La sociologie de la traduction - The Graduate Institute, Geneva

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SOCIOLOGY of TRANSLATION
Some elements of a sociology of
translation: domestication of the scallops
and the fishermen of St Brieuc Bay
By Michel Callon
Introduction
Anthropologie du développement et sociologie de la
traduction:définition commune: le développement: un
environnement qui advient continuellement à l’existence grâce à
l’implication des acteurs qui y sont investis.
 Anthropologie du développement: la manière dont les acteurs
s’emparent des ressources du développement –une fois que
celui-ci a eu lieu- par (et pour) leurs stratégies propres –avec
assez peu d’intérêt pour les processus de feed back.
 Sociologie de la traduction: le développement en train de se
faire, les ingrédients nécessaires par lequel on doit passer pour
qu’un cours d’action particulier se réalise (B. Latour, 2006).
Introduction
Source d’inspiration de la sociologie de la traduction: le
pragmatisme de John Dewey (1915, 2005). Fabrique de
continuité, le monde est précaire et périlleux, l’unité est un
travail d’unification.
• Pour le pragmatiste le monde n’est pas donné, il est « en train
de se faire ». Les fins sont toujours être retravaillées en fonction
des moyens réellement existants qui permettent de les éprouver
(J. Zask, présentation de l’édition française au texte de Dewey,
2005: 25) .
• L’expérience c’est la liaison entre le subir et l’agir, entre
endurer l’impact du milieu et réorienter sa conduite en fonction
du trouble que fait naître cet impact.
Qu’est-ce que traduire ?
« Par traduction, on entend l’ensemble des négociations, des
intrigues, des actes de persuasion, des calculs, des violences
grâce à quoi un acteur ou une force se permet ou se fait
attribuer l’autorité de parler ou d’agir au nom d’un autre acteur
ou d’une autre force…Dès qu’un acteur dit « nous », voici qu’il
traduit d’autres acteurs en une seule volonté dont il devient
l’âme ou le porte parole.Il se met à agir pour plusieurs et non
pour un seul. Il gagne de la force. Il grandit… » (Callon et
Latour, 2006. 12-13)
 « faire d’un projet personnel un monde commun », « créer son
environnement », « réunir une communauté autour de soi ».
Callon, 1986
Problematization
Callon et
al,2001
Extraction of real world
objects
Mosse,
2005
Problematization,
interpretation
Interessement
Supporters
Enrollment
Translation into
concepts and theories
Maintain interpretive
relevance (interpretative
community)
Mobilization of allies
+ Dissent
Concepts and theories
back in the real world to
accomplish a social
career
Success or failure
depends on whether the
projetc manages to hold
up the former 3 items
Les 5 moments de la
traduction
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•
•
•
PROBLEMATISER
INTERESSER
ENRÔLER
MOBILISER
DURER
 “…moments which in reality can overlap. These moments
constitute the different phases of a general process called
translation, during which the identity of actors, the possibility of
interaction and the margins of the manoeuvre are negotiated
and delimited.” (203)
Les 5 moments de la
traduction
•
Problématiser les attentes des acteurs
La problématisation. La première étape de la traduction consiste à
formuler un problème.
La problématisation permet aux acteurs qui s’en emparent de délimiter les
questions et de se montrer indispensables à sa résolution.
lls deviennent alors des PPO : Points de Passage Obligés.
Dans le développement, la situation est plus complexe du fait du
« ventrliloquisme » (Easterly) auquel oblige la Déclaration de Paris: ce
ne sont plus les PPO (en apparence au moins) qui problématisent les
attentes des acteurs. Ce sont les bénéficiaires (les Etats) qui disent aux
PPO ce qu’ils veulent entendre.
On peut avoir une problématisation officielle et des problématisations
cachées. La problématisation peut être inscrite dans les scripts pour
l’action contenus dans un dispositif technique qui décrit à l’avance
l’environnement (l’univers socio-économico-physique) dans lequel il est
appelé à évoluer: ex: les PMH.
Les 5 moments de la
traduction
•
Intéresser les acteurs
L’intéressement. Le déploiement des discours, des objets et des
dispositifs destinés à séduire et attacher les différents acteurs au réseau.
Dans les dispositifs de développement, la participation et maintenant ce
qu’on appelle la démocratie participative jouent un rôle essentiel dans
ce processus.
Le rôle des objets (des actants non-humains) est indispensable à la
construction du réseau : les bureaux, les statuts, les contrats, l’argent,
les ressources matérielles (intrants, sacs de riz, races améliorées,
semences…), les réunions,les per diem, les rapports à rendre, les
dead lines, les échéanciers, les décaissements….
L’intéressement illustré
C
B
D
A
E
Problematisation & Intéressement
Illustrés
Les 5 moments de la
traduction
•
Enrôler les actants humains et non-humains
L’enrôlement est une opération de définition et de stabilisation des rôles
prescrits par la problématisation.
Il consiste à fixer aux différents acteurs du réseau ce qu’ils doivent faire
pour être en phase avec la traduction qui a été faite leurs intérêts.
L’enrôlement peut se faire par un travail de construction de la figure de
l’actant (le client, le bénéficiaire, le facilitateur, le partenaire, etc…) qui
a un rôle particulier à jouer au sein du réseau et auquel le PPO montre
qu’il détient des ressources pour répondre aux différents besoins
évoqués dans la problématisation.
Il ne s’agit pas forcèment de respecter l’identité propre de l’actant. « Le
pouvoir, dit Friedberg, c’est la capacité à imposer aux autres des
solutions médiocres et de qualité imparfaite sans se faire exclure du jeu
et des transactions » (1993)
Les 5 moments de la
traduction
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•
Mobiliser
Se rendre indispensable…
… à l’aide de dispositifs…
… qui stabilisent les rôles…
… des porte-paroles représentatifs
Identifier les porte-parole
Les porte-parole sont les représentants des différents groupes d’actants
en situation. Importance des « déplacements »: des papiers, des
calculs, des réunions, des compte-rendus qui représentent la réalité.
Les 5 moments de la
traduction
•
Mobiliser
Distinction ou confusion output/outcome:
Dans le développement, il s’agit de faire de l’intervention ellemême un porte-parole, un modèle de ce qui doit être fait et qui
devrait être répliqué ailleurs (projet pilote, « passage à l’échelle
supérieure », scaling up, « bonnes pratiques »).
. Les résultats d’un programme ce sont très souvent les indicateurs
d’une « greffe » réussie, c’est-à-dire d’un enrôlement et d’une
mobilisation autour de l’intervention: nombre d’ateliers organisés
et de personnes touchées – par âge et par sexe –, création de
site internet, intérêt d’autres institutions, d’autres organismes de
coopération de la sous-région,de l’Etat …
Les 5 moments de la
traduction
•
Compter sur ses alliés mais aussi pouvoir les compter.
Supporters. Notion de communauté interprétative (D. Mosse,
2005, 2006).
• Les experts du projet construisent une interprétation du projet
qui doit être soutenue par des alliés.
Les 5 moments de la
traduction
•
Durer ou pas
• Mais Traduttore, traditore
Les traductions peuvent se révéler être des trahisons. Dans la plupart des
cas, ce sont les controverses qui les révèlent. Elle manifestent la
dissidence de certains actants et la remise en cause de la
représentativité de leurs porte-parole.
Dans le domaine du développement, le plus souvent l’échec est décrété à
la suite d’une évaluation externe (pas de controverse dans le sens de
« forum hybride ») basé sur une comparaison entre les objectifs et les
résultats (séparés des indicateurs d’une greffe réussie). Débat
confisqué et réservé aux « experts » (consultants, responsables…).
Abandon de la part de la communauté interprétative:
»Projects do not failed; they are failed by wider networks of support and
validation » (D. Mosse, 2005: 18) .
Les 5 moments de la
traduction
•
Durer ou pas
 changements de mode en matière de théorie (production
collective). Gamme très étendue de critères au nom desquels
une intervention peut être jugée
« Un auto-développement participatif à la base, équitable,
assurant la démocratie et privilégiant les groupes les plus
vulnérables et notamment les femmes dans le respect des
valeurs communautaires et de l’environnement » (P. Lavigne
Delville, 2000). Le configuration du développement est une
configuration « finie ».
B. Latour: « évaluer en gros cela signifie établir s’il y a ou non un
rapport entre les critères d’évaluation avec lesquels on avait
commencé et ceux avec lesquels on a fini » (1995: 92)
Conclusion: est-ce que le développement
réusssit à produire de l’intéressement?
• Décontextualiser
• Qu’est-ce qui se passe
quand il existe de multiples
A?
C
B
D
A
E
vs.
C
B
B
D
A
E
Conclusion
• Sociologie de la traduction: propose une analyse rétrospective
• Tout projet est-il bon à partir du moment où la traduction a été
bien faite? Est-ce qu’il existe des traductions bien faites?
Bibliographie
Akrich, M., M. Callon, B. Latour, 2006, Sociologie de la traduction.
Textes fondateurs, Paris, Les Presses des Mines
Callon, M. 1986, Éléments pour une sociologie de la traduction: La
domestication des Coquilles Saint-Jacques et des marinspêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc, L’Année Sociologique
36 : 175-208
Callon M., P. Lascoumes, Y. Barthe, 2001, Agir dans un monde
incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Le Seuil
Dewey, John (1915), 2010, Le public et ses problèmes, Paris,
Gallimard
Easterly, William, 2006, The White Man’s Burden, New York, The
Penguin Books
Friedberg, Ehrard, 1993, Le pouvoir et la règle. Dynamiques de
l’action organisée, Paris, Le Seuil
Bibliographie
Latour, B. 1995, Le métier de chercheur. Regard d’un
anthropologue, Paris, Inra.
Latour, B. 2006, Changer de société. Refaire de la sociologie,
Paris. La Découverte
Latour,B., 2012, Enquête sur les modes d’existence. Une
anthropologie des modernes, Paris, La Découverte
Lavigne Delville, P. 2000, Impasses cognitives et expertise en
sciences sociales, in JP Jacob (ed), Sciences sociales et
coopération en Afrique: les rendez-vous manqués, Nouveaux
Cahiers de l’IUED, n° 10: 69-100
Mosse. David, 2005, Cultivating Development. An Ethnography of
Aid Policy and Practice, London, Pluto Press
Mosse, David, 2006, Anti-social anthropology? Journal of the Royal
Anthropological Institute (N.S.) 12, 935-956