A la folie - Dis-moi dix mots en Picardie

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Transcript A la folie - Dis-moi dix mots en Picardie

Catégorie POÉSIE 1er prix
Michelle Charvin (Montdidier)
A la folie
Zigzags
Sur ta bouche
Je divague.
Charivari
Dans tes cheveux
Je délire.
Fariboles
Sous ta robe
Ça m’affole.
Tohu-bohu
Toute nue
J’suis fondu.
A tire-larigot
Sur ta peau
J’suis dingo.
Ambiancer
Ton lit défait
M’rend timbré.
Ma Rouge baiser,
Ma Décoiffée,
Ma Retroussée,
Ma Dénudée,
Mon Embrasée,
Ma Déchaînée,
Je suis ouf,
De vous.
Catégorie POÉSIE 2ème prix
Geneviève Godart (Le Quesnel)
EVASION
Dans le tohu-bohu de mes idées
Et le zigzag de mes pensées
Je me suis laissé choir sur ce pouf
Et j’ai fait un truc de ouf !
Il faut être timbré pour s’enlivrer
De bandes dessinées
Et boire à tire-larigot
Toutes ces images et ces mots
J’avais retrouvé dans le grenier
Tous les Tintins de Hergé
Avec cet hurluberlu de Tournesol
Les Duponts et leurs fariboles
La Castafiore qui ambiançait
Sans savoir qu’elle étourdissait
Tous ceux qui n’avaient qu’une envie
Fuir au plus vite ce charivari
En souriant j’ai refermé
Les souvenirs de mon passé
Calmé, je me suis relevé
Pour affronter la réalité
Catégorie FICTION 1er prix
Benjamin Brassart (Amiens)
Zigzags à tire-larigot
Ma chérie, ne m’attends pas ce soir, je suis à la guerre. Une idée de Raymond. «Aujourd’hui c’est
dimanche. Puisqu’on a rien à faire, si on allait se faire tuer?» Et moi bêtement je l’ai suivi. Eh bien
tu parles d’une déception, quelle mauvaise réception! Merci Raymond la science! On devait aller
à Berlin, mais on s’est perdus en chemin. On devait se couvrir de gloire, on ne se couvre que de
sang. Et ça ne tient pas chaud. J’ai eu si froid dans le dos que j’ai chopé l’obusite. Trois petits tours
de mitrailleuse et puis s’enterrent les casques à pointe. On les a regardés éberlués, ces hurluberlus,
creuser des zigzags dans la France. Puis on s’est mis, nous aussi, à chercher un trésor, vider la
Mer du Nord. Et nous voici à Perthes-lès-Hurlus, au fond de nos bains de boue, chérie, profitant à
volonté de la douche et du gaz moutarde de ville. À Perthes on brade les vies humaines. Quand on
commence à s’ennuyer, les voisins savent nous ambiancer. Leurs fusées, qui sont joliment timbrées,
viennent nous mettre le tohu-bohu et nous entretenir à cœur ouvert. Elles nous font valser à tirelarigot, à nous en faire perdre la tête. Parfois, dans mon gourbi, je sors un bouquin et j’essaye de
m’enfuir 20000 lieues sous les terres. Mais avec ce charivari, pas moyen de s’enlivrer tranquille.
Raymond, quant à lui, regrette bien ses fariboles. Quand une abeille partie d’en face est venue lui
bourdonner dans la tête, il est tombé, sans avoir eu le temps de dire ouf, le nez dans son coulis.
Catégorie FICTION 2ème prix
Isabelle de Wazières (Querrieu)
MAUX FLECHES
Depuis le temps qu’assis derrière le comptoir de mon kiosque à journaux, je vois passer ses
jambes fuselées et dorées sur le trottoir… Alors, en cet après-midi caniculaire de juillet, je n’y tiens
plus ! Je me décide à la suivre, sans trop me poser de questions. Et quasi hypnotisé, j’entre presque
malgré moi dans cette salle de lecture climatisée.
Elle doit être étudiante, vu les manuels de philosophie qu’on lui amène. Plus les minutes passent,
plus les piles s’élèvent ! J’aimerais tant m’enlivrer avec elle, ni vu ni connu, derrière cette muraille
de papier…
Assis en face d’elle, je me contente de feuilleter un magazine sur la cuisine africaine aux insectes.
Histoire d’ambiancer mon observation silencieuse.
Je me demande quelle faribole, je pourrais bien lui déclamer à tire-larigot pour la faire sortir 5
minutes de sa réserve. Mais l’atmosphère est studieuse. Presque pesante. On entend même, toutes
vrombissantes, les abeilles se cogner contre les vitres ensoleillées. « Je suis une mouche, posée
sur sa bouche… » La chanson de Polnareff m’entraîne à tire d’ailes sur ses lèvres pulpeuses. Je
pourrais rebondir sur ce ballet improvisé et lui lancer : « Ça vous dirait d’essayer une brochette de
libellules ? Efficace contre le bourdon ambiant. Taille de guêpe assurée !» En ferait-elle son miel ?
Mais je ne veux pas qu’elle me prenne pour un timbré ou un hurluberlu !
En attendant l’inspiration, je m’agite et me balance sur mon siège. Quand soudain « crac », ses
pieds usés s’effondrent sous moi dans un incroyable tohu-bohu. « C’est quoi tout ce charivari ? »
tonne le bibliothécaire du fond de la pièce.
Allongé sur le sol, sonné, j’ouvre les yeux sur un regard vert anis, où flotte en zigzag comme une
lueur d’inquiétude. Ma lectrice préférée !!!
Avant même qu’elle ait eu le temps de dire ouf, je vise ses doigts et m’agrippe à sa main. Mon plus
court chemin pour butiner son cœur…