(économique) et l`environnement

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Transcript (économique) et l`environnement

ENVI–F-409
Economie de l’environnement
et des ressources naturelles
Séance 1 – 5 Février 2014
Tom Bauler – [email protected]
Supports de cours : http://tbauler.pbworks.com
Objectifs du cours …
• Intégration de l’environnement « naturel » dans les conceptualisations
économiques
• Science économique comme une perspective utile, parfois originale, à la
compréhension des problèmes environnementaux
• Montrer la diversité d’écoles et d’approches, et d’outils
• Montrer les limites, les malaises et les questions non résolues dans le couple
économie-environnement
…. et limites du cours
•  il ne s’agit pas d’un cours de management environnemental ( ENVI-F-448)
•  cours à ouverture multidisciplinaire, sans prérequis économiques, donc
naviguant entre précision disciplinaire et généralisation
Finalité du cours …
• Montrer les gradations de la relation homme-nature, telles que représentées
par les approches économiques :
–
–
–
–
–
Gradations historiques
Gradations épistémologiques
Gradations chez les auteurs
Gradations dans l’actualité
Gradations dans les réponses politiques et sociétales
1 - Démystification de la nature
Cranach L. (the Elder) (ci. 1530) « Paradies »
2 - L’homme et la terre
Millet (1882) « Le paysan à la houe »
3 - L’homme et les ressources
Rauch N. (2007) « Goldgrube »
4 – Le socio-écosystème
Rauch N. (2002) « Späher »
Approche pédagogique
• Cours à tendance « ex cathedra »
• Ouverture au débat: interrompez-moi!!!
• 2 modes opératoires, séquentiel :
– 1ière moitié du quadrimestre: cours frontal  présentation de la matière de base
– 2ième moitié du quadrimestre: cours horizontal  provocation de discussions et débats autour de
la matière, d’études de cas précises, de questionnements, de l’actualité…
• Ce qui veut dire en clair:
– Consommateurs +/- passifs au début
– Consommateurs actifs ensuite, demandant de votre part une préparation en amont de chaque
séance !
Organisation
• Pas de syllabus ! Slides ppt mis à disposition; changent peu d’une année à l’autre,
mais ce que je « racontes » change beaucoup
• Lectures préparatoires pour certaines séances !
• Manuels de référence :
– Perman R., Ma Y., McGilvray J., Common M. (2011), Natural Resource and Environmental
Economics. Pearson. (4Ième édition)
– Tietenberg T., Lewis L. (Naccache Ph., Gallo J., Mauléon F.) (2013), Economie de l’environnement
et développement durable. Pearson (6ième édition)
– Common M., Stagl S. (2005), Ecological Economics. An introduction. Cambridge UP.
• Site internet d’accompagnement : http://tbauler.pbworks.com
• Manuels et livres spécialisés disponibles en bibliothèque 5NIV 333.7
• Evaluation : Examen écrit à livre fermé. Questions de compréhension et de
discussion, dont 1 question relative à un article scientifique
Mercredi 19 février 2014 ou Jeudi 20 février 2014
Conférence donnée par Joan Martinez-Alier (U.A. Barcelone),
et table-ronde avec Edwin Zaccai (ULB)
Ecological Economics : an internal, historical and actorbased perspective
3 volets seront abordés:
• Introduction : Quid Ecological Economics?
• La partie centrale : Justice environnementale & conflits d’intérêts dans le Sud
• La table-ronde : Décroissance vs. Développement durable
Pour ce dernier volet en mode « débat » avec Edwin Zaccai. Lisez absolument:
Sustainable de-growth: Mapping the context, criticisms and future prospects of an emergent
paradigm. Ecological Economics, Volume 69, Issue 9, 15 July 2010, Pages 1741-1747
Joan Martínez-Alier, Unai Pascual, Franck-Dominique Vivien, Edwin Zaccai
Table des matières
• Chapitre 1 : La Nature en science économique - Histoire du traitement de la Nature
dans la science économique depuis les auteurs classiques jusqu’à aujourd’hui. Introduction au
vocabulaire de base utilisé pour le reste du cours, donc à certaines notions clés (tels que biens
publics/communs/privés, défaillances de marché en absence de prix, capital naturel...).
• Chapitre 2 : La relation entre « bien-être économique » et environnement Utilitarisme, développement humain, bien-être… et le rôle de l’environnement. Fonctions
d’utilité. Bien-être inter-temporel et le problème de l’actualisation. Conceptions économiques
de la durabilité et substitutions des facteurs/capitaux. Fonctions de production. Les biens
« communs » : Hardin vs Ostrom.
• Chapitre 3 : Externalités environnementales et leur valuation monétaire Conceptualisations d’externalité environnementale ; défaillances de marché (précisions). Coase
& Pigou. Méthodologies de valuations monétaires : valuations monétaires
indirectes/préférences révélées : travel cost, hedonic prices, protection cost. Valuations
monétaires directes/préférences déclarées: contingent valuation. Valuations monétaires par
impact pathways : ExternE. Application des valuations dans le domaine des services
écosystémiques (TEEB). Marchés de la biodiversité.
Table des matières
• Chapitre 4 : Coûts-bénéfices et politiques environnementales - Les principes d’une
analyse coûts-bénéfices /efficience environnementale. Les problèmes concrets de l’actualisation
dans le cas des ACB. Stern-review et les coûts-bénéfices de la politique climatique.
• Chapitre 5 : Le développement (économique) et l’environnement - Croissance
économique et environnement : Kuznets curves. Rebound effects – Jevons Paradox. Au-delà de
la croissance : steady-state, décroissance, prospérité. Au-delà du développement : Sen,
Nussbaum, Alkyre… .
• Chapitre 6 : L’économie du climat, et les marchés du carbone – L’économie du climat.
Théorie des marchés de droits d’émissions. Protocole de Kyoto et les marchés de CO2. Le
système EU-ETS. Offset personnel & MDP.
• Chapitre 7 : Les indicateurs économiques alternatifs - Le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi :
conceptions et défaillances du PIB. Alternatives et problèmes d’indicateurs. Les
tableaux/comptabilité input-output, de matières. Comptabilité des services écosystémiques. Un
exemple concret d’alternative : l’ISEW pour la Belgique.
Table des matières
• Chapitre 8 : « Frontières » de l’économie environnementale - Instrument
économique de politique environnementale : Les paiements pour services écosystémiques.
Instrument politico-économique de politique internationale : La dette écologique. Instrument
économique de politique environnementale : La taxe carbone et la fiscalité environnementale.
Chapitre 1 : La Nature en science économique
Histoire du traitement de la Nature dans la science économique depuis les auteurs classiques jusqu’à aujourd’hui. Introduction au vocabulaire
de base utilisé pour le reste du cours, donc à certaines notions clés (tels que biens publics/communs/privés, défaillances de marché en
absence de prix, capital naturel...).
0° Introduction, histoire et auteurs classiques
1° Vocabulaire de base
2° Représentations du système économique dans l’environnement
0°
Introduction
Etymologie
• ‘Économie’ et ‘écologie’ : racine identique. Oikos. Grec ancien: ‘maison’, ‘foyer’,
‘ménage’, voire ‘famille’
• Oikonomia, est la gestion de la maison, du foyer, du ménage… dans certains cas
d’exploitations agricoles : gestion agricole, i.e. gestion de la terre. Oikonomos:
maître d’hôtel, concierge
• Écologie, oikos en combinaison avec –logia (i.e. l ’étude de). Oikologia est donc
l’étude du fonctionnement de la ‘maison’ (dans le sens: Terre)
 « Fonctionnement » vs. « Utilisation/Gestion »
 Différence fondamentale avec la « Chrématistique », i.e. ‘gestion des affaires’
Les bases de la relation Envi&Economie
Les classiques : découverte du rôle productif de la terre
• Adam Smith (1770), « La Richesse des Nations » : mécanisme de ‘main invisible’
= le progrès est animé par la somme des recherches individuelles de bien-être
(i.e. amélioration des conditions de vie) avec comme conséquence : l’allocation
efficace des ressources (y compris de la terre) par les marchés.
• Thomas Malthus (1798): frein principal au progrès - la finitude des ressources
(i.e. terres agricoles) - est absolu, e.g. rendements agricoles sont décroissants
(car raréfaction des surfaces agricoles de qualité) si combinés à une évolution
démographique positive. Conséquence inéluctable : économie de survie, sans
progrès possible.
• David Ricardo (1817): notion des avantages comparatifs mutuellement
bénéfiques. Finitude des ressources (tj de ‘terres agricoles’) est relative, car
soutenue par intensification (progrès technique) et extensification agricoles
(nouvelles colonies). Mais conséquence finale : économie stationnaire.
• John S. Mill (1857) : continuité de la reconnaissance des rendements décroissants,
mais: à nuancer par l’influence du progrès technique (notamment énergie
exosomatique) et importations (notamment depuis les colonies). Conséquence:
économie stationnaire, mais à un niveau de confort assez élevé. Première
reconnaissance des ‘aménités’ négatives (bruit, pollution, valeur esthétique…),
dont la seule conséquence espérée est la simplicité volontaire :
« I sincerly hope, for the sake of posterity, that they will be content to be stationary
long before necessity compels them to it »
Les néoclassiques : l’amnésie collective des rôles limitatifs du facteur « terre »
• Progrès technique, rendements décroissants, rareté relative… à partir de 1900, le
facteur ‘terre’ n’est plus compris comme limitatif, mais le ‘travail’ le devient.
Importance première: efficience des échanges. 1900 à 1965, plus aucune spécificité
attribuée aux éléments ‘naturels’ dans les fonctions de production.
• Vilfredo Pareto (1900) : Pareto efficience/optimum; échange est optimal si
impossible d’augmenter le bien-être d’un agent sans en affecter un autre
négativement. « Pareto efficience » réalisable que si situation de marché libre.
Pareto est statisticien: principe de Pareto = répartition des ressources suit k*R = (1k)*P, avec k=0,8 : 20% de la population utilise/détient 80% des ressources.
• Arthur C. Pigou (1920) : reconnaissance du rôle de l’Etat dans la construction des
équilibres (de marchés). Interventions étatiques, levées de taxes « pigouviennes »
pour palier aux défaillances du marché, notamment aux externalités. Hypothèse
forte chez Pigou: information parfaite de l’Etat (voir au contraire : Ronald Coase
« The lighthouse in economics » 1974).
• Vers 1970, apparition de 2 préoccupations qui se développent en branches à part
entière de la science économique néoclassique :
– économie des ressources naturelles; extractions efficientes des ressources
(minières, forestières…, renouvelables, épuisables…).  La gestion de la rareté.
– économie de l’environnement; insertion de l’environnement dans l’économie,
surtout en termes d’impacts (i.e. pollutions comme nouveau facteur limitant
du développement).  La gestion des marchés.
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• Depuis 1985 construction d’une branche alternative à l’économie des res.nat. et de
l’envi. Reconnaissance de la spécificité des problèmes environnementaux : remise
en question de certains principes néoclassiques fondamentaux, et insistance sur le
développement d’outils spécifiques pour traiter l’environnement.
• Reconnaissance des limites intrinsèques de la science économique dans le
traitement/compréhension de la Nature. Réelle volonté d’ouverture, de coconstruction, vers les disciplines des sciences naturelles. Redécouverte de
Georgescu-Roegen (et les lois de la thermodynamique appliquées à l’économie).
• Rediscussion profonde de la notion environnementale de base : les biens
communs. Hardin et la tragédie des communs, mais déconstruit depuis par des
analyses empiriques (notamment par Elinor Ostrom).
• Actuellement, une guerre des tranchées (ou ignorance mutuelle) entre
Environmental Economics et Ecological Economics. Désaccord académique profond
prend aujourd’hui une ampleur sociétale et politique autour des valuations
monétaires de la Nature (Stern report & TEEB) et autour des indicateurs.
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Aujourd’hui ?
On constate un mouvement inverse: l’environnement n’est plus un facteur limitatif
ou un facteur « à gérer » pour diminuer les coûts, mais est de plus en plus perçu
comme un espoir, un marché, une opportunité d‘emploi, un avantage comparatif
commercial/industriel…
« Green growth »  croissance verte
Y compris des mouvements profonds de financiarisation de l’environnement, p.ex.
via la création de marchés financiers/boursiers qui font du « trading » sur des
« assets environnementaux »
Y compris la découverte de l’environnement comme une donnée importante en
matière d’assurances/ré-assurances
Y compris la découverte de l’impossibilité de penser correctement le long terme en
économie, et donc d’intégrer correctement les questions de CC, biodiv, azote…