monnaie - P.i.i.m.t.

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Prof :l.l.Alaoui
1/ Signification du terme
« monnaie »
Le mot monnaie a des usages variés, mais il
a un sens précis pour les économistes.
 Pour éviter toute confusion, nous devons
préciser en quoi ce sens diffère de l'usage
courant.

Les économistes définissent la monnaie
(également appelée l'offre de monnaie)
comme tout ce qui est généralement accepté
en paiement de biens ou de services ou pour
le remboursement de dettes.
 Le numéraire (ce qu'on appelle
communément l'argent liquide) consiste en
pièces et billets et correspond à cette
définition .





Mais pour les économistes le numéraire ne
représente qu'une petite partie de la monnaie.
Comme les chèques sont aussi en général acceptés
en paiement, les dépôts en comptes courants
bancaires ou postaux sont également considérés
comme de la monnaie.
Une définition encore plus large est aussi employée
car les dépôts sur des comptes d'épargne peuvent
aussi servir de monnaie s'ils peuvent être
transformés rapidement et facilement en numéraire
ou virés sur des comptes courants.
La définition pratique de l'offre de monnaie n'est
donc pas simple, même pour les économistes.
La monnaie est donc plus large que le numéraire,
mais plus restreinte que la fortune ou le patrimoine,
et différente du revenu, alors même que les
expressions courantes les mélangent parfois.
 Ainsi, « il a beaucoup d'argent» vise le patrimoine et
non le seul compte en banque; le patrimoine
comprend la monnaie possédée mais aussi tous les
autres actifs que sont les biens mobiliers (voitures,
meubles, œuvres d'art, titres comme les actions ou les
obligations) et les biens immobiliers (terres et
immeubles, c'est-à-dire maisons ou appartements).

Quant au mot argent dans l'expression
 « elle gagne beaucoup d'argent »,
 il vise un revenu, soit un flux de gains
monétaires par unité de temps, alors que la
monnaie est un stock.
 Parler d'un revenu de 1 000 euros n'a pas de
sens si l'on ne connaît pas l'unité de temps (la
journée, la semaine, le mois, l'année), alors que
détenir
1 000 euros a un sens précis.


En résumé, la monnaie comprend tout ce qui
est généralement accepté en paiement de
biens et services ou en remboursement de
dettes, et se distingue du patrimoine comme
du revenu.
2/Les fonctions de la monnaie
Que la monnaie consiste en coquillages, en
cailloux, en or ou en papier, elle a trois
fonctions principales dans toutes les
économies:
 elle est intermédiaire des échanges, unité de
compte et réserve de valeur.

1-2 /Intermédiaire des échanges

La monnaie sert d'intermédiaire des échanges
dans presque toutes les transactions de marché
dans les économies modernes: sous forme de
numéraire ou de chèque, elle sert à payer les
biens et services que l'on achète. L'utilisation de
la monnaie comme intermédiaire des échanges
améliore l'efficacité économique et permet de
minimiser le temps dépensé à échanger des biens
ou des services. On s'en rend compte si l'on
examine le cas d'une économie de troc, une
économie sans monnaie dans laquelle les biens et
services sont échangés directement les uns contre
les autres.
Intermédiaire des échanges




Dans une économie de troc, un médecin ne peut
manger que s'il trouve des boulangers, bouchers ou
restaurateurs qui ont besoin de soins.
Au mieux, il doit trouver des intermédiaires prêts à
échanger leurs propres biens ou leurs propres
talents contre de la nourriture et à lui en échanger
une partie contre ses soins.
Ces recherches risquent fort d'être longues et
coûteuses.
Si elles le sont trop, il risque de devoir cultiver luimême son potager, ce qu'il fera sans doute moins
bien qu'un maraîcher, et en tout cas moins bien que
soigner.
Intermédiaire des échanges
Le temps passé à ces recherches s'appelle un
coût de transaction.
 Dans une économie de troc, les coûts de
transaction sont élevés car les individus
doivent parvenir à une « double coïncidence
des besoins»: ils doivent trouver quelqu'un
qui possède un bien ou un service qu'ils
désirent et qui souhaite acquérir le bien ou le
service qu'ils ont à offrir.

Intermédiaire des échanges
Que se passe-t-il si l'on introduit la monnaie
dans un tel monde?
 Le médecin peut soigner tout malade prêt à
le payer, et peut ensuite faire des courses
variées avec l'argent qu'il a reçu.
 Le problème de la double coïncidence des
besoins est évité, chacun épargne du temps
et le médecin peut se consacrer à ce qu'il fait
le mieux: soigner.

Intermédiaire des échanges
Comme cet exemple le montre, la monnaie
augmente l'efficacité économique en
économisant une grande partie du temps
passé à échanger.
 Elle l'augmente aussi en permettant à chacun
de se spécialiser dans ce qu'il fait le mieux.
 La monnaie joue donc dans l'économie un
rôle essentiel de lubrifiant qui diminue les
coûts de transaction et facilite la
spécialisation et la division du travail.

Intermédiaire des échanges







Le besoin de monnaie est si fort que pratiquement toutes
les sociétés sauf les plus primitives l'ont inventée.
Pour qu'un bien puisse fonctionner effectivement comme
monnaie, il doit cependant réunir plusieurs qualités:
(1) il doit être aisément standardisé, de manière que l'on
puisse facilement évaluer sa valeur;
(2) il doit être largement accepté;
(3) il doit être divisible pour que l'on puisse facilement «
rendre la monnaie» ;
(4) il doit être aisé à transporter;
(5) il ne doit pas se détériorer rapidement.
Intermédiaire des échanges
L'histoire montre que de nombreux biens,
parfois surprenants, ont réuni ces qualités,
depuis les wampums (chapelets) des Indiens
d'Amérique jusqu'aux cigarettes dans les
camps de prisonniers de la Seconde Guerre
mondiale, en passant par des coquillages ou
des bouteilles de whisky.
 L'inventivité humaine en matière monétaire
est aussi vaste qu'en matière d'outils ou de
langages.

2-2/Unité de compte
 La
deuxième fonction de la monnaie est
de fournir une unité de compte, c'est-àdire de servir d'unité de mesure de la
valeur dans l'économie, On mesure
habituellement la valeur des biens et
services en termes de monnaie, de même
que l'on mesure le poids en grammes et
les distances en mètres.
2-2/ Unité de compte
Pour comprendre l'importance de cette fonction, imaginons de nouveau
une économie de troc.
 S'il n'y a que trois biens disons:
1.
pomme,
2.
soins médicaux ,
3.
cassette vidéo,
on doit connaître trois prix relatifs pour pouvoir échanger :
le prix des pommes en soins médicaux
(combien de pommes pour une visite médicale),
le prix des pommes en cassettes vidéo,
et le prix des soins médicaux en cassettes.
S’il y a 10 biens, on doit connaître 45 prix relatifs pour échanger
les biens les uns contre les autres;
avec 100 biens, 4 950 prix,
et avec 1 000 biens, 499500 prix1.

2-2/ Unité de compte
 On
constate que l'utilisation de la
monnaie comme unité de compte permet
de réduire les coûts de transaction en
diminuant le nombre de prix qu'il faut
afficher et examiner.
 Les gains de cette réduction sont d'autant
plus grands que la société est plus
complexe et le nombre de biens et
services plus élevé.
2-3/ Réserve de valeur
La monnaie sert également de réserve de
valeur: c'est un pouvoir d'achat mis en réserve
et transférable dans le temps.
 Une réserve de valeur sert à épargner du
pouvoir d'achat entre le moment où un revenu
est reçu et celui où il est dépensé.
 Cette fonction de la monnaie est utile, car en
général on ne souhaite pas dépenser son revenu
immédiatement quand on le reçoit, et on préfère
le garder jusqu'au moment où on a le temps et
le désir d'acheter.

2-3/Réserve de valeur

La formule générale qui donne le nombre de
prix relatifs entre N biens est celle qui nous
dit combien il y a de paires (ici de prix) dans
un groupe de N biens, soit: N (N -1)/2. Par
exemple, pour 10 biens, on a 10 (10 -1)/2 =
90/2 = 45.
Exercice




L'interdépendance des fonctions de la monnaie et
l'arbitrage
Si une heure de travail permet d'acheter 1 kg de
viande et que 1kg de viande s'échange contre 10 kg
de pain, on s'attend à ce qu'une heure de travail
permette d'acheter 10 kg de pain.
Reformulons cela de manière plus rigoureuse et
examinons à quelles conditions c'est bien vérifié.
Supposons qu'il existe 3 biens, A, B, C, et que les
prix relatifs soient les suivants: a = AIC (nombre
d'unités de A nécessaires pour obtenir une unité de
C, b = BIC (nombre d'unités de B pour une de C)
et c = NB (nombre d'unités de A pour une de B).
Supposons maintenant que les échanges
aient lieu sans coût.
 Si a < b c, un marchand peut emprunter une
unité de C, l'échanger contre b unités de B,
échanger ces b unités contre c b unités de A,
et rééchanger celles-ci contre bc /a unités de
C. Comme par hypothèse a < b c, donc b cl
a> 1, le marchand retrouve plus d'une unité
de C, peut rembourser son emprunt et faire
un profit.
 Cette opération, dite arbitrage, peut être
répétée tant que c > a/b.


En la réalisant, le marchand:

Augmente la demande de B auprès des agents désireux de
l'échanger contre lib unités de C (ce qui tend à faire
baisser b, prix de C en termes de B).
Augmente la demande de A auprès des agents désireux de
l'échanger contre B (ce qui tend à faire baisser cl.
Augmente la demande de C auprès des agents désireux de
l'échanger contre A (ce qui fait augmenter a).
Ces différents changements des prix relatifs conduisent à
une hausse de a et une diminution de b c, tant que a > b c.



Comme l'a démontré le premier
 Walras, grand économiste français du XIXe
siècle, ces arbitrages conduisent, en l'absence
de coûts de transaction, à l'égalité entre a et b c,
c'est-à-dire à la cohérence entre la totalité des
prix relatifs.
 Cette cohérence est la condition de
l'équivalence entre les N (N-1) 12 paires de prix
relatifs et les N-l prix des N-l biens mesurés
dans le Nème bien pris comme unité de compte.




Le bon fonctionnement d'une monnaie comme
unité de compte dépend donc de l'intensité de
l'arbitrage et de la faiblesse des coûts de
transaction, c'est-à-dire de l'existence d'un
intermédiaire des échanges efficace permettant
d'éviter d'innombrables échanges.
Dès lors, N-1 prix relatifs exprimés par rapport à
n'importe lequel des N biens choisi arbitrairement
suffisent à remplacer les N (N-1) 12 prix relatifs.
L'échange marchand conduit ainsi spontanément à
l'émergence de la fonction d'unité de comptes.
Résumé




La monnaie n'est pas la seule réserve de valeur.
En fait, n'importe quel actif (de la monnaie, des actions,
des obligations, des terres, des maisons, des œuvres d'art,
des bijoux) peut être utilisé pour conserver de la valeur.
Beaucoup de ces actifs ont même, comme réserve de
valeur, des avantages sur la monnaie:
ils rapportent souvent à leurs détenteurs un intérêt,
s'apprécient avec le temps (leur prix augmente), ou
fournissent des services tels qu'un toit où dormir. Si ces
actifs sont de meilleures réserves de valeur que la
monnaie, pourquoi détient-on de la monnaie?
Évolution du système de
paiement




On comprend mieux les différentes fonctions de la
monnaie et les formes qu'elle a prises dans l'histoire en
examinant l'évolution du système de paiement, c'est-àdire de l'ensemble des moyens permettant de réaliser des
transactions dans une économie.
Le système de paiement a évolué durant des siècles, et
avec lui les formes de la monnaie.
Longtemps, les métaux précieux tels que l'or servirent de
moyens de paiement principaux et constituèrent la forme
majeure de monnaie.
Peu à peu, du papier-monnaie sous forme de lettres de
change, de chèques, de billets de banque fut utilisé pour
les paiements et regardé comme de la monnaie.
L'évolution du système de paiement est un important
indicateur de ce que devient la monnaie.
2-1 La monnaie marchandise
Pour qu'un objet serve de monnaie, il faut qu'il
soit universellement acceptable, c'est-à-dire que
tout le monde soit prêt à l'accepter en paiement
de biens ou de services.
 Des biens qui ont une valeur évidente pour tout
un chacun, comme le blé, sont donc de bons
candidats pour servir de monnaie.
 C'est également le cas des métaux précieux dont
l'utilisation fréquente comme monnaie tient
spécialement à leur divisibilité, à leur bonne
conservation et à leur facile standardisation.



Une monnaie constituée de marchandises
désirables pour elles-mêmes est appelée une
monnaie marchandise. De l'Antiquité au
début des temps modernes, des monnaies
marchandises ont servi d'intermédiaires des
échanges dans toutes les sociétés, sauf les
plus primitives.
L'inconvénient d'un système de paiement
fondé exclusivement sur des marchandises, y
compris des métaux précieux, est que cette
forme de monnaie est lourde et difficile à
transporter, spécialement à grande distance.
La monnaie fiduciaire
Le développement suivant dans le paiement en
numéraire fut constitué par le papier monnaie,
c'est-à-dire des morceaux de papier servant de
moyen d'échange.
 Initialement, la conversion du papier-monnaie en
métal précieux était garantie par son émetteur une banque dite d'émission - de manière à ce
que d'autres l'acceptent en paiement: les billets
étaient des sortes de certificats de dépôt d'or ou
d'argent, convertibles à tout moment.
Néanmoins, le numéraire, pièces comme billets,
a évolué vers un statut de monnaie fiduciaire,
c'est-à-dire de monnaie qui tire sa valeur de la
confiance qu'inspire son émetteur.


Ce fut le cas dès l'Antiquité pour les
pièces dans les régimes de monnaie
marchandise, car la majeure partie de la
population n'était pas en mesure de
vérifier le poids et la teneur métallique
des pièces et devait se reposer sur la
promesse faite par une autorité
monétaire (en général un État) de
produire des pièces de qualité.



En outre, l'État imposait généralement l'acceptation
de ses pièces en paiement, c'est-à-dire le cours
légal, et s'engageait en contrepartie à les accepter
en paiement des impôts.
Ce pouvoir régalien de « battre monnaie » et de
faire accepter sa monnaie ne suffit pas toujours à
inspirer la confiance, mais conféra à la monnaie
une dimension politique.
C'est au nom de ce pouvoir régalien que, plus tard,
les États limitèrent le droit d'émission de billets à
une ou quelques banques d'émission sur lesquelles
ils exerçaient une surveillance (les ancêtres de nos
banques centrales), puis imposèrent le cours légal
des billets de banque dès lors que leur circulation
augmenta. Cela ne put toutefois se produire que
lorsque les techniques d'imprimerie devinrent
suffisamment sophistiquées pour rendre la
contrefaçon très difficile.


Il convient de distinguer le cours légal, qui
consiste en l'obligation légale d'accepter un
instrument monétaire en paiement ou en
remboursement de dettes, de l'inconvertibilité qui
signifie l'impossibilité d'obtenir la conversion à
prix fixe d'une monnaie en une marchandise ayant
une utilité intrinsèque et un usage monétaire, c'està-dire en pratique en métal précieux ou en devise
étrangère.
En l'absence d'in convertibilité, le cours légal des
billets facilite les échanges mais n'empêche pas les
détenteurs de billets de les convertir au siège de la
banque émettrice.
En l'absence de cours légal, l'in convertibilité ne
pèse que sur les agents économiques qui ont
accepté de courir le risque de détenir les billets
d'un émetteur.
 Le cours forcé consiste en l'imposition
simultanée par l'État de l'inconvertibilité et du
cours légal. Jusqu'au XIXe siècle inclus, en
France comme dans la plupart des pays, les
billets étaient généralement convertibles en
métal précieux. Ce n'est que durant quelques
épisodes de crise, pendant les révolutions de
1789 et de 1848 ou la guerre de 1870, que le
cours forcé fut brièvement instauré.
 En revanche, le cours légal des billets de la
Banque de France fut imposé à partir de 1848.




Au XXe siècle, le cours forcé fut la règle à partir de
1914, sauf durant une brève période, entre 1928 et
1936, où les billets purent s'échanger contre des
lingots d'or.
La convertibilité en métaux précieux fut
rapidement restreinte au sein du système de Bretton
Woods, tandis que la convertibilité en devises
étrangères était souvent (en France en particulier)
limitée par le contrôle des changes; avec la fin de
ce système, la convertibilité en devises cessa en
général d'être garantie à prix fixe.
L'Union monétaire européenne acheva la
convertibilité intra -européenne créée par le
système monétaire européen , mais les métaux
précieux restèrent exclus d'usage monétaire, de
sorte que c'est la convertibilité en devises, à taux
variable, qui représente une protection pour les
détenteurs de monnaie.
Dès lors que, du fait du cours forcé, la
monnaie est exclusivement fiduciaire et
dépend avant tout d'un arrangement
légal, les pays peuvent changer de
monnaie à volonté.
 C'est ce qui a permis de réaliser l'union
monétaire européenne.

3-3 La monnaie scripturale
Les inconvénients majeurs du papier-monnaie
et des pièces sont qu'ils peuvent être volés et
que leur transport en grande quantité est
coûteux à cause de leur encombrement.
 D'autres instruments permettent de remédier à
ces inconvénients et correspondent à une autre
étape dans l'évolution des systèmes de
paiement: il s'agit de ce qui constitue la
monnaie scripturale développée par les
banques, en premier lieu le chèque.

Depuis l'Antiquité, les virements entre comptes
par simples jeux d'écriture (d'où le terme de
monnaie scripturale) furent pratiqués, même
s'ils restèrent longtemps restreints à un petit
nombre de marchands importants. Au XIVe
siècle, l'invention de la lettre de change facilita
les échanges à grande distance.
 Dans une lettre de change, un marchand (dit
preneur) demandait à un autre, son
correspondant à l'étranger (dit payeur), de payer
un montant donné à un tiers (le bénéficiaire).



La circulation de ces lettres par endossement
(c'est-à-dire par ajout d'une signature au dos)
permettait de les utiliser comme une monnaie,
même si leur acceptation était limitée aux gens
connaissant le débiteur ou les signataires successifs
(qui étaient tous responsables du paiement en cas
de défaut du payeur). L'introduction de la lettre de
change fut une innovation majeure qui améliora
beaucoup l'efficacité des systèmes de paiement.
En effet, il arrivait fréquemment que des paiements
dans diverses directions se compensent. Mais avant
la lettre de change, tous ces paiements devaient être
effectués un à un, ce qui exigeait des quantités
importantes de numéraire
Dès lors que les lettres de change furent reçues
par des banquiers qui purent les échanger entre
eux, beaucoup de créances s'annulèrent les unes
les autres, et très peu de numéraire dut être
déplacé, ce qui diminua les coûts de transport et
augmenta l'efficacité économique.
 Cette compensation entre de nombreuses
lettres fut organisée de manière de plus en plus
sophistiquée par des banquiers capables
d'évaluer la qualité des débiteurs.





Elle facilita la multilatéralisation du commerce
en permettant d'éviter une grande part des
transports de numéraire.
Forme simplifiée et démocratisée de la lettre de
change, le chèque est une instruction qu'un client
donne à sa banque de payer un montant à une autre
personne en échange du chèque.
Aujourd'hui, les chèques ne peuvent plus circuler
par endossement et conduisent simplement les
banques à transférer le montant spécifié du compte
de leur client à celui du bénéficiaire du chèque. Le
chèque permet ainsi à tout un chacun, et non plus
aux seuls marchands, de réaliser des transactions
sans numéraire et de bénéficier des avantages de la
compensation.
Un autre atout des chèques est que les pertes par
vol sont réduites car le bénéficiaire est clairement
désigné.



Un système de paiement essentiellement scriptural
est un progrès considérable, mais présente
cependant deux inconvénients. Tout d'abord, il faut
du temps pour envoyer par exemple un chèque d'un
endroit à un autre, ce qui peut être un inconvénient
sérieux si un paiement lointain doit être réalisé
rapidement. Ensuite, une banque a besoin de temps
pour encaisser un chèque, de sorte que l'on ne peut
pas disposer immédiatement du montant d'un
chèque que l'on a reçu.
Enfin, le maniement de milliards de chèques
représente un processus complexe et coûteux (en
France, 5 milliards de chèques sont émis chaque
année, soit 84 par habitant, contre 9 par Allemand et
239 par Américain).
On estime à 1 milliard d'euros le coût annuel de
traitement des chèques en France, et à plus de 10
milliards de dollars par an aux États- Unis.
3-4 Le paiement électronique



Le développement d'ordinateurs bon marché et d'Internet
fait qu'il est désormais peu coûteux de payer
électroniquement.
Au lieu d'envoyer un chèque, on peut se connecter sur le
site Internet de sa banque et, en quelques clics, transmettre
un ordre de paiement pour régler une facture. Les
systèmes de paiement électronique mis au point par les
banques peuvent même éviter de payer manuellement des
factures: les paiements récurrents peuvent être effectués
par virements automatiques déduits automatiquement du
compte du débiteur.
L'économie de coût réalisée quand un paiement est fait
électroniquement plutôt que par chèque est importante. Le
paiement électronique devient donc de plus en plus
répandu, et dans ce domaine l'Europe, spécialement
l'Europe scandinave, est en avance sur les États-Unis.

Le paiement électronique peut non
seulement se substituer au chèque, mais peut
remplacer aussi le numéraire, sous la forme
de monnaie électronique, qui n'existe que
sous forme électronique. La première forme
de monnaie électronique est la carte de
débit, couramment appelée carte de crédit en
France, alors même qu'elle ne donne pas
accès à un crédit (comme c'est le cas aux
États-Unis) mais permet seulement un
paiement, éventuellement différé.

Les cartes de débit permettent aux clients d'acheter
des biens ou des services en transférant directement
des fonds de leurs comptes bancaires à ceux des
commerçants concernés. Leur usage est souvent
plus rapide encore que celui du numéraire, car il
suffit de passer une carte dans un lecteur et de taper
un code pour que le transfert ait lieu. En ce
domaine, la France bénéficie d'ailleurs d'une
avance technologique grâce à la carte à puce, qui
garantit une meilleure sécurité des transactions en
permettant de vérifier l'identité du payeur grâce à
un code, alors que nombre de pays se contentent
encore de la signature d'une facturette.
Une solution plus sophistiquée et plus récente
est celle des cartes prépayées ou porte monnaie
électroniques .
 En les achetant pour un montant donné, un
consommateur peut réaliser des paiements,
souvent de petits montants, chez tous les
commerçants équipés d'un terminal.
 Les plus sophistiquées sont dotées d'une puce
qui permet de les recharger à un terminal en
transférant de l'argent du compte bancaire de
leur détenteur. Elles peuvent être utilisées pour
payer en ligne sur des ordinateurs ou des
téléphones spécialement équipés.


Une troisième forme de monnaie électronique permet
d'acheter des biens ou des services sur Internet. On peut
l'obtenir en ouvrant un compte dans une banque et en lui
faisant transférer un montant sur un ordinateur personnel.

On peut ensuite surfer sur Internet et utiliser la monnaie
électronique pour payer des achats en transférant
directement le montant nécessaire de son ordinateur à
celui du vendeur. Celui-ci peut ainsi recevoir le paiement
avant d'expédier les achats.
Étant donné les avantages de la monnaie électronique, on
pourrait penser que la société sans argent (c'est-à-dire sans
numéraire, voire sans chèques) est proche et que tous les
paiements seront bientôt réalisés électroniquement.

Travail de recherche

Allons nous vers une société sans argent
liquide ?
3-5 La monnaie et l'État
Dans la zone euro, l'intégration monétaire est
réalisée alors qu'il n'y a pas d'intégration politique.
Une monnaie sans État est-elle viable?
 Cette question s'inscrit dans le cadre plus général
des liens qui unissent la monnaie et l'État.
 On observe un parallélisme étroit entre eux dans
l'histoire. Mais est-ce la monnaie qui a besoin de
l'État ou bien le contraire?
 La valeur de la monnaie fiduciaire provient-elle de
la garantie accordée par l'État? Nous tentons de
répondre à ces questions à partir d'un retour sur
l'histoire de la monnaie.

3-5 La monnaie et l'État
Les échanges commerciaux ont, au moins depuis le
troisième millénaire avant notre ère en Mésopotamie, été
facilités par l'usage de métaux précieux - essentiellement
d'argent.
 Il s'agit alors d'une monnaie marchandise ayant des
usages réels et non seulement monétaires, et dont il faut
vérifier le poids et la qualité pour s'assurer de sa valeur.
 Cette monnaie n'est pas fournie par un État, ce qui ne
l'empêche pas de circuler. Les cas similaires ne sont pas
rares dans le commerce à grande distance jusqu'à
l'époque moderne, puisque même les pièces frappées par
les États étaient souvent utilisées pour leur poids de
métal seulement.

On retrouve une situation similaire dans les camps
de prisonniers pendant la Seconde Guerre
mondiale, où les cigarettes (entre autres) ont un
usage monétaire qui s’étendra à toute l'Allemagne
jusqu'à la réforme monétaire de 1948.
 Ces monnaies sont détenues parce qu'elles ont
une valeur intrinsèque connue, même si ce n'est
pas pour chaque détenteur: le non-fumeur sait qu'il
y a assez de fumeurs pour être sûr que la valeur
des cigarettes restera relativement stable et qu'il
pourra donc acheter ce qu'il voudra en échange de
cigarettes.

Pourquoi l'intervention de l'État? Néanmoins,
ces monnaies marchandises ne purent jamais se
diffuser largement du fait de l'importance des
coûts de vérification qu'elles encouraient.
 Certains agents économiques se proposèrent pour
émettre de la monnaie en apportant des garanties
sur sa qualité. C'est ainsi que les banques
d'émission promettaient autrefois la convertibilité
de leurs billets en métaux précieux, et que les
banques la promettent aujourd'hui en monnaie
« banque centrale ».
 Néanmoins trois raisons conduisirent très vite à un
contrôle étatique de cette activité, au moins dès
lors que la masse de la population fut concernée.
