focus : robert stadler - Poirel

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Transcript focus : robert stadler - Poirel

Si la Ville de Nancy est riche en patrimoine, elle est aussi ouverte à l’art de son temps. La galerie
Poirel en témoigne avec une programmation désormais orientée vers l’art contemporain et le
design.
Un an après l’inauguration de la commande publique Traits d’union réalisée à l’Ensemble Poirel en
2013 avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Nancy confie
une carte blanche au designer international Robert Stadler. Il s’associe à Alexis Vaillant,
responsable de la programmation au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, pour assurer
le commissariat de QUIZ, une exposition d’objets incarnant la dissipation des clivages entre art
contemporain et design.
Y est présentée une large sélection d’artistes et de designers sur les 1000 m2 de la Galerie Poirel,
du 13 juin au 12 octobre 2014.
L’ensemble des objets réunis dans l’exposition résiste aux typologies préétablies que sont la
sculpture, le produit, le meuble… Ils intriguent, laissent perplexes et, surtout, suscitent une grande
liberté dans la manière de les appréhender et de les apprécier. Ces choses méconnaissables et
stimulantes dépassent les formules « art ou design ? » et « art et design ? », rendent obsolète la
question du statut des objets et ambitionnent, par leurs formes incongrues, stupéfiantes ou
faussement reconnaissables, d’explorer l’état de chose aujourd’hui.
NOTE D’INTENTION
En 2013, un an après l’inauguration de la commande publique Traits d’union réalisée pour
l’Ensemble Poirel de Nancy, je suis invité à exposer dans ce lieu. Plutôt que de présenter mes
travaux, j’ai préféré explorer un sujet qui me travaillait depuis longtemps. Je me suis pour cela
inventé commissaire d’exposition, et j’ai décidé de réunir pour l’occasion des objets résistant aux
typologies pré-établies.
Afin d’élaborer le contenu de QUIZ, j’ai proposé à Alexis Vaillant, curator au CAPC musée d’art
contemporain de Bordeaux, de s’associer à l’opération. Son intérêt connu pour les objets hybrides
et récalcitrants du champ de l’art contemporain me semblait bien correspondre à la nature de cette
entreprise. Nos différents backgrounds ont vite alimenté le dialogue et considérablement enrichi le
projet.
Dans le cadre de ma pratique, je suis souvent interrogé sur la frontière entre art et design.
La récurrence de la question m’a fait prendre conscience que ce n’était pas l’appartenance à un
champ plus qu’à un autre qui m’importait, mais bien l’ambiguïté qui pouvait découler de leur
corrélation. En art contemporain, les pièces dites inclassables sont légion et peuvent prendre
n’importe quelle forme. En design, elles sont rares car le design se doit implicitement de répondre
à une fonction pratique que la forme communique à l’utilisateur. En design industriel, cette logique
s’impose d’autant plus que les investissements sont importants et la médiation généralement
réduite à une présentation sur un linéaire ou à une publicité. Il reste alors peu de place pour les
apparences énigmatiques opacifiant la fonction d’un objet et qui risqueraient de déstabiliser le
consommateur.
Dans une époque qui prône la perméabilité des frontières, les tentatives d’amalgame de l’art et du
design se réfèrent souvent à cette fonction pratique. L’art est certainement libre de s’emparer de la
fonctionnalité pratique, mais le design se doit de la prendre en considération, c’est une notion
essentielle pour lui. N’occupant pas la même place dans les deux champs, la fonction pratique ne
peut pas devenir un pivot qui permettrait de traiter la porosité du design et de l’art, qu’il s’agisse
d’aborder leurs points communs ou leurs divergences.
Les formules « art ou design ? » et « art et design ? » ont-elles encore un sens ? La question du
statut des objets est-elle devenue obsolète ? C’est ce qu’interrogent toutes les pièces
sélectionnées pour ce projet et dont les formes ambitionnent d’explorer l’état de chose aujourd’hui.
Une chose ne livre aucun indice sur l’identité de son auteur, elle peut même interroger l’existence
de ce dernier. Qu’elle ressemble à un échantillon, à une chute, à une construction improbable ou
encore qu’elle paraisse inachevée, elle demeure disponible, c’est-à-dire capable de se renouveler
sans cesse au regard.
De vastes zones bleues dessinent des sous-espaces accueillant les pièces de l’exposition.
La couleur bleu, utilisée pour l’incrustation en vidéo, renforce le parti pris décontextualisant du
projet. Sur la mezzanine, un espace de consultation reprend les mêmes principes formels que le
display des salles du rez de chaussée. Objets, catalogues et visiteurs s’y croisent sans hiérarchie,
établissant la continuité entre les deux galeries.
Robert Stadler
BIOGRAPHIES DES COMMISSAIRES
ROBERT STADLER
Robert Stadler est né en 1966 à Vienne en Autriche.
Il étudie le design à l’Istituto Europeo di Design (IED) de Milan, puis à l’École nationale supérieure
de création industrielle (ENSCI) à Paris.
En 1992, il fonde le groupe Radi Designers qui oeuvre jusqu’en 2008.
Ses créations sont présentes dans plusieurs collections privées et publiques telles que la
Fondation Cartier pour l’art contemporain, le Fonds national d’art contemporain, le MAK Museum for Applied Arts/ Contemporary Art à Vienne, les Arts Décoratifs à Paris.
Il travaille pour des clients tels l’Académie des César, Dior, Louis Vuitton, Hermès, Nissan, Ricard
et Thonet.
En 2012, Robert Stadler est lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main Dialogues avec les artisans de la société Siegeair.
Il est représenté par Carpenters Workshop Gallery et la Galerie Triple V.
Robert Stadler intervient dans des domaines très divers, effaçant toute hiérarchie entre les projets
libres et les commandes industrielles. Il explore l’espace d’exposition, afin de dissiper le clivage
entre art et design. Il interroge le statut de l’objet comme oeuvre d’art ou produit, ainsi que la
frontière entre préciosité et humilité, discrétion et perturbation, sérieux et absurde.
www.robertstadler.net
ALEXIS VAILLANT
Alexis Vaillant est responsable de la programmation du CAPC musée d’art contemporain de
Bordeaux.
Il a organisé entre autres les rétrospectives et expositions monographiques de Marc Camille
Chaimowicz, Daniel Finsel, Jean- Luc Blanc, Robert Breer, Michael Krebber, Sylvia Sleigh,
Tomoaki Suzuki, Aaron Curry, Raphael Hefti, Carter Mull, Philip Newcombe, Markus Schinwald,
David Lieske, Pauline Boudry / Renate Lorenz, Michael E. Smith, pour la plupart accompagnées
d’une publication.
Il a également (co-)organisé des expositions de groupes exceptionnelles telles que : Le Voyage
intérieur, Black Market Worlds, Le Truc, Legend Opera Rock, Sphinxx, BigMinis : fétiches de crise,
Dystopia, ou encore Sociétés Secrètes.
Alexis Vaillant a travaillé au Mamco de Genève de 1995 à 1999. Il a co-fondé en 1999 à Paris
avec Eva Svennung, Toasting Agency, ToastinK Press et Pacemaker, et conçu, en tant que
commissaire indépendant entre 1999 et 2009 de nombreuses expositions dans des institutions
culturelles en Europe telles que le musée d’Art moderne de la Ville de Paris, le CAC Vilnius, le
CAC Brétigny, le Palais de Tokyo, ICA London, De Appel Amsterdam.
Il a contribué à des publications et revues d’art telles que Mousse, Frieze, Kunst-Bulletin et Afterall.
Et il a dirigé de nombreux catalogues d’expositions publiés par Sternberg Press, Les presses du
réel notamment ainsi que les anthologies d’écrits de Philippe Thomas (Mamco), Marc Camille
Chaimowicz (Sternberg Press) et Peter Hutchinson (Mamco).
www.capc-bordeaux.fr
GALERIE POIREL
Situé au coeur de Nancy (face à la gare TGV), l’Ensemble Poirel est un lieu de culture vivante
associant une salle de spectacle et une galerie d’exposition. Le rayonnement de sa
programmation, dense et éclectique, dépasse très largement le territoire de l’agglomération
nancéienne.
UN JOYAU DU PATRIMOINE HISTORIQUE
Dès son ouverture en 1888, la galerie Poirel apparait au public et aux artistes comme un lieu
réunissant toutes les conditions d’espace et de lumière.
L’École de Nancy y trouve un écrin en 1894 avec l’exposition fondatrice de ce mouvement. Les
Lorrains y découvrent, en 1926, les grands artistes surréalistes puis, de 1935 à 1950, la collection
d’art décoratif Corbin, qui constitue le socle du Musée de l’École de Nancy à sa création en 1964.
Plus récemment, la galerie Poirel a proposé de grandes expositions, incitant à la découverte des
arts décoratifs, des arts visuels et de l’art contemporain.
UN ESPACE DÉSORMAIS DÉDIÉ À L’ART CONTEMPORAIN ET AU DESIGN
Avec L’Émotion design, la collection d’Alexander von Vegesack présentée dans le cadre de
l’année Jean Prouvé Nancy 2012, puis Le feu sacré, verre et création contemporaine (sept. 2013 janv. 2014) en lien avec le CIAV - Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, la galerie Poirel
oriente résolument sa programmation vers l’art contemporain avec un axe design affirmé.
En 2013, la ville de Nancy a souhaité signaler ce nouveau départ à ses publics. Dans le cadre
d’une procédure nationale de commande publique réalisée avec le soutien du ministère de la
Culture et de la Communication, elle a commandé une création pour le site au designer Robert
Stadler.
La proposition artistique Traits d’union est conçue comme une triple intervention, visible en façade,
sur le parvis et à l’intérieur de la galerie d’exposition. Des disques lumineux et des sculptures
mobilières puisent directement dans « l’ADN » du bâtiment, lui en empruntant couleurs et matière.
Le projet dans son ensemble prend comme point de départ le contexte architectural et le projette
dans le présent, grâce à une réécriture dynamique d’éléments existants, exprimant l’idée de
mouvement et de vitesse en milieu urbain.
Inaugurée le 4 juillet 2013, Traits d’union fait dialoguer art contemporain, design et patrimoine et
offre désormais une signature contemporaine à l’Ensemble Poirel.
www.poirel.nancy.fr
QU’EST-CE QUE LE DESIGN ?
Petit Robert, dictionnaire de la langue française
Design : [dizajn] n.m. (mot anglais : dessin, plan, esquisse). Anglicisme.
Esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles adaptées à fonction de l’objet
(pour les objets utilitaires, les meubles, l’habitat en général). Adj. D’un esthétisme moderne et
fonctionnel.
Le latin designare, proche des vocables français dessiner et désigner, signifie à la fois « marquer,
tracer, représenter, dessiner, indiquer, montrer, désigner, signifier, disposer, ordonnancer, régler,
produire quelque chose d’inhabituel ». Il révèle à la fois un sens propre lié au dessin et au dessein,
soit à la forme et à la finalité. Design est un anglicisme, introduit dans la langue française à partir
des années 60, et accepté par l’Académie française en 1971.
Dans sa définition commune, le design est une discipline visant à une harmonisation de
l’environnement humain, depuis la conception des objets usuels d’œuvres graphiques,
d’environnements - mobilier et habitat, mais aussi urbanisme - à la fois fonctionnels et esthétiques.
Plus qu’un aspect visuel, il assure une cohérence entre les impératifs techniques de la fabrication,
la structure interne de l’objet et son mode d’utilisation.
Le design est une discipline pratiquée par des designers, mais aussi des architectes. La pratique
de cette discipline évolue sans cesse, car elle est liée aux progrès, à l’évolution des mentalités et
aux besoins émergents. Ainsi, le design traduit les conditions économiques, sociales et culturelles
propres à une époque.
ÉCOLES & MOUVEMENTS DU DESIGN
Différentes écoles et mouvements qui ont construit l’histoire du design au XXème siècle sont
représentés dans l’exposition ou abordés dans le présent dossier.
► Pour une chronologie complète de l’histoire du design:
http://www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/design
FONCTIONNALISME
Issu de théories rationalistes de la fin du XIXème siècle, le fonctionnalisme se cristallise autour de la
pensée de Louis Sullivan, architecte américain qui déclare en 1892 : « La forme suit la fonction ».
Cette réflexion coïncide avec le combat qu’Adolf Loos mène à partir de 1908 contre l’ornement au
profit de la lisibilité de la fonction. Ainsi, le fonctionnalisme se définit comme un principe selon
lequel la forme n’est que l’expression de l’usage. La plupart des architectes d’avant-garde, au
début du XXème siècle, se réclameront du fonctionnalisme, chacun amenant sa pierre à l’édifice :
Walter Gropius prône une architecture moderne pour une société industrielle par l’emploi de
formes pures et de nouveaux matériaux ; Le Corbusier développe le concept de la « machine à
habiter »; Mies Van der Rohe retient la rigueur et l’exigence d’efficacité. Le fonctionnalisme se
prolonge dans le Style international conduisant à son dépassement et à sa critique à partir des
années 60.
UNION DES ARTISTES MODERNES / UAM
L’Union des Artistes Modernes réunis, entre 1929 et 1954, artistes, architectes, designers,
ingénieurs – Mallet-Stevens, Charlotte Perriand, Pierre Chareau, Jean Prouvé, etc…, souhaitant
de détacher de la tradition de l’art décoratif à la française pour se concentrer sur la fonction, la
structure et exploiter les nouveaux matériaux et les nouvelles techniques et ainsi développer une
vision moderne et revalorisée des arts décoratifs. Dans une seconde période elle mettra en avant
une pensée plus rationaliste, standardisée et uniformisée en s’appuyant sur l’idée que les hommes
ont des besoins identiques. Ce groupe a donné naissance à Formes libres à partir de 1958.
►
Dans l’exposition : Konstantin Grcic (voir Focus p. 21 et 22), designer industriel
s’inspire de ce mouvement dans sa pratique.
31. Diana E, 2002
32. Missing Object, 2004
LE BAUHAUS
Ecole d’art fondée en 1919 à Weimar par l’architecte allemand Walter Gropius (1883–1969), à la
suite de la fusion entre l'École des Arts et de l’Artisanat et l'Académie des Beaux-Arts de la ville.
Le mot "Bauhaus" peut se traduire en français par "maison de la construction".
Gropius explique sa vision pour une union de l’art et du design dans la Proclamation du Bauhaus
(1919) : « Il n’existe aucune différence, quant à l’essence, entre l’artiste et l’artisan. L'artiste n'est
qu'un artisan inspiré, […] mais la base du savoir faire est indispensable à tout artiste. »
Le mouvement de l’école du Bauhaus a été internationalement reconnu pour sa conception
radicalement nouvelle de l’art : l’art au service de la fonctionnalité. L’artisanat (puis l’industrie)
avait une place prédominante dans l’enseignement proposé. L’école était divisée en différents
ateliers : bois, métal, textile, peinture, architecture, théâtre, etc… Des stages étaient organisés
avec l’aide des industriels de la région.
L’objectif premier était de trouver des formes artistiques susceptibles d’être reproduites
industriellement afin de redonner à l’art une place dans le quotidien des hommes.
►
Dans l’exposition : Friedrich Kiesler (voir Focus p. 23 et 24), architecte et
designer s’inspire de ce mouvement dans sa pratique.
42. Correalistic Instrument, 1942
43. Correalistic Rocker, 1942
ÉCOLE D’ULM / HfG Ulm
Fondée en 1955, la Hochschule für Gestaltung d’Ulm (HfG Ulm), ou École d’Ulm, reprend et
dépasse les aspirations de l’enseignement du Bauhaus, dans son ambition de développer le
rationalisme et la production industrielle. Elle promeut un design adapté aux besoins de l’individu
et non au service de la société de consommation. Cette ambition accompagnera le miracle
économique allemand d’après-guerre, trouvant un bon exemple d’application dans la collaboration
entre Hans Gugelot et la firme Braun.
►
Dans l’exposition : Max Bill, designer à l’origine de l’École d’Ulm.
12. Ulm Stool, 1954
L’ANTI-DESIGN ou DESIGN RADICAL
Apparaît en Italie à la fin des années 60 en réaction au Good Design. Designers et architectes de
ce mouvement remettent en cause la société consumériste des années 60. Ils repensent le cœur
même de leurs pratiques de créations d’objets, de lieux et d’espaces se considérant en partie
responsables de cette société matérialiste de surconsommation. Archizoom Associati, studio de
design, et Superstudio, agence d’architecture, tous deux fondés à Florence en 1866, sont des
acteurs de ce mouvement :
Adolfo Natalini, architecte de Superstudio, écrit en 1971 : « [...] si le design est plutôt une incitation
à consommer, alors nous devons rejeter le design ; si l'architecture sert plutôt à codifier le modèle
bourgeois de société et de propriété, alors nous devons rejeter l'architecture ; si l'architecture et
l'urbanisme sont plutôt la formalisation des divisions sociales injustes actuelles, alors nous devons
rejeter l'urbanisation et ses villes... jusqu'à ce que tout acte de design ait pour but de rencontrer les
besoins primordiaux. D'ici là, le design doit disparaître. Nous pouvons vivre sans architecture. »
MEMPHIS ou GROUPE DE MEMPHIS
Collectif fondé par Ettore Sottsass (1907-2007) en 1981, afin de créer du néo design innovant pour
l’habitat (mobilier, tapis, lampes, etc.) en série limitée afin de s’écarter de la production industrielle
incitant à la surconsommation. Les couleurs vives et les formes originales associant des matériaux
inattendus cherchent à fuir la banalité du quotidien.
►
Dans l’exposition : Ettore Sottsass (voir Focus p. 29 et 30), architecte et designer,
fondateur du groupe Memphis et représentant de l’Anti-design.
76. Tseui, 1994.
NUOVO DESIGN (NOUVEAU DESIGN)
Sans représenter un mouvement précis, le Nuovo Design regroupe, dans les années 80, une
jeune génération de designers, tous héritiers de l’école sottsassienne et des remous de l’Antidesign. Ayant, pour la plupart, reçu une formation d’architecte comme Sottsass, ils ont en commun
l’approche intellectuelle qui associe science et vision humaniste. Partisans de l’interaction entre
design et industrie, leur champ d’action est sans limite faisant du design une discipline centrale.
On compte parmi les créateurs les plus représentatifs, Aldo Cibic, Marco Zanini, Antonio Cittério,
Denis Santachiarra ou Michele de Lucchi.
DESIGN CONCEPTUEL
Les artisans du design conceptuel s’érigent contre le diktat moderniste voulant que la forme suive
la fonction et proposent désormais que la forme doit, au contraire, suivre le concept. Ainsi, le
design conceptuel a pour vocation de questionner notre rapport à l’objet : De quoi s’agit-il ?
D’objets d’art ? D’objets d’artisanat ? D’objets de l’industrie ? À qui le design est-il destiné ? Est-il
un art élitiste ou est-il issu de la culture populaire ? Finalement le design conceptuel ne donne pas
de réponse fermée mais offre un choix multiple, brouillant les définitions et instaurant une
ambiguïté avec plusieurs niveaux d’interprétation. Il essaie de combiner des ambitions
intellectuelles avec un sens poussé de l’esthétique. L’un des classiques du design conceptuel est
l’utilisation d’objets (matériels) de récupération, pour en faire des objets (immatériels) de
détournement, les objets s’en trouvant ainsi sublimés.
Le design conceptuel a essentiellement été introduit aux Pays-Bas, par Droog Design* un des
acteurs majeurs dans le domaine de l’expérimentation et de l’édition. Mais il s’est depuis largement
diffusé au delà de ce pays phare du design. En France, ce mouvement est représenté par les
designers Matali Crasset et Pierre Charpin (16) ainsi que par le collectif RADI designers**.
►
Dans l’exposition : Pierre Charpin, designer
16. Monolithe, 2008
* DROOG DESIGN
Le collectif néerlandais, apparu en 1993, et officiellement fondé en 1994 par Gijs Bakker et Renny
Ramakers, prône l’utilisation de matériaux de récupération, une certaine forme d’humour, et une
recherche constante de la nouveauté. Droog Design est défini par l’un de ses fondateurs comme
un «design en contexte». Droog Design a contribué à faire connaitre Marcel Wanders (86), Jan
Konings, Hella Jongerius, Richard Hutten, Jurgen Bey, Tejo Remy et Wieki Somers.
►
Dans l’exposition : Marcel Wanders, designer
86. Pollinosis, 2004
** RADI DESIGNERS
Le groupe RADI Designers est né en 1992 à Paris, à la sortie de l’école, Les Ateliers. Débutant
son activité à cinq lors de sa fondation, le groupe est aujourd'hui composé de Laurent Massaloux
(Limoges, 1968), Olivier Sidet (Paris, 1965), et Robert Stadler (Vienne, 1966) - commissaire de
l’exposition, et créateur de Traits d’union pour l’Ensemble Poirel - Florence Doléac et
Claudio Colucci exerçant désormais leur activité de designer de manière indépendante. Le collectif
RADI se réunit autour de projets divers, dans les champs du design industriel, de l’édition en série
limitée, de l’aménagement d’espace et de la scénographie. RADI Designers dessinent et
conçoivent le projet comme une construction qui jongle avec les évidences de la vie quotidienne,
gestes, typologies, objets, produits, meubles, gadgets, mais aussi comme une projection dans une
situation d’usage, un scénario. Aussi, au delà de leur perception immédiate, les objets RADI
proposent divers sens de lecture, imaginaires ou réels. Les questions de technologies, les
matériaux, les contraintes de production ou de communication sont intégrées comme des
éléments cohérents, positifs et variables à la construction de chaque projet. Parallèlement à cette
activité collective, chacun des membres du groupe développe une activité personnelle.
►
Dans l’exposition : Robert Stadler (voir Focus p. 25 et 26), designer
77. Ardoise n°2, 2011
78. BDC, 2011
79. Pools & Pouf! 2004
DESIGN CRITIQUE / CRITICAL DESIGN
Le Design Critique utilise des propositions de design expérimental et réflexif, pour défier les
préjugés et lieux communs sur le rôle des produits dans la vie de tous les jours. En proposant une
approche critique, ce mouvement s’insère dans la lignée du Design radical italien des années
1970 dans le but de s’opposer à la production de masse, et développent des projets et des
scénarios de vie alternatifs et utopiques.
Le Design Critique est représenté et défini par le duo de designers anglais Anthony Dunne et
Fiona Raby (23) dans les ouvrages Hertzian Tales: Electronic Products, Aesthetic Experience,
and Critical Design (1999) et Design Noir: The Secret Life of Electronic Objects (2001). Leurs
projets se revendiquent explicitement du design, mais s’inscrivent également dans une perspective
d’élargissement du champ d’intervention du design : l’objet - un meuble ou une technologie des
plus avancées – n’est plus considéré comme un simple artefact mais comme un intermédiaire qui
permet d’envisager de manière critique le contexte dans lequel il s’inscrit, l’environnement humain,
le jeu des relations et des interactions.
►
Dans l’exposition : Anthony Dunne et Fiona Raby, designers
23. Technological Dreams Series n°1, Robots, 2007
QU’EST-CE QUE L’ART CONTEMPORAIN ?
L’art est une discipline qui, selon Diderot (1767), désignait « l’ensemble des activités créatrices
destinées à l’expression d’un idéal esthétique. »
L'art contemporain définit à la fois l'art créé à ce point présent dans le temps, mais aussi l'art
créé depuis la Seconde Guerre mondiale même si la définition du mot contemporain serait en
accord avec la première notion.
L’art contemporain prend différents aspects et a investi de nouveaux médias : la photographie, la
vidéo, les ready-made*, les installations**, les environnements***, les happenings, les
performances, sont autant de formes de l’art contemporain. Ainsi, il se caractérise aussi par une
diversité formelle des œuvres qui intègrent souvent une démarche artistique ou un concept.
Cependant l’art pose souvent les mêmes questions : Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Dans
quel monde vivons-nous ? Suivant la voix de l’artiste, l’époque, le contexte et l’état de
connaissance, ces questions sont reformulées différemment.
Une des préoccupations communes des artistes depuis le début du XXème siècle est qu’est-ce qui
constitue l’art ? Les distinctions entre ce qui est généralement considéré comme les beaux-arts et
les arts faibles s'estompent à mesure que les artistes mêlent leurs pratiques à celles de la culture
populaire et introduisent des objets du quotidien dans leurs créations. Le mot d’ordre des années
d’après-guerre est de désacraliser l’œuvre d’art en rapprochant l’art de la vie.
*Ready-made : Marcel Duchamp (1887-1968) est le père du Ready-made. Le terme est crée en
1915 pour désigner un assemblage d’objets courants, préfabriqués ou manufacturés et dépourvus
d’esthétique ; sortis de leur contexte et placés dans un espace d’exposition, ces objets assemblés
sont élevés au rang d’œuvre d’art. Son premier ready-made, Roue de bicyclette, en 1913, est
composé d’une roue de bicyclette sur un tabouret de cuisine.
**Installation : œuvre en trois dimensions, assemblant plusieurs objets ou mélangeant plusieurs
médias (photographie, vidéo, informatique).
***Environnement : œuvre en trois dimensions présentée à l’intérieur ou à l’extérieur et où le
spectateur est invité à déambuler afin de vivre une expérience esthétique et sensible.
MOUVEMENTS
& ECOLES D’ART CONTEMPORAIN
Différentes écoles et mouvements qui ont construit l’histoire de l’art au XXème siècle sont
représentés dans l’exposition ou abordés dans le présent dossier.
POP ART
voir Focus p 31 et 32 Gatti, Paolini, Teodoro
►
Dans l’exposition : Gatti, Paolini, Teodoro, architectes / designers
se référant au Pop-Art
28. Sacco, 1968
MINIMALISME
voir Focus p 33 et 34 Donald Judd
►
Dans l’exposition : Donald Judd, artiste minimaliste
41. Sans titre, 1974-75
NOUVEAU RÉALISME
Le mouvement a été fondé en octobre 1960 par une déclaration commune entre Yves Klein,
Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse, Pierre Restany, Daniel Spoerri, Jean
Tinguely, Jacques de la Villeglé. En 1961, s’ajoutent César, Mimmo Rotella, puis Niki de Saint
Phalle et Gérard Deschamps.
Malgré un langage plastique très distinct, les nouveaux réalistes se caractérisent par l’utilisation de
matériaux, objets et machines directement tirés du réel, comme un « recyclage poétique du réel
urbain, industriel, publicitaire ». [Pierre Restany, Trente ans de Nouveau Réalisme, édition La
Différence, 1990, p. 76.]
►
Dans l’exposition : Manfred Pernice et Helen Marten,
artistes s’inspirant du Nouveau Réalisme
28. Manfred Pernice, Hocker-Set Bergamo, 2008
47. Helen Marten, Falling Very Down, (Low pH chemist), 2012
ART CONCEPTUEL
L’Art conceptuel concerne des artistes qui ont pour première exigence d'analyser ce qui permet à
l’art d’être art. Le mouvement se divise selon deux grandes orientations : d’une part, l’art se fonde
sur l’affirmation de la primauté de l’idée sur la réalisation (Sol LeWitt, suivi de Dan Graham) ;
d’autre part, l’art limite le travail de l’artiste à la production de définitions de l’art, de répondre à la
question "Qu’est-ce que l’art ?" par les moyens de la logique (Joseph Kosuth ou le groupe
d’origine anglaise Art & Language).
►
Dans l’exposition : Martin Creed, artiste conceptuel
19. Work n°184 : An Intrusion and a Protrusion From a Wall, 1997
VISITER QUiZ :
PISTES PEDAGOGIQUES
Problématique
Comment définir le design aujourd’hui ?
Quel regard les artistes contemporains portent-ils sur les objets et notre environnement ?
Qu’est ce qui différencie un artiste et un designer ?
Démarche
Amener la classe à poser un regard attentif sur le monde qui l’entoure, sur l’environnement proche
de son quotidien, son cadre de vie, dans ses formes, ses matériaux et ses besoins.
Observer le design
Rechercher les différents domaines investis par le design :
- mobilier urbain – design produit
- aménagement des espaces collectifs – design urbain
- points de vente – design d’espace
- objets usuels – design industriel
- édition, presse – design graphique
- mobilier – design produit
- décoration – design produit et d’espace
- écologie, problème environnementaux et sociaux – design social
Mais aussi
- signalétique
- mode
- cinéma d’animation
- cuisine des grands chefs
- sport
- architecture d’urgence
Appréhender l’objet
Explorer l’objet en observant sa forme, ses lignes, sa matière, sa taille, sa couleur …
Quelques questions pouvant aider à l’observation :
- Que voit-on ?
- En quoi l’objet est-il fait ?
- Pourquoi est-il fait ?
- Quel est son impact sur son utilisateur ?
Approche analytique de l’objet
-
Déterminer le type de l’objet : mobilier, bijoux, arts de la table, luminaire, voitures…
Définir l’objet : table, fauteuil, chaise, vase, fourchette…
Décrire l’objet : les matériaux employés, les techniques…
Préciser le nom du créateur s’il est connu - notion de « design anonyme » qui concerne les
objets courants, ordinaires dont les créateurs sont inconnus : pince à linge, stylo, ciseaux,
séchoir…
Préciser le ou les usages de l’objet : décorer, protéger, contenir, supporter… ou fonction
symbolique
Indiquer le type d’utilisateurs : enfants, adultes, individuel, collectif, privé, public
Evoquer le message : sécurité, luxe, modernité, confort, critique…
Quelles notions aborder ?
-
Fonction-forme
Usage-usager
Besoin-création
Beau-utile
Original-banal
Qualité
Artisanal-industriel
Forme-couleur
Forme-corps
Echelle
Confort-forme
Matière-confort
Privé-public
Personnel-impersonnel
Art ou Design ?
-
Réfléchir à la relation entre design et art contemporain
Réfléchir au rôle du designer et à celui de l’artiste
Comparer les définitions d’hier et d’aujourd’hui
Traditionnellement, on oppose les arts libéraux que sont la peinture, la sculpture, la musique,
l’architecture, la gravure, la danse, mais aussi la photographie ou encore le cinéma aux arts utiles
comme la tapisserie, l’ébénisterie, la céramique, etc. Ainsi, les artisans se distinguaient des
artistes par la création d’objets « utiles », la fonction étant primordiale.
La révolution industrielle redéfinit les arts utiles au XIXème siècle : les objets issus de l’artisanat
deviennent représentant du goût, par un travail manuel unique et luxueux, tandis que ceux issus
de l’industrie, standardisés et sans âme, sont considérés comme vulgaires. L’Art Nouveau puis le
Bauhaus viennent réconcilier petit à petit l’art, l’artisanat et l’industrie et donnent aux
artistes/artisans/designers un nouveau regard sur notre environnement. Le rôle des designers
évolue, pendant tout le XXème, au gré des progrès techniques et des besoins de notre société.
Aujourd’hui, ce rôle est multiple et leurs démarches aussi variées que leurs orientations.
Les designers travaillent sans cesse à de nouveaux prototypes, de nouveaux processus de
création et de fabrication, avec de nouveaux matériaux. Ils travaillent seuls ou en collectifs, en
collaboration avec des éditeurs ou des industriels qui réalisent leurs créations en série limitée ou
l’adaptent pour la grande distribution.
►
Dans l’exposition :
31. Konstantin Grcic, Diana E, 2002
24. Naoto Fukasawa, Humidifier, 2003
13. / 14. Ronan & Erwan Bouroullec (voir Focus p. 27 et 28)
Depuis une vingtaine d’années, le rapprochement entre les deux disciplines, art et design,
s’accélère. Les œuvres ou les objets proposés dans chaque domaine repoussent les limites des
définitions établies. La présence récurrente de l’objet dans l’art du XXème siècle, depuis les
premiers Ready-made de Marcel Duchamp, aux sculptures de César en passant par les
détournements surréalistes des objets de Man Ray ou Picasso, participe aussi à cette confusion
des genres. Aussi, aujourd’hui, les artistes ne sont plus seulement peintre ou sculpteur, ils
travaillent avec les nouvelles technologies – informatique, vidéo et matériaux - polymères,
matériaux industriels (aluminium, acier), textiles - employés aussi par les designers.
Certains designers créent et inventent des objets sans fonction ou avec une fonction uniquement
symbolique ou critique se rapprochant ainsi des réflexions des artistes conceptuels.
►
Dans l’exposition :
3. Ron Arad, Gomli, 2008 (voir Focus p.18)
79. Robert Stadler, Pools & Poof ! 2004
86. Marcel Wanders, Black Airbone Snotty Vase, Pollinosis, 2004
D’autre part, les artistes introduisent, détournent et mettent en scène dans leurs créations des
objets « designés », ceux de notre quotidien et de notre environnement. Ils leur offrent un
nouveau statut : le passage du statut d’objet utile vers celui d’œuvre d’art nous invitant à changer
notre regard et nos habitudes, à contempler plutôt qu’utiliser ou encore à engager une réflexion sur
nos besoins, notre environnement.
►
Dans l’exposition :
11. Vincent Beaurin, Noli Me Tangere, 1994.
Designer puis artiste, Vincent Beaurin joue sur le statut de l'objet et de ce qui fait
une œuvre d'art. Il crée des œuvres qui peuvent être utiles - comme ce pouf - mais
qui sont remis en cause dans leurs usages traditionnellement admis - s'asseoir – ici,
par le titre Noli Me Tangere, soit Ne me touche pas.
67. Tobias Rehberger, Anything I Can’t Have I Don’t Need To Like, 2006,
Tobias Rehberger est un jeune artiste allemand qui interroge l'interaction des objets
avec leur environnement et leur relation avec le spectateur.
49. Mathieu Mercier (voir Focus p. 19 et 20), Multiprise, 2014 / 50. Sans titre,
2007 / 51. Sans titre, 2005.
Mathieu Mercier parodie souvent le design pour interroger son statut ou pour
évoquer les milieux que ces objets, typiquement modernes, déterminent.
91. Franz West, Eggs, 2006.
L’artiste Franz West joue de nos habitudes visuelles et conceptuelles et cherche la
limite entre l'art et le design en particulier en créant un mobilier inconfortable qui ne
procure que l'illusion d'être utile.
FOCUS : RON ARAD
OEUVRE
Gomli, 2008
Polyester Gelcoat, fibre de verre / 258 x 12 x 145 cm
Cette chaise à bascule est récurrente dans le travail
d’assise de Ron Arad. Gomli est réalisée d’ailleurs en
plusieurs exemplaires et en divers coloris. Cette assise
est fonctionnelle selon la position définie de l’objet dans
l’espace. En position horizontale la chaise devient une
chaise longue pour s’allonger. Dans la position
verticale, l’objet évoque une présence, comme un
ToTem. Gomli fait référence à la posture humaine.
CONTEXTE
Le travail de Ron Arad bascule sans cesse entre la
création contemporaine et le design.
Comme en témoigne l’utilisation de l’acier Corten pour
le Musée du design et son découpage en longs rubans
enroulés, le rapport « physique » aux matériaux est
essentiel dans l’œuvre de Ron Arad. Ainsi en est-il pour
les pièces uniques et en séries limitées. Assemblée,
modelée, découpée, moulée, la matière est travaillée
par l’artiste dans une sorte de corps à corps. Mais si le
travail manuel est primordial, c’est toujours dans une
quête d’expérimentation et d’innovation à laquelle Ron
Arad associe les potentialités offertes par les nouvelles
technologies.
Plusieurs axes – qui évidemment se croisent et s’interpénètrent – peuvent permettre de décrypter son travail
tel qu’il s’est élaboré au fil des années, des découvertes et des rencontres : l’emprunt, le brouillage des
frontières entre art et design, l’exploration de la forme et l’expérimentation du matériau.
Les premiers pas de Ron Arad dans le monde du design se font ainsi paradoxalement sous le signe du
ready-made avec, en 1981, l’apparition du Rover Chair. Conçu alors qu’il décide de quitter l’agence
d’architecture pour laquelle il travaille, ce fauteuil symbolise son désir de créer ses propres œuvres.
BIOGRAPHIE
Ron Arad est un designer israélien né le 24 avril 1951 à Tel-Aviv et reconnu depuis les années 1980. Il
étudie l’architecture à l’Architectural Association School of Architecture de Londres où Bernard Tschumi est
son professeur et Zaha Hadid sa collègue. Il découvre le design en Italie.
Il fonde son premier studio One Off Ltd en 1981 avec Caroline Thormann. Ensuite, la réussite ne se fait pas
attendre. Il signe ses premiers succès avec, entre autres, les fauteuils Rover (1981) et Well-Tempered Chair
(1986), puis avec l’emblématique étagère Bookworm (1993) originellement en acier puis fabriquée en
plastique par Kartell.
Ron Arad utilise des technologies et des matériaux avec des modalités et des formes tout à fait nouvelles.
Manipulation, transformation et expérimentation sont les maître-mots de l’esprit de ses créations. Son design
se caractérise par des formes pures, non conventionnelles et un goût pour les courbes qui le place dans la
lignée des designers sculpteurs. Sa démarche est en effet plus celle d’un artiste que d’un designer industriel,
en témoignent le côté “objet unique » de ses pièces, et le fait que leur fonction n’est pas un critère de
premier ordre dans le processus de création.
Il a collaboré, entre autres, avec Vitra, Cassina, Driade, Fiam, Kartell, Artemide, Alessi, Flos. En 2008, il
conçoit le Musée du Bauhaus à Tel-Aviv. Il a également conçu (avec Bruno Asa) le Design Museum Holon.
Inauguré en 2010, ce dernier est le premier musée israélien consacré au design.
FOCUS : MATHIEU MERCIER
OEUVRES
Multiprise, 2014
Prises électriques, plâtre / 60 x 50 x 60 cm
Multiprise est un cône de plâtre au relief inégal, posé au sol,
équipé d’une vingtaine de prises électriques. C’est un objet
néo-primitif, associant la technologie à une forme
extrêmement basique, presque naturelle, une montagne, un
tas. C’est un objet qui a une sorte de présence, comme un
animal de compagnie. Il peut aussi bien être ressenti
comme quelque chose de drôle ou monstrueux.
Sans titre, 2005
Néons, patère métallique / 60 x 30 x 30 cm
Dans la série de Néon-boucle, Mathieu Mercier saisit une
certaine matérialité triviale pour la rapporter à une invention
artistique, d’où une variation significative dans la relation
voulue, ou reçue, au réel. Il y a toujours du réel mais comme
tout artiste, il essaye de lui procurer une « variante ».
Dans cette pièce c’est surtout le geste qui compte, qui va
donner cette réalité variante. Un geste qui exclut la
maladresse, la provocation facile, la thématique informative,
le spectaculaire ou l’attendrissement. Avec cette œuvre, on
voit comme Mathieu Mercier cherche une forme particulière
de précision : une tension entre les éléments et les pièces
qui s’ensuivent persiste, ce qui interroge la réalité de ces
autres présences.
Sans titre, 2007
Acier peint / (300 x 40cm) x 1, (30 x 40cm) x 3
Cette œuvre est exposée en 2008, lors de la rétrospective
de l’artiste au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Ces
éléments évoquent d’une manière poétique, une
architecture lointaine, une ruine, ce qui reste...
“Ce qui m’intéresse dans l’art, c’est la capacité de synthèse.
Les formes d’une œuvre d’art, à quoi elles font penser. Les
volumes qu’elle occupe. Les gestes pour la déplacer. Les
références qu’elle implique. C’est pour cela que j’adore les
enfants, ils n’ont pas de prisme ni d’a priori et vont droit au
but. L’art, c’est exactement ça »
CONTEXTE
Depuis le début de sa carrière, Mathieu Mercier mène une réflexion sur la définition de la place de
l’objet, à la fois dans l’industrie de la consommation et dans le champ de l’art. Sa recherche se traduit
par un questionnement permanent sur les fonctions symboliques et utilitaires des objets.
BIOGRAPHIE
Mathieu Mercier est un plasticien français, né à Conflans-Sainte-Honorine en 1970. Il vit et travaille à
Paris. Mathieu Mercier est diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges et de l’Institut
des Hautes Etudes en Arts Plastiques de Paris.
Après l’obtention du Prix Marcel Duchamp en 2003 suivi d’une exposition au Centre Pompidou : Le
Pavillon. L’ensemble du travail de Mathieu Mercier a été présenté au Musée d’Art Moderne de la ville
de Paris/ARC en 2007, puis à la Kunsthalle de Nuremberg en 2008.
Dans la lignée de Duchamp et Mondrian, Mathieu Mercier s’attache à déceler et révéler la place de la
beauté dans les objets de la vie quotidienne. Ses multiples talents de peintre, sculpteur, architecte, et
réalisateur l’ont amené à travailler à partir d’objets issus de la consommation de masse que nous
connaissons tous mais qui sont alors perçus d’une manière esthétique et artistique.
Il est représenté par les galeries Mehdi Chouakri (Berlin), Massimo Minini (Brescia), Lange et Pult
(Zurich) et Ignacio Liprandi (Buenos Aires).
FOCUS : KONSTANTIN GRCIC
ŒUVRES
Diana E, 2002
Créée par Konstantin Grcic pour Classicon, Diana E est
une table en tôle d'acier qui se prête à de nombreuses
interprétations et utilisations : table d'appoint ou de
chevet, bout de canapé ou support d'ordinateur
portable... Cet élément fait partie de la série Diana :
chacune de ces tables se différencie par une lettre de
l’alphabet. S’inspirant des lettres qui composent les
mots, le designer propose d’associer Diana E aux autres
tables de la collection afin de moduler son intérieur au
gré de ses envies.
Missing object, 2004
Missing object est une pièce en chêne
massif créée par le designer Konstantin
Grcic, un objet hybride qui invite son
utilisateur à choisir l’usage qu’il veut en
faire. À la fois table, petit banc, sculpture,
ou autre, l’emploi de Missing object
dépend de l’imagination de chacun.
CONTEXTE
Perçu comme un designer minimaliste, Konstantin Grcic préfère privilégier des formes simples et
épurées : son approche fonctionnelle, remplie d’humour, met l'humain au cœur de ses projets. Luimême dit : « Dans le champ des arts, j'aime le style radical, pur, direct, simple, pas simplement
minimaliste. J'aime les artistes qui ont une certaine attitude et qui vont droit à l'essentiel comme Bruce
Newman, Dan Flavin. »
S’inspirant d’anciens designers et architectes, le travail de Grcic se caractérise par ses recherches et
ses expérimentations autour des matériaux et de la technologie qui le passionnent.
La lampe May Day, qui marque le design contemporain et pour laquelle il a été récompensé, est un
objet emblématique de l'approche de Konstantin Grcic : une esthétique simple et élégante tout en
répondant à différents besoins.
BIOGRAPHIE
Né à Munich en 1965, Konstantin Grcic est l’un des designers contemporain les plus importants.
Il sait mêler esthétique industrielle et expérimentations artistiques, ses pièces sont à la fois
fonctionnelles et pleines d’humour.
Après une formation dans la fabrication de mobilier au Parnham College en Angleterre, Grcic étudie le
design et sort diplômé du Royal College of Art de Londres en 1990. Sa rencontre avec deux célèbres
designers, Jasper Morrison et Vico Magistretti, sera déterminante dans la suite de son parcours.
Après ses études, il rejoint en effet le studio de Jasper Morrison puis fonde en 1991 sa propre agence
à Munich : Konstantin Grcic, Industrial Design (KGID). Il travaille à la fois pour des industriels, comme
Whirlpool ou Krups, et pour des éditeurs comme Magis, Flos, Moroso…
Selon lui son travail est concret et fonctionnaliste, voire brut et direct : « Réagir à une situation et des
contraintes données, plutôt que de croire à l’utopie d’un monde à façonner, ça correspond plus à ma
conception du design. »
Il conçoit également, en 2012, le pavillon allemand pour la Biennale d'architecture de Venise, et est
curateur de plusieurs expositions.
Certaines des créations de Grcic font désormais partie des collections du MoMA et du Musée des Arts
Décoratifs de Paris.
FOCUS : FREDERICK KIESLER
ŒUVRES
Correalistic Instrument et Correalistic Rocker, 1942
Correalistic Instrument et Correalistic Rocker, sont deux objets à structure architectonique en bois de
hêtre recouvert de linoléum crée par Frederick Kiesler. Le dessin très particulier confère à ces pièces
une multitude de positions et d’usages, pouvant ainsi faire office de siège, sculpture, table ou
guéridon.
7 positions et combinaisons différentes caractérisent le Correalistic Rocker, qui peut être à la fois un
piédestal ou un fauteuil à bascule. Kiesler appronfondit ses recherches en réalisant le Correalistic
Instrument. Cet objet qui présente une nouvelle forme compte 18 utilisations différentes.
Ces 2 pièces sont nées d’une commande mais également des expériences menées par Kiesler à
propos de la corrélation qui peut exister entre un meuble et son utilisateur. Ainsi le Correalistic Rocker
est basé sur une formule de construction géométrique : des cercles, inscrits dans un trapèze,
définissent le contour courbe du cadre afin d’unir l'assise et le dossier en un seul bloc. Selon Kiesler,
ce n'est pas seulement la forme naturelle qui a un effet positif sur le psychisme humain, mais
l'expérience de ne faire qu’un avec l’objet grâce à une symbiose cohérente de la fonction, de la
construction et des matériaux : "lorsque nous utilisons un fauteuil, nous prenons en charge son
énergie en nous-mêmes."
CONTEXTE
En 1942, Frederick Kiesler a été invité par la galeriste et collectionneuse d'art, Peggy Guggenheim, à
repenser sa galerie. Cette commande lui a donné l'occasion de prouver ses multiples talents. Le
travail de Kiesler est défini par la confrontation de l’art et de l’architecture. Il est arrivé à la conviction
que les éléments établissent une corrélation avec leur environnement. Kiesler a non seulement
développé de nouvelles méthodes de scénographie pour les œuvres d’art exposées dans la galerie de
Peggy Guggenheim, mais il a également conçu son mobilier et ainsi créé le Correalistic Instrument et
le Correalistic Rocker.
Deux thèmes majeurs marquent l’œuvre de Frederick Kiesler constituant les deux pôles conceptuels
de ses recherches : l’espace sans fin et la vision. La continuité, partant de la spirale, prendra la forme
paradigmatique de l'oeuf, quant à la vision, elle démultipliera les dispositifs et objets à voir. L'un et
l'autre se croiseront dans des «architectures de la vision». Frederick Kiesler fut l'incontestable pionnier
de cette architecture des courbes, des spirales, de l'oeuf, de la continuité qui marque actuellement
une réaction contre l'architecture fonctionnaliste de l'angle droit.
BIOGRAPHIE
Frederick Kiesler est né en 1890 à Czernowitz (dans l’ancien Empire Austro-Hongrois) et décédé en
1965 à New York. Il a étudié l'architecture à Vienne.
À la fois énigmatique et atypique, ses premières œuvres le rendent célèbre et lui permettent de
gagner la reconnaissance de l'avant-garde européenne. Reprenant l'idée d'unité entre l’art et la vie, de
continuité entre l'architecture et les arts plastiques notamment défendue par le Constructivisme et De
Stijl, mouvements dont il fut proche, Kiesler s'est attaché à développer une notion transgressive de
l’espace en opposition à l’hégémonie du fonctionnalisme. Frederick Kiesler s'est formé autant à cette
modernité viennoise où les frontières entre les disciplines s'annulaient - on était physicien et écrivain,
philosophe et architecte - qu'à la tradition européenne des interférences entre les champs artistiques.
En 1926 Frederick Kiesler s’installe à New York pour s’y établir en tant que designer, scénographe,
architecte et artiste. Partie prenante de l’avant-garde new-yorkaise, il a joué un rôle prépondérant
dans la scène du design contemporain : peu de temps après son arrivée à New York, Kiesler devient
un médiateur important entre les visions européennes et américaines du design et de l'architecture.
Au début des années 50, il développe une architecture informe, fondée sur le schéma spatial de
l'ovoïde, irrégulier et biomorphe, et l'usage de coques monolithiques, qui influence encore les
designers et architectes d’aujourd’hui. Dès les années 60, la pertinence de son œuvre sera repérée et
influencera de nombreux artistes, designers et architectes tel que Franck Loyd Wright avec le Musée
Guggenheim à New York.
Sa fiction théorique définie par ses dessins et ses écrits, a complété ses projets et utopies
architecturales et a souvent supplanté le passage à l'acte et la réalité́ de ses constructions.
Il n’a en effet réalisé que 2 bâtiments : le Film Guild Cinema à New York en 1929, et son œuvre
emblématique, le Sanctuaire du Livre ou Endless Cave construit à Jérusalem entre 1959 et 1965.
Chaque année en Autriche, le Friedrich Kiesler Prize est décerné à un artiste. Bruce Nauman est le
lauréat 2014 pour son travail autour de l’architecture et l’art.
FOCUS : ROBERT STADLER
OEUVRES
Pools & Pouf!, 2004
Pools & Pouf! est, à l'origine, un ensemble d'éléments
dont provient la pièce murale exposée. L'œuvre
complète représente un arrêt sur image du processus
de dissipation du mobilier Chesterfield. Certaines
parties restent facilement identifiables quant à leur
fonction, d'autres moins comme la pièce exposée qui,
une fois isolée, est l'élément le moins reconnaissable
de l'œuvre, ce qui est en adéquation avec le principe
de l'exposition, à savoir le croisement de frontières
entre chose et objet fonctionnel.
Ardoise n°2, 2011
Cette structure murale fait partie d'une série d'ardoises
tridimensionnelles qui étaient exposées à différents
endroits de la galerie des Multiples (Paris). Toutes les
ardoises étaient exposées vierges exceptée la dernière qui
arborait un dessin à la craie. Il s'agit d'un objet d'angle - ce
qui est peu commun - recouvert de peinture à tableau, ce
qui augmente le côté énigmatique. Ardoise n°2 s'inscrit
dans une logique d'augmentation de la surface pour écrire,
un peu comme en acoustique où on augmente les surfaces
pour la réverbération du son. La forme est particulière
cependant : plus on va vers le haut, moins on a de surface
pour écrire et moins l'objet est utile. Un adulte accèdera
plus facilement à la partie haute tandis qu'un enfant se
servira plus aisément de la partie basse.
BDC, 2011
BDC sont les initiales de Bout De Canapé, mots provenant
d'une terminologie traditionnelle française et désignant
l'œuvre qui est, littéralement, un bout de canapé. L'œuvre
complète était présente dans l'exposition Wild at Home
(galerie Triple V, Paris, 2011) et était composée de la
pièce exposée ici ainsi que de son symétrique. Il s'agit de
deux extrémités tranchées, comme si le milieu avait
disparu. On ne trouvait, au milieu des deux, qu'un tapis en
forme de flaque. BDC est composé d'une fine plaque de
marbre collée sur une structure nid d'abeille en aluminium.
Il s'agit d'une technique de construction d'immeubles
permettant d'éviter à la plaque de marbre de s'écrouler
sous son propre poids.
CONTEXTE
Transformation et mutations d’objets et de comportements, telle est la préoccupation récurrente de
Robert Stadler dans son travail. Comme il le montre avec Pools & Pouf!, il souhaite dépasser l'espace,
la place allouée à un meuble et accélérer le processus de renouvellement dans le champ mobilier.
Quant à BDC et, plus généralement, l'exposition « Wild at Home », ils veulent répondre à la
problématique suivante : que faire contre le plan des appartements statiques et qui évolue
lentement ? En 2013, Robert Stadler a réalisé Traits d’union, l’œuvre permanente de l’Ensemble
Poirel montrant son ouverture à l’art contemporain et au design.
BIOGRAPHIE
Robert Stadler est né à Vienne en 1966. il a fait ses études de design à l’IED (Instituto Europeo di
Design) de Milan et à l’ENSCI (Ecole Nationale Supérieure de la Création Industrielle). En 1992, il
fonde le groupe Radi Designers à Paris, un collectif dont le nombre de membres variera entre trois et
cinq. En 1998, ils montent leur première exposition à la galerie Emmanuel Perrotin (Paris) et, en 2001,
leur première exposition en Amérique à la galerie Sandra Gering (New York). Radi Designers œuvre
jusqu’en 2008. En 2012, Robert Stadler obtient le prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la main
avec son canapé Irregular Bomb. Il est l’un des designers les plus connus dans le monde.
FOCUS : RONAN ET ERWAN
BOUROULLEC
OEUVRES
Honda Vase, 2001
Lorsqu’elle est apparue, cette œuvre était un symbole de
modernité par sa forme et sa couleur. Elle tient son nom
de la peinture métallique recouvrant sa surface, peinture
utilisée par le fabricant automobile Honda. En effet, le
spectateur peut admirer son reflet, bien que déformé par
la forme convexe, sur la surface en fibre de verre laquée.
Du haut de ses cent centimètres, cette forme
emblématique des frères Bouroullec intrigue. Ce n’est
qu’en l’observant sous un angle différent que l’on peut
découvrir sa fonction. En regardant l’intérieur recouvert
d’une peinture mat qui absorbe la lumière, on se rend
compte qu’il s’agit d’un vase.
Piani Lamp, 2011
Piani Lamp a été éditée par Flos,
compagnie italienne de luminaires. Sa tête
est juchée sur un pied qui s’enracine dans
le socle et ce dernier, par ses angles
ronds, rappelle la partie supérieure. Ses
formes épurées cachent néanmoins
plusieurs fonctions. En effet, la partie
basse peut servir de vide poches tandis
qui la tête, plate, est une planche qui peut
servir à présenter des objets. Une version
avec une étagère en guise de socle existe
également, permettant ainsi de mettre des
objets en valeur grâce à la lumière. Il
s’agit
d’une
lampe
produite
industriellement.
CONTEXTE
Dans le design, il y a une opposition entre spécialisation et production de masse. Les frères Bourellec
dépassent ces idées en montrant que les solutions customisées sont reproductibles et, inversement,
que les productions en série peuvent être adaptables individuellement. Leurs principes de flexibilité et
d’adaptabilité leur viennent de l’influence du livre A Pattern Language par Christopher Alexander et de
l’intérêt de Ronan pour le mode de vie nomade. Ainsi, les éléments qu’ils créent sont modulables pour
l’utilisateur selon ses besoins et ses envies. Leur but est de lutter contre la surconsommation. A vingtsix ans, Ronan se voit accorder une bourse de recherche par l’agence française de Valorisation de
l’Innovation dans l’Ameublement qu’il utilise pour créer Disintegrated Kitchen, une cuisine dont les
composants peuvent être réorganisés et d’autres ajoutés. Suite à cela, ils sont repérés par Rolf
Fehlbaum et travaillent avec Vitra (fabricant de meubles suisse). En 2006, ils créent The Floating
House, une plateforme ouverte sur le panorama, idée récurrente dans l’histoire du design. Comme
son nom l’indique, la fleur flotte sur l’eau. Un an plus tard, ils réinventent la classique chaise de
Prouvé (produite en masse) en intervertissant les matériaux (bois pour les pieds et l’assise et métal
pour les accoudoirs). Ils sont devenus les chefs de file du design français.
BIOGRAPHIE
Ronan et Erwan Bouroullec sont tous deux nés à Quimper (Bretagne) respectivement en 1971 et
1976. Le premier contact de Ronan avec le monde artistique s’opère lors de sa première année de
lycée où il s’inscrit à un cours d’art. Il a alors quinze ans. Deux ans plus tard il est accepté à
l’ENSAAMA (Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers de l’Art) à Paris, mais les
techniques standard qui y sont enseignées ne lui conviennent pas. Il prend alors des cours de design
à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs. En 1995, Erwan entre à l’ENSA (Ecole Nationale Supérieure
d’Arts) de Paris-Clergy et passe beaucoup de temps dans les magasins de bricolage afin
d’expérimenter et de créer des choses par lui-même. En 1998, la maison de design Cappellini
s’intéresse à eux. Les frères Bouroullec commencent à travailler dans le même studio puis, réalisant
que chacun ne cesse d’intervenir sur le travail de l’autre, ils décident de collaborer et de signer leurs
œuvres ensemble. En quinze ans, ils ont créé plus de cent produits et meubles, un projet architectural
et ont monté 22 expositions.
FOCUS : ETTORE SOTTSASS
ŒUVRE
Tseui, 1994
Ce vase porte le nom de la dernière impératrice
de Chine (1835-1908). Il est composé de trois
éléments qui se répondent par leurs couleurs et
leurs formes. Les axes différents des pièces
cylindriques rappellent l’esthétique graphique et
l’inspiration architecturale des créations d'Ettore
Sottsass. Cette pièce fait partie d’une série de 15
objets réalisés entre 1994 et 1996 à la
Manufacture Nationale de Sèvres. La fabrication
de chaque élément du vase est tournée
manuellement. Après plusieurs cuissons, les
éléments sont assemblés et ajustés à l’atelier de
montage et ciselure.
CONTEXTE
En 1994, Ettore Sottsass est venu pour la première fois découvrir les techniques de production de la
Manufacture Nationale de Sèvres, connue pour la qualité de sa porcelaine et sa grande maîtrise de la
céramique. Pendant 2 ans, il y réalisera une série de quatorze objets uniques, chacun portant le nom
d'une femme célèbre. Ces objets, dont la plupart sont des vases, furent exposés en 1994 lors d’une
grande exposition consacrée à Ettore Sottsass au Centre Pompidou à Paris. En 1996, un surtout de
table (ou centre de table) blanc et or est venu compléter cette collection. Pour ce projet, Sottsass a
créé le rouge orangé, qui porte désormais son nom, et qui est venu compléter les 1000 autres
couleurs qui composent la palette de la Manufacture nationale de Sèvres. Ces expériences et travaux en céramique constituent une grande partie de son travail :
« L’œuvre céramique de Sottsass est très importante, c’est un fil conducteur à travers son œuvre. Les
céramiques se présentent comme des études de son mobilier et de son architecture intérieure. »
(Pierre Staudenmayer, galerie Néotu).
Selon Ettore Sottsass, le design et l’art sont essentiels au cycle de la vie et à une conscience
planétaire universelle. Il utilise tout au long de sa carrière des matériaux naturels comme le verre et la
céramique, et ne craint pas de les associer à des matières moins nobles. Son amour de la vie et de la
nature se retrouve dans le choix des couleurs et la simplicité des formes qu’il réalise.
BIOGRAPHIE
Architecte et designer italien, Ettore Sottsass est né en 1917 à Innsbruck, en Autriche, et mort en
2007 à Milan en Italie. Il est considéré comme l’un des designers les plus importants du XXème siècle.
Comme son père, figure majeure de l’architecture italienne, Ettore Sottsass étudie cette discipline dont
il est diplômé en 1939. Il conçoit de nombreux projets, notamment dans le cadre du plan Marshall
(1950/1955) qui vise à la reconstruction de l’Europe après les destructions de la 2nde Guerre Mondiale.
Il s’intéresse également à tous les domaines du design, plus particulièrement au mobilier et crée un
grand nombre d’objets usuels et décoratifs avec différents matériaux.
En 1958, il est engagé en tant que designer chez Olivetti, célèbre fabricant de machines à écrire. Il
participe à la création du premier ordinateur italien, Elea 9003, pour lequel il est récompensé en 1959,
tout comme en 1969 pour la conception de la machine à écrire rouge Valentine, aujourd'hui
considérée comme l’une des créations marquantes du design du XXème siècle. Première machine
légère et transportable dans une mallette, elle séduit un vaste public par son aspect très ludique,
inspiré du pop art.
Dans les années 60, en plus des aménagements d’espaces et la création d’objets pour Alessi, un
voyage en Orient inspire à Sottsass ses premières créations en céramique.
En 1980, il fonde le groupe Memphis, un collectif de jeune designers représentatif d’un « nouveau
design » et caractérisé par la création de formes simples, l’emploi de couleurs primaires et
l’association de matériaux multiples. Les meubles, lampes, tissus et objets ainsi créés rompent avec
l’uniformité et la standardisation de la production industrielle. Sa bibliothèque Carlton (1981) peut être
considérée comme l’emblème du mobilier de l’avant-garde italienne.
Dans un entretien, Ettore Sottsass explique alors : « Tout ce que j’ai fait a toujours été marqué, par
mon intérêt pour la vie des gens, pour leur fragilité, pour tout ce qui se passe sur terre. »
FOCUS : GATTI, PAOLINI, TEODORO
OEUVRE
Sacco, 1968.
Le pouf Sacco, (Enveloppe contenant des billes
de polystyrène expansé hautement résistantes.
80 x 80 x 68 cm. poids: 3,5 kg.)
Sac en italien, appelé aussi Chaise
Anatomique ou encore Poire est un design
simple qui utilise un minimum de matériau : il
est composé d’un sac en matériau opaque (ici
du vinyle argenté) en forme de poire, équipé
d’une fermeture à glissière et rempli aux trois
quarts par des billes en polystyrène expansé
hautement résistantes, utilisées normalement
pour le conditionnement et l’emballage. Très
léger, il peut se déplacer d’une pièce à l’autre
et s’adapter aux différents espaces, comme à
différentes morphologies.
La forme en poire de l'enveloppe permet aux
billes, sous le poids d'une personne assise, de
se répandre dans la partie supérieure, qui peut
alors servir de dossier et d'appui-tête. Mais,
Sacco est un « nonpoltrona » ou une « non
chaise » - sans empiètement, ni dossier ou
accoudoir - qui n’impose aucune position mais
épouse les mouvements du corps, tel un tas de
sable, avec une complète ergonomie vis-à-vis
de son utilisateur. Il demeure, encore
aujourd’hui, l'exemple le plus radical de remise
en cause du modèle classique de siège à la
fois individualisée et universelle.
Sacco, s’inspire des matelas remplis de paille des campagnes d’Italie du Nord. L'entreprise Zanotta,
éditeur du Sacco réalise le premier prototype en PVC transparent, rempli d’eau, puis de balles de
ping-pong, il se révèle trop fragile et trop lourd. Ainsi, les douzaine de millions de billes de polystyrène
dont le poids total ne dépasse pas 3,5 kg devient la solution de remplissage tandis que Zanotta
propose pour l’enveloppe, le cuir ou le Telafitta, tissu enduit de PVC, décliné dans une dizaine de
couleurs vives.
La première version manufacturée, présentée en janvier 1969 à la Foire de Paris, devient un succès
immédiat. Il est toujours édité.
CONTEXTE
Sacco est un fauteuil « anatomique » introduisant une dimension informelle à contre courant des
mobiliers figés et raides. Son design est emblématique de la génération des années 68 qui s’oppose
aux mœurs et attitudes traditionnelles et bourgeoises et exprime sa philosophie de vie sur la liberté de
la pensée et du corps, associée au mouvement hippie, s’affirmant nomade et communautariste.
Depuis les années 1950, l’accélération de l’industrialisation et de la standardisation du logement
proposent de nouvelles manières d'habiter : les espaces intègrent déjà penderies, placards et
rangements. Le siège, en quelque sorte « épargné », devient alors un moyen d'expression privilégié
des designers.
Au cœur d’une nouvelle société de consommation critiquée par les artistes du Pop Art, les designers
des années 1960 s’inspirent de ces nouvelles démarches artistiques, reprenant les codes de la culture
populaire et les détournant. Ils imposent une nouvelle esthétique anti-bourgeoise qui révèle déjà une
porosité entre les mondes de l’art et du design.
Les années 1960 proposent une grande variété dans les couleurs, les formes, mais aussi dans les
matériaux (plastiques, mousses polyuréthane, textiles extensibles, vinyles, etc.) et les méthodes de
fabrication. Les progrès techniques amènent la révolution formelle comme en témoigne la S chair
(1960) ou le Sacco (1968).
BIOGRAPHIE
Sacco fut créé en 1968 par trois architectes italiens, Piero Gatti (Turin 1940 -), Cesare Paolini
(Gênes 1937- id, 1983) et Franco Teodoro, (Turin, 1939 - id. 2005), et édité par l’entreprise italienne
Zanotta.
S’associant à partir de 1965, ils ont collaboré sur des projets très divers dans les domaines de
l’architecture, de l’urbanisme, du design industriel, de la photographie et des arts graphiques à Turin.
Ils ont une trentaine d’années quand ils créent l’objet culte Sacco avec l’entreprise Zanotta. Leur
inspiration vient d’une pratique des Italiens du Nord garnissant de paille les matelas.
Les trois architectes ont reçu le prix Compas d’or pour cette création en 1970 et le prix de la Biennale
de Ljubljana en 1973. Sacco est présenté en 1972 au MoMA de New York dans l'exposition Italy : The
New Domestic Landscape.
Le groupe se dissout en 1983.
FOCUS : DONALD JUDD
L’ŒUVRE
Sans titre, 1974-75, fer galvanisé, 40 x 235 x 196 cm
Cetobjet tridimensionnel de forme rectangulaire aux angles arrondis est créé par l’association de
feuilles de fer galvanisé pliées pour former un losange. L’œuvre est posée à même le sol et répond au
vocabulaire de formes géométriques simples privilégiées par Donald Judd et les artistes minimalistes.
Les pentes et contre-pentes aux angles saillants, jouent de forts contraste d’ombre et de lumière, qui
cernent et délimitent l’espace.
Le matériau, des feuilles de fer galvanisé - fer protégé par une couche de zinc par galvanisation - est
un matériau industriel traditionnellement utilisé pour les charpentes métalliques en architecture. Ces
matériaux industriels bruts, où la main de l’homme est écartée, sont récurrents dans le travail de
Donald Judd à partir de la fin des années 1960. À la fois en accord avec l’économie de moyens
prônée par les minimalistes et la philosophie de Judd, l’œuvre d’art ne fait référence qu’à elle-même et
doit provoquer une sensation visuelle immédiate.
Donald Judd propose des œuvres qui interagissent avec leur environnement et ainsi ont pour fonction
de le révéler, misant sur les notions plan/volume, intérieur/extérieur : l’un est bien défini alors que
l’autre est indéfini, c’est-à-dire sans fin.
CONTEXTE
L’œuvre appartient au Minimalisme, mouvement artistique américain né dans les années 1960 et
dont Donald Judd est un des principaux représentants. Le mouvement regroupe des artistes tels
qu’Ad Reinhardt, Frank Stella, Carl Andre et Dan Flavin.
La réflexion des artistes minimalistes se porte principalement sur la perception des objets et leur
rapport à l’espace. « What you see is what you see » - ce que vous voyez est ce que vous voyez d’après Frank Stella L’œuvre devient un « objet spécifique », selon le terme de Donald Judd, dont la
fonction est de révéler l’espace environnant. Aussi, les œuvres minimalistes sont caractérisées par
une économie de moyens et une certaine « sobriété sophistiquée ».
Le Minimalisme a engagé une fusion des arts de la peinture à la sculpture, étendue à l’architecture et
au design dans les années 1970 et de nouvelles dénominations sont apparues comme les
installations ou les environnements.
L’influence du Minimalisme a été considérable sur l’art contemporain et se retrouve aussi jusque dans
le design actuel, et notamment dans les créations des frères Bouroullec dont deux créations sont
présentées dans l’exposition :
- Vase Honda, 2001
- Piani, 2013
BIOGRAPHIE
Donald Judd (1928/Excelsior Springs-1994/NYC) est un sculpteur, théoricien et critique d’art
américain, et l’un des chefs de file du Minimalisme. Il a étudié la peinture à l’Art Students League de
New York en 1948 et poursuivit ses études à la Columbia University en philosophie puis en histoire de
l’art (avec Meyer Shapiro, historien de l’art) jusqu’en 1962.
Il commença sa carrière en tant que peintre, mais sa pratique artistique évolua rapidement au début
des années 1960 vers des objets en trois dimensions, pièces murales et d’autres à poser au sol, sans
bases ou socles.
Ces premières sculptures sont principalement réalisées en bois avec des formes géométriques
précises et simples, où le rouge cadmium est récurrent, couleur qui, pour Judd, révèle le mieux la
forme.
Son texte manifeste, Specific objects - De quelques objets spécifiques - publié en 1965, établit que
les œuvres d’art sont des objets dont la vocation est de procurer à l’espace qui les environne
une configuration particulière et annonce la fin de la distinction académique entre peinture et
sculpture.
À partir de 1966, l’artiste fait usiner toutes ses pièces, afin de s’écarter de tout caractère artisanal et
n’utilise quasiment plus que le métal et le plexiglas. Il crée ses œuvres les plus emblématiques, les
Stacks (Piles), des modules de forme parallélépipédique qui ne sont ni des peintures, ni des
sculptures et qui ne sont pas davantage du mobilier. Les éléments sont accrochés les uns au-dessus
des autres de telle sorte que l’intervalle les séparant soit équivalent à leur hauteur. Les Piles ont pour
fonction « d’englober l’espace qui les environne, de le saisir en un tout. » La couleur intervient pour
définir la forme avec clarté afin d’obtenir une unité visuelle.
Ainsi, dans les années 1970, motivé par sa volonté de présenter de manière permanente ses œuvres
dans un espace cohérent et organisé, il réalise des œuvres qui interagissent avec l'espace
environnant afin d’en privilégier la perception. L’acier inoxydable et le béton font leur apparition dans
son travail pour ces œuvres de plein air. Dans sa propriété de Marfa, au Texas, Judd conçoit une
architecture et un mobilier dans le prolongement de ses créations plastiques, appliquant le principe de
fusion des arts.
Parallèlement à son travail artistique, Donald Judd a contribué en tant qu’éditeur à des magazines
comme Arts Magazine et comme critique pour Art News et Art International et a également publié des
écrits sur l’art.
BIBLIOGRAPHIE
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ISBN : 2 850188107
Prix 30 euros
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ISBN : 9 782754 104067
Prix : 45 euros
MIDAL Alexandra, Design, Introduction à l’histoire d’une discipline, Agora, 2010
ISBN : 978 2 266 19032 9
Prix : 9,80 euros
Mobi Boom, L’explosion du Design en France, 1945-1975, Les arts décoratifs, 2010
ISBN : 978 2 916914 21 3
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Qu’est-ce-que le design aujourd’hui ? Beaux-arts/TTM éditions, 2009
Art contemporain
COUTURIER Elisabeth, L'art contemporain, mode d'emploi, Flammarion, 2009
Isbn : 2081225034
MAISON ROUGE de, Isabelle, 10 clefs pour comprendre l’art contemporain, Archibooks, 2007
Isbn : 2915639396
BOSSEUR Jean-Yves, Vocabulaire des arts plastiques du XXème siècle, Minerve, 2008
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LE THOREL-DAVIOT Pascale, Nouveau dictionnaire des artistes contemporains, Larousse, coll.
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PRADEL Jean-Louis, L'art contemporain, Larousse, coll. Comprendre et reconnaître, 2010
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MEREDIEU de, Florence, Arts et nouvelles technologies, Larousse, coll. Comprendre et reconnaître,
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ARDENNE Paul, Art, l'âge contemporain, Une histoire des arts plastiques à la fin du XXe siècle, Du
Regard Eds, Histoire De L'art 1997
Isbn : 2841050122
Mais aussi
La cipac :
http://www.cipac.net/ressources/bibliographies-sur-l-art-contemporain/histoire-de-l-art.html
FILMOGRAPHIE
Design, 1 coffret, 3DVD, 18 films, Arte éditions
Portrait de designers, Arte éditions
RESSOURCES PEDAGOGIQUES
Dossiers pédagogiques du Centre Pompidou, Paris
L’art contemporain dans les collections du musée - Dossiers pédagogiques - Collections
du Musée / Parcours dans les collections
o 1960/1970 : les années pop
o Retour : Piero Gatti, Cesare Paolini, Franco Teodoro, Pouf Sacco, 1968 – 1969.
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Art-contemporain/
A la frontière du design et des arts plastiques – Dossiers pédagogiques/Collections du
Musée/ Un mouvement, une période
Franz West
Tobias Rehberger
Mathieu Mercier
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-ARTS-ET-DESIGN/ENS-arts-etdesign.htm
L’objet dans l’art du 20ème siècle - Dossiers pédagogiques / Collections du Musée/ Parcours
dans les collections
o les ready made
o le pop art
o les nouveaux réalistes
o mise en scène de l’objet et mythologie personnelle
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-objet/ENS-objet.htm
Ron Arad, No discipline - Dossiers pédagogiques / Parcours exposition
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-ronarad/ENS-ronarad.html
Ettore Sottsass et le design italien - Dossiers pédagogiques / Collections du Musée/
Designers contemporains
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-sottsass/ENS-sottsass.html
Le minimalisme période
Dossiers pédagogiques/Collections du Musée/Un mouvement, une
o Donald Judd
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-minimalisme/ens-minimalisme.htm
MAGAZINES / WEBSITES
Art contemporain
http://www.artactuel.com/
http://www.artpress.com/
Design / architecture
FR
http://www.intramuros.fr/
EN
http://www.dezeen.com/
http://www.designboom.com/
INFORMATION
& RÉSERVATION VISITES
CONTACT
Anne-Laure DUSOIR
assistante de médiation culturelle
chargée du service éducatif
[email protected] 03 83 32 98 37
ENSEMBLE POIREL - service éducatif, 3 rue Victor Poirel 54000
NANCY
VISITE DES EXPOSITIONS
Sur inscription préalable en amont, des visites gratuites,
libres ou accompagnées par une médiatrice sont possibles :
1 classe de 30 élèves maximum, séparée en 2 groupes de 15 élèves / 2 accompagnateurs.
Commissariat : Robert Stadler & Alexis Vaillant
Scénographie : Studio Robert Stadler, Paris
réalisée par les ateliers du Centre Technique Municipal, Nancy
Production : Ville de Nancy – Ensemble Poirel / Agence Eva Albarran, Paris
Photographie exposition : Martin Argyroglo
Ce dossier d’accompagnement a été réalisé en collaboration
avec l’équipe des médiatrices de l’exposition :
Cristina ESCOBAR, Loréna JAROSZ & Sophie TOULOUZE.