Reflectie over taal. Van Lewis Carroll tot Steven Pinker

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Transcript Reflectie over taal. Van Lewis Carroll tot Steven Pinker

Syntaxe et macrosyntaxe.
L'exemple des structures en il y a et
des verbes dits "recteurs faibles".
Dominique Willems
Université de Gand
Lyon, le 21 juin 2010
La structure existentielle en il
y a en français parlé
1. Structures en il y a et réalisations en français
parlé
2. La structure parataxique: divers degrés
d’intégration
3. Analyse d’une variation: conditions d’emploi
des réalisations parataxiques
4. Les structures présentatives: syntaxe ou
macrosyntaxe?

Source


Willems D. et Meulleman M., 2010, « Il y a des gens
ils viennent acheter des aspirines pour faire de l’eau
gazeuse. Sur les raisons d’être des structures
parataxiques en il y a », in La parataxe, Peter Lang.
Données





CORPAIX: 5013 occurrences de “il y a”
limitation aux emplois verbaux de “il y a”
recherche spécifique sur base du déterminant: “il y a
un/une/des”, “il y a le/la/les”, “il y en a”, etc.
analyse des 1000 premières occurrences
micro-analyse des 120 réalisations parataxiques
relevées
1. Structures en “il y a” et réalisations
en français parlé
1.1. Trois structures syntaxiques



il y a SN
il y a SN qu- V
il y a que P
(75%)
(25%)
(0%)
il y a SN

Le SN est le plus souvent indéfini, sauf
dans les listes
(1) ah non là il y a des séchoirs partout
(2) comme des gaufres + il y a le kouglof + il y
a les bretzels il y a plein de choses + quoi
il y a SN qu- V
1) Tour clivé
(3) il y a des choses qui se disent pas
(4) au cinéma est-ce qu'il y a des films que tu
aimes plus particulièrement
(5) puis il y a des fois où on est découragé
(6) il y a une chose dont il faut bien parler je
crois ici
2) Restriction
(7) il y a que moi qui te pose des questions
(8) non il y a que chez les Corses que en
principe ils avaient la complainte normale
3) “Que” dont le statut reste à décrire
(9) il y en a que sur le plan politique de la CGT
ils sont pas d'accord
il y a que P
(10) « Mais qu’y a-t-il donc ? Qu’y a-t-il encore et
pourquoi n’es-tu pas content ? Il y a que
cela vient un peu trop tard. »
(Frantext, Green Julien, Journal, pp 139-140)
1.2. Fonction discursive globale
Fonction présentative: “il y a” sert à
introduire des référents dans le discours
1.3. Tableau syntactico-sémantique des
différents emplois
Il y a SN
existentiel;
présentation d’un argument
Il y a SN
Il y a SN qu- V
Il y a
existentiel + événementiel
présentation d’un argument
et d’un événement
Il y a que P
événementiel
présentation d’un événement
Il y a SN
existentiel;
présentation d’un argument
Il y a SN
Il y a SN qu- V
Il y a
existentiel + événementiel;
présentation d’un argument
et d’un événement
Il y a que P
événementiel;
présentation d’un événement
2. Structures parataxiques et
degrés d’intégration
Seuls les tours clivés (à exclusion du tour restrictif)
1) Il y a SN indéfini (47%)
(11) il y a des gens ils viennent acheter de l'aspirine
pour faire de l'eau gazeuse
2) Il y en a (31%)
(12) il y en a quand on les X abordent dans la rue pour
répondre à un questionnaire à croix là + oui non
oui non ça les stresse ils ne peuvent pas
3) Il y a SN défini (14%)
(13) allez ah Nadia vite ah speed vite il y a le bus il va
partir
Plusieurs formes de parataxe
1) phénomène général (contrastes, symétries, corrélations)
(macrosyntaxe)
(22) en général dans les maisons il y en a il y en a
pas ça dépend
2) le couple il y a /c'est : mouvement de précision
progressive (cf. le double point)
(23) j'avais tout pris dans l'Allier tous les poissons
il y en avait qu'un que je n'avais pas
pris c'était le saumon
(24) il y a une chose assez curieuse c’est que (…)
3) phénomène de parataxe, à l'intérieur même de la
structure syntaxique (c'est ce que nous étudierons ici)
(25) il y a des gens ils viennent acheter de
l'aspirine pour faire de l'eau gazeuse
Divers degrés d’intégration
1) Reprise du SN par un clitique anaphorique (il,
le, en) ou un possessif (son)
(14) il y en a certains on va pouvoir les
définir
(15) il y en a un ben dis donc il est rose
bonbon
2) Reprise du SN par le clitique "ce/ça'"
(16) il y en a d'autres c'est huit cent mètres
(17) il y a des mots ça passe
(18) il y a des choses vraiment c'est
aberrant
3) Reprise du SN par un clitique + que
d’intégration
(19) il y en a que tu leur parles ils
comprennent de suite
4) Sans reprise du SN + que d’intégration
(20) il y en a que ah bon je paie c’est bon
c’est tout bon
5) Sans reprise du SN
(21) il y a des gens on peut pas mettre de
nom
→ échelle d’intégration
relatif > que + il > il > ce/ça> que > Ø
+
_


la construction syntaxique avec relative est
sept fois plus fréquente que sa « variante »
parataxique
Quels sont les facteurs qui déterminent le
choix d’une réalisation parataxique par
rapport à une réalisation syntaxique?
3. Les conditions d’emploi de la structure
parataxique : analyse d’une variation
3.1. Précautions

Bribes, hésitations
(26) en Allemagne il y a pas il y a les médecins
sont archicontrôlés
(27) euh le village donc de Lorcière il y a l'hiver il
y a vingt habitants
(28) sur Genève il y a le contact /il, est/ est facile

Problèmes de découpage
(29) il y en a trois alors on va aller les voir
L2 il y a des entreprises sur Benot
L1 oui ici oui + il y en a trois + alors on va aller
les voir de- Bob il va faire faire les devis et
puis on verra un peu
3.1.2. Cumul des structures
j’ai eu mon laisser passer par la mairie mon mari il
était employé à la ville et j'ai vite passé mais les
autres euh peuchère les malheureux il y en a qui
sont partis à Fréjus après ils ont ils ont été en
Compiègne ils ont été en Allemagne il y en a qui
sont morts il y en a peuchère ils sont retournés
tuberculeux voyez eh on s'est dispersé et on s'est
plus vu il y en a qu'ils ont été ailleurs il y en a qui
sont ils ont été à Nîmes ils ont été un peu de partout
voyez eh
3.1.3. Lexicalisations
SN indéfini (102)
Il y en a (50)
Il y a + SN (52)
Il y a des fois (13)
Il y a des gens (6)
Il y a des choses (4)
Il y a des mots (des phrases) (6)
Il y a des moments (4)
Il y a des coins (des endroits) (3)
SN défini (15 ex)
Il y a ça (4)
et puis de voir que des fois on on (n') arrive pas à
faire quand même ce qu'on voudrait faire et ben ça
ça ça ça décourage + + mais il y a des fois c'est le
contraire + + on se dit euh c'est beau ce métier on a
réussi
3.2. Facteurs favorisant la parataxe
1) Complexité syntaxique à droite de il y a
(a) Succession parataxique d’événements
(31) elle est vraiment la la fille formidable hein L1 mm
mm L2 comme il y en a des autres bon elles sortent
elles sont + maquillées euh un pot de peinture quoi
mais alors si vous entrez dans leur chambre vous
tombez à la renverse
(32) il y a deux types qui se rencontrent il y en a un + il
y en a un il a + la tête + carrément bandée + le
bras dans le plâtre avec les béquilles et tout + et +
/alors, Ø/ il rencontre son copain qui /lui, Ø/ fait +
tiens il y a ta femme qui X qui te cherche il dit ben
ça se voit pas qu'elle m'a trouvé
(b) P2 : corrélations, dislocations, paroles
rapportées…
(33) par exemple il y a des moments et nous en
connaissons des femmes on leur dit bon ben votre
enfant il va falloir faire une I.V.G. thérapeutique puis
quelques jours après ah ben non non alors ent- entre
temps qu'est-ce /qui, qu'il/ se passe
(34)
bon il y a deux sortes de d'ouvri- d'ouvriers bon il
y en a que + tu leur parles ils comprennent de
suite ++ et il y en a que bon ils sont pas d'accord
avec toi mais il faut leur expliquer ils
comprennent après quand même hein
(a)
(b)
(c)
il y en a [tu leur parles] [ils comprennent de
suite]
il y en a que [[tu leur parles] [ils
comprennent de suite]]
il y en a qui [[quand tu leur parles] [ils
comprennent de suite]]
(c)
Présence d’éléments séparateurs entre le SN
et la P2 (parenthèses, incises…)
(35) Il y a des gens + c'est te dire le le niveau d'ignorance un
suppositoire ils savent pas où il faut le mettre le pharmacien doit
expliquer ce qu'est un suppositoire
(36) ah ah non ils sont très très très méchants + il y en a un tu sais
ce qu'il a f- qu'est-ce qu'il nous a fait + il a pris euh une bombe + des
pétards + il les a mis chez la police + il les a fait éclater + il a mis la
dynamite(37) il y en a quand on les X abordent dans la rue pour répondre à
un questionnaire à croix là + oui non oui non ça les stresse ils ne
peuvent pas puis d'autres au contraire ça leur fait plaisir quoi moi je
pense que c'est une différence de caractère
2. Simplicité syntaxique à gauche de il y a :
La présence d’éléments couvrants favorise
l’hypotaxe :
(35)est-ce qu'il y a des films que tu aimes plus
particulièrement
(36)puisque oui il y a un certain nombre de mots qui ont
changé de signification
(37) c'est sûr qu'il y a des exceptions qui s- se justifient
pas trop
3. Facteur morphologique : évitement des
relatifs « complexes »: dont, lequel, où
(38) enfin je comprends pas trop il y en a un il son père
est c'est un peu comme (eux/euh) il s'occupe des bovins
(39) tu sais avec les télé-prompteurs là là il y a Claire
Chazal tu vois très bien qu'elle lit son au début elle arrive
à la fin et bon euh puis je pense que de faire ça ou dans
les discours on lit mais ça rend pas obligatoirement
(40) il y a des gens on peut pas mettre de nom mais il y
en a deux là on peut mettre des noms tout à fait c'est
"Ariston ou le pôle dans la peau" [à qui?]
4. Facteurs sémantiques?

Moins partitif
(41) il y avait euh il y avait des gens dans la salle ça
leur a plu et voilà quoi

Consécutivité
(42) allez ah Nadia vite ah speed vite il y a le bus il va
partir


Conclusion :
Les structures ne sont pas interchangeables
le choix dépend essentiellement de facteurs
macrosyntaxiques
4. Comment et où traiter les structures
en il y a ?
4.1. Divers niveaux de fonctionnement des
structures en il y a



Niveau microsyntaxique : emplois prépositionnels
Niveau syntaxique :
 Il y a + SN (existentiel : cf. impersonnels à
séquence nominale: cf. il existe, il reste etc)
 Il y a + queP (événementiel : cf. impersonnels à
séquence phrastique (il arrive, il se passe etc)
Niveau macrosyntaxique
 Il y a /c’est
4.2. Les structures présentatives : syntaxe ou
macrosyntaxe?

3 réalisations d’une même construction:




Il y a SN qui V
Il y a SN il V
Il y a SN que V
Choix dépend de conditions macrosyntaxiques
spécifiques: qui vs il ou que
Les verbes à recteur faible
1. Description des verbes ‘faibles’ en français
parlé contemporain.
2. Statut syntaxique et sémantique des verbes
faibles
1. Description des verbes ‘faibles’
en français parlé contemporain

Sources
Je crois, je pense, je trouve : analyse sur
corpus de 2000 exemples (Corpaix)


Blanche-Benveniste & Willems (2007)
J’ai l’impression, on dirait, je dirais, il me
semble, il paraît : analyse sur corpus de
quelque 600 exemples (Corpaix)

Willems & Blanche-Benveniste (2008)
Données (Corpaix)



je crois, je pense, je trouve : env. 6OO ex. par V
il me semble, il paraît, je dirais : entre 100 et 200
j’ai l’impression, on dirait : entre 50 et 100
→ réserves sur les conclusions chiffrées :
Il faudrait un corpus dix fois plus important…
Synthèse des resultats (en dix points)
1. Les trois distributions des verbes faibles
(1) je trouve que c’est dommage
(2) c’est dommage je trouve
(3) S1 - c’est dommage
S2 - oui je trouve
2. L’impossibilité de remplacer le complément par
une proforme clitique:
(1)
(2)
(3)
je trouve que c’est dommage
→ *je le trouve, *je trouve ça
c’est dommage, *je le trouve
- c’est dommage
- *Je le trouve, oui
*Je trouve ça, oui
→ perte de certaines propriétés valencielles (verbes ‘à
rection faible’)
mais :
« ce que je crois – si vous voulez – c’est que
les juristes – peuvent tout à fait – expliquer
aux gens – les choses plus simplement –
hein »
Donc:

Trois réalisations syntaxiques




V + que P : sans équivalence avec une proforme le ou
cela (mais éventuellement avec ce que et qu’est-ce
que) :
la construction en incise, sans pronom réalisé
énoncé disjoint, sans pronom, en tant que réponse (y
compris en monologue)
C’est l’ensemble de ces réalisations qui
caractérise les verbes faibles. Chacune de ces
propriétés, séparée, peut caractériser d’autres
verbes.
3. Le sens du verbe reste identique à travers
les diverses réalisations syntaxiques


Valeur de “mitigation”: affaiblissement de la
valeur de vérité de la proposition
La proposition sans verbe faible est souvent vue
comme trop forte (“c’est dommage” est précédé
d’un verbe faible dans 50% des exemples!)

Joli exemple…
« faut euh avoir avoir un petit peu de recul oui
j'arrive euh il y a aucun problème je pense - il
y a aucun problème même tout court »

Autre notion utile : degré de prise en charge
par le locuteur



Absence de prise en charge (il paraît)
Prise en charge par le locuteur seul (je crois, je
pense, je trouve, il me semble, je dirais, j’ai
l’impression)
Prise en charge par le locuteur, présenté comme
collectif (on dirait, il semble)
A chaque fois = limitation de la validation par
rapport à l’énoncé sans verbe faible
4. Chaque verbe sélectionne toutefois
des compléments spécifiques



je crois (*je trouve) qu’il a été fait au XVIIème
siècle
une classe de je sais pas vingt vingt élèves je
crois (*je trouve)
je pense (*je trouve) que on ne parlera plus le
patois

je trouve :




sélectionne des compléments évaluatifs
évaluation personnelle basée sur l’expérience
(cf. O. Ducrot, 1975)
fréquemment utilisé avec des prédicats
adjectivaux : intéressant, triste, beau, important,
ridicule…
je pense et je crois:


évaluations, mais non basées sur l’expérience
personnelle
procès

je pense + événements futurs
« je pense que on ne parlera plus le patois »

je crois + quantifications
« une classe de je sais pas vingt vingt élèves je
crois »
5. Les 3 réalisations syntaxiques présentent
des différences en ce qui concerne



L’ordre des mots
La portée
Le degré d’autonomie syntaxique (e.a. par rapport
à la négation)
L’ordre des mots



V + que P: le verbe faible est en position initiale
Emploi parenthétique: le verbe faible est en
position médiane ou finale
Comme réponse: proposition autonome
La portée

V que P : portée prospective (sur la proposition
suivante)

Emploi parenthétique:
 portée le plus souvent rétrospective
 admet une portée plus restreinte (un fragment à
l’intérieur d’un syntagme, un mot).
« on a eu recours à un petit stratagème pas trop
méchant je pense »
« c’est une expression je crois très malheureuse »
« au niveau je dirais santé »

En emploi disjoint: portée rétrospective (sur la
phrase précédente ou un fragment de celle-ci)
« L1
L2
parce que ça faisait trop de monde
au départ oui je pense »
6. Les diverses réalisations sont souvent
combinées dans une même phrase
«
«
je crois qu’on a fait beaucoup de progrès
dans ce domaine je crois »
ça fera pas de mal je pense pas je pense
pas que ça fera du mal
L3
L1
L3
L1
L2
L3
L1
mon fils il allait à l'école à l'école privée à
la place de Lenche
elle y est toujours
elle y est tou- elle y est toujours je crois
l'école
je crois qu'elle y est toujours cette école
oui elle y est
je crois qu'elle y est toujours oui
en bas même à la place de Lenche
7. Seuls les verbes faibles présentent les
trois possibilités syntaxiques
D’autres classes verbales peuvent adopter une
ou deux structures, mais pas l’ensemble des trois
structures:



Les verbes de dire ont (1) et (2) mais pas (3);
Les verbes du type regretter présentent les 3
possibilités, mais avec la présence d’un pronom
clitique;
Les modaux (je dois, je peux) ont (2) et (3), mais
pas (1)
8. Aucun verbe ne présente uniquement ce
comportement: ils sont ‘faibles’ pour un de
leurs sens, mais présentent d’autres sens
dans d’autres constructions (p.ex.croire, trouver,
dire).
Pour certains verbes, le comportement faible
est très fréquent, surtout en français parlé.
Fréquences en français parlé (Corpaix)
total
Je trouve
337
verbe faible 248
que P
192 (77%)
parenthétique 50 (20%)
En réponse
6 (2 %)
Je pense
854
Je crois
720
791
710
588 (74,3%) 466 (65,6%)
131 (16,5%) 205 (31,4)%
72 (9%)
41 (3%)
9. Ce même ensemble de structures se
retrouve également avec d’autres classes
de mots



Des adverbes (heureusement, peut-être …)
Des adjectifs (c’est triste, c’est vrai…)
Des substantifs (dommage)
(1) c’est vrai que vous êtes très vive c’est vrai
(2) et moi j’aime bien ça c’est vrai
(3) L1
je trouvais que ça faisait très paysan
L2
c’est vrai
Mais:
(4) a. c’est vrai ils sont bizarres
b. *je pense ils sont bizarres
10.



Il n’y a pas de raisons de ne pas
considérer les verbes faibles comme des
verbes
Ils gardent certaines propriétés argumentales
Ils continuent à exercer des restrictions sélectives
sur leurs compléments
Morphologiquement ils se comportent comme des
verbes
2. Statut syntaxique et
sémantique des verbes faibles
Points à expliquer




Diversité distributionnelle
Perte de certaines propriétés rectionnelles
Non concordance entre syntaxe et sens
(“mismatch”)
Polyvalence sémantique
2.1. Approche transformationnelle

Choisir une distribution comme structure de
base et décrire les autres comme des
structures dérivées


V que P
Parenthétique en position finale (avec pronom)
2.2. Grammaticalisation et/ou
pragmaticalisation



Projection des trois structures
distributionnelles sur un continuum
(synchronique et/ou diachronique) de
subordination décroissante
Projection de la polyvalence sémantique sur
un continuum d’affaiblissement sémantique
Perte de propriétés due à une
décatégorisation
2.3. Les verbes faibles comme
construction
“Construction : pairing of some sort of
syntactic representation with some sort of
semantic representation” (Goldberg, 2006)
Cette définition s’applique parfaitement aux
verbes faibles, bien que le couplage présente
un certain nombre de spécificités
Les verbes faibles comme “famille”
(‘cluster’) de constructions
Ensemble de 3 constructions
1 sens
1.Que P
2. parenthétique
3. emploi disjoint
Verbes faibles
1+2+3
1. Que P
-opinion
-connaissance
- perception
ensemble 1’/2’/3’
2. Parenthétiques
-dire
-émotion
-opinion
3. Emploi disjoint
-modaux
-opinion
+ ??
Verbes faibles
“mitigation”



Aucune réalisation n’est la réduction d’une
autre
Dans les 3 réalisations, les verbes faibles
présentent les mêmes particularités morphosyntaxiques (personne, temps aspects) et
sémantiques
Il faut repenser le rôle du ‘que’ dans le cadre
de la construction

Les diverses réalisations syntaxiques
présentent cependant des linéarisations et des
“saisies” différentes de la même dépendance

Ces degrés d’autonomie différents doivent être
interprétés comme des organisations macrosyntaxiques différentes
Réalisation disjointe





la plus autonome
porte sur un élément qui précède mais pas
directement connexe
peut franchir les limites des tours de parole
a ses propres modalités
se prête à des actes de langage particuliers
comme la réponse :
L1
L2
c’est pas un phénomène de mode ça
non je crois pas c’est plus une évolution
Réalisation en incise
 un peu moins autonome.
 porte majoritairement sur ce qui précède
 portée variable qui peut se réduire à un fragment de
l’énoncé
 Modalités en écho avec celles de l’énoncé qui
précède. Avec un énoncé négatif, l’incise peut être
négative ou positive; avec un énoncé positif, elle ne
peut être que positive :
il est intelligent je trouve (*je trouve pas)
il n’est pas intelligent je trouve
il n’est pas intelligent je ne trouve pas
Réalisation VqueP
 formellement liée par que à l’énoncé qui suit et sur
lequel elle porte
 souvent insérée dans un ensemble plus vaste
 couverte par des éléments du type parce que,
cependant, est-ce que
cependant je trouve que mes professeurs sont peutêtre trop euh puristes
il y a des jours où je trouve que les mots français
me viennent plus facilement
dans le fond je trouve que c’est c’est une super idée
d’unifier de faire ce mouvement d’unification


Les trois réalisations sont donc en distribution
complémentaire
Elles ne semblent pas représenter trois
étapes différentes qu’on pourrait ordonner
selon un processus de grammaticalisation
2.4. Sens ‘fort’ /v/ sens ‘faible: un cas
de polysémie verbale ?



Opinion/mitigation (je crois, je pense)
Dire/mitigation (on dirait)
Modaux/mitigation (il me semble, il paraît)
→ les extensions polysémiques ne sont pas
arbitraires

Construction syntaxique originale plutôt qu’un
cas de (dé)grammaticalisation

Polysémie plutôt qu’affaiblissement
sémantique (‘bleaching’)
Références
Verbes faibles





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XXV,3, 241-262.
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« en incise » et rection faible des verbes ». Recherches sur le
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