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La politique budgétaire
en zone euro
Coordination et stabilisation
Claudia Hulbert, Rayann Koudaih et Mathilde Pak
22 février 2012
1
La zone euro c’est :
• Plusieurs États membres  plusieurs politiques
budgétaires
• Une Banque centrale  une politique monétaire
• Plusieurs instruments de politique budgétaire possibles
pour stabiliser l’activité  des arbitrages à faire entre ces
instruments
2
Questions
• La coordination des politiques budgétaires en zone euro estelle désirable ?
Rayann Koudaih
• La coordination entre politique budgétaire et politiques
budgétaires en zone euro est-elle désirable ?
Claudia Hulbert
• Les règles, les stabilisateurs et les politiques discrétionnaires
sont-ils favorables à la stabilisation en zone euro ?
Mathilde Pak
3
A quoi sert la coordination budgétaire?
1. Biens publics: favoriser et organiser la production des biens
publics européens dans le but de préserver le marché unique
(climat mondial, stabilité financière…)
2. Externalités : une politique budgétaire expansionniste
affecte le pays voisin par 3 canaux:
•
Echanges commerciaux
•
Taux d’intérêt
•
Taux de change
•
•
•
Effet positif: effet revenu et importation passe par le marché
des biens
Effet négatif passe par le marché des capitaux :
augmentation du taux d’intérêt de la zone euro
L’effet net des spillovers est ambigu ce qui pourrait conduire
à dire que les effets sont négligeables
•
Partage de variables imposé par l’union monétaire:
(inflation, BOP, taux de change) dont les canaux de
transmission sont différents selon les pays
 Nécessité de coordination car ces variables affectent
les investisseurs et la crédibilité de la zone
• Ex: Inflation de la zone euro affectée par les
politiques budgétaires
•
La coordination budgétaire confère une
responsabilité collective aux gouvernements et
décharge la BCE d’un risque de politique économique
Etat de la coordination en Europe
• Coordination budgétaire superficielle: échanges et accords
informels
• Traité de Maastricht et PCS  fondements légaux pour une
coordination budgétaire et renforcent la coordination
budgétaire-monétaire
• Mais pas de mécanismes institutionnels pour une
coordination formelle
• Eurogroup: forum informel
Modèle de coordination et
spillovers budgétaires
• Deux pays, deux biens
• Stabilisation monétaire et budgétaire de CT à travers la
demande agrégée
•
-
3 effets externes de politique budgétaires:
Effet direct de demande agrégée
Effet indirect de taux d’intérêt
Effet de taux de change réel
Fonctions de perte des agents représentatifs
• Dans chaque pays, l’agent représentatif consomme:
- Des biens domestiques avec une part de revenu
- Des biens étrangers avec une part de revenu
•
-
3 joueurs:
Gouvernement domestique
Gouvernement étranger
BCE
• Traité:
- BCE stabilise les prix PUIS les gouvernements stabilisent au
niveau national avec leur politique budgétaire
- BCE: pas d’arbitrage entre production et inflation en cas de
choc d’offre ni entre inflation et déficits nationaux
- BCE seule stabilise l’inflation
Fonctions de perte des gouvernements
Fonction de perte de la BCE
3 régimes
• Régime 1: pas d’intéraction: chaque joueur mène sa
politique optimale en prenant la politique de l’autre comme
donnée
• Régime 2 et 3: Politiques nationales centralisées:
minimisation de la somme des fonctions de perte des deux
gouvernements
• Régime 2: Institution centralisée et BCE prennent leurs
décisions simultanément : équilibre de Nash  décision
budgétaire commune prise après le choc
• Régime 3: Institution centralisée joue en premier:
équilibre de Stackelberg  décision budgétaire
commune définie en amont
Réponses optimales
•Non-coordination: r=N
•Coordination Nash: r=C
•Coordination Stackelberg: r=S
•Non coordination: une politique budgétaire autonome  hausse de
la demande  hausse des prix  réaction de la BCE  hausse de i
•Coordination  free-riding budgétaire-monétaire
Analyse du modèle
1er cas: Réponse optimale de la BCE est passive (i=0)


Pas d’effet sur l’inflation
La stabilisation devient la responsabilité des
gouvernements
Les politiques budgétaires sont substituables mais freeriding
2ème cas: La BCE réagit avec un β élevé (réaction
faible)
3ème cas: La BCE réagit avec un β faible (réaction
forte)
Les politiques budgétaires deviennent
complémentaires
4ème cas: La BCE réagit avec un β entre-deux
Les externalités sont neutralisées
Etude des réactions face aux chocs
• Chocs d’offre et de demande symétriques
• Chocs d’offre et de demande asymétriques
• Pas de corrélation entre chocs d’offre et de
demande
Choc négatif symétrique de demande
• Choc négatif de demande: baisse de la P° et des prix (sans
arbitrage)
 Politiques budgétaire et monétaire expansionnistes
 Problème de responsabilité de stabilisation à partager: freeriding
 En général, la coordination vise à supporter la charge de
stabilisation par les gouvernements par rapport à une noncoordination
 La coordination peut être contre-productive (dépend du
type de gouvernement)
• Gouvernement représentatif
 Stackelberg meilleur régime
 Politiques budgétaires moins expansionnistes que sous
Nash
 Importance des engagements ex-ante  pertes sociales
moindres
• Gouvernement libéral: moins d’attention accordée à
l’inflation mais plus au déficit structurel
 Nash meilleur régime en termes de perte sociale
 Inflation est pas un objectif des gouvernements donc BCE
plus active à ce niveau là
 La BCE ne compense pas complètement les effets des
politiques budgétaires sous-optimales
Choc négatif symétrique d’offre
• Choc d’offre  baisse de la P° et hausse des prix
• Conflit entre politiques budgétaires et politique monétaire
 BCE contraction monétaire
 Gouvernements: arbitrage
• Même problème de free-riding
• Gouvernement représentatif
 Politique monétaires et budgétaires sont restrictives car les
gouvernements s’intéresse cette fois-ci à l’inflation
 BCE : free-riding
 Stackelberg est productif car: anticipation de la réaction de
la BCE  moins d’expansionnisme avec une perte sociale
moindre
• Gouvernement libéral
 Politique expansionniste pour relancer la production
 Nash est contre-productif car: coordination budgétaire est
plus prononcée (pas de free-riding entre les
gouvernements) mais la réaction de la BCE est plus
prononcée aussi
 Stackelberg est productif car: anticipation de la réaction de
la BCE  moins d’expansionnisme avec une perte sociale
moindre
Chocs asymétriques d’offre et de
demande
• Résultats sont opposés pour les deux pays
• Inflation moyenne non affectée d’où BCE passive
• BCE passive  Nash et Stackelberg sont les mêmes
• Non-coordination  politique budgétaire
expansionniste/restrictive excessive pour compenser
l’externalité de la politique (inverse) de l’autre pays
• Coordination  politique budgétaire modérée et donc un
déficit budgétaire proche de la cible
La coordination des politiques budgétaires
est-elle désirable en union monétaire?
• Coordination plus efficace sous le régime de Stackelberg
(anticipation de la réaction de la BCE)  il faut une
information parfaite
• Coordination est plus efficace en cas de chocs asymétriques
• Mais nécessité de coordination institutionnelle 
engagements plus crédibles
La coordination entre politique
budgétaire et politiques budgétaires
en zone Euro est-elle désirable?
La coordination du policy mix en zone
euro : ancienne littérature
Le problème de l’indépendance de la
Banque Centrale
• Premier argument en défaveur de la coordination :
mise en péril de l’indépendance de la Banque Centrale
• Or cette indépendance permet de lutter contre le biais
inflationniste (Barro et Gordon, 83, Rogoff, 85)
• La BCE est très réticente à toute forme de coopération
avec les gouvernements nationaux du fait de cet
argument
L’impact du policy mix sur la demande
agrégée en union monétaire
Von Hagel et Mundschenk (2002)
• A long terme, la courbe OG est verticale ; la Banque
Centrale peut donc choisir librement le taux d’inflation
dans l’union monétaire sans influer sur le niveau
d’output (que ce soit dans les différents pays ou au
niveau agrégé).
• A court terme cependant, un pays peut être tenté de
réaliser une politique budgétaire expansionniste pour
influer positivement sur son niveau d’output : la courbe
DG du pays se déplace vers la droite.
L’impact du policy mix sur la demande
agrégée en union monétaire
• La Banque Centrale augmente alors le taux
d’intérêt, déplaçant la courbe DG de l’union
ainsi que les courbes nationales vers la
gauche. On revient au niveau agrégé initial,
mais la répartition de l’output entre pays est
différente.
L’équilibre non coopératif
• A court terme, la politique monétaire comme
la politique budgétaire affectent donc la
demande agrégée. De façon anticipée et en
l’absence de coordination, on peut assister à
un équilibre non coopératif qui peut être
sous-optimal.
• Nous allons présenter un modèle qui expose
cette problématique.
Monetary-fiscal policy interactions and commitment
versus discretion in a monetary union, Dixit and
Lambertini, European Economic Review , 2001
•
•
•
•
Modèle de type Barro-Gordon (83)
Union monétaire de n pays
n autorités fiscales distinctes
Une unique autorité monétaire (banque
centrale commune)
Les hypothèses du modèle
• Output :
• Niveau commun d’inflation :
• Fonction de perte des autorités fiscales :
Les hypothèses du modèle
• Fonction de perte de la Banque Centrale :
• Anticipations du secteur privé :
• Timing du modèle
• On considère que la Banque Centrale est plus
conservatrice que les autorités fiscales :
Politiques discrétionnaires et équilibre
de Nash non coopératif
• Chaque autorité minimise sa fonction de perte en prenant la stratégie de
l’autre comme donnée.
• Les caractéristiques de cet équilibre sont les suivantes :
• L’output est supérieur, et les prix inférieurs, aux valeurs idéales de chaque
autorité. Cette situation est indésirable notamment du fait d’une
augmentation de la dette future et des taux d’intérêt.
• Il y a une course non-coopérative entre autorités monétaire et budgétaires
: ces dernières tentent d’atteindre un niveau d’output supérieur à la valeur
idéale de la Banque Centrale ; en parallèle, la BC tente d’obtenir un niveau
d’inflation inférieur à celui souhaité par les autorités budgétaires.
Politiques discrétionnaires et équilibre
avec leadership
• Les politiques restent discrétionnaires, mais l’une
est annoncée avant l’autre
• Dans le cas du leadership de la Banque Centrale :
les auteurs montrent que l’inflation atteinte est
supérieure à la moyenne des valeurs idéales des
autorités dans l’Union.
• Il en va de même dans le cas du leadership des
autorités fiscales.
Cas du Commitment de la Banque
Centrale
• La Banque Centrale annonce sa cible en début de jeu et s’y
tient. Les anticipations du secteur privé sont donc égales à
cette cible.
• Les auteurs montrent que l’on retrouve exactement la
même situation que dans le cas du leadership des autorités
monétaires.
• La présence de discrétion dans les politiques budgétaires
annule totalement les bénéfices de l’engagement de la
Banque Centrale.
• Ceci peut expliquer l’intérêt de la mise en œuvre de
mesures institutionnelles comme le Pacte de Stabilité et de
Croissance.
Objectifs communs
• Si les autorités fiscales et budgétaires ont les mêmes
objectifs, c’est-à-dire si
alors on obtient :
• L’output et l’inflation idéaux sont atteints quelque soient
les poids accordés à ces objectifs par les différentes
autorités, quelque soit l’ordre du jeu, et pour des politiques
discrétionnaires ou pas.
• Conclusion des auteurs : dans le cas de l’EMU, il est plus
important d’atteindre une convergence sur les objectifs que
de mettre en œuvre une politique conservatrice de la BCE
(en terme de poids associé à l’inflation ou d’engagement).
La coordination du policy mix est-elle
désirable?
• Dixit et Lambertini (2003b) : la coordination du policy mix permet
d’atteindre l’optimum social.
• Mais dans leurs articles de 2001 et 2003a, ils montrent que l’on peut
atteindre cet optimum sans coordination, par le biais d’une convergence
sur les objectifs.
• Si ni la coordination, ni la convergence des objectifs ne sont possibles,
alors on peut se placer dans un équilibre de Stakelberg donnant le
leadership aux autorités fiscales (Dixit et Lambertini, 2003b).
• Van Aarle, Engwerda et Plasmas (2001) montrent que la BC a intérêt à ne
pas mettre en œuvre de coopération (que ce soit entre autorités fiscales,
ou entre celles-ci et la BC). Il vaut mieux laisser à la Banque Centrale un
fort degré d’indépendance.
La coordination du policy mix est-elle
désirable?
• Lambertini et Rovelli (2001) montrent qu’une telle
coopération, bien que souhaitable, n’est pas possible dans
le cadre de l’EMU et impliquerait des changements
institutionnels.
• Toutes ces considérations, associées à celle de
l’indépendance de la Banque Centrale, nous amènent à
conclure que la littérature « ancienne » semble en majorité
ne pas aller dans le sens d’une coordination du policy-mix
en union monétaire, mais plutôt dans celui de propositions
institutionnelles.
La coordination du policy mix en zone
euro : nouvelle littérature
• La littérature plus récente sur le policy mix
s’est surtout concentrée sur le cas d’un pays,
mais tire parfois des conclusions pour l’EMU.
• Elle reprend les grandes lignes des équilibres
de Nash non coopératifs et équilibres de
Stakelberg vus ci-dessus, souvent dans le
cadre de modèles micro-fondés.
Kirsanova et Stein (2005), The Interactions
Between Fiscal Policy and Monetary Policy
•
Intègrent la question de l’évolution de la dette correspondant aux différents
équilibres (coopératif, Nash, Stakelberg).
•
Si la BC et l’autorité monétaire agissent de façon coordonnée, alors la situation est
optimale en termes d’output et d’inflation. L’accumulation de dette est une
marche au hasard.
•
Dans le cas d’un équilibre de Nash non coopératif : situation sous-optimale, la
dette devient trop importante.
•
Cas où l’autorité fiscale est un leader au sens de Stakelberg : en anticipant les
actions de la BC, elle ne cherche pas à atteindre un output élevé. On parvient alors
à une situation très proche de celle de la coordination.
Les préférences des autorités fiscales n’importent pas.
•
Implications pour le RU et pour l’Europe
• Stehn et Vines (2008) montrent dans un modèle Néo Keynésien que
le leadership des autorités fiscales permet d’éviter l’équilibre de
Nash non coopératif, sous-optimal, uniquement en présence d’une
taxation forfaitaire.
• Lambertini (2006) montre que le 2nd best peut être atteint si les
autorités monétaires comme budgétaires s’engagent. Le leadership
budgétaire fait mieux que l’équilibre de Nash mais est sous-optimal.
• Blake et Kirsanova (2010) montrent, dans un modèle dynamique à
horizon infini, que l’équilibre de Nash non coopératif est associé à la
plus forte variance de l’inflation et de l’output.
Conclusion
• Malgré les interactions entre politiques budgétaire et monétaire, le
principe d’indépendance de la banque centrale dans l’EMU et le
désir de la BCE de conserver cette indépendance rendent la
coopération impossible.
• Nous avons cependant montré qu’en l’absence de coordination, le
risque de parvenir à un équilibre de Nash sous-optimal était fort.
De plus une politique budgétaire discrétionnaire peut anéantir les
bienfaits du commitment monétaire.
• Deux solutions ont été proposées par la littérature pour pallier à ces
problèmes :
– La convergence des objectifs entre autorités monétaire et budgétaires
– Une position de leadership pour les autorités budgétaires.
Conclusion
• En zone Euro cependant on peut douter que ces
solutions soient efficaces :
– la convergence d’objectifs entre un grand nombre de
participants paraît très improbable
– Des autorités budgétaires non coordonnées entre
elles ne peuvent pas vraisemblablement jouer le rôle
de leader.
• C’est pourquoi la résolution du problème des interactions
entre politiques monétaire et budgétaire en zone euro
semble devoir passer par une voie institutionnelle.
Bibliographie
Adam, K., and Billi, R. (2005), ‘Monetary and Fiscal Interactions with Commitment and the Value of Monetary
Conservatism’, ECB WP
Van Aarle , Engwerda et Plasmans (2001), ‘ Monetary and fiscal policy interaction in the EMU : a dynamic
game appraoch’ , CESIFO WP
Blake and Kirsanova , (2011), “ Inflation Conservatism and Monetary-Fiscal Policy Interactions”, International
Journal of Central Banking
Dixit, A. and L. Lambertini (2001a), “Monetary-Fiscal Policy Interactions and Commitment versus Discretion in a
Monetary Union”, European Economic Review
Dixit, A. and L. Lambertini (2003a), “Symbiosis of Monetary and Fiscal Policies in a Monetary Union ”, Journal
of International Economics
Dixit, A. and L. Lambertini (2003b), ‘Interactions of Commitment and Discretion in Monetary and Fiscal Policies’,
American Economic Review
von Hagen et Mundschenk (2002), ‘Fiscal and Monetary Policy Coordination in EMU’ , Oesterreichische
Nationalbank WP
Bibliographie
Kirsanova et Stein (2005), ‘The Interactions Between Fiscal Policy and
Monetary Policy’, Oxford Review of Economic Policy.
Lambertini (2006), ‘Monetary-Fiscal Interactions with a Conservative Central
Bank’, Scottish Journal of Political Economy
Lambertini et Rovelli (2001), ‘Independent or Coordinated? Monetary and
Fiscal Policy in EMU’, WP
Rogoff, K. (1985), ‘The Optimal Degree of Commitment to an Independent
Monetary Target’, Quarterly Journal of Economics
Stehn et Vines (2008), ‘Strategic Interactions between an Independent
Central Bank and a Myopic Government with Government Debt’, IMF WP
Règles, stabilisateurs et
politiques discrétionnaires
Sont-ils favorables à la stabilisation
en zone euro ?
Mathilde Pak - 22 février 2012
52
Introduction
Faits stylisés
• Idée de départ : mettre en place des règles pour assurer la
stabilisation de l’UEM sur le moyen terme ; puis laisser jouer
les stabilisateurs automatiques plutôt que les politiques
discrétionnaires, pour lisser les fluctuations
•
Les stabilisateurs sont contra-cycliques :
– Ex des impôts : en période de crise, ils baissent et en période de forte
croissance, ils augmentent ;
– Ex des allocations chômage  en période de crise, elles augmentent
et en période de forte croissance elles sont moins importantes
• Mais avec la crise : recours intensif à des mesures
discrétionnaires
53
Introduction
Questions
• Pour stabiliser l’activité, doit-on accorder une place plus
importante aux stabilisateurs automatiques ou aux
politiques discrétionnaires ?
• Quels sont leurs avantages et quels sont leurs coûts ?
• Comment améliorer leur efficacité ?
54
Introduction
Plan
1. Avant 2008 :
règles et stabilisateurs vs. discrétion
2. Avant 2008 :
critique des règles et des stabilisateurs
3. Après 2008 :
retour de la politique discrétionnaire ?
55
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Règles vs. discrétion
Dixit et Lambertini (2001)
• La discrétion budgétaire « détruit l’engagement
monétaire de la Banque Centrale.
• Ceci peut expliquer l’intérêt de la mise en œuvre de
règles imposées au comportement budgétaire.
56
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Stabilisateurs vs. discrétion
Stabilisateurs automatiques
Politiques discrétionnaires
• Pas de décision politique à
prendre
• Résultent d’un changement
délibéré de politique
budgétaire
• Longs délais de mise en
• Réaction quasi-immédiate
place
aux fluctuations économiques
• Non automatiquement
• Réversible
réversible
• Ciblage précis difficile
• Contracycliques
 distorsions
• Sujettes à la capture par des
intérêts spécifiques
57
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Donner plus d’importance aux stabilisateurs ?
• van den Noord (2000) : dans les années 90, les
stabilisateurs automatiques ont eu tendance à réduire la
variabilité conjoncturelle
• Est-ce souhaitable d’augmenter la taille des
stabilisateurs ?
58
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Modélisation : effet des stabilisateurs sur l'économie
Modèle DA-OA (Buti et van den Noord, 2004)
• Côté demande : équation de type IS
• Côté offre : fonction d’offre de Lucas-Phillips
• Hypothèses :
: le déficit est réduit à sa composante conjoncturelle
: Règle de Taylor
: les agents anticipent que l’inflation a atteint sa cible avant
la réalisation des chocs
59
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Modélisation : effet des stabilisateurs sur l'économie
Résolution du modèle :
1
y   d  2   3  s 


1
 d  1  1t  4  2  s 

avec    1  t1  4   2  1    3
En cas de choc de demande temporaire : des stabilisateurs
automatiques importants sont bénéfiques pour la stabilisation de la
production et l’inflation
En cas de choc d’offre temporaire : des stabilisateurs automatiques
forts réduise la variabilité de la production mais implique une déviation
plus grande de la cible pour l’inflation
60
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Modélisation : effet des stabilisateurs sur l'économie
En cas de choc d’offre permanent (i.e. qui affecte la production
potentielle) :

y   s   s  1  t1  4   2  

s
   1  t1  4   2  

Des stabilisateurs automatiques importants ont des effets
déstabilisants aussi bien sur la production que sur l’inflation
61
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Modélisation : effet des stabilisateurs sur l'économie
t a jusqu’à présent été considéré comme donné. Mais, le choix du degré
d’importance des stabilisateurs automatiques peut entrer progressivement
dans la conception des systèmes d’imposition et de sécurité sociale
L  d ²  y ²
avec  préférencerelativedela productionvs.la stabilisation du déficit
En min im isant L par rapportà t :
t* 
•
•
1
 1  4   2  1    3
Plus la préférence pour la stabilisation de la production () est importante,
plus t* est important.
Un petit pays (caractérisé par un faible ), bénéficiera moins de la
stabilisation assurée par les autorités monétaires et choisira d’avoir des
stabilisateurs automatiques importants.
62
1. Avant 2008 : règles et stabilisateurs vs. discrétion
Modélisation : lissage des chocs par les stabilisateurs
Source : Buti et van den Noord (2004)
QUEST : niveau de lissage très différent selon les pays si choc de demande ; niveau de
lissage faible et peu variable entre les pays si choc d’offre
 Les stabilisateurs automatiques sont moins efficaces pour lisser les chocs d’offre que
ceux de demande
63
2. Avant 2008 : critiques des règles et des stabilisateurs
Problèmes liés aux règles
• Buiter (2003), “Ten Commandments for a Fiscal Rule in
the E(M)U”
•
Les 10 commandements : simplicité; assure la solvabilité de l’État; être
appliquée aux APU et aux BC(E); neutralité à l’égard de la taille du
secteur public; éviter les comportements procycliques des instruments
de politique (laisser jouer librement les stabilisateurs); avoir du sens
sur le long terme; permettre des différences entre les structures
économiques et les conditions initiales; avoir du sens au niveau de
chaque État membre et au niveau de l’UEM dans son ensemble;
crédibilité; application de façon impartiale et systématique
•
Étude sur 3 règles : le PSC, les règles d’or et d’investissement
soutenable du Royaume-Uni et la règle d’équilibre permanent de
Buiter et Grafe
•
Échec des 3 règles par rapport au 8ème commandement
64
2. Avant 2008 : critiques des règles et des stabilisateurs
Une solution : un marché des permis de déficit
Casella (1999), “Tradable Deficit Permits: Efficient Implementation
of the Stability Pact in the European Monetary Union”
•
Principe basé sur le modèle du marché des permis d’émission :
– 3% PIB de déficit autorisé dans toute la zone euro
– répartition de permis que les pays peuvent s’échanger
•
Avantages :
– flexibilité
– adapter la règle du PSC aux différentes situations des pays
– incitation à réduire le déficit en-dessous des 3% de PIB
•
Critiques et limites :
– estimation quantitative du prix d’équilibre du marché des permis
– substitution des dettes publiques si elles sont sans risque, mais qu’en
est-il si elles comportent des risques de défaut systémique ?
– ça ne résout pas le problème de la mise en application
65
2. Avant 2008 : critiques des règles et des stabilisateurs
Est-il souhaitable d’augmenter la taille des stabilisateurs ?
Buti et al. (2003), “Automatic Fiscal Stabilisers in EMU: A
Conflict between Efficiency and Stabilisation?”
• Il existe un taux d’imposition critique, au-delà duquel les
propriétés de stabilisations des stabilisateurs automatiques
ont des effets pervers.
• Le principal déterminant de ce taux critique est la taille de
l’économie : un grand pays peut avoir une charge fiscale
importante, sans mettre en péril les propriétés de
stabilisation des stabilisateurs automatiques.
66
3. Après 2008 : retour de la politique discrétionnaire ?
Une bonne gestion de la relance discrétionnaire
• A partir de 2008, face à une activité en baisse, un commerce
mondial en panne, des restrictions d’accès au crédit, une
perte de confiance des ménages et des entrepreneurs, les
gouvernements ont mis en place des plans de relance
budgétaire.
• Le débat n’est plus : stabilisateurs vs. discrétion.
• Mais plutôt : comment bien gérer la relance budgétaire
discrétionnaire ?
–
–
–
–
durée des plans de relance ?
sur quoi intervenir ?
privilégier l’offre ou sur la demande ?
mesures permanentes ou temporaires ?
67
3. Après 2008 : retour de la politique discrétionnaire ?
Revoir les stabilisateurs
• Baunsgaard et Symansky (2009) “Automatic Fiscal Stabilizers:
How Can They Be Enhanced Without Increasing the Size of
Government?”
• Changements de politique en matière d’impôts et de dépenses :
– passer de déductions fiscales à des crédits d’impôt uniformes et
remboursables, pour des activités socialement valorisées
• Conception de règles budgétaires qui évitent le recours à des
actions discrétionnaires qui compenseraient les stabilisateurs
automatiques
– règle d’équilibre budgétaire structurel
• Automatiser la réponse budgétaire discrétionnaire :
– exonération fiscale temporaire sur l’IRP ou réduction temporaire du
taux de TVA pendant les périodes de récession
– cf. aussi Fischer et Justo (2011)
68
Conclusion
Avant la crise
• Avant 2008 : on considérait que les stabilisateurs étaient plus
efficaces que les politiques discrétionnaires pour stabiliser
l’économie : ils agissent rapidement pour lisser les différents
chocs économiques et ils sont en outre réversibles.
• Mais déjà avant la crise, on observait un impact moins
important des stabilisateurs économiques. Par ailleurs, les
stabilisateurs sont moins efficaces face à des chocs d’offre.
Enfin, augmenter les stabilisateurs économiques entraîne
une hausse de la taille de l’État et cette hausse peut nuire
aux propriétés de stabilisation des stabilisateurs.
69
Conclusion
Après la crise
• Au moment de la crise : retour des politiques discrétionnaires
de relance.
• Une nouvelle littérature en faveur du recours aussi bien aux
stabilisateurs qu’aux politiques discrétionnaires : augmenter
l’efficacité des premiers sans augmenter la taille de l’État,
combinaison des deux, meilleure gestion des politiques
discrétionnaires.
• Mettre en place des règles budgétaires adaptées pour
assurer la soutenabilité des finances publiques en sortie de
crise.
70
Bibliographie
•
Baunsgaard, T. et Symansky, S. A. (2009) “Automatic Fiscal Stabilizers: How
Can They Be Enhanced Without Increasing the Size of Government?”, IMF
Staff Position Note, septembre
•
Boone, L. et Pisani-Ferry, J. (2009), « Politique budgétaire : Stabilisateurs ou
politique discrétionnaire ? » dans Pierre Dockès et Jean-Hervé Lorenzi (eds),
Fin de monde ou sortie de crise, Perrin
•
Buti, M., Martinez-Mongay, C., Sekkat, K. et van den Noord, P. (2003),
“Automatic Fiscal Stabilisers in EMU: A Conflict between Efficiency and
Stabilisation?”, CESifo Economic Studies, Vol. 49, janvier
•
Buti, M et van den Noord, P. (2004), “Fiscal policy in EMU: Rules, discretion
and political inentives”, Directorate-General for Economic Affairs Economic
Papers, No. 206, Brussels: European Commission, juillet
•
Buiter, W. H. (2003), “Ten Commandments for a Fiscal Rule in the E(M)U”,
janvier
71
Bibliographie
•
Casella, A. (1999), “Tradable Deficit Permits: Efficient Implementation of the
Stability Pact in the European Monetary Union”, NBER WP 7278, août
•
Debrun, X. et Kapoor, R. (2010), “Fiscal Policy and Macroeconomic Stability:
Automatic Stabilizers Work, Always and Everywhere”, IMF Working Paper No.
10, mai
•
Fischer, J. et Justo, I. (2011), “Government fiscal and real economy responses
to the crisis: automatic stabilisers versus automatic stabilisation”, Fiscal policy:
lessons from the crisis, Banca d’Italia Workshops and Conferences, No.6,
février
•
van den Noord, P. (2000), “The Size and Role of Automatic Fiscal Stabilisers in
the 1990s and Beyond”, OECD Economics Department Working Papers, No.
230, OECD Publishing
72
Merci pour votre attention !
Règles, stabilisateurs et
politiques discrétionnaires
Sont-ils favorables à la stabilisation
en zone euro ?
Mathilde Pak - 22 février 2012
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