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AFPP – DIXIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES RAVAGEURS EN AGRICULTURE
MONTPELLIER – 22 ET 23 OCTOBRE 2014
ROLE DES NEMATODES DE L'ORDRE MONONCHIDA DANS LA REDUCTION DES NEMATODES
PHYTOPARASITES
BERRABAH D.1, HOCEINI F. 1, BABAALI D.1, DOUMANDJI-MITICHE B. 1, DOUMANDJI S.1
et NEBIH D.2
1
Ecole nationale supérieure d’Agronomie ENSA (Département de Zoologie Agricole et Forestière,
Alger, Algérie).
2
Université SAAD Dahleb (Faculté des Sciences Agronomiques et Vétérinaires, Blida, Algérie).
[email protected]
RESUME
Au cours de l’année 2013, L’étude du peuplement nématologique rencontré sur vigne dans l’ITAV de
Médéa et l’halfa dans la réserve naturelle de Mergueb Ain el Hadjel (Algérie), nous a permis de
mettre en valeur les nématodes prédateurs de l’ordre Mononchida. Nos investigations ont porté sur
un ensemble de huit stations. Les résultats expriment le degré de prédation des nématodes de
l’ordre Mononchida sur les différents groupes trophiques de nématodes dont Mononchus est corrélé
positivement au groupe des bactériovores et fongivores mais négativement aux phytoparasites.
Mots-clés : Groupe trophique; Halfa; Peuplement; Prédateur, Vigne.
ABSTRACT
In 2013, the study of nematode population associated with Vine in ITAV Medea and halfa in the
nature reserve of Ain Elhadjel (Algeria), allowed us to evaluate the effect of the predatory nematodes
order Mononchida. Our investigations have focused on a set of eight stations. The results express the
degree of predation of nematodes of the order Mononchida on different trophic groups of
nematodes while Mononchus is positively correlated to the bacteriovorous and fungivorous
nematodes but negatively to plant parasitic nematodes.
Keywords: Trophic group; Halfa ; Settlement; Vine.
INTRODUCTION
Faire diminuer le nombre de nématodes phytoparasites dans le sol conduit à réduire le nombre de
cellules nécrosées et à restaurer la fonction assimilatrice du système racinaire, c’est le principe de la
lutte chimique. Avec l’émergence des problèmes écologiques posés par l’utilisation des nématicides
et des pesticides en général, les recherches se sont naturellement orientées vers la mise au point de
méthodes de lutte biologiques qui reposent sur le même principe (Duponnois et Cadet, 1994 ; Cadet,
1985 ; Cadet, Quénéhervé, Topart et Marie-Luce, 1994), en employant des agents biologiques
comme les champignons, les bactéries et d’autres comme les nématodes prédateurs. L’inventaire
des nématodes associés à l’halfa et à la viticulture en Algérie nous permet d’avoir une idée
approfondie sur les relations de prédation entre ces nématodes dans leur milieu édaphique.
MATERIEL ET METHODES
L’inventaire des nématodes associés à la viticulture (Médéa) et à l’halfa dans la réserve naturelle de
Mergueb (Ain el Hadjel) nous permet de mettre en évidence le rôle des prédateurs Mononchida vis à
vis des communautés de nématodes associés à ces plantes hôtes. Dans ce but, nous avons choisi huit
parcelles (stations) pour notre étude.
Pour réaliser cette étude faunistique, nous avons prélevés 10 échantillons de sol d’un poids de 200g
chacun récoltés dans la rhizosphère des plants choisis sur la diagonale de chaque parcelle à une
profondeur allant jusqu’à 70 cm. Ces échantillons sont réunis en un seul échantillon dans un sac
référencé (la date, le lieu et la plante).
Les nématodes sont extraits du sol par la méthode d’extraction des seaux de Dalmasso (1966) dite
méthodes de flottaison et de sédimentation, puis identifiés et dénombrés sous le loupe binoculaire.
Les populations de nématodes du sol sont exprimées en nombre de nématode par dm3 (N/dm3).
EXPLOITATION DES DONNEES
L’analyse de données et les représentations graphiques ont été réalisées à l’aide du logiciel « SYSTAT
vers. 12, SPSS 2009 et Excel TM » en utilisant le modèle linéaire global (G.L.M). L’hypothèse d’égalité
de la variation dans les stations est testée par le calcul de la distance euclidienne à un facteur
contrôlé par le logiciel PAST - PAlaeontological STatistics, ver. 1.81. Les corrélations existantes entre
les groupes trophiques et surtout avec le prédateur sont mises en évidence par coefficient de
corrélation de Pearson par le même logiciel PAST.
RESULTATS
1. Inventaire des nématodes rencontrés dans les zones d’étude
La réalisation de cette étude nous permis de recenser 17 genres de nématodes dans les sols de vigne
et d'halfa des différents sites étudiés au nord algérien (Ain Elhadjel et Médéa) et de les répartir en
fonction de leurs régimes alimentaires en :
-Nématodes phytophages (Pratylenchus, Pratylenchoides, Paratylenchus, Scutellonema,
Tylenchorhynchus, Xiphinema, Nothotylenchus et Helicotylenchus);
- Nématodes fongivores (Aphelenchoides, Aphelenchus, Ditylenchus, Psilenchus et Tylenchus);
- Nématodes bactériovores (Rhabditis, Cephalobus et Chiloplacus);
- Nématodes prédateurs (Mononchus).
La variabilité des abondances globales de ces groupes trophiques dans les sites d’étude est bien
expliquée selon le modèle G.L.M :
Tableau I : Modèle G.L.M. appliqué à la densité moyenne (N/dm3) globale des différents groupes
trophiques rencontrés dans les zones d’étude.
G.L.M. Model applied to the global average density (N/dm3) of diverses trophic groups found in the
study areas.
Source
Stations
Groupes trophiques
Erreur
Somme des carrés
407496.875
618434.375
800440.625
Df
7
3
21
Moyenne carré
58213.839
275619.444
38116.220
F ratio
1.527
5.408
P
0.212
0.004
Figure 01: Densité moyenne globale des différents groupes trophiques des zones étudiées.
Global average density of differents trophic goups in the study areas.
PP : nématodes phytophages ; BF : nématodes bactériovores; FF : nématodes fongivores ; OP : nématodes
prédateurs –omnivores. S1-S4 : stations de Ain Elhadjel, S5-S8 : Station de Médéa
Le modèle G.L.M. appliqué à la densité moyenne (N/dm3) globale des différents groupes trophiques
rencontrés dans les zones d’études montre une différence significative entre les groupes
trophiques (p=0,004 ; p<0,05). Pour les stations d’étude (S1-S8), la différence est non significative
(p= 0 ,212 ; p>0,05) (Tableau I).
Les résultats représentés dans la figure (01) montrent que le groupe des nématodes bactériovores
abonde dans les stations d’étude suivi par celle des fongivores et phytophages. Alors que le groupe
des nématodes prédateurs est le moins représenté. Toutefois, l’abondance totale de ces nématodes
est presque similaire dans toutes les stations malgré la variabilité de la végétation.
2. Variation de la densité des nématodes phytophages dans les sites prospectés
L’analyse des densités des nématodes phytophages par la Detrended correspondance Analysis (DCA)
explique l’affinité de certains taxons par rapport aux zones prospectées. Le calcul de distance
Euclidien sur la base de similarité de (-1.2), permet de faire ressortir trois groupes hétérogènes
(Figure 02).
Le premier groupe se compose de Scutellonema et Tylenchorhynchus sp. dans les stations S6 et S7. Le
deuxième groupe décèle la présence du Helicotylenchus et Xiphinema dans les stations S5 et S8. Le
troisième groupe réunit les nématodes phytophages (Tylenchus, Ditylenchus, paratylenchus,
pratylenchus et Nothotylenchus) qui sont présents dans les stations de la réserve naturelle de
Mergueb (S1-S4).
Figure 02 : Variation de la densité des phytophages dans les sites prospectés.
Variation of the phytophagous density in the prospected lands.
1-Detrended correspondance
2-Classification ascendante hiérarchique.
Para : Paratylenchus, Prat : Pratylenchus, Noth : Nothotylenchus, Heli : Helicotylenchus, Scu : Scutellonema, Dity : Ditylenchus, Tyl :
Tylenchus, Tylen : Tylenchorhynchus, Xiph : Xiphenema.
S1-S4 : Stations De la réserve Naturelle de Mergueb, S5-S8 : stations viticoles.
3. L’effet de prédation des nématodes de l’ordre Mononchida sur les trois groupes trophiques de
nématodes
Pour évaluer l’effet de prédation des nématodes de l’ordre Mononchida sur les différents groupes
trophiques rencontrés sur les deux plantes hôte (vigne et halfa), nous avons choisi l’analyse de
corrélation qui fait ressortir les données enregistrées dans le tableau II. Sur ce tableau, les valeurs du
coefficient de Pearson sont au dessous de la diagonale, les probabilités associées sont positionnées
au dessus de la diagonale.
Ces résultats font apparaitre une corrélation négative entre le prédateur Monochus et les
phytophages (p= 0.04158). Alors que des corrélations positives sont enregistrées entre les
bactériovores, fongivores et Monochus avec des probabilités respectives de (p=0.007634) et
(p=0.018122). Il existe également une corrélation positive est entre les phytophages et les
bactériovores (p=0.0087974) et les fongivores et les bactériovores (p=0.049623).
Tableau II : corrélations existantes entre les groupes trophiques dans les zones d’étude.
Correlations found between trophic groups in the study areas.
Mononchus
BF
FF
PP
Mononchus
0
0,7517
0,69277
-0,62067
BF
0,0076349
0
0,59276
0,74297
FF
0,018122
0,049623
0
0,4517
PP
0,04158
0,0087974
0,16311
0
DISCUSSION
L’analyse des résultats par le Modèle Linéaire Général (G.L.M.) révèle des différences significatives
au niveau des densités des groupes trophiques (P<0, 05, P=0,049). L’abondance des bactériovores et
des fongivores dans nos biotopes serait probablement liée à l’activité biologique du sol. Par ailleurs,
plusieurs travaux de recherches montrent que les nématodes prédateurs et omnivore sont les plus
sensibles aux perturbations de l’environnement (Bongers et Bongers, 1998; Georgieva et al., 2002),
alors que les nématodes bactériophages et fongivores tolèrent différents stress liés à l’agriculture (Fu
et al., 2000).
La variation spatiale des nématodes montre leur abondance dans certains sites d’étude par rapport
aux autres. Ces résultats sont confirmés par Cadet (1998) qui a démontré que la présence de la
plante ne détermine pas obligatoirement celle des espèces de nématodes qui sont capables de la
parasiter. Pour une même plante, les espèces de nématodes qui sont présentes dans les sols sableux
sont souvent différentes de celles des sols argileux (Estioko et Reyes, 1984).
En ce qui concerne les groupes trophiques, les résultats révèlent une corrélation positive entre les
nématodes fongivores et les bactériovores qui sont également de bons indicateurs de fertilité, dans
la mesure où ils se développent au détriment des bactéries ou des champignons associés à la
présence de la matière organique (Sarah, 1995) les nématodes bactériovores pullulent donc toujours
dans les sols très riches en matière organique (Yeates et al., 1993). Notre étude confirmé également
les résultats de Hoceini (2009) qui a montré une corrélation positive entre le groupe des
phytophages et bactériovores, contrairement au groupe des prédateurs qui est corrélé négativement
aux phytophages. Plusieurs auteurs confirment l’utilité du Mononchus comme agent de lutte
biologique le premier d’entre eux étant Cobb en 1917 qui a proposé l’utilisation de ce nématode
pour lutter contre les nématodes phytophages de la canne à sucre puis Steiner et Heinly en 1922.
CONCLUSION
Les résultats montrent que le groupe des nématodes bactériovores abonde dans les stations d’étude
suivi par celle des fongivores et phytophages. Le calcul de distance euclidienne sur la base de
similarité de (-1.2) fait apparaitre trois groupes hétérogènes suite à la variabilité des abondances
nématologiques dans les sites d’étude. L’utilisation du coefficient de corrélation Pearson fait ressortir
une corrélation négative entre le prédateur Monochus et les phytophages, alors que des corrélations
positives sont enregistrées entre les bactériovores / fongivores / Monochus et également entre les
phytophages/ bactériovores et les fongivores /bactériovores. En perspective, Il apparaît intéressant
dans des études ultérieures de tenir compte des préférences alimentaires de ces nématodes
prédateurs vis-à-vis des différents genres phytophages afin de savoir si leur utilisation dans le
domaine phytopharmaceutique serait intéressante et de définir les possibilités de leur intégration
dans un programme de lutte raisonnée.
REMERCIEMENTS
Les auteurs expriment leurs remerciements envers le directeur de l’Ecole Nationale Supérieure
Agronomique (ENSA-Alger), tous les enseignants de l’école, Dr. Marniche F. Enseignante à l’école
nationale des vétérinaires (ENV-Algérie) également Dr. Djazouli Z. E Enseignant à l’université Saad
DAHLEB (USDB-Algérie).
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