddy Pannecocke & Valéry Poulet
Affiche originale et couverture // Original poster and front cover //
Nicolas Quillot
Mise en page du catalogue // Layout //
Smac
Traduction // Translation //
Olivier Lopacki
Remerciements // Thanks to //
Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Direction des Affaires Culturelles
Nord-Pas-de-Calais, Conseil général du Pas-de-Calais, Château d’Hardelot,
Ville de Hornaing, Ville de Rieulay
et à // and to //
Nicolas Tourte, Abdelatif Habib, Mai Tabakian, Tony Lannoy, Amélie
Vidgrain, Frédéric Croizier de la Galerie Radial Art Contemporain
(Strasbourg), Myriam Hequet, Dominique Bachelet, Jean-François
Coquerelle, Frédéric Schwalek, Victor & Noé
© 2014 Smac
© Crédits Photographiques // Photo credits //
Smac & artistes sauf p.4-7 et 160-161,Wikimedia Commons
© Textes auteurs et artistes respectifs // own authors artists //
Reproduction interdite // Reproduction prohibited //
Dépôt légal : juillet 2014 // Legal Deposit: july 2014 //
Smac éditions
www.smacasso.wix.com/smacsite
ISBN n° 978-2-9542622-3-9