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Métallurgie du plomb par Georges ALTHABEGOÏTY Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité Direction Métallurgie - Société Minière et Métallurgique de Peñarroya et Jacques GODFROI Ingénieur Direction Métallurgie - Peñarroya M 2 264 4 - 1982 Cet article constitue une mise à jour de l’article précédent rédigé par Ferdinand LEFERRER. 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 Présentation générale............................................................................. Productions et consommations.................................................................. Prix du plomb............................................................................................... Propriétés du métal ..................................................................................... Utilisations du plomb .................................................................................. Commerce du plomb................................................................................... 2. 2.1 2.2 2.3 Minerais ...................................................................................................... Principaux minerais..................................................................................... Concentration des minerais........................................................................ Achat des minerais ...................................................................................... — — — — 5 5 6 6 3. 3.1 3.2 3.3 Traitement des minerais ........................................................................ Principes et procédés .................................................................................. Grillage ......................................................................................................... Réduction au four à cuve ............................................................................ — — — — 6 6 8 10 4. 4.1 4.2 4.3 Affinage des plombs d’œuvre .............................................................. Affinage en cuve .......................................................................................... Affinage continu .......................................................................................... Affinage électrolytique (procédé Betts) ..................................................... — — — — 12 13 15 15 5. 5.1 5.2 Procédés nouveaux ................................................................................. Procédés pyrométallurgiques..................................................................... Procédés hydrométallurgiques .................................................................. — — — 15 16 16 6. 6.1 6.2 6.3 Métallurgie de seconde fusion............................................................. Approvisionnements ................................................................................... Principes de la métallurgie de seconde fusion ......................................... Produits commercialisés............................................................................. — — — — 17 17 18 19 7. 7.1 7.2 7.3 Aspects particuliers de la métallurgie du plomb............................ Situation géographique .............................................................................. Pollution et environnement ........................................................................ Conclusion.................................................................................................... — — — — 19 19 19 20 Pour en savoir plus........................................................................................... M 2 264 - 2 — 2 — 2 — 2 — 2 — 5 Doc. M 2 264 es deux propriétés remarquables du plomb, résistance à la corrosion sulfurique et malléabilité du plomb pur, celles-ci pouvant être corrigées par des additions de certains métaux pour donner du plomb durci, sont à la base de tout l’essor de l’industrie du plomb. L Le lecteur pourra également consulter les articles : — Plomb et alliages de plomb [M 510] ; — Données numériques sur le plomb [Form. M 513] ; dans la rubrique Propriétés des métaux de ce traité. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 1 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ 1. Présentation générale Historique Le plomb est l’un des premiers métaux utilisés par l’humanité. Ses propriétés physiques et chimiques, sa malléabilité et sa résistance à la corrosion étaient déjà connues dans les civilisations les plus anciennes. Les Égyptiens l’utilisèrent pour l’émaillage de leurs poteries (7 000-5 000 avant J.-C.), les Chinois le connaissaient dès l’an 3000 avant J.-C., les Phéniciens exploitèrent le gisement de Rio T into vers l’an 2000 avant J.-C. Les Grecs traitèrent les minerais du Laurium au Ve siècle avant J.-C. pour en extraire l’argent et les Gréco-Romains fabriquèrent des tuyauteries en plomb. Sous Constantin il existait à Rome environ 8 000 t de canalisations en plomb et la production de plomb de l’Empire Romain pendant quatre siècles a été évaluée à 15 millions de tonnes. Les usages du plomb au cours des cinq derniers millénaires se sont développés régulièrement. Mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que la consommation et l’exploitation des mines ont pris un rythme industriel. 1.1 Productions et consommations L’évolution de la production et de la consommation des différents pays, de 1977 à 1980, est donnée dans le tableau 1. Ces chiffres comprennent le plomb de deuxième fusion qui représente 38 % de la production totale de plomb raffiné. 1.2 Prix du plomb La figure 1 indique les cours du plomb en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le cours français est directement issu du cours du London Metal Exchange. 1.3 Propriétés du métal Le plomb, de nombre atomique 82 et de masse atomique 207,21, se trouve dans le groupe IV de la classification périodique. Point de fusion ................. 327,4 oC. Point d’ébullition .............. 1 740 oC. Densité............................... 11,34 à 20 oC ; 10,302 à 600 oC. Capacité thermique massique ........................... 0,128 J · g –1 · K–1 à 20 oC. Conductivité thermique ... 34,74 W · m–1 · K–1 à 20 oC. Résistivité .......................... 20,65 µ Ω · cm à 20 oC. C’est un métal mou, rayable à l’ongle. Il peut être facilement laminé. La présence d’impuretés telles que As, Sb, Cu augmente sa dureté. Il a une bonne résistance à la corrosion atmosphérique et à l’attaque par de nombreux acides. 1.4 Utilisations du plomb Le tableau 2 permet d’analyser l’évolution de l’utilisation du plomb consommé en France, de 1975 à 1980. M 2 264 − 2 Figure 1 – Cours du plomb : évolution entre 1961 et 1980 (d’après Perspectives Économiques de l’OCDE juillet 1981) 1.4.1 Accumulateurs Depuis sa découverte, en 1859, par Planté, l’accumulateur au plomb a vu son emploi croître au fil des ans. En 1980, il représentait environ 48 % de la consommation de plomb en France au lieu de 19 % en 1965. Cette augmentation est directement liée au développement de l’industrie automobile qui absorbe environ 75 % de la production d’accumulateurs. (0) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB Tableau 1 – Production et consommation mondiales (en tonnes métriques) de plomb raffiné : évolution de 1977 à 1980 Production de plomb raffiné Consommation de plomb raffiné Pays Afrique Europe 1977 Amérique Asie 1979 1980 1977 369 000 104 200 26 200 208 200 5 000 116 200 31 900 345 800 1 206 500 373 300 92 200 29 800 219 700 7 000 126 200 30 100 368 300 1 246 600 350 300 105 900 24 500 218 800 7 000 133 700 27 700 324 800 1 192 700 348 500 59 000 22 000 210 400 2 400 260 000 56 800 317 700 1 276 800 Autriche ......................... Espagne ......................... Finlande ......................... Grèce.............................. Norvège ......................... Portugal ......................... Suède............................. Suisse ............................ Turquie .......................... Yougoslavie................... Divers............................. 19 100 118 600 5 000 20 400 900 400 42 600 5 000 3 000 129 900 .................... 17 600 122 200 5 000 22 600 300 300 45 300 5 000 3 000 116 700 .................... 19 900 127 000 6 000 22 000 400 1 000 46 700 5 000 5 900 111 000 .................... 18 700 120 700 3 200 21 100 300 1 000 42 300 7 000 6 500 101 800 .................... 39 200 122 000 14 400 28 500 14 500 12 900 24 500 16 100 10 400 88 000 .................... Total Europe.................. 1 560 100 1 544 500 1 591 500 1 515 300 1 647 300 Afrique du Sud (Rép.)... Algérie ........................... Maroc............................. Namibie ......................... Tunisie ........................... Zambie........................... Divers............................. 24 000 .................... 34 600 42 700 19 700 13 100 1 500 24 000 .................... 30 000 39 500 16 600 12 900 1 500 23 300 .................... 36 800 41 700 17 700 12 800 1 500 35 400 .................... 42 400 42 700 19 200 10 000 2 000 36 700 5 000 4 900 4 600 1 900 24 300 135 600 124 500 133 800 151 700 Total Afrique Océanie 1978 Allemagne (RFA)........... 373 500 Belgique-Luxembourg.. 104 100 Danemark ...................... 24 200 France ............................ 205 800 Irlande............................ 5 000 Italie ............................... 117 700 Pays-bas ........................ 33 800 Royaume-Uni 351 100 CEE................................. 1 215 200 1978 335 800 56 100 24 000 211 700 2 400 251 000 55 900 336 500 1 273 400 1979 1980 361 300 57 600 25 000 211 400 5 800 258 000 54 700 333 200 1 307 000 333 100 59 300 25 000 212 000 8 600 275 000 58 000 295 500 1 266 500 46 600 114 200 20 800 26 400 13 000 12 000 22 000 18 500 6 700 84 000 300 52 900 110 600 22 800 27 600 13 500 16 000 20 500 20 900 11 000 84 600 500 1 623 300 1 671 500 1 647 400 39 600 9 500 4 600 43 800 5 100 4 300 52 600 6 400 6 300 5 200 2 200 24 000 5 600 2 400 24 300 5 100 2 900 19 800 85 500 93 100 42 400 114 800 11 500 28 600 14 500 13 000 18 300 17 300 7 000 (1) 82 000 500 77 400 85 100 Argentine....................... Bolivie ............................ Brésil .............................. Canada........................... Chili ................................ États-Unis ...................... Honduras ....................... Mexique......................... Pérou.............................. Vénézuela ...................... Divers 45 000 29 700 47 000 38 700 45 000 100 500 500 1 000 200 77 300 80 500 98 100 85 000 92 100 238 600 245 900 252 300 234 600 107 000 .................... .................... .................... .................... 3 000 1 169 100 1 188 400 1 225 700 1 150 500 1 417 900 .................... .................... .................... .................... 100 206 000 225 500 224 800 184 700 88 000 84 300 79 300 90 700 87 300 8 200 9 000 9 000 10 000 10 000 9 800 4 000 (1) 5 000 (1) 6 000 (1) 6 000 (1) 9 300 38 000 200 78 000 100 800 1 600 1 403 800 300 107 600 9 500 12 000 11 900 47 000 (1) 47 000 (1) .................... 1 100 85 100 82 700 98 000 104 400 900 1 100 1 344 000 1 094 000 300 300 110 100 96 200 19 000 26 100 14 200 14 000 11 600 10 000 Total Amérique 1 833 400 1 780 600 1 763 700 1 730 200 1 476 900 Birmanie ........................ Corée du Sud ................ Inde ................................ Iran ................................. Japon ............................. Philippines..................... Taïwan ........................... Taïlande ......................... Divers............................. 5 200 4 800 6 100 5 900 12 000 12 200 13 400 12 000 19 600 21 000 20 600 25 600 .................... .................... .................... .................... 287 700 291 100 282 700 304 900 1 500 (1) 1 500 (1) 1 900 4 800 10 000 14 000 20 000 16 800 1 200 1 100 1 500 1 500 5 000 (1) 6 000 (1) 7 000 (1) 7 000 (1) 6 200 17 800 53 200 12 000 333 900 9 500 17 300 7 000 31 100 4 800 27 500 55 000 11 000 352 100 11 000 19 800 7 000 27 800 6 100 33 100 58 400 10 000 368 200 12 000 27 000 8 900 32 100 6 000 30 000 56 000 2 200 392 500 10 000 16 100 12 800 37 700 1 863 800 1 955 100 1 797 800 Total Asie ...................... 342 200 351 700 353 200 378 500 488 000 516 000 555 800 563 300 Australie ........................ Nouvelle Zélande.......... Divers............................. 218 000 12 000 .................... 239 100 12 000 .................... 257 700 12 000 .................... 233 100 12 000 .................... 76 900 7 900 500 72 000 7 600 1 000 78 700 10 600 1 000 70 500 18 300 1 000 Total Océanie ................ Total partiel 230 000 251 100 269 700 245 100 4 101 300 4 135 600 4 303 300 4 088 400 85 300 4 078 600 80 600 4 068 700 90 300 4 133 300 89 800 3 870 500 (1) Ces valeurs correspondent à des estimations. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 3 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ Tableau 1 – Production et consommation mondiales (en tonnes métriques) de plomb raffiné : évolution de 1977 à 1980 (suite) Production de plomb raffiné Consommation de plomb raffiné Pays à économie dirigée (1) Pays 1977 1978 1979 1980 1977 1978 1979 1980 Albanie .......................... Allemagne (RDA) .......... Bulgarie ......................... Hongrie .......................... Pologne ......................... Roumanie ...................... Tchécoslovaquie ........... URSS ............................. Chine.............................. Corée du Nord .............. Cuba............................... Divers............................. .................... 45 000 112 000 200 85 400 41 700 19 000 720 000 150 000 70 000 .................... .................... .................... 45 000 125 000 .................... 86 700 42 800 19 000 770 000 160 000 75 000 .................... .................... .................... 42 000 120 000 100 84 200 40 900 19 000 780 000 170 000 70 000 .................... .................... .................... 42 000 118 000 100 85 200 42 000 18 000 780 000 175 000 65 000 .................... .................... 2 500 95 000 95 000 13 700 88 900 45 000 55 000 720 000 200 000 28 000 2 500 .................... 2 500 98 000 105 000 13 900 96 200 45 000 58 000 760 000 210 000 30 000 2 700 .................... 2 500 100 000 108 000 12 000 86 700 47 000 59 000 780 000 210 000 30 000 3 000 1 000 2 500 100 000 108 000 12 300 88 600 50 000 58 000 800 000 210 000 30 000 3 000 1 000 Total pays à économie dirigée 1 243 300 1 323 500 1 326 200 1 325 300 1 345 600 1 421 300 1 439 200 1 463 400 Total général (1) 5 344 600 5 459 100 5 629 500 5 413 700 5 424 200 5 490 000 5 572 500 5 333 900 (1) Ces valeurs correspondent à des estimations. (0) Tableau 2 – Consommation (en milliers de tonnes) de plomb en France : répartition par secteurs (1) 1975 1976 103 1977 1978 1979 1980 ( 1980 – 1979 ) × 100 ------------------------------------------------------1979 Accumulateurs (plaques, poudres, oxydes)............. 86,0 101,0 100,7 110,7 109,5 – 1,1 Câbles électriques ...................................................... 34,1 37,1 30,0 23,0 21,4 18,0 – 15,9 Demi-produits............................................................. 32,7 31,9 30,3 30,6 33,4 35,6 + 6,6 dont : tuyaux...................................................................... tubes souples.......................................................... feuilles et bandes ................................................... plomb de chasse..................................................... fil à balles ................................................................ capsules .................................................................. 6,2 0,4 12,2 8,3 0,3 5,3 6,0 0,8 12,6 7,1 0,4 5,0 5,0 0,6 12,2 6,9 0,4 5,2 4,3 0,4 13,2 6,8 0,3 5,6 4,1 0,2 16,6 6,2 0,4 5,9 4,0 0,1 17,2 8,0 0,4 5,9 – 2,4 – 50,0 + 3,6 + 29,0 Usages chimiques ...................................................... 38,8 46,3 45,9 43,7 48,1 46,0 – 4,4 dont : oxydes (autres que pour accumulateurs)............. tétraéthyle ............................................................... 25,2 13,6 32,3 14,0 33,6 12,3 29,0 14,7 33,0 15,1 31,5 14,5 – 4,5 – 4,0 Alliages........................................................................ 11,5 11,0 9,4 8,9 9,3 8,3 – 10,7 dont : soudures ................................................................. antifrictions ............................................................. imprimerie .............................................................. autres....................................................................... 6,4 0,5 3,7 0,9 6,5 0,4 3,5 0,6 6,1 0,3 2,6 0,4 5,6 0,25 2,7 0,35 6,7 0,1 2,4 0,1 6,5 0,1 1,6 0,1 – 3,0 Divers .......................................................................... 6,5 7,5 7,5 7,5 10,0 10,0 Total ............................................................................ 209,6 236,8 224,1 214,4 232,9 227,4 – 33,3 – 2,4 (1) D’après le Ministère de l’Industrie. Consommation au niveau du premier stade de la transformation incluant le métal raffiné ainsi que le plomb refondu et les déchets utilisés directement ou non. M 2 264 − 4 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB Il faut signaler également l’utilisation croissante d’engins de manutention à traction électrique par accumulateurs, principalement dans les bâtiments fermés. Cette tendance se justifie pour des raisons de pollution. Le plomb dans les accumulateurs est utilisé sous deux formes : les plaques en alliage de plomb et la matière active en oxyde de plomb. Le principal alliage utilisé est le plomb antimonieux, ou plomb dur, à une teneur de 3 à 5 % Sb. N’importe quel plomb antimonieux ne convient pas : le plomb antimonieux très pur se coule mal dans les moules, et le plomb impur risque de former des couples dans les accumulateurs ; une faible teneur en étain (0,1 à 0,2 % en masse) dans du plomb antimonieux pur résout la question. Un alliage plomb-calcium a été essayé (article Plomb et alliages de plomb [M 510]), il y a plus de 30 ans, pour la fabrication de plaques d’accumulateurs. Son utilisation a tendance à se développer pour la batterie sans entretien. D’autres alliages font l’objet d’études. — plomb-antimoine-étain pour caractères antifrictions ; — alliages à bas point de fusion. d’imprimerie et 1.4.5 Usages chimiques ■ Oxydes et dérivés : le minium (Pb3O4 ) et la litharge (PbO) sont utilisés dans les secteurs suivants : cristallerie, céramique, peinture anticorrosive, pigments, stabilisants pour les plastiques, etc. ■ Le plomb tétraéthyle ajouté à l’essence est un antidétonant puissant permettant d’améliorer le rendement des moteurs. Pour ces fabrications, on a intérêt à se servir d’un plomb le plus pur possible, titrant 99,99 % de plomb. 1.5 Commerce du plomb 1.4.2 Câbles À l’inverse des accumulateurs, la consommation de plomb pour les câbles a fortement diminué ces dernières années. Il a été progressivement remplacé par les matières plastiques et l’aluminium pour les câbles de moyenne et basse tensions. Le plomb reste, par contre, le matériau privilégié pour les câbles à haute et très haute tensions grâce à sa résistance à l’action corrosive des sols plus ou moins humides. 1.4.3 Demi-produits ■ Laminés ou tables de plomb : employés surtout dans l’industrie chimique pour chambres de plomb à acide sulfurique, revêtements de cuves, cellules et anodes d’électrolyse, etc. On emploie, pour la fabrication de ces laminés, du plomb pur, ou parfois un plomb légèrement argentifère (électrolyse du zinc), dans certains cas du plomb au tellure. Le laminé sert également pour l’insonorisation, et comme protection contre les rayons X et autres radiations. Enfin, il sert dans le bâtiment comme couverture, radier de terrasses ou balcons, chénaux, etc. ■ Tuyaux : obtenus facilement par extrusion dans les presses hydrauliques, ils se soudent et se travaillent très facilement. Ils sont employés : — dans l’industrie chimique, surtout dans celle de l’acide sulfurique ; — dans le bâtiment, les tuyauteries en plomb constituant un excellent moyen antiphonique pour l’écoulement des liquides. ■ Fils : parmi les principales fabrications, il faut signaler : — le fil à balles, obtenu à partir d’un alliage à 3 % d’antimoine ; — les profilés servant à des usages très divers, tels que l’assemblage par une baguette en forme de H des différents morceaux de verre colorés constituant un vitrail. ■ Sphères de plomb : la densité élevée du plomb en fait un matériau de choix pour la fabrication du plomb de chasse. Par ailleurs, des granulés de plomb très fins sont employés en sidérurgie (incorporation de 0,15 à 0,25 % de Pb dans les aciers de décolletage). ■ Capsules et tubes : le plomb est employé étamé, dans la fabrication de capsules, tubes à pâtes, tubes à couleurs, etc. 1.4.4 Alliages Le plomb peut s’allier à la plupart des métaux autres que le fer, et ses propriétés s’en trouvent alors sensiblement modifiées. Outre les alliages déjà signalés pour plaques d’accumulateurs, fils, etc., nous pouvons citer : — plomb-étain pour les soudures ; On voit par ce qui précède que, pour chaque usage, le plomb qui convient n’est pas forcément le plus pur possible. Dans certains cas, il convient d’ajouter certains métaux d’addition, mais en quantité bien déterminée et à l’exclusion d’autres impuretés (article Plomb et alliages de plomb [M 510]). Par ailleurs, le fondeur cherche, pour satisfaire le plus grand nombre de clients, à fabriquer un plomb parfaitement désoxydé, c’est-à-dire ne contenant plus d’oxygène ou d’oxyde de plomb dissous dans le métal ; lors de la refonte, à la plus basse température possible, il ne donnera que très peu de crasses par oxydation de surface. Mais un fabricant de minium a intérêt, au contraire, à ce que le plomb s’oxyde le plus rapidement possible, et le fondeur peut préparer d’avance un tel plomb. Cela pour souligner qu’une liaison technique entre le fondeur et l’utilisateur est souhaitable. L’acheteur de plomb doit bien spécifier la nuance du plomb qui lui convient, de la même façon qu’il le ferait pour un acier plus ou moins dur. Il doit, en outre, éclairer le fondeur sur l’usage prévu pour que, le cas échéant, on puisse prévoir une addition de métal d’apport. 2. Minerais 2.1 Principaux minerais Le plomb est dispersé dans l’écorce terrestre sous forme d’environ 170 espèces minéralogiques différentes dont les deux principales sont la galène et la cérusite. 2.1.1 Galène Sulfure de plomb PbS, elle est surtout d’origine filonienne et parfois provient d’imprégnation dans les calcaires ou dolomites. Elle cristallise dans le système cubique (cubes ou octaèdres), de densité 7,5 et de dureté 2,5 dans l’échelle de Mohs. Dans les minerais purs, elle se présente souvent sous forme de gros cristaux friables (alquifoux que l’on triait à la main et qui servait pour les poteries). La composition de ces cristaux s’approche beaucoup de la composition stœchiométrique idéale : Pb 86,6 % - S 13,4 %. En général, la cristallisation est fine, surtout dans la galène se trouve à l’état de mixte, associée avec de la blende ou de la pyrite. La plupart des gisements que l’on exploite actuellement sont des BPG (blende, pyrite, galène). Les galènes sont souvent partiellement oxydées dans les mines de surface, et l’on y trouve de la cérusite (PbCO3 ) et de l’anglésite (PbSO4 ). La gangue est de constitution très variable, quartzeuse, calcaire, dolomitique, barytique, etc. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 5 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ Outre la blende et la pyrite, les galènes contiennent, sous forme d’impuretés, du cuivre, du bismuth, de l’arsenic, de l’antimoine et parfois du cadmium, de l’étain, du tellure, du thallium, etc. Les galènes sont généralement plus ou moins argentifères et quelquefois aurifères quand elles contiennent du mispickel ou des pyrites aurifères. puis flottés dans une seconde opération. Les concentrés de flottation sont épaissis, puis filtrés et éventuellement séchés pour permettre leur transport vers la fonderie. Ils contiennent en général 60 à 80 % de Pb. 2.3 Achat des minerais 2.1.2 Cérusite Carbonate neutre et anhydre (PbCO3 ), elle se présente sous forme de cristaux en masse compacte à la partie supérieure des filons plombifères. Elle est souvent associée à la smithsonite (ZnCO3 ) et à la sidérose (FeCO3 ). La gangue est généralement calcaire ou dolomitique. La cérusite a une densité variant de 6,4 à 6,5 et une dureté de 3 à 3,5 dans l’échelle de Mohs. 2.1.3 Autres minerais Parmi les nombreuses autres formes minéralogiques, on peut citer : — la pyromorphite : chlorophosphate de plomb ; — l’anglésite : sulfate de plomb (PbSO4 ) ; — la crocoïte : PbCrO4 ; — la wulfénite : PbMoO4 ; — la vanadinite : Pb (PbCl2) (VO4 ) ; ainsi que des antimoniosulfures, des arséniosulfures, des tellurures, des séléniures, etc. 2.2 Concentration des minerais Les minerais tout-venant extraits de la mine ont une teneur en plomb variant entre 1 et 12 % environ. Ils doivent être enrichis de façon à éliminer la gangue stérile et à obtenir des concentrés enrichis le plus possible en minéraux porteurs de plomb. Ces opérations de concentration sont effectuées dans des usines installées à la sortie de la mine, appelées laveries. Le minerai tout-venant est tout d’abord concassé et broyé afin de libérer les minéraux de valeur des minéraux de la gangue. Le traitement ultérieur dépend de la dimension à laquelle il faut réduire les particules de minerai afin d’obtenir cette libération. Lorsque cette dimension est assez grossière, on utilise la différence de densité existant entre les minéraux porteurs de plomb et les minéraux de la gangue, réalisant ainsi une séparation gravimétrique dans des appareils tels que bacs à pistons, jigs, spirales, cyclones, tables à secousses (article Concentration gravimétrique [A 5 190] dans le traité Génie des procédés). Quand les minéraux sont plus fins (< 200 µm), ce qui est le cas le plus général, on a recours à la flottation, procédé qui utilise les propriétés superficielles des minéraux et plus particulièrement leur mouillabilité. Le minerai broyé est mis en suspension dans de l’eau, constituant ainsi une pulpe. On ajoute à celle-ci des réactifs organiques (xanthate de sodium ou de potassium, huile de pin, cyanure de sodium, chaux, etc.) qui se fixent sélectivement à la surface des minéraux de plomb les rendant hydrophobes. Au contraire, les minéraux stériles de la gangue restent hydrophiles. La pulpe est alors traitée dans une série de cuves agitées dans lesquelles on introduit de l’air finement dispersé : les minéraux hydrophobes de plomb sont collectés sur les bulles d’air et récupérés dans une mousse qui se forme à la surface des cuves, tandis que les minéraux de la gangue stérile restent dans le fond de celles-ci. Dans le cas de minerais polymétalliques (Pb, Zn, par exemple), il est nécessaire de régulariser le pH de la pulpe, d’utiliser des réactifs déprimants, pour rendre hydrophiles les minéraux de zinc pendant la flottation du plomb. Les minéraux de zinc sont, après, réactivés (avec du sulfate de cuivre) M 2 264 − 6 La valeur d’un minerai est fonction de la teneur des différents métaux récupérables et des frais de traitement nécessaire à l’obtention de ces métaux. En général, la formule d’achat est de la forme : V = 0,95 PT + Kpt – F avec V 0,95 prix d’achat d’une tonne de minerai sec, forfait de rendement en plomb [avec déduction minimale de 30 kg / t, c’est-à-dire qu’au-dessous d’une teneur en plomb de 60 %, le terme 0,95 P T devient P (T – 3)], P cours du plomb, T (%) teneur en plomb du minerai, K forfait de rendement en argent (compris entre 0,95 et 0,98, avec déduction minimale 50 g/t), p cours de l’argent, t (%) teneur en argent du minerai, F forfait de frais de traitement du minerai ; il varie selon les conditions économiques mondiales et est partiellement indexé aux cours du plomb. D’autres métaux que le plomb et l’argent, tels que le cuivre et l’or, au-dessus de certaines teneurs, peuvent être payés. Par contre, des pénalisations pour impuretés viennent augmenter le forfait de traitement. Ces impuretés sont essentiellement As, Bi, Zn qui, au-delà d’une certaine teneur, entraînent des dépenses de raffinage supplémentaires. 3. Traitement des minerais Le traitement des concentrés de plomb, pour obtention du plomb métal contenu, est effectué dans des usines spécialisées. Selon la nature et la richesse des minerais, on utilisera le procédé le mieux adapté (figure 2). 3.1 Principes et procédés Tous les procédés employés actuellement pour produire du plomb d’œuvre sont pyrométallurgiques. Ils utilisent les principes suivants. 3.1.1 Grillage et réduction Ce principe est très largement utilisé et assure, à lui seul, près de 99 % de la production mondiale de plomb d’œuvre de première fusion. Il s’agit de la transformation du sulfure en oxyde, suivie d’une réduction de l’oxyde de plomb par le carbone ou l’oxyde de carbone, selon les réactions principales : 2 PbS + 3 O2 PbO + CO → 2 PbO + 2 SO2 → Pb + CO2 Deux procédés découlent de ce principe. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB Figure 2 – Schéma simplifié de la structure d’approvisionnement en plomb brut d’un pays (d’après Perspectives Économiques de l’OCDE juillet 1981) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 7 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ 3.1.1.1 Pyrométallurgie classique des minerais de plomb Ce procédé utilise le grillage agglomérant et la réduction au four à cuve (leur description détaillée est donnée dans les paragraphes 3.2 et 3.3). 3.1.1.2 Procédé Imperial Smelting Ce procédé (article Métallurgie du zinc [M 2 270] dans ce traité) se distingue du précédent par la nature des minerais traités et par la possibilité de produire simultanément du zinc et du plomb d’œuvre. Le premier four Imperial Smelting de taille industrielle fut mis à feu en mars 1960, à Swansea Vale, dans le Pays de Galles. Depuis lors, douze autres fours ont été construits et les capacités totales de ces fours sont de 880 000 t/an de Zn et 350 000 t /an de Pb. La figure 3 présente le schéma de procédé Imperial Smelting. Cette production de plomb n’est pas négligeable car elle représente 9 à 10 % de la production mondiale de plomb de première fusion. 3.1.2 Grillage et réaction Le principe d’une réaction entre sulfure de plomb et sulfate ou oxyde de plomb conduit à la formation du métal et d’anhydride sulfureux, selon les réactions principales suivantes : 2 PbS + 3 O2 PbS + 2 O2 PbS + PbSO4 PbS + 2 PbO → → → → 2 PbO + 2 SO2 PbSO4 2 Pb + 2 SO2 3 Pb + SO2 Les procédés utilisant ce principe ne sont presque plus employés. Ils pourraient se développer prochainement grâce à l’apparition de nouvelles techniques (§ 5.1). 3.2 Grillage L’opération de grillage a deux objectifs : d’abord, élimination du soufre de la charge destinée au four de réduction ; ensuite, agglomération ou conditionnement de la charge afin d’obtenir un produit ressemblant à un clinker partiellement fondu, assez dur pour résister à l’écrasement dans le four à cuve, mais en même temps assez poreux pour permettre l’accès des gaz réducteurs et faciliter la fusion. Figure 3 – Production simultanée du zinc et du plomb par le haut fourneau à zinc (procédé Imperial Smelting) M 2 264 − 8 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB Le procédé universellement utilisé pour cela est le procédé Dwight-Lloyd (DL) qui a été modernisé en 1956 par l’usine de Port Pirie (Australie) (§ 3.2.3). 3.2.1 Réactions intervenant au cours du grillage La réaction principale est : PbS + 3/2 O2 → PbO + SO2 (∆H = – 416 k J/mol) mais beaucoup d’autres réactions peuvent intervenir, telles que : SO2 + 1/2 O2 PbS + 4 SO3 PbO + SO3 2 PbO + SiO2 → → → → SO3 PbSO4 + 4 SO2 PbSO4 Pb2SiO4 (∆H = – 94,5 k J/mol) (∆H = – 438 k J/mol) (∆H = – 305 k J/mol) La teneur en soufre de la charge crue est abaissée à 6 % environ par mélange avec des agglomérés préalablement broyés à 6 mm. Le grillage se fait donc en un seul passage sur DL mais une partie importante de la production d’agglomérés doit être détournée du circuit alimentant l’atelier de fusion pour être réincorporée à la charge. La proportion de repasse (matériaux recyclés) ainsi réintroduite dans le circuit de grillage dépend évidemment de la teneur en soufre des minerais à traiter. Cette repasse doit être convenablement calibrée pour donner à la charge totale une bonne porosité. Le procédé DL utilisé pour le grillage comprend un appareil qui se présente comme une bande sans fin de chariots mobiles munis de grilles, glissant sur des caissons étanches (figure 4). et aussi : PbS PbS + 2 PbO + PbSO4 → 3 Pb + SO2 → 2 Pb + 2 SO2 (∆H = + 320 k J/mol) (∆H = + 408 k J/mol) ces deux dernières réactions produisant du plomb métal. 3.2.2 Facteurs influant sur le grillage La charge de l’appareil DL est en réalité un mélange, aussi homogène que possible, de minerais, de fondants destinés à obtenir une scorie de composition convenable au four à cuve, et de sous-produits tels que poussières et fumées. Pour la bonne élimination du soufre du mélange formant la charge, les réactions précédemment indiquées doivent être aussi complètes que possible. Plusieurs facteurs ont de l’influence sur la vitesse et le degré de grillage ; ce sont notamment : le degré de contact entre les différentes substances entrant en réaction dans le sein de la charge, le degré d’accès de l’air de grillage, la température développée au cours du grillage. ■ Degré de contact : il dépend du degré de concassage et de broyage des substances constituant la charge, et de la perfection du mélange fait au cours de la préparation des charges pour le grillage. ■ Accès de l’air de grillage : il dépend de la porosité de la charge mélangée lorsqu’elle est répartie sur la machine DL ; afin de donner à la charge une porosité convenable, on est amené, la plupart du temps, à y ajouter des quantités plus ou moins importantes de produits de retour, broyés aux dimensions adéquates. ■ Température atteinte : elle dépend de la teneur en combustibles de la charge et de la durée du grillage. Le soufre est le combustible initial mais, s’il est en quantité insuffisante pour que l’on puisse atteindre la température correcte de grillage, il peut être complété par l’addition de poussier de coke. D’un autre côté, la température atteinte ne doit pas permettre une fusion prématurée qui arrêterait le grillage et empêcherait de pousser la désulfuration aussi loin qu’il le faut. C’est une des raisons pour lesquelles on ajoute souvent à la charge des diluants, tels que scorie grenaillée, afin d’abaisser la teneur en combustibles. 3.2.3 Pratique du grillage La teneur en soufre d’une charge de grillage de minerai de plomb, comprenant tous les éléments nécessaires à la fusion au four à cuve, varie suivant la nature des minerais en question (minerais plus ou moins pyriteux). La plupart du temps, elle se situe aux alentours de 10 à 14 % S ; la désulfuration, pour l’obtention d’agglomérés à moins de 2 % S, ne pourrait être obtenue par le traitement d’une charge à teneur si élevée. Figure 4 – Métallurgie du plomb Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 9 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ Jusqu’à ces dernières années, il n’existait que des DL aspirés. Mais depuis la mise au point, en 1956, du DL soufflé à Port Pirie, cette nouvelle technique s’est répandue rapidement. Elle offre deux avantages principaux : — les deux dernières réactions indiquées au paragraphe 3.2.1 produisent du plomb métal ; avec les DL aspirés, ce plomb s’écoulait dans les caissons d’aspiration de la machine ; grâce au soufflage, le plomb se refroidit et reste prisonnier dans l’aggloméré ; — la teneur en SO2 des gaz est plus élevée, permettant une récupération plus aisée du soufre (§ 3.2.4). Exemple de composition d’un aggloméré provenant d’un DL soufflé : Pb : 50 %, S : 1,5 %, SiO2 : 10 %, CaO : 8 %, FeO : 16 %. 3.2.4 Traitement des gaz L’air nécessaire au grillage est soufflé à travers la couche au moyen de ventilateurs reliés aux caissons de la machine DL. Le soufre brûlé est entraîné par les gaz sous forme d’anhydride sulfureux. Il y a, par ailleurs, volatilisation et entraînement mécanique de poussières contenant du plomb. Les gaz sont collectés au-dessus du DL dans une hotte étanche et, de là, dirigés vers un atelier de récupération de SO2 après avoir été débarrassés de leurs poussières (§ 3.2.5). Les gaz correspondant à la première moitié de la machine DL sont plus riches en SO2 que les gaz de la deuxième moitié ; aussi certaines usines pratiquent-elles le recyclage de cette deuxième partie sur la première moitié de la charge afin d’enrichir les gaz du début du grillage et permettre une meilleure récupération du soufre de la charge. La teneur en SO2 des gaz varie selon la nature des minerais traités. Elle oscille généralement entre 4 et 6 % en volume. Les gaz sont traités soit pour l’obtention d’acide sulfurique par le procédé de contact, soit pour la fabrication de SO2 liquide (SO2 est, par exemple, absorbé par barbotage dans de la xylidine ou de la toluidine qui libèrent ensuite SO2 pur par chauffage ; ce dioxyde de soufre est liquéfié par compression). 3.3 Réduction au four à cuve 3.3.1 Réactions chimiques La fonction du four à cuve est de réduire l’oxyde de plomb à l’état de métal et de scorifier les éléments de la gangue qui doivent être séparés du métal. La séparation est effectuée par différences de densité des divers produits : plomb, scorie et éventuellement mattes, speiss ferreux (arséniure de fer). La réduction est assurée par le carbone et l’oxyde de carbone fournis par le coke (8 à 10 % de la charge, soit une consommation d’environ 200 kg de coke par tonne de plomb d’œuvre). Comme dans un haut fourneau, le coke et l’aggloméré sont chargés alternativement à la partie supérieure du four à cuve. Ces matières, généralement à 150 oC, rencontrent les gaz chauds venant de la base du four et se réchauffent jusqu’à 500 oC au détriment des gaz qui sortent du gueulard à 380 oC environ. À partir de 500 oC débute la réduction du plomb par l’oxyde de carbone, qui se produit jusqu’à 1 000 o C. Les principales réactions chimiques sont les suivantes : C + O 2 ! CO 2 ! 2 CO CO 2 + C PbO + CO ! Pb + CO 2 La figure 5 donne les courbes de variation des températures de la charge et des gaz en fonction de la hauteur de la cuve. 3.2.5 Dépoussiérage Le broyage des matières premières, la préparation de la charge, le conditionnement de la repasse, la manutention de l’aggloméré, etc. sont des opérations qui produisent des poussières. Tous les appareils sont capotés et mis en dépression. Les gaz obtenus sont traités dans des filtres afin de les débarrasser des poussières contenues. Trois types d’appareils sont généralement utilisés (article Dépoussiérage des gaz et dévésiculage [J 3 580] dans le traité Génie des procédés) : — les filtres à manches permettant de traiter les gaz secs ; par leur efficacité, ils se sont imposés pour résoudre la plupart des problèmes de filtration ; un filtre à manches moderne rejette des gaz à moins de 10 mg de poussières par mètre cube ; — les laveurs humides, efficaces sur des produits très humides ; — les électrofiltres convenant bien pour traiter les gaz riches en SO2 sortant de la hotte des DL ; la filtration s’effectue en deux stades : électrofiltre sec avec un rendement de 95 % suivi d’un électrofiltre humide. Toutes les poussières recueillies par les différents appareils de filtration sont collectées, conditionnées et recyclées dans la charge du DL. Figure 5 – Courbes de variation des températures de la charge et des gaz en fonction de la hauteur de la cuve M 2 264 − 10 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB 3.3.2 Caractéristiques physiques de la charge Pour la bonne marche du four, il faut que, non seulement, la charge ait une composition chimique convenable, mais aussi qu’elle possède certaines caractéristiques physiques et qu’elle soit répartie dans la cuve d’une façon déterminée. À l’heure actuelle, la plupart des fours à cuve sont chargés mécaniquement. Les dispositifs adoptés varient suivant les usines, mais tous sont conçus de telle sorte que les morceaux les plus gros de la charge soient placés au centre du four et les morceaux les plus fins vers les parois, afin d’obtenir la meilleure répartition possible du vent à travers la charge du four. Les constituants de la charge (agglomérés, fondants, coke, sous-produits) ont des dimensions très variables, pouvant aller de quelques centimètres à plusieurs décimètres. Une charge composée de morceaux de dimensions importantes est préférable à une charge composée uniquement de fines, car l’ascension des gaz est alors plus uniforme. Il ne faut pas, cependant, que les produits chargés soient tous très gros, car alors les gaz montent trop vite à travers la charge et les réactions n’ont pas le temps de se produire. Lorsqu’il y a trop de fines, les gaz se font un passage en créant des cheminées, les réactions chimiques ne se font plus et le four se bloque. Les charges des fours modernes comprennent une part très importante (80 à 90 %) d’agglomérés dont les dimensions répondent parfaitement aux exigences des fours à cuve. Il est également important que le coke ait une granulométrie convenable (80 à 120 mm) : s’il est trop fin, il brûle trop haut dans la cuve, les feux montent et le four se bloque à la base. S’il est trop gros, les produits arrivent insuffisamment réduits dans la zone des tuyères. 3.3.3 Conception des fours À l’heure actuelle (1982), la plupart des fours à plomb ont une section horizontale rectangulaire, sauf encore certains fours de petite capacité dont la section est circulaire (on est, en effet, limité dans le diamètre de tels fours par les possibilités de pénétration du vent). De bas en haut, le four comprend plusieurs parties (figure 6) : — le creuset, en briques, avec une armature extérieure en tôle, dans lequel se rassemble le plomb que l’on extrait au moyen d’un siphon ; — la zone de fusion, ou cuve, qui peut être, soit partiellement, soit entièrement, entourée de chemises en tôle à circulation d’eau (water-jacket) ; — la partie supérieure, ou gueulard, comprenant le dispositif de chargement et les gaines d’évacuation des gaz et fumées (§ 3.3.5). Le profil des fours à cuve varie d’une usine à l’autre, de même que leurs dimensions : au niveau des tuyères, la largeur peut aller de 0,90 à 1,50 m ; la longueur depuis 1,50 jusqu’à 10 m, suivant la capacité de production que l’on désire. L’air est fourni soit par des ventilateurs centrifuges, soit par des ventilateurs volumétriques, type Roots ; sa pression peut aller de 0,08 à 0,16 bar (80 à 160 cm de colonne d’eau). Le plomb est en général extrait du creuset par un siphon, à travers la maçonnerie du creuset. La scorie est évacuée par un trou de coulée situé à la partie supérieure du creuset. Le procédé ASARCO, permettant la coulée continue et simultanée du plomb et de la scorie par un siphon unique, est de plus en plus utilisé. La séparation du plomb et de la scorie s’effectue dans un avant-creuset. 3.3.4 Produits obtenus Les divers produits obtenus au four à cuve sont les suivants. ■ Plomb brut ou plomb d’œuvre qui renferme un certain nombre d’impuretés telles que Cu, As, Sn, Sb, Bi, ainsi que la quasi-totalité de l’argent et de l’or contenus dans les minerais. Suivant la nature de ceux-ci, les teneurs en impuretés peuvent aller de quelques dizaines de grammes par tonne jusqu’à quelques pour-cent. Exemple de composition d’un plomb d’œuvre : Cu : 0,40 %, As : 0,35 %, Sb : 0,60 %, Sn : 0,03 %, Ag : 0,1 %, Bi : 0,2 %. À la sortie du siphon, le plomb passe en général dans une poche garnie de réfractaire. À sa surface se forment des crasses que l’on écume (et qui sont chargées à nouveau dans le four à cuve) afin d’envoyer à l’atelier de raffinage un plomb le plus propre possible. Suivant la disposition des usines, le plomb d’œuvre est soit coulé en gros lingots (3 à 10 t), soit envoyé directement, à l’état liquide, à l’atelier d’affinage ; on évite ainsi des dépenses de combustible pour refondre le plomb. ■ Scorie : c’est un silicate simple ou complexe ; ses principaux constituants sont la silice, l’oxyde de fer et la chaux, le fer pouvant être remplacé, dans certaines limites, par le manganèse, et la chaux par de la magnésie, de l’oxyde de zinc ou de la baryte. Le type de scorie choisi varie suivant les usines : il dépend de la nature des minerais traités et des possibilités d’approvisionnement en fondants, ainsi que de leurs prix respectifs. Comme dans toutes les métallurgies qui travaillent en allure faiblement réductrice, les scories sont en général très ferrugineuses, parce que le fer n’est pas réduit à l’état métallique, ce qui permet d’obtenir des scories très fusibles. Les teneurs des différents éléments constituants de la scorie varient en général dans les limites suivantes : (0) SiO2 .................. FeO ................... CaO ................... Zn ..................... Al2O3 ................ 20 à 34 % 40 à 28 % 10 à 20 % 21 à 6 % 3à 8% MnO ................... 2 à 5 % MgO ................... 1 à 5 % S ......................≈ 1 à 2 % Pb ....................... 1 à 2 % Ag ...................... 6 à 10 g/t À la sortie du four, la scorie passe dans un pot de décantation où, par différences de densité, elle se sépare des divers produits qu’elle a pu entraîner avec elle (plomb, speiss, matte). Après cette décantation préalable, elle est en général grenaillée dans un violent courant d’eau, ce qui facilite les manutentions ultérieures pour son évacuation au crassier. La scorie grenaillée peut, en effet, être soit pompée, soit transportée par bande de caoutchouc ou transporteur aérien, alors que, dans les usines de conception plus ancienne, la scorie était coulée dans des pots où on la laissait se solidifier. Ces pots, montés sur essieux, étaient ensuite basculés au crassier, puis les pots vides retournaient au four pour être de nouveau remplis. Les scories des fours à plomb contiennent souvent des quantités notables de zinc (jusqu’à 21 %) et subissent alors un traitement métallurgique spécial destiné à en extraire le zinc contenu sous forme d’oxyde (Slag Fuming [1] ; four Waelz, article Métallurgie du zinc [M 2 270]). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 11 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ Figure 6 – Four water-jacket à plomb, à 62 tuyères, type Noyelles - Godault ■ Mattes et speiss : lorsque les matières premières ont des teneurs élevées en Cu et As (2 à 5 %), il peut y avoir formation de mattes et speiss qui sont évacués du four en même temps que la scorie dont ils se séparent par décantation. Exemple de composition des mattes et speiss : Pb Cu As Fe S Ni + Co Ag (%) (%) (%) (%) (%) (%) (g /t) Mattes 13,15 4,85 0,70 47 26,4 ............ 1 100 Speiss 1,88 3,17 25,40 54,6 2,75 2,26 160 Sb (%) 0,60 4,80 3.3.5 Dépoussiérage Les gaz et fumées issus du gueulard sont filtrés dans des filtres à manches en même temps que tous les gaz d’assainissement de l’atelier, de la même manière qu’au grillage (§ 3.2.5). Les poussières recueillies sont conditionnées et recyclées au grillage. Exemple de composition des fumées de la fusion : Pb : 60 %, Zn : 5,5 %, S : 10,5 %, As : 0,45 %. M 2 264 − 12 Dans certaines usines, particulièrement celles qui traitent des minerais riches en zinc, les fumées de la fusion contiennent suffisamment de cadmium pour que le traitement séparé de ces matières pour extraction du cadmium contenu soit viable économiquement. 4. Affinage des plombs d’œuvre L’affinage consiste à éliminer tous les métaux qui se trouvent dans le plomb d’œuvre, pour obtenir un plomb titrant 99,99 % Pb. C’est le plomb commercial dont la somme des teneurs de toutes les impuretés est inférieure à 100 g/t. Le travail se fait sur le plomb liquide soit par opérations discontinues, dans des chaudrons ou des fours, soit par affinage continu du métal qui s’écoule successivement dans différents appareils depuis l’entrée de l’atelier jusqu’au lingotage des saumons de plomb doux marchands. Ce plomb commercial peut également être obtenu par électrolyse. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB L’affinage en continu s’applique plutôt à une usine de forte production (au moins 100 000 t /an) travaillant sur des minerais de composition constante provenant d’un même groupe de mines, comme c’est le cas de Port Pirie en Australie (§ 4.2). L’affinage électrolytique (§ 4.3) s’applique surtout aux plombs ayant des teneurs élevées en impuretés (au moins 2 % en impuretés autres que le cuivre). L’affinage classique, le plus employé, est effectué en opérations discontinues dans des cuves en acier d’une capacité qui peut varier de 50 à 300 t de métal (§ 4.1). 4.1 Affinage en cuve 4.1.1 Décuivrage La première opération d’affinage est le décuivrage. Son mécanisme, relativement simple, comporte plusieurs phases permettant d’extraire le cuivre du plomb d’œuvre et de le concentrer. L’extraction du cuivre s’opère en deux stades. Tout d’abord, par simple refroidissement du plomb d’œuvre liquide, il se produit une séparation par différences de densité des produits riches en cuivre sous forme de crasses qui surnagent ; elles sont constituées de sulfures et arséniures de cuivre, de fer et même de nickel ou cobalt. À l’aide d’un agitateur, on brasse le plomb en ajoutant du brai afin de sécher les crasses qui, sans cette addition, seraient engluées de plomb et l’on écume un produit pulvérulent. Cette opération a lieu à 400 oC et la teneur en cuivre du plomb est d’environ 0,05 %. Pour abaisser cette teneur, on ajoute, dans un deuxième stade, du soufre pulvérisé tout en abaissant la température du plomb jusqu’à 330 oC. Il se forme des écumages qui sont recyclés dans l’opération précédente. Le plomb une fois écumé contient moins de 0,005 % Cu. Les écumages cuivreux obtenus au cours du premier stade sont fondus soit dans un four réverbère, soit dans un four tournant. Il est parfois nécessaire d’ajouter des fondants tels que : carbonate de sodium, sable siliceux. De ce four on sort : — un plomb de ressuage qui retourne au chaudron de décuivrage ; — un speiss cuivreux, arséniure de cuivre contenant un peu de plomb et tout le nickel et le cobalt du plomb d’œuvre ; — une matte plombo-cuivreuse dont la teneur en cuivre dépend du rapport S/Cu du plomb d’œuvre. En fin d’opération, on n’aura dans le bain de sodium que les sels de sodium des trois impuretés, tout le plomb restant à l’état métallique. Les réactions de base sont les suivantes : 4 NO3Na + 6 NaOH + 5 Pb → 5 PbO3Na2 + 2 N2 + 3 H2O 5 PbO3Na2 + 2 NaOH + 4 As → 4 AsO4Na3 + 5 Pb + H2O Il en est de même pour l’étain et l’antimoine qui forment du stannate SnO3Na2 et de l’antimoniate SbO3Na. Les teneurs en arsenic et étain du plomb épuré sont inférieures au gramme par tonne tandis que celle de l’antimoine est de l’ordre de 70 g/t. L’épuration Harris s’effectue dans une cuve (figure 7) en acier soudé. Le contact intime entre le plomb et le bain sodique fondu est réalisé en faisant passer le plomb en pluie au travers du bain sodique contenu dans un cylindre de réaction dont la partie basse trempe dans le plomb de la cuve ; la circulation est assurée par une pompe centrifuge située dans le plomb, et qui le refoule en le diffusant au-dessus de la soude. Un alimenteur continu fait tomber peu à peu le nitrate dans le cylindre de réaction. L’opération Harris s’effectue en maintenant la température du plomb entre 380 à 400 oC. La soude fondue, saturée des sels des impuretés au maximum d’oxydation, contient environ 50 % de soude caustique libre, pour rester bien liquide. On la granule dans l’eau jusqu’à ce que la liqueur atteigne 1,4 de densité. La solution ainsi obtenue est traitée dans un atelier pour récupération des métaux. L’antimoniate de soude, insoluble à chaud, est séparé par décantation et filtration. Le stannate et l’arséniate de soude sont séparés des solutions sodiques par cristallisation et traités successivement à la chaux pour former des stannate et arséniate de chaux. ■ Autres modes opératoires De nombreuses fonderies épurent le plomb dans des fours réverbères à faible hauteur de plomb que l’on chauffe en atmosphère oxydante à environ 800 oC. L’oxydation est activée par insufflation d’air comprimé au moyen de tubes en fer débouchant un peu au-dessous de la surface du plomb. Il se forme des oxydes de plomb riches en arsenic, étain et antimoine, tandis que le plomb ne contient plus que 0,03 % d’antimoine. On peut également épurer directement en chaudron en insufflant de l’air enrichi en oxygène. La température du plomb est dans ce cas maintenue à 650 oC. Exemple : analyse type d’une matte plombo-cuivreuse : Cu : 40 à 50 %, Pb : 30 à 40 %, Ag : 1 kg/t, S : 15 à 16 %. Les mattes plombo-cuivreuses et les speiss sont généralement traités dans des fonderies de cuivre appropriées qui récupèrent tous les métaux contenus. 4.1.2 Épuration Le plomb décuivré à 0,005 % de cuivre est transvasé à l’aide d’une pompe centrifuge dans la cuve d’épuration. ■ Procédé Harris : procédé d’oxydation On oxyde les métaux par du nitrate de sodium que l’on ajoute peu à peu à un bain de soude caustique fondue en contact avec le plomb. Tous les métaux s’oxydent, y compris le plomb, mais comme les impuretés métalliques restent jusqu’à la fin de l’opération en excès par rapport au nitrate ajouté, elles réagiront, dans l’ordre des enthalpies de formation des oxydes, sur les sels des métaux moins oxydables déjà formés. Ainsi, l’arsenic réagira le premier sur les plombate, antimoniate et stannate de sodium formés, puis l’étain sur les plombate et antimoniate de sodium et l’antimoine sur le plombate de sodium pour remettre le plomb en liberté. Figure 7 – Procédé d’épuration Harris Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 13 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ 4.1.3 Désargentation Toutes les désargentations ont abandonné les vieux procédés Pattinson et Luce Rozan pour adopter le procédé Parkes. Ce procédé, trouvé et appliqué empiriquement depuis un siècle, a été étudié et expliqué par Jollivet [2]. ■ Formation d’un alliage riche par addition de zinc Si l’on ajoute du zinc à un plomb argentifère fondu, le zinc et l’argent forment des composés définis solides dont la composition est en équilibre avec les concentrations du zinc et de l’argent du liquide plomb. Si le composé solide a pour formule Agx Zny , les concentrations a et b des métaux en solution dans le plomb sont liées par une relation de la forme : x lg a + y lg b = Kt la constante Kt dépendant de la température. En pratique, on ajoute du zinc au plomb argentifère à 500 oC et l’on brasse le plomb tout en refroidissant le système. Il se forme successivement des alliages qui correspondent sensiblement aux compositions : Ag3 Zn2 , AgZn, Ag2 Zn3 , Ag5 Zn8 , Ag2 Zn5 , AgZn3 , AgZn4 , etc. Pour obtenir des alliages le plus riches possible en argent, en partant de plomb ayant 1 à 2 kg d’Ag /t, et arriver à des plombs doux ne contenant plus que 6 à 8 g d’Ag/t, on travaille en pratique de la façon suivante : le plomb épuré étant transféré par pompage de la cuve Harris ou du four dans la cuve de désargentation, on le chauffe à environ 500 oC ; on lui ajoute les derniers écumages argentifères riches en Zn de l’opération précédente et, s’il y a lieu, du zinc neuf ; on brasse et, sans attendre le refroidissement complet, on écume l’alliage formé, qu’on introduit dans une presse de façon à éliminer le plomb enrobé dans les cristaux d’alliage riche en argent ; on fait alors une seconde addition de zinc et on laisse refroidir le plomb jusqu’à la température de solidification (environ 320 oC) tout en écumant l’alliage argentifère riche en zinc qui sera introduit, comme nous venons de le dire, à l’opération suivante. Le plomb est ainsi désargenté : il contient alors 6 à 8 g de Ag/t et 5,5 kg de Zn/t. On le passe dans un autre chaudron où l’on doit récupérer ce zinc. L’alliage riche ainsi formé (appelé triple alliage) contient environ 10 % Ag, 30 % Zn et 60 % Pb. Il contient en outre l’or et le restant du cuivre qui n’a pu être éliminé au décuivrage par le soufre. ■ Distillation du zinc Pour pouvoir extraire l’argent par coupellation, il faut d’abord récupérer le zinc par distillation. Dans beaucoup d’usines, la récupération de Zn s’effectue par distillation en cornue du triple alliage dans des fours du type Faber du Faur. Ce procédé, relativement ancien, est supplanté progressivement par le procédé Leferrer (figure 8). On commence par enrichir le triple alliage par liquation permettant d’obtenir un triple alliage concentré ayant la composition moyenne suivante : Ag : 25 %, Zn : 65 %, Pb : 10 %. Le triple alliage concentré est ensuite traité dans un four sous vide chauffé électriquement. Les avantages principaux de ce procédé, par rapport à la distillation en cornue, sont les suivants : — température de distillation : 750 oC au lieu de 1 100 oC ; — rendement de récupération de Zn : 95 % au lieu de 85 % ; — diminution notable de la quantité de crasses ; — procédé non polluant. Produits obtenus : zinc recyclé à la désargentation, plomb riche en argent contenant moins de 1 % de Zn. ■ Coupellation du plomb riche pour récupération des métaux précieux La coupellation du plomb riche a pour but d’oxyder le plomb sous forme de litharge fondue et d’obtenir de l’argent brut contenant tout l’or du triple alliage. Dans une coupelle à inclinaison variable, en M 2 264 − 14 Figure 8 – Four sous vide de distillation du zinc : procédé Leferrer magnésie ou en béton de barytine, chauffée à 1 000 oC, on souffle de l’air sur le bain de plomb riche. La litharge s’écoule à la partie supérieure tandis que l’on recharge peu à peu du plomb riche. Quand le bain est presque transformé en argent, on cesse de recharger la coupelle. On pousse la température à 1 100-1 150 oC et l’on coule l’argent qui roche par élimination de l’oxygène absorbé durant la coupellation. Cet argent est refondu dans des creusets à l’abri de l’air et lingoté. Quand il est aurifère, on sépare l’or par une première électrolyse de l’argent en milieu nitrique, et une seconde électrolyse des boues anodiques pour obtenir l’or pur. 4.1.4 Dézingage Après désargentation, le plomb contient encore 0,55 % de zinc et un peu d’antimoine, surtout quand le plomb n’est pas épuré par le procédé Harris. ■ Dézingage sous vide : procédé Saint-Joe Ce procédé tend à se généraliser. On soumet le plomb à un vide très poussé, de 7 Pa (0,05 torr) environ. Pour cela, deux systèmes sont utilisés : soit une cloche métallique que l’on plonge dans le plomb, soit un plateau qui repose sur la partie supérieure de la cuve par l’intermédiaire d’un joint torique en caoutchouc. La partie supérieure de la cloche ou le plateau sont refroidis par des water-jackets. Le plomb est porté à 600 oC, le zinc distille et vient se condenser, à l’état solide, sous la partie refroidie de la cloche ou du plateau. Ce zinc, qui est plombeux, est recyclé à la désargentation. Il reste de 0,02 à 0,05 % de zinc dans le plomb et il est nécessaire de faire subir au plomb un dernier affinage à la soude caustique. ■ Dézingage par le procédé Harris Le dézingage se fait de la même façon que pour l’épuration (§ 4.1.2). Ce procédé tend à disparaître au profit du dézingage sous vide. 4.1.5 Débismuthage Beaucoup de minerais ne sont pas bismuthifères. Dans ce cas, après dézingage, le plomb contenu est doux et marchand. Il contient généralement moins de 100 g de Bi/t de Pb. Par contre, si le plomb d’œuvre contient du bismuth, il faut le débismuther. ■ Procédé Kroll-Betterton Ce procédé est basé sur l’emploi simultané de calcium et de magnésium qui forment, avec le bismuth, un composé ternaire en équilibre avec les constituants libres dans le liquide : Bi2Mg2Ca. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB Le mode opératoire est le même que celui de la désargentation (§ 4.1.3). Le magnésium et le calcium sont ajoutés sous forme métallique directement dans le vortex d’un agitateur qui brasse le plomb à 400 oC. La teneur finale en bismuth dépend de la quantité de réactifs. Il est difficile de descendre au-dessous de 100 g/t. Le plomb débismuthé subit un traitement au chlore gazeux suivi d’un lavage à la soude et/ou nitrate pour éliminer tous les réactifs résiduels. Les crasses obtenues lors de l’opération de débismuthage sont enrichies et traitées par électrolyse pour l’obtention de bismuth de haute pureté. ■ Procédé Jollivet Ce procédé utilise également des métaux d’addition : le potassium et le magnésium. Le composé ternaire Bi7Mg6K9 est en équilibre avec ses constituants dissous dans le plomb. Le magnésium est ajouté sous forme métallique. Le potassium est obtenu par décomposition à 360 oC de la potasse fondue sur un alliage plomb-sodium. Il se forme de la soude caustique et du plomb-potassium. Le bismuth final peut-être abaissé au-dessous de 50 g/t. 4.1.6 Lingotage Le plomb doux marchand, après avoir été lavé soigneusement à la soude caustique pour enlever tout l’oxygène dissous, est lingoté en saumons d’environ 45 kg, portant des oreilles leur permettant d’être repris par piles de 20 à 50 saumons par des transporteurs mécaniques pour être chargés sur wagons, sur camions ou sur péniches. On peut cercler les piles de lingots avec des fils ou des bandes d’acier galvanisé pour faciliter les transports. Le lingotage est effectué sur des machines continues portelingotières qui permettent de lingoter plus de 200 t en 8 h. Ces machines sont rectilignes ou ont la forme d’un carrousel. 4.2 Affinage continu ■ Procédé de Port Pirie L’usine de Port Pirie (Australie) ne traite que les minerais d’une seule mine dont la composition est à peu près constante ; la production en est importante. Ces deux facteurs lui ont permis d’imaginer un affinage complètement continu, le plomb d’œuvre alimentant en cascade une série d’appareils où les différentes opérations que nous avons décrites s’effectuent rationnellement jusqu’à l’obtention du plomb doux. Le plomb bien décuivré, comme dans l’affinage classique en chaudron, est coulé peu à peu dans un grand réverbère à parois refroidies (water-jacket) : les impuretés As, Sn, Sb sont oxydées. L’oxydation est produite par insufflation d’air dans le bain qui est maintenu à une température de 800 oC. Le plomb épuré est alors désargenté d’une façon continue dans un pot de 7 m de hauteur et 3 m de diamètre. Il est chauffé à 650 oC à la partie supérieure, où l’on ajoute du zinc, et refroidi à la partie inférieure à 330 oC d’où l’on soutire le plomb par un siphon. Il s’établit dans ce pot un gradient de température qui permet la décantation continue de l’alliage Zn-Ag, que l’on coule à la partie supérieure, et du plomb désargenté qui s’écoule par le siphon. La dulcification ou élimination du zinc après désargentation est fondée sur le procédé Saint-Joe (§ 4.1.4), mais rendue continue dans un appareillage spécial [3]. Le zinc métallique recueilli fait retour à la désargentation. 4.3 Affinage électrolytique (procédé Betts) 4.3.1 Électrolyse L’affinage électrolytique s’applique surtout pour des plombs d’œuvre contenant plus de 2 % d’impuretés, autres que le cuivre. On obtient par cette méthode un plomb doux de grande pureté, ne contenant plus que 20 g/t d’impuretés. Le plomb d’œuvre est préalablement décuivré selon la même méthode que celle indiquée dans le paragraphe 4.1.1. Il est ensuite coulé en anodes de 200 kg et les âmes des cathodes sont faites en feuilles minces de plomb électrolytique de 2 mm d’épaisseur. Cathodes et anodes sont placées dans des cellules d’électrolyse montées en cascade. L’électrolyte utilisé est une solution d’acide fluosilicique SiF6H2 contenant, par litre, 95 g d’acide libre et 85 g de plomb. Pour obtenir un dépôt plus consistant, on ajoute de la colle à raison de 0,5 kg/t de Pb. La densité de l’électrolyte est 1,21. Conditions de travail : — température du bain........................................... 40 à 50 oC ; — circulation du bain...........................................11 litres/min ; — tension ................................................................. 0,4 à 0,5 V ; — densité de courant...................................... 240 à 250 A/m2 ; — consommation .............. 180 à 220 kWh/t de plomb déposé. Tous les trois jours, on retire les anodes et les cathodes. Les anodes sont lavées, refondues et coulées en anodes neuves. Les cathodes sont fondues dans une cuve et subissent un lavage à la soude, avant d’être lingotées. 4.3.2 Traitement des boues Elles contiennent Ag, Au, Sb, Bi, Cu, As, Se, Te avec du plomb résiduel. Elles sont lavées, séchées et fondues dans un four à réverbère basculant dans lequel on injecte de l’air. Le plomb et l’antimoine sont oxydés et forment une scorie qui est partiellement réduite par du charbon pour arrêter les métaux précieux qui auraient pu être entraînés. Finalement, on obtient une scorie plombo-antimonieuse qui sert à fabriquer du plomb antimonieux, et une phase métallique complexe contenant encore un peu de plomb et d’antimoine et la totalité du cuivre, de l’argent, de l’or et du bismuth. Tous ces fours sont reliés à un filtre à manches (bag-house) ou à un filtre électrostatique qui recueillent des fumées contenant l’arsenic et une partie de l’antimoine et du plomb. Le métal complexe est coupellé (§ 4.1.3) ; un peu de nitrate de soude récupère le sélénium et le tellure ; le plomb, le cuivre, le bismuth et le restant de l’antimoine passent dans une litharge, et l’on obtient, en fin de coupellation, l’argent doré d’où on sépare l’or par électrolyse. Les litharges sont réduites dans un four pour obtenir un plomb bismuthifère riche en Bi, d’où ce métal est extrait par le chlore ou l’électrolyse hydrofluosilicique. Le cuivre peut être récupéré (§ 4.1.1) des crasses cuivreuses provenant de la réduction des litharges. 5. Procédés nouveaux Au cours de ces cinq dernières années, on a assisté au développement d’un certain nombre de procédés nouveaux. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 15 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ 5.1 Procédés pyrométallurgiques 5.1.3 Procédé TBRC Il s’agit de trois procédés qui ont tous, comme point commun, l’obtention de plomb d’œuvre à partir de minerais à l’aide d’un seul appareil dans lequel s’effectue des opérations de grillage et réduction ou grillage et réaction. La société Boliden a tenté d’appliquer à la métallurgie du plomb la technique du TBRC (Top Blown Rotary Converter ) initialement conçue, en 1957, pour le convertissage dans les aciéries (procédé Kaldo) et reprise quelques années plus tard par l’International Nickel Co pour la conversion directe du sulfure de nickel en métal [6]. À la différence des deux précédents, ce procédé est discontinu et les opérations de grillage et de réduction ont lieu successivement dans le même appareil (figure 11) et non simultanément. Une particularité de ce procédé est de faire une épuration partielle par oxydation à l’oxygène des impuretés. 5.1.1 Procédé Kivcet Ce procédé a été mis au point en Union Soviétique. Il est adapté au traitement de concentrés de plomb contenant en outre du cuivre et du zinc [4]. Le principe (figure 9) en est le suivant. Le concentré, stocké dans une trémie A, est dirigé vers un brûleur B où il est mélangé à de l’oxygène pur. Il se produit simultanément, dans la cuve C, le grillage du soufre et la fusion de la matière, sans apport extérieur d’énergie. Les gaz sont refroidis en F et filtrés en G. La teneur en SO2 des gaz est de 35 à 55 % (en volume). La matière liquide s’écoule de C vers le four de réduction D, chauffé électriquement, dans lequel on injecte du poussier de coke. Le plomb et la scorie sont soutirés du four D tandis que les gaz sont traités pour récupérer éventuellement le zinc en E. Le premier four industriel de ce type est en construction en Bolivie. 5.1.2 Procédé QSL Le procédé QSL (du nom de ses inventeurs : Queneau-Schuhmann-Lurgi), en cours d’expérimentation, est schématisé sur la figure 10. Le four est constitué d’une virole cylindrique garnie de réfractaires. Les réactions sont sensiblement différentes de celles du procédé Kivcet car il y a simultanément grillageréduction et grillage-réaction [5]. Le premier four de démonstration est en cours d’expérimentation à Duisbourg en RFA. 5.2 Procédés hydrométallurgiques 5.2.1 Procédé Peñarroya-Minemet Recherche Ce procédé [7], mis au point pour le traitement des concentrés de plomb sulfuré, comporte les étapes suivantes. 5.2.1.1 Lixiviation Le concentré est attaqué par une solution contenant du chlorure ferrique et du chlorure de sodium : 2 FeCl3 + PbS → PbCl2 + 2 FeCl2 + S Les sulfures des autres métaux non ferreux contenus dans le concentré sont plus ou moins dissous par les réactions : 2 FeCl3 + ZnS → 2 FeCl2 + ZnCl2 + S 2 FeCl3 + Ag2S → 2 FeCl2 + 2 AgCl + S 5.2.1.2 Purification La solution issue de l’opération précédente contient, en plus du plomb, certaines quantités de Cu, Bi, Ag et Zn. Ces métaux sont totalement éliminés de la solution par cémentation à la poudre de plomb, suivie d’une purification sur résine échangeuse d’ions. Figure 10 – Procédé QSL de production de plomb Figure 9 – Procédé Kivcet de production de plomb et de zinc M 2 264 − 16 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB 6. Métallurgie de seconde fusion Cette métallurgie s’adresse aux produits de la récupération du plomb. Celle-ci est possible après une première utilisation et constitue une source constamment renouvelée d’approvisionnement des usines dites de deuxième fusion (ou affineries ). Son importance est capitale puisqu’elle représente environ 38 % de la consommation française. 6.1 Approvisionnements Les matières traitées sont en général non argentifères, l’affinage primaire comportant une désargentation dont l’intérêt est évident étant donné la valeur de ce métal. Par contre, des éléments d’addition y seront présents lorsqu’il s’agira de traiter des matières venant des utilisateurs d’alliages ou d’ouvrages polymétalliques. Parmi ces éléments ajoutés, citons : Sn, Sb, Cu, As, Cd, etc. Du fait de leur valeur, le métallurgiste de seconde fusion cherchera à conserver ou à réutiliser, après extraction et concentration, ces éléments d’addition pour les recycler dans les alliages qu’il aura à produire. Par contre, d’autres éléments tels que l’oxygène, le chlore, le soufre devront être éliminés dans le processus de récupération du métal. Figure 11 – Convertisseur TBRC appliqué à la métallurgie du plomb 5.2.1.3 Électrolyse La solution purifiée est dirigée vers le compartiment cathodique d’une cellule d’électrolyse à diaphragme. Au contact de la cathode, les ions Pb2+ se déchargent : Pb2+ + 2e → Pb Le catholyte appauvri en plomb traverse alors le diaphragme pour entrer dans le compartiment anodique où se produit l’oxydation des ions ferreux en ions ferriques : 2 Fe2+ – 2e → 2 Fe3+ ce qui permet de régénérer le réactif d’attaque. Le plomb se déposant sur la cathode est collecté sous forme de poudre qui une fois refondue peut être lingotée. Le plomb ainsi obtenu titre 99,99 %. 5.2.2 Procédé US Bureau of Mines Ce procédé [8], basé sur le même principe que le procédé précédent, comporte en premier lieu la même étape de lixiviation avec les mêmes réactifs (§ 5.2.1.1). La solution d’attaque est alors refroidie, ce qui réduit la solubilité du chlorure de plomb qui cristallise. Le chlorure de plomb cristallisé est filtré et lavé puis séché. Il est alors traité par électrolyse en sels fondus maintenus à une température de 420 oC. On obtient directement du plomb fondu dont la pureté est légèrement inférieure à celle du procédé précédent. Les deux procédés hydrométallurgiques sont en cours d’expérimentation. Selon leur présentation physico-chimique, on peut considérer trois catégories de matières. ■ Les produits métalliques : — déchets de plomb, tuyaux, laminés provenant de démolitions, en général à base de plomb doux ; — gainages des câbles électriques, ouvrages et appareillages en plombs alliés, masses d’équilibrage de roues d’automobiles, vieilles capsules de plomb, etc ; ces matières sont en plomb faiblement allié ; — matières de réemploi d’imprimerie ; — matières de réemploi de soudures et d’antifrictions ; ces deux derniers types de produits sont en plomb fortement allié avec Sb, Sn ou Cu ; en général, leur traitement se fait dans des ateliers spécialisés pour l’obtention de ces alliages. Il suffit souvent de refondre ces produits métalliques dans des cuves et de remettre le métal obtenu au titre demandé par les utilisateurs. ■ Les matières dans lesquelles le métal a été transformé par l’utilisateur en sels de plomb, principalement : oxydes, chlorures, sulfates, sulfures, etc. Ce sont des crasses venant de la refonte des lingots de plomb ou d’alliages de plomb, des écumages de bains de trempage, des soudures contenant des flux salins, des sous-produits de la fabrication du plomb tétraéthyle, des litharges venant des fabriques d’accumulateurs, des sulfures ou sulfates venant des fumées industrielles ou de fabrications diverses. Ces matières nécessitent une métallurgie plus compliquée puisqu’il s’agira de désoxyder, de déchlorer ou de désulfurer. On utilisera alors des fours de réduction. ■ Des matières complexes dans lesquelles les métaux seront mêlés comme, par exemple, les câbles de transport d’énergie contenant des fils et feuillards de cuivre, aluminium, fer, plomb et des matériaux isolants organiques et plastiques, ou des matières contenant métal, sels et stériles comme les batteries d’accumulateurs réformées. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 17 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ Cette dernière catégorie de matières est la plus importante. On estime à 100 000 t la quantité récupérable chaque année en France, et cela représente 75 à 80 % des tonnages traités par la seconde fusion. Ces matériaux complexes nécessitent un conditionnement préalable au traitement métallurgique. En général, la plupart des vieilles matières plombeuses sont ramassées par des marchands de métaux. Elles sont souvent très mélangées et doivent être soigneusement triées par catégories suivant leurs compositions, en s’aidant d’un laboratoire bien équipé en appareils modernes (spectrographe, colorimètre, appareil d’absorption atomique, etc.) permettant de connaître très rapidement ces compositions ainsi que celles des produits à élaborer. Certaines de ces matières sont sélectionnées par leurs producteurs et négociées en transformation avec l’affineur. 6.2 Principes de la métallurgie de seconde fusion 6.2.1 Conditionnement des matières premières ■ Les câbles polymétalliques sont décortiqués en métaux élémentaires manuellement ou avec des machines spécialisées. ■ Les batteries sont cassées parfois encore manuellement pour éliminer les boîtes et obtenir les faisceaux de plaques, mais maintenant on utilise des installations très mécanisées qui, en plus d’éliminer les boîtes et séparateurs, peuvent aussi séparer les oxydes et sulfates de plomb doux, contenus dans les matières actives, du plomb allié constituant les grilles. Cela permettra au fondeur d’obtenir, avec le minimum d’affinage ou d’ajouts, les métaux et alliages primitifs constituant la batterie. Pour ce faire, on utilise des broyeurs, des tamis et des séparateurs densimétriques. La récupération du plomb peut être effectuée en partant des batteries entières, non démontées, mais c’est au détriment de la productivité des fours et cela nécessite un important traitement des gaz avant leur filtration du fait de la présence d’hydrocarbures issus de la combustion imparfaite des boîtes plastiques. ■ Un autre conditionnement consiste à agglomérer les particules fines, génératrices de poussières et de pollution : par exemple, les oxydes, les litharges ou les poussières des filtres. Cette agglomération par briquetage ou bouletage permet également une meilleure métallurgie extractive et accroît la productivité des fours. 6.2.2 Réduction Celle-ci comprend la réduction proprement dite des oxydes, la déchloruration des sels chlorés et la désulfuration des sulfates. Comme la teneur en soufre des matières traitées est de l’ordre de 4 à 5 %, il n’est pas économique de griller préalablement la charge comme en première fusion. La désulfuration sera effectuée directement dans le four de réduction. Il s’agit donc de réduire les oxydes par le carbone ou le monoxyde de carbone, de déchlorer par des réactifs sodiques et de désulfurer par le fer, le calcium ou le sodium. Les températures utilisées sont de l’ordre de 800 à 1 200 oC selon le type de four utilisé ou les matières à traiter. Le métallurgiste de seconde fusion dispose de différents types de fours. ■ Fours à réverbères Ce sont des ouvrages parallélépipédiques en briques réfractaires comprenant une voûte qui, chauffée par un brûleur à huile ou à gaz, en transmet les calories à la charge par réverbération ; un bassin en bout du four permet de recueillir le métal que l’on soutire. La M 2 264 − 18 scorie est évacuée en continu par débordement. Les parois du four sont en réfractaire magnésien qui doit résister à l’agressivité de la scorie oxydée. On peut utiliser ces fours pour obtenir une réduction totale de la charge, mais en général on s’en sert pour obtenir du plomb dulcifié (§ 4.2) à partir des plaques d’accumulateurs (grilles plus matières actives). La réduction des oxydes et sulfates de plomb s’effectue par du carbone ajouté à la charge et par l’antimoine, l’étain et l’arsenic contenus dans les grilles. Ceux-ci se retrouvent oxydés dans la scorie avec de l’oxyde PbO non réduit, mais le soufre est évacué sous forme gazeuse en SO2 , qui peut provoquer des problèmes d’environnement, ou nécessiter une captation coûteuse. La scorie, contenant Pb : 65 à 75 %, Sb : 7 à 10 %, Sn : 1 à 2 %, As : 1 à 2 %, Fe : 1 %, CaO : 1 %, SiO2 : 4 à 8 %, S : 1 à 3 %, doit ensuite être réduite dans un autre four, généralement un water-jacket, pour en récupérer les métaux contenus. Ce schéma de réduction est fréquemment utilisé dans les affineries américaines plus productrices de plomb doux que d’alliages. Le réverbère est un four qui marche en continu (24 h/24 - 7 j/7) et qui produit une seule qualité de métal d’œuvre. ■ Fours à cuve verticale Ils sont aussi appelés water-jackets car leurs parois métalliques sont refroidies à l’eau pour éviter le collage de la charge et permettre ainsi sa descente vers le creuset de réception du métal. Ce sont les mêmes fours que ceux utilisés par la première fusion et décrits précédemment (§ 3.3). Ils sont généralement plus petits (1 à 5 m de long et 1 à 1,2 m de large) du fait de la plus faible quantité de matières à traiter. Ils peuvent avoir une bonne productivité (40 t/m2 · 24 h) en utilisant un vent enrichi par de l’oxygène. La désulfuration se fait par des additions de fer, de chaux ou de produits sodiques, ce qui permet de fixer le soufre sous forme de FeS, CaS ou Na2S. Il en part néanmoins environ 10 % sous forme de SO2 dans les parties hautes du four. Du fait de la haute température atteinte au niveau des tuyères (1 200 à 1 400 oC), la scorie peut être calcique, très dure et pauvre en plomb (Pb < 2 %). Elle comprend, en moyenne, SiO2 : 30 à 40 %, FeO : 27 à 42 %, CaO : 8 à 22 %, S : 1 à 2 %, Pb : 0,5 à 2 %. Le soufre fixé est dans une matte contenant Fe : 40 à 60 %, Cu : 5 à 10 %, Pb : 8 à 15 %, S : 18 à 26 %. C’est également un procédé de marche continue mais dont on peut faire varier progressivement la composition du plomb d’œuvre, par exemple : Sb de 1 à 20 % par des ajouts de matières contenant cet élément et dans la mesure où la composition de la scorie reste compatible avec le bon fonctionnement du four. À noter que, dans ces fours, on ne peut utiliser qu’un seul combustible, le coke, qui, flottant sur la masse liquide métal-scorie, sert de filtre entre celle-ci et les masses pâteuses et solides de la charge en cours de fusion. ■ Fours rotatifs Ce sont des tambours cylindriques garnis de pisés ou de briques réfractaires, chauffés par la flamme d’un brûleur à huile, à gaz ou à charbon pulvérisé. Ils peuvent être longs ou courts selon que la flamme traverse le four ou forme une boucle pour ressortir par la face où est placé le brûleur. La rotation des fours est assurée soit par une couronne dentée, soit par les galets porteurs. La composition du réfractaire est appropriée à la scorie obtenue. On utilise généralement l’alumine ou la magnésie avec plus ou moins d’oxydes de chrome. À la charge plombeuse à traiter sont additionnés le carbone réductif (fines d’anthracite, coke de pétrole) et les réactifs de désulfuration : tournures ou battitures de fer, et carbonate de soude. En général, les traitements sont cycliques, c’est-à-dire effectués par charges individuelles, ce qui permet d’en modifier la composition en fonction de la nuance du métal que l’on veut obtenir. En fin de traitement, l’ensemble de la masse chargée est liquéfié, le four est alors débouché pour couler le métal et la scorie. Celle-ci contient, Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques _______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU PLOMB en moyenne, Na2O : 20 à 25 %, FeO : 25 à 30 %, SiO2 : 10 à 12 %, CaO : 2 à 3 %, Pb : 3 à 5 %. Cette scorie est plus riche en plomb que celle du water-jacket, la température du traitement étant plus basse (900 oC environ). La principale qualité de ces fours est leur grande souplesse de fonctionnement. On peut les arrêter à tout moment en fin de cycle (toutes les 6 h) et en obtenir un métal de composition variable par modification de la charge. De plus, le soufre est très bien capté par la scorie ferrosodique ; moins de 2 % du soufre chargé dans ces fours s’échappe par les gaz sortant du four. Des fours tournants courts (5 m × 3,5 m) produisent 60 t/j et certains fours longs (50 à 60 m × 3 m) jusqu’à 200 t/j. 6.2.3 Affinage Les procédés d’affinage sont sensiblement les mêmes que ceux utilisés par les fondeurs de minerais. Le décuivrage se fait au soufre. Les éléments Sb, Sn et As sont éliminés par oxydation ; celle-ci peut se faire par le nitrate de soude en présence de soude avec un agitateur ou une machine Harris (§ 4.1.2), ou par soufflage d’air parfois oxygéné, cela dépend des quantités d’impuretés enlevées et du mode de réduction utilisé pour récupérer celles-ci. Ces procédés ont été décrits précédemment dans le paragraphe 4. — en plomb faiblement allié : les câbliers avec des alliages de plomb prêts à l’emploi et contenant Cu, Sb, Sn, Sb-Cu, Sn-Cd, etc. ; — en alliages : les fabricants d’accumulateurs pour leurs grilles avec des alliages antimoniés (Sb : 1,5 à 10 %) contenant des additions de Sn, Cu, As suivant des spécifications définies par chaque utilisateur ; sont fabriqués également les nouveaux alliages destinés aux batteries sans entretien : Pb-Ca et Pb-Sr (avec ou sans Sn) et Pb-Cd-Sb, etc. Sont produits également des alliages pour l’industrie chimique (textiles artificiels) contenant jusqu’à 10 % Sb, ainsi que la foule des divers autres alliages antimoniés de tous titres et d’utilisations diverses : plombs de chasse, de tir, de pêche, masses d’équilibrage, lests, poterie, protection anti-rayonnement, anti-acide, etc. Des alliages très chargés sont élaborés également pour les matériels d’imprimerie (Pb-Sb-Sn), les soudures douces (Pb-Sn), les antifrictions (Pb-Sb-Sn-Cu), les alliages à bas point de fusion (Pb-Bi-Sn-Cd), etc. Les fabricants d’accumulateurs sont les principaux fournisseurs et clients des affineries, certains d’entre eux possèdent même des fonderies intégrées. La qualité des produits élaborés par les affineries de seconde fusion est tout à fait comparable à celle de la première commercialisation. Elle ne dépend pas de l’origine du métal, mais des moyens utilisés et des soins apportés par les fondeurs dans l’exercice de leur profession. Toutefois, étant donné que les matières traitées par la deuxième fusion proviennent de la réutilisation du métal de première fusion, des extractions d’éléments, tels que Ag et Bi ne s’avèrent plus nécessaires du fait que ces métaux ne sont que rarement réintroduits par les utilisateurs. Le lingotage s’effectue sur des chaînes ou des carrousels automatiques. En général, les lingots de deuxième fusion pèsent environ 30 kg. 7. Aspects particuliers de la métallurgie du plomb 6.2.4 Dépoussiérage La position géographique des fonderies de plomb répond généralement à l’un des deux objectifs suivants. 7.1 Situation géographique Comme pour la première fusion, tous les gaz émis par les engins, fours ou cuves de traitement, doivent être dépoussiérés pour respecter les normes de protection du personnel et de l’environnement. Les stockages et manipulations des matières seront également mis à l’abri des envolements. ■ L’usine est destinée à traiter les minerais d’une mine déterminée, généralement importante. Dans ce cas, la fonderie est située à proximité immédiate de la mine. Les matériels de dépoussiérage sont exactement les mêmes que ceux utilisés en première fusion : dépoussiéreurs humides, filtres électrostatiques ou filtres à manches (§ 3.2.5 et 3.3.5). ■ L’usine est destinée à traiter des minerais de provenances diverses afin d’assurer les besoins en métal d’un pays ou d’une région. Dans ce cas, l’usine sera située à proximité des utilisateurs, dans une zone bien desservie par des moyens de communication : voie navigable, rail, route et près des ressources énergétiques dont elle a besoin pour fonctionner (coke, gaz, électricité, etc.). Pour l’affineur, le choix des procédés de réduction, d’affinage ou de filtration qu’il doit utiliser dépendra d’une part de l’équilibre quantitatif et qualitatif des métaux contenus dans ses approvisionnements et à restituer dans des produits à fournir à sa clientèle, et d’autre part du contexte social et écologique dans lequel son affinerie est établie. 6.3 Produits commercialisés Sauf quelques usages particuliers (fabrication du plomb tétraéthyle, de certains oxydes, ou pour certaines presses de câbliers) pour lesquels il est nécessaire d’avoir une très basse teneur en bismuth (< 50 g/t), les affineries de seconde fusion complètent ou se substituent aux productions des fonderies de première fusion, en restituant des tonnages près de leurs lieux d’utilisation. Les affineries fournissent : — en plomb doux : les tuyauteries, les lamineurs et les fabricants d’accumulateurs pour leurs oxydes ; Exemples : Trepça en Yougoslavie, Herculanéum - Glover et Buick aux États-Unis, Cerro de Pasco au Pérou, Mount-Isa en Australie, etc. Exemples : Noyelles-Godault en France, Hoboken en Belgique, Nordenham en Allemagne, etc. Certaines fonderies de plomb ont la chance de pouvoir répondre à ces deux objectifs simultanément. C’est le cas, en particulier, des trois fonderies de plomb du Missouri aux États-Unis. 7.2 Pollution et environnement 7.2.1 Généralités La nature même de la métallurgie du plomb avait obligé les industriels de ce secteur à prendre, depuis longtemps, les mesures nécessaires pour protéger les salariés dans l’usine et l’environnement par installation de filtres sur les rejets les plus dangereux. Les outils rudimentaires dont on pouvait alors disposer et les connaissances en matière de biologie ne permettaient pas de fixer des normes bien précises. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 264 − 19 MÉTALLURGIE DU PLOMB _______________________________________________________________________________________________________________ Si l’on prend comme référence les années cinquante et soixante au cours desquelles on constatait souvent, dans les rejets aux cheminées, des teneurs de l’ordre du gramme par mètre cube et, dans l’air des ateliers, plusieurs milligrammes de plomb par mètre cube, l’évolution a été considérable. Dans l’industrie en général et plus particulièrement dans celle intéressée par le plomb, la surveillance s’exerce à trois niveaux différents : — empoussièrement des ateliers ; — réactions biologiques des travailleurs ; — pollution extérieure : • émissions aux cheminées et rejets liquides, • retombées dans l’environnement de poussières sédimentables et métaux contenus, • qualité de l’air ambiant (poussières non sédimentables et métaux contenus, SO2 , etc.). 7.2.2 Pollution intérieure des locaux industriels Les activités industrielles sont de nature à introduire, dans l’atmosphère des locaux utilisés par les entreprises, des polluants très divers. Leur captation doit être effectuée à l’endroit de leur émission suivant des règles et standards bien précis, et il est nécessaire de soumettre l’air ainsi capté à une épuration, avant de le rejeter à l’extérieur. Dans l’air des ateliers traitant du plomb, la recommandation actuelle est au niveau 200 µg/m3 mais la CEE doit émettre une directive qui préconisera 150 µg jusqu’au 1er janvier 1985, et imposera 100 µg ensuite (diamètre aérodynamique < 15 µm). Aux États-Unis, dans le même temps, le niveau de 50 µg/m3 devra être obtenu. 7.2.3 Réaction biologique des travailleurs exposés Une hausse du taux de plomb atmosphérique inhalable (< 10 µm) induit une hausse des taux de plomb sanguin (plombémie) selon une distribution fonction des modalités physiologiques d’entrée, variable suivant les sujets. Une hausse des plombémies supérieures en moyenne à 40 µg Pb/100 cm3 sang induit une hausse des taux d’acide delta-aminolévulinique urinaire (ALA.U) et de protoporphyrines zinc sanguines (PPZ) selon une distribution fonction des modalités enzymatiques, variables selon les sujets. Une hausse des taux d’ALA.U et de PPZ induit une tendance à l’anémie et à l’urémie. À l’étranger, et dans l’ensemble de la CEE, à moyen terme, la détermination de la plombémie est considérée comme le test fondamental reflétant l’imprégnation de l’individu. Jusqu’à ce jour, en France, seules les réactions biologiques du sujet étaient prises en considération (critères de réparation des assurances maladies). La protection du personnel doit donc être suivie avec efficacité et implique la fourniture de vêtements de travail appropriés, de masques anti-poussières, de moyens sanitaires complexes et d’interdiction de manger ou de fumer sur les lieux de travail. Les résultats sont contrôlés par examens médicaux périodiques obligatoires. 7.2.4 Pollution extérieure ■ Émissions aux cheminées et rejets liquides Le contrôle des émissions aux cheminées et à l’égout, c’est-à-dire en fait le contrôle de l’efficacité des outils d’épuration, est imposé, à chaque industriel concerné, par les diverses Directions interdépartementales des Industries et des Mines (DIM). Les contraintes dépendent des techniques disponibles de prévention ou de réduction des pollutions les plus performantes et économiquement supportables adaptées à l’installation particulière considérée. Elles se traduisent dans l’arrêté d’autorisation, notamment sous forme de limites de rejets polluants (exprimés en termes de concentration, de débit et donc de flux) correspondant à l’obligation d’emploi de ces techniques, ainsi que de caractéristiques de l’émissaire ou d’autres conditions que doit respecter l’émission. ■ Retombées dans l’environnement Plusieurs types d’appareils permettent de recueillir les retombées de poussières sédimentables. En général installés en réseau, ils permettent d’indiquer le degré de pollution par retombées dans une région déterminée et pendant une période de temps donnée (30 j en général). Les résultats sont exprimés en grammes ou milligrammes. ■ Air ambiant Il est essentiel de pouvoir déterminer de façon fiable la concentration de matières particulaires en suspension dans l’environnement des ateliers pour établir le niveau de la pollution de l’air et suivre l’impact de la mise en place des moyens de prévention. Les résultats sont exprimés en microgrammes de poussières ou d’éléments contenus dans les poussières par mètre cube d’air ambiant prélevé. La CEE imposerait, à moyen terme, une limite de 2 µg de Pb/m3 d’air ambiant. 7.2.5 Protection des individus sur le lieu de travail ou dans l’environnement des usines Elle constitue de nos jours un impératif dont les conséquences économiques sur l’industrie sont importantes. Il suffit de savoir qu’une usine classique doit consacrer 45 à 50 % de son investissement initial pour lutter contre la pollution pour comprendre les efforts de l’industriel dans la recherche de procédés nouveaux moins polluants. 7.3 Conclusion Les difficultés rencontrées lors de l’élaboration de plomb proviennent de deux causes : — la volatilité du plomb sous forme de sulfure ou d’oxysulfate ; — la nécessité de fabriquer du plomb le plus pur possible en partant de minerais de plus en plus complexes. Les investissements, pour ces deux raisons, ont tendance à croître. C’est pourquoi l’industrie métallurgique du plomb s’est concentrée peu à peu dans des usines relativement importantes, bien équipées, qui seules peuvent équilibrer leurs budgets. Progressivement, les petites unités qui s’étaient installées avec des moyens modestes auprès d’une seule mine ont disparu. On peut dire qu’une fonderie de plomb ne peut vivre économiquement (sauf cas tout à fait particulier) qu’à condition de produire au minimum 80 000 t de plomb par an. Les émissions polluantes de l’atmosphère sont, pour la plupart, justiciables d’un traitement immédiat et sur place, donc réalisé au niveau individuel. M 2 264 − 20 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques P O U R Métallurgie du plomb par E N Georges ALTHABEGOÏTY Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité Direction Métallurgie - Société Minière et Métallurgique de Peñarroya et Jacques GODFROI Ingénieur Direction Métallurgie - Peñarroya Références bibliographiques [1] [2] [3] [4] [5] MATHEWSON (C.H.). – Zinc. The science and technology of the metal, its alloys and compounds. Reinhold Publishing Co, p. 307 (1959). JOLLIVET (L.). – Chimie des solutions métalliques diluées. 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NF A 06-510 4-57 Analyse chimique des plombs (et des oxydes de plomb). Dosage colorimétrique du zinc. Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique du bismuth (teneurs comprises entre 3 et 30 g/t). NF A 06-511 9-55 Analyse chimique des plombs (et des oxydes de plomb). Préparation de l’échantillon pour l’analyse chimique. NF A 06-512 10-59 Analyse chimique des plombs (et des oxydes de plomb). Dosage direct du plomb. 2-75 Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique du cuivre. NF A 06-404 2-75 Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique du bismuth (teneurs comprises entre 25 et 1 000 g/t). A 06-405 12-74 Doc. M 2 264 NF A 06-507 NF A 06-401 NF A 06-407 9-75 Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique de l’arsenic (teneurs comprises entre 5 et 400 g/t). NF A 06-408 5-79 Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique de l’arsenic (teneurs comprises entre 0,5 et 20 g/t). A 08-401 2-73 Analyse chimique du plomb. Dosage du cuivre (méthode par absorption atomique). A 08-404 8-75 Analyse chimique du plomb. Dosage du bismuth (méthode par absorption atomique) (teneurs comprises entre 25 et 1 000 g/t). A 08-405 12-74 Analyse chimique du plomb. Dosage du bismuth (méthode par absorption atomique) (teneurs comprises entre 3 et 30 g/t). A 06-409 6-79 Analyse chimique du plomb. Dosage de l’arsenic (teneurs comprises entre 0,2 et 2 g/t). NF A 06-410 6-76 Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique de l’antimoine. A 06-411 7-79 Analyse chimique du plomb. Dosage spectrophotométrique de l’antimoine (teneurs comprises entre 0,25 et 2,5 g/t). A 08-410 2-79 Analyse chimique du plomb. Dosage de l’antimoine (méthode par absorption atomique) (teneurs comprises entre 25 et 250 g/t). NF A 06-502 6-58 Analyse chimique du plomb. Dosages de l’argent et de l’or. A 08-417 7-79 NF A 06-503 4-57 Analyse chimique des plombs (et des oxydes de plomb). Dosage colorimétrique du fer. Analyse chimique du plomb. Dosage du cadmium (méthode par absorption atomique) (teneurs comprises entre 1 et 10 g/t). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques Doc. M 2 264 − 1 S A V O I R P L U S P O U R E N MÉTALLURGIE DU PLOMB A 08-425 7-79 Analyse chimique du plomb. Dosage du zinc (méthode par absorption atomique) (teneurs comprises entre 1 et 10 g/t). A 08-450 9-79 Analyse chimique des alliages de plomb. Dosage de l’antimoine (méthode par absorption atomique). NF A 55-105 4-80 Plomb en saumons (ou lingots). NF A 55-401 1-82 Métaux non ferreux. Demi-produits en plomb laminés à froid. Caractéristiques. NF A 55-411 6-73 Demi-produits en plomb. Tuyaux. Dimensions et tolérances. NF A 55-751 11-59 S A V O I R _______________________________________________________________________________________________________________ NF M 07-039 5-70 Détermination des traces de plomb dans les carburants. NF M 07-043 12-72 Détermination de la teneur en plomb total des carburants (méthode Octel). NF M 62-001 2-70 Éléments constitutifs d’enceintes blindées. Briques à chevrons en plomb antimonié. NF M 62-002 6-71 Éléments constitutifs d’enceintes blindées. Encadrements en plomb antimonié. NF M 62-003 6-71 Éléments constitutifs d’enceintes blindées. Bouchons en plomb antimonié. NF M 62-004 12-72 Éléments constitutifs d’enceintes blindées. Hublots en verre au plomb. NF M 62-005 6-71 Éléments constitutifs d’enceintes blindées. Bouchons à rotule en plomb antimonié. NF M 62-006 6-71 Éléments constitutifs d’enceintes blindées. Poteaux à chevrons en plomb antimonié. Alliages d’imprimerie. NF B 30-004 12-74 Cristal, cristallin et verre sonore. NF C 33-100 9-65 Câbles sous plomb isolés au papier imprégné. NF C 58-400 7-66 Batteries stationnaires d’accumulateurs au plomb type Planté. Règles. NF C 58-401 7-66 Batteries stationnaires d’accumulateurs au plomb type Planté. Plaques. NF M 88-161 5-59 Plomb et coupelles de plombage. NF P 30-201 1-48 Code des conditions minimales d’exécution des travaux de couverture des bâtiments et édifices. NF C 58-406 7-66 Batteries stationnaires d’accumulateurs au plomb type Planté. Impuretés admissibles dans le plomb doux. NF S 53-501 9-78 NF C 58-407 7-66 Batteries stationnaires d’accumulateurs au plomb type Planté. Impuretés admissibles dans l’oxyde de plomb. Articles de pêche et de chasse. Plombs de chasse. Dimensions et caractéristiques. NF T 30-002 3-61 Peintures. Classification des pigments minéraux. NF M 07-014 11-74 Détermination de la teneur en plomb de l’essence par la méthode volumétrique au chromate (norme européenne EN 13). NF M 07-032 3-66 Dosage séparé du plomb tétraéthyle et du plomb tétraméthyle dans les carburants. NF T 31-004 11-75 Pigments. Minium pour peintures. NF T 31-005 Céruse. 3-66 NF T 31-015 11-75 Pigments verts de chromate de plomb pour peintures. NF T 31-016 11-75 Pigments à base de chromate de plomb et pigments à base de chromate et molybdate de plomb pour peintures. P L U S Doc. M 2 264 − 2 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques