faut-il-avoir-peur-de-la-technique-1

Download Report

Transcript faut-il-avoir-peur-de-la-technique-1

Faut-il avoir peur de la technique ?
Introduction
Le mythe de Prométhée, racontée par Platon dans Protagoras, exprime la nature
ambivalente de la technique :
-l’homme peut survivre dans un milieu hostile grâce à sa seule capacité technique.
La technique, dans ce sens, doit être comprise comme l’un des moyens
fondamentaux du développement humain. L’homme grâce à ses outils, puis ses
machines, peut augmenter sa puissance d’agir face à la nature.
-la technique est cependant également source de « châtiment » : elle se retourne
contre l’homme : elle produit des fins contraires à celles poursuivies.
Dans ce sens, ne faudrait-il pas avoir peur de la technique ?
La peur : sentiment que l’on ressent face à un danger réel ou possible (menace).
suppose une anticipation de l’avenir.
-soit le fait de notre raison : crainte rationnelle.
-soit le fait de notre imagination, fantasmatique (cf. peurs paniques à l’approche des fins
de millénaires) : peurs irrationnelles.
(Problématique) Y a-t-il des raisons objectives d’avoir peur de la technique ? Au
contraire, cette peur est-elle dénuée de raisons, fruit de l’incompréhension des
hommes face au développement technique ?
I. Irrationalité de l’attitude « technophobique »
La peur de la technique naît souvent de l’ignorance.
Avoir peur de la technique en général n’a pas de sens. Plusieurs arguments.
1. La « technique » : un concept équivoque
« La technique » en général ça n’existe pas : une pluralité de phénomènes.
Objets
fabriqués
La
Technique
Manière
de penser
et de
raisonner
Gestes
techniques
La
Technique
Objets
fabriqués
(Artefact)
La
technique
Outils
Objets
fabriqués
Machines
Outils
Sens large :
tous les objets
fabriqués
propres à
réaliser une
certaine tâche
(« utiles »)
Ex : « l’outil
informatique »,
tous les
« appareils »
Sens restreint :
objets fabriqués
propres à réaliser
une certaine tâche
qui tirent leur
énergie de la main
humaine
Machines
simplement
mécanique
machines
Machines
motorisées
Machines
automatisées :
robots.
Objets
fabriqués
La
Technique
Gestes
techniques
Gestes
techniques :
gestes typiques
nécessaires à la
réalisation d’une
certaine tâche
Qui visent à la
production d’un
résultat
séparable du
geste
(‘poïesis’:
production)
Gestes
techniques :
gestes typiques
nécessaires à la
réalisation d’une
certaine tâche
Qui visent à la
réalisation d’un
effet inséparable
du geste
(‘praxis’: action)
Objets
fabriqués
La
Technique
Manière
de penser
et de
raisonner
Gestes
techniques
Manière
de penser
et de
raisonner
Si l’homme peut
… concevoir des outils
... accomplir des gestes techniques
pour utiliser des outils
c’est qu’il peut raisonner : concevoir un
but et les moyens propres à y parvenir.
= Pas de technique sans la raison .
2. L’homme est un technicien « par nature »
Si l’homme est par essence un être de culture, alors il est aussi par essence un
« technicien » :
• origines de l’humanité
origines des techniques
• Toutes les dimensions de la culture impliquent la maîtrise de techniques :
- techniques de maîtrises du corps et ses besoins
- techniques de la parole, de l’écriture, etc.
Si l’homme est par essence un être de culture, alors il est aussi par essence un
« technicien » :
• origines de l’humanité
origines des techniques
• Toutes les dimensions de la culture impliquent la maîtrise de techniques :
- Cela commence par la manière de maîtriser son propre corps et ses besoins
- l’exercice de toutes nos capacités acquises reposent sur l’apprentissage de
techniques (langage, art, vie sociale, …)
Bref, la capacité technique fait partie de l’essence de l’homme (ce qui le définit)
C’est ce qui fait la distinction entre l’homme et les autres animaux, et sa supériorité dans la
pratique.
Ce que montre Sophocle (dans un des chants du chœur d’Antigone)
Il est bien des merveilles en ce monde, il n'en est pas de plus grande que l'homme.
Il est l'être qui sait traverser la mer grise, à l'heure où soufflent le vent du Sud et ses
orages,
et qui va son chemin au milieu des abîmes que lui ouvrent les flots soulevés.
Il est l'être qui tourmente la déesse auguste entre toutes la Terre, la Terre éternelle et
infatigable,
avec ses charrues qui vont chaque année la sillonnant sans répit,
celui qui la fait labourer par les produits de ses cavales.
Les oiseaux étourdis, il les enserre et il les prend,
tout comme le gibier des champs et les poissons peuplant les mers, dans les mailles de ses
filets,
l'homme à l'esprit ingénieux.
Par ses engins il se rend maître de l'animal sauvage qui va, courant les monts, et, le
moment venu,
il mettra sous le joug et le cheval à l'épaisse crinière et l'infatigable taureau des
montagnes.
Parole, pensée vite comme le vent,
aspirations d'où naissent les cités, tout cela, il se l'est enseigné à lui-même,
aussi bien qu'il a su, en se faisant un gîte, se dérober aux traits du gel ou de la pluie,
cruels à ceux qui n'ont d'autre toit que le ciel.
Bien armé contre tout, il ne se voit désarmé contre rien de ce que lui peut offrir
l'avenir.
Contre la mort seule, il n'aura jamais de charme permettant de lui échapper,
bien qu'il ait déjà su contre les maladies les plus opiniâtres imaginer plus d'un
remède.
Mais, ainsi maître d'un savoir dont les ingénieuses ressources dépassent toute
espérance,
il peut prendre ensuite la route du mal tout comme du bien.
Qu'il fasse donc dans ce savoir une part aux lois de sa ville et à la justice des dieux,
à laquelle il a juré foi !
Il montera alors très haut dans sa cité,
tandis qu'il s'exclut de cette cité le jour où il laisse le crime le contaminer par
bravade.
Ah ! qu'il n'ait plus de part alors à mon foyer ni parmi mes amis, si c'est là comme il
se comporte !
Contrairement à tous les autres êtres vivants, l’homme semble pouvoir se
soustraire à l’ordre naturel :
- refuse la fatalité naturelle pour progresser, donc constituer une Histoire
- capable de « transgresser » (en quelque sorte) les lois naturelles
- capable de se fixer ses propres fins et les moyens propres à y parvenir
Tout cela parce qu’il est doué de « technè », d’art ou savoir technique.
La technique fait donc partie de ce qui définit l’homme.
Refuser la technique, c’est donc refuser notre propre humanité.
3. La technique est moralement neutre
Pourquoi condamner la technique ? Elle est neutre, ni bonne ni mauvaise en elle-même.
Si parfois l’entreprise technique produit des effets mauvais,
c’est en raison des défauts de ceux qui les utilisent ou les développent :
- défauts de maîtrise technique : incompétence
- défauts moraux : vice (= Gorgias à propos de l’art rhétorique) :
Donc : la responsabilité des effets nuisibles ne serait pas celle de la technique en tant
que telle, qui serait innocente .
4. Progrès technique , progrès humain
• le programme cartésien (1637)
Progrès des sciences : connaissance de la nature
progrès technique : maîtrise de la nature
bonheur humain
il est possible de parvenir à des connaissances qui
soient fort utiles à la vie, par lesquelles connaissant la
force et les actions du feu, de l'eau, de l'air et de tous
les autre corps qui nous environnent, nous les
pourrions employer à tous les usages auxquels ils
sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la nature.
… Ce qui n'est pas seulement à désirer pour
l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on
jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de
toutes les commodités qui s'y trouvent, mais
principalement aussi pour la conservation de la santé
« … nous rendre comme
maîtres et possesseurs de la
nature. »
• quel progrès ?
- maîtrise de l’environnement
… ressources naturelles
… protection contre les risques naturels
- progrès dans la production de richesse en général
mécanisation, informatisation …
augmentation productivité
- progrès en médecine (santé : premier des biens, selon Descartes)
═ amélioration des conditions matérielles et corporelles de la vie humaine,
élément s essentiels du bonheur
II. Irrationalité de la technophilie : le problème de
l’hubris technologique
-Technologie : techniques qui reposent sur les sciences (en part. physique, électronique,
informatique, robotique, etc. …)
-Hubris : tendance de l’homme à la démesure, à l’excès.
20ème siècle: inflation des technologies (conception/diffusion). Ces techniques ellesmêmes nous poussent à rechercher le toujours plus (efficace, vite, beau, ‘heureux’…).
Cette tendance à l’excès contredit les conditions d’une vie heureuse.
Carlo Scareni , La Chute d'Icare,
1607
1. L’impact de la technologie contemporaine sur la
nature, la société et l’homme
a- Impacts sur la nature
• pollution des sols, de l’eau, de l’air
•surexploitation des ressources
Cela est dû
- à des accidents de technique
- au fonctionnement normal des techniques modernes utilisées à grande échelle
Progrès technique au cours des XIXème et XXème siècle = désastre écologique.
b-Impacts sur la société: quelques exemples
•La « Technocratie » : désigne le phénomène de développement des experts et
techniciens de dans les cabinets ministériels, qui décident de plus en plus des actions
politiques à mener.
Lorsque la gestion des affaires
publiques est confiée à quelques
individus détenteurs du savoir
(des « techniciens »), on parle
alors de technocratie. Au sein de
ce système, le citoyen est
considéré comme incapable de
décider par lui-même de ce qui
est bon pour lui.
•développement des techniques de surveillance des citoyens
-Inefficacité dans la lutte contre la criminalité
- menaces sur la vie privée
- contrôle social accrue (couplage possible avec
le fichage, en part. biométrique à venir?)
• Technologies de la communication
"L'affirmation selon laquelle les moyens de communication sont source
d'isolement ne vaut pas seulement pour le domaine intellectuel. Non
seulement le discours menteur du speaker à la radio s'imprime dans le
cerveau des hommes et les empêche de se parler (…) non seulement
l'exemple du héros de cinéma vient s'interposer comme un spectre lorsque
des adolescents s'étreignent ou que les adultes commentent un adultère.
Le progrès sépare littéralement les hommes. […] les vitres des bureaux
modernes, les salles immenses où travaillent d'innombrables employés que
le public ou les patrons peuvent aisément surveiller ne permettent plus ni
conversations privées, ni idylles. Même dans les administrations le
contribuable a la garantie que les employés ne perdront plus de temps. Ils
sont isolés dans la collectivité. Mais les moyens de communication isolent
aussi les hommes physiquement. Les autos ont remplacé le chemin de fer.
La voiture privée réduit les possibilités de rencontres au cours d’un voyage
à des contacts avec des auto-stoppeurs parfois inquiétants. Les hommes
voyagent sur leurs pneus, complètement isolément les uns des autres."
Horkheimer & Adorno, La Dialectique de la raison (1947)
Selon Adorno et Horkheimer, les techniques et les transformations sociales
qu’elles induisent (notamment au travail) entraînent :
- isolement des individus
- contrôle accru des individus et de leur relations
c- Impacts sur l’homme
• Les technologies modernes en général nous transforment :
-le corps : ergonomie des techniques modernes. Exemple du pouce.
-l’esprit : habitude de la vitesse, culture de l’instantanéité, de l’immédiateté .
De la réflexion au réflexe (Ellul) par exemple dans la recherche des informations.
• Deux exemples plus particuliers :
- les biotechnologies qui reposent sur la génétique, et l’eugénisme
… aujourd’hui : diagnostic prénatal et avortement thérapeutique
… demain ? SF : Guattaca
-la médicamentation psychique : les anxiolytiques (50’s)
modification du psychisme de l’individu (ex : régulateur de l’humeur)
Étude d’un texte de Simondon : thèse ? Problématique ? Plan de l’argumentation ?
-Le progrès des techniques est-il un progrès pour le travail humain ? Constitue-t-il un progrès pour le
travailleur ? Au contraire, le développement des outils, machines, objets techniques dépossèdent-ils le
travailleur de son travail ? Remplace-t-il l’homme dans le travail ?
-Pour répondre à cette question, l’auteur prend une perspective historique : il faut distinguer deux époques,
séparées par (les suites de) la révolution industrielle. Quand les techniques développaient, démultiplier les
énergies du travailleur qui restait au centre du processus de travail, les techniques industrielles ont renversé
le rapport : le travailleur devient au mieux spectateur du processus ou superviseur, au pire instrument
technique lui-même au service de la machine.
Bref, le progrès des techniques ne fait pas le bonheur des travailleurs.
I-description d’une révolution historique dans l’évolution des techniques
1-(esquisse de la thèse ) : c’est l’apparition « d’individus techniques complets », autonomes, automatiques,
qui marquent le changement dans l’évolution des techniques
2-avant, les machines ne faisaient que développer les énergies humaines
3-après, les machines devenues autonomes commencent à remplacer l’homme
II-explication : en quoi c’est une révolution : le changement de rapport entre l’individu et la machine ou le
milieu du travail.
1-avant, l’homme technicien était au centre de la fabrique, les outils/machines second
2-après, c’est la machine qui est au centre, l’homme qui accompagne son processus
III-conséquence pour la vie de l’individu : le sens de la vie / le bonheur.
1-le progrès ressenti comme tel : l’accroissement de la force, rapidité…
2-l’angoisse liée à l’autonomisation de la technique
3- la perte de sens
2. L’«hubris» technologique : de la technique aux
technosciences
- Martin Heidegger, « la question de la technique »
La technique des Anciens
La technique des Modernes
Heidegger : version complète
L’époque moderne marque une rupture dans l’histoire de la technique.
Cette rupture est d’abord une révolution dans les mentalités.
D’ailleurs la technique en général est d’abord une certaine manière de considérer le monde
(« l’essence de la technique n’est pas technique »).
Ce changement s’est joué non par à la révolution industrielle mais à la révolution
scientifique au 17ème siècle:
-Avant la nature est encore considérée
… comme crée par Dieu, marquée par son origine divine (cf. alchimie)
… comme habitée de forces surnaturelles (culture païenne médiévale)
-après elle fut désacralisée, considérée simplement comme un ensemble de corps physique
soumis aux lois du mouvements. Donc exploitable par l’homme.
L’homme s’est rendu « comme maître et possesseur de la nature »
-Les techniques des sociétés traditionnelles : respecte la nature.
… une frontière entre l’homme et la nature,
… des lois à respecter. Prendre que ce dont on a besoin. Pas de n’importe quelle manière.
-Les techniques des sociétés modernes : exploiter la nature comme un stock de ressources.
Heidegger :
L’époque moderne : une rupture dans l’histoire de la technique.
• une révolution dans les mentalités : la révolution scientifique (17ème siècle) :
-avant la nature est encore considérée comme sacrée ou magique
-après elle fut considérée simplement comme un ensemble de corps physique.
Exploitable par l’homme, « comme maître et possesseur de la nature » .
• s’ensuit une révolution dans les techniques :
-Techniques des sociétés traditionnelles : respectent la nature.
une frontière entre l’homme et la nature
des lois à respecter.
-Techniques des sociétés modernes : exploiter la nature comme un stock de ressources.
Pieter Bruegel l’Ancien, La Chute d’Icare, 1560
3. La technique n’est pas une activité neutre, elle est
directement porteuse de certaines valeurs
a- des techniques mauvaises en soi
• techniques dont l’utilisation est nécessairement immorales : mines anti-personnelles …
• une technique induit généralement certains usages : sa ou ses finalités normales sont
inscrites en elle.
b- les techniques modernes sont toutes porteuses de valeurs modernes
• si la raison = la raison technique, alors on ne peut pas dire que le raisonnement technique soit
porteur de valeur (I-3)
• Pourtant, la raison technique n’est pas universelle, naturelle (Weber)
- elle n’est qu’une forme de rationalité parmi d’autres
- son développement est propre à une certaine culture, à une certaine époque
• Quelles valeurs cachent-elles ?
-Il n’est pas objectivement « logique » de rechercher toujours et partout le moyen le plus
efficace pour obtenir un résultat.
- l’efficacité est une valeur parmi d’autres, de même que l’économie (au sens de parcimonie).
• En tant que réalisation de cette manière de penser, la technique n’est pas innocente.
Effets négatifs
- sur la société (ex: chômage)
- sur l’individu (ex : stress, anxiété de performance)
Le phénomène
technique est la
préoccupation de
l’immense majorité
des hommes de notre
temps de rechercher
en toutes choses la
méthode absolument
la plus efficace
III. L’homme responsable : rationalité éthique,
prudence et prévoyance
1. Le devoir d’avoir peur (Hans Jonas)
• La peur peut être rationnelle : il faut que
- elle soit justifiée
- elle pousse à l’action (prévention)
• la crainte de la disparition de l’humanité peut être rationnelle :
-ce danger est envisageable
… histoire du XXème siècle (massacres de masse; désastres écologiques)
… perspectives écologiques
- cette crainte peut nous pousser à l’action
• Sous sa forme raisonnable, elle n’est pas qu’une possibilité morale
c’est une nécessité morale : un devoir.
- En général, nous avons des devoirs de non-nuisance à l’égard des hommes que notre action
menace. devoirs plus forts envers les personnes vulnérables (ex : les enfants)
-Or, nous sommes à l’égard de l’humanité à venir comme des parents envers leurs enfants
-En effet, nous avons la responsabilité de préserver la possibilité de la vie de l’humanité
future.
Un impératif moral : « Agis de façon que les effets de
ton action soient compatibles avec la permanence
d’une vie authentiquement humaine sur terre […] Ne
compromets pas les conditions pour la survie
indéfinie de l’humanité sur terre ».
Hans Jonas (1903-1993)
« L’anticipation de la menace peut servir de
boussole dans la construction de cette
futurologie dans la mesure où c’est la
représentation imaginée du péril à venir –
la destruction de toute humanité future –
qui nous donne le savoir adéquat de ce qui
est à protéger. Seule la prévision de la
déformation de l’homme nous fournit le
concept de l’homme qui permet de nous en
prémunir. Nous savons seulement ce qui
est en jeu, dès lors que nous savons que cela
est en jeu. »
2. La rationalité à l’œuvre dans la technique n’est pas la plus
haute forme de la rationalité humaine
Il faut ne pas confondre deux types de rationalités orientées vers l’action :
- La rationalité « technique » ou instrumentale
- La rationalité du technicien en tant que
technicien va consister
uniquement
à
rechercher le bon moyen pour atteindre une fin.
- La fin est fixée d’avance et n’est, par
principe, pas remise en cause par le technicien
en tant que technicien.
Aristote, -384 -322
-Le technicien peut aussi se poser des questions sur la valeur des buts qu’il
poursuit. Non plus en tant que technicien, mais en tant qu’homme.
=Domaine de la rationalité éthique ou morale
Le bon technicien a la vertu de bien raisonner en matière de moyens.
Mais l’homme sage est celui qui en plus sait bien réfléchir en matière de buts, sait choisir les
bons buts.
Cette vertu : la « sagesse pratique ».
Exemple d’un mauvais
raisonnement
pratique : La Fontaine, L’Ours et l’Amateur
des Jardins
« Je t’attraperai bien, dit-il ; et voici comme. »
Aussitôt fait que dit : le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec raideur,
Casse la tête à l’homme en écrasant la mouche ;
Et, non moins bon archer que mauvais raisonneur,
Raide mort étendu sur la place il le couche.
Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ;
Mieux vaudrait un sage ennemi.
(La Fontaine, VIII.10)
On comprend mieux, à travers cet exemple, le sens de la distinction à faire
entre la pure rationalité technique (ou ‘instrumentale’) à l’œuvre dans le
processus technique et la rationalité pratique/éthique :
- Aucun technicien ne peut s’exempter d’une délibération sur les fins qui
sont les siennes en tant qu’homme.
- Pour celui qui raisonne de façon purement instrumentale, tous les
moyens sont bons mais c’est du même coup le signe d’une perte
d’humanité.
Conclusion : faut-il avoir peur de la technique ?
• l’attitude « technophobique » est dénuée de sens : on ne peut rejeter en bloc la technique :
- elle est une dimension essentielle de la vie humaine (notre moindre action suppose de
multiples techniques )
- La rationalité technique et ses réalisations ont été source de progrès dans nos conditions de
vie
• Mais inversement, on ne peut pas être simplement « technophile » :
-Les techniques modernes sont aussi sources de maux (naturels, sociaux, psycho.)
- elles menacent sérieusement les formes de vie que nous connaissons
-Ce n’est pas la technique qui résoudra les problèmes de la technique
mais l’action morale et politique :
… l’évaluation éthique et politique des biens que nous apportent réellement les techniques
modernes, et celles des maux qu’elles induisent
… la transformation de nos manières de consommer et de produire
Index :
- la culture
- le travail
- la société
- la morale
- la politique
- le devoir
- le bonheur
- l’art