Quoi de neuf dans vos intercommunalités?

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Horizons 54
Jeudi 3 Avril 2014
1 MMN
POLITIQUE
le point dans le pays-haut
Quoi de neuf dans
vos intercommunalités ?
Cela vous a peut-être échappé, mais vous avez, en votant lors des élections municipales, désigné les
conseillers communautaires qui siégeront au sein de votre communauté de communes. Et si, pour certaines intercommunalités, les résultats des municipales ne vont pas franchement modifier la donne,
pour d’autres, des changements sont à attendre en perspective des élections des présidents programmées ces prochains jours. Avant ces échéances, nous vous représentons les neuf communautés de communes du Pays-Haut, leurs compétences, leurs perspectives politiques et les enjeux de leurs territoires.
pays-haut/val d’alzette
L’attraction du Luxembourg
La communauté de communes du
Pays-Haut/Val d’Alzette (CCPHVA)
regroupe huit communes. Soit
26 500 habitants. Son budget :
9,3 millions d’euros.
Compétences. Elle porte le développement économique, la protection et la mise en valeur de l’environnement, ou encore le logement et le
transport.
Perspectives politiques. Les élections n’ont pas bouleversé le paysage
politique, toujours aussi ancré à gauche. Du côté des deux grandes villes
du territoire, là aussi pas de changements : Lucien Piovano a été réélu à
Audun-le-Tiche, Alain Casoni à Villerupt. Ce qui ne devrait pas perturber
la réélection d’André Parthenay, cinquième adjoint à Audun-le-Tiche, à la
tête de la communauté de communes.
C’est pour l’instant le seul candidat
officiel pour le poste. « J’ai la volonté
de continuer à travailler sur le projet
de territoire qui est désormais construit sur des bases solides et sera
poursuivi par la majorité », confie le
président sortant. Ce dernier devra
tout de même compter sur les opposants aux listes victorieuses, comme
Véronique Guillotin (UDI, centredroit) à Villerupt, prête à mettre les
pieds dans le plat de l’intercommunalité. « Il faudra compter sur nous et
nos idées. »
Les enjeux. Le nombre d’actifs sur
le territoire a augmenté de 1 500. Ils
sont aujourd’hui 10 900, mais seulement 3 600 à travailler sur le territoire. Les frontaliers sont de plus en
plus nombreux. Il va s’agir de développer l’attractivité commerciale,
forte de 239 entreprises (+11 depuis
2007), mais les dépenses réalisées
par les clients se font essentiellement
(les 2/3) à l’extérieur. Plusieurs projets d’extension de zones commerciales sont ainsi prévus. Ils pourraient intéresser les chômeurs,
nombreux à Villerupt et Thil.
Le projet Esch-Belval (20 000
emplois annoncés, des milliers d’étudiants et chercheurs à loger, etc.),
légèrement retardé par la crise, continue de se consolider côté Luxembourg. Les communes françaises
mettent ainsi en place des programmes de constructions de 8 000 logements sur 15 ans. Le site de Micheville, situé entre Villerupt et Audunle-Tiche, en est une cible. Il
n’accueillera donc pas que le contournement destiné aux frontaliers et
qui devrait s’ouvrir à la circulation
dans un an et demi.
L’environnement ne devrait pas
être le parent pauvre du projet, même
si les écologistes du secteur pointent
du doigt un contournement qui a
porté atteinte aux espèces rares de
Micheville. Mais une « coulée verte »
est programmée dans l’opération
d’intérêt national (OIN) Alzette-Belval, sur ces anciennes friches industrielles bien polluées. Et des parcs
éoliens vont sortir de terre (13
éoliennes) à Boulange et Ottange.
On pourrait aussi y voir bientôt le
fameux pôle culturel destiné au Festival du film italien et à tous les
acteurs du territoire.
Le site de Micheville fait l’objet de toutes les attentions ces derniers temps, avec le
contournement en pleins travaux mais aussi l’OIN Alzette-Belval. Photo Etienne JAMINET
La question des ordures ménagères sera à l’ordre du jour
des élus de la CCJ. Photo Fred LECOCQ
d’investissement. Autre enjeu,
la question des transports à
travers la mise en œuvre d’une
Autorité organisatrice de transport urbain afin de permettre
aux habitants un meilleur accès
aux services et de pouvoir se
déplacer plus facilement.
Enfin, la question des ordures ménagères sera l’un des
dossiers sur lequel la CCJ devra
rapidement se pencher, afin
d’en harmoniser la compétence.
Romuald Ponzoni.
chardon lorrain
Faire plus avec moins
Le Chardon lorrain, basé dans le Rupt-de-Mad
derrière Chambley, englobe 39 communes pour
10 500 habitants. Son budget s’élève à 5,5 M€.
Compétences. Le Chardon lorrain a récupéré la
compétence périscolaire le 1er janvier 2014. La
com’com a lancé également il y a peu le transport à
la demande. « Il s’agit d’une expérimentation. On a
passé un marché de deux ans avec un artisan taxi.
La prochaine majorité pourra décider de le suspendre
passé ce délai », précise Olivier Jacquin, le président
de la CCCL.
Le pays des Emaux se doit
de stopper la guerre du golf
La communauté de communes de l’agglomération de
Longwy (CCAL) regroupe 21
communes, dont Fillières,
Tiercelet et Villers-la-Montagne intégrées le 1er janvier
2014. Avec 60 280 habitants
sur son territoire, elle est la
deuxième collectivité la plus
importante de Meurthe-etMoselle.
Compétences. Développement économique, aménagement de l’espace et urban i s m e , e nv i r o n n e m e n t ,
service incendie et secours,
enseignement et action
sociale sont les principaux
champs d’actions de la CCAL.
Perspectives politiques.
Les élections municipales ont
changé la donne intercommunale ! Alors qu’elle tenait
la présidence de la CCAL, la
droite n’est désormais plus en
position de force. Le basculement à gauche paraît acquis.
Reste à savoir avec quel leader. Deux candidats sont
d’ores et déjà déclarés : Christian Ariès, conseiller général
socialiste de Longwy, et Serge
De Carli, maire Front de gau-
Le golf, un paradis vert inachevé qui transforme régulièrement
le conseil communautaire en enfer politique. Photo Étienne JAMINET
che de Mont-Saint-Martin. La
droite est, quant à elle, discrète sur ses intentions.
Les enjeux. Gangrenée par
des querelles partisanes, la
CCAL tourne au ralenti
depuis de trop nombreuses
années. Le dossier du golf
intercommunal en est la
meilleure preuve. Inachevé,
l’équipement met le feu aux
poudres à chaque fois qu’il
est évoqué en séance. Au
regard de ce que parviennent
à mettre en œuvre certains de
leurs voisins, les élus de la
CCAL se doivent d’enterrer la
hache de guerre et de relancer
la machine. Le territoire a déjà
bien assez de retard.
Yannick Pagliuchi.
Le Longuyonnais fusionné
rêve de décoller
Briser le clivage ruraux-urbains
tés de fonctionnement dans un
contexte financier de plus en
plus contraint, et ce pour un
service optimal et égalitaire
pour chaque habitant du Jarnisy. La volonté est clairement
de réduire les dépenses publiques. « La CCJ n’a, à ce jour,
levé aucun impôt ménage »,
rappelle M. Zanardo. Un constat banal s’il n’était pas confronté aux réalités budgétaires
de certaines opérations. Pour
ne citer qu’un exemple : l’Aquapôle, 800 000 € de budget de
fonctionnement et 9,6M€
agglomération de longwy
pays de longuyon et deux-rivières
jarnisy
La communauté de communes du Jarnisy compte 24 communes pour un bassin de
population d’un peu plus de
19 000 habitants et un budget
de 7,5M€.
• Compétences. Associer
les communes adhérentes dans
un espace de solidarité en vue
de l’élaboration d’un projet
commun de développement et
d’aménagement du territoire.
• Perspectives politiques.
L’un des souhaits de Jacky
Zanardo, le maire de Jarny président de la CCJ et candidat à sa
réélection, est de créer une
conférence des maires, pour en
finir une fois pour toutes avec
la dichotomie urbains-ruraux,
« car nous sommes tous sur le
même bateau ». Il veut aussi
réussir l’intégration des nouveaux élus communautaires et
préparer les mutations en marche du bloc communal (communes et intercommunalité :
schéma de mutualisation et
pacte financier et fiscal) et de la
coopération entre les intercommunalités (rôle du Pays acté
dans ce sens). A priori, pas trop
de changements à prévoir dans
le bureau, ni dans les orientations politiques.
Enjeux. La CCJ se prépare à
évoluer et modifier ses modali-
2
Perspectives politiques. En parlant de la « prochaine majorité », Olivier Jacquin annonce la couleur : il se représente. D’ailleurs, il ne devrait pas y
avoir de gros changements parmi les exécutants :
dans deux tiers des cas, les élus ont été… réélus
dans leur commune.
Enjeux. « Le souci, c’est que l’État nous confie de
plus en plus de tâches alors que ses dotations
baissent. Soit on supprime certains de nos services,
soit on augmente nos ressources, mais cela ne se
traduirait pas forcément par une hausse d’impôts… »
Née de la fusion, au 1er janvier dernier, des deux
collectivités qui composent son nom, la communauté de communes du Pays de Longuyon et des
Deux-Rivières regroupe 27 localités. Elle compte
16 078 habitants.
Compétences. Les statuts de la nouvelle collectivité n’ont pas encore été validés. Du coup, le
fonctionnement des mariés s’apparente un brin à
du… bricolage. Pour le moment, les compétences
de l’ex-communauté de communes des Deux-Rivières restent en vigueur sur cette partie du territoire. L’action sur l’autre portion des terres intercommunales est dictée par les règles de l’excom’com du Pays de Longuyon.
Perspectives politiques. Si le jeune regroupement de communes n’a pas encore de statuts, c’est
tout simplement parce que les élus concernés ne
sont pas parvenus à s’entendre. Autoritaire, pour
ne pas dire plus, le président Pierre Mersch s’est
heurté à une levée de boucliers lors de la première
réunion officielle de la collectivité. Depuis, le chef
de file de la collectivité a perdu son fauteuil de
maire de Longuyon. Il est donc hors jeu pour le
mandat intercommunal qui vient de s’ouvrir. Sa
succession est actuellement en négociation. Tant
dans le camp des opposants d’hier que dans celui
des indéfectibles partisans du président désavoué.
L’enjeu. Les élus de la communauté de communes du Pays de Longuyon et des Deux-Rivières
n’ont d’autre choix que de parvenir à travailler
ensemble. « Nous avons le devoir de faire en sorte
que ce territoire, qu’il plaise ou non, réussisse.
Sinon, l’Etat ressortira son projet de création du
Grand Longwy (Longwy-Longuyon-Villerupt,
NDLR) », avait prévenu Pierre Mersch, lors de la
première séance.
Y. P.
pays de briey
pays audunois
Avoir davantage de souffle Cultiver la culture
Le Pays audunois compte treize communes, pour un peu moins de 8 000 habitants.
Compétences. La com’com a pris la
compétence petite enfance, d’où la création d’une maison éponyme. Elle a également mis l’accent sur l’éolien. Avec un
objectif double : « S’assurer des rentrées
financières sans toucher à la fiscalité, et
penser à la transition énergétique », évoque
Daniel Matergia, président de l’interco
depuis deux ans.
Perspectives politiques. Daniel Matergia devrait re-signer pour un nouveau bail.
Et continuer ce qui a été enclenché. Politiquement il se trouve conforté puisque René
Thiry a conquis la mairie d’Audun-le-Roman aux dépens de Marc Colin, prédécesseur du socialiste Matergia à la CCPA. Un
proche du PS remplace un Front de gauche
à la tête de la ville-centre : le scénario est
idéal pour le maire de Sancy. Le rapport de
force ne devrait guère bouger, pour autant
personne n’est à l’abri de velléités de l’un
ou l’autre le jour J… Quant au fonctionnement de la structure, ajoutons que le nombre de conseillers chute vertigineusement,
passant de 50 à 28, pour se conformer à la
nouvelle loi. Assurément, il leur faudra
travailler différemment.
Les enjeux. Évidemment, l’éolien
devrait entrer dans une phase plus con-
Daniel Matergia : « Il faut maîtriser
les coûts de fonctionnement de la Maison
de l’enfance. » Photo René BYCH
crète, avec l’enquête publique concernant
les sept machines appelées à figurer sur le
Pays-Haut, plutôt côté Bréhain-la-Ville.
D’autres viendraient par la suite s’implanter
sur le secteur de Sancy. Autre dossier : le
lancement d’une étude de faisabilité d’un
village seniors à Mont-Bonvillers. Enfin, la
consolidation de la Maison de l’enfance,
avec une maîtrise des coûts de fonctionnement.
epci du bassin de landres
Diversité politique
Le bassin de Landres est
un pionnier en matière
intercommunale. Et présente même l’originalité de
compter parmi ses onze
La piscine, un
investissement
conséquent mais une belle
réalisation. Photo René BYCH
membres Bouligny, une
commune meusienne.
Compétences. Son axe
fort : le développement
économique. L’établissement a montré son savoirfaire en la matière avec les
bâtiments-relais destinés
aux entreprises.
Perspectives politiques. Le président JeanMarc Léon est réélu maire,
Michel Mariuzzo également, Simon Stachowiak…
Autant dire que le noyau
dur communiste est reconduit. Cela étant, on assiste
à une représentativité plus
forte du Parti socialiste : il
y a Bouligny où Myriam
Kintzinger a remplacé Eric
Bernardi (PC), mais aussi
Marc Ceccato à Landres,
tout comme Bruno Pédésini à Mercy-le-Bas. L’EPCI,
c’est également des villages penchant plutôt à
droite. Jean-Marc Léon,
candidat à sa succession,
entend « respecter cette
diversité », laisser à chaque
tendance une expression et
donc une place au sein du
bureau.
Les enjeux. « On a serré
les boulons, assure JeanMarc Léon. Et à l’avenir,
toute nouvelle dépense
devra être le fruit d’une économie. »
La CCPB, c’est une grappe de huit communes
autour de Briey.
Compétences. Citons en premier lieu l’action culturelle au travers de la régie autonome du Théâtre Ici
et Là. Laquelle vit grâce aux subventions de la
com’com. Également le tourisme, le pole petite
enfance et l’éclairage public.
Perspectives politiques. Briey est incontestablement la ville-centre. Suit Mancieulles, la ville d’André
Fortunat, apparenté PC. Du changement ? Oui à
Lantéfontaine et aux Baroches. Mais les villages alentours n’affichent pas de réelles couleurs, et de toute
façon, il est difficilement imaginable qu’une voix
s’élève contre Guy Vattier, qui aura les cartes en main.
Les enjeux. Avec un budget oscillant entre 6 et
7 M€, la com’com du Pays de Briey est axée sur
l’action culturelle et le tourisme. Le gîte devra trouver
son rythme de croisière, tandis que la com’com se
déleste de la compétence eau, récupérée par le Contrat Rivière Woigot. À surveiller, la question de la
petite enfance, qui avait fait couler beaucoup d’encre
voici un an…
Le gîte, une belle
réalisation, qui doit aussi se
rentabiliser. Photo René BYCH
pays de l’orne
Dans la continuité
Sous l’action de l’Etat, le Pays de
l’Orne s’est enrichi de deux communes et non des moindres : Batilly et
Saint-Ail. Enfin, pourrait-on dire. Forte
de dix communes, ce "pays" n’a pas
une ville-centre mais deux : Jœuf et
Homécourt.
Compétences. L’environnement, le
cadre de vie, l’habitat, le secours
incendie, la petite enfance, les personnes âgées, les équipements culturels
(Pablo-Picasso évidemment), tels sont
les axes principaux du Pays de l’Orne.
Perspectives politiques. Allons
droit au but : pourquoi diable les
choses changeraient-elles ? Sur les dix
communes, dix maires réélus. On
peut donc s’attendre à un statu quo. À
moins que la présence des conseillers
d’opposition ne vienne ajouter une
touche épicée.
En tout cas, les villages et plus
petites villes ne peuvent parler d’hégémonie de Jœuf-Homécour t. La
com’com comptera moins de conseillers, mais les communes rurales
auront bien (toujours) voix au chapitre.
Les enjeux. La question de l’après-
Une réflexion va s’engager sur
le devenir du site de la Slag,
à Auboué. Photo Fred LECOCQ
mines demeure toujours prégnante.
Avec en filigrane les contraintes liées
à l’habitat. Ajoutons des réflexions à
moyen terme sur le site de la Slag à
Auboué.