F3LX - PPS de André

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Un jour, le prof de sciences nous parle en classe du sulfure de plomb (ou galène)
et propose d’en donner des échantillons à ceux d’entre nous
qui seraient intéressés par la construction d’un petit récepteur radio.
Nous sommes deux élèves à être preneurs
car nous avons lu récemment sur une revue
la façon de réaliser ce petit appareil mystérieux
ne nécessitant aucune source d’énergie.
Je construis mon premier poste à galène dans une boîte en bois
(celle contenant les bâtons de craie)
abandonnée sur la gouttière d’un tableau de classe.
Quelques jours plus tard, le temps de me procurer les pièces nécessaires
pour effectuer le montage en moins d’une heure,
j’entendais dans mes écouteurs Radio Andorre et la BBC !
Certes, il fallait prêter les oreilles, d’autant que les stations se chevauchaient,
mais parfois l’une prenait le dessus sur l’autre.
Mon copain, lui, n’avait pas eu de succès avec le sien,
son antenne devait être probablement défectueuse.
Je l’invitais à venir à la maison
pour vérifier mes affirmations.
Certains jours, j’entendais la station radio
de la caserne de gendarmerie toute proche.
« Allo tous, ici Faucon ».
Et lui répondaient les stations des villages environnants :
« Bergeronnette…, Engoulevent…, Macreuse…, Pie-grièche…»
et quelques autres.
Mon vocabulaire ornithologique s’enrichissait…
Et puis un soir, j’entends très fort : « ici FA8ZZ, Zélande, Zanzibar… »
Je consulte mon atlas. Non, ce n’est pas possible :
Zanzibar est une île dans l’océan Indien !
Ce doit être une émission codée et très proche.
Effectivement, j’appris par la suite que FA8ZZ
n’était autre que mon voisin M. Voituriez.
Comme j’étais l’ami de son fils, son père commença à me dévoiler
le monde des radio-amateurs.
Vint ensuite le moment de connaître Lucien Banton
qui s’intéressait lui aussi à la radio car il voulait entrer à l’ORTF
et avait déjà obtenu son indicatif FA3VU.
Grâce à ses conseils, je pus construire mon premier récepteur à lampes
avec son alimentation et écouter les radio-amateurs du monde entier.
Je commence à bûcher l’électronique, le morse
et fais ma demande d’indicatif.
Pour l’obtenir, une enquête de bonne moralité est faite par l’Administration
et il faut se soumettre à un examen de connaissances techniques.
Tout se passe normalement et l’on m’attribue l’indicatif FA3LX.
Avec l’aide de Lucien, j’entreprends alors la construction
de mon émetteur et de son antenne.
Quelle émotion à l’heure du premier contact : c’est un anglais !
Avec mes modestes connaissances de la langue apprise au lycée,
nous arrivons à nous comprendre.
Mais mon plus grand étonnement fut tôt le matin
où j’eus la chance de communiquer avec un australien.
Au moment de prendre congé, je lui dis que je partais au lycée
et lui me répondit qu’il allait dîner et voir ensuite un film au cinéma !
Décalage horaire !
Autres radio-amateurs à Sidi-Bel-Abbès, de 1951 à 1962 :
Charles Fernandez (FA9KJ) radio-électricien,
et André Méchaly (FA2VQ) pianiste de l’orchestre du Club des Loisirs.
Trois jeunes radio-amateurs à Sidi-Bel-Abbès
FA3VU
FA3LX
FA2VQ
Déroulement d’une liaison
Des bandes de fréquences en ondes courtes sont réservées aux radio-amateurs.
On communique en phonie ou en morse.
En principe, seuls les sujets techniques, géographiques, météo,
ou encore informatiques sont permis.
On lance un appel ou on répond à un appel.
Les indicatifs sont composés d’un préfixe permettant de reconnaître le pays
(F pour la France, G : Royaume-Uni, EA : Espagne, W : Etats-Unis,
ZL : Nouvelle-Zélande, VK : Australie etc.),
d’un chiffre et de lettres aléatoires.
Le préfixe FA correspondait à l’Algérie.
Voici la carte que j’adressais
à mes correspondants
pour confirmation
de notre liaison radio.
Arrivé en France en 1962,
l’Administration des Télécommunications
modifie mon indicatif FA3LX en F3LX
Mon épouse ayant subi avec succès l’examen de radio-amateur
devient second opérateur de la station
L’anglais est la langue internationale,
mais, grâce à un code, on peut se faire comprendre.
Exemple : QSO (liaison), QRM (brouillage), WX (météo), 73 (amitiés),
88 (bises), YL (épouse), QRPP (enfants) etc., etc.
Pour épeler les indicatifs, on emploie l’alphabet aéronautique
(Alpha, Bravo, Charlie, Delta, Echo, Fox, Golf, Hotel, India, Juliet, etc.).
Pour F3LX, par exemple, on dira Fox Three Lima Xray.
Les liaisons peuvent ensuite être confirmées
par l’échange de cartes (QSL)
acheminées par les associations de radio-amateurs.
Confirmations
de liaisons
lointaines :
Afrique du Sud
Australie
Canada
Chili
Autres confirmations
de liaisons lointaines :
Nouvelle Amsterdam
(zone Antarctique et
sud de l’océan Indien)
Nouvelle Calédonie
Performances
Depuis mon domicile en Algérie, à Sidi- Bel-Abbès,
j’ai contacté plus de 150 pays confirmés par des QSL.
En France, j’ai poursuivi mon activité
et j’ai eu la chance de contacter
le Roi d’Espagne et sa sœur, la princesse Margarita,
tous deux radio-amateurs.
Comme je parle espagnol,
Juan Carlos et Margarita ont été intéressés d’apprendre
mes origines hispaniques et oraniennes.
D’autres chefs d’Etat ont pratiqué ce hobby :
Hassan II (CN8MH) et Hussein de Jordanie (JY1).
Juan Carlos radio-amateur
QSL attestant des liaisons radio avec
Le Roi d'Espagne
et Margarita de Bourbon
F3LX en Corrèze, 1970…
…et aujourd’hui
En guise de conclusion
Jusqu’à l’avènement de l’ère informatique,
le radio-amateurisme était une sorte d’internet gratuit ou presque
(aujourd’hui, on paie une taxe annuelle de 46 €).
Mais on avait la fierté de construire soi-même
les appareils, les antennes et de contacter le monde entier
avec une puissance inférieure à 100 watts.
Aujourd’hui, la technique ayant tellement évolué,
on est amené généralement à acheter du matériel japonais.
Les appareils prennent moins de place.
La construction d’antennes filaires ou directives reste encore possible.
La pratique de ce loisir m’a permis de nouer des liens amicaux
et de pratiquer l’anglais, l’espagnol et l’italien.
J’ai également participé à faire envoyer d’urgence en Argentine
un médicament allemand suite à un message émanant de Buenos Aires.
Précisions : le radio-amateur n’est pas un Cibiste,
il est régulièrement autorisé par l’Administration à écouler son trafic
et les autorités peuvent faire appel à lui
en cas de catastrophe naturelle ou crash d’aéronef
lorsque les moyens habituels de communication se révèlent inopérants.
Musique : Cavatina
[email protected]