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Radiométrie et sources non cohérentes par Jean-Louis MEYZONNETTE Ingénieur de l’École Supérieure d’Optique Professeur à l’École Supérieure d’Optique avec la collaboration de Herbert RUNCIMAN pour la rédaction du paragraphe 1.2 E 4 010 - 3 — 3 — 5 — 8 — 9 — 10 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 Rappels de radiométrie .......................................................................... Rappels de radiométrie géométrique ........................................................ Radiométrie des systèmes optiques .......................................................... Spectre de source ou de rayonnement...................................................... Systèmes d’unités ....................................................................................... Exemples typiques de radiométrie de sources ......................................... 2. 2.1 2.2 2.3 Rayonnement thermique........................................................................ Origine .......................................................................................................... Émission du corps noir ............................................................................... Sources thermiques réelles : émissivité spectrale.................................... — — — — 11 11 11 13 3. 3.1 3.2 3.3 3.4 Sources à émission secondaire............................................................ Émissions propre et secondaire des corps................................................ Rappels théoriques sur la réflexion, la transmission et la diffusion ....... Caractérisation expérimentale d’échantillons en réflexion...................... Exemples simples d’évaluation de rayonnements en réflexion.............. — — — — — 17 17 17 18 19 4. 4.1 4.2 4.3 Sources par luminescence .................................................................... Définition ...................................................................................................... Luminescence dans les gaz ........................................................................ Luminescence dans les milieux condensés .............................................. — — — — 20 20 20 21 Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. E 4 010 a performance d’un système optronique dépend des nombreux paramètres et composants qui, de la source à l’utilisateur, constituent ce qu’il est convenu d’appeler la chaîne optronique, et elle traduit en général la capacité du système à recueillir, puis à exploiter au mieux le signal recherché. Pour cela, la conception du système doit s’appuyer sur une bonne connaissance de chacun des élements de la chaîne, et en particulier sur celle du maillon initial, la source optique qui est à l’origine de l’information. Tout rayonnement optique résulte de la transformation en énergie lumineuse d’énergies diverses (thermique, électrique, électronique, mécanique, chimique, nucléaire, voire optique). La propagation de cette énergie lumineuse s’interprète soit (théorie ondulatoire) sous la forme d’ondes électromagnétiques de longueurs d’onde comprises entre quelques centièmes et quelques centaines de micromètres, soit (théorie corpusculaire) par le mouvement de particules, les photons, dont l’énergie individuelle est comprise entre 10 –22 et 10 –17 J. Dans de nombreuses applications, telles que l’observation, l’imagerie, la photographie, l’astronomie, etc., la source optique émet de façon autonome, sans aucune intervention du système optronique (système dit passif ). Dans d’autres, telles que les télécommunications optiques, le système, dit actif, dispose de sa propre source, artificielle, pour créer, modifier ou amplifier le phénomène à exploiter. Dans tous les cas, il est indispensable au concepteur de connaître et/ou de spécifier au mieux les caractéristiques du rayonnement à détecter, car ce sont elles qui conditionnent l’ensemble de la chaîne optronique. E 4 010 9 - 1995 L Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 1 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ On rappelle tout d’abord les lois fondamentales de la radiométrie, puis on présente les principales familles de sources conventionnelles : par incandescence (ou thermiques), puis par luminescence. Les sources lasers sont traitées dans un article spécifique de la rubrique. Symboles et notations Symboles et notations Symbole Unité Désignation Symbole Unité Désignation T ( λ ) = ε ( λ ) sans Le W · m–2 · sr–1 c m · s –1 L′e ( λ ) W · m–2 · sr–1 · µm–1 c1 W · m2 Lp s–1 · m–2 · sr–1 c2 K·m Lv cd · m–2 D op m e Ee C W · m–2 Me Mp Mv W · m–2 s–1 · m–2 lm · m–2 sans Ep s–1 · m–2 d sans Ev lx Facteur d’absorption spectral (ou émissivité) Vitesse de la lumière dans le vide Première constante de la loi de Planck Deuxième constante de la loi de Planck Diamètre de la pupille d’entrée de l’optique Charge de l’électron Éclairement énergétique Éclairement photonique Éclairement visuel (ou lumineux) Constante de Planck Intensité du courant électrique de signal Intensité du courant électrique de bruit Intensité énergétique d’un rayonnement Intensité photonique d’un rayonnement Intensité visuelle (ou lumineuse) d’un rayonnement Constante de Boltzmann Première constante du déplacement (Wien) en système énergétique Deuxième constante du déplacement (Wien) en système énergétique Constante de Stefan-Boltzmann en luminance énergétique Première constante du déplacement en système photonique g sans r (λ ) sr–1 t sans td sans tg sans T u α K eV m–1 ε θ sans rad λ ν µm Hz Luminance énergétique Luminance énergétique spectrique Luminance photonique Luminance visuelle (ou lumineuse) Exitance énergétique Exitance photonique Exitance visuelle (ou lumineuse) Facteur de réflexion (spectrale) Facteur de réflexion diffuse Facteur de réflexion régulière (spéculaire) Facteur de réflexion spectral bidirectionnel ou facteur de luminance spectral Facteur de transmission spectral Facteur de transmission diffuse Facteur de transmission régulière Température Énergie du photon Coefficient d’absorption linéique spectral Émissivité Angle de champ, angle de rapport à la normale d’une surface Longueur d’onde Fréquence σ W · m–2 · K–4 σ Φe Φp Φv cm–1 W s–1 lm h is 6,62 · 10–34 J·s A ib A Ie W · sr–1 Ip s–1 · sr–1 Iv cd k J · K–1 K1 K · µm K2 W · m–2 · sr–1 · µm–1 · K–5 K3 W · m–2 · sr–1 · K–4 K 1′ K · µm K 2′ s–1 · m–2 · sr–1 · µm–1 · K–4 Deuxième constante du déplacement de Wien en système photonique K 3′ s–1 · m–2 · sr–1 · K–3 Constante de Stefan en luminance photonique E 4 010 − 2 Constante de Stefan-Boltzmann (en exitance énergétique) Nombre d’onde Flux énergétique Flux photonique Flux visuel (lumineux) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES 1. Rappels de radiométrie Un rayonnement optique se caractérise essentiellement par : — sa géométrie, c’est-à-dire la répartition spatiale et angulaire de l’énergie rayonnée, aussi bien au niveau de l’émetteur lui-même que dans l’espace où il se propage. Les propriétés correspondantes sont régies par les lois de la radiométrie géométrique ; — son spectre, c’est-à-dire sa répartition énergétique ou photonique en fonction de la longueur d’onde, dont l’analyse est assurée grâce aux techniques de la spectroradiométrie ; — son évolution dans le temps ; — son autonomie vis-à-vis de l’environnement lumineux ; — d’autres paramètres, tels que rendement, consommation, etc. Ce paragraphe rappelle en premier lieu les notions de base les plus couramment utilisées en radiométrie géométrique, en radiométrie de systèmes optiques, puis la notion de spectre. Il décrit ensuite les systèmes d’unités utilisés en spectroradiophotométrie, avec leurs correspondances mutuelles, et enfin quelques méthodes expérimentales classiques en caractérisation de sources et de rayonnement optiques. 1.1 Rappels de radiométrie géométrique 1.1.1 Flux Si la dualité onde/corpuscule d’un rayonnement optique permet d’en interpréter la plupart des propriétés, la radiométrie optique s’appuie en premier lieu sur les lois de l’optique géométrique et sur l’aspect corpusculaire de la lumière. Pour traiter, au moins en première approximation, l’aspect radiométrique d’un rayonnement, on considère donc généralement que ce dernier se propage sous la forme de particules, ou photons, porteurs d’une énergie individuelle, u, reliée à la longueur d’onde λ (mesurée dans le vide) et à la fréquence ν de l’onde associée par : u = h ν = hc / λ h = 6,62 · 10–34 J · s (constante de Planck), c = 3 · 108 m/s (vitesse de la lumière dans le vide). La vitesse de propagation, v, d’un rayonnement dans un milieu d’indice de réfraction n est égale à : avec v = c /n On appelle flux d’une source ou d’un rayonnement à un instant donné, le débit, à cet instant, de la source ou du rayonnement considérés. Si l’on cherche à comptabiliser un débit instantané de photons (c’est-à-dire le nombre de photons par unité de temps ainsi transportés à chaque instant par le rayonnement à caractériser), on parle de flux photonique Φp (exprimé en s–1) ; s’il s’agit de son débit d’énergie par unité de temps, on parle alors de flux énergétique Φe (exprimé en W) ou de puissance optique. Si l’on désire évaluer l’impression visuelle ressentie par un observateur humain face à ce rayonnement, on définit un troisième type de flux, appelé flux visuel ou lumineux, Φv (exprimé en lumens, cf. § 1.4). si d Φ est l’élément de flux émis à l’intérieur de l’angle solide élémentaire d Ω (θ, ϕ ) dans la direction définie par les angles θ et ϕ, l’intensité du rayonnement dans cette direction, I (θ, ϕ ), est donnée par l’expression suivante : I (θ, ϕ ) = d Φ /d Ω (θ, ϕ ) Si l’intensité est définie au niveau de l’émetteur lui-même, ou très près de ce dernier, on parle d’intensité (intrinsèque) de source, I s ; si elle est définie en un point plus ou moins éloigné de la source qui est à l’origine du rayonnement, on parle alors d’intensité apparente de source, ou d’intensité du rayonnement dû à la source au point considéré. On montre que ces deux grandeurs sont identiques dans tout milieu parfait en transmission, tel que le vide, mais elles diffèrent l’une de l’autre dans tout milieu de propagation réel où interviennent des pertes ou des modifications de flux le long du parcours, introduites par des phénomènes tels que l’absorption ou la diffusion. Si l’on parvient à caractériser l’intensité de la source ou de son rayonnement dans chaque direction de l’espace, on définit un vecteur I S ( θ , ϕ ) , dont l’origine demeure fixe, par exemple sur la source elle-même, et dont l’extrémité décrit une surface qui l’enveloppe, appelée indicatrice en intensité de la source, ou diagramme de rayonnement. L’intensité de la plupart des sources étant fonction de la direction d’émission, les indicatrices en intensité présentent en général une forme quelconque (figure 1). Le flux émis par une source dans un angle solide de valeur finie Ω s’obtient en sommant les contributions élémentaires en flux qui se propagent le long des pinceaux contenus dans l’angle solide considéré, soit : ΦΩ = (θ, ϕ) dΩ IS ( θ , ϕ ) d Ω I Ω S et, pour le flux total émis : Φ 4π = 4π Dans le cas de sources très directives, telles que torches, phares ou lasers, l’indicatrice d’intensité présente une forme très allongée le long de la direction principale d’émission et doit être caractérisée avec une précision et un échantillonnage angulaires d’autant plus fins que sa directivité est importante (théorème d’échantillonnage) ; par contre, si la source est omnidirectionnelle et si elle présente peu de fluctuations angulaires, un échantillonnage de l’intensité suivant un maillage angulaire de plusieurs degrés carrés s’avère en général suffisant. Une source dont l’intensité est constante dans toutes les directions de l’espace est dite isotrope. Si I 0 est la valeur de cette intensité, le flux émis par une telle source dans un angle solide de valeur finie Ω est alors : ΦΩ = I 0 Ω et le flux émis par cette source dans tout l’espace, soit 4π sr, est : Φtotal = 4 π I 0 1.1.2 Intensité I La notion de flux ne permet pas en général de caractériser un rayonnement de façon suffisamment précise pour concevoir un système optronique chargé de l’exploiter, car elle ne donne aucune indication sur les caractéristiques spatiales et angulaires de ce rayonnement. L’un des paramètres essentiels d’un rayonnement optique est la façon suivant laquelle il se propage angulairement dans l’espace, et plus particulièrement sa densité par unité d’angle solide, dans chaque direction de l’espace. Cette grandeur radiométrique, dénommée intensité (I ), peut se définir physiquement de la façon suivante : Figure 1 – Intensité de source Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 3 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ Si l’on excepte les étoiles, il existe peu de sources naturelles isotropes. Il est possible d’en créer artificiellement, par exemple en éclairant une sphère polie par une onde plane, telle que celle provenant d’un laser. On montre, à partir des lois de l’optique géométrique, que, si une telle sphère, supposée parfaitement réfléchissante et de rayon R sp , intercepte un faisceau d’ondes planes d’éclairement uniforme E (cf. définition § 1.1.5), le rayonnement par réflexion de cette sphère est isotrope et son intensité égale à : 2 I 0 = R sp E/4 1.1.3 Luminance L Il se présente de nombreux cas, par exemple en imagerie, où le système optronique doit discriminer différentes zones indépendantes à l’intérieur d’un objet ou d’une scène. Dans ces conditions, il ne suffit plus de caractériser le rayonnement de l’objet par ses seules propriétés angulaires, mais il est indispensable de connaître sa répartition spatio-angulaire à l’émission et au cours de la propagation. La grandeur photométrique qui répond à ce besoin est la luminance du rayonnement (L ), définie de la façon suivante. Si l’on isole un petit élément de surface, d’aire dA, autour d’un point de coordonnées (x, y ), pris sur la source ou non, la luminance L(x, y, θ, ϕ ) du rayonnement en cet endroit et dans la direction de l’espace (θ, ϕ ) est le rapport entre l’intensité de ce petit élément de surface et son aire apparente, évaluées toutes deux le long de la direction considérée : dI ( θ , ϕ ) L ( x, y, θ , ϕ ) = dI ( θ , ϕ )/dA app ( x, y ) = ----------------------------------------dA ( x, y ) cos θ où θ est l’angle entre la normale à la surface et la direction d’observation (cos θ est dénommé facteur d’obliquité de la direction par rapport à la surface émissive) et où la surface apparente dA app est la projection de l’aire réelle de l’élément le long de cette direction. Comme dans le cas de l’intensité, on parle de luminance propre de source si les paramètres ci-dessus sont définis au niveau de la source elle-même, ou de luminance apparente de source (ou luminance de rayonnement), s’ils sont définis en un point situé hors de celle-ci. Une surface émissive dont la luminance en chaque point est constante quelle que soit la direction d’émission est dite lambertienne. On peut écrire que, pour une telle surface : L(x,y, θ, ϕ ) = L(x,y ) Si, de plus, la luminance du rayonnement ne dépend ni de la zone ni de la direction d’observation, la source est alors dite lambertienne et uniforme. On peut écrire pour ce type de source : L(x,y, θ, ϕ ) = L Si l’on excepte le corps noir (§ 2.2), il n’existe pratiquement pas de source réelle qui réponde à cette dernière définition, mais il peut être justifié d’utiliser cette approximation, si les fluctuations spatiales et angulaires du rayonnement demeurent faibles. 1.1.4 Étendue géométrique G D’après les résultats précédents, le flux élémentaire transporté par un pinceau de luminance L(x,y, θ, ϕ ), au travers d’un élément de surface d’aire dA (x, y ) et à l’intérieur d’un angle solide élémentaire d Ω (θ, ϕ ), est égal à : d2 Φ (x,y, θ, ϕ ) = L(x,y, θ, ϕ ) dA (x,y ) cos θ dΩ (θ, ϕ ) La quantité d2G = dA (x, y ) cos θ dΩ (θ, ϕ ) est dénommée étendue géométrique (figure 2) du pinceau ainsi défini, d’où la relation : d2 Φ E 4 010 − 4 = Figure 2 – Notion d’étendue géométrique Le flux Φ (A, Ω ) rayonné au travers d’une surface ou d’un diaphragme d’aire finie A et dans un angle solide de valeur finie Ω provient des diverses contributions élémentaires des pinceaux de lumière qui constituent le faisceau global, sur la totalité de la surface et de l’angle solide d’émission, d’où la relation : Φ ( A, Ω ) = A Ω L ( x, y, θ , ϕ ) dA ( x, y ) cos θ d Ω ( θ , ϕ ) Si l’émetteur est lambertien et uniforme, on rappelle que : L(x,y, θ, ϕ ) = L et le flux émis par le faisceau d’étendue géométrique finie G peut s’écrire sous la forme simple suivante : Φ ( A, Ω ) = L A Ω dA ( x, y ) cos θ d Ω ( θ , ϕ ) = L G Dans ce cas, et ce cas seulement, on peut séparer les caractéristiques radiométrique et géométrique d’un rayonnement pour calculer le flux émis dans une étendue géométrique de dimension finie. 1.1.5 Autres quantités radiométriques ■ Exitance L’exitance M d’une surface est la densité de flux émis dans une demi-sphère par unité d’aire de surface. L’exitance d’une source en un point de coordonnées (x, y ) est reliée à sa luminance en ce point par : M ( x, y ) = 2π L ( x, y, θ , ϕ ) cos θ d Ω Si la source est lambertienne, sa luminance est indépendante de la direction d’émission et, par conséquent, la relation précédente se simplifie en : M (x,y ) = π L(x,y ) ■ Quantité de lumière émise par un rayonnement entre deux instants Intégrale de son flux pendant cette durée. ■ Éclairement L’éclairement d’une surface en un point est la densité de flux reçu par unité d’aire en ce point. Si l’aire élémentaire dA R (x, y ) centrée sur le point de coordonnées (x, y) reçoit le flux d Φ R , l’éclairement de la surface en ce point est : E (x, y ) = d Φ R / dA R (x, y) Ld2G Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES Éclairement et exitance d’une surface sont donc des quantités homologues, l’une du côté réception et l’autre du côté émission. Le flux provenant de la zone utile de la source et incident sur la pupille d’entrée de l’optique est : La procédure de calcul ou de mesure d’un éclairement doit s’adapter aux conditions d’éclairage de la surface en question : en effet, cet éclairement peut provenir aussi bien de sources quasi ponctuelles, plus ou moins éloignées (éclairage collimaté ou directionnel ), que de sources étendues (éclairage diffus ou hémisphérique ). Si le rayonnement provient d’une source quasi ponctuelle, on peut calculer l’éclairement d’une surface en tout point de l’espace à partir de l’intensité apparente I app de la source, grâce à la relation suivante, dite loi de Bouguer : cos θ E ( x, y ) = I app -------------d2 Φ i = L G = L A d (d / r )2 S op /d 2 = π L A d /4 N 2 où d est la distance entre le point considéré et la source, et θ l’angle entre la normale locale à la surface et la direction de la source. Si le rayonnement est diffus, il faut alors le caractériser par sa luminance apparente L(x, y, θ, ϕ ) en chaque point de la surface à caractériser, et l’éclairement E (x, y) correspondant est alors donné par : E ( x, y ) = 2π L ( x, y, θ , ϕ ) cos θ d Ω ■ Exposition L’exposition d’une surface en un point entre deux instants t 1 et t 2 est l’intégrale de son éclairement pendant cet intervalle de temps. 1.2 Radiométrie des systèmes optiques Dans tout système optronique, il est important d’évaluer le flux que reçoit le détecteur en provenance de la source. Dans ce paragraphe, on traite de ce type de problème, et l’on décrit quelques configurations permettant de récupérer le maximum de flux, de même que diverses méthodes destinées à uniformiser un éclairement à partir de sources non uniformes. 1.2.1 Éclairement dans un plan image Considérons (figure 3) une source lambertienne étendue, de luminance apparente L uniforme au niveau du capteur, et focalisée par un système optique, d’aire S op , sur un détecteur d’aire A d situé à la distance r de ce dernier (r est la distance focale f si la source est à l’infini). Puisque le détecteur et la source sont conjugués l’un de l’autre, l’aire de la zone utile de la source, c’est-à-dire celle qui illumine réellement le détecteur, est égale à A d (d /r )2, dans le cas le plus courant où les indices extrêmes sont identiques. L’angle solide sous-tendu par la lentille depuis la source est : où N est le nombre d’ouverture du système (N = r / D op ). En absence d’aberrations ou de diffraction, la lentille transmet ce flux avec un facteur de transmission t op au détecteur, qui reçoit donc un flux Φ R , égal à : Φ R = πt op LA d /4 N 2 et l’éclairement du détecteur s’écrit alors : E = Φ R /A d = πt op L/4 N 2 On peut montrer que ce résultat, établi dans l’approximation des petits angles, est encore valable pour des optiques de grande ouverture, pourvu que ces dernières ne présentent pas de coma, leur nombre d’ouverture est défini dans ce cas par : 1 N = ---------------------2 sin α′ avec α’ demi-angle d’ouverture du faisceau dans l’espace image. Le rapport entre l’éclairement du détecteur E et la luminance L de la source devient, dans le cas où le rapport entre indices extrêmes est n : E / L = πt op n 2 sin 2 α′ En immergeant le détecteur dans un milieu d’indice élevé, on peut donc rendre l’éclairement de l’image supérieur à l’exitance de la source. Il faut noter que ce résultat est valable même si la source (supposée uniforme en luminance) n’est pas focalisée sur le détecteur, dans la mesure où elle est suffisamment grande pour que tous les rayons tracés depuis le détecteur l’interceptent. 1.2.2 Transfert de flux par imagerie entre source et détecteur Dans la plupart des systèmes optroniques, on désire capter le maximum de flux en provenance de la source. Pour cela, on dispose soit de capteurs à imagerie, soit de collecteurs de flux. Dans les cas où l’on ne cherche pas à reconstituer la géométrie de la source, les collecteurs de flux sont préférables, car plus simples. Dans le cas où l’on est contraint à utiliser un système à imagerie pour capter le maximum de flux émis par une source diffuse, supposons que celle-ci ait un diamètre D S , que le détecteur, de diamètre D d , soit situé à la distance d de la source, et qu’une lentille simple (ou un groupe de lentilles) soit intercalée entre les deux, avec la condition que le diamètre maximal de la lentille soit D op (figure 4). On trouve alors que le flux capté est maximal lorsque l’image de la source par la lentille couvre entièrement le détecteur, soit : 2 Ω = S op / d 2 = π D op /4d 2 avec 2 DS ( d – 1 ) DS - = ----------------------------D d′ = --------------1 1 D op diamètre de l’optique. avec 1 dD S = --------------------------. ( DS + Dd ) Le flux reçu est le suivant : 2 Φ R = π 2 D op L (D S + D d)2 / 16d 2 Figure 3 – Éclairement dans un plan image où L est la luminance de la source. Par exemple, si la source (supposée lambertienne) a un diamètre de 1 mm, une exitance de 1 W · m–2, et si le détecteur (2 mm de diamètre) est placé à 1 m, le maximum de flux que puisse collecter le détecteur avec une lentille de 15 mm de diamètre est 4 · 10–10 W. Dans beaucoup de montages, on place la source, collimatée, à une certaine distance du capteur, constitué d’une optique collectrice au Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 5 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ foyer de laquelle se trouve le détecteur (figure 5). Soit D S et D d les diamètres respectifs de la source et du détecteur, D collim , D op , f collim et f op les diamètres et focales du collimateur et de la lentille collectrice et d leur distance mutuelle. Il est évident que, si f op > f collim D d /D S , une fraction du rayonnement pénétrant dans la lentille peut passer à côté du détecteur. Par contre, tout rayon qui pénètre dans la lentille de réception est collecté, et la focale de cette lentille ne joue aucun rôle, pourvu qu’elle soit suffisamment petite. Si D S d < f collim (D op – D collim), tout rayon collecté par la lentille de collimation du côté source est détecté mais, puisque la lentille de réception n’est pas remplie, on pourrait réduire cette lentille pour diminuer les coûts sans perdre aucun signal. Pour des sources de dimensions plus importantes, le faisceau est partiellement vigneté, et l’on donne ci-après (§ 1.2.3) les éléments nécessaires à l’évaluation de ces effets. Si D S d > f collim (D collim + D op), les rayons issus du bord de la source passent complètement à côté de la lentille du capteur, et une réduction de la focale du collimateur n’augmenterait en rien le signal. De plus, la lentille du capteur est uniformément éclairée par la source et, dans ce cas, le flux reçu par le détecteur obéit à une formule analytique simple. Si la source a une luminance L, le flux reçu par le détecteur est : Figure 4 – Transfert de flux à l’aide d’une seule lentille Figure 5 – Transfert de flux à l’aide de 2 lentilles Φ R = L S collim S op / d 2 avec S collim et S op respectivement surfaces des lentilles de collimation et de détection, d distance entre les lentilles. Exemple : avec des lentilles de 15 mm de diamètre séparées de 1 m, le résultat précédent [D S d > f collim (D d + D S)] s’applique lorsque D S > 0,03 f collim ou, si le diamètre de la source est de 1 mm comme auparavant, f collim < 33,3 mm. Par le même raisonnement, si le détecteur fait 2 mm de diamètre, si f op < 66,6 mm et si M = 1 W · m–2, on trouve que le flux reçu est de 9,94 · 10–9 W. Ce résultat est à peu près 25 fois meilleur que celui obtenu avec une seule lentille, bien que la distance totale entre source et détecteur soit de très peu supérieure à celle du cas précédent (1,1 m au lieu de 1 m). Puisque le signal ne dépend pas de la mise au point pour des sources et des détecteurs étendus, il s’agit plutôt de trouver la configuration la plus compacte en ce qui concerne les dimensions de source, de détecteur ou de lentilles. De façon assez surprenante, celle-ci ne correspond pas à une focalisation de la source sur le détecteur : considérons la configuration de la figure 6 où la source n’est pas collimatée, mais focalisée sur la pupille d’entrée de la lentille du collimateur. Si les focales sont telles que l’image du détecteur coïncide exactement avec la pupille du collimateur, alors que l’image de la source coïncide avec la pupille de la lentille du capteur, le signal transmis est identique au précédent, mais les critères deviennent maintenant : d D S / x 1 = D op et d D d / x 2 = D collim Par exemple, si l’on reprend les mêmes hypothèses que précédemment (x 1 = 33,3 mm, d = 1 m, diamètre de lentilles = 15 mm), on trouve que, pour une luminance de source donnée, on obtient le même signal avec un diamètre de source de 0,5 mm et une taille de détecteur réduite dans les mêmes proportions. Une autre particularité intéressante de ce montage est le fait que le rayonnement vu par le détecteur au travers de la lentille ne peut pas contenir de lumière parasite, puisqu’il ne peut provenir que de la source, ce qui est particulièrement intéressant lorsque tous les composants se trouvent enfermés dans un tube. Les réflexions provenant, par exemple, des bords du tube sont en général beaucoup moins gênantes. Il faut cependant faire très attention en interprétant ces résultats, car l’optimisation d’un système de détection entraîne une investigation sérieuse de nombreuses variables. E 4 010 − 6 Figure 6 – Transfert de flux avec conjugaison de pupilles 1.2.3 Vignettage Dans la pratique, on doit prendre en compte le phénomène de vignettage. Si un faisceau de rayon r passe par une ouverture de diamètre D > r et si le centre du faisceau peut se déplacer d’une distance x par rapport au centre de l’ouverture, il n’y a pas de vignettage si x < [(D /2) – r ] et il y a 100 % de vignettage lorsque x > [(D /2) + r ]. Pour les valeurs intermédiaires de x, on trouve que la fraction t de faisceau transmise est : t = (1/ π) [arccos A – A (1 – A 2)1/2 – (D/2r )2 arccos (2 r B / D)] avec A = [(D/2)2 – r 2 – x 2]/2 xr et B = [(D/2)2 – r 2 + x 2]/2 xr Le calcul de la transmission exacte de systèmes réels implique généralement une intégration sur la surface du détecteur avec l’utilisation de la formule précédente pour évaluer les effets du vignettage en chacun des points du détecteur. 1.2.4 Concentrateurs de flux On a déjà vu que le transfert optimal d’énergie ne s’obtient pas nécessairement en plaçant le détecteur au foyer de l’optique. En fait, là où il n’est pas nécessaire de résoudre des détails à l’intérieur de la source, on peut optimiser grandement l’efficacité du collecteur en utilisant un système optique qui ne fasse pas une image conventionnelle. Des gains similaires peuvent s’obtenir avec l’optique de la source. Considérons un système destiné à concentrer l’énergie d’une source lointaine, circulaire et uniforme, telle que le soleil, grâce à une optique de pupille circulaire (diamètre D op) sur un détecteur le Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES plus petit possible (diamètre D d). Soit θ la dimension angulaire totale de la source vue depuis le système optique. Si tous les rayons passant dans le diaphragme sont interceptés par le détecteur, on définit le gain en collection de flux qu’apporte l’optique vis-à-vis du détecteur seul par le facteur de concentration, égal au rapport de leurs surfaces respectives, soit : (D op /D d)2. On ne peut pas choisir ce gain au hasard, car sa valeur est limitée au maximum à : • sin–2(θ /2), si le détecteur est dans l’air ; • n 2 sin–2(θ /2), si le détecteur est immergé dans un milieu d’indice n. On aboutit aux mêmes limites si l’on cherche à maximiser le flux reçu d’une source ponctuelle dont la position angulaire par rapport à l’axe optique est connue avec une incertitude de ± θ /2. Ces limitations viennent du fait que les rayons en bord de champ ressortent perpendiculairement à l’axe optique, et tout essai pour augmenter le flux résulte en une perte de rayons (souvent par réflexion dans l’optique). Pour ce type d’applications, on peut utiliser des systèmes aplanétiques, avec des résultats proches de la théorie, mais il est conseillé de passer par des systèmes plus simples, sans imagerie, tels que des concentrateurs. On obtient les meilleurs résultats lorsque tous les rayons traversant la pupille d’entrée et provenant du bord de la source se focalisent sous incidence rasante sur le bord du détecteur, pourvu que tous les rayons issus de points situés à l’intérieur de la source arrivent sur le détecteur. Il est donc impératif d’obtenir une imagerie parfaite pour les points en extrême bord de champ, alors que la qualité de l’imagerie sur l’axe importe peu. Ce principe des rayons de bord est un élément de base dans la conception des concentrateurs de lumière. L’un des concentrateurs les plus connus est le concentrateur parabolique composé (CPC), dans lequel les rayons arrivant sous l’angle extrême θ /2 par rapport à l’axe se focalisent sur le bord de la pupille de sortie. Le CPC exploite le fait que les rayons parallèles à l’axe d’un paraboloïde passent tous par son foyer F (figure 7). Le paraboloïde et les rayons d’entrée subissent tout d’abord une rotation d’angle θ /2 dans le plan de la figure autour du foyer du paraboloïde, et sont ensuite décalés vers le bas d’une distance d/2. Dans le cas bidimensionnel, on place un second réflecteur parabolique symétriquement par rapport au nouvel axe optique, pour donner un concentrateur en forme d’abreuvoir ou d’auge (figure 8). Une autre méthode (figure 9) consiste à faire tourner axialement un segment parabolique autour de l’axe z ’ pour obtenir un concentrateur symétrique. Les paramètres de base de tels systèmes sont les suivants : — facteur de concentration maximal : Cet exemple montre que le flux que l’on peut collecter d’une source est d’autant plus faible que la position de celle-ci est peu précise. On peut remplir l’un ou l’autre type de concentrateur avec un matériau d’indice n pour en améliorer le facteur de concentration d’un facteur n 2. 1.2.5 Obtention d’éclairements uniformes Il arrive souvent que l’on ait à fournir des éclairements uniformes à partir de sources très irrégulières et, si la source n’est pas lambertienne ou si elle ne remplit pas le champ, l’éclairement du détecteur n’est pas constant. ■ Sphères intégrantes Une sphère creuse, recouverte à l’intérieur d’une peinture très mate, munie de baffles, fournit un rayonnement lambertien presque parfaitement uniforme, même à partir d’une source directive et non uniforme. Si la peinture est très réfléchissante, il y a peu de pertes dans le rayonnement de la source, et la sphère intégrante constitue l’une des meilleures techniques pour obtenir un éclairement uniforme, quoiqu’un peu encombrante, si l’on désire une émission dans un demi-espace. Sop /S d = (Dop /D d)2 = sin–2 (θ /2) — focale de la parabole : f = (1/ 2) Dd [1 + sin(θ /2)] — longueur du dispositif : Figure 7 – Concentrateur parabolique composé (CPC) = ( D op + D d )2 tan ( θ 2 ) Exemple : on désire utiliser un détecteur de diamètre D d = 2 mm pour détecter au mieux l’énergie d’une source ponctuelle située à 1 km, d’intensité I = 1 W · sr–1, et se trouvant quelque part à l’intérieur d’un cône de demi-angle égal à 20o par rapport à l’axe optique. Si le détecteur est dans l’air, les résultats précédents conduisent à : — facteur de concentration maximal = 8,55 → D op = 5,84 mm ; — focale du miroir parabolique = 1,34 mm ; — équation de la parabole initiale : y 2 = 5,36 z. Le concentrateur est engendré par la rotation de cette parabole d’un angle de 20o dans le plan du papier autour du foyer (y = 0, z = 1,34), puis par un décalage vers le bas de 1 mm et enfin par une rotation de 360o autour de l’axe z : — encombrement = 10,78 mm ; — flux collecté = (π /4) (2,92 · 10–3)2 / (103)2 = 6,7 · 10–12 W. Figure 8 – CPC en forme d’auge Figure 9 – CPC à symétrie axiale Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 7 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ ■ Fibres optiques et tubes intégrateurs en réflexion Si l’on recherche une émission de bonne uniformité spatiale, mais si l’uniformité angulaire n’est pas particulièrement importante, on peut utiliser une fibre optique ou un tube à parois réfléchissantes pour brouiller le rayonnement en provenance d’une source non uniforme. Un tube cylindrique donne généralement des résultats décevants, parce que (figure 10) les rayons de biais sont piégés dans les parties extérieures de la fibre par les lois de la réflexion : la répartition en sortie n’est pas aléatoire, mais présente (si le tube est assez long) une symétrie radiale. Si le tube a une section carrée ou rectangulaire, cependant, les rayons provenant de n’importe quel point de la source peuvent ressortir de n’importe quel point de la pupille de sortie, et l’uniformité est bien meilleure (figure 11). Dans les deux cas, l’angle d’un rayon avec l’axe optique est constant, de sorte que l’émission, bien que symétrique par rapport à l’axe, n’est pas uniforme en fonction de la direction d’observation. Des verres dépolis à chaque extrémité du tunnel conduisent à une excellente uniformité, mais alors, le rendement n’est pas meilleur qu’avec une sphère intégrante. Figure 10 – Intégrateur à section cylindrique ■ Éclairement dans les systèmes de projection Une lampe à filament de tungstène fournit un éclairement dont l’uniformité est bonne angulairement, mais faible spatialement. Dans les systèmes de projection, les pertes associées aux intégrateurs ou aux diffuseurs ne sont généralement pas tolérables. On peut alors utiliser la technique de la figure 12, dans laquelle le condenseur projette, au travers de la diapositive, une image de la source sur la pupille d’entrée de l’optique de projection. Puisque les défauts d’éclairement de la pupille n’ont aucun effet sur l’uniformité de l’image, celle-ci ne dépend que de l’uniformité angulaire de la source. ■ Baisse d’éclairement dans le champ Supposons que la pupille de sortie d’un système optique, circulaire et de surface S′op , soit située à la distance d du plan focal, et que le rayon principal fasse un angle θ avec l’axe en bord de champ (figure 13). L’aire apparente de la pupille de sortie dans cette direction est S ′op cos θ et sa distance au plan focal est d /cos θ, de sorte que l’angle solide sous lequel elle est vue depuis le point d’impact du rayon principal dans le plan focal est S′op cos3 θ /d 2. L’aire apparente, normale au rayon principal, d’un élément d’aire unitaire du plan focal est cos θ, de sorte que l’éclairement en bord de champ E (θ ) est, par rapport à sa valeur E 0 sur l’axe : Figure 11 – Intégrateur à section carrée Figure 12 – Système de projection E (θ ) = E 0 cos4 θ Une solution à ce problème est de s’assurer que la pupille de sortie est télécentrique et de taille constante. Si la pupille n’est pas télécentrique, il faut alors que sa taille augmente en bord de champ. Puisque la coma représente une variation du grandissement en fonction de l’angle de champ, une solution consiste à introduire de la coma sur la pupille de sortie, ce qui est couramment fait dans les objectifs grand angle. 1.3 Spectre de source ou de rayonnement Figure 13 – Baisse d’éclairement en fonction du champ Le spectre d’une source ou d’un rayonnement est la loi de répartition de l’énergie ou du nombre de photons émis en fonction de la longueur d’onde (ou de tout autre paramètre, dit spectral, tel que fréquence, nombre d’onde, etc.). Si toute l’énergie se trouve émise à une longueur d’onde unique (ou sur un domaine très étroit de longueurs d’onde), la source est dite monochromatique (ou quasi monochromatique) ; si l’énergie se répartit sur un ensemble discontinu de longueurs d’onde (ou de domaines étroits en longueurs d’onde), il s’agit d’un spectre de raies, ou spectre discret ; enfin, si l’émission couvre un domaine plus ou moins étendu en longueurs d’onde, son spectre est dit continu. E 4 010 − 8 Un spectre se traduit au moyen de grandeurs dites spectriques (ou spectrales ) : de même que la masse volumique d’un corps est par définition sa masse par unité de volume, une grandeur spectrique est la valeur de la grandeur radiométrique correspondante (telle que flux, luminance, intensité, éclairement...) par unité du paramètre choisi (soit le micromètre pour les longueurs d’onde λ, le hertz pour les fréquences ν, le centimètre–1 pour les nombres d’onde σ, etc.). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES Par exemple, si une source émet, à la longueur d’onde λ (ou à la fréquence ν ou au nombre d’onde σ ), la quantité élémentaire de flux énergétique d Φ (λ ) [ou dΦ (ν ) ou dΦ (σ )] dans l’intervalle spectral d λ (ou d ν ou dσ ), son flux spectrique s’exprime, entre autres, par des fonctions telles que : Il en est de même pour les notations de luminances, intensités, éclairements spectriques, etc. Dans la suite de l’article, et pour la commodité d’écriture et de lecture, les grandeurs correspondant aux flux, luminances, intensités, éclairements, etc. spectriques seront notées Φ’(λ ), L’(λ ), I ’(λ ), E ’(λ ), etc. Par contre, pour définir une valeur de flux, de luminance, d’intensité ou d’éclairement à une longueur d’onde donnée (par exemple, un flux laser de 1 W à 1,06 µm), on utilisera les notations Φ (λ ), L (λ ), I (λ ), E (λ ), etc. Les spectres de sources ou de rayonnements se mesurent au moyen d’instruments, tels que spectroradiomètres, spectrophotomètres ou spectroluminancemètres, qui analysent le flux, l’intensité, la luminance, etc. dans une bande spectrale étroite, en effectuant un balayage sur l’ensemble du domaine spectral d’intérêt. Pour calculer un flux, une luminance, une intensité ou un éclairement sur un domaine spectral compris entre deux longueurs d’onde λ 1 et λ 2 , on somme les contributions énergétiques spectriques sur ce domaine, soit : λ2 λ1 Φ′(λ)dλ = ν2 ν1 Φ′(ν)dν = σ2 σ1 Φ′(σ) dσ Le flux total correspond à l’intégrale sur l’ensemble du spectre électromagnétique : Φ ∞ Φ total = 0 Unités Quantité dΦ(σ) dΦ(λ) dΦ(ν) ------------------ , ------------------ ou -----------------dν dσ dλ Φ λ1 , λ2 = Tableau 1 – Principales unités radiométriques du Système International ′(λ) dλ 1.4 Systèmes d’unités En fonction de l’application, les caractéristiques radiophotométriques des rayonnements optiques s’expriment dans l’un ou l’autre des trois systèmes d’unités ci-après : — le système énergétique, qui caractérise un rayonnement par son énergie, et dont l’unité de base est le joule ; — le système photonique, qui caractérise un rayonnement par le nombre de photons émis ; — le système lumineux ou visuel, qui exprime l’impression visuelle d’un observateur standard , ou observateur de la CIE (Commission Internationale de l’Éclairage), face au rayonnement considéré. Par la suite, on désignera toute grandeur radiophotométrique, telle que flux, intensité, luminance, éclairement, etc. par le terme approprié de grandeur énergétique, photonique, visuelle ou par celui de la grandeur spectrique correspondante en fonction du phénomène physique mis en jeu. Le symbole représentatif sera affecté de l’indice e, p ou v suivant les cas. Système énergétique Système photonique Système lumineux Flux W nombre de photons/seconde lm Intensité W · sr–1 Luminance m–2 W· · sr –1 s–1 · sr –1 s–1 W · m–2 Éclairement · m–2 · sr –1 cd cd · m–2 s–1 · m–2 lx 1.4.2 Passage d’un système à un autre Les lois de la radiométrie géométrique étant identiques dans les trois systèmes, le passage d’un système à un autre repose uniquement sur les propriétés spectrales de l’émission considérée. ■ Cas d’un spectre monochromatique L’énergie transportée par les photons d’un rayonnement monochromatique (de longueur d’onde λ ou de fréquence ν ) étant identique, la correspondance entre les grandeurs photoniques et énergétiques caractéristiques du rayonnement est la suivante : Le ( λ ) Ie ( λ ) Φe ( λ ) ---------------- = --------------- = … = u = h ν = hc λ = ------------Φp ( λ ) Lp ( λ ) Ip ( λ ) La correspondance entre quantités énergétiques et quantités lumineuses d’un rayonnement monochromatique est définie par la CIE de la façon suivante : si l’observation se produit dans des conditions d’éclairement lumineux confortable (vision dite de jour ou photopique ), les quantités lumineuses ou visuelles d’un rayonnement sont reliées aux quantités énergétiques correspondantes par : Φv ( λ ) Lv ( λ ) Iv ( λ ) –1 ---------------- = -------------- = ------------- = … = K max V ( λ ) = 683V ( λ ) ( en lm · W ) Φe ( λ ) Le ( λ ) Ie ( λ ) où K max (= 683 lm · W –1) représente la fonction de transfert entre unités énergétiques et lumineuses (en rayonnement monochromatique) au maximum de sensibilité relative de l’œil, c’est-à-dire à λmax = 555 nm, et V ( λ ) la valeur de la sensibilité relative de l’observateur standard de la CIE à la longueur d’onde du rayonnement (figure 14). (On se reportera utilement à l’article Radiométrie. Photométrie [R 6 410] du traité Mesures et Contrôle, pour plus de détails sur les conversions entre systèmes d’unités). ■ Cas d’un rayonnement à spectre continu Dans le cas d’un rayonnement à spectre continu, on peut déduire simplement les paramètres photoniques et lumineux à partir des paramètres énergétiques spectriques correspondants. Par exemple, la luminance photonique spectrique d’un rayonnement de longueur d’onde λ sera liée à sa luminance énergétique spectrique par : Φ e′ ( λ ) ------------------ = u = hc λ Φ p′ ( λ ) 1.4.1 Unités Le tableau 1 résume les principales unités utilisées dans chacun des systèmes (unités du Système International). (0) De plus, on mentionnera deux unités anglo-saxonnes très courantes qui concernent le système visuel : — le footcandle (ft · c), éclairement d’une surface située à 1 pied d’une source dont l’intensité est 1 cd. Cette unité d’éclairement vaut 10,76 lx ; — le footlambet (ft · L), luminance visuelle d’un diffuseur parfait dont l’éclairement est de 1 ft · c soit 10,76/π = 3,42 cd · m–2. Dans ces conditions, le calcul d’un flux photonique sur un domaine de longueurs d’onde (λ1 , λ2) s’obtient en sommant les contributions dues aux différents domaines spectraux élémentaires qui le composent, soit : Φp = λ2 λ1 Φ p′ ( λ ) d λ = λ2 λ1 λ -------- Φe′ ( λ ) d λ hc Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 9 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ De même, le flux lumineux d’un rayonnement à spectre étendu se calcule en décomposant le domaine spectral d’émission en intervalles élémentaires, dont on somme les contributions respectives sur l’ensemble du domaine de sensibilité de l’œil humain, c’est-à-dire de 380 à 780 nm environ, soit : Φv = 780 380 K max V ( λ ) d Φ e ( λ ) = K max 780 380 V ( λ ) Φe′ ( λ ) d λ Remarque : pour des observations visuelles effectuées dans de faibles conditions d’éclairement ambiant (vision dite de nuit ou scotopique ), la sensibilité spectrale de l’œil humain se trouve décalée vers les basses longueurs d’onde (effet Purkinje). Le maximum de la courbe de sensibilité relative correspondante, V ’(λ ), se situe à la longueur d’onde λ max ′ = 510 nm , pour laquelle l’efficacité lumineuse d’un rayonnement monochromatique est alors de = 1 725 lm · W K max ′ –1 . Par définition, un rayonnement sera d’autant plus efficace visuellement que ses propriétés lumineuses (flux, intensité, luminance, etc.) sont élevées. Le concepteur de systèmes à visualisation devra donc s’attacher à optimiser les rendements lumineux η v (ou efficacité visuelle) et électrique η el de la source utilisée, définis par les rapports entre le flux lumineux Φ v et respectivement le flux énergétique Φ e et la consommation électrique P el de cette source : Figure 14 – Courbes de sensibilité relative de l’œil en visions photopique V ( ) et scotopique V ’( ) η v = Φv / Φe et η el = Φv /Pel Les rendements lumineux de nombreuses sources pour l’éclairage et la visualisation sont compris entre 20 et 100 lm · W –1. Celui du soleil est de l’ordre de 90 lm · W –1. 1.5 Exemples typiques de radiométrie de sources On décrit ici quelques exemples typiques de caractérisation radiométrique de sources, concernant d’une part une mesure de propriétés géométriques et, d’autre part, une mesure d’émission globale. 1.5.1 Mesure d’indicatrice en intensité (ou diagramme de rayonnement) La mesure de l’indicatrice en intensité d’une source s’effectue le plus souvent grâce à des montages dits goniophotométriques (figure 15) dans lesquels la source est placée sur support tournant (rotation en ϕ ). Le détecteur de rayonnement est monté sur un bras, tournant lui aussi (rotation en θ ) mais autour d’un axe perpendiculaire à celui de rotation de la source. L’ensemble de ces deux rotations permet d’effectuer une analyse du diagramme d’émission angulaire de la source, située à l’intersection des deux axes de rotation. La réponse du détecteur (étalonné en intensité sur une source de référence), échantillonnée au cours du balayage dans un certain nombre de directions, conduit à la valeur de l’intensité de la source le long de ces directions et donc à la détermination de son indicatrice. Cette mesure d’indicatrice peut s’effectuer sur un domaine spectral très étendu, au moyen d’un détecteur large bande, ou sur un domaine particulier grâce à un détecteur adapté à l’application envisagée. Pour obtenir la résolution angulaire recherchée, il faut prendre la précaution élémentaire de vérifier que la source est bien vue par le détecteur sous un diamètre angulaire inférieur ou au plus égal à cette résolution, et il doit en être de même pour la valeur du diamètre angulaire sous lequel le détecteur lui-même est vu depuis chaque point de la source. E 4 010 − 10 Figure 15 – Goniophotomètre (mesure d’intensité de source) Par conséquent, lorsque la source à caractériser est de grandes dimensions, la distance entre source et détecteur (et donc la longueur du bras supportant le détecteur) peut être importante, ce qui conduit alors à des montages de très grandes dimensions. C’est le cas, par exemple, des installations mises en œuvre par les laboratoires de métrologie pour la caractérisation en intensité de tubes fluorescents dont la longueur (de l’ordre de 1 m) impose la constitution de bras d’une vingtaine de mètres environ. De même, cette précaution est à respecter si l’on désire mesurer expérimentalement le diagramme d’intensité en réflexion de cibles éclairées, par exemple, par des faisceaux lasers. Les dimensions de l’installation de mesure doivent être compatibles avec celles de la cible à caractériser et la résolution angulaire recherchée. Cela peut conduire à des distances de plusieurs centaines de mètres, voire de plusieurs kilomètres, pour caractériser finement les propriétés angulaires en réflexion de cibles telles que avions, hélicoptères, etc. 1.5.2 Mesure du flux total émis par une source (dans 4 sr ) L’évaluation du flux Φtotal émis dans tout l’espace et dans tout ou partie du spectre par une source peut se déduire des mesures précédentes en intensité en intégrant les résultats sur toutes les directions d’émission puisque : Φ total = 4π I (θ, ϕ) dΩ Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES Figure 16 – Sphère intégrante : mesure de flux par mesure d’éclairement (a) et de luminance (b) Cependant, cette procédure est longue et délicate, car elle entraîne un grand nombre de points de mesure angulaires. Dans les applications où l’on cherche seulement à connaître le flux total émis par la source, et plus particulièrement si le domaine spectral d’intérêt est réduit (le visible par exemple), on préfère de beaucoup une autre méthode, dite de la sphère intégrante (figure 16), déjà évoquée pour l’obtention d’éclairements uniformes (§ 1.2.5). Dans le cas de la mesure d’un flux global, la source à caractériser est placée à l’intérieur de la sphère intégrante ; on montre que, sur les zones de la paroi non éclairées directement par la source, l’éclairement dû aux réflexions multiples est égal à : Φ total E = ---------------------------------------2 4 π R sp 1 – R sp et étant respectivement le rayon et le facteur de réflexion de la sphère. La luminance en réflexion de cette paroi interne, qui peut se mesurer au travers d’un orifice de la sphère, est alors donnée par la relation : 2 Φ total L = -----------------------------------------2 2 4 π R sp 1 – Il suffit alors d’une seule mesure (d’éclairement ou de luminance) pour obtenir la valeur du flux émis par la source dans 4π sr, ce qui se révèle beaucoup plus rapide que la prise d’un nombre important de mesures angulaires par la méthode goniométrique. 2. Rayonnement thermique Si une surface plane à la température T est éclairée par un faisceau collimaté monochromatique issu d’une direction caractérisée par les angles θ i et ϕ i , on définit alors son comportement vis-à-vis de ce rayonnement par : — son facteur d’absorption spectral directionnel T ( λ , θ i , ϕ i ) , c’est-à-dire la fraction de flux incident absorbée par l’objet lorsqu’il est éclairé sous cette direction par un faisceau monochromatique à la longueur d’onde λ ; — son facteur de réflexion spectral directionnel T ( λ , θ i , ϕ i ) , c’est-à-dire la fraction de flux réfléchie dans tout le demi-espace initial dans ces conditions d’éclairement ; — son facteur de transmission spectral directionnel T ( λ , θ i , ϕ i ) , c’est-à-dire la fraction de flux transmise dans le demi-espace situé en arrière, pour les mêmes conditions d’éclairement. La loi de conservation de l’énergie, appliquée au faisceau monochromatique incident sur l’objet, permet d’écrire que, pour un angle d’incidence, une longueur d’onde et une polarisation donnés, la somme des flux absorbé, réfléchi et transmis est égale au flux incident, ce qui se traduit par : T ( λ , θ i , ϕ i ) + T ( λ , θ i , ϕ i ) + T ( λ , θ i , ϕ i ) = 1 Pour se maintenir en équilibre thermique avec l’environnement, ce corps doit réémettre intégralement le flux qu’il absorbe, et c’est cette émission qui constitue le rayonnement propre, ou thermique. 2.2 Émission du corps noir 2.2.1 Définition Par définition, un corps noir est un matériau idéal qui absorbe totalement, dans son volume ou en surface, tout rayonnement incident, quelles qu’en soient la longueur d’onde, la direction d’incidence et la polarisation, d’où : cn, T ( λ , θ i , ϕ i ) = 1 D’après la loi de conservation de l’énergie, un tel corps possède donc des facteurs de réflexion et de transmission nuls, et, s’il est à température ambiante, il apparaît parfaitement noir à un observateur, d’où son nom. Si plusieurs corps sont placés en équilibre thermique dans une même enceinte, leur température est identique et, si l’un d’eux est un corps noir, c’est lui qui émet le plus pour se maintenir à cette température, puisque c’est lui qui absorbe le plus le rayonnement ambiant. Pour cette raison, le corps noir est aussi dénommé le radiateur thermique parfait. 2.2.2 Lois du rayonnement du corps noir 2.2.2.1 Loi de Planck et ses dérivées en unités énergétiques 2.1 Origine Suivant les lois de la thermodynamique, tout corps placé dans une enceinte isotherme à une température T non nulle échange un rayonnement avec cette dernière, pour atteindre, à terme, cette température. Vis-à-vis des rayonnements provenant de son environnement, le corps présente, en surface ou dans son volume, divers types de comportements, tels qu’absorption, réflexion, transmission, diffusion, que l’on peut définir de la façon suivante : — d’une part, l’absorption est la faculté des atomes et molécules du matériau à piéger une fraction des photons incidents, dont ils transforment en chaleur l’énergie correspondante ; — d’autre part, réflexion, transmission et diffusion constituent des processus d’interaction entre la lumière et la matière qui renvoient chacun une fraction du flux incident vers l’enceinte avec une géométrie qui leur est propre. Le rayonnement du corps noir répond à des lois, établies au début de ce siècle à partir de considérations en thermodynamique classique (statistique de Boltzmann) et en mécanique quantique (quantification des niveaux d’énergie d’un oscillateur par Planck). La loi fondamentale du rayonnement du corps noir, ou loi de Planck, montre qu’un corps noir émet de façon continue sur tout le spectre électromagnétique et que sa luminance spectrique énergétique est donnée par l’expression suivante : 2 –5 2hc λ –2 –1 –1 L′e, cn, T ( λ ) = ------------------------------------------------- ( en W · m · sr · µ m ) exp ( hc λ kT ) – 1 si la longueur d’onde est exprimée en micromètres (figure 17). Deux autres lois, dérivées de la loi de Planck, sont à connaître : la loi du déplacement de Wien et la loi de Stefan-Boltzmann. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 11 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ D’une part, d’après la loi de Planck, l’émission du corps noir est nulle aux très petites et très grandes longueurs d’onde, et elle passe par un maximum pour une valeur λ m de la longueur d’onde qui dépend de la température de la source. Les coordonnées de ce maximum sont données par la loi dite du déplacement de Wien : λ m = K 1 T et L′e, cn, T ( λ m ) = K 2 T avec 2.2.2.3 Propriétés visuelles du corps noir La luminance visuelle d’un corps noir se calcule d’après la formulation du paragraphe 1.4.2, c’est-à-dire : K 2 = 4 · 10–12 W · m–2 · sr–1 · µm–1 · K–5 Ainsi, un corps noir à une température proche de la température ambiante) (T = 290 K) présente un maximum d’émission énergétique spectrique au voisinage de λ m = 10 µm, alors que le soleil, qui se comporte comme un corps noir à 6 000 K, émet l’essentiel de son flux dans le visible, de part et d’autre de λ m = 0,5 µm. ∞ L′e, cn, T d λ = L e, cn, T = K 3 T = Km 380 V ( λ ) L e, ′ cn, T ( λ ) d λ Le rendement lumineux (ou efficacité visuelle) d’un corps noir s’obtient en rapportant sa luminance visuelle calculée précédemment à sa luminance énergétique globale (donnée par la loi de Stefan) : L v, cn, T L v, cn, T –1 - ( en lm · W ) η v = --------------------- = -------------------4 L e, cn, T K T D’autre part, si l’on intègre la loi de Planck sur l’ensemble du spectre électromagnétique, on obtient l’émission totale d’un corps noir pour une température donnée. La loi de Stefan-Boltzmann montre que cette émission est proportionnelle à la quatrième puissance de la température : 0 cn, T où V (λ ) est la courbe de visibilité relative de l’observateur standard de la CIE, K m le facteur de transfert absolu entre systèmes d’unités énergétiques et lumineuses. K 1 = 2 898 K · µm, 780 L v, 5 3 Le graphe de la figure 18 représente le rendement visuel du corps noir en fonction de sa température. 4 avec K 3 = 1,8 · 10–8 W · m–2 · sr–1 · K –4 Cette loi est très souvent citée dans la littérature sous la forme suivante, qui exprime l’exitance énergétique globale du corps noir en fonction de sa température : M e, cn, T = π L e, cn, T = σ T avec σ 4 constante de Stefan (= 5,67 · 10–8 W · m–2 · K – 4) 2.2.2.2 Lois du corps noir en unités photoniques La plupart des détecteurs utilisés dans les systèmes optroniques sont quantiques ou photoniques et répondent non pas à l’énergie ou à la puissance du rayonnement incident, mais au nombre ou au débit de photons dans leur domaine spectral de fonctionnement. De plus, les caractéristiques en bruit de tels détecteurs sont souvent dictées par les fluctuations du flux de photons provenant de leur environnement, en particulier dans l’infrarouge (cas des détecteurs dits BLIP Background Limited Infrared Photodetectors ). Pour ce type d’application, on exprime les lois du corps noir plutôt en unités photoniques qu’énergétiques (tableau 2 comparatif). Figure 17 – Luminance spectrique énergétique du corps noir (0) Tableau 2 – Lois du corps noir (en fonction de ) Grandeur Luminance spectrique (loi de Planck) Coordonnées du maximum d’émission (loi du déplacement de Wien) Système énergétique Système photonique 2 2hc L′e, cn, T ( λ ) = ----------------------------------------------------------5 λ [ exp ( hc λ kT ) – 1 ] λ m T = K 1 = 2 898 K · µm L′e, cn, T ( λ m ) = K 2 T λm ′ T = K 1′ = 3 670 K · µ m L p, ′ cn, T ( λ m ′ ) = K 2′ T 5 K 2 = 4 · 10–12 W · m–2 · sr–1 · µm–1 · K–5 L e, cn, T = K 3 T 4 Luminance totale (loi de Stefan) E 4 010 − 12 K 3 = 1,8 · 10–8 ·W· m–2 · 2c L′p, cn, T ( λ ) = ----------------------------------------------------------4 λ [ exp ( hc λ kT ) – 1 ] 10 – 1 K 2′ = 6,68 · 10 s ·m –2 · sr L p, cn, T = K ′3 T sr–1 · K–4 14 – 1 K ′3 = 4,84 · 10 s 4 –1 · µm –1 ·K 3 ·m –2 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique · sr –1 ·K –3 –4 ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES 2.3 Sources thermiques réelles : émissivité spectrale 2.3.2 Propriétés générales 2.3.1 Définition Un corps noir est un matériau idéal dans la mesure où il absorbe parfaitement tout rayonnement incident, quels qu’en soient la longueur d’onde et l’angle d’incidence. Dans la pratique, un matériau réel se comporte différemment, car sa capacité d’absorption vis-à-vis d’un rayonnement optique (imposée par des paramètres tels que structure chimique, état de surface, présence de revêtement, etc.) est en général sélective en fonction de la longueur d’onde et de la direction d’incidence de ce dernier. Si un corps réel X à la température T se trouve en équilibre thermique avec son environnement, les lois de la thermodynamique montrent que, à chaque longueur d’onde et pour toute direction de l’espace, il y a compensation exacte entre le flux énergétique émis par ce corps vers l’enceinte et celui qui, en provenance de cette dernière, est absorbé par lui. Il en résulte que, à une température T, la luminance spectrique énergétique d’un corps réel X dans une direction quelconque est proportionnelle à son facteur d’absorption spectral directionnel dans cette même direction, X , T ( λ , θ i , ϕ i ), et à la luminance spectrique du corps noir de même température (loi de Kirchhoff) : L′e, X, T ( λ , θ i , ϕ i ) = X, T ( λ , θ i , ϕ i ) · L ′e, cn, T D’après la loi de Kirchhoff, l’émissivité spectrale directionnelle d’un corps (opaque) peut s’obtenir expérimentalement de deux façons : — soit en mesurant le rapport entre la luminance spectrique du matériau et celle du corps noir de même température ; — soit en mesurant le facteur de réflexion spectral directionnel X, T ( λ , θ i , ϕ i ) de l’échantillon pour l’incidence désirée et en calculant l’émissivité spectrale directionnelle du corps dans cette direction par la relation suivante (valable seulement si le corps est opaque) : ε X, T ( λ , θ i , ϕ i ) = 1 – X, T ( λ , θ i , ϕ i ) Les courbes des figures 19 et 20 montrent divers exemples d’émissivités spectrales pour des directions proches de la normale à la surface du matériau. Voici quelques remarques générales sur l’émissivité spectrale : ■ L’émissivité spectrale directionnelle d’un matériau ou d’une surface varie assez lentement en fonction de la longueur d’onde dans le cas des solides, mais beaucoup plus rapidement pour les liquides et les gaz. (λ) Comme, par ailleurs, le rapport entre la luminance spectrique d’un corps dans une direction donnée de l’espace et celle du corps noir à la même température est dénommé émissivité spectrale directionnelle ε X, T ( λ , θ i , ϕ i ) , ou facteur d’émission spectral directionnel, la loi de Kirchhoff implique que le facteur d’émission et le facteur d’absorption spectraux directionnels d’un matériau (à une température donnée) soient identiques : ε X, T ( λ , θ i , ϕ i ) = X, T ( λ , θ i , ϕ i ) Figure 19 – Émissivité spectrale () de quelques diélectriques Figure 20 – Émissivité spectrale () de quelques conducteurs Figure 18 – Rendement visuel du corps noir en fonction de sa température Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 13 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ ■ L’émissivité spectrale d’un matériau est souvent très différente d’un domaine spectral à un autre, ce qui explique, par exemple, les variations importantes entre températures d’équilibre atteintes par des matériaux lorsqu’ils sont soumis à l’éclairage direct du soleil : les matériaux dont le facteur d’absorption est très élevé dans le visible et le très proche infrarouge, mais faible dans l’infrarouge moyen ou lointain, atteignent des températures assez élevées. Ceux qui présentent les caractéristiques opposées demeurent assez froids même en plein soleil : si l’on considère le cas de la neige, son coefficient d’absorption/émission est très faible dans le visible (où son facteur de réflexion est évidemment très élevé), mais assez important dans l’infrarouge, ce qui explique que la neige demeure à température basse au soleil, alors qu’une tôle noircie ou un rocher, placés dans les mêmes conditions, peuvent s’échauffer fortement. ■ La température apparente d’une source thermique, pour un système optronique donné, est la température du corps noir qui, placé dans la pupille d’entrée du système, produirait le même signal que la source, supposée d’étendue infinie. Si l’émissivité spectrale de cette dernière n’est pas uniforme, la valeur de température apparente obtenue dépend de la bande spectrale de mesure. ■ L’émissivité d’un métal est en général faible, mais dépend fortement de l’état de surface ou de l’oxydation superficielle (figure 21, cas du cuivre). 2.3.3 Exemples de sources thermiques ■ Si la direction d’émission n’est pas trop loin de la normale (par exemple pour des angles entre direction d’émission et normale inférieurs à environ 40o pour les métaux et 60o pour les diélectriques), le facteur d’émissivité varie généralement assez peu. Par contre, il décroît toujours lorsque la direction d’émission s’éloigne de la normale et qu’elle tend vers l’incidence rasante, car, d’après les relations de Fresnel, le facteur de réflexion croît dans ces conditions. Ainsi, l’eau apparaît-elle comme un excellent corps noir dans l’infrarouge moyen (autour de λ = 10 µm) lorsqu’elle est observée sous une direction quasi normale à sa surface, mais elle devient de moins en moins émissive et se comporte comme un miroir de plus en plus réfléchissant lorsque l’angle d’observation augmente (figure 22). ■ La température de couleur d’une source thermique, dans une bande spectrale donnée, est la température du corps noir qui, dans la même bande, présente une répartition spectrale relative proche de celle de la source considérée. Elle dépend de la température vraie de la source et de la loi de variation de son facteur d’émissivité dans le domaine spectral d’intérêt.‘ Parmi les sources les plus représentatives du rayonnement thermique, on citera les corps noirs de laboratoire (sources de référence), les lampes à incandescence (à filament de tungstène), les étoiles et la plupart des scènes naturelles dans l’infrarouge (en particulier au delà de 3 µm). 2.3.3.1 Corps noirs de laboratoire Ces sources sont utilisées comme références, particulièrement dans l’infrarouge, où elles interviennent dans l’étalonnage de systèmes et présentent une émissivité spectrale aussi uniforme que possible, au moins dans les domaines infrarouges traditionnels (3 à 5 µm et 8 à 12 µm). Leur température, connue avec une bonne précision (typiquement 0,1 à 0,01 oC), est stable dans le temps, reproductible et uniforme. Divers états de surface et formes géométriques (cavités) sont mis en œuvre par les fabricants pour optimiser leur facteur d’absorption et, par conséquent, leur émissivité, grâce aux réflexions multiples et au piégeage de la lumière. On peut distinguer trois grandes familles de corps noirs industriels. ■ La première, de dimensions généralement modestes (jusqu’à quelques cm 2 ), simule des sources thermiques à températures élevées (jusqu’à 3 000 oC) ; la source est souvent constituée d’une cavité, conique ou cylindrique, en acier oxydé ou en céramique réfractaire, chauffée par une résistance électrique. L’émissivité apparente de l’ouverture de la cavité dépend de la forme de cette dernière (figure 23), de la nature et de l’état de surface de sa paroi. La méthode de Gouffé permet de calculer l’émissivité apparente ε app d’un corps noir à cavité en fonction de l’émissivité propre ε 0 de sa face interne, de la surface s de son ouverture et de la surface interne S de la cavité : Figure 21 – Influence de l’état de surface sur l’émissivité du cuivre ε app ε 0 ≈ ------------------------------------------------------------ε [ 1 – ( sS ) ] + ( sS ) 0 Ainsi, une cavité en acier oxydé, dont l’émissivité est de l’ordre de 80 % le long de la normale, peut présenter vis-à-vis de l’extérieur une émissivité supérieure à 99 %. Ces corps noirs sont souvent équipés de barillets à trous pour simuler des sources de différents diamètres. Pour certains d’entre eux, utilisés comme étalons primaires, l’émetteur est un métal maintenu à sa température de solidification. La température de fonctionnement est alors imposée (or : 1 064,43 oC ; argent : 961,93 oC ; zinc : 419,58 oC ; plomb : 327,5 oC ; étain : 231,47 oC). Dans les applications telles que la caractérisation en sensibilité de détecteurs infrarouges ou l’étalonnage de caméras thermiques (figure 24), on peut être conduit à utiliser des corps noirs à des températures cryogéniques, par exemple à la température de l’azote liquide (77 K). Figure 22 – Variation de l’émissivité et du facteur de réflexion de l’eau en fonction de l’angle d’incidence i E 4 010 − 14 ■ La deuxième famille est constituée par les corps noirs étendus : leur surface émissive est importante (typiquement de 0,1 m2, voire 1 à 2 m2) et leur géométrie conçue pour en optimiser et uniformiser Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES Figure 23 – Formes de cavités de corps noirs Figure 25 – Structures en surfaces de corps noirs étendus Figure 26 – Mires thermiques pour mesures de MRTD Figure 24 – Étalonnage de caméra thermique sur corps noir cryogénique le facteur d’émission : on trouve ainsi sur le marché des structures en nid-d’abeilles, en intersection de cônes, avec un relief en V, etc. (figure 25). Leur domaine de température va de l’ambiante jusqu’à environ 200 oC. ■ La troisième grande famille de corps noirs comprend les corps noirs différentiels, ou mires thermiques, qui sont destinés à l’évaluation expérimentale, en résolution thermique et angulaire [mesures dites de MRTD (Minimum Resolvable Temperature Difference ) ou différence de température minimale détectable], de systèmes d’imagerie infrarouge [tels que caméras thermiques, ou FLIR (Forward Looking Infra Red )]. Ces mires thermiques (figure 26) sont obtenues par juxtaposition de bandes rectangulaires (au nombre de 7), dont les températures alternées et proches de l’ambiante, diffèrent l’une de l’autre d’une valeur ∆T faible (au maximum quelques degrés) et ajustable très finement (à 0,01 oC près typiquement). 2.3.3.2 Sources incandescentes à hautes températures On citera, d’une part, des sources très spécifiques utilisées uniquement en laboratoire et en instrumentation, comme le bâton de Nernst ou le Globar, et, d’autre part, des sources d’utilisation très courante, par exemple dans l’éclairage, telles que les lampes à filament de tungstène. ■ Bâton de Nernst et Globar En instrumentation optique, et plus particulièrement en spectroscopie, il existe des besoins en luminances élevées et en spectres larges, qui ont été couverts de façon assez satisfaisante jusqu’à présent par des sources telles que le bâton de Nernst ou le Globar. Ceux-ci se présentent sous forme de tubes ou de cylindres en matériau réfractaire (oxyde de zirconium, d’yttrium, de thorium pour le bâton de Nernst, carbure de silicium pour le Globar ), avec des contacts électriques en platine aux extrémités. À cause de la très forte résistivité du matériau à température ambiante, la tension de fonctionnement est insuffisante pour faire démarrer l’émission et, de plus, le montage nécessite la présence d’un ballast à cause de la valeur négative du coefficient thermique de la résistance. Le démarrage de la source s’obtient par le préchauffage d’une résistance auxiliaire en contact. L’émissivité spectrale de telles sources est supérieure à 60 %, et la figure 27 permet de comparer leurs caractéristiques spectrales à celles du corps noir à 900 oC. Leur forme cylindrique et leur luminance spectrique élevée rendent ces sources très bien adaptées à l’éclairage de fentes en spectroscopie. En ce qui concerne le Globar, sa température de fonctionnement est de l’ordre de 1 000 oC. Il faut refroidir ses électrodes par une circulation d’eau, ce qui le rend plus complexe et plus onéreux que le bâton de Nernst. ■ Lampes à incandescence à filament de tungstène Le tungstène est un métal gris, très dur et réfractaire (température de fusion égale à 3 655 K), dont l’émissivité spectrale est donnée sur la figure 28. Les lampes à filament de tungstène s’emploient dans un grand nombre d’applications, mais plus particulièrement en éclairage. Les modèles les plus performants actuellement sont les lampes à halogènes, telles que les quartz-iode, qui comprennent une atmosphère d’iode et une enveloppe de quartz, et qui fonctionnent à une température de filament plus élevée (3 100 K) que les lampes traditionnelles (2 770 K). Grâce à cette élévation de température, leur spectre d’émission est beaucoup plus riche dans le bleu et le violet (d’où un blanc de meilleure qualité) et leur émission s’étend plus loin dans l’infrarouge grâce à la meilleure transmission spectrale du quartz dans ce domaine. De plus, leur durée de vie est améliorée, grâce au cycle de l’iode, qui régénère le tungstène sur le filament et réduit son dépôt sur l’enveloppe. 2.3.3.3 Le soleil Le rayonnement du soleil est proche de celui d’un corps noir à 5 900 K. Depuis la terre, on voit le soleil sous la forme d’un disque à peu près uniforme, de diamètre apparent égal à 30 minutes d’arc environ. Il fournit en moyenne, dans les hautes couches de l’atmos- Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 15 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ phère terrestre, un éclairement énergétique global de l’ordre de 1 400 W · m–2 et un éclairement lumineux voisin de 125 000 lux. La traversée de l’atmosphère modifie progressivement la luminance spectrique apparente du soleil à cause des phénomènes d’absorption et de diffusion dus à ses constituants (vapeur d’eau, gaz carbonique, ozone, molécules d’oxygène et d’azote, aérosols, poussières, etc.). Au niveau du sol, l’éclairement solaire se trouve réparti dans un ensemble de bandes spectrales, dites fenêtres de transmission atmosphérique (figures 29, 30 et 31). Les chiffres situés à l’intérieur des courbes correspondant aux fenêtres atmosphériques représentent les éclairements solaires moyens dans ces bandes (en W · m–2). Les courbes « corps noir à 5 900 K » représentent l’éclairement spectral dû au soleil (considéré comme un corps noir à 5 900 K) hors atmosphère. Figure 29 – Éclairement spectrique E ’( ) de la terre dû au soleil (visible et proche infrarouge) Figure 27 – Rapport entre les luminances spectriques de sources de laboratoire et du corps noir à 900 oC Figure 30 – Influence de l’inclinaison du soleil sur l’éclairement spectrique au sol E ’( ) Figure 28 – Facteur d’émission spectral du tungstène E 4 010 − 16 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES Figure 31 – Éclairement spectrique E ’( ) dû au soleil dans l’infrarouge et éclairement intégré dans chaque bande 3. Sources à émission secondaire 3.1 Émissions propre et secondaire des corps L’émission propre, ou thermique, d’un corps n’est dictée que par sa température et par le facteur d’absorption/émission du matériau dont il est constitué. Si elle constitue la seule origine du rayonnement d’un corps noir, elle n’est, dans beaucoup de cas, qu’une contribution parmi d’autres dans le rayonnement des objets qui nous entourent. En effet, pour la majorité des sources, la part de l’émission thermique dans leur rayonnement global peut se trouver réduite par les phénomènes de réflexion, transmission ou diffusion de l’éclairement ambiant. Dans les domaines spectraux où le facteur de réflexion et/ou de transmission du matériau n’est pas nul, tout corps est à l’origine d’un rayonnement, dit secondaire, puisqu’il réfléchit ou transmet une fraction du flux qu’il reçoit de son environnement. Toute source présente deux types de comportements : l’un, primaire, dû à son rayonnement thermique propre et, l’autre, secondaire, dû au flux reçu de l’environnement et redistribué par réflexion, diffusion ou transmission. Les parts relatives des rayonnements primaire et secondaire à l’émission globale d’une source dépendent du facteur d’absorption/émission spectral et de la température de l’objet lui-même, des caractéristiques spectroradiométriques des sources environnantes, de la géométrie d’ensemble (dimensions, orientations mutuelles des objets les uns vis-à-vis des autres) et du domaine spectral considéré. 3.2 Rappels théoriques sur la réflexion, la transmission et la diffusion Lorsqu’un objet est éclairé par un rayonnement monochromatique collimaté de longueur d’onde λ en provenance d’une direction donnée de l’espace, sa surface renvoit dans le demi-espace contenant le faisceau incident une fraction ( λ , θ i , ϕ i ) de ce flux, appelée facteur de réflexion spectral directionnel de l’objet pour la direction considérée (définie par les angles θ i et ϕ i vis-à-vis de la normale à la surface). De même, cette surface transmet dans le second milieu une fraction t ( λ , θ i , ϕ i ) du flux, appelée facteur de transmission spectral directionnel pour cette direction d’incidence. La répartition angulaire des flux réfléchi et transmis (ou diagramme en réflexion et en transmission) dépend à la fois des caractéristiques du rayonnement incident (longueur d’onde, direction d’illumination) et de celles de l’objet lui-même (constitution chimique, état de surface, rugosité, etc.). Les surfaces qui réfléchissent et transmettent la lumière suivant des directions particulières sont en général celles qui présentent une planéité ou un état proche du poli optique vis-à-vis de la longueur d’onde du faisceau incident. Les flux transmis et réfléchis se propagent alors le long des directions imposées par les lois de l’optique géométrique (lois de Snell-Descartes à la réflexion et à la transmission). La réflexion et la transmission de la lumière par ces objets sont alors de type spéculaire ou géométrique, et les facteurs de réflexion et de transmission correspondants sont appelés facteurs de réflexion et de transmission spéculaires, ou géométriques, de l’objet. Comme exemples de réflexions spéculaires, on citera la réflexion de la lumière sur des composants optiques, une vitre, la surface d’une eau calme (lac, flaque d’eau), une surface métallique polie, etc. Lorsque la surface de l’objet présente des fluctuations de relief (ou rugosité) plus ou moins importantes vis-à-vis de la longueur d’onde incidente, les flux réfléchis ou transmis se trouvent diffusés de façon omnidirectionnelle. Si une surface réfléchit la totalité du flux qu’elle reçoit avec une luminance indépendante de la direction d’observation, on dit que cette surface est un diffuseur parfait. Sa luminance en réflexion à la longueur d’onde considérée ne dépend, d’après le paragraphe 1.1.5 (relation entre exitance et luminance pour une source à luminance constante), que de son éclairement à cette longueur d’onde E (λ ), suivant la relation : Ldif.parf. (λ) = E (λ )/π Un objet dont la surface réfléchit une fraction ( λ , θ i , ϕ i ) (< 100 %) du flux incident avec une luminance qui, pour une direction d’éclairage donnée (θi , ϕ i) est indépendante de la direction de réémission, est un diffuseur lambertien, et sa luminance en réflexion est alors donnée par la loi de Lambert : L dif. Lamb. ( λ , θ r , ϕ r ) = ( λ , θ i , ϕ i ) E ( λ , θ i , ϕ i ) π Le facteur de réflexion spectral de la surface est alors dénommé facteur spectral de réflexion diffuse d ( λ , θ i , ϕ i ) , ou parfois albédo spectral pour la direction d’éclairage considérée. Dans la majorité des cas, la réflexion d’un rayonnement sur une surface présente ces deux caractéristiques, l’une spéculaire (de type miroir ) et l’autre diffuse (de type nuage ). Pour un objet ou une surface donnée, la luminance due à la réflexion ou à la diffusion du rayonnement ambiant est fonction non seulement du domaine spectral, mais aussi des directions d’illumination et d’observation. Contrairement à la luminance du diffuseur parfait, dont la valeur est par définition indépendante de ces deux directions, la luminance d’un diffuseur réel peut varier considérablement d’une direction d’observation à une autre, suivant la spécularité de la surface. Pour caractériser ce phénomène (géométrie, figure 32), on appelle facteur de réflexion spectral bidirectionnel d’une surface, r (λ, θ i , ϕ i , θ r , ϕ r) (ou facteur de luminance spectral ou SBRDF, Spectral Bidirectional Reflectance Distribution Function), le rapport entre la luminance en réflexion de cette surface dans la direction (θ r , ϕ r) et celle du diffuseur parfait, lorsque tous deux sont éclairés, dans les mêmes conditions, par un faisceau collimaté à la longueur d’onde λ provenant de la direction d’incidence (θ i , ϕ i). D’où la lumi- Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 17 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ nance de la surface dans la direction θ r , ϕ r , en fonction de son éclairement E (λ, θ i , ϕ i) provenant de la direction θ i , ϕ i : L (λ, θ i , ϕ i , θ r , ϕ r) = r (λ, θ i , ϕ i , θ r , ϕ r) E (λ, θ i , ϕ i ) / π Dans beaucoup de cas, l’éclairement d’une surface est omnidirectionnel, voire hémisphérique, et provient de sources aussi bien étendues que ponctuelles. Pour évaluer l’influence des sources ambiantes étendues sur le rayonnement de l’objet par réflexion, il faut décomposer l’espace qui entoure l’objet en zones angulaires élémentaires, suffisamment petites pour être uniformes, dont on mesurera la luminance apparente, au niveau de l’objet, L amb (λ, θ i , ϕ i). L’éclairement élémentaire de l’objet dû à la zone comprise dans l’angle solide dΩ, centré sur la direction (θ i , ϕ i), est : dE obj (λ, θ i , ϕ i) = L amb (λ, θ i , ϕ i) d Ω cos θ i où θ i est l’angle formé par la direction de cette zone de l’espace et la normale à la surface éclairée. La luminance élémentaire de la surface, par réflexion diffuse de la lumière sur cette zone, dans la direction (θ r , ϕ r) est : dL obj (λ, θ r , ϕ r) = r (λ, θ i , ϕ i , θ r , ϕ r) dE obj (λ, θ i , ϕ i )/π et sa luminance dans la direction considérée, due à l’ensemble des sources étendues ambiantes, est donnée par : 1 L obj ( λ , θ r , ϕ r ) = ----π 2π r ( λ , θ i , ϕ i , θ r , ϕ r ) L amb ( λ , θ i , ϕ i ) d Ω cos θ i La luminance par émission secondaire d’un objet (le cas de la réflexion a été évoqué ci-dessus, mais celui de la transmission lui est semblable) est donc dictée non seulement par le comportement du facteur de réflexion (ou de transmission) spectral bidirectionnel de sa surface, mais aussi par la distribution angulaire du rayonnement auquel l’objet est soumis. La procédure de calcul présentée ci-dessus doit être appliquée chaque fois que l’on désire modéliser une scène observée par un système optronique sensible aux luminances des objets en réflexion, transmission ou diffusion. C’est en particulier le cas des systèmes fonctionnant dans le visible et le proche infrarouge, où l’éclairement solaire est très important et l’émission propre très réduite (par application de la loi de Kirchhoff), le maximum d’émission propre pour les corps à température ambiante se produisant vers 10 µm. Cette procédure s’applique aussi très bien à la simulation de l’observation par l’homme de scènes naturelles et aux techniques, dites d’infographie ou d’imagerie de synthèse, qui sont utilisées pour la représentation de scènes dans le visible. Dans la plupart de ces applications, les sources ambiantes ont des spectres continus, et les quantités photométriques à utiliser sont les quantités spectriques. Figure 32 – Géométrie de définition du facteur de réflexion bidirectionnel E 4 010 − 18 Le facteur de réflexion spectral directionnel d’un matériau pour une direction d’éclairage donnée est le rapport entre son exitance en réflexion et son éclairement : ( λ , θ i , ϕ i ) = M obj ( λ ) E obj ( λ , θ i , ϕ i ) C’est la moyenne de son facteur de réflexion spectral bidirectionnel, pondéré sur le demi-espace d’émission, c’est-à-dire : 1 ( λ , θ i , ϕ i ) = ----π 2π r ( λ , θ i , ϕ i , θ r , ϕ r ) d Ω cos θ r 3.3 Caractérisation expérimentale d’échantillons en réflexion Dans toutes les applications de simulation de systèmes optroniques où l’on désire modéliser des scènes complexes ou très diversifiées en luminance apparente, il faut connaître au mieux le facteur de réflexion spectral bidirectionnel des objets qui composent ces scènes. Pour cela, il est nécessaire de caractériser ces objets et surfaces, grâce à des bancs de mesure goniométriques semblables à celui décrit au paragraphe 1.5.1, mais dans lesquels la source est remplacée par l’échantillon à caractériser, que l’on éclaire par un faisceau collimaté et monochromatique, sur l’ensemble du domaine spectral utile. Ces mesures s’obtiennent généralement par comparaison de la réponse du détecteur sur l’échantillon à caractériser et sur un échantillon de référence (diffuseur lambertien, dont le facteur de réflexion a été étalonné par un laboratoire de métrologie), placé dans les mêmes conditions. Pour les applications dans le visible et le très proche infrarouge, ces échantillons de référence sont généralement fabriqués à partir de poudres comprimées, dont l’état de surface, très rugueux, assure une diffusion de la lumière aussi uniforme que possible. Les matériaux les plus utilisés pour de tels étalons, avec des albédos supérieurs à 90 %, sont le sulfate de baryum et la magnésie, le premier (BaSO4) présentant l’avantage d’être assez peu hygroscopique et de ne se détériorer que très lentement dans le temps. Dans l’infrarouge moyen et lointain, la plupart des matériaux sont d’assez bons corps noirs et présentent donc des facteurs de réflexion faibles, excepté les métaux. Pour cette raison, les diffuseurs de référence en réflexion sont très souvent des échantillons métalliques, tels que l’aluminium projeté à la flamme, par chalumeau, sur support d’aluminium : la surface, constituée des projections du métal en fusion puis solidifié, présente une rugosité qui assure une bonne diffusion de la lumière infrarouge avec un facteur de réflexion important (typiquement supérieur à 60 %). De même, des plaques de polystyrène constituent, dans certains cas, des diffuseurs quasi lambertiens, par exemple à 10,6 µm, longueur d’onde d’émission du laser CO2 . Le comportement en réflexion d’une surface (valeur du facteur de réflexion, pourcentages respectifs de diffus et de spéculaire...) varie souvent beaucoup en fonction des conditions d’éclairement. Il dépend beaucoup de la rugosité de la surface, définie par les fluctuations de la surface par rapport à son plan moyen et par la dimension des « grains » caractéristiques des pics et vallées, rapportée à la longueur d’onde du rayonnement incident. Pour une surface donnée, le caractère diffus de la réflexion décroît lorsque l’on passe du visible à l’infrarouge : une surface peut donc se comporter comme un très bon diffuseur dans le visible et devenir quasi spéculaire dans l’infrarouge moyen, voire très spéculaire aux longueurs d’onde radar. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES D’autre part, pour un domaine spectral donné, une surface peut se comporter comme un très bon diffuseur pour une observation proche de sa normale et devenir de plus en plus spéculaire en observation rasante, si sa rugosité n’est pas trop importante à la longueur d’onde d’observation. Ce phénomène se produit de façon assez courante : c’est le cas par exemple d’une feuille de papier mat qui, observée perpendiculairement à sa surface, apparaît très diffuse, mais qui, sous observation rasante, peut jouer le rôle d’un miroir. De même, tout automobiliste a pu s’apercevoir que la route, observée à quelques centaines de mètres sous un angle rasant (typiquement quelques minutes d’arc), se présente souvent, même sèche, sous forme de flaques d’eau très spéculaires, alors que sous observation normale à la surface, elle est très diffusante. La figure 33 montre la déformation typique de l’indicatrice en diffusion (ou du facteur de luminance) de surfaces mates en fonction de l’angle d’incidence du faisceau illuminateur avec, pour comparaison, l’indicatrice théorique d’un diffuseur lambertien. 3.4 Exemples simples d’évaluation de rayonnements en réflexion On donne ci-après quelques cas simples de calculs de luminance en réflexion. ■ Cas no 1 : luminance d’une surface lambertienne sous éclairage hémisphérique uniforme Soit une surface plane éclairée uniformément sur un demi-espace (c’est le cas, par exemple, d’une surface au sol éclairée par un ciel uniformément gris) par un fond ambiant de luminance spectrique L′amb( λ , θ i , ϕ i ) = L ′amb ( λ ) . Du paragraphe précédent on déduit que la luminance spectrique de l’objet est : 1 L′obj ( λ , θ r , ϕ r ) = ----π 2π r ( λ , θ i , ϕ i , θ r , ϕ r ) L ′amb ( λ , θ i , ϕ i ) d Ω cos θ i Si l’objet est lambertien, son facteur de réflexion spectral bidirectionnel ne dépend pas de la direction d’observation pour une direction d’éclairement donnée. Si, de plus, on fait l’hypothèse qu’il ne varie pas en fonction de la direction des faisceaux incidents, il vient : r ( λ , θi , ϕ i , θr , ϕr ) = r ( λ ) = d ( λ ) Dans ces conditions simplificatrices, on peut alors écrire que la luminance spectrique en réflexion de cette surface lambertienne, en réponse à un rayonnement ambiant de luminance uniforme, est donnée par la relation : L′obj ( λ , θ r , ϕ r ) = r ( λ ) L ′amb ( λ ) = ( λ ) L ′amb ( λ ) Dans ces circonstances, la luminance du diffuseur est identique à celle d’un miroir de même facteur de réflexion spectral. ■ Cas no 2 : luminance d’un objet éclairé par un faisceau collimaté Dans de nombreux systèmes optroniques actifs, l’objet (cible) est éclairé par un faisceau collimaté, en général au moyen d’un laser, et observé sous un angle qui peut être le même que celui de l’illuminateur (cas des systèmes monostatiques) ou non (systèmes bistatiques). La luminance laser de l’objet en direction du capteur est proportionnelle à la valeur du facteur de réflexion bidirectionnel (à la longueur d’onde du laser) correspondant à la géométrie de l’éclairage et de l’observation : si ces deux directions sont confondues (systèmes de télémétrie par exemple), ce paramètre devient le facteur de rétroréflexion de l’objet. Il faut noter que, si la loi de conservation de l’énergie impose au facteur de réflexion spectral directionnel d’une surface d’être inférieur à 1, il n’en est rien en ce qui concerne le facteur de réflexion spectral bidirectionnel : ce dernier peut prendre des valeurs extrêmement importantes dans certaines directions de l’espace (par exemple celle de la réflexion spéculaire pour une surface plane peu rugueuse) et des valeurs quasi nulles dans d’autres directions : c’est sur l’utilisation astucieuse du facteur de réflexion bidirectionnel que sont conçues les cibles discrètes, en radar ou en optronique active (stealth ) : par optimisation de la géométrie, le faisceau rétroréfléchi par la cible est rendu aussi faible que possible. Il existe de nombreuses applications où l’on cherche au contraire à optimiser le flux rétroréfléchi par l’objet : on rend cet objet « coopérant » en maximisant son facteur de réflexion bidirectionnel soit en déposant à la surface un second objet ou une peinture de facteur de rétroréfléxion élevé, soit en modifiant judicieusement sa géométrie : on pourra citer, par exemple, le cas de la télémétrie laser sur rétroréflecteurs (télémétrie de la lune), les peintures rétroréfléchissantes sur les routes, les panneaux de visualisation routière, les écrans perlés pour projection, etc. On donne ci-après quelques valeurs typiques de facteurs de rétroréflexion rencontrés dans ces types d’applications. Les objets les plus performants en rétroréflexion, ou coins de cube, sont constitués par l’assemblage de 3 miroirs plans perpendiculaires entre eux : d’après l’optique géométrique, tout rayon incident sur ce genre de dispositif en ressort parallèle à lui-même, à la diffraction et aux défauts d’orthogonalité des miroirs près. Si le dispositif est limité par la diffraction, le faisceau de retour se trouve concentré à l’intérieur du diagramme imposé par la diffraction (ou lobe de diffraction ), ce qui correspond à un angle solide de l’ordre de : Ω RR = λ2/A RR où λ est la longueur d’onde du faisceau illuminateur et A RR l’aire du rétroréflecteur. Le gain en luminance d’un rétroréflecteur de ce type par rapport à un diffuseur parfait de facteur de réflexion égal à l’unité est de l’ordre de : G RR = π · A RR / λ2 Pour des rétroréflecteurs de grande dimension (surface supérieure à une dizaine de cm2) et dont la qualité est limitée par la diffraction, ce gain peut atteindre quelques 109. Dans le cas de rétroréflecteurs plus courants, par exemple en plastique, le gain en rétroréflexion par rapport au diffuseur parfait peut être de l’ordre de quelques 104 à 107. Si l’on considère les peintures ou panneaux rétroréfléchissants pour signalisation routière, les gains correspondants vont de quelques dizaines à quelques centaines. Enfin, on citera le cas des écrans dits perlés, dont le facteur de rétroréflexion, généralement compris entre 2 et 10, permet d’accroître la luminance de l’écran dans la zone utile d’observation, par rapport à celle d’un diffuseur parfait. Par contre, juste retour des choses, la luminance de ces écrans de projection loin de l’axe est obligatoirement plus faible que celle d’un très bon diffuseur (figure 34). Figure 33 – Déformation de l’indicatrice en diffusion d’une surface en fonction de l’angle d’incidence du faisceau illuminateur Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 19 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ ces sources sont surtout utilisées dans l’éclairage public, le laboratoire, le cinéma. Après une longue absence du domaine de la visualisation, où elles avaient été détrônées par les tubes à rayons cathodiques, elles présentent à nouveau un intérêt certain dans la visualisation par cristaux liquides. 4.2.2 Exemples de sources à luminescence dans les gaz Parmi les sources à luminescence dans les gaz, on citera plus particulièrement les lampes à décharge basse pression et les lampes à arc. Figure 34 – Facteur de luminance d’un écran perlé 4. Sources par luminescence 4.1 Définition Toute élévation de température d’un corps en accroît le rayonnement (loi de Stefan) et en décale le spectre vers les courtes longueurs d’onde (loi du déplacement de Wien). Si l’on parvient au moyen d’une excitation sélective à faire passer les atomes d’un matériau à des niveaux énergétiques supérieurs sans modifier de façon notable sa température, le retour de ces atomes au niveau fondamental peut s’accompagner (cas de retours radiatifs ) d’une émission de photons, dite émission par luminescence. La répartition des électrons dans les divers niveaux énergétiques du milieu n’est plus alors dictée par la statistique de Boltzmann, qui prévaut à l’équilibre thermique, et l’énergie des photons émis par luminescence entre les deux niveaux d’énergie E 1 et E 2 est égale à : hν = E 2 – E 1 Il existe diverses façons d’exciter sélectivement les atomes et molécules d’un milieu pour obtenir un rayonnement par luminescence : l’électroluminescence (excitation électrique par bombardement et collision des atomes par électrons ou ions extérieurs, ou par injection de charges), la fluorescence (absorption d’un faisceau d’énergie photonique adaptée à la différence énergétique entre niveaux du milieu), la chimiluminescence, la triboluminescence, etc. La luminescence s’obtient dans les gaz, les solides et les liquides. 4.2 Luminescence dans les gaz 4.2.1 Généralités Les premiers rayonnements par luminescence ont été obtenus dans des milieux gazeux, en appliquant une différence de potentiel entre électrodes placées dans un gaz ; en fonction de la densité de courant obtenue, deux types de rayonnement peuvent se produire. ■ Le premier régime, dit à décharge, correspond à l’ionisation du gaz par collision de ses atomes ou molécules avec les ions accélérés par le champ électrique. Leur retour au niveau fondamental provoque un rayonnement dont les caractéristiques spectrales sont dictées par la composition, la pression, la température du gaz. ■ Le deuxième régime, dit à arc, correspond aux fortes densités de courant, pour lesquelles les électrodes, bombardées par les charges négatives (cas de l’anode) ou positives (cas de la cathode), s’échauffent fortement. Ces lampes se caractérisent par un spectre d’émission centré sur le visible et sur le proche infrarouge, et par un rendement lumineux (définition § 1.4.2) particulièrement intéressant. Pour cette raison, E 4 010 − 20 ■ Lampes à décharge Elles emploient des gaz inertes, le plus souvent des gaz rares tels que néon, argon, krypton..., et leur spectre est constitué de raies fines, la nature du gaz déterminant la couleur de la lumière émise. Les caractéristiques suivantes sont typiques de ce genre de sources : — pression du gaz : 300 Pa ; — longueur : 1 m ; — diamètre : 20 mm ; — intensité du courant : 0,1 A ; — tension d’amorçage : 1 kV. Leur grande longueur et leur faible luminance limitent leur emploi à la constitution d’enseignes lumineuses. ■ Lampes à arc ● Émission par les électrodes : à hautes densités de courant, le bombardement de la cathode par les ions positifs provoque son échauffement. On ne citera que pour mémoire les arcs émettant essentiellement par les électrodes (tels que les arcs à électrodes de carbone, de tungstène, de zirconium) : ils ont été abandonnés pour la plupart à cause de leur maintenance complexe (maintien de la géométrie et de la distance interélectrode) ou de leurs faibles performances lumineuses. ● Émission par le plasma : on peut citer les arcs à basse pression, à luminances peu élevées mais assez uniformes, à spectres de raies relativement étroites, les arcs à haute pression, de luminance et d’efficacité lumineuse supérieures parmi lesquels les arcs au xénon, avec électrodes massives en tungstène et ampoule en quartz fondu, fonctionnent avec une pression de xénon de 25 bar au repos, 100 bar en utilisation. L’émission de telles lampes est due essentiellement au plasma, avec une contribution non négligeable de la cathode en tungstène. Leur spectre d’émission dans le visible est proche de celui de la lumière du jour (température de couleur proche de 6 000 K), leur rendement électrique (rapport entre flux lumineux et puissance électrique consommée) est de l’ordre de 30 à 50 lm · W –1 et leur efficacité lumineuse de rayonnement de l’ordre de 65 lm · W –1. La courbe de la figure 35 montre leur spectre d’émission. Enfin, on mentionnera les arcs à vapeur de mercure ou de sodium : sous forme de vapeur, le mercure et le sodium sont à l’état monoatomique, et l’émission de leur rayonnement est essentiellement celle de la désexcitation des électrons. À basse pression, une fraction importante de l’émission du mercure se produit dans l’ultraviolet (d’où son utilisation dans les lampes à fluorescence ou pour la stérilisation de l’air). Quant au sodium, dont les raies d’émission principales (doublet à λ = 589 et 589,6 nm) correspondent à une efficacité lumineuse supérieure à 500 lm · W–1, il donne lieu à des lampes dont l’efficacité globale est de l’ordre de 100 à 150 lm · W–1, très utilisées pour l’éclairage des grandes voies de circulation. Leur monochromaticité est cependant désagréable et constitue, dans de nombreuses circonstances, un inconvénient grave que l’on cherche à réduire en augmentant la pression du sodium. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES 4.3 Luminescence dans les milieux condensés 4.3.1 Rappels de base L’émission de lumière par luminescence dans un solide se produit de la même façon que dans un gaz, lors du passage des atomes ou molécules du solide d’un état excité à un autre, de niveau énergétique plus faible. Deux points différencient fortement la luminescence dans ces deux milieux : d’une part, les états permis aux atomes d’un solide ne correspondent pas à des niveaux énergétiques discrets, comme c’est le cas pour les gaz, mais couvrent des domaines assez larges (bandes de conduction et de valence). D’autre part, l’efficacité de luminescence est plus faible dans un solide que dans un gaz à cause de la densité bien plus importante d’atomes, ce qui entraîne une très forte probabilité d’absorption du rayonnement de luminescence d’un atome par les atomes voisins (phénomène d’autoabsorption). On améliore l’efficacité en luminescence par l’adjonction d’impuretés en quantités très faibles (atomes différents de ceux de la matrice) : cette opération (ou dopage) crée dans le solide des états électroniques dont les niveaux énergétiques se situent dans la bande interdite du matériau hôte. Lors du retour d’un atome d’impureté d’un état excité à l’état fondamental, la désadaptation énergétique entre le photon ainsi émis et le gap (différence d’énergies entre les bandes de conduction et de valence) du matériau hôte affaiblit la probabilité qu’un tel photon soit absorbé par les (très) nombreux atomes de la matrice. De plus, la densité des atomes d’impuretés étant faible, la probabilité d’autoabsorption du rayonnement de luminescence par ses propres atomes demeure faible, comme dans le cas d’un gaz (milieux dilués). Parmi les sources solides à luminescence les plus typiques, on citera les lampes à fluorescence et les diodes électroluminescentes, dont on rappelle ici succinctement quelques propriétés. Figure 35 – Spectre d’émission d’un arc au xénon Figure 36 – Schéma de principe d’une lampe à fluorescence 4.3.3 Diodes électroluminescentes (DEL) 4.3.2 Lampes à fluorescence 4.3.3.1 Électroluminescence par injection La fluorescence est l’émission de rayonnement par un matériau dont les atomes sont excités par l’absorption d’un autre rayonnement optique. En général, le retour à l’état initial d’un atome excité se fait avec une constante de temps inférieure à 10–3 s, voire souvent 10–6 s. Pour certaines impuretés, le niveau d’énergie se situe dans la bande interdite, près de la bande de conduction, et l’électron ne se trouve restitué à la bande de conduction que grâce à un apport d’énergie d’agitation thermique. Ce transfert se faisant lentement, ces niveaux jouent le rôle de pièges, et ils ralentissent le retour des électrons au niveau fondamental. De tels matériaux sont dits phosphorescents. Lorsqu’un matériau phosphorescent reçoit une excitation lumineuse forte, les pièges se saturent et, immédiatement après l’excitation, on observe tout d’abord une décroissance rapide de la luminance en fonction du temps, correspondant à la fluorescence, puis une décroissance lente correspondant à la phosphorescence, avec une constante de temps appelée durée de rémanence. Les lampes fluorescentes les plus répandues sont constituées (figure 36) d’un tube de verre cylindrique (longueur : 1 m ; diamètre : 40 mm) contenant du mercure (ainsi que de l’argon et du néon) et deux électrodes à filament de tungstène aux extrémités. Une couche de poudre fluorescente tapissée sur la paroi interne du tube est excitée par le rayonnement ultraviolet ( λ = 254 nm) de l’arc à décharge dans le mercure. La composition chimique de la poudre est optimisée pour que cette fluorescence corresponde à un ensemble de raies dans le domaine visible et restitue une lumière « blanche ». Le verre du tube, opaque dans l’ultraviolet (pour λ < 330 nm), assure un blocage efficace du rayonnement émis en direct dans l’ultraviolet par la vapeur de mercure. Dans les matériaux semiconducteurs, la recombinaison radiative entre électrons et trous résulte en émission de lumière. À température ambiante, cependant, la concentration des trous et des électrons excités thermiquement est si faible que le flux émis est insignifiant. L’émission de lumière par un semiconducteur peut être fortement augmentée en introduisant en grand nombre des paires électrons-trous au sein du matériau. Cela peut se faire par exemple en éclairant ce matériau, mais aussi, et c’est le cas le plus courant, en polarisant une diode PN en direct, ce qui injecte les paires de porteurs dans la zone de la jonction. Ce processus est illustré sur la figure 37. L’émission de photons peut se calculer à partir du taux d’injection des paires électrons-trous, qui joue le même rôle que le taux de pompage dans les lasers. Si R est le taux d’injection de paires par unité de volume du matériau (exprimé en nombre de paires électrons-trous par seconde et par cm 3 ), seule une fraction η i (appelée rendement quantique interne) des recombinaisons dites radiatives produit des photons, de sorte que le flux photonique émis par unité de volume de matériau s’exprime par : Φ p = η iR On ne peut utiliser que les semiconducteurs à gap direct pour la réalisation de diodes électroluminescentes, car leur rendement quantique interne est très supérieur à celui des semiconducteurs à gap indirect : par exemple, il est de 0,5 pour l’arséniure de gallium, alors qu’il n’est que de 10–5 pour le silicium. Le rendement quantique interne d’un semiconducteur dépend de son dopage, de sa température et de sa concentration en impuretés. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 21 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ 4.3.3.2 Caractéristiques générales des diodes électroluminescentes On donne ici quelques caractéristiques typiques des diodes électroluminescentes (DEL), telles que flux, matériaux utilisés, propriétés spectrales et diagrammes d’émission. 4.3.3.2.1 Flux émis La figure 38 représente un schéma simplifié de diode PN : le courant continu i, injecté dans la diode, entraîne un accroissement ∆ n, en concentration de porteurs qui, à leur tour, conduisent à des recombinaisons radiatives dans le volume actif . Le taux d’injection de porteurs (c’est-à-dire le nombre d’électrons injectés par unité de volume) étant, pour un courant i, égal à : R = ie le flux de photons émis au sein du volume actif est alors : Φ p = η i R = η i ie Figure 37 – Diagramme énergétique d’une diode électroluminescente, polarisée en direct Ce flux, émis uniformément dans toutes les directions de l’espace passe à l’extérieur du dispositif avec une efficacité dictée par les phénomènes d’absorption dans le matériau et de réflexion aux interfaces. Ces derniers, illustrés par le schéma de la figure 39, dépendent fortement de la direction d’observation : pour les photons se propageant perpendiculairement à la face de sortie, l’absorption dans le matériau de type N atténue le flux d’un facteur : η i = exp ( – α 1 ) où α est le facteur d’atténuation linéique et 1 l’épaisseur de ce matériau. De plus, les pertes par réflexion à l’interface avec l’extérieur sont données par les lois de Fresnel à la réflexion, soit : η 2 = 4n / (n + 1)2 Figure 38 – Émission d’une DEL Par exemple, l’arséniure de gallium possède un indice de réfraction n = 3,6, ce qui entraîne que, pour ce matériau, η 2 = 0,68. Dans les directions autres que la normale à la face de sortie, les pertes par absorption et par réflexion croissent en fonction de l’angle d’incidence, jusqu’à l’angle de réflexion totale, au-delà duquel tout le flux émis est réinjecté dans le milieu émetteur (où il peut être par contre absorbé et réémis dans la bonne direction). Dans les matériaux à haut indice de réfraction tels que l’arséniure de gallium, la fraction η 3 d’angle solide d’émission hors de la réflexion totale est très faible, puisque : η 3 = 1 – cos θ c ≈ 1/(2 n 2) Pour n = 3,6 (cas de l’AsGa), on obtient : η 3 = 3,9 %, et l’on peut montrer que, dans le cas d’une diode de forme parallélépipédique, 3 % seulement du flux créé dans le volume actif du matériau peut être disponible à l’extérieur. Dans ces conditions, le flux émis par la diode s’exprime ainsi : Figure 39 – Efficacité d’émission d’une DEL en fonction de la direction d’observation Φ p = η e Φ i = η e η i i /e rapport entre le flux énergétique émis et la puissance électrique consommée à la prise. Ce paramètre est donné par : où η e représente le rendement global en transmission de la diode, c’est-à-dire le rapport entre le débit de photons sortant de la diode et celui qui prévaut au sein du volume actif, à l’intérieur du matériau. Chaque photon émis possédant une énergie h ν, le flux énergétique émis par la diode est alors : η = Φe / iV = η ex h ν / eV Φe = h ν Φ p = η ex h ν i /e Si l’on tient compte de toutes les pertes de flux, le rendement quantique externe de la plupart des diodes électroluminescentes est typiquement de l’ordre de quelques pour-cent. Une autre façon d’évaluer la performance énergétique d’une diode est d’évaluer son rendement énergétique global, c’est-à-dire le où V est la tension aux bornes du dispositif. Puisque h ν = eV pour la plupart des diodes, il ressort que η = η ex . 4.3.3.2.2 Réponse d’une DEL La réponse d’une diode électroluminescente est le rapport entre le flux émis par la diode et le courant injecté i : = Φ e i soit : = h ν Φ p i = η ex h ν e = 1,24 η ex h ν λ 0 s’exprime en W/A, si λ 0 est exprimé en µm. E 4 010 − 22 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique ______________________________________________________________________________________________ RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES Avec les ordres de grandeur donnés plus haut pour les rendements η ex , il apparaît que les réponses de diodes sont couramment comprises entre 10 et 50 µW · mA–1, cette proportionnalité entre courant injecté et flux de sortie de la diode n’étant valide que dans un domaine de courants limité. Au-delà de cette limite, des phénomènes de saturation entraînent une chute de la réponse. 4.3.3.2.3 Distribution spectrale La largeur à mi-hauteur du spectre d’émission d’un semiconducteur dépend de la concentration des porteurs qui y sont injectés. Dans des conditions de pompage faible, où les niveaux de Fermi se trouvent à l’intérieur du gap et à une distance des bords de bandes supérieure à quelques kT, on démontre que la largeur à mi-hauteur du spectre émis est donnée par : ∆ ν = 1,8 kT h ⇒ 2 ∆ λ = 1,45 λ g kT Cette dépendance de la largeur de raie ∆ λ en fonction du carré de la longueur d’onde centrale d’émission de la diode apparaît sur la figure 40, qui montre les allures des spectres d’émission de diodes courantes émettant dans le visible et le proche infrarouge. On retiendra de cette figure qu’à λ = 1 µm, et pour T = 300 K, la largeur à mi-hauteur ∆ λ du spectre d’une diode électroluminescente est de l’ordre de 36 nm. 4.3.3.2.4 Matériaux La plupart des diodes opèrent depuis le proche ultraviolet jusque dans l’infrarouge (figure 40). Dans le proche infrarouge, il existe un grand nombre de semiconducteurs binaires donnant lieu à des diodes efficaces, par le fait que leur gap est direct. Comme exemples de matériaux binaires III-V utilisés couramment dans la réalisation de DEL, on citera : l’arséniure de gallium (GaAs, λ g = 0,87 µm), le phosphure d’indium (lnP, λ g = 0,92 µm), l’antimoniure de gallium (GaSb, λ g = 1,7 µm), l’arséniure d’indium (lnAs, λ g = 3,5 µm), l’antimoniure d’indium (lnSb, λ g = 7,3 µm). On peut trouver aussi de nombreux composés ternaires et quaternaires à gap direct, dont l’avantage est d’émettre à une longueur d’onde dont la valeur est accordable en fonction de la composition. Parmi les plus importants des composés III-V on citera, dans les ternaires, Alx Ga1–x As (émission de 0,75 à 0,87 µm) et, dans les quaternaires, ln1–x Gax As1–y Py (émission entre 1,1 et 1,6 µm). Aux courtes longueurs d’onde (c’est-à-dire dans l’ultraviolet et dans la plus grande partie du spectre visible), on utilise des matériaux de type indirect tels que GaN, GaP et GaAs1–x Px malgré la faiblesse de leurs rendements quantiques internes. Ces matériaux sont souvent dopés avec des éléments qui jouent le rôle de centres de recombinaison. De même, pour obtenir des émissions dans le bleu, on peut utiliser des phosphores pour convertir dans ce domaine spectral les photons émis dans le proche infrarouge par une diode AsGa. 4.3.3.2.5 Temps de réponse Le temps de réponse d’une diode électroluminescente est principalement limité par la durée de vie des porteurs minoritaires injectés, responsables de la recombinaison radiative. Pour mesurer expérimentalement le temps de réponse d’une DEL, il suffit de moduler sinusoïdalement le courant d’entrée dans la diode autour d’une valeur moyenne i 0 : i (t ) = i 0 + i 1 cos ω m t et de mesurer le flux émis en fonction de la fréquence de modulation : Φ (t ) = Φ 0 + Φ 1 cos (ω m t + ϕ ) La fonction de transfert associée, définie par : ( ω m ) = ( Φ 1 i 1 ) exp ( j ϕ ) = ( 1 + j ω m τ ) est caractéristique d’un circuit constitué d’une résistance et d’une capacité. La bande passante à 3 dB de la DEL est B = 1 /2 π τ et son temps de montée τ dépend des durées de vie respectives τ r et τ nr des combinaisons radiatives et non radiatives de son matériau par la relation : 1/ τ = 1/ τ r + 1/ τ nr Typiquement, les temps de montée des DEL vont de 1 à 50 ns. 4.3.3.2.6 Structures des DEL Les DEL traditionnelles sont mises en œuvre dans deux configurations de base, dites à émission de surface (figure 41a ) et à émission de bord (figure 41b ). Les DEL à émission de surface émettent de la lumière par l’une des faces du dispositif parallèles au plan de la jonction. La lumière émise par l’autre face est alors absorbée par le substrat et perdue ou, ce qui est préférable, réfléchie par un contact métallique, ce qui est possible si le substrat utilisé est transparent, et renvoyée ainsi dans la direction utile. Une DEL à émission de bord émet de la lumière par l’un des côtés de la jonction. Les premières sont généralement plus efficaces que les secondes. Une troisième configuration, supérieure en performance, est constituée par les hétérostructures. Deux exemples de DEL à émission en surface sont illustrés sur la figure 42. Dans la configuration de la figure 42a (GaAs1 – x P x sur substrat de GaAs), une couche de GaAS1 – y Py placée entre le substrat et la couche de type N réduit la désadaptation entre les réseaux. La largeur de la bande interdite de l’arséniure de gallium est inférieure à l’énergie du photon de la lumière rouge émise, de sorte que le rayonnement émis vers le substrat est absorbé. Des substrats transparents tels que GaP peuvent être utilisés avec un contact réfléchissant pour améliorer le rendement quantique externe. La DEL de type Burrus (figure 42b ) utilise un puits pour permettre à la lumière d’être collectée directement depuis la région de la jonction. Cette structure est particulièrement efficace pour le couplage de la lumière dans une fibre optique, qui peut être amenée à proximité de la région active. 4.3.3.2.7 Indicatrice d’intensité d’une DEL L’indicatrice d’intensité en champ lointain d’une DEL à émission de surface est proche de celle d’un émetteur lambertien. Elle varie en cos θ où θ est l’angle d’émission par rapport à la normale à la surface. La plupart du temps, on dépose sur la DEL une lentille en époxyde pour réduire la divergence à l’émission. Des lentilles de différentes formes peuvent être choisies pour adapter la loi angulaire de l’émission aux besoins de l’utilisateur, comme le montre la figure 43. Le rayonnement émis par les DEL à émission de bord (de même que par les diodes lasers) possède une indicatrice plus étroite, que l’on peut souvent modéliser par une loi en cosS θ, où s >> 1 (typiquement, s = 10). Figure 40 – Spectres d’émission de DEL Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 010 − 23 RADIOMÉTRIE ET SOURCES NON COHÉRENTES ______________________________________________________________________________________________ Figure 41 – DEL à émission de surface (a ) et de bord (b ) Figure 43 – Diagrammes d’émission de DEL Figure 42 – Exemples de DEL à émission de surface E 4 010 − 24 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique Radiométrie et sources non cohérentes P O U R Jean-Louis MEYZONNETTE E N par Ingénieur de l’École Supérieure d’Optique Professeur à l’École Supérieure d’Optique Bibliographie Radiométrie. Émission thermique DESVIGNES (F.). – Rayonnements optiques, radiométrie, photométrie. Masson (1991). GRUM (F.) et BECHERER (R.J.). – Optical radiation measurements. Vol. 1 : Radiometry. Academic Press, New York (1979). BOYD (R.W.). – Radiometry and the detection of optical radiation. Wiley, New York (1983). GAUSSORGUES (G.). – La thermographie infrarouge. Technique et documentation, 3e édition, Paris (1991). RCA Engineers : Electrooptic Handbook. RCA Corporation (1978). DESVIGNES (F.). – Radiométrie, photométrie. R 6 410, traité Mesures et Contrôle, Techniques de l’Ingénieur, avril 1992. The Infrared and electrooptical systems Handbook, vol. 1 : sources of radiation, George Zissis editor (1993). Sources par luminescence SALEH (B.E.A.) et TEICH (M.C.). – Fundamentals of photonics. Wiley (1991). Normalisation S A V O I R Association française de normalisation (AFNOR) NF C 01-845 3-89 Vocabulaire électrotechnique. Chapitre 845 : Éclairage [CEI 50 (845)]. Constructeurs. Fournisseurs Sources étalons, corps noirs PhotoResearch (représentant : Instrumat) HGH Ingénierie Systèmes Infrarouges Osram (représentant : Cunow) United Detector Technology (représentant : Optilas) Sphères intégrantes Radiomètres, luminancemètres Barnes Engineering (représentant : ETAT) EGG Photon Devices (représentant : RMP) Labsphere (représentant : Oriel) Ophir (représentant : Optilas) Luxmètres Bruel et Kjaer Li Cor Inc. (représentant : Cunow) Chauvin-Arnoux Minolta International Light (représentant : Ealing) Ophir (représentant : Optilas) Minolta Doc. E 4 010 9 - 1995 Hewlett-Packard Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique Doc. E 4 010 − 1 P L U S