Exposé18 Présentation Hengue _Migrations problèmes fonciers

Download Report

Transcript Exposé18 Présentation Hengue _Migrations problèmes fonciers

Thème:
MIGRATIONS DES POPULATIONS ET PROBLEMATIQUE
D’ACCES A LA TERRE AU CAMEROUN
Par:
Paul HENGUE
Socio-Economiste
BP 4408 Yaoundé
Tél: 77 47 36 64 / 94 46 80 80
E-Mail: [email protected]
13/04/2015
1
PLAN DE PRÉSENTATION
INTRODUCTION: CONTEXTE, OBJECTIF ET PROBLÉMATIQUE
I. ANCIENNETE DES PHENOMENES MIGRATOIRES.



Période précoloniale.
Période coloniale.
Période postcoloniale.
II. MOUVEMENTS MIGRATOIRES ET PROBLEMATIQUE D’ACCES A LA TERRE




Migrations permanentes
Migrations spontanées
Migrations organisées ou dirigées
Opérations de recasement.
III. MOUVEMENTS MIGRATOIRES ET LEÇONS DE L’EXPERIENCE
CONCLUSION
13/04/2015
2
INTRODUCTION:
CONTEXTE, OBJECTIF ET PROBLÉMATIQUE
Contexte: Contribution déjà publiée il ya 20 ans dans une revue de la FAO
Titre et références: HENGUE, P. 1992: «Migrations rurales, co-développement et
intégration sociale en Afrique Noire ; les expériences camerounaises ». In Food and
Agriculture in Africa, UNECA/FAO, staff papers, n° 2; Addis-Abeba, 1992; PP. 15-29.
 Objectif théorique: Poser à travers l’histoire du continent noir les bases
d’une typologie des migrations
 Problématique générale: Les mouvements migratoires sont-ils des
phénomènes négatifs ou bien, savamment exploités, peuvent-ils contribuer
positivement à l’unité et à l’intégration des peuples dans un pays ou à l’échelle
du continent ?
 Problématique Spécifique: L'accès à la terre et de la sécurité foncière, qui
constitue le thème du jour, est indissociable des situations de transfert
volontaire ou forcé des personnes d’un espace à l’autre à l’intérieur d’un même
pays ou entre des pays
3
13/04/2015
I. ANCIENNETE DES PHENOMENES MIGRATOIRES
Période précoloniale.
Période marquée par la mise en place de différentes formes
de peuplements :
(i)



conquêtes et guerres intertribales ;
constitution des chefferies et des royaumes souvent antagonistes;
éruption des cycles d’épidémies, de sécheresse et de famine,
Conséquences:
(ii)



Bouleversements sociaux et démographiques
Mouvements et brassages continus de populations
émergence des poches de surpeuplement par endroits, vides
d’occupation par ailleurs
(iii) 19è siècle Fin du processus :

13/04/2015
la colonisation européenne qui stabilise les populations à
l’intérieure des limites artificielles
4
I. ANCIENNETE DES PHENOMENES MIGRATOIRES (2)
Période coloniale (Suite).
Colonisation allemande (1884-1916):
(i)





Colonisation français et anglaise(1916-1958): autres innovations :
(ii)




13/04/2015
définition des limites d’un Etat au sens moderne
création des premières circonscriptions administratives,
introduction de cultures nouvelles, monnaie,
création des 1ères compagnies commerciales
Lancement de grands chantiers (chemin de fer)…
Développement de cultures de rente (caco, café, coton,) d’où appel
accru de transferts main-d'œuvre
Mise en place des écoles, centres de santé et d’un réseau appréciable de
voies de communication à travers tout le territoire.
Développement de plusieurs noyaux urbains et regroupement des
villages le long des routes (zone forestière)
Création des premiers colonats agricoles au nord
5
I. ANCIENNETE DES PHENOMENES MIGRATOIRES (3)
Période postcoloniale.

Depuis l’indépendance (1960…):




13/04/2015
Maintien voire consolidation de tous les systèmes administratifs,
éducatifs, sociaux ainsi que les modes d’exploitation mis en place
par les puissances coloniales;
Attrait de main d’œuvre par les plantations industrielles (création
d’un salariat agricole axé autour des cultures de rente);
Conception et mise en place de projets de développement rural
intégré avec un partenariat technique et financier des conseillers
issus de la métropole
Troubles politiques de 1958 à 1962 qui secouèrent l’Ouest et le
Littoral en provoquant un afflux massif des populations des hautes
terres de l’Ouest dans les régions du Mungo, du Mbam et vers les
principaux centres urbains du pays
6
II. MOUVEMENTS MIGRATOIRES ET
PROBLEMATIQUE D’ACCES A LA TERRE
 Tous les mouvements migratoires , quelles que
soient leurs motivations, participent de la
problématique fondamentale : la question foncière
ou la problématique d’accès à la terre.
Plusieurs types:
 Migrations permanentes
 Migrations spontanées
 Migrations organisées ou dirigées
 Opérations de recasement.
13/04/2015
7
MIGRATIONS PERMANENTES (1)
 Manifestations:
 Mouvements naturels et continus dans l’espace et dans le temps
 Absence à la base d’une volonté politique d’orientation des courants migratoires
vers des objectifs définis à l’avance
 Problème d’accès au ressources naturelles (terre et autres)
 Presque toujours sous tendu par la compétition progressive dans l’exploitation des
ressources naturelles (forêts, mines, aires protégées, agro-business, réseaux
urbains , voies de communication, etc.)
13/04/2015
8
MIGRATIONS PERMANENTES (2)
 Nomadisme :
 Mobilité naturelle des populations ayant un certain mode de vie et
pratiquant certaines activités
 transhumance des éleveurs (bororo) en région de savane et du sahel
 l’errance traditionnelle des communautés pygmées (Baka, Bakola) qui, en
régions forestières
 Exode rural :
 Mouvements des populations des campagnes vers les villes
 Aussi anciens que la constitution des premiers noyaux urbains
 Causes économiques, sociales, culturelles, éducationnelles, politiques, …
 Problématique de l’accès aux espaces pour les logements, les équipements
et les infrastructures
13/04/2015
9
MIGRATIONS SPONTANÉES (1)
 Manifestations:
 Mouvements naturels , ponctuels, imprévisibles
 Absence à la base d’une volonté politique de les diriger ou de les
canaliser;
 Provoquent généralement l’exode des réfugiés;
 Ces mouvements peuvent disparaître ou de changer de nature selon
leurs causes, mettant ainsi fin au processus migratoire.
 Plusieurs causes:
 Conflits armés,
 Sécheresses,
 Famines , épidémies, inondations…
13/04/2015
10
MIGRATIONS SPONTANÉES (2)
 Au Cameroun, les migrations spontanées sont très anciennes et
nombreuses à travers l’espace et le temps:




13/04/2015
Déplacements des populations originaires de l’Ouest vers les régions du Mungo, du
Mbam et les zones côtières depuis l’époque coloniale. (surpeuplement des hauts
plateaux, pénurie évidente des terres cultivables, attrait des riches terres volcaniques des
espaces forestiers sous-peuplés des zones d’accueil)
Descentes des montagnards du Nord-Cameroun (Monts Mandara) dans les plaines
périphériques (Koza, Mora, Méri, Mofou vers les piémonts de Tinguelin, Kangou et PeskéBori)
Migrations des populations de la Lékié vers le Mbam. commencent bien avant
l’indépendance et s’intensifient au cours des années 70; (crise de l’espace et problématique
de mise en valeur)
Migrations transfrontalières ou internationales. Spectaculaires, concernent échanges
humains à travers les frontières héritées de la colonisation (conflits politiques et accueil des
réfugiés du Biafra au Nigeria entre 1967-71, du Tchad lors de longues guerres civiles entre les
années 70 et 80.)
11
MIGRATIONS ORGANISÉES OU DIRIGÉES (1)
 Manifestations:
 Opérations volontaristes menées par les pouvoirs publics pour résoudre un
problème démographique, économique ou politique
 Principales illustrations:
 L’opération Rive Gauche du Noun (1930). La plus ancienne opération de ce genre au
Cameroun avec l’Administration de la France d’Outre-Mer (FOM): Décongestionner les chefferies
surpeuplées, réduire la pression foncière et les guerres intertribales…)
 L’Opération Yabassi-Bafang (1966). contribuer à résoudre un problème de pacification après
les troubles politiques de l’indépendance
 Les Casiers de Colonisation du Nord-Cameroun (1950). but: encadrer les mouvements
migratoires spontanés qui se déroulaient depuis des décennies entre les Monts Mandara et les
plaines périphériques (vallées du Logone, du Diamaré et du Mayo Kébi).
 Le Projet Nord-Est-Bénoué (1974). Opération migratoire d’une ampleur sans précédent dans la
sous-région d’Afrique centrale. objectif : ouverture, aménagement et mise à la disposition des
familles originaires de l’Extrême-Nord des terres inoccupées du bassin de la Bénoué.
13/04/2015
12
MIGRATIONS ORGANISÉES OU DIRIGÉES (2)
 Buts de ces opérations:
 Décongestionner les zones surpeuplées du départ et mettre un terme aux querelles
intertribales nées de la pression foncière en mettant à la disposition des migrants des
terres plus riches et relativement inoccupées dans les différentes zones d’accueil.
 Résultats de toutes ces expériences : échecs ou bilans mitigés :
 Désertion de la zone d’installation par beaucoup de colons au profit du salariat agricole
dans les plantations européennes de Foumbot où des emplois plus rémunérateurs étaient
disponibles (Rive Gauche du Noun)
 Difficultés foncières (non-encadrement des villages autochtones voisins des villages
pionniers) couplées à la mauvaise gestion de l’institution de mise en œuvre (ONPD, cas de
Lékié-Mbam).
 Toutes ces expériences qui ne correspondaient pas à la diversité des conditions locales et
aux habitudes agricoles des paysans furent abandonnées entre 1963-67 (Casiers de
colonisation du Nord-Cameroun)
 Tensions éleveurs/ agriculteurs et compétitions féroces pour les terres (élevage extensif
des populations autochtones contre pratiques agricoles extensives des migrants - Projet
NEB).
13/04/2015
13
OPÉRATIONS DE RECASEMENT (1)
 A la fois spontanées, ponctuelles, parfois massives et orientées sous la
pression d’une contrainte extérieure (construction de barrages, catastrophes
naturels (sécheresse, tremblements de terres ou inondations).
 En matière de construction de barrage, opérations de déguerpissement-recasement liés
à l’édification des grands ouvrages :






La digue de Maga au Nord (1954-1971) pour la riziculture dans les périmètres affectés à la Société
d’Expérimentation et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua (SEMRY) ;
La retenue de Mbakaou dans l’Adamaoua (1970-72) ;
La retenue de Bamendjin dans l’Ouest (1974-75)
La retenue de la Mapé entre l'Ouest, le Nord-ouest et l’Adamaoua (1985-86) ;
Le barrage hydro-électrique de Lagdo dans le Nord (1978-79) ;
Les barrages hydro-électriques de Lom-Pangar et de Memve-élé (plus récents, en cours de
construction)
 En matière de catastrophes naturelles, opérations de déguerpissement-recasement des
populations:
L’éruption de gaz naturels à Nyos le 21 août 1986 qui provoqua la mort de 1746 personnes, après
celle de Njindoum en 1984 qui avait fait 47 morts.
 Inondations répétées dans le Logone-et-Chari (ville Koussseri et aux abords de la digue de Maga)

13/04/2015
14
OPÉRATIONS DE RECASEMENT (2)
 Résultats:
 En matière de construction de barrage,
Tirant parti des expériences antérieures, les plus récentes ont accumulé plus de facteur de réussite et
de durabilité : (i) Plus de moyens humains et matériels déployés pour les études préalables, (ii)
aménagement et équipement tant des sites de départ que d’accueil, (ii) suivi rapproché des migrants
pendant de nombreuses années suivant leur installation, (iv) sensibilisation et tolérance mutuelle des
arrivants et des autochtones dans le nouvel environnement.
 Les projets Nord-Est-Bénoué, Mapé dans la plaine Tikar, et dans une moindre mesure, certains petits
colonats ruraux des années 70 en sont des illustrations.

 En matière de catastrophes naturelles,
Le caractère spontané et urgent des opérations ne laisse point le temps aux autorités de peaufiner des
études préalables (foncières, cadastrales ou même socio-économiques) pour évaluer les problèmes
fonciers ainsi que les affinités culturelles et historiques entre communautés avant la réinstallation des
arrivants sur de nouveaux terroirs.
 D’où parfois le refus de certains groupes de rejoindre les sites choisis pour eux et préférence pour
d’autres endroits , notamment les ville quitte à se priver d’assistance

13/04/2015
15
III. MOUVEMENTS MIGRATOIRES ET LEÇONS DE
L’EXPERIENCE (1)
L’analyse de diverses expériences migratoires enregistrées au Cameroun
pose manifestement le problème de maîtrise foncière à l’échelon local, mais
aussi de co-développement à l’échelle nationale:
 Principales leçons à retenir :
 Au niveau des causes des migrations : saturation démographique de certaines régions
du pays au détriment d’autres peu ou pas peuplées, exode rural due à l’attraction des
centres urbains, calamités naturelles, recherche de nouvelles ressources, réalisation
d’ouvrages économiques ou stratégiques, conflits politiques nationaux ou régionaux, etc.
 Au niveau des mécanismes et des effets, la proximité géographique entre les zones de
départ et d’accueil qui, dans la plupart de situations migratoires est facteur de réussite et
d’intégration apparente, du moins de durabilité.
13/04/2015
16
III. MOUVEMENTS MIGRATOIRES ET LEÇONS DE
L’EXPERIENCE (2)
 Principales leçons à retenir (Suite):
 Dans l’ensemble, il ressort des analyses que les problèmes découlant de toutes les
opérations de colonisation agricole ou de recasement, forcées ou non, sont presque toujours
des problèmes fonciers.
 Un fait social : Même s’il est générateur de bouleversements parfois importants, la
migration est avant tout un fait social, c’est-à-dire inscrit dans la nature des êtres humains
vivant en société et entretenant des rapports contrastés avec l’espace.
 Un fait bénéfique: Les mouvements migratoires peuvent avoir des effets mutuellement
bénéfiques tant sur les zones de départ que sur les zones d’accueil, malgré les différences
socioculturelles, si elles sont soigneusement encadrées.
13/04/2015
17
CONCLUSION (1)
 Plusieurs principes et valeurs devraient guider désormais les
politiques sur le plan de la réforme foncière :
 La reconnaissance que historiquement, tous les peuples ou groupes humains ont migré à
un moment donné ou à un autre de leur histoire, et que tout le monde peut être assujetti
au processus à la lumière des événements parfois imprévisibles (conflits politiques et
catastrophes naturelles);
 La reconnaissance que les migrations ne constituent pas seulement un lieu
d’appauvrissement pour les zones de départ ni de difficultés supplémentaires pour les
zones d’accueil. Elles peuvent devenir des facteurs d’enrichissement culturel et
économique;
 La reconnaissance que les mouvements migratoires sont avant tout un facteur de
rééquilibrage démographique entre les régions, du point de vue de l’aménagement du
territoire;
 Mais il reste qu’ils doivent, si possible, être canalisés et suffisamment encadrés afin
d’éviter les risques de nouveaux déséquilibres.
13/04/2015
18
CONCLUSION (2)
 Recommandations de mesures:
 Malgré la problématique foncière sous-jacente, les mouvements
migratoires peuvent être encouragés, voire recherchés, par les
pouvoirs publics.
A cet effet, il conviendrait de veiller à:
 Mener des études préalables du milieu, la sensibilisation et l’organisation des
concertations tant en zone de départ que dans les milieux d’accueil;
 La ventilation indiscriminée des infrastructures et équipements sociaux à la fois
dans les espaces occupés par les migrants et dans ceux où vivent les
autochtones;
 L’aménagement du cadre foncier afin de favoriser l’insertion des migrants dans le
tissu économique et social local;
 L’aménagement du cadre institutionnel et politique afin de limiter au maximum le
cloisonnement entre les groupes et permettre à toutes les communautés, quelle
que soient leurs origines de participer activement aux affaires locales (élections,
associations communes, coopératives, syndicats…)
13/04/2015
19
MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE
BIENVEILLANTE ATTENTION !
Discussions
13/04/2015
20