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Chargeurs de batteries par Christian PEUTOT Professeur de Génie électrique au Lycée Léonard-de-Vinci de Melun Consultant auprès de la société Enertronic 1. 1.1 1.2 1.3 Principes généraux .................................................................................. Différents types d’accumulateurs utilisés actuellement ou à l’état de recherche ................................................................................................. Différents types de profil de charge ........................................................... Chargeurs multiples .................................................................................... 2. 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 E 3 994 - 2 — — — 2 3 5 Chargeurs pour applications à faible coût ....................................... Chargeur direct ............................................................................................ Chargeur à tension constante..................................................................... Chargeur à gradateur .................................................................................. Chargeur intégré.......................................................................................... Applications ................................................................................................. — — — — — — 6 6 7 7 7 8 3. 3.1 3.2 3.3 3.4 Chargeurs évolués à absorption sinusoïdale depuis le réseau ... Synoptique général ..................................................................................... Contraintes des chargeurs embarqués...................................................... Structures de conversion d’énergie ........................................................... Étude de la commande ............................................................................... — — — — — 8 8 8 9 11 4. 4.1 4.2 Cas pratiques ............................................................................................ Chargeur monosortie .................................................................................. Chargeur multisorties.................................................................................. — — — 15 15 16 5. Conclusion ................................................................................................. — 18 Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. E 3 994 l existe deux catégories de chargeurs de batteries. Pour la première catégorie (chargeurs externes), deux types se développent, les chargeurs par connexion directe (charge rapide et normale) et ceux sans contact. Leurs contraintes, comme l’encombrement et la masse, sont moins draconiennes que pour les chargeurs embarqués. Dans les chargeurs internes ou embarqués de la deuxième catégorie, l’incorporation dans des véhicules électriques leur confèrent la possibilité d’être rechargeable en n’importe quel lieu (garage, parking, bornes publiques...) dûment doté d’une prise de réseau (230 V – 16 A). Pour l’industrie automobile, ces chargeurs doivent répondre à des critères technico-économiques stricts comme : — le moindre coût ; — la masse la plus faible possible ; — l’encombrement le plus réduit ; — la meilleure tenue aux vibrations et aux chocs ; — la meilleure durée de vie donnée aux batteries par une charge appropriée ; — une puissance maximale correspondant à celle capable d’être fournie par une prise de réseau ; cette puissance doit répondre à la norme en vigueur, au niveau de compatibilité électromagnétique, et permettre la détection des batteries hors services. I Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 1 CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ Précisons que, dans cet article, nous ne traiterons que les chargeurs connectés directement au réseau, du chargeur basique pour batteries de type LR6 au chargeur de traction pour wagon SNCF, en passant par les chargeurs embarqués sur véhicule routier. Les versions connectées sur une source continue (panneau photovoltaïque, éolienne...) s’en déduiront directement par modification du schéma du convertisseur de puissance. On pourra se reporter en bibliographie à la référence [6] pour tout ce qui se rapporte à la compatibilité électromagnétique. 1. Principes généraux Nous allons dans ce premier paragraphe, étudier les différents types d’accumulateurs, sachant que leurs courbes de charge conditionnement naturellement leur structure [7], [8]. — le plomb-acide ; — les couples à cathodes de nickel : fer : zinc - hydrogène ; cadmium ; hydrure métallique ; — les couples chauds : sodium-soufre et lithium-aluminiumdisulfure de fer ; — le zinc-air : zinc en solution circulant sur l’électrode à air ; — le lithium-ion et le lithium polymère. On rappelle : 1.1 Différents types d’accumulateurs utilisés actuellement ou à l’état de recherche Ni-Cd nickel-cadmium Ni-MH nickel-métal-hydrure Li-ion lithium ion 1.1.1 Définition et terminologie Nous allons différentier deux termes qui font souvent l’objet d’amalgame. Un accumulateur est un appareil accumulant de l’énergie électrique sous forme électrochimique pour la restituer ensuite suivant les besoins. Chaque accumulateur est constitué d’éléments associés pour former des blocs (par exemple, un accumulateur au plomb est composé de 3 ou 6 éléments de 2 V, soit un bloc de 6 ou 12 V). Le tableau 1 présente les caractéristiques de quelques types commercialisés, début 2000. Il montre que le couple qui présente les caractéristiques les plus avantageuses est le Ni-Cd suivi par le Ni-MH. Les couples Li-ion et Li-polymère sont intéressants, sachant que leurs propriétés s’améliorent constamment, en raison de leur utilisation au sein des ordinateurs portables. Il ne faut pas oublier le traditionnel plomb-acide, encore indispensable lorsqu’une grande quantité d’énergie est nécessaire (traction...). Nous allons l’étudier maintenant, ainsi que le Ni-Cd. Une batterie est un ensemble d’accumulateurs placés en série, d’où le terme de batterie d’accumulateurs. 1.1.3 Caractéristiques des batteries au plomb-acide 1.1.2 Variété d’accumulateurs ■ Ces éléments présentent les avantages suivants. Il est difficile d’étudier un chargeur de batterie sans définir, au préalable, le type de batterie qui y est connecté. La liste suivante présente les modèles existants, commercialisés ou non : ● Nombre de cycles de charge/décharge variant de 600 à 900 sur un banc d’essai : cette valeur importante est réduite de moitié en condition d’utilisation réelle, ce qui donne par exemple, sur un véhicule, environ 300 cycles. (0) Tableau 1 – Comparaison des caractéristiques des couples d’accumulateurs Caractéristiques Unités Couples utilisés ou en cours de développement Pb-acide Ni-Cd Ni-MH Na-NiCl2 Li-ion Li-polymère Énergie spécifique Wh/kg 30 50 70 80 120 120 Puissance spécifique W/kg 110 155 155 105 140 130 Durée de vie Cycles 1 000 Charge rapide 300 1 500 1 200 non 50 % – 0,5 h 50 % – 0,5 h 300 300 étude étude Recyclabilité oui oui oui étude étude Effet mémoire non oui oui oui non non Rendement 0,8 0,7 0,75 0,6 0,9 0,9 Coût (relatif) 1 3 3,3 3,5 4 4 E 3 994 − 2 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ Insensibilité aux traitements mécaniques et électriques. Éléments recyclables à 99,96 %. ● Coût à l’achat le plus faible, fiables et ne posant aucun problème de sécurité. ● Facilité à charger et à gérer énergétiquement, surtout en mode tampon (charge permanente). ● Opérations de maintenance simplifiées. ● ● ■ Ces batteries ont les inconvénients suivants. ● Énergie spécifique, ou énergie massique, faible, de 30 Wh/kg pour les éléments étanches à 40 Wh/kg pour les éléments ouverts. ● Mauvaise tenue aux décharges profondes ; les éléments les plus faibles subissent une inversion électrochimique en fin de charge, la puissance spécifique disponible baissant avec l’état de charge. ● Décharge profonde non acceptée. ● Réduction des performances pour des températures inférieures à 0 °C. ■ Cet ensemble de qualités fait que ces éléments riment avec simplicité et fiabilité, même si la masse est un handicap sérieux. Elles restent très intéressantes pour les systèmes fixes. 1.1.4 Caractéristiques des batteries au nickel-cadmium ■ Ces éléments ont les qualités suivantes. ● Puissance spécifique de 155 W/kg à 80 % de profondeur de décharge. ● Plus légers et plus compacts que les éléments au plomb, ils offrent une énergie spécifique de 55 Wh/kg et une énergie volumique de 100 Wh/dm3. ● Durée de vie élevée (1 500 cycles) ; elle augmente si la profondeur de décharge est faible (près de 100 000 cycles à 10 % de profondeur de décharge). ● Recharge rapide : jusqu’à 80 % en 1 h 30, recharge complète en 6 h. ● Plage de température de fonctionnement importante (− 30 °C à + 50 °C). ● Insensibilité aux traitements mécaniques et électriques. ● Opérations de maintenance simplifiées. ● Aptitude à supporter la décharge profonde. ● Éléments recyclables à 99,96 %. ● Coût d’exploitation le plus bas du marché, malgré un coût initial élevé. ■ Ces batteries ont les inconvénients suivants. ● Grande toxicité du cadmium. ● Effet mémoire important, qui se traduit par une diminution progressive de la capacité énergétique, lorsque la batterie n’est pas déchargée à fond. ● Usure prématurée en mode tampon, ce qui pose des problèmes avec les ordinateurs portables, les téléphones sans fils... L’ensemble de ces qualités font que l’on recommande le couple Ni-Cd dans toutes les applications d’outillage portatif, mais qu’on le rejette de celles où un fonctionnement tampon est demandé. L’effet mémoire n’est pas gênant, car il n’apparaît que lentement. Une décharge complète périodique suffit alors. 1.1.5 Utilisation On peut aujourd’hui ramener, de façon schématique, l’utilisation des couples plomb-acide et Ni-Cd, aux applications à faible coût ou à forte capacité stockée. U, I CHARGEURS DE BATTERIES U I 0 t1 t2 t3 t Figure 1 – Profil de charge standard Le plomb-acide reste utilisé pour la plupart des applications fixes, voire de traction. Il est synonyme de forte puissance, de charge rapide et de faible coût. Mais il ne supporte pas la décharge profonde et sa puissance décroît avec l’état de charge. Le Ni-Cd sert aussi en traction et dans toutes les applications d’outillage portatif. Il donne des éléments robustes, qui supportent les décharges profondes répétées. De plus, il fournit une puissance qui ne dépend pas beaucoup de l’état de charge. Les autres couples évoluent tellement vite, qu’il est impossible de les cataloguer. Les ordinateurs portables sont passés par exemple, en quelques années, du Ni-MH, au Li-ion, pour utiliser maintenant du Li-polymère [8]. La forte capacité énergétique offerte par le lithium explique cet engouement dans les applications à hautes performances, où la masse est une contrainte. De plus, cet élément ne présente pas d’effet mémoire. Le prix de ces batteries reste encore un obstacle. Il faut souligner pour finir la rareté et la toxicité du cadmium, qui réduit son intérêt. 1.2 Différents types de profil de charge Suivant la technologie de la batterie utilisée, il faut respecter tel ou tel mode de décharge et donc de charge des accumulateurs. Ces méthodes de charge sont en pleine évolution, mais nous allons définir les plus courantes. 1.2.1 Généralités Pour charger complètement un accumulateur, il faut lui restituer une quantité d’électricité supérieure à celle qui a été déchargée. Les pertes faradiques (c’est-à-dire relatives au bilan des quantités d’électricité échangées) sont dues à la réaction parasite d’électrolyse de l’eau. On définit donc un coefficient de charge, rapport entre la quantité d’électricité chargée et celle déchargée, qui varie de 1,10 à 1,20 pour les batteries au plomb. Différents types de charges peuvent être adoptés suivant l’application, le couple électrochimique et la rapidité de recharge désirée. Les méthodes de charge peuvent être séparées entre profils à tension constante et ceux à courant constant. La figure 1 montre que, en pratique, on associe les avantages de la charge à tension U constante (récupération rapide de la capacité, courant final de charge faible) à ceux de la charge à courant I constant (bonne utilisation de la puissance de la source de charge), tout en diminuant les inconvénients de chacun : puissance élevée de la source à tension constante, nécessité d’une régulation de courant (I = Cte), rythme de charge lent, tension forte en fin de charge. Nous noterons ces profils de la façon suivante : — I-U-a (I = Cte, U = Cte, puis arrêt) ; — I-U-I (I = Cte, puis U = Cte, puis I = Cte pour batterie Pb à recombinaison) ; — I-W-I (I = Cte, puis puissance W = Cte, puis I = Cte pour batterie Pb ouverte). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 3 3e régime 2,4 2e régime 2,28 Égalisation 1er régime 1,8 0 0,2 Id 0,3 Id Id Courant de la batterie Id (A) courant de décharge nominal Tension de la batterie par élément (V) Tension de la batterie par élément (V) CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ 3e régime 2e régime 2,35 1er régime 1,8 0 I2 I1 Courant de la batterie Figure 3 – Profil de charge de type I-U-I Figure 2 – Profil de charge de type I-W-I Nous allons maintenant étudier ces différents profils au travers de leur application aux batteries au plomb, en rappelant que C est la capacité nominale, exprimée en ampères-heures, de la batterie. 1.2.2 Profil standard pour les batteries au plomb ouvertes La caractéristique de charge utilisée avec les batteries au plomb ouvertes est dite I-W-I, c’est-à-dire courant constant, puis décroissant (pente à puissance constante), puis courant constant. La figure 2 présente le profil temporel correspondant. Nous y remarquons trois étapes : premier et deuxième régimes, troisième régime : égalisation. ■ La première phase se traduit par l’injection d’un courant constant dans la batterie, souvent choisi égal au dixième de la capacité horaire nominale : C ( exprimé en Ah ) ----------------------------------------------------- . 10 h Durant toute cette période, la batterie recouvre progressivement sa capacité nominale. À la fin de cette étape, lorsque la tension de chaque élément atteint 2,28 V, le chargeur passe à la deuxième phase. Le courant décroît alors progressivement au fur et à mesure de la montée de la tension. Cette tension parvient à 2,4 V par élément, l’état de charge de la batterie est alors de l’ordre de 90 %, et le chargeur passe en troisième régime ; le courant est maintenu constant à 0,3 Id (Id étant le courant de décharge nominal). La tension continue alors de croître, pour se stabiliser. Lors de la phase d’égalisation, le chargeur fournit un courant constant Id, soit une charge de l’ordre de 0,15 à 0,2 C. Sa durée dépend, bien sûr, de l’état de décharge initial de la batterie. La transition entre les phases 2 et 3 est brutale, d’où la rupture qui apparaît, sur la figure 2, sur la trajectoire tension-courant. ■ Les transitions entre les différentes phases sont assez simples à contrôler. Le passage du premier au second régime est commandé par un dispositif voltmétrique (2,28 V/élément), de même pour celui du second au troisième régime (2,4 V/élément). L’arrêt est commandé par un dispositif de temporisation. Une charge d’égalisation, complémentaire, peut être effectuée, à courant constant de faible valeur, pendant un temps prédéterminé (12 h). L’analyse de I, de U, de la capacité chargée (en 1 h), ainsi que le temps t, permettent de déterminer l’instant d’arrêt du chargeur. ■ Pourquoi cette phase d’égalisation ? Les batteries étant connectées en série, il peut apparaître de légères différences de charges entre les blocs. Ce phénomène s’accentue dans le temps et peut diminuer l’autonomie du véhicule à long terme. Il est donc recommandé de réaliser une égalisation des tensions entre chaque E 3 994 − 4 bloc par une charge à 0,3 Id pendant un temps de l’ordre d’une trentaine d’heures. 1.2.3 Profil standard pour les batteries ou plomb « étanche » ou à recombinaison La caractéristique de charge utilisée par les batteries au plomb étanche est dite I-U-I, c’est-à-dire courant constant, tension constante, puis courant constant. La figure 3 détaille son allure temporelle. ■ Le chargeur fournit un courant constant I1, soit une charge de l’ordre de 0,15 à 0,2 C. La durée de cette première phase dépend, bien sûr, de l’état de décharge initial de la batterie. Lorsque la tension de la batterie atteint 2,35 V par élément, le chargeur passe alors en deuxième régime. Le courant décroît progressivement. Dès que le courant atteint une valeur I2 de l’ordre de 2,6 A pour une batterie de capacité comprise entre 150 et 170 Ah, le chargeur passe en troisième régime : le courant est maintenu constant. Le chargeur s’arrête grâce à la minuterie de fin de charge. ■ Le passage du premier au deuxième régime est commandé par un dispositif voltmétrique (2,35 V/élément). Le passage du deuxième au troisième régime s’effectue lorsque le courant atteint la valeur prédéterminée I2. L’arrêt est commandé par un dispositif de temporisation dépendant des temps cumulés des premier et deuxième régimes. Une charge d’égalisation, complémentaire, peut être effectuée, à courant constant de faible valeur, pendant un temps prédéterminé (12 h). Elle se fait comme pour les batteries ouvertes (§ 1.2.2), mais à un régime de 0,5 I2. 1.2.4 Profil standard pour les batteries Ni-Cd : étanches par définition On utilise dans ce cas une loi de charge de type I-I-a, dont nous allons détailler les trois phases. Durant la première phase, le courant est limité soit par la batterie (capacité de 0,1 à 0,2 C), soit par les possibilités du chargeur. Elle se termine lorsque la tension atteint un seuil prédéterminé de 1,4 à 1,5 V par élément. La deuxième phase consiste à imposer un autre courant constant inférieur au premier. On y arrête la charge par détection de la tension maximale, voire même, pour les petites unités (piles rechargeables), par une décroissance de la tension (environ 20 mV par élément). Les batteries étanches font appel à la détection d’une remontée du courant après la charge complète, courant dû au changement des réactions électrochimiques, suite à l’augmentation de la température et de la pression interne. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ 1.2.5 Batteries intelligentes U (V) Il est souhaitable de contrôler l’élévation de la température pour une charge rapide ou alors d’effectuer un « biberonnage » évitant d’atteindre la charge à 100 % et donc une élévation significative de la température. 13,5 On note que plus la charge est rapide, plus il faut contrôler de paramètres, on parle de « batteries intelligentes », comme le suggère la figure 4. Ces batteries gérées par un processeur interne présentent les avantages suivants : — possibilité d’allier durée de vie et temps de charge en contrôlant la valeur du courant optimal en fonction de l’état de décharge initial et de la rapidité de charge désirée ; — possibilité de mesurer la résistance interne et d’en déduire l’âge ou la qualité de la batterie ; — possibilité de contrôler l’homogénisation de la température par un refroidissement forcé ; — possibilité de mesurer l’acceptance pour augmenter le nombre de cycle de charge-décharge et donc sa durée de vie ; Nota : l’acceptance est, par définition, le courant limite qu’un accumulateur peut accepter avec une électrolyse acceptable ; celle-ci varie pendant la charge en fonction du temps, de la température, de l’état de charge... . — possibilité d’équilibrer la tension entre les éléments pendant les phases de freinage par récupération ; — possibilité d’interdire une décharge en dessous d’un certain seuil. L’état de charge des éléments au plomb est très facile à évaluer, car leur tension à vide en est le reflet. En revanche, pour les autres couples, il est beaucoup plus difficile de connaître la quantité d’énergie emmagasinée. La solution la plus efficace est celle du compteur d’ampères-tours embarqué, mais cette solution n’est pas applicable aux petits éléments. Certains chargeurs proposent une décharge préalable totale, qui a pour but d’éliminer l’effet mémoire et d’éviter l’électrolyse. Ils ne sont évidemment pas compatibles avec les batteries au plomb. De plus, ils réduisent la durée de vie de la batterie, en imposant des cycles de décharge profond, alors qu’une décharge totale toutes les dix recharges serait suffisante. Mono-bloc d'éléments Calculs gestion des données Communication Consigne de refroidissement Tableau de bord Seuil haut alerte Seuil haut alerte Gestion de la charge État de charge Ordinateur de bord Température Courant Consigne de charge Consigne de charge Tension par bloc 13 12,5 12 0 400 600 800 1 000 1 200 t (min) Chaque courbe, qui correspond à la tension d'un élément, met en évidence la dispersion due à la charge Figure 5 – Évolution temporelle de la tension de charge d’un bloc de 96 V, de 8 éléments de 12 V en série Nous noterons pour finir que les lois de charge sont en pleine évolution, mais les essais sont très longs car ils se réalisent sur la durée de vie complète de la batterie voulue extrêmement longue. Les microcontrôleurs permettent une surveillance au plus près de la vie de la batterie, en apportant une intelligence dans leur gestion. 1.3 Chargeurs multiples 1.2.6 Conclusion Mesure CHARGEURS DE BATTERIES État de charge Mémorisation des données Système de refroidissement Borne de recharge ou chargeur embarqué Figure 4 – Chargeur de batterie intelligent : schéma synoptique Nous avons examiné les différentes batteries et leurs cycles ; nous allons maintenant nous intéresser au principe des chargeurs multiples ; on trouvera l’étude de leur réalisation interne au paragraphe 4. 1.3.1 Généralités Une batterie est toujours réalisée en connectant en série plusieurs éléments. Les déséquilibres répétés dans la répartition de la charge introduisent un vieillissement prématuré de certains éléments, surchargés ou sous-chargés. Les performances du bloc étant définies par celles de l’élément le plus faible, il est important, lorsque la tension totale du bloc de batterie est importante, de scinder le chargeur en plusieurs sous-chargeurs, qui répartiront de façon égale les charges. La figure 5 présente, à titre d’exemple, l’évolution temporelle de la charge d’un bloc de 96 V, réparti en 8 éléments de 12 V chacun. Nous remarquons sur cette figure, le déséquilibre entre les tensions, qui ne fera que s’accentuer, si aucune mesure n’est prise. Trois solutions sont envisageables pour remédier à ce problème, comme nous allons le voir. 1.3.2 Chargeur unique avec instrumentation Nous avons vu (§ 1.2.2) qu’une charge d’égalisation, qui consiste à faire passer un faible courant de charge dans tous les éléments, améliore la répartition des charges entre éléments. Mais cette opération prend du temps et consomme une énergie non négligeable. De plus, n’ayant pas accès aux tensions élémentaires des différents éléments, la gestion globale de la charge laisse la possibilité de sous-charger quelques éléments. Dès que la tension totale du bloc de batteries dépasse 48 V, il devient nécessaire de gérer la charge des divers blocs d’éléments. Le contrôleur correspondant peut être inclus dans le chargeur ou dans la jauge. La figure 6 présente une configuration à chargeur unique, avec instrumentation séparée des différents sous-éléments. Dans cette structure, la connaissance des différentes tensions intermédiaires permet d’optimiser la tension et le courant fournis par le chargeur principal. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 5 CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ Bloc de mesures Réseau Bloc de mesures Chargeur Chargeur multi sorties P Réseau Bloc de mesures Figure 6 – Pilotage des blocs par contrôleur, avec instrumentation séparée des différents sous-éléments P puissance totale de charge Figure 8 – Chargeur multisorties Réseau Chargeur P/n Redresseur Chargeur P/n Réseau 230 V - 16 A Batterie Chargeur P/n Figure 9 – Chargeur direct : structure de base Chargeur P/n P puissance totale de charge n nombre de chargeurs Figure 7 – Chargeur multiple composé de chargeurs indépendants 1.3.3 Chargeur multiple à modules indépendants La figure 7 présente l’architecture idéale, qui utilise un chargeur par élément ou par bloc indissociable. Cette solution est coûteuse, même si la puissance unitaire de chacun des chargeurs est réduite. Dans ce cas, chaque chargeur est autonome, avec son propre pilotage (capteurs, intelligence...). 1.3.4 Chargeur multisorties La troisième solution revient à utiliser un chargeur à plusieurs sorties (figure 8), qui pourront être commutées électroniquement ou électromécaniquement. Son principe de gestion reste semblable à celui de la figure 7. 1.3.5 Chargeur d’équilibrage à puissance réduite Concluons sur le fait qu’il est possible d’utiliser un « petit » chargeur auxiliaire d’équilibrage, de puissance réduite. Il fonctionnera en période de repos ou de décharge de la batterie, afin de compenser les déséquilibres entre éléments ou de réaliser une recharge partielle. On retrouve à cette occasion les deux architectures des figures 7 et 8. E 3 994 − 6 2. Chargeurs pour applications à faible coût Nous avons, au paragraphe 1, examiné les différents types de batteries, avec leurs profils de charge. Nous allons dans ce paragraphe nous intéresser aux chargeurs économiques, en examinant les chargeurs directs, puis ceux à tension constante et ceux à gradateur, pour finir par les modèles intégrés. Tous les chargeurs de batteries existants comportent les mêmes fonctions de séparation, d’abaissement de tension, de conversion alternatif/continu ou continu/continu. Ce qui change dans les différentes versions est le module de conversion de puissance et le contrôleur d’énergie. Ces derniers éléments peuvent aller de la fonction la plus rustique à la plus sophistiquée, selon que des circuits intégrés dédiés sont utilisés ou non. 2.1 Chargeur direct C’est la structure de chargeur la plus sommaire ; on retrouve, d’une part, la fonction abaissement et isolation de la tension du réseau et, d’autre part, la conversion alternatif/continu (redressement) alimentant la batterie directement. La charge est, dans ce cas, de type I-U-I, comme nous l’avons vu au paragraphe 1.2.3. La figure 9 décrit le schéma correspondant. Le courant de charge est limité par l’impédance du transformateur. ■ Ce système est couramment utilisé pour effectuer une recharge occasionnelle de batterie au plomb, dans une voiture thermique par Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ Redresseur Réseau 230 V - 16 A Redresseur Régulateur de tension CR CHARGEURS DE BATTERIES Gradateur Batterie Réseau 230 V - 16 A Batterie CR condensateur pour le filtrage de l'ondulation du réseau Figure 11 – Chargeur à gradateur Figure 10 – Chargeur à tension constante avec régulateur de tension électronique exemple. La force contre-électromotrice du couple plomb-acide augmente avec l’état de charge, ce qui permet de bloquer au bout de quelques heures la charge de façon spontanée. Malheureusement, le courant fourni par le chargeur est pulsé. De plus, la tension fournie par le réseau étant variable avec une tolérance de 10 %, la tension fournie par le chargeur est légèrement surdimensionnée, afin de garantir un minimum de 2 V par élément dans le pire des cas. Il s’ensuit, en utilisation normale, une forte électrolyse en fin de cycle, qui peut endommager l’accumulateur à la longue. ■ Certaines batteries au Ni-Cd utilisent aussi ce principe pour des raisons économiques. Dans ce cas, il faut y adjoindre une temporisation pour limiter le courant total absorbé, car la force contre-électromotrice interne ne régule pas la charge. Un autre limiteur de charge simple consiste à utiliser la température de l’élément, comme information de fin de charge. En effet, lorsque la réaction électrochimique est terminée, l’électrolyse qui en résulte provoque un fort échauffement de la température interne. Cette information est utilisée pour déconnecter la batterie, via une thermistance collée dans le bloc. ■ Ce principe de la charge directe se retrouve dans les systèmes photovoltaïques, où il n’est plus question de régulation de courant, mais au contraire de récupération maximale de l’énergie solaire. Cette application fixe utilise des batteries au plomb, pour des raisons de coût et de facilité de gestion de l’énergie. Dans ce cas, la batterie est directement reliée au panneau photovoltaïque durant toute la charge. Lorsque la tension atteint 2,4 V par élément, un contacteur isole la source d’énergie, pour ne la remettre en service que lorsque cette valeur est retombée en dessous de 2,2 V. Il s’ensuit de très nombreux cycles de charge/décharge, d’amplitude réduite, qui n’ont que peu d’incidence sur la vie des accumulateurs. Au contraire, une profondeur de décharge inférieure à 10 % ne provoque qu’une usure réduite. 2.2 Chargeur à tension constante Dans cette architecture, on intercale entre le redresseur et la batterie, un régulateur de tension électronique, comme le présente la figure 10. Les régulateurs de tension classiques de série 78XX (constructeurs : Texas Instruments, Motorola, Thomson CSF, Siemens) conviennent parfaitement, car ils contiennent une limitation interne du courant. ■ Dans le cas d’accumulateurs au plomb, la charge sera de type I-U-I (§ 1.2.3), car la force contre-électromotrice des éléments augmente avec l’état de charge. Cette structure est excellente pour les applications du type batterie tampon (alarme...). Elle garantit, en effet, une charge optimale, en compensant le courant d’autodécharge. Si la tension par élément est limitée à 2,2 V, l’électrolyse en fin de cycle sera réduite. ■ Cette structure peut être aussi utilisée avec des accumulateurs au Ni-Cd, mais avec moins de bonheur, car l’électrolyse ne sera pas contrôlée. Certains appareils portables économiques utilisent ce principe (téléphones sans fil d’intérieur...), avec, pour corollaire, une usure rapide des batteries (3 ans). ■ Précisons que l’on retrouve ce principe de charge à tension constante dans les voitures thermiques. L’inducteur de leur alternateur est régulé, afin de fournir, en sortie du redresseur à diodes, une tension constante de 14 V, quelle que soit la vitesse de rotation du moteur. Lorsque cet étage de contrôle est détérioré soit la batterie se vide (tension insuffisante), soit elle explose sous l’effet de l’électrolyse (tension trop forte). 2.3 Chargeur à gradateur Dans cette structure, présentée sur la figure 11, on intercale entre le transformateur et le redresseur, un gradateur. Ce dernier élément, en régulant la tension efficace appliquée au redresseur, permet de contrôler le courant de charge. Nous retrouvons, toutefois, dans la batterie un courant pulsé au double de la fréquence du secteur. Des puissances importantes peuvent être installées dans un volume réduit, ce qui a conduit la SNCF à en retenir le principe pour ses voitures de voyageurs (batteries auxiliaires). Les chargeurs pour chariots automoteurs d’usine utilisent aussi ce principe. 2.4 Chargeur intégré Les circuits pour la gestion des batteries sont aujourd’hui nombreux et il est difficile de s’y retrouver. Nous allons en examiner quelques uns, en les classant en deux grands types : — gestion de la charge et de la décharge ; — connaissance de la quantité d’électricité fournie ou consommée. L’adresse électronique des fournisseurs de ces composants est donnée en [Doc. E 3 994]. Le lecteur y trouvera des notes d’applications et des informations techniques. 2.4.1 Circuits de gestion de la charge et de la décharge ■ U2400B de Telefunken Ce circuit est le plus ancien de tous. Il permet de gérer le courant de charge par modulation de la largeur d’impulsion ; il nécessite un transistor de puissance et une limitation de courant externe. Il contrôle la tension de fin de charge ou de décharge (fixées par une résistance externe), ainsi que la température. Il gère aussi les temps de charge limites. Toute une famille est dérivée du produit d’origine. ■ MAX846A de Maxim Ce circuit est conçu avec un microcontrôleur intégré. Il gère tous les paramètres utiles à la charge. Il nécessite un transistor de puissance extérieur. Il charge aussi les éléments Li-ion et Ni-MH. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 7 CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ ■ MAX1640 de Maxim et ADP3811 de Analog Device Ces circuits offrent un courant de charge programmable, une tension de fin de charge ajustable par résistance externe et une régulation par modulation de largeur d’impulsion avec sortie pour optocoupleur. Ils chargent aussi les éléments Ni-MH (référence ADP3810 pour Li-ion). ■ TSM101 Il est très simple à utiliser. Il compare la tension et le courant délivrés par l’alimentation amont à des valeurs de références internes et délivre un signal à la boucle de régulation. Il faut noter que, dans certaines applications, où la batterie est essentiellement utilisée en tampon, une usure prématurée peut arriver à cause des faux cycles imposés par le chargeur. Exemple : les ordinateurs individuels sont la plupart du temps utilisés sur le réseau. Si l’ordinateur est débranché le soir, le lendemain matin, le courant d’autodécharge de la batterie trompera le chargeur en lui redemandant un complément de charge. Si l’utilisateur débranche plusieurs fois par jour son ordinateur, cette multitude de sous-cycles usera prématurément la batterie. Les parades simples à ce problème consistent soit à toujours laisser le chargeur en marche, soit à débrancher la batterie en utilisation réseau, soit encore à choisir simplement l’option de charge réduite dans le gestionnaire. ■ MC33340 de Motorola Ce circuit détecte la décroissance de la courbe de tension en fin de charge en fonction du temps (à 4 mV près). Cette mesure est faite par échantillonnage de la tension de la batterie en arrêtant un bref instant le courant de charge. Il est capable de traiter la mesure de température et il gère les charges rapides et accélérées (1 à 4 h). Son principe de fonctionnement optimise la durée de vie de la batterie. 3. Chargeurs évolués à absorption sinusoïdale depuis le réseau ■ ICS1702 de Galaxy Power Inc. Ce circuit détecte la décroissance de la courbe de tension en fin de charge en fonction du temps. Cette mesure est aussi faite par échantillonnage de la tension de la batterie, en arrêtant un bref instant le courant de charge. Il est capable de traiter la mesure de température et gère les charges rapides et accélérées (1 à 4 h). Ce circuit génère la charge par de courts cycles de charge, brève décharge, arrêt pour la mesure. Il gère aussi un nouveau style de charge qui commence par une charge rapide au courant nominal In, puis une charge normale In/10, et enfin un courant d’entretien. Le composant surveille en permanence l’état de charge de l’accumulateur. Nous allons, dans ce troisième paragraphe, étudier les structures de puissances utilisées pour les hacheurs industriels à absorption sinusoïdale alimentés par le réseau. Leur cahier des charges très contraignant permettra de déduire les solutions pour des versions simplifiées. Cette catégorie de chargeurs se rencontre le plus souvent dans les véhicules électriques ; nous baserons donc notre étude sur ce problème d’actualité, en pleine évolution. 3.1 Synoptique général Exemple d’application : montage électronique complet. 2.4.2 Circuit de surveillance de la quantité d’électricité échangée Le circuit bq2018 (Benchmarq) est piloté par un microcontrôleur, qui lui permet de connaître en permanence la quantité d’électricité présente dans l’accumulateur. Une résistance en série sur la masse lui donne la possibilité de mesurer les courants de charge et de décharge. La décharge naturelle au repos est prise en compte en fonction de la température à l’aide d’un compteur interne, qui permet aussi de contrôler les temps de charge et de décharge. Le capteur de température est intégré au boîtier. Toutes les données sont stockées dans des registres 8 bits internes accessibles par un port série. Le composant possède une sortie capable de piloter un MOSFET (transistor à effet de champ) externe pour réguler sa tension d’alimentation. Il gère aussi les batteries Li-ion et Ni-MH. 2.5 Applications Il faut reconnaître que les chargeurs simples que nous venons d’examiner constituent la plus grande partie des applications, car ils concernent les petits éléments. Il existe d’autres circuits spécialisés qui gèrent aussi bien la charge que la décharge ou, encore, la température de la batterie. Les chargeurs sont souvent intégrés dans la batterie, pour les applications haut de gamme, ce qui permet de prendre en compte leur vieillissement. E 3 994 − 8 Les deux fonctions que doivent remplir un chargeur se déduisent de l’analyse que nous avons effectuée dans le paragraphe 1, à savoir la conversion de puissance et la régulation de la charge. Nous nous concentrerons dans toute cette partie sur la conversion de puissance, le contrôle de l’état de la batterie ayant été abordé dans les paragraphes 1 et 2. La figure 12 présente le synoptique général d’un tel chargeur. La fonction de conversion de puissance peut être décomposée en deux parties, redressement ① puis découpage continu/continu ②. Il est possible d’utiliser des structures sophistiquées qui intègrent ces deux fonctions en une seule ou qui passent par un étage à haute fréquence, mais nous les laisserons de côté, pour nous concentrer sur celles qui sont adoptées par la plupart des chargeurs industriels. Le redressement utilise un simple pont de diodes. La fonction de conversion continu/continu doit répondre à deux contraintes liées : réguler le courant dans la charge selon une loi donnée et imposer au réseau un courant absorbé sinusoïdal. Pour y parvenir, nous verrons qu’il peut être intéressant d’utiliser deux étages distincts. Nous verrons, à cette occasion, l’influence de l’emplacement du transformateur d’isolement galvanique. 3.2 Contraintes des chargeurs embarqués Les chargeurs évolués doivent respecter certaines contraintes, relatives aux normes de sécurité ou de compatibilité électromagnétique. Elles sont encore plus sévères que pour les applications embarquées. Examinons ces points pour commencer. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ Conversion alternatif/continu Réseau monophasé 230 V - 16 A CHARGEURS DE BATTERIES Système à découpage Régulation 1 2 Figure 12 – Synoptique général d’un chargeur à absorption sinusoïdale 3.2.1 Sécurité des personnes et des biens Tout équipement électrique doit avoir, selon la norme CEI 718, une alimentation isolée galvaniquement du réseau. En cas de nonisolation du chargeur, un disjoncteur différentiel doit être incorporé à la prise d’alimentation, sachant que son fonctionnement peut-être perturbé par la présence d’une composante continue de tension issue de la batterie. C’est ainsi que l’on préfère séparer les batteries du réseau par un transformateur ou, dans certaines architectures, placer cette isolation plus en aval en disposant d’un étage à résonance à isolation galvanique incorporée (cf. figure 24). Il faut signaler, pour les véhicules électriques, le seuil limite de la très basse tension en continu qui est de 120 V pour le bloc complet de batteries. Cela ne dispense pas de protections adéquates, en raison des courants très intenses qui peuvent circuler en cas de défaut. 3.2.2 Évacuation thermique Un chargeur de 3 kW, avec un rendement très satisfaisant de 95 %, doit dissiper 150 W, sachant que son emplacement est souvent peu propice à son refroidissement. Par exemple, dans un véhicule électrique, suivant l’exposition au soleil, les températures rencontrées sous le capot peuvent dépasser 100 °C. Certains constructeurs ont donc créé un refroidissement liquide de l’ensemble convertisseur-moteur-chargeur, à défaut d’une ventilation forcée, qui aspire de l’air extérieur. 3.2.3 Compatibilité électromagnétique Les solutions proposées doivent respecter la norme CEI 61000.3-2 au niveau de la compatibilité électromagnétique (CEM) [6]. Elle distingue quatre classes de puissances. Classe A : équipement triphasé équilibré et tout autre équipement à l’exception de ceux qui sont indiqués dans l’une des classes suivantes. Classe B : outils portatifs. Classe C : équipement d’éclairage y compris les variateurs de lumière. Classe D : équipement ayant un courant d’entrée « à forme spéciale », tel que défini par la figure 13, et dont la puissance active d’entrée est inférieure à 600 W. Quelle que soit la forme d’onde du courant d’entrée, les équipements de classe B et de classe C et, provisoirement, les équipements à contrôle de phase ne sont pas considérés comme des équipements de classe D. Un équipement appartient à la classe D si la forme du courant d’entrée de chaque demi-période, par rapport à sa valeur crête Ipk I/Ipk π /3 π /3 π /3 1 M 0,35 0 π /2 π t Figure 13 – Enveloppe du courant d’entrée permettant de définir la forme d’onde spéciale et de classer un équipement dans la classe D est comprise dans l’enveloppe indiquée sur la figure 13 pendant au moins 95 % de la durée de chaque demi-période ; cela implique que les ondes ayant de petits pics à l’extérieur de l’enveloppe sont considérées comme étant comprises dans l’enveloppe. La ligne médiane M coïncide avec la valeur crête du courant d’entrée. La norme prévoit, en plus d’une contrainte temporelle, un gabarit spectral du courant : — pour la classe A, les harmoniques de courant d’entrée des équipements ne doivent pas dépasser les valeurs absolues indiquées dans le tableau 2 ; — pour les équipements de classe D, les limites des courants harmoniques sont définies dans les conditions de charge assignées ; les harmoniques du courant d’entrée ne doivent pas dépasser les valeurs tirées du tableau 3. 3.2.4 Conclusion Nous mentionnerons pour finir, en plus de la norme CEI 61000.3-2, les normes EN 55014 ou CISPR14, sur les composantes conduites et rayonnées au-delà de 15 kHz. Ces deux normes nous invitent à optimiser le choix de la meilleure structure de convertisseur. 3.3 Structures de conversion d’énergie Pour obtenir une puissance de charge maximale à partir d’une prise dite domestique, c’est-à-dire 230 V – 16 A, soit 3,6 kW, il faut absorber un courant en phase avec la tension ou, plus précisément, avec un facteur de puissance unitaire, comme le demande l’absorption sinusoïdale. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 9 CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ (0) MOSFET Tableau 2 – Classe A L Courant harmonique maximal autorisé (A) Rang harmonique n T Réseau 230 V - 16 A n impair 3 2,30 5 1,14 7 0,77 9 0,40 11 0,33 13 0,21 15 < n < 39 15 0 ,15 × -----n C Pont redresseur Commande Figure 14 – Structure monoétage à hacheur-abaisseur D Pont redresseur n pair 2 1,08 4 0,43 6 0,30 8 < n < 40 8 0 ,23 × --n Batterie D L T Réseau 230 V - 16 A C Batterie MOSFET Commande (0) Figure 15 – Structure monoétage à hacheur élévateur Tableau 3 – Classe D Rang harmonique n Courant harmonique Courant harmonique maximal autorisé maximal autorisé (mA/W) A 3 3,4 2,30 5 1,9 1,14 7 1,0 0,77 9 0,5 0,40 11 0,35 0,33 > 13 extrapolation 3 ,85 linéaire -----------n cf. classe A (tableau 2) Nous avons vu, sur la figure 12, que le synoptique de conversion de puissance intègre un redresseur, immédiatement suivi d’un étage de conversion continu/continu, sans filtre intermédiaire. La tension appliquée au hacheur, pulsée à 100 Hz, passe régulièrement par zéro. L’énergie doit être soutirée au réseau, avec le minimum de temps mort, afin de garantir un courant absorbé le plus sinusoïdal possible. Quatre structures de hacheur sont envisageables [9], [10] : abaisseur (Buck), élévateur (Boost) et à accumulation capacitive (Cuck) ou inductive (Flyback), examinons-les en version non isolée pour les trois premières, sachant qu’elles existent toutes en version isolée. 3.3.1 Hacheur-abaisseur : Buck La figure 14 présente le synoptique de ce montage. La tension du réseau redressée est filtrée par un condensateur C dimensionné visà-vis du découpage seul. Nous y retrouvons la cellule de commuta- E 3 994 − 10 tion, transistor MOSFET/diode D, avec l’inductance de lissage haute fréquence L en sortie. Le courant appelé au réseau est de moins bonne qualité que celui issu des structures suivantes, en raison du découpage du courant d’entrée, que le filtre d’entrée doit lisser (inductance de fuites du transformateur T/condensateur C). La fonction de transfert en tension est égale au rapport cyclique de conduction du transistor. Il ne peut donc pas élever la tension au-delà de sa valeur d’entrée, ce qui bloquera la conversion de puissance au voisinage des creux de tension du réseau. Il faut trouver, à cet effet, un compromis entre un surdimensionnement en courant du montage et une déformation trop importante du courant du réseau appelé. Cette structure a l’avantage de pouvoir contrôler le courant du réseau pendant le démarrage et de protéger le montage en cas de court-circuit de la charge. Concluons sur le fait que le transformateur est dimensionné à 50 Hz. Il est possible de réduire sa taille en utilisant un hacheur isolé. 3.3.2 Hacheur-élévateur : Boost Le hacheur-élévateur de type Boost, présenté sur la figure 15, comprend un interrupteur commandé (MOSFET dans ce cas), une diode D et un condensateur C monté en parallèle sur la sortie. L’inductance L sert de filtre de sortie. Nous ne retrouvons pas, sur cette figure, l’inductance de lissage de tête, car cette fonction est réalisée par l’inductance de fuite du transformateur. Le condensateur monté en parallèle sur l’enroulement primaire du transformateur permet de court-circuiter les courants parasites de découpage qui seraient appelés sur le réseau. Il induit également une légère avance de phase qui compense l’empiètement causé par l’inductance de fuite du transformateur. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ Pont redresseur L C CHARGEURS DE BATTERIES D T T C Réseau 230 V - 16 A D Batterie Batterie C MOSFET Réseau 230 V - 16 A MOSFET Commande Pont redresseur Figure 16 – Structure monoétage à hacheur à accumulation capacitive Le condensateur C monté entre la diode de sortie et l’inductance de lissage remplit la fonction de source de tension instantanée, en bloquant la tension lors des phases d’accumulation dans la source de courant d’entrée. Il sert aussi de filtre de sortie en réduisant l’ondulation du courant délivré à la batterie (pollution harmonique). Si nous notons α le rapport cyclique de conduction du transistor, la transmittance en tension de ce hacheur s’écrit 1/α. Le terme α étant compris entre zéro et l’unité, il est possible de fournir des tensions très supérieures à celle d’entrée, mais jamais inférieure. La tension de la batterie doit donc toujours être supérieure à la tension crête au secondaire du transformateur, cette relation déterminant le transformateur. Concluons sur la possibilité d’intégrer l’isolement galvanique dans le hacheur, solution qui ne remet nullement en cause les affirmations précédentes relatives aux valeurs de tension. 3.3.3 Hacheur à accumulation capacitive : Cuck Le hacheur à accumulation capacitive utilise comme réservoir intermédiaire d’énergie le condensateur C sur la figure 16. Il utilise la même astuce que le hacheur type Boost (§ 3.3.2), en réalisant la source de courant d’entrée, à l’aide de l’inductance de fuites du transformateur. Ce convertisseur absorbe et fournit un courant constant, vis-à-vis du découpage, ce qui le rend particulièrement intéressant pour tenir les contraintes électromagnétiques. Sa fonction de transfert s’écrit α /(1−α), où α est encore le rapport cyclique de conduction du transistor. Il peut, par conséquent, soutirer de l’énergie au réseau, même au voisinage des creux de tension. De par sa structure en sources de courant en entrée et en sortie, il est naturellement peu parasitant, ce qui facilite le respect des normes. Figure 17 – Hacheur Fly-back 3.3.5 Formes d’ondes pour ces chargeurs évolués La figure 18 regroupe les formes d’ondes d’entrée et de sortie générées après filtrage par ces quatre structures. Elle met en évidence des paliers de non-conduction au voisinage des creux de tension du réseau, pour les structures Boost et Buck. Nous avons vu que leur origine est structurelle : la batterie bloque le convertisseur en dessous d’une valeur minimale de tension d’entrée. L’amplitude de ces paliers est très faible pour le Boost. Il est possible de les minimiser pour le Buck en surdimensionnant le convertisseur, mais au détriment du coût de l’ensemble. Pour la figure 18 a, nous notons la forme quasi-sinusoïdale du courant appelé au réseau. Pour la figure 18 b, nous remarquons un palier à la valeur nulle du courant du réseau, avec une architecture où l’on retrouve le problème du non-fonctionnement du convertisseur lorsque la tension d’alimentation est inférieure à la tension de sortie. Le hacheur Cuck est idéal sous l’angle électromagnétique et qualité de conversion, mais il est pénalisé par son nombre de composants. Au contraire, le type Flyback est très économe en composants mais plus parasitant. L’absorption sinusoïdale impose un surdimensionnement au hacheur Buck. La solution Boost présente le meilleur compromis performances/ complexité. Les structures décrites dans ce paragraphe s’adaptent difficilement aux puissances supérieures à quelques kilowatts, surtout le Flyback. La réponse consiste alors à utiliser des structures entrelacées ou des montages en pont. Rappelons aussi l’existence des quatre hacheurs que nous venons d’examiner en version isolée. Ce mode de commutation permet d’augmenter la fréquence de découpage, tout en limitant les pertes. Il conduit à un fonctionnement plus sain et plus robuste que les trois autres (figures 14, 15 et 17), aussi nous le préférerons. Il peut aussi être isolé. 3.4 Étude de la commande 3.3.4 Hacheur à accumulation inductive isolé (Flyback) Quelle que soit la structure retenue, il faut intégrer au convertisseur un asservissement du courant appelé au réseau qui doit suivre une loi d’évolution temporelle sinusoïdale. Mais il faut aussi contrôler la puissance de charge injectée dans la batterie. De façon duale par rapport au Cuck, le hacheur à accumulation inductive utilise comme réservoir d’énergie intermédiaire une inductance. Il se rencontre la plupart du temps en version isolée, car le nombre de composants y est minimal. 3.4.1 Généralités Cette structure à entrées en source de tension, présentée sur la figure 17, s’adapte bien à l’absorption sinusoïdale. La dureté de ses commutations la fait toutefois rejeter en forte puissance. Elle présente également l’inconvénient de demander un condensateur en tête, qui induit des harmoniques sur le réseau, même si celui-ci réduit l’ondulation du courant de charge. De nombreuses solutions sont envisageables. Nous n’examinerons que le schéma de principe très simplifié de la figure 19, où deux boucles de courant et de tension sont imbriquées. Un processeur optimise le fonctionnement global et des boucles secondaires fonctionnent en parallèle sur la boucle principale. Le microcontrôleur gère aussi les instants de démarrage et le poids des différentes boucles, suivant le profil de charge désiré. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 11 u réseau u réseau CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ T 0 t 0 T t t i appelé au réseau T T/2 T t 0 T/2 T t 0 T/2 T t T t u redressé 0 T/2 u redressé i appelé au réseau T/2 i batterie T/2 i batterie 0 0 T/2 T 0 t a ondes obtenues avec stockage intermédiaire (Cuck, Flyback) T/2 b ondes obtenues sans stockage intermédiaire (Buck, Boost) Figure 18 – Formes d’ondes générées par les quatre structures de hacheurs Image de i réseau Image de u réseau Image de u sortie Réseau 230 V - 16 A Redresseur Hacheur Batterie Réglage initial + -- Commande du hacheur Adaptation et traitement des signaux Microcontrôleur Figure 19 – Synoptique de principe simplifié des boucles de régulation À partir de ce synoptique, deux régulations sont possibles : en tension ou en courant. Nous allons les examiner en les appliquant au convertisseur Boost, sachant que les autres structures pourront s’en inspirer directement. 3.4.2 Régulation en tension pure Dans cette régulation, le courant d’entrée n’est pas contrôlé en amplitude. L’absorption sinusoïdale est réalisée alors en imposant E 3 994 − 12 une fonction de transfert sinusoïdale Vsin au hacheur. La figure 20 présente le schéma synoptique correspondant. La tension primaire alternative sert de référence pour le hacheur. Ce signal est alors multiplié par l’écart entre la consigne de tension de sortie et sa mesure. Nous comprenons que la boucle n’affecte que le contrôle de la tension moyenne de sortie, qui sera forcément pulsée à 100 Hz. Ce synoptique donne un chargeur sensible aux variations de la tension du réseau. Il est possible de l’améliorer, en ajoutant une compensation préalable vis-à-vis de ces perturbations. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ Vsin Réseau 50 Hz Convertisseur Boost CHARGEURS DE BATTERIES Vers sortie Contrôle du courant Vi Capteur de tension d'entrée Ke Élaboration K ,V e sin de la sinusoïde de référence Élaboration de l'erreur Multiplieur Capteur de tension de sortie Consigne de tension de sortie Vsin tension sinusoïdale du réseau Vi tension de commande Figure 20 – Principe de la régulation de tension en analogique Vsin Réseau 50 Hz Convertisseur Boost Contrôle du courant Vers sortie Vi Capteur de tension d'entrée Ke Élaboration de la sinusoïde de référence Ke ,Vsinmax Multiplieur Vi Capteur de tension d'entrée Kf Élaboration de la tension maximale du K réseau au carré r Verr Diviseur Élaboration de l'erreur Kf , Kr , (Vsinmax)2 Verr tension d'erreur Vsin tension sinusoïdale du réseau Vi tension de commande Capteur de tension de sortie Consigne de tension de sortie Figure 21 – Optimisation de la régulation de tension 3.4.3 Améliorations de la régulation de tension pure Si nous divisons la tension d’erreur Verr par une image de la tension maximale d’alimentation Vsin max, élevée au carré, alors la puissance fournie à la charge ne dépend plus que de la tension d’erreur Verr et de la tension de sortie VS. Les fluctuations de la tension du réseau ne perturbent plus le fonctionnement. rant des régulations analogiques, soit en courant moyen, soit en hystérésis. Il est possible de contrôler la puissance fournie à la charge, à l’aide de l’amplitude de la sinusoïde du courant absorbé. Une régulation de tension ou de courant dans la batterie est aussi envisageable. La figure 21 présente le schéma synoptique correspondant à ces améliorations. 3.4.4 Régulation en courant pure Dans la régulation en courant pure, l’intensité du courant absorbée au primaire est asservie, afin d’évoluer de façon sinusoïdale. La figure 22 présente le synoptique d’une telle régulation. Le signal de commande Vi représente la référence que doit suivre le courant au réseau pour être purement sinusoïdal. On peut l’obtenir en élabo- 3.4.5 Comparaison Les régulations des paragraphes précédents utilisent des boucles en mode linéaire. Il est aussi possible de les réaliser en mode d’hystérésis (mode « tout ou rien »), à l’aide d’un comparateur. Nous ne les détaillerons pas, mais nous citerons, à titre de conclusion, les circuits intégrés spécialisés dans le tableau comparatif 4. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 13 CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ (0) Tableau 4 – Circuits intégrés spécialisés Constructeur Référence Topologie du circuit commandé Mode de commande en courant Fréquence de fonctionnement Unitrode Texas Instruments UC 3854 Hacheur élévateur Moyen Fixe Régulation Compris entre 0,98 A consulter de la tension et 0,99 sur site Internet de sortie Protection contre les surtensions en sortie Régulation de la puissance de sortie Possibilité de démarrage progressif du circuit hacheur en régulant le courant d’entrée Microlinéar ML 4812 Hacheur élévateur Moyen Fixe Régulation de Compris entre 0,95 la tension de sortie et 0,99 Limitation de la tension de sortie Régulation de la puissance de sortie Pas de limitation de courant Montage sensible à la fluctuation de la tension du réseau Microlinéar ML 4813 Hacheur à conduc- Non précisé par le tion inverse constructeur Fixe Limitation de la tension de sortie Limitation du courant d’entrée Utilisation faible puissance (au maximum 100 W) Microlinéar ML 4819 Il possède les mêmes propriétés que le ML 4812 mais avec, en plus, un étage de régulation à modulation de largeur d’impulsion permettant de piloter un convertisseur ; cela lui donne la possibilité d’obtenir une autre sortie continue. Cherry Semiconductor CS 3810 Hacheur élévateur Siemens TDA 4816 TDA 4819 Hacheur élévateur Non précisé par le constructeur Hystérésis Variable Fixe Fonctions complémentaires Échantillonnage du bus continu pour réduire la distorsion due à l’ondulation à 100 Hz Facteur de puissance Non précisé par le constructeur Observations complémentaires Non précisé par le constructeur Autorise un fonctionnement à puissance constante ; puissance disponible sur le bus continu de 1 kW Non précisé 0,95 à puissance par le constructeur nominale ; se dégrade si la puissance diminue Développé surtout pour les ballasts électroniques 4. Cas pratiques 4.1 Chargeur monosortie Ce paragraphe 4 détaille les cas concrets de deux chargeurs embarqués, réalisés par la société Enertronic, afin d’illustrer les principes précédents. Le premier modèle, étudié en 1991, servait à alimenter la voiture Citroën C15 électrique. Il reste d’actualité, en utilisant des choix toujours valables. Le deuxième modèle utilise une structure multisorties, qui permet d’assurer une bonne homogénéité des charges élémentaires. Ces deux études présentent une synthèse des idées émises dans les paragraphes précédents. En application des principes énoncés, nous retenons une structure à deux étages, qui permet de dissocier les fonctions d’absorption sinusoïdale et de charge de la batterie. En effet, un courant trop pulsé, dans les éléments au plomb de la batterie, y engendrerait un échauffement trop important. La figure 23 donne le schéma synoptique général de ce chargeur. La figure 24 détaille le schéma synoptique de la figure 23. Nous trouvons, dans ces schémas, les diverses fonctions, que nous allons examiner successivement. E 3 994 − 14 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique _____________________________________________________________________________________________________________ réseau sont ainsi compensées. La valeur, qui doit être importante, du condensateur de sortie du hacheur doit filtrer des oscillations de courant de charge à 100 Hz. IE VE CHARGEURS DE BATTERIES Réseau 230 V - 50 Hz Vsin Convertisseur Boost Charge VS Commande du transistor IE courant d'entrée VE Vsin Vi VS tension d'entrée tension sinusoïdale du réseau 4.1.3 Convertisseur à résonance Ce type de convertisseur transforme l’énergie stockée dans les capacités de filtrage situées en sortie de l’étage PFC pour l’adapter à la charge des batteries via la logique de commande programmée. Son principe repose sur la résonance série constituée d’un circuit inductance-condensateur. Ses avantages sont : — la réduction de l’encombrement et de la masse des filtres, du transformateur et du circuit oscillant par un découpage à fréquence inaudible supérieure à 55 kHz ; — la réduction des pertes en commutation et des perturbations électromagnétiques en utilisant le principe de la résonance série qui permet à la fréquence f0 de résonance d’avoir le courant et la tension purement sinusoïdaux ; — le rendement supérieur à 95 %. tension de commande tension de sortie Correcteur Capteur de courant d'entrée La présence de ce premier étage facilite le respect de la norme CEM (CEI 61000), et surtout optimise la puissance appelée sur la prise du réseau (230 V - 16 A). Le cahier des charges interdisait en effet l’utilisation d’une prise de forte puissance. Élaboration de l'erreur 4.1.4 Logique de commande Consigne de courant d'entrée Vi Figure 22 – Principe de la régulation de courant C’est la partie intelligente du chargeur ; elle commande par l’intermédiaire d’un microcontrôleur les séquencements des différentes phases de charge de la batterie (I-U-I). Elle assure aussi toutes les sécurités internes et réalise l’interface homme-machine par une signalisation. 4.1.1 Filtre du réseau 4.1.5 Sécurités des chargeur, batterie, utilisateur La fonction du filtre du réseau (figure 23), réalisée avec un ensemble inductance-capacité est d’atténuer les parasites conduits par les fils d’alimentation du réseau. 4.2 Chargeur multisorties 4.1.2 Étage de calibrage de la puissance La fonction PFC (Power factor correction ou correcteur du facteur de puissance) consiste à absorber un courant sinusoïdal sur le réseau. Elle est réalisée, conformément à la figure 23, par un hacheur élévateur direct, qui génère une tension continue constante de 380 V (comparer à la figure 15). Les fluctuations de la tension du Réseau 230 V - 16 A Filtre du réseau Le chargeur est géré par un processeur, qui s’occupe des questions de sécurité générale, regroupées dans le tableau 5. Ce chargeur a été développé en 1995, afin d’améliorer les performances du précédent. Il en reprend la structure, pour la section de puissance, mais en version multisorties. Il devient ainsi possible d’assurer une égalisation des charges, avec des éléments qui ont évolué différemment. 380 Vcc Correcteur Convertisseur de facteur à résonance de puissance 96 Vcc 24 A Convertisseur auxiliaire 12 Vcc 3A Logique de commande cc courant continu Bouton poussoir : demande d'égalisation Voyant de signalisation Figure 23 – Synoptique général du chargeur étudié Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 15 CHARGEURS DE BATTERIES ______________________________________________________________________________________________________________ Onduleur Hacheur Boost VE Redresseur VS Remise en forme du courant d'entrée Signal du courant Réseau 230 V - 16 A Batteries Logique de commande programmable Figure 24 – Synoptique du chargeur à résonance avec remise en forme du courant d’entrée (0) Tableau 5 – Sécurités sur le chargeur Enertronic Sécurités Défauts Déconnexion batterie 96 V Court- Surtension en cours circuit batterie de charge U > 150 V × Tension batterie Batterie défectueuse Protection thermique Coupure du réseau Étanchéité 0 > 80 ˚C en U < 60 V tcharge > 13 h 2 points × × × × × Signalisation du défaut × × × × × Suppression du court-circuit × Arrêt chargeur Microcoupures × Reconnexion batteries Redémarrage après déconnexion et reconnexion du réseau × Protection thermique 0 < 60 ˚C en 2 points × Redémarrage automatique du chargeur Thermocontacts interdisant tout redémarrage en cas de déconnexion des capteurs × Fonctionnement sans discontinuité × Coupure < 20 ms Redémarrage automatique après retour du réseau × Protection par fusibles : – temporisé 20 A en entrée du réseau – temporisé 6,3 A en sortie 12 V × – temporisé 30 A en sortie 96 V – IP 54 hors service – IP 51 durant la charge IP indice de protection E 3 994 − 16 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique × _____________________________________________________________________________________________________________ Redresseur-chargeur Régulateur VA Onduleur commun Régulateur Régulateur Figure 25 – Chargeur multisorties : schéma synoptique autant de tores que de régulateurs secondaires. La modularité est alors renforcée, avec une maintenance facilitée. 5. Conclusion Les programmes de recherches et de développement dépendent directement du marché qui tarde à se développer, vu les investissements engagés. Des progrès dans les domaines de la recherche de nouveaux couples de batteries (Ni-MH et Li-ion), de nouvelles lois de charges, de nouvelles structures électroniques simplifiées et encore plus performantes apparaissent. Les structures des chargeurs sont en pleine évolution et dépendent directement des progrès réalisés et à venir au niveau des batteries, des composants électroniques et de leurs solutions au niveau thermique, pour offrir une architecture répondant à la fois au critère d’optimisation économique, mais aussi technique. Des solutions plus compactes et plus performantes sont proposées, dans un souci d’homogénéisation de la charge, en prenant compte de plus en plus de paramètres au niveau de la « gestion intelligente » de la batterie, mais surtout en « s’intéressant » depuis peu à la décharge de la batterie. ■ Ce chargeur de batterie comprend un régulateur à découpage commun et des « sous-régulateurs » à découpage individuels associés à chaque élément et couplés au régulateur commun par des enroulements secondaires respectifs. La figure 25 en donne le schéma synoptique. Nous voyons que la structure modulaire permet d’adapter le chargeur au nombre de blocs de la batterie. Cette solution efficace est pourtant coûteuse même si la puissance de chaque chargeur reste réduite. La somme des puissances de tous les chargeurs individuels ne doit pas dépasser la puissance disponible au réseau. Précisons aussi que le temps de charge de l’ensemble, c’est-à-dire de la batterie complète est égal au temps de l’élément le plus lent. ■ Cette solution technique particulière possède les avantages suivants : — laisse du coût de production en multipliant le nombre de minichargeurs modulaires ; — réduction du temps global de charge de la batterie ; — augmentation de la durée de vie de la batterie ; — maintenabilité plus facile : changement aisé d’un élément défectueux. ■ Nous donnons pour terminer une version améliorée du concept précédent (figure 26) où le circuit magnétique est décomposé en CHARGEURS DE BATTERIES Module primaire commun Régulateur secondaire Bobinage primaire commun Bobinage secondaire Tore magnétique Figure 26 – Chargeur multisorties : version améliorée Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 994 − 17