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Cours de pensée éco
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Semestre 5
Année universitaire 2014-2015
Professeur : Driss ASSI
FSJES Marrakech
• L’objectif de ce cours est de fournir aux étudiants, les
éléments nécessaires à la mise en perspective
historique des connaissances acquises au cours de
leur scolarité en sciences économiques.
• On retiendra ainsi quelques auteurs majeurs qui ont
marqué l’histoire de la discipline et dont la
connaissance fait partie du patrimoine intellectuel des
économistes.
• La présentation du cours sera faite de manière
chronologique. Nous commencerons avec les
précurseurs (mercantilistes et physiocrates) puis les
classiques. Nous poursuivrons avec F. List et K Marx,
après nous entamerons la révolution Marginaliste
avec les néoclassiques puis l'apparition du
Keynésianisme et enfin nous terminerons avec les
néolibéraux et les contemporains.
Plan du cours
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Introduction générale
Les précurseurs: Mercantilistes et physiocrates
Classiques: Smith, Ricardo, Say et Malthus
F list
K. Marx
Les néoclassiques
Keynes
Les néolibéraux
Les contemporains
Introduction générale
I- Intérêt de l’étude de l’histoire de la pensée
économique : Pourquoi faire de la pensée
économique?
II - Comment étudier la pensée économique ?
III- Formation de la pensée économique:
Comment la pensée économique s’est elle
constituée?
I- Intérêt de l’étude de l’histoire de la pensée
économique :
• L’HPE se trouve comme son nom l’indique, au
carrefour de deux grands domaines de la
connaissance, l’histoire et l’économie. C’est
l’étude et l’analyse des pensées et théories
économiques du passé.
• Pourquoi faire l’histoire de la pensée
économique ?
L’étude de la pensée économique présente un intérêt pour plusieurs
raisons:
- L’hpe fait partie intégrante de la science économique, l’étude de
la pensée économique est l’étude de l’économie elle-même
- L’économie n’est pas une discipline aboutie, les principaux
auteurs se sont situés par rapport à leurs prédécesseurs sous
forme de la synthèse, du recouvrement ou de la critique. Par
exemple, Ricardo s’est situé sur le terrain balisé par Smith. Marx
a construit son œuvre économique par rapport à Smith et
Ricardo. Walras, fondateur de l’école néoclassique, s’est situé par
rapport à l’école classique. Keynes grand économiste du 20ème
siècle a croisé les fers avec les continuateurs des néoclassiques
comme Pigou mais aussi avec les mercantilistes comme De
Mondeville
- En économie les idées ne meurent pas mais elles dorent,
exp depuis les années 70 on assiste à un retour au
libéralisme
- L’étude la pensée économique permet de faire le bilan
des tentatives d’explications de phénomènes et en tirer
enseignements pour comprendre la réalité actuelle
- Autres motifs : « Les hommes d’action restent les esclaves
de quelques économistes passés, dit keynes » ( cette
citation souligne à quel point le poids du passé de la
discipline est important)
II - Comment étudier la pensée économique ?
•L’étude de l’histoire de la pensée économique ne consiste pas
seulement à étudier et commenter les écrits des économistes
décédés, mais surtout de s’éfforcer de saisir le mouvement par lequel
leur pensée s’est constituée, à savoir replacer les développements
dans leur contexte historique et tenter de comprendre les
motivations des auteurs et les reconstruire.
•C’est à dire , savoir ce qu’ont pensé les gens avant nous, mais il ne
s’agit pas seulement de revisiter les théories et pensées écnomiques
du passé, mais aussi et surtout de voir quels enseignements peut-on
en tirer pour comprendre la réalité actuelle et les discours et débats
actuels sur les problèmes économiques et sociaux contemporains,
c’est-à-dire voir ce qui reste d’actualité dans ces théories et qu’on
peut utiliser aujourd’hui
III - La formation de la pensée économique
• Les premières réflexions sur l’économie
remontent à l’antiquité. Trois auteurs se
sont particulièrement illustrés par leurs
réflexions économiques : PLATON et
ARISTOTE dans l’Antiquité et THOMAS
D’AQUIN au Moyen-âge
Afin de cadrer chronologiquement les faits on
peut retenir les étapes suivante:
• Le néolithique s’achève avec l’invention de
l’écriture, vers 3500 ans av. J.-C, mais aussi le
passage des outils de pierre aux outils de fer, l’âge
des outils dits de « bronze », constituant une
phase intermédiaire entre les outils de pierre et
les outils de fer.
• La période qui lui succède est l’Antiquité : Elle
commence avec l'invention de l'écriture (3 500
ans avant J.-C.). Elle se termine avec les invasions
barbares ou migrations eurasiennes, entre 300 et
600 après J.-C.
• le Moyen Âge : période située entre l’Antiquité et
la Renaissance, soit entre 476 (chute de l'Empire
romain d'Occident) et 1453 (chute de l'Empire
byzantin) après Jésus-Christ, du Ve au XVe siècle.
Il s’étend sur une période de mille ans.
• La renaissance:
- début, la découverte de l’Amérique par
Christophe COLOMB en 1492.
- Pour ce qui est de la fin, on peut prendre comme
point de repère les débuts de la révolution
industrielle en Angleterre, vers 1750.
• Deux questions concernant l’économie vont faire
débat entre PLATON et ARISTOTE:
- La première question est celle de la propriété :
faut-il que celle-ci soit collective, comme le pense
PLATON, ou privée, ainsi que le soutient ARISTOTE ?
- La seconde question est celle de la répartition de la
richesse : celle-ci doit-elle être distribuée
égalitairement, comme l’exige PLATON, ou faut-il
qu’elle soit distribuée proportionnellement à l’effort
de chacun comme va l’expliquer ARISTOTE ?
• Par la suite, Thomas d’Aquin réfléchissant sur la pensée
d’ARISTOTE, va largement reprendre à son compte les idées du
penseur grec et tenter, dans un autre domaine, celui du taux
d’intérêt, de faire évoluer la pensée de l’église.
• Cependant, durant le moyen âge, la pensée économique était
dépendante de la morale et de la religion, c'est à travers la
morale et la religion que l'on va aborder certaines questions
économiques. En effet, l'Eglise condamne la richesse matérielle,
l'accumulation d'argent, l'économie n'existe donc pas vraiment
en tant que discipline autonome (...). Les travaux de Saint
Thomas d’Aquin en temoignent. Il s’agit de déterminer quelles
sont les pratiques économiques « justes » selon la religion
chrétienne et la volonté de Dieu. Cette démarche conduit Saint
Thomas d’Aquin à considérer qu’il existe un « juste prix », un
« juste profit », un « juste salaire » et à condamner comme
immoraux les prêts avec intérêt
• Avec la Renaissance, (1450-1789) ( vaste
mouvement de transformations intélectuelles,
morales, économiques et politiques, caractérisé par
le développement de l’art, la science et la réforme
de l’église, découvertes, Etat nation,…) l’économie
apparaît comme discipline autonome, séparée de
la théologie, de la philosophie et de la morale.
L’économie abandonne alors les préceptes moraux
et religieux.
• La science économique, en tant que discipline
ayant sa finalité, son objet et sa méthode propres,
est née avec l’apparition du capitalisme et s’est
développée avec l’expansion de ce dernier dans la
mesure où le profit et l’intérêt ne sont plus
condamnés, mais valorisés
• A partir du 16ème siècle, le développement de la
pensée mercantilliste (1450-1750) puis des
physiocrates (1758-1776) marquera l’essor de
l’économie politique comme science autonome
ayant son objet et sa méthode propres.
• Depuis plusieurs écoles et courants de pensée
économique se sont développés. Historiquement,
on peut successivement distinguer le
mercantilisme, le libéralisme de l’école classique,
le marxisme, le courant libéral néoclassique, le
keynésianisme et enfin des développements
contemporains de la pensée néolibérale.
Ch 1 Les mercantilistes
• Introduction:
Place des mercantilistes dans la
pensée éco
• Le mot "mercantiliste" vient de l'italien
"mercante" qui signifie "marchand
• Les mercantilistes n’ont pas une grande place
dans la pensée éco, ils ne forment pas une école
de pensée au sens strict. Certains auteurs
(A.Smith par exemple) ne parlent que de
mercantilisme ou d’écrits mercantilistes. Cette
pensée ne sera reconnue que par certains
auteurs tels que K Marx et keynes. Keynes les
considère comme ses précurseurs.
L’intérêt qu’on peut tirer de la pensée
mercantilliste
En fait plusieurs enseignements peuvent être tirés de l’étude
de la pensée mercantilliste:
• Savoir comment la pensée économique s’est ccnstituée
historiquement ;
• Evaluer le rôle du Tiers Monde (périphérie) dans le
développement de l’occident (centre) et surtout pourquoi
certains pays se sont développés alors que d’autres non
• Comprendre certains aspects du fonctionement du
capitalisme contemporain qui demeurent largement
mercantillistes : rapport aux ressources naturelles et
comportement des FMN
Apport et limites de la pensée
mercantiliste
• Pour comprendre la pensée mercantiliste, il
faut la replacer dans son contexte historique
avant de s’interroger sur son apport et sa
pertinence
Le contexte historique des mercantilistes
• La doctrine mercantiliste a évolué sur une longue période (1450-1750)
(phase de transition du féodalisme au capitalisme). C’est une période
marquée par des transformations radicales et de grands bouleversements
Ces principales mutations peuvent être résumées ainsi :
- L’émergence de nouvelles mentalités (l’émancipation de l’homme à l’égard
de la religion et de l’église) favorables à l’activité économique et à la
recherche scientifique
- L’affirmation de l’Etat nation : naissance d’’une nouvelle conception de l’Etat
indépendante de la morale et de la religion
- Les grandes découvertes et élargissement du commerce international:
L’invention de la boussole et du télescope s’est traduite par une nouvelle
ouverture du monde : 1456, les portugais atteignent l’Afrique ; 1492,
Christophe Colomb découvre l’Amérique ; 1498, Vasco de Gama atteint
l’Inde ; 1519, Fernand Magellan fait le premier tour du monde. C’est
l’époque d’exportation d’esclaves et du commerce triangulaire entre
l’Afrique et l’Amérique.
• Tous ces faits ont favorisé l’apparition du
mercantilisme dont le but principal est
d’enrichir la nation.
Fondements et formes de la pensée
mercantiliste
• Fonds commun des mercantilistes
- La problématique commune aux mercantilistes :
Comment enrichir la nation désignée par l’Etat ? .
Pour eux, le but de l’économie politique est d’enrichir
la nation
• Il s’agit donc d'une analyse essentiellement
normative : les mercantilistes se sont fixés un
objectif et préconisent des moyens pour y parvenir.
Ce sont par nature des interventionnistes
• Les principales formes de la pensée
mercantiliste
• Cette doctrine, dont la pierre d'angle est
l'identification de la richesse aux stocks d'or et
d'argent, s'est traduite par des politiques fort
différentes selon la façon de procéder pour
accumuler la richesse. Nous allons donc
étudier successivement :
• Le mercantilisme espagnol ou bullioniste:
• cette forme initiale du mercantilisme s’est développée en
Espagne et au Portugal. Ces auteurs estiment que la
richesse d’une nation se mesure par la quantité des
métaux précieux dont elle dispose (pillage des métaux
précieux de l’Amérique latine). Ce système a échoué parce
que:
• d’une part l’afflux d’or et d’argent sur le marché espagnol
a provoqué une violente hausse de prix. Comme les prix
des produits espagnols sont plus élevés qu’à l’extérieur,
leurs exportations sont défavorisées, alors que les
produits étrangers étaient attirés en Espagne. Il s’ensuit
un déséquilibre de la balance commerciale de l’Espagne
et par conséquent une sortie de l’or espagnol vers les
divers pays d’Europe
D’autre part, l'activité agricole et l'activité
industrielle sont réduites à presque rien. Ce qui
a engendré en définitive un appauvrissement de
l'Espagne et contribué à retarder durablement
le développement de ce pays.
• Le mercantilisme anglais ou commercialiste: reflet de la
situation géographique de la grande bretagne qui était à
l’époque la reine des mers. Pour s’enrichir, la Grande
Bretagne qui ne peut compter sur l’afflux de métaux
précieux, doit dominer le commerce mondial. La richesse
d’une nation se mesure par l’étendue de son commerce
international
• Le mercantilisme français ou industrialiste: c’est un
courant de pensée qui s’est développé en France au
17ème siècle. C’est l’expression du contexte français. En
effet, la France qui ne maitrise pas le commerce
maritime et n’ayant pas de colonies, préconisait le
développement des manufactures (c'est le nom que l'on
donnait aux usines). Il s'agit toujours d'enrichir l'Etat, mais
par le développement industriel.
Les principales idées mercantilistes
• L’ économie fonctionne comme un jeu à
somme nulle ( stock de ressources limité,
intérêts des nations sont antagoniques, un
pays ne peut s’enrichir qu’au détriment d’un
autre); Le mercantilisme, en conséquence,
aura tendance à dresser les pays les uns
contre les autres.
• Balance commerciale excédentaire: Pour se procurer de l’or
et de l’argent, un pays doit avoir une balance commerciale
favorable ou excédentaire (X supérieures aux M)
• Le protectionnisme: Pour favoriser la réalisation d’une
balance commerciale excédentaire et développer l’activité
manufacturière, ils préconisaient l’élévation des droits de
douane pour taxer l’importation des produits finis,
interdisaient l’exportation des matières premières nécessaires
à l’industrie nationale et encourageaient l’exportation des
produits manufacturés ainsi que l’importation des matières
premières et du blé une fois la production nationale est
insuffisante
• Termes de l’échange favorables: prix des exportations
doivent être supérieurs aux prix des importations ( commerce
colonial)
• Croissance démographique , bas salaires et armée:
Les mercantilistes sont populationnistes, c'est-à-dire
favorables à l'augmentation de la population dans un
pays. L’abondance de la main-d'œuvre (bas salaires)
favorise le développement de l'industrie et du
commerce, notamment des exportations. Par
conséquent les industriels et les marchands
s'enrichissent. Cela permet aussi de lever des armées
puissantes, ce qui bénéficie à l'Etat
• L’interventionnisme et le nationalisme
économiques (Etat doit être fort et capable de
défendre les intérêts de la nation)
• Division du travail entre la métropole et les
colonies ( fournitures de matières premières
et débouchés pour les biens d’équipements)
Pour eux, les bas salaires ne sont pas
seulement un moyen de réduire les coûts de
production et d’augmenter les profits des
manufactures mais également le moyen
d’obliger les gens à travailler davantage.
• L’abondance de la monnaie pour faciliter les
échanges et le financement des manufacturiers. Le
taux d’intérêt ne peut être bas que si l’offre de
monnaie s’y prête. La monnaie est jusqu’ici assimilée
au capital. Ce n’est que plus tard qu’on parle de la
monnaie fiduciaire.
Conclusion
• Avant sa réhabilitation par Keynes, le mercantilisme a fait l’objet de
plusieurs critiques. Mais pour comprendre la pensée mercantiliste, il faut
la replacer dans son cadre historique. Le mercantilisme peut être
considéré comme la première ébauche d’une science économique. Cette
pensée a contribué à l’autonomie de l’économie des autres disciplines
notamment la philosophie et la religion, etc. Elle nous permet de
comprendre comment les pays d’Europe occidentale ont pu s’enrichir et
comment ils ont structuré les autres pays notamment sous développés en
fonction de leurs besoins. Elle nous enseigne également que le sous
développement des pays du Tiers Monde est le résultat de leur
subordination aux pays développés et que leur développement passe
nécessairement par le refus de cette soumission.
• La pensée mercantiliste est encore actuelle dans la mesure où elle peut
nous aider à comprendre certains aspects du fonctionnement du
capitalisme actuel comme le cas de la lutte acharnée des différentes
puissances mondiales sur le contrôle des ressources naturelles,
comportement agressif des firmes multinationales, division internationale
du travail quasi-coloniale, etc. Certains parlent du néo-mercantilisme.
Ainsi, la pensée mercantiliste mérite d’avoir une place importante dans la
pensée économique
Les physiocrates
• A la différence des mercantilistes, la pensée
physiocrate s’est développée sur une courte période
(1756-1776) et uniquement dans l’espace français.
C’est une véritable école avec un maître (F. Quesnay)
et des disciples.
• Contrairement aux mercantilistes, la pensée
physiocrate occupe une place importante dans la
pensée économique. La pensée physiocrate, à travers
le tableau économique de F.Quesnay a exercé une
grande influence sur beaucoup d’économistes. Cette
pensée a contribué à la formation de la comptabilité
nationale et de la macro-économie.
• L’étude des physiocrates présente un intérêt
particulier non seulement par l’importance de sa
contribution dans la formation de la pensée
économique, mais aussi et surtout par l’actualité
de certains de ses enseignements. Elle peut aider
à comprendre certains problèmes de l’économie
moderne tels que les famines et la dégradation
de l’environnement.
Le contexte historique des physiocrates
• La pensée physiocrate est apparue en France dans
une période d’avant la révolution industrielle
comme réaction au mercantilisme. Son agriculture
était en crise à cause des politiques mercantilistes
(Colbertisme) ayant favorisé l’industrie et le
commerce extérieur. La faiblesse des prix du blé
jointe à une fiscalité lourde ont entrainé la
multiplication des terres incultes et l’exode des
ouvriers en ville. Face à cette situation économique
et sociale préoccupante, la pensée physiocrate s’est
développée pour le développement de l’agriculture.
• Ensuite, la doctrine physiocratique est le fruit de
l’environnement intellectuel du 18ème siècle. En effet, les
penseurs physiocrates ne sont pas ce qu’on appelle
actuellement des écologistes mais des philosophes
moralistes influencés par la philosophie des lumières.
• L'école des Physiocrates a introduit dans la
science deux idées nouvelles qui étaient
précisément à l'antipode du système
mercantile : l’existence d’un ordre naturel, la
prééminence de l’agriculture sur le commerce
et l’industrie
L’ordre naturel
• - L’ordre naturel : Cet ordre naturel est le
meilleur possible et le seul capable de
permettre à une nation de prospérer. Il est
donc nécessaire d’en découvrir les lois et de
s’y conformer, car toute société qui ne
s’adapte pas à cet ordre ne peut que régresser.
• Pour les physiocrates, l’ordre naturel est fondé sur trois
principes : la propriété, la liberté et l’autorité :
-La propriété : La propriété est un droit naturel. S’il n’ y
a pas de propriété privée, personne ne cultive la terre
au delà de l’autoconsommation.
-La liberté : Ce principe trouve sa pleine expression
dans le « laisser faire, laisser aller »
-L’autorité : Ce principe complète les deux premiers.
L’autorité sert à préserver les droits de propriété et de
liberté. Sans sûreté, les propriétaires fonciers
n’oseraient faire des avances primitives
L’agriculture : source de richesse
• A la différence des premiers, la richesse d’une
nation ne dépend pas de la quantité des
métaux précieux dont elle dispose, mais des
biens matériels nécessaires à la satisfaction
des besoins de première nécessité de la
nation. L’argent n’est qu’un simple
intermédiaire d’échange.
Pour les physiocrates, La terre est donc la seule source de
richesse. Par son travail, l’homme ne fait que solliciter la
générosité de la terre. L’industrie ne fait que transformer
les richesses existantes et le commerce les transmet.
Pour eux les vraies richesses doivent remplir trois conditions:
• Renouvelables : c’est-à-dire qu’on peut consommer sans
altérer le principe de leur reproduction. Les ressources
naturelles non renouvelables ne sont donc pas des
richesses pour les physiocrates.
• Vendables: échangeables
• Nécessaires à la satisfaction des besoins de l’homme
• L’agriculture crée les richesses car elle produit
un excédent appelé produit net (la différence
entre richesse produite et richesse
consommée est toujours positive : (1 quintal
de semences pourrait donner la production de
100 quintaux).
Structure sociale est liée à la structure
économique
Les classes de la société autres que la classe agricole sont des classes
stériles. Ils distinguent trois classes d’importance variable :
• La classe souveraine des propriétaires fonciers: Les propriétaires
fonciers ne participent pas directement à la production, c-a-d ne
créent pas la richesse, mais ils jouent un rôle fondamental en
assurant les avances foncières. Ils vivent des rentes que leurs
versent les fermiers
• La classe productive des fermiers: c’est elle qui crée la richesse en
exploitant la terre
• La classe stérile: Elle comprend toutes les personnes ayant une
activité autre que l’agriculture. Elles sont qualifiées de stériles, car
elles ne participent pas à la création de la richesse, elles ne font que
transformer les produits que leurs fournissent les agriculteurs
La politique économique
La pensée physiocrate cherche à découvrir les
moyens qui permettent à la société de se
conformer à l’ordre naturel, condition nécessaire
à prospérer. Comme toute pensée économique
normative, la pensée physiocrate débouche sur
une politique économique articulée autour de
trois axes :
- Une politique libérale qui favorise l’échange
- Une politique de modernisation de l’agriculture
- Une politique fiscale qui n’affecte pas les
conditions de reproduction
Une politique libérale qui favorise l’échange:
• A la différence des mercantilistes, les
physiocrates recommandent le libéralisme. Ils
sont pour le laisser faire et laisser aller. Ils
recommandent la concurrence et insistent par
conséquent sur la suppression des privilèges
de monopole, de droits de douane et de toute
mesure qui gène la libre circulation des
marchandises. Ils développent des moyens et
des infrastructures de communication (routes,
canaux, flotte,...)
• Pourquoi cette politique libérale ? Quelle est
sa justification ?
• Cette liberté des échanges se justifie parce
qu’elle favorise la production des richesses. En
effet, sur un marché plus vaste (mondial), le
prix des produits agricoles est élevé, stable et
non fluctuant. Ce bon prix favorise la
production des richesses parce que la hausse
des prix des produits agricoles accroit le
produit net.
Une politique de modernisation de l’agriculture
• Etant la seule activité qui produit des richesses, l’agriculture doit être
l’objectif de la politique économique. Celle ci doit viser à la moderniser et
doit veiller à ce que l’affectation des dépenses des propriétaires fonciers
et de l’Etat favorise le secteur :
• -Modernisation de l’agriculture signifie la substitution du fermage au
métayage, des grandes exploitations aux petites exploitations familiales et
l’utilisation des techniques modernes et le salariat à la place des
pratiques traditionnelles
• -L’affectation des dépenses des propriétaires fonciers et de l’Etat doit
favoriser la classe productive et par conséquent les conditions de
reproduction car toute augmentation de dépenses au profit de la classe
productive, est considérée comme additionnelle aux avances de la classe
productive, et par conséquent un accroissement de la production de
richesses et partant, une amélioration du niveau de vie. Par contre, tout
excès de dépenses au profit de la classe stérile risque de réduire le
montant des avances de la classe productive et partant, le montant du
produit global. L’idée essentielle qu’il faudrait retenir à ce niveau et qui
est toujours actuelle, c’est que pour les physiocrates le niveau de vie est
articulé aux conditions de reproduction de la richesse
Une politique fiscale qui n’affecte pas les
conditions de reproduction
• Pour les physiocrates, le système d’imposition est le
premier facteur qui affecte négativement la
production. A l’époque, la perception de l’impôt se
faisait d’une manière indirecte par le biais du
fermage (location du prélèvement à des financiers qui
versaient par avance des sommes à l’Etat et se
chargeaient de se faire rembourser auprès des
populations avec des gains considérables). Pour que
l’imposition n’altère pas la production des richesses,
les physiocrates proposent un impôt unique, direct et
assis sur le produit net. Pour eux, toute autre forme
d’impôt est susceptible de réduire le volume du
produit net.
Conclusion
• Les physiocrates ont contribué à la formation de la
science économique. Ils ont découvert la notion de
produit net et révélé le caractère stratégique de sa
reproduction. Ils ont analysé et souligné le rôle
primordial du capital dans la production des richesses
et ont montré l’interdépendance entre les différents
secteurs économiques. Ces différents points seront
développés par des auteurs ultérieurs
• Mais la pensée physiocrate n’échappe pas aux erreurs
dont la principale est la productivité exclusive de
l’agriculture et la stérilité des autres secteurs